Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Sur le campus, des étudiants demandent la libération de Georges Abdallah

Sur le campus, des étudiants demandent la libération de Georges Abdallah
Rassemblement étudiant pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, vendredi 6 décembre 2024.

Une trentaine d’étudiants et étudiantes se sont rassemblées devant l’Institut Lebel, sur le campus de l’Université de Strasbourg ce 6 décembre, pour demander la libération de Georges Ibrahim Abdallah, militant libanais contre la colonisation.

« Coloniser est un crime, résister est un droit. » Au mégaphone vendredi 6 décembre, un étudiant interpelle les passants devant l’Institut Lebel, sur le campus central de l’Université de Strasbourg. Ils sont une trentaine à réclamer la libération du Libanais Georges Ibrahim Abdallah, à l’appel de la Fédération Syndicale Étudiante (FSE). Co-fondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl), ce célèbre militant a participé à la lutte contre l’impérialisme européen et israélien. Les Farl ont revendiqué plusieurs attentats dont quatre mortels en France, au début de années 1980.

Pour Lucille, membre de la FSE, cette lutte est hautement symbolique à ses yeux : « C’est un combattant et un camarade avant tout, qui dénonce l’impérialisme français. » Depuis 1984 ans, Georges Ibrahim Abdallah est emprisonné en France pour « complicité de meurtre ». Si le militant est libérable depuis 1999, c’est uniquement le 15 novembre 2024 que le juge d’application des peines a accepté sa onzième demande de libération conditionnelle. Mais le parquet national antiterroriste (Pnat) a interjeté appel, suspendant ainsi la décision.

« Tous les combats sont liés »

« C’est un militant qui n’a jamais abandonné son combat pour la Palestine et les peuples opprimés », constate Lucille, pour qui Georges Ibrahim Abdallah symbolise l’espoir. Condamné en 1986 à la perpétuité après l’assassinat par les Farl de deux diplomates, un Américain et un Israélien, le militant communiste est considéré par ses soutiens comme « le plus vieux prisonnier politique d’Europe ».

Véritable saga judiciaire, l’affaire Georges Ibrahim Abdallah est pleine de rebondissements, son avocat ayant par la suite avoué avoir joué double jeu et travaillé pour les services de renseignements français en même temps qu’il défendait son client.

Sur le côté du rassemblement, Figo tient un tract entre ses doigts. La cause raisonne particulièrement chez l’étudiant en histoire. « Je suis kurde, donc la défense des opprimés, je connais », souffle-t-il :

« La lutte des Palestiniens contre l’impérialisme israélien, c’est un peu comme pour les Kurdes opprimés par le gouvernement turc, donc j’ai une sensibilité pour ces sujets. Tous les combats visant à ce que les peuples soient libres à disposer d’eux-mêmes sont liés. »

Figo l’avoue, il ne connaît Georges Ibrahim Abdallah que depuis quelques mois. « Mais ce sont des actions comme celle d’aujourd’hui qui informent les gens. À coup de petites mobilisations, l’impact peut devenir plus grand », sourit-il.

Difficile espoir

Le militant se dit plutôt pessimiste pour l’avenir. « Honnêtement c’est compliqué, le monde reste gouverné par des pays puissants et contre eux, les peuples n’ont presque aucun pouvoir », conclue Figo, qui déplore que les États fassent passer les intérêts économiques avant les droits humains.

Vers 10h30, les étudiantes et étudiants se mettent à déambuler sur le campus, mégaphone en main. Camille les suit, keffieh autour du coup. « Georges Ibrahim Abdallah fait le lien direct entre son parcours de résistance et le génocide en Palestine », détaille-t-il.

La demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah sera étudiée en appel le 19 décembre 2024.

Ma promenade éco-anxieuse au marché de Noël de Strasbourg

Ma promenade éco-anxieuse au marché de Noël de Strasbourg

Tourisme de masse, surconsommation, gaspillage alimentaire… Chaque année, mes convictions écologiques gâchent la promenade au marché de Noël de Strasbourg.

« 2024 est l’année la plus chaude jamais enregistrée sur la planète : ai-je réellement besoin de ce petit lutin en tissus ? » Être éco-anxieuse, c’est faire le marché de Noël de Strasbourg en état de dissociation cognitive. À chaque fin d’année, une partie de mon cerveau s’émerveille des petits personnages et décors proposés dans les chalets du Christkindelsmärik. L’autre s’interroge sur leur impact environnemental : « Maman m’a dit qu’elle voulait un rouleau à décorer les pâtisseries cette année : est-ce que celui-là a été conçu avec du bois issus de forêts locales et durables ? » Cet état d’intranquillité permanente à deux effets : me pousser vers les étals de vin chauds pour me faire oublier mes inquiétudes et me nouer l’estomac, pour m’empêcher d’en profiter.

Les lutins et autres figurines de Noël pourraient presque me faire oublier mon éco-anxiété. Photo : Anne Mellier/ Rue89 Strasbourg / cc

« Marché durable » et surtourisme

En bonne bobo-écolo strasbourgeoise, j’ai attentivement suivi les évolutions du marché de Noël ces dernières années. J’ai lu les déclarations des élus écologistes qui promettent de limiter l’impact environnemental de ce grand raout saisonnier. Traitement des eaux grasses, tri des déchets, sélection des exposants et des produits proposés, remplacement des décorations lumineuses par des LED et créations en tissus… Autant d’initiatives vertueuses qui ne posent pas la question cruciale du surtourisme qui se cache derrière l’événement. En 2023, le marché de Noël de Strasbourg a battu un nouveau record de fréquentation avec 3,3 millions de visiteurs.

Un moment d’inattention et me voici à la Petite France, emportée par une foule cosmopolite émaillée de perches à selfies. Curieuse, je demande à un couple avec une poussette d’où ils viennent. Originaires d’Istanbul, Sibil et Oguz ont pris une semaine pour visiter tous les marchés de Noël alsaciens. Arrivés à l’aéroport de Bâle, ils ont loué une voiture pour venir passer trois jours à Strasbourg avant de filer en direction de la route des vins et de ses petits villages pittoresques. « On prépare ce voyage depuis mars », détaille le jeune homme qui explique avoir découvert le Christkindelsmärik strasbourgeois grâce aux influenceurs, sur les réseaux sociaux. « C’est joli, mais je suis un peu déçu. Il n’y a pas cet effet waouw qu’on peut voir sur leurs vidéos », regrette Oguz.

Des touristes du monde entier

« Brilliant », « amazing » « authentic ». De son côté, Andrew ne manque pas de superlatifs quand il s’agit d’évoquer sa visite au marché de Noël de Strasbourg. Originaire de Melbourne, en Australie, le quinquagénaire est en Europe pour « trois semaines et demie » avec son épouse et une de leurs amies. Arrivé à Londres par long-courrier, le trio a ensuite pris un autre vol pour Budapest afin de visiter les marchés de Noël de Vienne, Prague et Munich. Une journée à Strasbourg puis ils fileront à Colmar avant de rentrer par Paris. « L’architecture ici est incroyable. Et chaque chalet nous fait ressentir l’esprit de Noël ! » s’enthousiasme l’Australien, des étoiles plein les yeux. Je souris en l’écoutant. Partagée entre la complicité et le vertige – combien de kilogrammes de CO2 émis pour tous ces déplacements ?

Je croise aussi deux américaines, l’une résidant en Allemagne, à deux heures de route au nord de Strasbourg. L’autre est venue de Philadelphie pour profiter du marché strasbourgeois avant d’aller voir celui de Paris. Elles ont aussi découvert l’événement grâce aux influenceurs, sur les réseaux sociaux. Au pied du grand sapin, les écrans de smartphones font concurrence aux décorations lumineuses. L’heure est au selfie et aux photos souvenirs. De quoi inciter de nouveaux visiteurs à remonter les allées du Christkindelsmärik l’année prochaine.

La photo du sapin, l’incontournable instagrammable…Photo : Anne Mellier/ Rue89 Strasbourg / cc

Inévitables déchets

Lassée du bain de foule, je tourne le dos au grand sapin pour tomber nez à nez avec un triste tableau. Sur les petites tables rondes permettant aux visiteurs de manger debout, de nombreux déchets ont été oubliés. Quelques serviettes en papier roulent dans la brise. J’attrape ce que je peux pour les emmener aux bennes voisines avant de déchanter. Le code couleur et les pictogrammes n’ont pas suffi à faire respecter les consignes de tri. Des emballages en carton dorment au fond de la poubelle dédiée aux restes alimentaires et vice versa.

L’année dernière, les services de la Ville ont ramassé près de 30 tonnes de déchets cartons et plastiques, qui ont ensuite été envoyés dans des centres de traitement situés au Port du Rhin. Mais je n’oublie pas que le meilleur des déchets est celui qu’on ne produit pas. Ne pourrait-on pas imaginer des planches en bois consignées pour les tartes flambées ? Ou des bols en céramique de Betschdorf pour les plâtrées de spaetzle ?

Tombée par hasard sur des amies en train de boire du vin chaud, je ne peux m’empêcher de leur demander si elles ont pensé à emmener leur gobelet. « Chaque année, j’en prends un au début du marché et il me dure tout le mois. S’il me plait, je le garde sinon je récupère ma consigne », m’explique l’une. « Moi, j’en prends un que je finis par oublier chez moi. Au bout de trois ou quatre vins chauds, j’en prends un autre », témoigne un ami. Je songe à la pile d’écocups sérigraphiés aux couleurs du marché de Noël qui dort dans les placards de ma colocation avec un brin de culpabilité.

Des alternatives végés encore rares

Parmi les conseils donnés aux visiteurs cette année, la Ville a suggéré d’amener ses propres contenants. Une consigne zéro-déchets peu suivie, si j’en crois les quelques exposants à qui j’ai posé la question. « Si, il y a une dame qui venue aujourd’hui avec une grande thermos », détaille un marchant de glühwein avant de verser une généreuse rasade de calva dans mon jus de pomme chaud. Un cocktail 100% français, du verger à l’alambic. Rien à dire.

Puis je me mets à observer les chalets à bretzels gratinées et à tartes flambées que je scrute d’un œil aussi sévère qu’affamé. Des versions végétariennes existent, mais elles restent peu nombreuses. Il faut arriver sur le Marché off pour trouver des recettes 100% végétales. Currywurst incluse. Le rapport avec l’écologie ? Une alimentation végane émet 75% de gaz à effet de serre en moins qu’une alimentation très carnée et consomme moins d’eau et de terres. De quoi donner envie de végétaliser son assiette.

Une gaufre végétale au marché off. Photo : Anne Mellier / Rue89 Strasbourg / cc

C’est dans le marché de Noël le moins touristique de Strasbourg que je termine immanquablement mes balades. L’écoanxiété y résonne un peu moins fort. Encore que, ici comme ailleurs, la question se pose : de quoi ai-je vraiment besoin pour Noël ? Qu’ai-je vraiment envie d’offrir ? Des bières locales ? Des produits de la région ? Une orange et un morceau de chocolat – fruit produit en Espagne et du cacao originaire d’Amérique du sud ? Mauvaise idée pour l’empreinte carbone. Je cherche des idées ici et là. Et regarde les prix. Quand on est éco-anxieux et précaire, finalement, rien, c’est peut-être bien.

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Dans la rue, la colère des fonctionnaires : « Ça devient un problème de dignité »

Dans la rue, la colère des fonctionnaires : « Ça devient un problème de dignité »
Patricia, enseignante au collège Jean Monnet.

Près de 3 000 fonctionnaires ont manifesté jeudi 5 décembre contre « la casse du service public ». Beaucoup racontent la dégradation continue de leurs conditions de travail.

Le gouvernement Barnier est tombé la veille. Mais la colère des fonctionnaires reste intacte. Ils étaient presque 3 000 à manifester ce jeudi 5 décembre à Strasbourg. Car si l’avenir politique est incertain, le manque de moyens dans la fonction publique reste très concret. Au sein du cortège, les agents viennent de secteurs variés. Beaucoup témoignent de conditions de travail qui ne cessent de se dégrader, se livrent sur leur quotidien et les impacts sur la population.

Malgré la chute du gouvernement la veille, la mobilisation des fonctionnaires était importante.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Christian Prud’homme, secrétaire du syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), rappelle que le manque de moyens à l’hôpital, ce sont « des patients qui subissent des conséquences pour leur santé ». Pour rappel, au moins deux personnes sont décédées suite à un défaut de prise en charge en mars et septembre 2022 aux urgences du Nouvel hôpital civil.

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À Novares, la grève prend fin : « Un salarié avec 30 ans d’ancienneté aura près de 100 000 euros »

À Novares, la grève prend fin : « Un salarié avec 30 ans d’ancienneté aura près de 100 000 euros »
Les ouvriers de Novares étaient mobilisés pour de meilleures conditions de licenciement depuis le 20 novembre.

En grève depuis le 20 novembre, les syndicats du constructeur Novares ont obtenu satisfaction sur le montant des indemnités de départ des 122 salariés de l’usine.

Deux semaines après le début de la grève à Novares, le délégué syndical Force Ouvrière Bachir Himmi exprime « la satisfaction générale des salariés » ce jeudi 5 décembre. Malgré la fermeture annoncée de l’usine à Ostwald, le syndicaliste préfère souligner le succès de la mobilisation des 122 salariés de l’équipementier automobile. Ces derniers sont désormais assurés d’obtenir 2 200 euros d’indemnité supralégale par année d’ancienneté. Avant la grève, le montant proposée par la direction de Novares était de 1 300 euros par année d’ancienneté. « Un salarié qui a trente ans de boite partira avec près de 100 000 euros d’indemnités au total », se félicite le syndicaliste Bachir Himmi.

Une fermeture prévue en 2025

Deux jours après le début de la grève, un autre site de production de Novares a rejoint le mouvement. « La mobilisation du site de production de Sainte-Marguerite (Vosges) a eu un impact bien plus fort sur notre client Stellantis, explique Bachir Himmi, il y avait 600 véhicules bloqués par l’absence de pièces livrées par Novares. Clairement, la direction est revenue avec des meilleures indemnités pour éviter de durcir e conflit. »

Le Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) signé par la direction et les syndicats CFTC, CGT et FO accorde aux ouvriers de Novares un congé de reclassement de 12 mois avec une rémunération de 80% du salaire brut. Un budget de formation de 10 000 euros et une enveloppe destinée à la création d’entreprise ont aussi été inscrits dans le PSE.

L’ensemble des salariés ont repris le travail ce jeudi 5 décembre. L’usine Novares d’Ostwald ne devrait pas fermer avant juin 2025, selon le responsable syndical FO Bachir Himmi.

Contacté, le directeur de l’usine Novares à Ostwald n’a pas donné suite à notre demande d’interview.

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Parents et enseignants ne supportent plus que des élèves dorment dehors

Parents et enseignants ne supportent plus que des élèves dorment dehors
Les parents d’élèves veulent alerter sur des situations intolérables et méconnues.

À l’appel de parents d’élèves, plusieurs dizaines de personnes étaient rassemblées jeudi matin devant l’école Saint-Jean de Strasbourg pour demander que les familles sans-abri dont les enfants sont scolarisés soient prises en charge.

Jeudi 5 décembre à 8h15 devant l’école Saint-Jean, les enfants rentrent dans la cour, heureux de retrouver leurs camarades. Mais les visages des adultes sur le parvis sont inhabituellement fermés. Des pancartes ont été attachées aux barrières : « le jour à l’école, la nuit à la rue », « avoir un toit n’est pas un rêve, c’est un droit »… À l’appel des parents d’élèves de l’école, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour dénoncer qu’une dizaine d’enfants scolarisés dans les classes de Saint-Jean n’aient pas d’hébergement, et vivent des situations d’extrême précarité.

Les parents d’élèves de Saint-Jean ont commencé à se mobiliser vendredi 29 novembre pour venir en aide à une famille avec deux enfants qui a tout perdu lorsqu’ils ont été mis à la porte du centre d’hébergement qu’ils occupaient. Pendant leur absence, leurs affaires ont été mises dehors dans des sacs et ont évidemment été volées.

Elphège Tignel se dit prête à étudier « toutes les options » pour que les enfants soient abrités.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

« On a essayé de recenser les situations et on s’est aperçu qu’au moins dix enfants de l’école ne peuvent pas se reposer la nuit », indique Elphège Tignel, représentante des parents d’élèves mobilisés :

« Ce sont des situations très discrètes, certains vivent sous tente, d’autres se serrent dans une voiture… Nous voulons qu’avec cette mobilisation, tout le monde se rende compte qu’il y a des enfants à la rue dans chaque école de Strasbourg. Et on ne peut pas croire qu’il n’y ait pas de solution. Quand il y a eu la guerre en Ukraine, il y a eu des solutions pour les réfugiés. Les températures dégringolent, il est intolérable que ces familles dorment dehors. »

Elphège Tignel indique que les parents d’élèves « étudient toutes les options », quitte à occuper le gymnase de l’école si les pouvoirs publics continuent d’ignorer le problème.

Marie-Claude Harrer est enseignante à l’école Saint-Jean, elle est indignée par ce qu’elle constate dans ses classes :

« Pour les décideurs, ce ne sont que des chiffres. Mais pour les professeurs, ce sont des élèves qui dorment en classe, qui sont agités, hagards… Ce qui se comprend puisqu’ils vivent un stress quotidien, parce qu’ils ne savent pas où ils vont dormir ni comment… C’est insupportable, invivable. »

Catherine Djaroud est enseignante en maternelle à l’école Langevin de Cronenbourg et appelle les parents à rejoindre le collectif contre les enfants à la rue. Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Catherine Djaroud, enseignante en maternelle à Cronenbourg, est membre du collectif Pas d’enfant à la rue :

« On a besoin du soutien des parents d’élèves, car les capacités d’action des enseignants sont limitées. Il nous faut de l’aide pour interpeller les élus, se rendre aux réunions avec les pouvoirs publics ou les structures sociales, etc. »

Avec La poudre d’escampette, le photographe Pascal Bastien vieillit bien

Avec La poudre d’escampette, le photographe Pascal Bastien vieillit bien
Félix et Georges sur la route du Falkenstein, Grendelbruch, 8 mai 2017

Photographe strasbourgeois, Pascal Bastien publie un troisième opus de ses pérégrinations habituelles. Mais alors que l’insouciance se dégageait de ses précédents livres, La poudre d’escampette est plus sombre. L’âge, sans doute.

La poudre d’escampette est une fenêtre sur la vie quotidienne de Pascal Bastien, entre 2015 et 2017. C’est le troisième livre de clichés pris au détour d’une rue, d’un regard, d’une scène… en noir et blanc, avec son Rolleiflex 6×6 que ce photographe strasbourgeois trimballe partout avec lui.

Évoluant sur la ligne de crête entre l’art et le journalisme, les images du quotidien de Pascal Bastien ainsi sélectionnées sont toujours ambivalentes : pourraient-elles se trouver dans un journal, dans une galerie, ou les deux ? Elles semblent toujours sortir d’une autre époque, comme si l’œil de l’artiste était une machine à remonter le temps.

« Je prends beaucoup de photos, je les classe par années », indique Pascal Bastien, que les lecteurs et les lectrices de Rue89 Strasbourg connaissent pour ses reportages photo :

« Parfois je mets de petites notes, mais ce n’est pas un journal pour autant. Le livre n’est pas un compte-rendu chronologique de toute ma vie, j’essaie d’y rassembler des histoires, des thématiques. Et parfois d’ailleurs, il me manque des images, alors je comble avec des archives. »

Une invitée : la mort

Alors que les deux précédents opus, Comme neige au soleil et Aujourd’hui, c’est toujours maintenant ? étaient des odes aux joies simples et à l’insouciance, La poudre d’escampette est plus sombre. Son père décède, sa mère s’étiole, il se sépare… Il vit les affres de la « génération sandwich », devant s’occuper à la fois de ses enfants et de ses parents, on comprend en une image qu’un côté du sandwich a tout de même meilleur goût que l’autre.

Car la force de ces photos, leurs messages à la fois subtils et directs, est toujours bien présente en revanche. Si c’est bien de la vie de Pascal Bastien dont il est question, toutes ces images résonnent en tous ceux et celles qui observent leur quotidien, même s’ils ne se trimballent pas tous les jours avec un Rolleiflex dans leur sac.

Manifestation de soutien aux Palestiniens et Palestiniennes samedi 7 décembre

Manifestation de soutien aux Palestiniens et Palestiniennes samedi 7 décembre
Image d’illustration.

À 14h, samedi 7 décembre, le collectif Palestine 67 organise une manifestation de soutien aux Palestiniens et Palestiniennes.

14 mois exactement après le 7 octobre 2023, le collectif Palestine 67 organise une manifestation pour rappeler aux Strasbourgeois et Strasbourgeoises le quotidien des Palestiniens et Palestiniennes. Dans son tract, les militants interpellent l’État français sur son annonce d’accorder à Benyamin Netanyahou une « immunité ».

Critique de « l’immunité »

Le premier ministre israélien d’extrême-droite est en effet visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, tout comme son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et Mohammed Deif, le chef de la branche armée du Hamas – a priori tué par une frappe israélienne en juillet 2024. Les trois individus sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et la France est l’un des 125 États qui reconnaissent la compétence de la Cour pénale internationale.

Mais la diplomatie française a estimé que sur le territoire français, les deux hommes politiques israéliens bénéficient d’une « immunité » – et ne seraient donc pas interpellés s’ils venaient en visite à Paris, par exemple. Une position vivement critiquée par des juristes et professionnels du droit, qui « scandalise » les défenseurs des droits humains.

Les militants rappellent par ailleurs l’interdiction de la conférence de Rima Hassan à l’université de Strasbourg et dénoncent la couverture médiatique des oppositions au gouvernement israélien, « en les traitant d’antisémites » même si elles sont elles-mêmes juives ou Israéliennes.

La manifestation partira de la place Dauphine (en face du Conservatoire) puis passera par la route de Vienne, celle des Orphelins, de Zurich avant de rejoindre les quais des Pêcheurs pour s’achever place de la République.

En soutien à des élèves sans-abris, les parents de l’école Saint-Jean mobilisés jeudi 5 décembre

En soutien à des élèves sans-abris, les parents de l’école Saint-Jean mobilisés jeudi 5 décembre
La famille sans-abri concernée a vécu au camp Krimmeri jusqu’à son démantèlement.

Dans un communiqué mercredi 4 décembre, les représentants des parents d’élèves de l’école Saint-Jean, située au centre ville de Strasbourg, annonce une mobilisation pour alerter sur les élèves sans-abris qui y sont scolarisés.

Le rendez-vous est donné devant l’école, jeudi 5 décembre à 8h15. À l’heure où les élèves commencent à entrer dans l’école élémentaire Saint-Jean, au centre ville de Strasbourg, les représentants des parents d’élèves comptent bien sensibiliser à une cause qui a déjà fait les gros titre en novembre 2024 : les élèves sans abri.

Dix élèves au moins à la rue

Dans leur communiqué envoyé mercredi 4 décembre, les représentants de parents dénombre 10 élèves à la rue rien que dans leur école élémentaire :

« Deux enfants de 3 et 6 ans avec leur maman ont été expulsés de leur hôtel le 29 novembre et se retrouvent à la rue. Une famille avec 4 enfants vit dans sa voiture depuis plusieurs mois. Deux enfants de 8 et 5 ans dorment depuis plus de six mois sous une tente à Strasbourg. Une maman et ses deux enfants de 7 et 10 ans sont sans solution d’hébergement depuis février. »

Si pendant l’année scolaire 2022-2023, au moins 35 signalements ont été effectués par des établissements scolaires pour des élèves à la rue, selon une enquête de Rue89 Strasbourg, le collectif de parents estime à 200 le nombre d’enfants sans-abris à l’hiver 2024.

Aidés par le collectif Pas d’enfant à la rue (dont Rue89 Strasbourg racontait la genèse en décembre 2022), les parents rappellent que l’hébergement est un droit inconditionnel et que la France s’est engagée à respecter la Convention internationale des droits de l’enfants.

Par cette mobilisation, ils et elles demandent « aux services de l’Etat, de la Ville, de la Collectivité européenne d’Alsace et à tous les pouvoirs publics compétents de trouver une solution d’hébergement pour toutes ces familles ».

Le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg envahi par des étudiants pour la Palestine

Le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg envahi par des étudiants pour la Palestine
Mardi 30 avril, une quarantaine d’étudiantes et étudiants de Sciences Po Strasbourg ont bloqué le bâtiment du Cardo.

Des étudiants et des étudiantes soutenant la Palestine ont empêché la tenue du conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg mardi soir. Il devait voter le rétablissement du partenariat avec l’université israélienne Reichman.

« Grâce à la mobilisation des étudiants et des étudiantes, la séance a été levée et la motion rétablissant le partenariat avec une université sioniste ne sera pas votée aujourd’hui. » Le message, publié sur la page Instagram de SciencesPro_Palestine, est accompagnée d’une vidéo où les étudiants et étudiantes apparaissent floutées. Mardi 3 décembre, peu après 17h, le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg est interrompu par une quarantaine de personnes. Une jeune femme lit un discours qui revendique cette perturbation de la réunion. En voici un extrait :

« Étudiants de Sciences Po Strasbourg, nous nous exprimons aujourd’hui pour nous opposer à la motion déposée par Jean-Philippe Heurtin (le directeur de Sciences Po Strasbourg, NDLR) visant à rétablir le partenariat avec l’Université Reichman. La motion de suspension de ce partenariat a été votée démocratiquement au sein même de cette assemblée. Par ce vote, vous avez affirmé nos valeurs, notre attachement au respect du droit international et de la dignité humaine. Notre institution ne peut pas fermer les yeux sur les atrocités commises à Gaza, d’autant qu’elle ne les a pas fermés face à celles commises en Ukraine. »

« Un climat délétère s’est installé »

Fin juin 2024, le conseil d’administration de l’Institut d’études politiques de Strasbourg avait voté la suspension de son partenariat avec l’Université Reichman. Les débats avaient alors été tendus. Les soutiens de cette motion dénonçaient les « positions de l’université, profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste, pacifiste et critique au regard de la guerre en cours à Gaza ». Ce vote avait eu lieu malgré l’opposition du directeur de Sciences Po Strasbourg, Jean-Philippe Heurtin, qui s’opposait à « toute forme de boycott académique d’une université d’un pays démocratique ».

La médiatisation de cette décision, fin octobre, a tendu un peu plus les débats au sein de Sciences Po Strasbourg. Au sein du conseil d’administration, des enseignants décrivent des pressions pour obtenir un vote favorable au rétablissement du partenariat avec l’Université Reichman. Auprès de Rue89 Strasbourg, le directeur Jean-Philippe Heurtin dénonçait la motion votée tout en affirmant qu’elle n’avait aucun impact réel. Une position qui a été perçue comme un déni de démocratie pour les étudiants et étudiantes mobilisées pour la Palestine. Ces derniers ont subi la violence des réseaux sociaux, comme le rappelle un communiqué transmis peu avant l’envahissement du conseil d’administration de l’IEP : « Aucune prise de parole de la direction n’a dénoncé le harcèlement des professeurs mais aussi des étudiant·es sur les réseaux sociaux ou dans les médias. Au sein de l’établissement, un climat délétère s’est installé. »

Une « atteinte à la démocratie universitaire »

Mardi 3 décembre, le conseil d’administration de l’IEP de Strasbourg devait voter un texte « à l’appui d’un avis de maintien du partenariat avec l’Université Reichman ». La motion contient un dossier documentaire d’une quarantaine de pages donnant des exemples d’expression critique du gouvernement israélien au sein même de l’établissement d’enseignement supérieur. Des articles de presse sont ainsi cités comme des preuves que des enseignants de l’Université Reichman ont pu critiquer la réforme de la cour suprême voulue par le Premier ministre Benjamin Netanyahou ou l’effort de guerre israélien.

Un participant à ce conseil d’administration a confirmé à Rue89 Strasbourg la levée de la séance par le directeur de Sciences Po Strasbourg, Jean-Philippe Heurtin, après la perturbation de la réunion.

Dans un communiqué diffusé dans la soirée, Sciences Po Strasbourg a déploré cette intervention qui « a empêché le vote du budget de Sciences Po Strasbourg. Le président du conseil d’administration et le directeur de Sciences Po Strasbourg déplorent cette atteinte à la démocratie universitaire. Un nouveau conseil d’administration sera très prochainement organisé afin que les débats puissent se
poursuivre dans un climat plus serein. »

Des marchés de Noël alternatifs avec les créations d’artisans et d’artistes de Strasbourg

Des marchés de Noël alternatifs avec les créations d’artisans et d’artistes de Strasbourg
Les chalets n’ont pas vendu autant de pères Noël cette année…

Alors que le marché de Noël du centre-ville de Strasbourg accueille ses millions de touristes, les Strasbourgeois et les Strasbourgeoises ont accès à des marchés alternatifs, pleins de productions locales et artisanales. Voici une sélection de rendez-vous pour des cadeaux uniques et éthiques.

À Strasbourg en décembre, il y a le marché de Noël In, le marché Off et… d’autres marchés nettement moins connus mais tout aussi bien fournis. À condition de s’éloigner du centre-ville, nombre de tiers-lieux et d’ateliers d’artistes organisent des présentations publiques au moment des fêtes. Petite liste non exhaustive.

Le Marché Gruber

À Koenigshoffen, les collectifs installés au parc Gruber organisent leur marché de fin d’année. Une déambulation à opérer entre les structures organisatrices : la Hutte, la Fabrique, le chantier d’insertion Libre Objet, la Maison Rose, la Forêt bleue et les ateliers des artistes présents comme Imago et Pare-Défaut. Ces quatre journées sont aussi l’occasion de parcourir ces ateliers et d’échanger avec les artistes qui exposent.

Du côté des étals, nombre de propositions de céramiques, gravures, illustrations, bijoux et objets décoratifs, peintures, dessins, photos, maroquinerie, livre, papeterie, sacoches pour vélo, vélos, savons…

Le Troc’kristkindels’märik

Quinzième édition du marché de Noël du Troc’afé, le Troc’kristkindels’märik avec, à chaque fois, une douzaine d’artisans et graphistes locaux. Différents, d’un week-end sur l’autre. Sur les étals, des bijoux, des affiches et des t-shirts sérigraphiés, du tricot ou encore de la poterie et… du sel de luxe en provenance de Noirmoutier.

Le mini-markt de La Grenze

« Terrasse culturelle » se repliant dans sa halle en hiver, La Grenze reste ouverte tout le mois de décembre et se transforme en Wintergarten avec une programmation dédiée : des ateliers créatifs pour refaire sa déco de Noël, quelques sessions sportives pour éliminer le gras des chocolats, et même des concerts dont une édition de Paye ton Noël. Et même un « mini-markt » de Noël avec 19 stands dont le macramé de Ségolène, les bijoux Amabilis, des produits cosmétiques artisanaux de Petit Pollen, les objets en bois de Benjamin Salier, des œuvres d’ateliers collectifs d’artistes…

Le marché des artisans locaux au Makerland de Noël

Makerland, c’est le nom d’événements festifs qui se produisent une à deux fois par an à Strasbourg autour de la scène des makers, le nouveau nom des bidouilleurs – artisans et artistes qui utilisent des technologies comme l’impression 3D, des drones, des robots… Et il y a un Makerland de Noël en 2024, avec plus d’une quarantaine d’exposants et de partenaires. Il y aura de quoi mettre des objets uniques sous le sapin, mais aussi de quoi expérimenter sur place.

Marché de Noël à la maison à Schiltigheim

Deux habitantes de Schiltigheim organisent la sixième édition d’un « marché de Noël à la maison », samedi 7 et dimanche 8 décembre. Elles y exposent leurs créations : artisanat en tissus et cuir pour Violaine Magnin, des illustrations pour Alexiane Magnin, et d’autres créations à partir de céramique, de gravure, ou encore de sérigraphie.

Le Souk de Noël du Wagon Souk

Le Wagon Souk, espace culturel et festif entre le quartier Gare et Koenigshoffen propose un Souk de Noël les samedi 14 et dimanche 15 décembre où « cultures, saveurs et créations du monde se rencontrent ». On y trouvera des sacs, du tissus, des bijoux wax, des illustrations, des tote bags, de l’encens, des tisanes, des stickers, de la linogravure, des t-shirts, etc. Et tout ça ambiancé par DJ Barlou (hip hop chill) le samedi à partir de 16h et DJ Rode (afro) le dimanche à partir de 18h.

Vous connaissez d’autres marchés de Noël alternatifs ? N’hésitez pas à les présenter en commentaires.

Au Champ du Feu, la mobilisation écolo a réduit le projet de stade de biathlon

Au Champ du Feu, la mobilisation écolo a réduit le projet de stade de biathlon
La lutte peut créer des liens forts entre les militants et militantes.

La Collectivité européenne d’Alsace veut toujours construire un stade de biathlon au Champ du Feu, mais suite à la mobilisation d’associations et de riverains, l’ampleur du projet a diminué.

Malgré un vent glacial soufflant sur les sommets vosgiens, près de 200 personnes ont manifesté fin mars contre le projet d’un nouveau stade de biathlon au Champ du Feu. Il avait été présenté lors d’une réunion publique quelques mois plus tôt. La Collectivité européenne d’Alsace (CeA) souhaitait investir quatre millions d’euros pour construire cette infrastructure sur un site naturel, avec des parcours bétonnés pour que la pratique de ce sport soit possible sans neige.

Le Chaudron des alternatives, Vallée debout et Nature et vie, à l’origine de la contestation, avaient interpellé Frédéric Bierry (LR), le président de la CeA, dans une tribune publiée sur Rue89 Strasbourg. Ces organisations demandaient notamment d’être consultées sur ce dossier. Leur mobilisation a permis d’obtenir de premiers résultats.

Réduction de l’ampleur du projet

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Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.

Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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Pas de Foire Saint-Jean jusqu’en 2027, les forains désemparés

Pas de Foire Saint-Jean jusqu’en 2027, les forains désemparés

Lors d’une conférence de presse mardi 3 décembre, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg (Les écologistes) a annoncé que la Foire Saint-Jean ne serait de retour qu’en 2027. Un coup dur pour les forains qui ne savent plus comment se faire entendre.

Depuis 20 ans, Fabrice Kiener tient un stand sur la foire Saint-Jean. « On savait que ça allait tourner comme ça, mais on ne sait plus quelle réaction avoir », soupire-t-il. Mardi 3 décembre au matin, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Écologistes) a annoncé que la foire aux manèges ne serait de retour qu’en 2027, date de livraison du projet de Plaine multi-usage de la zone des Bouchers.

Pas de Foire Saint-Jean, pour Fabrice Kiener, c’est 20% de chiffre d’affaires en moins sur un an. « Pour d’autres collègues, ça peut monter plus haut que ça », estime-t-il :

« Pas de Foire, ce sont forcément des trous dans nos caisses. Et nos banquiers ont aussi accès aux articles de presse, ça peut les inquiéter. Nous sommes une centaine de familles à vivre de cette foire, on a une vie à part mais on fait partie du monde, avec nos repères et fidèles aux traditions, soumis à la TVA, à l’Urssaf… Chaque forain qui est mis sur la touche, c’est une entreprise qui va mal. »

Selon les DNA, cette décision a été prise « en raison du manque de foncier disponible dans la ville pour accueillir un tel événement, mais aussi face au contexte budgétaire ». Dès 2027, elle se tiendra sur la Plaine multi-usage de la zone commerciale des Bouchers, à l’ouest du quartier de la Meinau. Son lieu historique, le Wacken, est indisponible depuis 2024 – la foire ne s’y est pas tenue non plus cet été.

« Notre métier consiste à faire la fête dans la rue »

« Cette année ils nous avaient mis au bout du monde, dans la forêt au Jardin des Deux-Rives et il n’y avait pas de la place pour tous les forains », se souvient Fabrice Kiener. Après une manifestation sous forme d’opération escargot le 17 juin 2024, les forains ont décidé de ne pas installer leurs stands et manèges le 18 juin.

Un souvenir triste pour Fabrice Kiener :

« Historiquement notre métier consiste à faire la fête dans la rue, dans l’espace public. On savait que le terrain du Wacken avait été vendu et on ne peut pas concurrencer les promoteurs immobiliers. Notre impression est qu’il y a de moins en moins d’espaces publics disponibles pour nous et que les solutions que nous proposons à la mairie depuis dix ans ne leur conviennent jamais. »

Il évoque la possibilité d’occuper des axes routiers pour tenir la Foire, comme cela se fait selon lui à Bâle, en Allemagne ou au Luxembourg. Il se remémore ainsi l’édition 2018 de la Foire, qui a eu lieu aux pieds de l’hôtel Hilton, dans le quartier du Wacken là où se dresse désormais le parc des Expositions. « Ils avaient fermé des routes à l’époque. »

Diplomatie, force ou justice ?

Mais le forain ne sait plus comment faire entendre ses revendications ni dialoguer sereinement :

« Le problème du Wacken ne date pas de cette municipalité. Bloquer les routes pour manifester comme on l’a fait en juin, ça embête tout le monde et ce n’est pas dans notre intérêt. Je ne veux pas avoir à lutter contre une mairie étant donné qu’on est supposé travailler ensemble ! Alors on ne sait pas si on doit utiliser la diplomatie, la force ou la justice… »

Habituellement, les forains discutent avec la Ville via des représentants désignés, « pour éviter d’arriver à 200 face aux élus ». Mais il ne sait pas à quoi aboutissent les discussions, depuis l’été 2024. « Ça nous met en porte-à-faux de ne pas avoir de décision, on n’avance pas en se tapant dessus, il faut qu’on dialogue », reprend-t-il, évoquant la possibilité d’une subvention aux forains pour les dédommager des années où la Foire ne se tiendra pas.

Selon lui, la décision de ne pas tenir la Foire en 2025 et 2026 suscitera forcément des réactions de la part des autres forains. « Ce n’est pas la faute de Jeanne Barseghian en particulier, tout ça avait commencé bien avant elle, mais ils doivent nous proposer des solutions », estime-t-il.

Dans un communiqué, le conseiller municipal d’opposition Pierre Jakubowicz (groupe Centristes & Progressistes) considère que Jeanne Barseghian « empêche les familles de forains et commerçants non-sédentaires de travailler, leur causant un préjudice financier considérable ».

Un rassemblement étudiant contre la baisse des crédits alloués à l’Université de Strasbourg

Un rassemblement étudiant contre la baisse des crédits alloués à l’Université de Strasbourg

L’Association fédérative des étudiants de Strasbourg appelle à un rassemblement mardi 3 décembre pour protester contre des mesures d’économies imposées à l’Université de Strasbourg. De son côté, l’Unistra participe à la journée de mobilisation des « universités en colère » contre cette décision du gouvernement.

Dans la série de mesures d’austérité décidées par le gouvernement dans le Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, il s’en trouve quelques unes qui impactent directement les budgets de fonctionnement des universités. D’abord, le gouvernement prévoit d’augmenter le compte d’affectation spécial des pensions (CAS) des universités, un surcoût que l’Université de Strasbourg évalue à 5,4 millions d’euros. Ensuite, le gouvernement prévoit de baisser la dotation pour charges de service public que l’État alloue aux universités pour chaque étudiant scolarisé.

Face à ces coupes sur leurs recettes et à ces augmentations de leurs dépenses, les universités ont alerté le gouvernement et déclaré que le mardi 3 décembre serait une journée de mobilisation contre les « universités en danger ». À Strasbourg, l’Unistra, en déficit pourtant chaque année de 18,5 millions d’euros, se contente de relayer le mouvement mais l’Association fédérative des étudiants de Strasbourg (Afges) organise un rassemblement à 18h devant l’Institut Le Bel, à la sortie du conseil académique de l’Université de Strasbourg.

« L’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) ne peuvent être réduits à une simple dépense budgétaire », détaille un communiqué de l’Afges qui poursuit :

« Ils sont un investissement stratégique pour l’émancipation des jeunes générations, le progrès scientifique, la transition écologique et l’accès au savoir universel. Saboter l’ESR, c’est compromettre l’avenir du pays. »

La liste Refonder veut une Université de Strasbourg plus transparente et démocratique

La liste Refonder veut une Université de Strasbourg plus transparente et démocratique
Une trentaine de personnes étaient présentes lors de la présentation du programme de la liste Refonder.

Constituée d’élus « d’opposition » à l’actuel président de l’Université de Strasbourg, la liste Refonder souhaite rompre avec les pratiques de Michel Deneken qu’elle juge opaques. Les candidats plaident pour une université au fonctionnement plus démocratique et recentrée sur ses missions de service public.

Jeudi 28 novembre, une trentaine de personnes sont réunies dans un amphithéâtre de la faculté de Math-Info de l’Université de Strasbourg (Unistra). À la tribune, les candidats de la liste Refonder présentent leur programme pour les élections aux conseils centraux de l’université qui se tiendront en février. Alors que deux autres listes se sont déjà déclarées (Autour de Frédérique Berrod et de Mathieu Schneider), Refonder voit dans cette triangulaire une occasion de peser sur le fonctionnement futur de l’université et, pourquoi pas, d’en prendre la présidence. Leur objectif est clair : tourner la page de huit années de présidence de Michel Deneken. 

« Nous voulons participer à la vie de notre université« 

Pierre Gilliot, directeur de recherche au CNRS.

« Notre but principal est de faire revivre une vie collective de réflexion et de décision via les trois conseils », explique Pierre Gilliot, directeur de recherche au CNRS. Élu à la commission de la recherche en 2021, le physicien déplore la centralisation du pouvoir à l’université autour de la personne du président et la marginalisation des conseils, réduits au rôle de « chambres d’enregistrements ». Pour le chercheur, il est urgent de redonner du pouvoir aux élus :

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« Plus de stress, plus de violence » en prison, un quotidien empoisonné par la surpopulation

« Plus de stress, plus de violence » en prison, un quotidien empoisonné par la surpopulation
La maison d’arrêt de Strasbourg dans le quartier de l’Elsau.

En Alsace comme ailleurs en France, la surpopulation carcérale devient la norme pour la plupart des établissements pénitentiaires. Une situation qui perdure, alors qu’elle provoque des conséquences désastreuses en cascade pour les prisonniers et les gardiens.

Depuis plusieurs décennies, les alertes et les articles se suivent sur la surpopulation carcérale. D’un gouvernement à l’autre, l’État bégaye sur le sujet et les plans de construction successifs échouent. Après la promesse de Nicolas Sarkozy (LR) de construire 30 000 places de prison d’ici 2017, abandonnée par la ministre de la Justice Christiane Taubira (PS) en 2012, Emmanuel Macron déclarait en 2017 son intention de construire 15 000 places d’ici 2027. Le dimanche 10 novembre, le nouveau Garde des sceaux Didier Migaud (ex-PS) annonce lors d’un entretien commun à France Inter, France Télévision et au Monde l’évidence : avec 4 500 places construites en sept ans, l’objectif ne sera pas atteint.

En parallèle, la surpopulation carcérale continue de s’accroître et s’étend à toutes les régions. En Alsace, elle est devenue la norme dans toutes les maisons d’arrêts du département, pourrissant la vie des détenus comme des surveillants.

« J’en connais qui ont fait des dépressions »

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Manifestation jeudi 5 décembre contre la « casse des services publics »

Manifestation jeudi 5 décembre contre la « casse des services publics »
Lors d’une manifestation le 19 mars 2024.

Jour de mobilisation nationale pour la défense des services publics, une manifestation est organisée à Strasbourg par une intersyndicale comprenant une large coalition de syndicats.

Le mot d’ordre de la manifestation est « Stop à la casse du service public / Malade mais pas coupable ! » À l’occasion d’une journée nationale de mobilisation, la plupart des syndicats de la Fonction publique appellent à une journée de grève jeudi 5 décembre.

À Strasbourg, l’intersyndicale réunit la CGT et la CFDT, ce qui est déjà un exploit, mais aussi Force ouvrière, Solidaires, l’Unsa, etc. Une manifestation est organisée le jour même, avec un départ à partir de 14h place de la Bourse (place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny). Le cortège prendra ensuite la direction de la rue de la Première-Armée, rue Sengenwald, rue des Orphelins, rue de Zurich, quai des Pêcheurs, quai du Maire-Dietrich, pont d’Auvergne, avenue de la Liberté, avenue Victor-Schoelcher, pour une dispersion prévue place de la République.

Des jours de carence en trop

Les syndicats demandent que le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, renonce à l’augmentation du nombre de jours de carence des fonctionnaires lorsqu’ils sont malades. Le ministre, qui a applaudi la nomination du milliardaire Elon Musk à un ministère de l’efficacité gouvernementale par le futur président Donald Trump, voudrait que les fonctionnaires ne soient pas payés pendant leur absence pour maladie jusqu’à trois jours, contre un seul pour l’instant. En outre, il propose que les indemnisations pour arrêt maladie soient plafonnés à 90% du traitement habituel.

Les fonctionnaires craignent que ces mesures n’incitent les agents malades à venir travailler, afin d’éviter des pertes de salaires trop importantes, quitte à fragiliser leurs collègues. Dans l’enseignement, les professeurs craignent en outre que ces nouvelles mesures ne dégradent l’attractivité de leurs métiers, déjà malmenée par des traitements plus faibles que dans le secteur privé.

Les syndicats appellent en outre les agentes et les agents « à se mobiliser pour » obtenir « des moyens budgétaires à la hauteur des missions des services et des politiques publiques, des créations d’emplois et l’augmentation de la valeur du point d’indice » entre autres.