Près 350 agriculteurs ont bloqué le pont de l’Europe lundi 18 novembre. La perspective d’une signature d’un traité de libre-échange avec l’Amérique du sud accroit un sentiment d’injustice toujours vif au sein de la profession.
De la colère, encore et toujours. Au volant de son tracteur, Gilles Mertz participe à une procession de près de 350 tracteurs devant le pont de l’Europe entre Strasbourg et Kehl lundi 18 novembre. La mobilisation répond à l’appel des syndicats agricoles FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Elle dénonce en particulier les négociations en cours sur un traité de libre-échange entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, le marché commun d’une grande partie de l’Amérique du sud. Céréalier à Elsenheim, Gilles Mertz s’inquiète face à cet accord qu’il résume ainsi :
« On nous demande de ne pas utiliser d’organismes génétiquement modifiés (OGM). On nous interdit d’utiliser certains produits phytosanitaires. Mais on va retrouver ces mêmes produits interdits dans des céréales et de la viande importées du Brésil ou d’Argentine. Comment voulez-vous qu’on soit compétitif ? »
« Il faut que ce que l’on importe de l’étranger respecte les mêmes normes »
Gilles Mertz, céréalier à Elsenheim
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Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.
Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Adrien et Johanna vivent à Schiltigheim dans un HLM d’Alsace Habitat, tous deux en situation de handicap et avec des revenus proches du SMIC. Entre inflation et hausse des charges, ils éprouvent un fort sentiment de déclassement.
Au troisième étage d’un immeuble rue de la Moselle à Schiltigheim, Adrien et Johanna Elter nous accueillent dans leur salon. Au mur, une grande photographie montre les deux trentenaires, tout sourire, en habits de mariage. « Vous avez vu, en montant à l’étage ? Il y a quelqu’un qui est en train de réparer l’ascenseur. » Comme pour lui donner la réplique, la sonnette de l’appartement retentit. Adrien dirige alors son fauteuil roulant vers l’entrée, disparaît dans le couloir, puis revient, sourire aux lèvres. « C’est bon, il marche de nouveau. » La fin d’un calvaire de trois semaines.
Mais le couple reste préoccupé par sa situation financière : l’augmentation des charges locatives pèse sur leur quotidien. Comme de nombreux locataires du bailleur social Alsace Habitat, ils ont reçu l’année dernière des rappels de charges exorbitants, qui dépassent souvent le millier d’euros. Malgré la mobilisation de différents collectifs, la situation perdure en 2024, et de nouvelles factures démesurées arrivent.
Revenus salariés et allocation adulte handicapé.
Adrien occupe un emploi à mi-temps dans la grande distribution, à raison de 17 heures de travail par semaine, il gagne autour de 700€ par mois. Handicapé depuis sa naissance, il doit se déplacer en fauteuil et reçoit l’allocation adulte handicapé (AAH). Une somme de 848€ s’ajoute ainsi à ses revenus salariés. Johanna, est actuellement sans emploi, hémiplégique et contrainte, elle aussi, de se déplacer en fauteuil roulant. Elle perçoit l’AAH pour un montant de 1 220€.
« J’ai travaillé à temps plein par le passé, mais ma santé s’est dégradée, j’ai dû prendre un mi-temps thérapeutique, puis finalement arrêter de travailler. Aujourd’hui, je suis en train de monter une boutique en ligne de vente de bijoux. »
Adrien Elter, 39 ans, salarié dans la grande distribution.
Le couple gagne ainsi 2 748€ chaque mois, l’équivalent de deux SMIC. Leur trois pièces leur coûte 472€ par mois, auxquels s’ajoutent 165€ d’acomptes sur charges. « On a de la chance d’avoir un système d’aide comme l’AAH, explique Adrien. On pourrait se dire qu’on est un peu privilégié, mais il ne faut surtout pas qu’on bouge en termes de revenus salariés, sinon même en travaillant plus, on gagnerait moins au final. »
Le trentenaire explique son attachement au maintien d’une activité professionnelle, pour « se sentir utile. » Il reconnaît, pourtant, ne pas pouvoir travailler beaucoup plus, tant pour des raisons médicales que financières. Depuis quatre ans, il sent une pression sur ses revenus :
« Dans la grande distribution, je suis au cœur du problème, je vois les prix en caisse qui s’envolent depuis la crise sanitaire, surtout avec la guerre en Ukraine. »
Johanna Elter, 34 ans, sans emploi en reconversion.
1 200 euros de rappel de charges
« Nos difficultés se sont vraiment accentuées l’année dernière quand on a reçu le décompte des charges », témoigne Johanna. À l’automne 2023, le couple doit ainsi payer près de 1 000€ au bailleur social Alsace Habitat au titre des charges de l’année 2022. « Ça n’était jamais arrivé depuis 12 ans que je suis dans l’appartement, ils nous ont dit que c’était à cause de l’augmentation des prix de l’énergie », détaille Adrien. Johanna complète :
« On s’est servi de notre épargne pour régler et on s’est mis à faire très attention, on espérait vraiment être dans le positif cette année. »
Malgré les 2 000€ d’acomptes versés par le couple, ils viennent de recevoir un nouveau rappel de 1 200€ à la fin du mois d’octobre de cette année. « On va, à nouveau, payer avec notre épargne, mais il ne nous restera plus rien. »
Adrien et Johanna ont reçu cette année un rappel de charges de 1 200 euros.
Entre explosion des charges locatives et inflation, Adrien témoigne de la dégradation des conditions de vie du couple :
« Nos revenus n’ont pas bougé, mais tout est devenu plus cher, on renonce à plein de petits plaisirs. On se dit que ce sera pour plus tard, mais on se ment à nous-mêmes, on sait au fond de nous que ce ne sera pas le cas. »
Johanna, de son côté, cherche les économies partout où elle le peut ;
« On ne chauffe plus l’appartement sauf quand on reçoit du monde, on minute le temps sous la douche, on a changé nos opérateurs téléphoniques et internet et il m’arrive même de sauter le repas du midi. »
« On calcule tout, complète son époux. On n’est jamais détendus, psychologiquement, c’est éprouvant. »
« On s’est retrouvés comme emprisonnés chez nous »
Johanna
Pour ajouter au désarroi du couple, l’ascenseur de l’immeuble est tombé en panne pendant trois semaines. « On s’est retrouvé comme emprisonnés chez nous », explique Johanna. Le couple doit alors demander aux voisins de leur faire des courses et de descendre leurs poubelles :
« Adrien a aussi loupé des jours de travail. Finalement, on a dû demander aux voisines de porter son fauteuil pendant qu’il descendait les trois étages sur les fesses pour aller bosser. »
Une situation difficile à vivre pour le trentenaire, « Ce n’est pas simple de dépendre de quelqu’un, j’avais l’impression d’être redevenu un enfant. » Johanna, elle, est totalement bloquée, son fauteuil électrique est trop lourd pour être déplacé à la force des bras :
« J’ai loupé des rendez-vous médicaux, mais le plus dur, c’est le moral. On s’est beaucoup fâché avec Adrien parce qu’on était tous les deux à cran. »
Johanna et Adrien habitent au troisième étage, sans ascenseur il leur est presque impossible de sortir.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg
À force d’appels quotidiens à Alsace Habitat, la situation s’est débloquée. « On a senti qu’ils avaient mis la pression à leur prestataire, mais ça a quand même pris trois semaines », détaille Johanna. Adrien, lui, va rattraper les jours de travail perdus et préfère voir le positif : « ça a créé un élan de solidarité dans l’immeuble. » Tous deux espèrent que ce problème d’ascenseur sera réglé définitivement. Quant à la question financière, le trentenaire préfère ne pas nourrir trop d’espoirs. « À force de faire attention à tout, ça va devenir une habitude. On n’aura plus l’impression de se priver. »
François DelamarrePhoto : Bartosch Salmanski / doc remis
L’ensemble Hanatsu Miroir propose une soirée « Sound Up », samedi 23 novembre à l’Espace K et à la Fabrique de théâtre. Il s’agit d’une série de concerts expérimentaux et de pièces artistiques.
Sound Up est un cycle de concerts de « musiques inclassées » selon la présentation qu’en font ses organisateurs, l’ensemble Hanatsu Miroir avec l’aide de L’Ososphère. La sixième édition de ce rendez-vous particulier est prévue samedi 23 novembre, entre l’Espace K et la Fabrique de théâtre dans le quartier Laiterie de Strasbourg.
La soirée débutera à 18h premier concert-performance est Déphasé·es en toute curiosité, deux concerts avec d’abord l’interprétation de Marimba Phase de Steve Reich (voir ci-dessous) et une odyssée retraçant le parcours migratoire avec les mots de Mélie Boltz Nasr et le violoncelle de Clotilde Lacroix.
Marimba Phase de Steve Reich, 21 minutes d’oscillation.
La soirée se poursuivra avec Échos fantômes, deux pièces produites par Hanatsu Miroir. La première est nommée Ouijist, une exploration musicale du ouija, cette planche qui sert de passerelle entre les vivants et les esprits, pour flûte, violon, contrebasse et percussions. La seconde est une interprétation d’un deuxième morceau de Steve Reich, Double Sextet pour flûte, clarinette, violoncelle, piano et percussions.
À partir de 20h30, changement de décor et installation du public dans la mythique salle des colonnes de la Fabrique de théâtre, cet endroit où rien n’a été pensé pour que des spectacles s’y produisent, et où il est donc important que plein de spectacles s’y produisent. Dans Colonnes liquides et synthés dilatés, quatre pièces musicales vont se succéder : Springs de Paul Lansky, par quatre musiciens aux percussions (voir ci-dessous), Modema de François Delamarre, la version live en deux pièces d’une installation musicale de L’Ososphère, et Electric Counterpoint, une œuvre minimaliste de Steve Reich.
Springs de Paul Lansky.
En deuxième partie de soirée, Nappes de voyage propose la troisième partie de Modema, et Temps7 d’Olivier Maurel, une exploration des capacités acoustiques de l’orguanous, un orgue hybride conçu par Léo Maurel (voir ci-dessous).
Concert de Mass, un ensemble créé autour de l’organous.
La soirée se terminera avec un concert de Jean-Nicolas Mathieu, Oslo, seul à la guitare et une jam session selon le concept In C de Terry Riley, un morceau qui fête ses 60 ans en 2024.
La camp de Krimmeri déborde de tentes en cette fin octobre.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Plus de 10 000 personnes ont signé une pétition lancée par l’économiste Jean-Luc Ginder, visant à dénoncer le nombre important d’enfants dormant à la rue à Strasbourg.
Lancée début novembre 2024, la pétition « Au secours des enfants dorment dans la rue à Strasbourg ! » réunissait plus de 10 000 signatures, vendredi 15 novembre. Son créateur Jean-Luc Ginder, économiste et conseiller municipal d’opposition à Bollwiller (Haut-Rhin) l’a transmise au président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry (LR).
Le texte s’appuie sur la mobilisation du personnel éducatif du collège Lezay-Marnésia, dans le quartier de la Meinau, qui loge depuis le 12 novembre des élèves sans-abris dans son CDI. Avant de décider cette action, les professionnels ont interpellé la CEA, propriétaire des bâtiments des collèges, pour lui demander de loger les élèves dans les logements de fonction vides. Ils ont commencé à manifester le 8 novembre.
Face à leurs revendications, la CEA a indiqué réserver la centaine de logements vides à l’accueil de jeunes mineurs, dont elle a la charge en tant que collectivité responsable de l’aide sociale à l’enfance. Dans un communiqué publié samedi 16 novembre, la collectivité a indiqué :
« Les logements du collège Lezay-Marnésia ne sont, à ce jour, pas en capacité d’accueillir des locataires. Des travaux de mise en conformité électrique sont encore nécessaires. Depuis le début de l’année, la Collectivité européenne d’Alsace est confrontée à une hausse sans précédent du nombre de mineurs étrangers non accompagnés (MNA) dont elle a la responsabilité et pour lesquels elle doit assurer l’hébergement. Actuellement, 926 jeunes sont pris en charge par les services départementaux, soit une augmentation de près de 200 mineurs par rapport à 2023. Elle a donc besoin de ces logements pour ces enfants. »
Faute de réponse institutionnelle positive, les élèves mis à l’abri par les enseignants dorment dans les locaux du collège. Vendredi 15 novembre, une opération « collège mort » a aussi eu lieu, c’est-à-dire que certains parents n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école, en solidarité avec les revendications des enseignants et enseignantes. Selon le compte Facebook du collectif « Un toit pour nos élèves », quatre familles sont hébergées dans le collège et une chez un enseignant.
Nina F. au côté son œuvre de la série des femmes tatouées au DeqPhoto : Saba Niknam / Lina Shazad
La Station LGBTI présente dans ses locaux Guerrières de lumière, une exposition de Nina Faramarzi. Artiste iranienne, plasticienne, musicienne et danseuse, elle mêle dans ses toiles différentes pratiques et inspirations, déambulant entre tradition et modernité.
La Station est une association d’accueil, d’écoute, d’accompagnement (juridique et autres) pour les personnes lesbiennes, gay, bi, trans, intersexe et autres (LGBTI+), installée à Strasbourg depuis septembre 2009 à la suite d’une mobilisation collective.
Accueillant Nina Faramarzi ce mois-ci, le pôle des expositions se donne pour missions de mettre en valeur des artistes queer et/ou féministes partageant les valeurs de l’association. Il tient également à œuvrer pour rendre l’art accessible à tous et à toutes. Cet espace permet également de créer une passerelle entre expression artistique et militantisme. Les expositions se pensent en collaboration avec Camilo, chargé du pôle, et l’artiste qui expose. Ensemble, iels conviennent de l’agencement des œuvres réparties dans les trois espaces : la pièce principale, la médiathèque (espace plus intimiste) et le café. Tout est pensé pour intégrer les œuvres à la vie des bénéficiaires et pour ne heurter aucune sensibilité.
Exposition Guerrières de lumière, de l’artiste Ninabelle.Photo : Saba Niknam / Lina Shazad
Danseuse, artiste, musicienne…
Artiste pluridisciplinaire, Nina Faramarzi, ou Ninabelle, est danseuse au sein de sa propre compagnie Atash, pianiste, professeur de yoga, et artiste plasticienne autodidacte. Issue d’une famille d’artistes, elle se forme seule ce qui lui permet, selon elle, une grande liberté, une opportunité de s’affranchir des normes plastiques. Entourée de femmes tout au long de sa vie, elle en dessine depuis petite et place cette figure au centre de ses créations. La période du Covid lui a permis d’entamer une grande phase de création chorégraphique et plastique. Elle réalise, en ce sens, diverses séries de femmes invisibilisées, qu’elle admire et qu’elle souhaite mettre en lumière : ses Guerrières.
Elle entreprend un devoir de mémoire sur l’histoire de sa terre natale, l’Iran, et accorde une place importante à la transmission sous toutes ses formes (paroles, gestes, écrits, dessins) des récits de ces guerrières oubliées, aux multiples facettes. Son objectif est d’embarquer les spectateurs et les spectatrices dans « un voyage authentique et humble » vers ses racines. Les trois séries présentées dans l’exposition participent à ce récit intemporel. D’ailleurs, ces dernières sont encore en cours, car pour Nina Faramarzi, « il y a encore tant de femmes qui brillent ».
Danseuses iraniennes
Les premières figures qu’elles représentent sont des danseuses iraniennes, qui dansaient autrefois à la cour du chah. Leurs corps étaient alors perçus comme des objets destinés à divertir la royauté. Dans ses dessins, l’artiste montre le visage de ces femmes fortes et talentueuses. Chaque tableau est composé de multiples couleurs et ornements majestueux. Elle les représente dans leurs habits traditionnels, parfois accompagnées d’instruments, pour retranscrire au mieux leur histoire. Pour elles, et c’est encore le cas aujourd’hui, la danse est une force. C’est un art qui constitue à la fois un mode de transmission des savoirs et des traditions, mais aussi un moyen d’expression très précieux.
Série de danseuses kurdesPhoto : Saba Niknam / Lina Shazad Danseuses kurdes Photo : Saba Niknam / Lina Shazad L’artiste Nina et le chargé du pôle exposition CamiloPhoto : Saba Niknam / Lina Shazad
Tatouées kurdes au deq
Les deuxièmes figures présentées sont des femmes kurdes qui ont sur leur peau du deq : des tatouages avec une forte signification traditionnelle. Le deq est réalisé par des femmes qui n’auraient vécu aucun drame dans leur vie personnelle et sont considérées aptes à pratiquer cet art ancestral. Il s’agit de motifs précis tatoués sur la peau, censés apporter la protection, l’amour, la paix intérieure, la stabilité sexuelle, la fertilité, la beauté… Chaque symbole revêt une signification : le soleil est source de vie, l’étoile évoque le ciel, la croix protège du mal, le cercle représente l’utérus, le V se réfère à la taille de la famille…
Cette pratique sacrée, très symbolique, s’étend tout le long de la Méditerranée sur le corps des femmes principalement. Cependant, ces tatouages sont plus ou moins mal perçus dans les différentes sociétés lorsqu’ils sont visibles et la pratique se raréfie. Nina Faramarzi décide alors de montrer ce qui est caché ou méconnu, dans le but de faire perdurer cet art antique. Pour réhabiliter cette pratique, elle joue avec le contraste du noir et blanc, et celui du papier doré – qui symbolise ici, le soleil. Ce contraste permet alors de mettre en évidence ces femmes, de les illuminer.
Série en cours
Pour les dernières figures, la série de Nina Faramarzi. est toujours en cours et s’inscrit dans la continuité de son travail. L’artiste cherche à montrer la force de différents êtres humains, par les mêmes jeux de lumière. Les œuvres sont composées d’une couleur dorée en arrière-plan, puis de portraits dessinés à l’encre de Chine et au stylo noir, en premier plan. Le doré symbolise à la fois la force de ses personnages et permet de faire jaillir « leur lumière intérieure », mais c’est aussi un moyen pour l’artiste de leur offrir un espace de visibilité où les faire briller.
Étudiante en Master 2 d’Écritures Critiques et Curatoriales de l’Art et des Cultures Visuelles au sein de l’Université de Strasbourg et chargée de communication pour le dispositif Carte Culture. Je m’intéresse aux récits de minorités ethniques et de genre, à travers la photographie, la performance et le spectacle vivant
Christine et Théo Lehmann habitent à quelques mètres du site du Comptoir agricole à Erstein.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Malgré de nombreuses mises en demeure de la préfecture depuis plus de dix ans, une usine agricole de Erstein rejette des éléments dans l’atmosphère et provoque des nuisances sonores. Les riverains de l’usine désespèrent de vivre dans ce cadre anxiogène.
De la poussière blanche s’accumule sur la table, le barbecue, les dalles, partout sur la terrasse. Même si les fenêtres sont fermées, le bruit des souffleries de l’usine du Comptoir agricole résonne jusque dans le salon, ce 12 novembre. Au milieu de centaines de pages de documents administratifs, Christine et Théo Lehmann s’interrogent : « Comment cette situation peut-elle durer depuis si longtemps ? »
Les Lehmann se mobilisent contre les fortes nuisances causées par l’usine agroalimentaire voisine.
Le couple a construit sa maison en 1980 à Erstein, à côté d’un site de stockage de céréales de cette coopérative agroalimentaire, la plus puissante d’Alsace. Mais la même année, le Comptoir agricole y a ajouté des infrastructures de séchage et de conditionnement du maïs. « On n’était pas du tout au courant, assure Théo. Le conducteur de tram à la retraite brandit un plan d’urbanisme de l’époque. Ils ont d’abord eu ces nouvelles activités sans autorisation pendant six ans, parce que l’arrêté préfectoral date de 1986. » Depuis, la préfecture du Bas-Rhin a réalisé six mises en demeure consécutives pour cette usine. La dernière date du 19 janvier 2024.
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Feraposhkin Slava et Davidis TatianaPhoto : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Un groupe d’activistes russophones en Alsace organise ce dimanche 17 novembre un rassemblement « contre l’agression russe en Ukraine ».
Ce dimanche 17 novembre, un rassemblement à Strasbourg doit faire écho à une manifestation à Berlin contre les dérives autoritaires en Russie. Co-organisatrice de la manifestation, Tatiana Davidis appelle à se réunir sur la place Kléber entre 14h et 16h « pour une paix juste en Ukraine et pour la liberté en Russie ». La militante vit à Colmar depuis qu’elle a quitté la Russie en septembre 2022. En raison des persécutions politiques, elle a obtenu un visa humanitaire en France, comme son compagnon Feraposhkin Slava, également employé de l’association Memorial. Cette dernière a reçu en octobre 2022 le prix Nobel pour la paix pour son travail de documentation des répressions de masseen Russie et en URSS.
La mobilisation dans la capitale allemande a lieu à l’initiative de Ioulia Navalnaia, veuve de l’opposant russe Alexis Navalny. Pour rappel, ce dernier est mort au centre pénitentiaire de Kharp le 16 février 2024. La manifestation berlinoise a aussi lieu grâce à deux opposants à Vladimir Poutine, Ilia Iachine et Vladimir Kara-Mourza. Ces derniers ont été libérés d’une prison russe au courant de l’été 2024. Ces rassemblements portent les revendications suivantes : la sortie des troupes russes de toute l’Ukraine, le jugement de Vladimir Poutine en tant que criminel de guerre et la libération de tous les prisonniers politiques.
Après le rassemblement place Kléber, une soirée d’écriture de lettres aux prisonniers politiques sera organisée à la brasserie Meteor au deuxième étage de l’établissement.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Manifestation de Support Transgenre Strasbourg en 2022.Photo : Deborah Liss
Six organisations appellent à un rassemblement contre les discriminations des personnes transgenres et pour se rappeler des victimes de la transphobie dimanche 17 novembre à 15h place d’Austerlitz.
« Cette année encore ont été portés à notre connaissance, de par le monde, au moins 350 assassinats directs et indirects, par violence physique ou exclusion sociale et suicide, de personnes transgenres, ou de personnes simplement considérées comme non-conformes à la prétendue “norme” du genre. » Dans un communiqué collectif, six associations, collectifs et syndicat locaux appellent à un rassemblent ce dimanche, en mémoire des victimes de la transphobie. Le rendez-vous est fixé sur la place d’Austerlitz à 15h.
« En deuil de nos mort.e.s, en lutte pour nos survivant.e.s », écrivent les organisations. Parce que la mobilisation vise aussi à dénoncer « que la haine qui aboutit aux crimes transphobes n’est pas le fruit du hasard ou de quelques individus ou groupes “méchants”, mais qu’elle est systémique ». La montée de l’extrême droite dans de nombreux pays aggrave la situation. Les organisations rappellent que « partout dans le monde, des gouvernements réactionnaires » sont de plus en plus répressifs envers les personnes transgenres, et que des groupes de pression appellent ouvertement à leur persécution.
Une lutte intersectionnelle
Elles estiment que « ce système politique engendre un cortège de haines qui gangrènent la société toute entière », et citent, outre la transphobie, le sexisme, le racisme, la xénophobie, l’homophobie, ou encore les discriminations envers les personnes qui ont des troubles psychiques.
D’ailleurs, « la majorité des victimes de la haine transphobe » cumulent des oppressions, comme elles sont souvent à la fois travailleuses du sexe, migrantes, sans-papiers ou encore handicapées. Ce qui les rend d’autant plus vulnérables et implique que le combat contre la transphobie doit être « intersectionnel » selon les signataires, c’est à dire qu’il doit prendre en compte cet effet cumulatif.
« Face à ce massacre, nous sommes en colère, et notre colère est aussi forte que notre détermination à en finir avec le système politique qui produit ces crimes et qui s’en nourrit », assurent les organisations. Elles promettent de continuer à se battre « tous les jours ».
Le Centre éducatif renforcé du Climont est géré par l’Arsea. Il accueille huit mineurs, placés sous mandat judiciaire, pour des séjours « de rupture » de plusieurs moisPhoto : Les sources du Climont / Facebook
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Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
Le week-end du 9 au 10 novembre, au moins trois matchs de football amateur ont été perturbés ou interrompus par des violences ou des injures, parfois racistes, dans le Bas-Rhin. Le district d’Alsace de football amateur amorce une « tolérance zéro ».
« Pendant les matchs, il y a des supporters qui ont du mal avec le fait que certains de nos joueurs soient d’origine turque. » Au bout du fil, Christian Wambst semble désolé. Président du FCE Reichshoffen depuis 15 ans, le match opposant son équipe à celle du SC Roppenheim a tourné court, dimanche 10 novembre.
L’arbitre a sorti un carton violet avant la fin du temps réglementaire. « C’est la première fois que ça arrive, un supporter a interpellé un de nos joueurs, qui a prévenu l’arbitre puis après concertation entre les clubs on a décidé d’arrêter la rencontre », retrace Christian Wambst, qui n’a pas entendu précisément les propos tenus à son joueur. Mis en place en mars 2023, le carton violet permet à l’arbitre d’interrompre un match de façon préventive, notamment « si des menaces, des insultes, des propos racistes ou discriminatoires manifestes et réitérés sont le fait de spectateurs et dirigés vers l’arbitre ou vers un ou des joueurs ».
Deux interventions de gendarmes, une des pompiers
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L’équipe permanente de Rue89 Strasbourg.Photo : Rue89 Strasbourg
Après avoir échoué dans une procédure en diffamation, Michaël Langlois attaque encore notre média, au civil cette fois. Cette procédure-bâillon est une menace pour l’existence même de Rue89 Strasbourg. Nous avons besoin de votre soutien.
Jeudi 24 octobre, un huissier de justice a rendu visite à la rédaction de Rue89 Strasbourg. Le monsieur – au demeurant fort sympathique – nous a délivré une assignation à comparaître devant le tribunal civil de Strasbourg en février pour avoir atteint au droit à l’image de Michaël Langlois. Les lecteurs et lectrices de Rue89 Strasbourg connaissent ce nom : il s’agit du professeur de théologie de l’Université de Strasbourg, qui profitait de son statut et de son charisme pour sortir avec ses étudiantes. Nous avons notamment révélé l’existence de deux plaintes à son encontre : la première pour viol, l’autre pour violences psychologiques et harcèlement moral.
En jeu : l’objectif même de Rue89 Strasbourg
Cette enquête, fruit de plusieurs mois de recherche, a été publiée en février 2023. Michaël Langlois nous a d’abord attaqué en diffamation. Le juge d’instruction du tribunal de Pau, où réside M. Langlois, a prononcé un non-lieu en juin 2024 mais pour nous défendre, nous avons dû engager plus de 1 000 euros de frais d’avocat.
Ça fait déjà cher l’article mais cet échec de Michaël Langlois devant la juridiction pénale n’a pas suffi au professeur de théologie. Il attaque désormais devant la juridiction civile, prétendant que sa photo illustrant l’article viole son droit à l’image. Nous sommes confiants dans l’issue judiciaire. Nous ne faisons que notre travail, qui est celui d’informer.
Mais nous n’avons pas la même confiance sur le plan financier : cette seconde procédure sera plus longue et une première phase se déroule avant l’audience, chaque partie devant produire des conclusions, puis des réponses aux conclusions… À chaque fois, ce sont de nouveaux frais d’avocat à avancer. M. Langlois le sait bien et c’est probablement son seul but, nous faire payer pour avoir osé publier sur lui des informations qu’il aurait préféré taire. C’est le principe des procédures-bâillons. Il est inacceptable que le droit de la presse, qui permet et protège la liberté d’expression, soit ainsi détourné à des fins de règlement de comptes personnels.
Nous ne nous soumettrons pas à cette forme d’intimidation mais il nous faut reconnaître que la perspective de ces nouvelles dépenses nous inquiète. La société Medialab, qui édite Rue89 Strasbourg, termine chaque exercice plus ou moins à l’équilibre, à 1 000€ près. Or la raison d’être de notre média, c’est l’investigation. Nous mettons en cause des sociétés et des personnes, pour ce qu’elles ont fait ou n’ont pas fait, à partir d’informations vérifiées, recoupées et d’intérêt général. Si chaque enquête devait mener le ou la journaliste qui l’a rédigée devant un tribunal, quel effet cela aurait-il ? Le résultat, ce serait l’autocensure, même sans condamnation.
Cette autocensure menace directement les enquêtes sur les violences sexistes et sexuelles, où chaque parole demande des semaines pour être recueillie et où les preuves sont délicates à obtenir.
Le prix de l’engagement sur les violences sexuelles
À Rue89 Strasbourg, nous travaillons à partir de la parole des femmes qui souffrent des violences sexistes et sexuelles. C’est ainsi que nous avons interviewé Marie, ex-compagne de Serge Oehler, conseiller départemental condamné en première instance et en appel pour violences conjugales « habituelles ». C’est aussi l’entretien que nous a accordé Laure Helms, ex-compagne du poète Jean-Michel Maulpoix, et qui décrit avec courage les mécanismes de l’emprise qui mènent aux violences conjugales.
Rue89 Strasbourg, c’est un média à impact. La médiatisation des affaires pousse parfois les institutions à sortir de leur passivité ou du déni. Ce fût le cas pour l’affaire Langlois. Nos recherches et notre publication avaient mis la cellule VSS de l’Université de Strasbourg sous pression. Cette dernière avait finalement décidé de suspendre l’enseignant… jusqu’à ce que Michaël Langlois obtienne l’annulation de cette décision pour un vice de procédure.
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Patrick et Patricia ont eu besoin de l’aide alimentaire de Caritas.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Caritas constate une forte augmentation de ses activités en 2023 et 2024. L’association déploie de plus en plus d’efforts dans les zones rurales.
« Toutes nos activités augmentent », annonce Arnaud Fritsch, directeur de la Fédération de charité de Caritas Alsace. Pour cette association de solidarité majeure, qui aide plus de 13 000 foyers dans la région, le constat est rude ce 14 novembre. Malgré l’engagement sans faille de 2 000 bénévoles sur 80 lieux d’accueil pour sortir des personnes de la précarité, celle-ci ne cesse d’augmenter. « De 2022 à 2023, nous avons constaté une hausse de 20% de la somme totale des aides financières, du nombre de bénéficiaires d’épiceries solidaires ou du nombre de colis alimentaires distribués », poursuit Arnaud Fritsch.
La tendance se confirme en 2024. À la permanence du centre-ville, rue de l’Arc-en-ciel, Caritas donne 120 petits déjeuners par jour en moyenne cette année, contre 80 en 2023. Et l’association observe de plus en plus de besoins hors des villes, à Obernai, Masevaux, Colmar ou encore Altkirch. « Les profils sont divers. Souvent, ce sont des personnes isolées qui souffrent d’être loin des services. Elles pâtissent du fait qu’à la campagne, on parle moins de la pauvreté. Elles nous demandent de l’aide pour l’essence ou les factures notamment », expose Arnaud Fritsch.
Arnaud Fritsch, directeur de la Fédération de charité de Caritas Alsace.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Des travailleurs pauvres chez Caritas
À Marlenheim, Caritas avait aidé 26 foyers pour l’alimentation ou pour payer des factures d’énergie en 2023. Et rien que de janvier à octobre 2024, 42 ménages ont été soutenus dans cette même commune. À Sarre-Union, l’association a distribué 1 770 euros de chèques et de bons d’achat en 2023. L’année suivante, la valeur des aides versées dans la commune a déjà atteint 3 560 euros en septembre.
Selon l’association, environ 20% des bénéficiaires de la région gagnent entre 800 et 1 200 euros par mois, et 6% sont rémunérés plus de 1 200 euros.
« Depuis plusieurs années, nous voyons arriver des travailleurs pauvres dans nos permanences. Ce phénomène s’amplifie, relate Arnaud Fritsch. Certains se privent de petit-déjeuner pour que leurs enfants mangent. Ils viennent ensuite le prendre chez nous, avant d’aller au boulot. »
Face à ces réalités, le directeur de la Fédération de charité de Caritas Alsace insiste sur les impacts positifs des actions de son association. « Souvent, nous sommes un chainon qui permet de rebondir. Beaucoup ont besoin d’aide pour quelques mois. Ils peuvent ensuite retrouver leur autonomie », explique Arnaud Fritsch. « Nous devons continuer à prendre notre part », souffle le directeur de Caritas Alsace. Selon lui, tous les ans, des personnes aidées sortent de la misère. Pour illustrer son propos, trois anciens bénéficiaires de Caritas sont présents.
« Cela peut arriver à tout le monde »
Patrick, chauffeur routier de profession, a été victime d’un accident vasculaire cérébral à 58 ans. Après un an d’arrêt maladie, il a été déclaré inapte à poursuivre son activité. Mais sa rente d’invalidité a été traitée en six mois, période durant laquelle il n’a eu aucune ressource. « Ma vie s’est écroulée. Nous avions de gros problèmes financiers. Quand le loyer, les charges, internet et les abonnements téléphoniques étaient réglés, nous n’avions plus rien pour acheter à manger », raconte t-il. Patricia, son épouse, est là pour le soutenir.
Patrick a subi un AVC qui l’a plongé dans la précarité.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Grâce à l’épicerie solidaire de Caritas à Guebwiller, Patrick et Patricia n’ont pas sombré définitivement. Ils pouvaient y acheter l’équivalent de 50 euros par semaine pour 5 euros. « Nous avons pu manger », souffle t-il. Mais que se serait-il passé s’ils n’avaient pas eu ce soutien ? « Sans Caritas, il y aurait beaucoup plus de gens à la rue, c’est certain », estime Patrick : « C’est vraiment important de le savoir parce que cela peut arriver à tout le monde d’avoir besoin des associations. J’ai travaillé pendant 37 ans avant mon accident. »
Plus d’activités mais pas plus de ressources
« L’important n’est pas de ne jamais tomber, mais de pouvoir se relever », abonde Arnaud Fritsch. Désormais, Patrick et Patricia sont bénévoles pour Caritas. Ils organisent des ateliers cuisine avec les aliments proposés par l’association. Ils prévoient d’aider à Guebwiller ces prochaines années.
Youla prend également la parole pour témoigner de l’aide apportée par Caritas. Réfugiée politique syrienne, elle s’est retrouvée à Molsheim sans ressource car elle a mis du temps à trouver un emploi :
« J’étais enseignante de biologie en Syrie. Mais mon diplôme n’était plus valable en France. J’ai dû apprendre la langue. Heureusement que Caritas était là. Nous avons pu nourrir nos deux enfants avec mon mari. Maintenant, je suis accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH, NDLR) à l’école maternelle de Molsheim. C’est extrêmement important psychologiquement quand on est perdus comme nous l’étions, d’être aidés par des bénévoles qui nous sourient, sont gentils avec nous. »
Youla, ancienne bénéficiaire de Caritas à Molsheim.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Caritas peut compter sur un nombre stable de 2 000 bénévoles et un budget à 5,5 millions d’euros, tout en augmentant son activité. « Nous allons devoir stabiliser nos aides financières. Ça ne sera pas possible de les augmenter. Et nous réfléchissons à des manières d’abaisser nos charges, en mutualisant des activités dans des bâtiments, indique le directeur. Par contre nous allons continuer à augmenter les aides alimentaires. » Pour maintenir ses actions, Caritas appelle au soutien financier de la population. « C’est un système en circuit court, les dons réalisés en Alsace sont réinvestis en Alsace », assure Arnaud Fritsch.
La FDSEA parvient régulièrement à organiser des manifestations spectaculaires pour s’afficher comme le principal défenseur des agriculteurs.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg
Les syndicats des Jeunes Agriculteurs et de la FNSEA ont annoncé une nouvelle journée de mobilisation lundi 18 novembre. Les agriculteurs allemands devraient se joindre au mouvement.
Le mouvement pourrait bien durer jusqu’à la mi-décembre. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont annoncé mercredi 13 novembre le début d’une nouvelle mobilisation dès lundi 18 novembre. Sur France Inter, le président de la FNSEA a précisé que les autoroutes ne seraient pas bloquées. À Strasbourg, les agriculteurs seront sur le pont de l’Europe de 15h30 à 21h.
Cette fois-ci, les syndicats dénoncent les accords de libre-échange et craignent qu’en soit signé un nouveau entre l’Union Européenne et le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Bolivie). Opposée depuis 20 ans à la ratification d’un tel accord, la FNSEA dénonce notamment une concurrence déloyale entre les agriculteurs français et ceux d’Amérique du Sud, les deux n’ayant pas les mêmes normes et contraintes pour leurs productions.
Les 18 et 19 novembre, lors du G20 à Rio de Janeiro (Brésil), les syndicats craignent que l’accord soit signé. Car si la France y est relativement hostile, l’Union Européenne semble plutôt enthousiaste à l’idée de cet accord.
Déjà jeudi 14 novembre, la Confédération paysanne manifeste à Colmar pour s’opposer aux mêmes accords UE – Mercosur.
Des feux de la colère
Selon les DNA, les JA et la FDSEA allumeront huit feux de la colère dans le Haut-Rhin. Lundi 18 novembre, ils manifesteront sur le pont de l’Europe à Strasbourg, selon un communiqué du 14 novembre. La FDSEA et les JA se retrouveront donc à la frontière avec l’Allemagne de 15h30 à 21h et annoncent que les collègues allemands viendront les soutenir, « pour dénoncer la braderie de l’agriculture européenne ».
Vendredi, la préfecture du Bas-Rhin a indiqué que des difficultés de circulation sont à prévoir sur l’A35 au nord de Strasbourg à partir de Seltz, et sur l’A340 et l’A4 entre Haguenau, Brumath et Strasbourg. Au sud de l’agglomération, des perturbations devraient se faire sentier sur le RD1083 à partir d’Ebersheim et la RN353 à partir de Fegersheim. Les cortèges doivent se rejoindre sur la M35 à partir de Bischheim et arriver par la RN4 à l’entrée à Strasbourg avant de se rendre vers le pont de l’Europe.
Extrémité des forages de la centrale de Rittershoffen, d’où sont extraites les saumures géothermales avant d’être réinjectées dans le sol.Photo : Paciane Rouchon / Rue89 Strasbourg
Eramet, Lithium de France, Viridian… Les acteurs du lithium se multiplient en Alsace. Les projets aussi. De l’extraction à la fabrication des batteries électriques, en passant par le raffinage : cartographie des projets en cours.
Rittershoffen, Bas-Rhin. C’est ici que tourne le premier pilote d’extraction de lithium géothermal de France. Depuis 2019, Électricité de Strasbourg (ÉS) et le groupe minier Eramet développent un nouveau procédé, visant à filtrer les eaux des centrales de géothermie profonde, pour en extraire du lithium – composant essentiel des batteries électriques et pierre angulaire de la transition énergétique.
Dans le Bas-Rhin comme dans le Haut-Rhin, les industriels se lancent les uns après les autres dans la course au lithium géothermal, avec près de 1 300 kilomètres carrés (km²) de permis de recherche effectifs à la fin de l’année 2024. Mais les ambitions ne se cantonnent pas à la recherche du minerai dans les sous-sols : de l’extraction de la matière première à la fabrication des batteries électriques, en passant par le raffinage, c’est une filière tout entière qui prend forme en Alsace.
Trois nouveaux sites pour ÉS
À ce jour, seule ÉS opère des centrales en géothermie profonde, l’une à Rittershoffen et l’autre dans la commune voisine de Soultz-sous-Forêt. D’ici la fin de la décennie, la filiale d’EDF espère compter trois nouveaux sites en Alsace du Nord — au sud de Strasbourg, les projets sont suspendus jusqu’à nouvel ordre suite au désastre de Fonroche. Les deux premiers viendront jouxter les centrales existantes de Rittershoffen et Soultz-sous-Forêt. Le troisième devrait voir le jour à Steinseltz, près de Wissembourg, “mais ce n’est pas la priorité”, temporise Albert Genter, directeur général adjoint (DGA) de la branche géothermie d’ÉS.
À Soultz, l’entreprise attend toujours l’accord de la préfecture pour lancer les travaux. Si l’autorisation suit, les forages pourraient commencer en fin d’année 2025, à 1,5 km au sud du site existant. Viendra ensuite l’extension de la centrale de Rittershoffen, dont les forages ne devraient pas débuter pas avant le second semestre 2026. Puis, la centrale de Steinseltz, pour laquelle ÉS reste déterminée malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête publique rendu cet été. “Par expérience, la préfecture ne suit pas toujours l’avis du commissaire enquêteur”, estime le DGA.
Bien que ces trois sites aient été pensés pour pouvoir accueillir une production de lithium géothermal, ÉS précise qu’ils demeurent “en priorité des projets de géothermie haute température”, c'est à dire des sites de production de chaleur. Le choix d’exploiter — ou non — le lithium, dépendra de la décision finale d’investissement du partenaire Eramet, qui n’interviendra pas avant 2026.
Lithium de France dans les starting-blocks
Un autre compétiteur s'intéresse à l'Alsace du Nord. Lithium de France totalise déjà plus de 300 km² de permis de recherche et attend l’attribution d’un nouveau permis au sud de Strasbourg, entre Molsheim, Obernai et Erstein. Depuis sa création en 2020, la filiale du groupe Arverne a identifié plusieurs sites de forage potentiels. Pour l’instant, elle préfère toutefois concentrer ses efforts sur le premier d’entre eux, à Schwabwiller. “Nous sommes prêts à forer, nous attendons simplement l’autorisation de la préfecture pour démarrer”, assure Guillaume Borrel, directeur général de Lithium de France. Un retour que le DG espère recevoir au premier trimestre 2025.
D’ici le début de la décennie à venir, l’industriel ambitionne d’opérer une quinzaine de sites d’extraction au nord et au sud de Strasbourg, auxquels viendront s’ajouter des unités de purification du lithium. Celles-ci pourraient jouxter les centrales ou être intégrées à des zones industrielles, comme ce devrait être le cas au parc industriel d’Hatten. Un projet qui doit encore être validé définitivement par la communauté de commune de l’Outre-Forêt, d’après Guillaume Borrel.
Vulcan Energy, le nouveau venu du Haut-Rhin
Plus au sud, dans le Haut-Rhin, l’Australien Vulcan Energy a obtenu en juillet un permis de recherche de plus de 400 km² autour de Mulhouse. Prochaine étape : obtenir une première autorisation pour cartographier le sous-sol, afin d’identifier les sites d’extraction potentiels. Une opération qui ne se fera pas “du jour au lendemain”, temporise Horst Kreuter, co-fondateur et représentant général du projet lithium de Vulcan Energy.
Pour commencer, l’industriel concentrera ses recherches sur une zone de 50 à 100 kilomètres carrés au centre de son permis de recherche. L'objectif : installer une première centrale à proximité de l'usine Stellantis, qui est partenaire du projet et souhaite bénéficier de l’énergie géothermale pour décarboner sa production. Dans le meilleur des cas, les travaux de forage pourraient débuter l’année prochaine, d’après les estimations du représentant général. À terme, Vulcan ambitionne de réaliser “autant de forages que possible pour desservir la zone". Bien que cela demeure “très dépendant” des résultats obtenus lors de la campagne d’exploration du sous-sol et des emplacements disponibles en surface.
Raffinerie et gigafactory : les derniers chaînons de la filière
En plus des sites d’extraction, l’Alsace accueillera bientôt la première raffinerie française de lithium à Lauterbourg, dans le Bas-Rhin. Un projet confirmé au mois de juillet par la jeune société strasbourgeoise Viridian, qui prévoit de débuter les travaux au second semestre 2025. À partir de fin 2027 ou début 2028, la raffinerie installée au bord du Rhin convertira du carbonate de lithium en hydroxyde de lithium, afin d’alimenter les usines de batteries électriques.
Le dernier chaînon de cette filière naissante devrait voir le jour à proximité de Mulhouse. Sur le site d’une ancienne mine de potasse, la commune de Wittelsheim souhaite accueillir une "gigafactory" de batteries électriques, opérée par Blue Solutions, filiale du groupe Bolloré. Venu tout droit des États-Unis, le concept de gigafactory repose sur le principe des économies d’échelle : baisser le coût unitaire en augmentant le volume de production. Une seule gigafactory existe actuellement en France. Trois autres devraient voir le jour dans les prochaines années, toutes dans les Hauts-de-France.
Si le projet de Wittelsheim est confirmé, cette usine de batteries deviendra la cinquième gigafactory de France, avec une mise en activité en 2026 ou 2027 au plus tôt. Interrogé à ce sujet, Blue Solutions confirme que le projet est à l’étude, bien qu’il ne soit “pas définitivement acté sur le terrain". La décision finale est attendue en début d’année 2025.
Journaliste indépendante, sensible aux thématiques environnementales, avec un focus sur les enjeux agricoles, énergétiques et les atteintes à l’environnement. Je couvre notamment l’actualité de la géothermie et du lithium alsacien.
Une distribution de repas à des personnes sans abri en 2016.Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg / cc
Le Collectif contre la précarité de Strasbourg appelle à un rassemblement samedi 16 novembre afin de protester contre une « situation sans précédent » mettant les acteurs associatifs « au bord de la rupture ».
Dans un communiqué, 19 associations engagées à Strasbourg et dans l’Eurométropole contre la précarité alertent sur la situation des personnes qu’elles aident au quotidien. Elles organisent samedi 16 novembre à 11h, place de la Gare à Strasbourg un temps de présentation de leurs actions, afin de faire connaître au public la réalité de leur quotidien.
« Les hivers se suivent mais ne se ressemblent plus », indique le communiqué :
« Jamais nous n’avons manqué d’autant de places d’hébergement, jamais nous n’avions rencontré autant d’enfants à la rue, jamais nous n’avions connu une telle tension dans nos réponses à un besoin primaire, jamais nous n’avions dû demander autant d’investissement aux bénévoles… Et nous craignons que cet hiver soit un point de rupture pour beaucoup, tant du côté des personnes accueillies que des personnes et structures leur venant en aide. Cet hiver sera-t-il celui de trop ?! »
Manifestation en soutien au peuple palestinien du 16 décembre 2023.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Le Collectif Palestine 67 organise une marche samedi 16 novembre 2024, « contre le génocide » dans la bande de Gaza, « pour des sanctions contre Israël » et « pour l’embargo sur les armes ».
Alors que plus de 400 jours se sont écoulés depuis le 7 octobre 2023, le Collectif Palestine 67 organise une marche samedi 16 novembre 2024 au départ de la place Kléber à Strasbourg, « contre le génocide » dans la bande de Gaza, « pour des sanctions contre Israël » et » pour l’embargo sur les armes ».
Alors que l’État d’Israël bombarde désormais l’ensemble du Liban, plus de 44 000 personnes ont été tuées par l’armée israélienne rien que dans la bande de Gaza, selon des estimations. Sur ce territoire, seuls 37 camions d’aide humanitaire pénétraient chaque jour en octobre 2024, alors que 350 étaient nécessaires, selon l’UNRWA (l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens). Le parlement israélien, la Knesset, a par ailleurs décidé le 28 octobre d’interdire à cette agence internationale d’exercer en territoire israélien.
Samedi 16 novembre, la manifestation partira de la place Kléber à 14 heures. Elle passera par la rue du 22-Novembre, la Grand’Rue, la rue de la Division-Leclerc, de la Douane puis retournera place Kléber.