Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Le chanoine Hubert Schmitt démissionne

Le chanoine Hubert Schmitt démissionne
Hubert Schmitt en mai 2025

Mis en cause depuis 1993 dans une affaire d’agression sexuelle, le retour d’Hubert Schmitt comme vicaire général du diocèse de Strasbourg avait provoqué des remous au sein de l’archidiocèse d’Alsace.

Réinstallé fin août en tant que vicaire général du diocèse de Strasbourg, le chanoine Hubert Schmitt renonce à cette charge « devant l’émoi suscité, en vue de préserver la sérénité du gouvernement diocésain » écrit-il dans un communiqué diffusé ce mercredi 10 septembre.

Hubert Schmitt avait accédé une première fois à cette fonction, qui consiste à seconder l’évêque dans les affaires courantes du diocèse, avant d’en être écarté par Mgr Ravel en 2023. Cette décision de l’ancien archevêque de Strasbourg faisait suite au signalement en 2021 d’un servant de messe qui l’accuse d’agression sexuelle dans le presbytère de Winkel, dans le Haut-Rhin, au cours de l’été 1993. Ce témoignage et la reconstruction de la victime avaient fait l’objet d’un documentaire poignant de Claudia Marschal, La Déposition.

Malaise dans le diocèse

Hubert Schmitt rappelle dans son communiqué qu’après « trois années d’enquête approfondie par le parquet de Mulhouse, la procureure de la République a mis un terme le 21 octobre 2024 aux poursuites diligentées à mon encontre ». Mais après l’annonce de son retour comme vicaire général, des paroissiens et même des prêtres avaient fait part, à mots couverts, de leur malaise. Hubert Schmitt a donc présenté sa démission à Mgr Pascal Delannoy, qui l’a acceptée. Hubert Schmitt garde cependant son titre de chanoine et continuera à officier comme prêtre.

« Bloquons tout » : brefs blocages à Strasbourg, 18 interpellations et une importante manifestation

« Bloquons tout » : brefs blocages à Strasbourg, 18 interpellations et une importante manifestation
Manifestation du mercredi 10 septembre place Kléber à Strasbourg.

Le mouvement « Bloquons tout ! » est passé à l’action ce mercredi 10 septembre. À Strasbourg, un groupe a bloqué la M35 pendant quelques dizaines de minutes. Des lycées ont également été bloqués. Une dizaine de personnes ont été interpellées. À Haguenau, une opération de tractage a eu lieu.

Bonsoir et merci d’avoir suivi ce compte-rendu réalisé en direct. Ce sont au total cinq journalistes qui ont été mobilisées de 7h à 19h pour vous permettre de suivre les blocages et autres manifestations du mercredi 10 septembre à Strasbourg et en Alsace.

Ce travail reste en accès gratuit mais la mobilisation d’une équipe de journalistes coûte cher pour produire des informations fiables, rapides et en toute indépendance. Si vous appréciez cette démarche, optez pour un abonnement ou pour un don.

Les forces de l’ordre finissent par évacuer la place de la bourse et ses environs. Au moins deux personnes ont été interpellées au cours de l’opération pendant laquelle l’usage de gaz lacrymogène a été important.

Magdalena, mère parent d’élève du lycée Fustel. Son fils est ami avec deux des lycéens interpellés :

« Il y en a un que je connais très bien. Ce n’est pas du tout son style de se rebeller contre l’autorité. Je suis très en colère. Je trouve ces gardes à vue disproportionnées. Ce sont des mineurs. Je n’étais pas du tout inquiète que mon fils participe au blocage. Mais maintenant, j’ai la trouille que les flics chargent. Je suis venue sans masque sans rien donc j’ai un peu peur. »

Magdalena, venue en soutien aux lycéens interpellés, des amis de son fils.Photo : Line Baudriller / Rue89 Strasbourg

Les forces de l’ordre empêchent les manifestants et manifestantes d’accéder au commissariat du centre-ville de Strasbourg. Plus d’un millier de personnes entament un sit-in bloquant la circulation des voitures et des trams en scandant : « Libérez nos camarades ». Il durera une heure et demie.

Mobilisation pour les militants et militantes interpellées le mercredi 10 septembre à Strasbourg.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Selon le décompte de notre journaliste sur le terrain, Thibault Vetter, près de 10 500 personnes ont participé à la manifestation du mercredi 10 septembre à Strasbourg. Laurent Feisthauer, secrétaire général du mouvement départemental CGT Bas-Rhin, évoque aussi plus de 10 000 manifestants. La préfecture du Bas-Rhin a estimé à 4 900 le nombre de participants à la mobilisation strasbourgeoise.

Plus de 10 000 manifestants selon la CGT. 4 900 selon la préfecture.Photo : Mathilde Cybulski

Les organisateurs de la manifestation ont demandé à la foule de se disperser, place de la République. Un cortège s’élance en direction du commissariat de la route de l’hôpital.

Plusieurs rendez-vous sont donnés en fin de manifestation. Le premier est celui de la prochaine assemblée générale du mouvement, le jeudi 11 septembre à 18h au parc de la Citadelle. Un second rendez-vous est annoncé le jeudi 11 septembre à 8h place de la gare.

La manifestation se termine place de la République avec des prises de parole, entre rendez-vous pour organiser les prochaines actions et discours appelant à faire perdurer le mouvement.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

La CGT appelle à se rendre au commissariat de Strasbourg à 17h30 : « Nous nous retrouvons au comico pour essayer de libérer nos camarades étudiants. »

A la fin de la manifestation, la CGT appelle à se rendre au commissariat de Strasbourg.

Le cortège est arrivé place de la République, sa destination.

Des étudiants allument des fumigènes devant l’École doctorale des sciences de la vie et de la santé.

Eglantine Berthet, productrice de fruits et légumes dans le Sundgau et porte-parole de la confédération paysanne en Alsace :

« Le gouvernement n’a jamais répondu à notre colère sur le revenu des agriculteurs. Il a ignoré nos demandes sur le soutien aux installations, sur la sécurité sociale de l’alimentation et sur les prix planchers. Il a aussi fait preuve d’hypocrisie, que ce soit sur l’accord du Mercosur, sur l’abattage d’animaux en lien avec la dermatose ou sur la loi Duplomb. Les élus doivent prendre en considération le terrain et les demandes des paysans. »

Eglantine Berthet, porte-parole de la confédération paysanne. Photo : Thibault Vetter / Rue89 strasbourg

« À bas l’Etat, les flics et les fachos ». En tête de manifestation, un cortège étudiant scande des slogans anticapitalistes et antifascistes.

Bâtons de marche à la main, gilet jaune, foulard de la CGT et pancarte accrochée dans le dos, Gilbert, 88 ans, suit le cortège, à son rythme. Ses luttes portent sur la retraite et les Ehpad : « La gestion des Ehpad, c’est une catastrophe. Le personnel n’y est pas suffisamment nombreux. Et les salariés des maisons de retraite ne peuvent pas se révolter. »

Gilbert, 88 ans, suit le cortège, à son rythmePhoto : Line Baudriller / Rue89 Strasbourg

« Lecornu est un enfoiré, il ne fait que nous mépriser ! », scande le speaker de la remorque de la CGT. Sur un rythme de djembé, le slogan est repris par la foule.

Un drone survole la manifestation. En début d’après-midi, le tribunal administratif a validé l’utilisation de cet outil de surveillance malgré la procédure en référé liberté initiée par le Syndicat des Avocats de France.

Un drone survole la manifestation du mercredi 10 septembre.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Roseline, retraitée et Gilet jaune à Strasbourg, se souvient de sa première mobilisation à partir de la fin 2019 :

« Ce qui m’a mobilisée à l’époque, c’est la politique d’Emmanuel Macron : fort avec les faibles et faible avec les forts. Il a fait une politique antisociale en même temps qu’il a favorisé les riches, par exemple en enlevant l’impôt sur la fortune. Et maintenant on nous demande encore de nous serrer la ceinture. Moi, je vais perdre un abattement forfaitaire de 10% sur ma retraite. C’est inacceptable. Je suis pour une destitution de Macron et qu’il nous rende l’argent. »

Roseline, retraitée et Gilet jaune à Strasbourg, veut la destitution d’Emmanuel Macron.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Vers 14h30, le cortège se dirige vers la place corbeau.

Laurent Feisthauer, secrétaire général de l’Union Départementale de la CGT, est satisfait face à l’ampleur de la mobilisation. Il appelle à poursuivre le mouvement :

« On a déclaré une manifestation pour que les gens puissent avoir un gros rendez-vous dans l’après-midi. C’est un succès. Et ce n’est pas la nomination de Sébastien Lecornu qui va calmer la colère. On va construire un mouvement de grève pour imposer la question sociale et la justice fiscale. Les gens nous le demandent. On doit imposer un tempo social. On ira jusqu’à faire tomber le gouvernement s’il nous ignore. »

Laurent Feistauer, secrétaire général de la CGT 67.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

« Je comprends la colère qui s’exprime. » La maire de Strasbourg (Les Écologistes) s’est rendue place Kléber pour exprimer sa solidarité avec la mobilisation du mercredi 10 septembre :

« Il me paraît important d’être présente aujourd’hui et je comprends la colère qui s’exprime, ce sentiment d’être méprisé par le Président de la République et par les gouvernements successifs dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Ce sont des politiques budgétaires profondément injustes qui ont été proposés ces dernières années. La demande très forte de changement de cap politique qui avait été exprimée dans les urnes après la dissolution de 2024 n’a pas été entendue. Evidemment, la nomination de Sébastien Lecornu hier est un très mauvais signal voire presque une provocation. »

La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Écologistes) s’est rendue place Kléber pour dire sa compréhension de la colère populaire.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Jeanne Barseghian appelle ainsi à un changement de cap qui se traduirait par « la mise en place de la taxe Zucman, le renforcement des services publics et une meilleure prise en compte des questions environnementales qui ont connu des reculs terribles du fait du dernier gouvernement. »

La place Kléber se remplit peu à peu.

Du campus universitaire, le cortège étudiant est en route pour la place Kléber.

Le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté la requête du Syndicat des Avocat de France (SAF) concernant l’arrêté préfectoral autorisant le recours au drone dans la journée du mercredi 10 septembre à Strasbourg :

« Eu égard à l’importance et au caractère avéré des risques encourus ainsi qu’à la finalité poursuivie consistant en la prévention des atteintes à la sécurité des personnes et des biens dans des lieux particulièrement exposés, les requérants ne sont pas fondés à soutenir que les mesures de surveillance contestées présenteraient un caractère manifestement disproportionné ou méconnaîtraient les exigences du droit au respect de la vie privée. »

Ce compte-rendu en direct est en pause jusqu’au départ de la manifestation de Strasbourg, dont le départ est prévu à 14h place Kléber.

À la mi-journée, voici les informations à retenir de cette première journée de mobilisation du mouvement Bloquons tout :

    La M35 a été bloquée vers 8h pendant quelques dizaines de minutes, par environ 150 personnes qui s’étaient mobilisées dès 7h du matin, Au moins trois lycées de Strasbourg (Pontonniers, Marie Curie et Fustel de Coulanges) ont été brièvement bloqués à l’ouverture des cours ce matin. 11 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre pour des actes qualifiés de « rébellion », six dans le cadre de l’action visant à bloquer la M35, cinq lors des blocages des lycées Pontonniers et Fustel-de-Coulanges, À Haguenau, une opération de tractage à destination des automobilistes a eu lieu dans le calme au rond point vers Schweighouse-sur-Moder, une manifestation festive a suivi entre la gare et le centre-ville, Dans le Haut-Rhin, des manifestations se sont déroulées dans le calme à Colmar et Mulhouse.

Ce compte-rendu réalisé en direct est laissé en accès gratuit mais la mobilisation d’une équipe de journalistes coûte cher pour produire des informations fiables, rapides et en toute indépendance. Si vous appréciez cette démarche, optez pour un abonnement ou pour un don.

L’assemblée générale des étudiants, qui se tient depuis midi dans un amphi du bâtiment Le Patio, a voté contre la présence des journalistes. Il n’y aura donc pas de compte-rendu de la mobilisation des étudiant·es.

Selon les DNA, plus de 500 personnes se sont réunies en cortège à Colmar et se dirigent vers la mairie. À Moosch, dans la vallée de la Thur, un barrage filtrant a été mis en place au niveau du rond-point vers Thann.

Morgane (à gauche) et Lilit (à droite).Photo : Nicolas Thomas / Rue89 Strasbourg

Dans le cortège à Haguenau, Morgane, 16 ans, et Lilit, 17 ans, sont les seules lycéennes à avoir rejoint le rassemblement ce matin. « Lundi, les députés ont prouvé que le gouvernement Bayrou n’était pas légitime, affirme Morgane. Et hier soir, Macron a nommé un Premier ministre de son bord. Il continue à faire ce qu’il veut sans se préoccuper de l’avis des gens. On ne nous écoute pas. »

« Le gouvernement n’écoute pas sa jeunesse », abonde Lilit :

« Pourtant c’est nous l’avenir de ce pays, nous, les lycéens, les étudiants. Mais l’argent, il y en a de moins en moins pour l’éducation. On voit aussi nos enseignants qui souffrent de ces réformes. D’ailleurs, il y en a plusieurs devant nous, dans le cortège. »

Maxime Kieffer, secrétaire général du syndicat CGT cheminots de Strasbourg, détaille en marge de l’assemblée générale des cheminots :

« On a emmagasiné une colère contre le gouvernement et on apporte notre soutien au mouvement Bloquons tout. On veut faire entendre la voix des cheminots parmi celle des autres citoyens. Le P-DG de la SNCF est choisi par le gouvernement, donc il se fait porte voix des décisions gouvernementales. Le transport ferroviaire est ouvert à la concurrence qui bénéficie aux grands industriels au dépend des besoins des salariés et de la population en matière de transport, du service public qu’on défend ardemment. La grève et la mobilisation sont nos dernier recours mais nous sommes face a un mur, un gouvernement qui refuse d’entendre parce qu’il défend l’idée du capitalisme. »

À Haguenau, une manifestation se rend de la gare au centre-ville, sous escorte policière.

À l’usine d’incinération des déchets au Port-du-Rhin, une vingtaine de salariés sont en grève à l’appel de la CGT. Photo : CGT Sénerval

La maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (Les Écologistes), sera présente à la manifestation prévue au départ de la place Kléber à 14h. Elle s’était félicitée de la démission du gouvernement de François Bayrou hier :

« Un gouvernement formé avec les perdants de la dissolution à hauts risques. Les citoyens comme les partis de gauche avaient pourtant pris leurs responsabilités en empêchant l’extrême droite de rafler la mise. Et ce gouvernement irresponsable n’a eu de cesse d’affaiblir le barrage républicain que nous avons bâti collectivement. Son budget de l’injustice qui privilégie les privilégiés, son budget d’étranglement des territoires, de rogne des services publics, de privation de soins, de repos, de culture ; son budget de mépris aura été son dernier. »

Une quarantaine de personnes sont réunies sur le premier quai de la gare de Strasbourg pour l’assemblée générale des cheminots. Certains arborent le chasuble de la CGT, d’autres celui de SUD Rail. Certaines personnes présentes ne sont pas cheminotes. « Aux chemins de fer, la seule façon qu’on a de bloquer, c’est de faire grève. C’est la seule manière de toucher le porte monnaie des plus riches », assure Louise, contrôleuse en gare de Strasbourg.

À la gare de Strasbourg, une assemblée générale s’organise à l’initiative de syndicats de cheminots. Photo : Line Baudriller / Rue89 Strasbourg

Une petite centaine de manifestants s’est rassemblée sur le parvis de la gare de Haguenau. Une quinzaine de policiers restent à distance. Les syndicalistes de la CGT présents au tractage du rond-point vers Schweighouse-sur-Moder sont présents. La plupart attendent de se rendre à la manifestation prévue à 14h à Strasbourg.

Sandra Regol, députée (Les Écologistes) de la première circonscription de Strasbourg, était présente avec les lycéens de Pontonniers ce matin. Elle réagit aux événements de ce matin.

Échauffourées au lycée des Pontonniers, alors que la police intervient pour débloquer à nouveau l’entrée du lycée situé dans la Neustadt de Strasbourg.

Selon les DNA, sept manifestants ont été interpellés ce mercredi 10 septembre. Un chiffre confirmé par la direction bas-rhinoise de la police nationale. Six parmi les manifestants qui ont bloqué la M35 alors qu’ils se trouvaient sur les Ponts-Couverts à la Petite France pour « refus de contrôle, rébellion » et « entrave à la circulation ». Une septième personne a été interpellée lors du blocage du lycée Fustel-de-Coulanges, pour un refus de contrôle.

Quelques dizaines de lycéens sont regroupés devant le lycée des Pontonniers à Strasbourg. Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

L’accès au lycée a brièvement été bloqué mais les cours ont pu se dérouler.

Paul est lycéen à Fustel de Coulanges :

« En tant que lycéens, ont ressent le besoin de se mobiliser. Les élites n’écoutent pas les gens, on ne se sent pas considéré. Le projet de budget, les livraisons d’armes à Gaza, ça nous dégoûte, c’est indécent et personne n’est d’accord avec ça chez nous. Et hier soir, Macron a encore mis un Premier ministre de son camp, alors que le gens ne veulent plus de cette politique. On a l’impression que c’est la fin de la démocratie. En tant que jeune ça fait peur, c’est notre avenir. Si on se mobilise pas maintenant, personne ne le fera, on a peur d’un basculement autoritaire encore plus important. Macron fait sa politique pour les riches. La démocratie ne fonctionne que si le peuple peut choisir. »

Une intermittente a participé aux actions de ce matin :

« Je suis maman, donc ça me fait peur de participer à une action, il ne faut pas qu’il m’arrive quelque chose, j’ai un enfant qui a besoin de moi. Mais aujourd’hui je suis présente, c’est aussi mon enfant qui me pousse à me mobiliser. Ce système de domination est insupportable. À un moment, il faut qu’il se passe quelque chose. Je crois profondément que les blocages peuvent avoir un impact positif. Mais pour que ça soit efficace, il faudrait que la population s’en saisisse et rentre en résistance. »

Fin de l’action de tractage au rond point entre Haguenau et Schweighouse-sur-Moder. Photo : Nicolas Antoine / Rue89 Strasbourg

Les militants de Bloquons tout de Haguenau se retrouvent désormais à 11h, place de la Gare dans le centre-ville de Haguenau. Selon notre journaliste sur place, une majorité d’entre eux compte se rendre à Strasbourg pour rejoindre la manifestation à partir de 14h.

Des manifestants de Bloquons tout et de la CGT tentent de mobiliser les automobilistes entre Haguenau et Schweighouse-sur-Moder.Photo : Nicolas Antoine / Rue89 Strasbourg

Léa, 46 ans, est professeure. Elle est présente parmi les manifestants sur le rond point entre Haguenau et Schweighouse-sur-Moder :

« On s’est chauffé à 18 degrés tout l’hiver dernier. On a des salaires corrects mais avec deux filles en études supérieures, c’est très difficile. Tous les ans on rogne de nouvelles choses : jus de fruits, biscuits, les sorties au restau, je fais mon pain moi même… J’en ai marre, parce que pour mes enfants je veux un monde plus juste. J’en ai marre, parce que je bosse, je dors. Ces mesures d’austérité, elles font mal à tout le monde : les enfants à l’école, les vieux dans les Ehpad, les malades dans les hôpitaux… Tout ça créé de la tension dans notre société, de la violence entre les gens. »

L’une des personnes interpellées ce matin a été relâchée. « Je suis venue voir si ça allait pour les personnes interpellées », témoigne-t-elle auprès de Rue89 Strasbourg :

« On était deux il y avait rien du tout, aucun danger, on leur disait que c’était pour prendre des nouvelles. Un policier m’a demandé de me présenter mon identité, j’ai dit non, que je ne l’avais pas sur moi. Il m’a bloqué le bras, je lui ai dit que ça me faisait mal, il réagissait pas. Il ont fouillé mon sac. »

Plusieurs cantines solidaires se sont réunies pour créer une « inter-cantine » afin de soutenir les manifestants de Bloquons tout à Strasbourg. Elle vient de passer ravitailler en café et en fruits les mobilisé·es au lycée Marie Curie. « Le soin c’est une manière de lutter, explique l’un des militants derrière les deux vélos-cargos, c’est une manière de faire durer le blocage. Parce qu’on sait que pour que le gouvernement accède à nos revendications, il va falloir qu’on tienne. »

Frédéric et Sandrine se sont mobilisés sur le rond point entre Haguenau et Schweighouse-sur-Moder.Photo : Nicolas Thomas / Rue89 Strasbourg

Frédéric, 34 ans, de l’union locale CGT Haguenau depuis 2016 :

« Les injustices sociales et fiscales et cette violence du gouvernement a créé un ras-le-bol général dans la population. En tant que syndicaliste, on le ressent énormément depuis quelque temps. Nôtre rôle à la CGT c’est de mobiliser ces gens pour créer un rapport de force avec le gouvernement. Et aussi avec les grands patrons qui applaudissent des deux mains la politique de Macron. Dans le secteur, c’est Indignons Nous Alsace Nord qui a lancé ce mouvement de citoyens. Nous on vient en soutien. C’est important de montrer qu’on est aussi dans les villes moyennes comme Haguenau. Que c’est pas qu’à Strasbourg ou Mulhouse. »

Sandrine, 54 ans, professeure et militante chez Sud Éducation :

« On est là parce que le gouvernement propose uniquement des politiques d’austérité en faisant croire qu’il n’y a plus d’argent en France. Pendant ce temps il fait des cadeaux fiscaux aux plus riches. Non seulement on ne redistribue pas mais on demande aux plus modestes de se serrer la ceinture, en exemptant les riches de cette participation. On dirait qu’on se rapproche de plus en plus de l’époque des seigneurs et des serfs. En tant que prof, je vois chez mes élèves une vraie angoisse permanente du futur. Ils sont constamment sous pression et pensent que leur avenir se joue à chaque note à cause de Parcoursup. Même ceux qui font des grandes études, je les retrouve quelques années plus tard, travaillant pour des entreprises qui participent à la destruction de la planète. Certains me disent que leur travail n’a aucun sens. »

Au moins cinq manifestants de Bloquons tout ont été interpellés à la Petite France, alors qu’ils sont poursuivis par la police depuis l’action de blocage de la M35 tôt ce matin.

Retrouvez ici les prévisions des actions publiques pour cette journée :

La distribution de tracts se poursuit sur le rond point entre Haguenau et Schweighouse-sur-Moder, toujours dans le calme par une vingtaine de militants. La police reste présente et surveille.
Photo : Nicolas Thomas / Rue89 Strasbourg

En terminale au lycée Marie Curie, Elliot n’en est pas à son premier blocage. Ses dernières années, il s’est mobilisé contre Parcoursup et pour la Palestine. Ce qui le met particulièrement en colère aujourd’hui, c’est le sentiment que la France « devient un paradis fiscal pour les ultrariches pendant que les pauvres s’appauvrissent ».

À ses côtés, deux camarades décrivent la pression à faire des études et le sentiment « que seuls les gosses de riches qui font des écoles prestigieuses et payantes trouveront du travail à la sortie ». « On revendique simplement un monde plus humain. Et un 10 septembre, jour de mobilisation nationale, la police est envoyée à peine le blocage commence. Tout ça au lieu d’écouter ce qu’on a à dire », conclut Elliot.

Les manifestants à Strasbourg se déplacent désormais entre la plaine des Bouchers et l’Elsau.

Nouveau gazage des manifestants par les forces de l’ordre, sur des voies de sortie de la M35.

Un groupe bloque la circulation entre le quartier de l’Elsau et de la Montagne Verte.

La police a été déployée au lycée Marie Curie de Strasbourg.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Quelques klaxons et des « On vous soutient » s’échappent des fenêtres des voitures au rond-point D1062 / chemin de la Sandlach / rue du Clausenhof à Haguenau. Il n’y a pas de blocage mais une distribution de tracts par une quinzaine de personnes. Ce sont surtout des syndicalistes CGT puisque c’est l’union locale de la CGT qui est à l’initiative. Ils font une distribution de tracts mais pas de blocage. La police est déjà présente sur place avec 4 véhicules et une quinzaine d’agents.

Frédéric de la CGT de Haguenau :

« Les retours des automobilistes sont plutôt bons. Mais j’ai quand même l’impression qu’il n’y a pas encore de prise de conscience du mouvement. On remarque qu’il y a beaucoup moins de circulation que d’habitude, les gens ont sûrement pris leurs dispositions pour éviter se circuler ou alors ils ne travaillent pas. L’action sur le rond-point est à l’initiative de l’UL de la CGT mais des membres du collectif Indignons Nous Alsace Nord nous ont rejoint. Eux ils sont à l’initiative du rassemblement de 11h, place de la Gare à Haguenau. On ira les rejoindre tout à l’heure. »

Devant le lycée Marie-Curie, une lycéenne 16 ans, en première au lycée Kléber : « Je participe pour la première fois à un blocage. Je le fais pour les lycéens qui se sont retrouvés sans professeur à la rentrée. Pour celles et ceux de région parisienne qui étudient dans des locaux insalubres. Je le fais pour les étudiants précaires qui n’ont aucun soutien du gouvernement. »Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
La M35 est désormais également bloquée dans le sens sud – nord à Strasbourg. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Le trafic reste bloqué sur une partie de la M35, dans le sens nord-sud.

La police est rapidement intervenue pour rétablir la circulation.

Près de l’arrêt de tram de la Montagne Verte, des personnes mobilisées ont débuté un blocage routier.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

À l’arrêt de tram de la Montagne Verte à Strasbourg, Lisa, étudiante, est présente pour participer au mouvement :

« C’est très important de se mobiliser aujourd’hui. Les gens ont tendance à se reposer sur nos acquis sociaux alors qu’on n’en a plus vraiment, ils tombent les uns après les autres. La mobilisation sociale va exploser à un moment ou à un autre, mais elle ne sera jamais équivalente à la violence systémique qu’on subit depuis des années. »

À l’arrêt de tram de la Montagne Verte, le député de la 2e circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes (LFI), est présent. Il réagit à la nomination de Sébastien Lecornu hier soir.

La nomination comme Premier ministre hier soir de Sébastien Lecornu, un fidèle d’Emmanuel Macron, qui dialogue avec l’extrême droite, pourrait être perçu comme une provocation par les manifestants de « Bloquons tout », qui avaient comme première revendication la démission de François Bayrou et la fin des mesures d’austérité imposées au plus grand nombre de Français.

Un autre arrêté pris par la préfecture du Bas-Rhin interdit les manifestations aux alentours des péages de Schwindratzheim (autoroute A4) et d’Ittenheim (autoroute A355, le GCO). La préfecture invoque des « risques sérieux pour la sécurité des personnes » étant donné que « le nombre de forces de l’ordre disponibles ne permet pas de mettre en place des dispositifs de sécurité suffisants ».

La préfecture du Bas-Rhin a pris un arrêté autorisant l’utilisation de drones de surveillance, à Strasbourg à partir de 13 heures. Selon nos informations, cet arrêté sera contesté devant le tribunal des référés dès 9h.

Bonjour et merci de rejoindre ce compte-rendu réalisé en direct. Les premières actions sont prévues à 7h du matin, notamment à Strasbourg et à Haguenau. Nos journalistes seront présents sur quelques unes d’entre elles.

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L’ex-président du Crédit Mutuel bientôt avocat au barreau de Strasbourg

L’ex-président du Crédit Mutuel bientôt avocat au barreau de Strasbourg
Nicolas Théry

L’ancien président du Crédit Mutuel, Nicolas Théry, voudrait devenir avocat. À 59 ans, il a débuté une démarche d’équivalence auprès du barreau de Strasbourg.

Certains profitent de leur retraite pour aller à la pêche, pas Nicolas Théry. Président du Crédit Mutuel Alliance Fédérale de 2016 à 2024, la principale entité du groupe bancaire qui emploie près de 80 000 personnes, il en a démissionné pour ne garder que la fondation. Depuis quelques mois selon nos informations, il peaufine un dossier d’équivalence pour être reconnu comme avocat par le barreau de Strasbourg.

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Rap, stand-up, breakdance à l’affiche du festival OQP du 1er au 5 octobre à Strasbourg

Rap, stand-up, breakdance à l’affiche du festival OQP du 1er au 5 octobre à Strasbourg
L’équipe de breakdance du FACCrew clôturera le festival OQP le dimanche 5 octobre 2025.

Le Point d’Eau et une série de lieux strasbourgeois accueillent la dizaine de rendez-vous du festival Opération quartiers populaires du 1er au 5 octobre.

« C’est notre rap qui est écouté, ce sont nos stand-uppers qui se produisent. La culture française est irriguée par les quartiers populaires. » Mardi 9 septembre, Yan Gilg, directeur artistique des Fabriques artistiques culturelles et citoyennes (FACC), présente la 10e édition du festival Opération quartiers populaires (OQP) à la manière d’un discours politique : grands gestes, phrases chocs, voix qui porte. Les événements du festival OQP sont programmés sur les scènes de l’Elsau, de Hautepierre, de la Meinau et à l’espace culturel Le Point d’Eau à Ostwald du 1er au 5 octobre.

Yan Gilg tient à rappeler qu’au-delà d’un festival d’art urbain mettant sur scène des créations issues des quartiers populaires, il s’agit d’une « mobilisation politique » :

« Le festival Opération quartiers populaires est un coup de poing. Les quartiers populaires sont montrés comme responsables de tous les maux du monde. Nous, on veut montrer qu’on arrive encore à rire de tout ça, que les jeunes ont des choses à dire et qu’il faut leur laisser l’espace pour le faire. OQP, c’est un cri d’alarme. »

Pour fêter les 20 ans du spectacle À nos morts, trois représentations auront lieu les 29 et 30 septembre 2025.

Rendre hommage à la mémoire migratoire

Deux jours avant le début, le festival OQP commémore les combattants issus de l’immigration. Le spectacle À nos morts, qui tourne depuis vingt ans en Europe et en Afrique, rend hommage aux tirailleurs africains avec trois représentations, le lundi 29 septembre à 19h30 et le mardi 30 septembre à 14h puis à 20h, au Point d’Eau.

L’association Calima qui accompagne les personnes immigrées dans leur accès aux droits et notamment les « chibanis », les personnes immigrées vieillissantes, interviendra lors d’une table ronde mercredi 1er octobre à 19h sur les mémoires et la transmission intergénérationnelle. Une thématique centrale pour Yan Gilg qui observe que dix ans après la création du festival, « on a toujours du mal à montrer les créations artistiques issues des quartiers. »

Rap, stand-up et courts-métrages engagés

Côté stand-up, le festival a programmé Dysket pour la Whatafacccomedie, jeudi 2 octobre à 20h au Point d’Eau. Le jeune comédien présentera son premier spectacle, Loading, avec des humoristes locaux en première partie. Côté musique, c’est évidemment le rap qui est le genre-roi du festival, avec un concert samedi 4 octobre à 21h au Point d’Eau : Dilome, Bene6T et MC4 viennent de Marseille et seront confrontés à Bougris, Naicy et SNL de Strasbourg.

Pour le cinéma, deux séries de courts-métrages seront diffusées au Point d’Eau, vendredi 3 octobre à 21h. Lettre de Marianne à la République, d’abord, qui propose sept portraits d’habitants de quartiers populaires puis Les raisons du retour au pays natal qui relate l’odyssée de deux migrants, l’un sénégalais, l’autre comorien, arrivant en France. Aucun acteur n’a été sollicité : « ceux qui parlent de leur propre vie sont les plus sensibles et les plus légitimes », défend Yan Gilg.

Samedi 4 octobre, plusieurs artistes de Marseille viendront rapper au Point d’Eau d’Ostwald à 21h.

Le festival OQP se clôturera autour de chorégraphies et de battle de breakdance, dimanche 5 octobre à 15h au Point d’Eau. L’équipe de Strasbourg, appelée FACCrew, s’entraîne pour participer à une compétition internationale en novembre, Dakar en Jeux.

Il a fallu six ans pour dissoudre le groupuscule de hooligans néonazis de Strasbourg Offender

Il a fallu six ans pour dissoudre le groupuscule de hooligans néonazis de Strasbourg Offender
Strasbourg Offender lors d’un déplacement à Rennes.

Par décret publié lundi 8 septembre, le « groupement de fait » de Strasbourg Offender est dissous. Pendant six ans, les hooligans alsaciens ont commis des violences et affiché leur idéologie néonazie en Alsace et à l’extérieur.

Attaque de manifestants contre la loi sécurité globale, appel à la chasse aux juifs, bagarre organisée au centre d’un village… Depuis 2019, Rue89 Strasbourg a chroniqué les violences du groupuscule de hooligans de Strasbourg Offender. Lundi 8 septembre, un décret ministériel prononçant la dissolution de ce « groupement de faits » a été publié. Sans existence officielle, les Strasbourg Offender se réunissaient derrière une banderole à leur nom en tribune Ouest du stade de la Meinau. Ils communiquaient régulièrement les résultats de leurs combats contre d’autres hooligans sur des canaux Telegram comme GruppaOf ou OuestCasual.

C’est la fin d’un long feuilleton lors duquel une trentaine d’hommes violents ont pu afficher leur idéologie néonazie et commettre leurs violences au sein du stade de la Meinau ainsi qu’à l’extérieur. Le décret relate une longue liste des faits reprochés aux membres de Strasbourg Offender. Entre novembre 2021 et mars 2022, plusieurs bagarres ont eu lieu avec des hooligans des MesOs de Reims, parfois suivies de rixe devant le domicile du meneur des MesOs à Reims. Le texte évoque aussi une attaque révélée par Rue89 Strasbourg visant des supporteurs du Paris Saint-Germain. Parmi les victimes de cette altercation figurait un proche de l’ex-joueur titulaire du Racing Club de Strasbourg Alsace, Jean-Ricner Bellegarde.

Saluts nazis et « chasse aux juifs »

Le premier fait d’armes des hooligans alsaciens remonte à juillet 2019. Le groupuscule publie une photo sur Telegram où plusieurs membres effectuent un salut nazi sur fond de drapeau à croix gammée et de bannière des Strasbourg Offender. En marge de la rencontre opposant le RCSA et le club du Maccabi Haïfa, les hooligans agressent une dizaine de supporters israéliens. Ils s’affichent ensuite sur Telegram en brûlant des écharpes du club de football d’Haïfa. La veille, une douzaine de membres du groupuscule avait appelé à une « chasse aux juifs » dans les rues du centre-ville strasbourgeois. « Un membre de « Strasbourg Offender » a été interpellé la veille du match pour avoir appelé l’hôtel Ibis Strasbourg Centre Halles en se faisant passer pour un policier dans le but d’obtenir « des informations sur des Israéliens », précise le décret concernant le volet antisémite du groupuscule.

L’antisémitisme se trouve aux racines du groupement. Le décret évoque aussi le passé du leader des hooligans de Strasbourg Offender. « M. A » est un ancien « Elsass Korps », du nom du groupuscule fondé en 1993 et lui-même dissous administrativement car impliqué dans la profanation de cimetières juifs en Alsace. Selon nos informations, M. A est un ancien membre d’une liste du Front National présentée aux élections municipales de 2014 à Haguenau.

Un drapeau algérien brûlé

Concernant la xénophobie des hooligans strasbourgeois, le décret établit que les Strasbourg Offender « commettent et légitiment des actes incitant à la haine envers des individus en raison de leur origine, de leur appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ». Le texte mentionne aussi un fait plus récent :

« Le 7 janvier 2025, un membre des « Strasbourg Offender » a été condamné à 500 euros d’amende assorti d’une interdiction de stade de trois ans pour avoir brûlé, en tribune, un drapeau algérien, le 29 septembre 2024, à Marseille, durant la rencontre entre le Racing Club de Strasbourg Alsace et l’Olympique de Marseille. »

Le décret ministériel n’évoque pas la « patrouille » organisée par les hooligans néonazis en décembre 2023 en marge de la demi-finale de la coupe du monde opposant la France au Maroc. Il omet aussi de mentionner la mise en examen pour trafic d’armes illégal d’un des membres du groupuscule en juin 2022.

Bonne nouvelle pour les ultras ?

Il est désormais interdit aux Strasbourg Offender d’arborer leur drapeau et d’organiser des événements. Leur bannière, encore visible à plusieurs reprises en 2025 au stade de la Meinau, ne devrait plus être accrochée en tribune Ouest. Cette dissolution pourrait être une bonne nouvelle pour les ultras strasbourgeois. Ces derniers subissent depuis de nombreuses années une répression liée aux violences commises par les hooligans. Encore faudrait-il que la répression étatique ne s’abatte pas indistinctement sur les supporters et les hooligans. Ces derniers entachent aussi la réputation des ultras, régulièrement confondus avec des hooligans.

« Bloquons tout » : au pot de départ de François Bayrou, des petits papiers pour cibler l’autoroute

« Bloquons tout » : au pot de départ de François Bayrou, des petits papiers pour cibler l’autoroute
Des petits papiers pour organiser un blocage. Et d’autres petits papiers pour exprimer sa colère.

Des petits papiers ont circulé lors de la fête de départ du Premier ministre François Bayrou à Strasbourg. Le mouvement « Bloquons tout » a défini son mode d’action pour le mercredi 10 septembre, et appelle à se rendre à 7h à l’arrêt de tram Montagne Verte.

Merci François Bayrou ! Les militants et militantes du mouvement « Bloquons tout » peuvent être reconnaissants. À deux jours de leur mobilisation prévue mercredi 10 septembre, la chute annoncée du Premier ministre a offert l’occasion rêvée d’une dernière réunion festive. Plus de 300 personnes étaient réunies place Kléber à Strasbourg lundi 8 septembre à partir de 20h. Au pied de la statue du général Kléber, un vélo-cargo équipé d’enceintes diffuse une musique techno qui ravit les étudiants et étudiantes. S’ensuivent de nombreux slogans chantés dans un mégaphone. Un air de mobilisation des Gilets jaunes flotte dans l’air : « Macron nous fait la guerre et sa police aussi ! Mais on reste déter’ pour bloquer le pays ! » Mais la manifestation ce soir-là connaît une différence notable : un petit papier a circulé de mains en mains.

Objectif : bloquer l’autoroute

Sur une place Kléber quadrillée par des dizaines de gendarmes mobiles, les manifestants se savent observés. Puisque personne ne veut prendre le risque d’être désigné comme organisateur des blocages du 10 septembre, l’information circule sur des carrés blancs ou jaunes. « Bloquons tout 10 septembre » est titré le papier qui ressemble presque à un ticket de caisse. Pour Strasbourg, le rendez-vous est donné à l’arrêt de tram Montagne Verte à 7h du matin. « Venez nombreux et munis d’habits et protections adéquats », indique aussi la petite note qui précise : « pantalon sombre, veste sombre, masque FFP2/P3, foulard, écharpe, gants, sérum physiologique et videz votre téléphone ou partez sans ! »

Beaucoup de jeunes étaient présents parmi les participants au pot de départ.

Le mouvement Bloquons tout ambitionne d’empêcher la circulation automobile sur les axes autoroutiers à proximité. L’espoir des militants et militantes est d’être suffisamment nombreux en annonçant publiquement l’heure et le lieu du rassemblement prévu.

« Il faut arrêter avec les manifestations »

Ainsi s’est concrétisé un sentiment exprimé à maintes reprises dans la foule. Comme le résume Hugues Werlé, commercial au chômage, ancien Gilet jaune de Molsheim :

« Il faut arrêter avec les manifestations. Ça ne sert à rien ! Ce qu’il faut, ce sont des blocages des flux économiques et financiers. »

Mercredi 10 septembre, Hugues Werlé ne montera pas sur une barricade. Après avoir été placé en garde à vue suite à l’occupation d’un rond-point, l’homme de 60 ans participera autrement au mouvement :

« J’ai retiré 600 euros en liquide pour mes dépenses courantes du mois. Je consommerai le moins possible, j’achèterai moins d’essence pour ma voiture et j’irai moins au supermarché. »

Pour Hugues Werlé, les manifestations sont inutiles. « Il faut bloquer les flux économiques et financiers », dit-il.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

À quelques pas, une manifestante compte bien s’impliquer dans une action de blocage. De son engagement contre la réforme des retraites, l’étudiante a tiré le sentiment que les manifestations « dans les clous » n’aboutissent à aucune victoire. Optimiste, elle est sûre que le « ras-le-bol général » autour d’elle se traduira en actions de blocages, notamment sur le campus universitaire.

Il y a enfin ces militants de La France insoumise satisfaits de leurs actions de tractage dans le quartier Esplanade. « Très souvent, les gens nous demandent ce qu’ils peuvent faire pour participer au mouvement, rapporte l’un d’entre eux. Soit on les renvoie vers la manif, ou alors on leur dit d’aller en assemblée générale. Le fait qu’ils puissent participer de différentes manières est intéressant. »

Faible amende pour Laurent Jacobelli, reconnu coupable d’outrage mais pas d’insulte raciste

Faible amende pour Laurent Jacobelli, reconnu coupable d’outrage mais pas d’insulte raciste
Laurent Jacobelli est condamné à 300 euros d’amende pour outrage et diffamation non-publique ainsi que 150 euros de dommages et intérêts.

Le député du Rassemblement national Laurent Jacobelli a été condamné à une amende de 300 euros avec sursis pour avoir insulté son collègue Belkhir Belhaddad. Le tribunal de Thionville a délibéré bien en deçà des réquisitions du parquet, qui y voyait une injure raciste.

Le tribunal de Thionville a condamné le député de la 8e circonscription de Moselle Laurent Jacobelli (Rassemblement national) à 300 euros d’amende avec sursis pour « outrage et diffamation non-publique », selon Ici Moselle qui cite l’AFP. Dans ce délibéré du mardi 2 septembre, les juges ont écarté le caractère raciste des propos tenus à l’encontre du député Belkhir Belhaddad, ex-Renaissance, lors d’une visite ministérielle. Laurent Jacobelli avait notamment traité son collègue, élu dans la première circonscription, de « racaille » avant de lui demander « il va bien le Hamas « .

Lors de l’audience en juin 2025, le ministère public avait requis 500 euros d’amende au total, dont 150 euros pour injure à caractère raciste. Dans un communiqué Belkhir Belhaddad déplore que « la main de la justice semble trembler lorsqu’il s’agit des élus du RN. » Laurent Jacobelli, qui préside le groupe des élus d’extrême-droite au Conseil régional du Grand Est, devrait cependant verser 150 euros de dommages et intérêts à son collègue mais Belkhir Belhaddad a indiqué qu’il ferait appel.

« Joue pas ta racaille »

Les faits ont eu lieu à Hayange, lors d’un déplacement de l’ancien porte-parole du gouvernement Olivier Véran, le vendredi 13 octobre 2023. L’échange houleux des deux députés a été filmé par Le Républicain Lorrain. « Joue pas ta racaille », a lancé Laurent Jacobelli à son homologue, qui a justifié devant le tribunal de Thionville que le terme « racaille » était « employé quotidiennement à l’Assemblée nationale ou par des journalistes politiques ». Belkhir Belhaddad avait lui souligné le rapport évident de cette insulte avec sa double nationalité franco-algérienne : « Il y a une intention de faire le lien avec mon nom ou ma couleur de peau. »

Rassemblements, blocages… Le point sur la mobilisation du 10 septembre en Alsace

Rassemblements, blocages… Le point sur la mobilisation du 10 septembre en Alsace
Affiches annonçant la mobilisation du 10 septembre à Strasbourg.

Entre blocages matinaux, manifestations en ville, cantines solidaires et bals improvisés, le mouvement « Bloquons tout » annonce une mobilisation d’ampleur en Alsace. Voici la liste des rendez-vous publics.

Les canaux Telegram et les assemblées générales du mouvement « Bloquons tout » en Alsace ont achevé de préparer la journée d’actions du mercredi 10 septembre. Les syndicats CGT 67, FSU 67, Solidaires Alsace, Alternative étudiante Strasbourg, une partie des syndicats Force ouvrière, et la Confédération paysanne d’Alsace ont appelé à rejoindre le mouvement citoyen dans la région.

Des blocages dès l’aube annoncés

Mercredi 10 septembre dès 7h, plusieurs rendez-vous sont prévus pour bloquer la circulation automobile. À Haguenau, le rond-point entre la route de Bitche et la D1063, où se situe le restaurant McDonald’s de la zone d’activité de Schweighouse-sur-Moder, devrait être occupé. Un dispositif similaire est prévu au rond-point de Wimmenau, qui donne accès à Meisenthal. A Strasbourg, des petits papiers ont circulé lors du pot de départ de François Bayrou pour donner rendez-vous à 7h à l’arrêt Montagne Verte (plus d’infos à retrouver dans notre reportage).

Ces actions ont été annoncées sur le canal Telegram « Indignons-nous Bas-Rhin », rejoint par plus de 1 200 personnes. Des messages indiquent que d’autres actions surprises sont à prévoir dans le département. À Strasbourg, des blocages sont susceptibles d’apparaître sur les campus universitaires ainsi que devant des lycées.

Des rassemblements dans les principales villes alsaciennes

À Strasbourg, le rendez-vous est donné à 14h place Kléber, avant qu’une manifestation ne traverse les rues du centre-ville.

Une cantine solidaire doit préparer dès le matin des repas pour les personnes qui se seront mobilisées, acheminés en vélo-cargos vers le cortège. La Confédération paysanne d’Alsace a également prévu de participer au ravitaillement des participants. En outre, une « garderie populaire » s’organise, avec l’ambition de prendre en charge les jeunes enfants des personnes engagées par des professionnels. Des covoiturages sont également proposés par des manifestants pour converger vers Strasbourg.

Les cheminots d’Alsace prévoient de tenir une assemblée générale à 11h, sur les quais de la gare de Strasbourg tandis que les étudiants prévoient une assemblée générale à midi, dans le bâtiment Le Patio sur le campus de l’Esplanade.

Dans le Bas-Rhin, un rassemblement est prévu à Haguenau, place Désiré-Brumbt, à 11h. À Saverne, place de la Gare à 11h. Place d’armes à Sélestat, un rassemblement a été déclaré de 6h à minuit, avec deux assemblées générales à 11h et à 18h, des « auditions citoyennes » ainsi que des boissons et collations à prix libre. Sur le canal Telegram « Sélestat et environs », des messages rappellent que les drapeaux et les signes partisans ne sont pas les bienvenus.

Dans le Haut-Rhin, la mobilisation s’est également organisée via un canal Telegram comptant 460 membres. Des rassemblements sont prévus à 11h, place Rapp à Colmar, ainsi qu’à 14h, square de la Bourse à Mulhouse.

Entre auberge espagnole et bal

La mobilisation pourrait aussi prendre des airs festifs. À Haguenau, une « auberge espagnole » (chacun peut ramener ses plats pour contribuer à un grand pique-nique) est prévue dès midi sur la place Désiré-Brumbt. À Strasbourg, un « bal des indigné·es » est annoncé à 16h devant l’Hôtel de la Collectivité européenne d’Alsace, place du Quartier-Blanc à Strasbourg – Petite France. Sur la place centrale de Meisenthal en Moselle, une fête populaire débutera à 18h avec une cantine et des prises de parole.

Bloquons tout : des Alsaciens d’horizons variés, rassemblés pour « tout changer »

Bloquons tout : des Alsaciens d’horizons variés, rassemblés pour « tout changer »
Ces Alsaciens et Alsaciennes se sont engagés dans le mouvement Bloquons tout plusieurs semaines en amont de la journée du 10 septembre.

Dans toute l’Alsace, des groupes s’organisent dans le cadre du mouvement Bloquons tout prévu à partir du 10 septembre. Primo-militants, chômeurs, ouvriers, engagés à gauche… Les participants ont des profils divers et partagent la volonté de changer le système en profondeur.

« Je n’en peux plus de ces politiciens qui nous demandent de serrer la ceinture alors qu’on n’a déjà plus rien », commence Laura. Habitante d’un petit village d’Alsace Bossue, elle est au chômage depuis début 2025. Avec son compagnon, la jeune femme de 32 ans renonce aux sorties au cinéma ou à Strasbourg. Elle demande de l’aide à ses parents et restreint ses achats alimentaires : « On se limite à 75 euros de courses par semaine. On choisit entre les légumes ou les yaourts. On cherche toutes les promos possibles et imaginables. C’est lourd au quotidien. »

« On a juste envie que ça pète »

Heurtée par l’impression qu’elle n’allait « jamais s’en sortir », Laura a développé une anxiété quotidienne, puis une petite dépression. Des émotions qui se sont transformées en colère. « Beaucoup de choses me scandalisent autour de moi. Je vois les écoles qui ferment les unes après les autres. Les enfants qui habitent dans mon village doivent faire 20 minutes pour aller jusqu’à leur établissement maintenant. Au bout d’un moment, on a juste envie que ça pète », lance t-elle. C’est naturellement qu’elle s’est intéressée au mouvement Bloquons tout, dont la première journée de mobilisation aura lieu le 10 septembre. « Je suis allée à des réunions de comités locaux à Woerth et Meisenthal. Il y avait une vingtaine de personnes », expose t-elle :

« Bloquer la production, les routes… Ça peut nous permettre de bâtir un vrai rapport de force. Et ça nous aidera à nous retrouver, à créer des solidarités avec des cantines populaires et des garderies. J’ai vu naitre un sentiment d’espoir. »

Laura participera au mouvement Bloquons tout, avec l’intention de « changer le système ».Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Désir de justice fiscale

Diplômée en Histoire et originaire de Schweighouse, Laura ne parvient pas à trouver du travail dans son secteur géographique. « J’élargis de plus en plus mes recherches. Mais peut-être que je vais devoir aller très loin. Je ne sais pas comment je vais faire », regrette la trentenaire. Elle qui avait déjà manifesté contre la réforme des retraites en 2023 se dit fatiguée par les discours publics culpabilisants contre les salariés précaires ou les chômeurs « alors qu’il y a des centaines de milliards d’euros de cadeaux fiscaux aux entreprises et aux milliardaires ». Comme beaucoup de participants au mouvement Bloquons tout, elle espère que la mobilisation fera tomber François Bayrou, Emmanuel Macron, et même que « le système changera fondamentalement » :

« Ça fait des années qu’on est sous pression et qu’on doit lutter contre des politiques antisociales. J’en ai marre de me battre contre des reculs de nos droits. Et je suis loin d’être la seule. On ne va pas se contenter de mesurettes. Je veux tout changer, demander la retraite à 60 ans, la semaine de 28 heures et de 4 jours, une sécurité sociale de l’alimentation, de l’argent pour l’école, les hôpitaux. Et il faut en finir avec la Vème République, qui est très verticale et donne trop de pouvoir à l’exécutif. »

Dans le nord de l’Alsace comme dans le reste de la région, des blocages de routes et des occupations de ronds points s’organisent pour le 10 septembre. Les comités vont tenter d’inscrire les actions de blocage dans la durée, avec également l’objectif d’attirer plus de monde dans le mouvement. « Les gens ne doivent pas céder à la résignation, anticipe Laura. Peut-être que ça peut fonctionner. Si on n’essaye pas, on est sûrs que ça ne changera pas. Moi je n’ai rien à perdre.. »

Des primo-militants

Laura se considère de gauche depuis qu’elle est au lycée. C’est loin d’être le cas de tous les participants aux comités locaux. Antoine est devenu dépanneur informatique indépendant au moment du covid après avoir eu divers emplois d’ouvrier. « Je n’ai jamais vu de changements réels après des élections. Je n’y crois plus. Ce n’est pas ça qui va améliorer les choses », estime l’homme de 63 ans, habitant d’Ingwiller. Il a toujours eu des salaires modestes mais suffisants pour la vie qu’il choisit de mener, « tranquille, à la campagne, avec peu de consommation ».

À 63 ans, Antoine s’engage pour la première fois dans une mobilisation.Photo : Document remis

En s’investissant au comité local de Meisenthal, c’est la première fois qu’il participe à une mobilisation sociale : « J’ai toujours eu assez peur d’aller en manif. Je n’ai pas du tout envie de me battre ou de me faire taper sur la gueule par des policiers. Je regardais tout ça de loin. » Mais à force de discuter avec l’un de ses fils, engagé sur l’écologie, ce père de cinq enfants « âgés de 3 à 31 ans » a de plus en plus ressenti la nécessité de s’engager :

« Quel est leur avenir ? Je suis particulièrement touché par la question climatique, la dégradation des hôpitaux et de l’Éducation nationale. J’ai un enfant en maternelle et un en primaire. Tout le monde sait que ça ne va pas, mais l’inaction politique continue. Aujourd’hui, je ne vois plus d’autre issue que de changer de système. »

D’abord tourné contre les mesures austéritaires du projet de budget du gouvernement Bayrou, le mouvement Bloquons tout porte de plus en plus de revendications révolutionnaires. Antoine rêve d’une « démocratie plus horizontale, avec davantage de pouvoir local, pour les maires peut-être, et un autre rapport au travail » : « Je pense qu’il faut privilégier la qualité de vie, les emplois de proximité… » Il se sent à l’aise à l’idée d’occuper des ronds points en tractant pour sensibiliser la population sur le mouvement et ses objectifs.

Et des activistes aguerris

L’arrivée de ces nouvelles personnes dans la mobilisation sociale est facilitée par la présence d’activistes plus expérimentés. Dorian, par exemple, se définit comme un militant de gauche. Cet ingénieur de 39 ans a participé à de multiples mouvements, notamment celui pour le Nouveau front populaire en 2024. Habitant des Vosges du Nord, il se rend aux réunions des comités locaux de Bloquons tout à Woerth et Meisenthal. Il soutient les groupes de Saverne et Bischwiller sur les réseaux.

« J’essaye de participer à la structuration du mouvement. Je crée des visuels, des affiches, des tracts, pour que tout le monde puisse les coller ou les distribuer, explique t-il. Même si les gens ne se disent pas de gauche, ils sont d’accord avec les logiques de gauche. Ils sont contre le détricotage du modèle social, et veulent lutter contre ça. »

À l’été 2024, Dorian Faucon, avait milité pour le Nouveau front populaire en Alsace du Nord.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

À titre personnel, Dorian s’estime « bien loti » en tant que cadre. « Je vois, autour de moi, mes voisins, mes amis, ouvriers, infirmiers, artisans, qui n’en peuvent plus. Ils souffrent au travail et galèrent financièrement… », déplore t-il. Il est donc urgent pour lui de s’engager. Ce mouvement populaire, constitué de profils variés, qui existe aussi à la campagne, est l’occasion parfaite. L’ingénieur assure constater dans le mouvement Bloquons tout un « enthousiasme fort » chez les participants, et une impression que la mobilisation peut avoir un impact :

« C’est une flamme qui brille dans la nuit. Des personnes disent “je pensais être seul”. Il y a des liens qui se créent. C’est le plus important pour moi, un peu comme avec les Gilets jaunes, ces moments d’échanges culturels, où on se parle, on essaye de se comprendre, on fait peuple ensemble. On se réapproprie l’espace politique en discutant de comment faire changer les choses. »

À Kolbsheim, la dernière édition du festival Vert le futur du 10 au 20 septembre

À Kolbsheim, la dernière édition du festival Vert le futur du 10 au 20 septembre
L’édition 2025 aura lieu, comme les années précédentes, aux étangs demi-lune à Kolbsheim.

Du mercredi 10 au samedi 20 septembre, le festival Vert le futur propose des rencontres artistiques et philosophiques pour réfléchir sur le rapport au vivant et à la nature. Une dernière édition qui ne sonne pas la fin de la lutte.

« On a envie de finir sur une belle édition, pour boucler la boucle », annonce la pasteure Caroline Ingrand-Hoffet, figure de la lutte contre l’autoroute du Grand Contournement Ouest (GCO). La sixième et dernière édition du festival Vert le futur se tiendra du mercredi 10 au samedi 20 septembre à Kolbsheim. Né en septembre 2019, le festival s’est construit autour du combat contre le GCO. Dans la commune, traversée par la A355, le collectif GCO Non merci a initié une lutte citoyenne « contre un projet routier d’un autre âge ». Depuis, Kolbsheim accueille, chaque année, un rassemblement festif et « engagé pour la préservation de la planète ».

Ne pouvant plus bénéficier d’une subvention de l’Eurométropole de Strasbourg, qui expire au bout de trois ans, le festival annonce qu’une page se tourne. Les organisateurs ont voulu « finir sur une note engagée et joyeuse ». Leur slogan « Ensauvageons-nous ! » sonne comme une volonté d’exporter l’engagement au-delà du festival. « Le combat continue contre tous ceux qui veulent bétonner, pesticider, polluer, diviser, rejeter, tout acheter, capitaliser… », clament les militants et militantes dans la programmation de l’édition 2025.

Une programmation symbolique

Le festival commence mercredi 10 septembre à 19h aux Étangs demi-lune, autour d’une conférence à deux voix, réunissant philosophie et contrebasse. Une variété de concerts, de spectacles ou d’ateliers créatifs se succéderont ensuite pendant dix jours. Le point d’orgue étant la soirée du 13 septembre. « On a souhaité faire revenir des artistes qui ont accompagné la lutte depuis le début et qui se sont déjà produits », explique Caroline Ingrand-Hoffet. L’accordéoniste Tartine Reverdy ou la compositrice Marie Cheyenne, habitués du festival, rejoindront de nombreux autres artistes pour le Cabaret ensauvagé. L’événement se terminera le samedi 20 septembre, à l’église de Kolbsheim avec un concert de Lionel Grob, l’un des organisateurs du festival. « C’était important pour nous de finir à l’église parce qu’elle a abrité beaucoup d’événements dans la lutte contre le GCO, explique la pasteur Caroline Ingrand-Hoffet, c’est un beau clin d’œil. »

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La Cimade dénonce un « lieu de non-droit » pour expulser des familles à l’aéroport d’Entzheim

La Cimade dénonce un « lieu de non-droit » pour expulser des familles à l’aéroport d’Entzheim
Les locaux de la police aux frontières (PAF) se situent à deux pas de l’aéroport d’Entzheim. Une partie des locaux a été transformée pour retenir des personnes en situation irrégulière.

Près de l’aéroport d’Entzheim, la préfecture a fait construire un local de rétention administrative. La Cimade dénonce ces « lieux de non-droit » qui pourraient permettre d’expulser des familles.

À quelques pas de l’aéroport d’Entzheim, un panneau de chantier décrit des travaux « d’aménagement de locaux de service ». Derrière ces termes bien vagues, c’est un nouveau local de rétention administrative (LRA) qui est cours de construction dans les bureaux de la police aux frontières (PAF). Destiné à « retenir » des personnes en situation irrégulière moins de 48 heures avant leur expulsion, ce nouveau local est considéré par la Cimade comme un « lieu de non-droit ». « Les personnes retenues n’ont pas accès à un avocat, ni aux associations. Ils n’ont pas d’informations sur leurs droits comme c’est le cas en centre de rétention administrative (CRA) », détaille Morgane Macé, chargée de projet régional à la Cimade Grand-Est, association de soutien aux personnes exilées.

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Le Wagon Souk sanctionné d’une fermeture administrative jusqu’au 2 janvier 2026

Le Wagon Souk sanctionné d’une fermeture administrative jusqu’au 2 janvier 2026
Le Wagon Souk ferme ses portes pendant quatre mois suite à une décision préfectorale.

Un arrêté préfectoral prononce la fermeture administrative du Wagon Souk pendant quatre mois. Un contrôle mené par plusieurs services de l’Etat a permis de constater plusieurs infractions.

Le tiers-lieu festif se savait menacé. Par un arrêté daté du vendredi 29 août, la préfecture du Bas-Rhin a décidé d’une fermeture administrative de quatre mois pour le Wagon Souk. Cette sanction commence à compter du mardi 2 septembre et durera jusqu’au vendredi 2 janvier. Cette décision fait suite à un contrôle mené par plusieurs services de l’Etat (police nationale, douanes, protection des populations, Urssaf…).

Alcool fort et sécurité incendie

La fermeture administrative du Wagon Souk est tout d’abord fondée sur la vente d’alcool fort sans licence 4. Cette autorisation avait été refusée au tiers-lieu festif suite à un contrôle de la police du bâtiment ayant permis de constater l’absence totale de sécurité incendie. L’arrêté préfectoral mentionne aussi la vente de tabac à chicha sans autorisation et l’incapacité du gérant à prouver l’origine de plusieurs kilos de marchandise.

Mohamed Zahi est aussi mis en cause pour travail dissimulé. L’association gestionnaire du lieu, Sauver le monde, n’a pas déclaré son nouvel établissement situé rue du Rempart auprès du registre de commerce. Le contrôle mené par l’inspection du travail a aussi permis de constater l’emploi d’une personne en situation irrégulière sur le territoire français et sans autorisation de travail. De même pour l’emploi d’une personne étrangère qui n’avait pas d’autorisation de travail. Par ailleurs, lors de l’opération de contrôle du 18 juillet, les forces de l’ordre ont saisi du tabac à narguilé, autrement appelé chicha, alors que l’établissement ne dispose d’aucune autorisation de mise en vente du produit.

En juin 2025, la Ville de Strasbourg s’était engagée à investir plus d’1,5 million d’euros dans la rénovation du bâtiment occupé par le Wagon Souk. Pour la rentrée, elle a fini par prendre ses distances avec le gérant du lieu. Dans un communiqué du 1er septembre, la municipalité écologiste dit se tenir prête à « reprendre les travaux sur l’avenir du lieu dès que la gouvernance de l’association sera stabilisée et en mesure de porter le projet du Wagon Souk. »

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Le guide d’urgence pour les étudiants sans logement à Strasbourg

Le guide d’urgence pour les étudiants sans logement à Strasbourg
La rentrée universitaire fait apparaitre une très forte tension locative à Strasbourg tous les ans.

Des milliers d’étudiants peinent à trouver un toit lors de chaque rentrée à Strasbourg. Petit guide des solutions, de la chambre universitaire aux hébergements d’urgence.

Chaque mois de septembre, c’est la même histoire à Strasbourg. Les amphithéâtres se remplissent et des milliers d’étudiants cherchent désespérément un toit dans une ville avec une très forte tension locative. Chambres du Crous prises d’assaut, studios hors de prix, colocs introuvables, foyers étudiants saturés… Pour celles et ceux qui n’ont pas de canapé de secours chez des amis, trouver un toit relève parfois du parcours du combattant.

Dans la capitale alsacienne, il y a en moyenne 8,68 demandes pour une offre de location (en comparaison, ce chiffre est de 10,5 à Paris), selon une étude de Loc Service. Les loyers ont augmenté de 2,4 % sur un an entre 2024 et 2025. Nous avons rassemblé ici des solutions pour vous guider si vous êtes en difficulté. Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à les partager en commentant l’article.

Les chambres libérées par des désistements

Les résidences universitaires du Crous de Strasbourg, ce sont 4 926 chambres sur le territoire de l’Eurométropole pour environ 68 000 étudiants. Ceux qui y parviennent profitent de loyers imbattables : entre 175 et 473€, pour des surfaces allant de 9 à 25 m². Théoriquement, il fallait envoyer son dossier avant le mois de juillet.

Mais il y a tout de même un dernier espoir pour les retardataires. Les lundis et jeudis à 14h, les offres des logements encore disponibles sont publiées en fonction des désistements sur le site du Crous. « Des chambres se libèrent parfois au compte-gouttes, mais elles sont aussitôt réservées », a reconnu Sophie Roussel, directrice du Crous de Strasbourg, lors de la conférence de presse de rentrée. Connectez vous à 14h pile si vous espérez obtenir une chambre de cette manière.

En dehors des résidences du Crous, les bailleurs sociaux disposent également d’un nombre important de résidences étudiantes dans la ville. L’Observatoire territorial du logement étudiant propose une carte pour les localiser avec des liens pour se renseigner directement auprès des bailleurs sur la disponibilité des appartements.

Le parc privé, l’offre la plus large 

Pour la majorité des étudiants, la solution reste le parc privé. Pour séduire les propriétaires, mieux vaut avoir un dossier solide (pièce d’identité, justificatifs de revenus, garant, etc.). Si vous n’avez personne pour se porter caution, la garantie Visale proposée gratuitement par Action Logement peut rassurer les propriétaires. Elle permet aussi de prendre en charge le paiement du loyer et les charges locatives en cas d’impayé.

Niveau prix, le loyer est forcément plus élevé dans le parc privé. Selon l’Afges, dans sa rubrique d’aide au logement, un studio de 20 à 30 m² se louait en moyenne 566 € en 2023. Pour réduire les coûts, il est important de faire sa demande d’Aide personnalisée au logement (APL) sur le site de la Caisse d’allocations familiales

Comme l’indique Pokaa dans son guide de survie de l’étudiant strasbourgeois, l’Esplanade, le quartier Gare, Cronenbourg, la Meinau, la Robertsau et Neudorf sont les secteurs à privilégier pour trouver des loyers moins chers. Il est aussi possible d’élargir vers Schiltigheim ou Illkirch-Graffenstaden, quitte à rallonger les trajets.

Parmi les sites d’annonces à surveiller chaque jour : SeLoger, Adele, Leboncoin, BienIci, HousingAnywhere, ou Lokaviz, une plateforme du Crous. Les annonces restent rarement plus de quelques heures en ligne.

Dans ce contexte stressant, faites attention aux arnaques et aux logements insalubres. Si vous pensez être victime d’une escroquerie, n’hésitez pas à contacter l’Adil67. L’association sera en mesure de vous informer sur vos droits. 

La coloc : le choix économique

Partager son loyer et son frigo est devenu une évidence pour beaucoup d’étudiants. La colocation permet de trouver plus grand pour moins cher, mais aussi d’éviter l’isolement.

La Carte des colocs recense un grand nombre d’entre elles. Des offres peuvent aussi se trouver sur Appartager, Loc Service, ou même sur les groupes Facebook Étudiants de Strasbourg et Université de Strasbourg.

Les foyers confessionnels

Quelques établissements religieux peuvent également être une alternative intéressante pour les étudiants en difficulté. Établis par des acteurs religieux, ces foyers restent cependant ouverts à tous et à toutes. Malheureusement, ils ne sont qu’une goutte d’eau dans l’offre locative et sont souvent déjà remplis dès la rentrée.

Pour connaître leurs disponibilités, renseignez-vous auprès du Foyer des étudiants catholiques, de l’association Foyer Notre Dame ou du Chapitre de Saint-Thomas.

Les plans d’urgence

Bien que personne ne devrait avoir à dormir dehors pour sa rentrée universitaire, les syndicats étudiants reçoivent pourtant des signalements de situations critiques à chaque rentrée. Si toutes vos recherches échouent, il existe quelques filets de sécurité pour ne pas se retrouver à la rue.

Parmi eux, l’Afges propose chaque année un dispositif de logement provisoire, entre le 1er septembre et le 5 octobre.

Le numéro gratuit à appeler pour trouver un hébergement d’urgence temporaire financé par l’État est le 115, mais le dispositif est saturé en général.

Enfin, les syndicats étudiants comme la Fédération syndicale étudiante, Alternative étudiante Strasbourg ou Solidaires Étudiant·e.s peuvent vous accompagner et faire remonter des situations aux institutions.

Catherine Trautmann donne 17 rendez-vous pour rencontrer des Strasbourgeois

Catherine Trautmann donne 17 rendez-vous pour rencontrer des Strasbourgeois
Catherine Trautmann, ancienne maire socialiste de Strasbourg.

L’ancienne maire de Strasbourg et probable candidate socialiste aux élections municipales de 2026 Catherine Trautmann organise une série de rencontres publiques jusqu’en octobre.

Pour les élections municipales des 15 et 22 mars, si tu n’as pas de démarche d’écoute des citoyens et des citoyennes, tu n’es pas candidat. Après Strasbourg on y croit de Pierre Jakubowicz, Aimer Strasbourg de Jean-Philippe Vetter, Strasbourg, parlons-en de Renaissance, voici que Catherine Trautmann, ancienne maire de Strasbourg, ancienne députée européenne mais surtout probable candidate du Parti socialiste, veut aussi sentir le pouls des électeurs et des électrices avec une série de réunions publiques en extérieur.

Programmées du 10 septembre au 8 octobre (voir ci-dessous), ces rencontres doivent permettre, selon un communiqué de Catherine Trautmann, de « rouvrir un dialogue direct, simple et sincère, avec celles et ceux qui font battre le cœur et la raison de la ville » :

« Depuis de longs mois, beaucoup disent avoir perdu confiance dans leur ville. On ne se sent plus écouté, on a du mal à se projeter, la fierté s’effrite. Strasbourg paraît s’éloigner de ses habitants. Ces rencontres sont là pour retisser le lien : remettre au centre la parole de chacun et retrouver ensemble ce souffle humain qui a toujours fait de Strasbourg une ville audacieuse, innovante, chaleureuse et pionnière. »

Sans doute contrainte par le calendrier et les dépenses de campagne, Catherine Trautmann n’a pas jugé utile de louer des salles pour ces rencontres. Elles sont donc ouvertes à toutes et à tous, sans inscription préalable, mais seront évidemment soumises aux aléas de la météo.

Deux ans après le suicide de Sébastien S., l’Epsan mis en examen pour harcèlement moral

Deux ans après le suicide de Sébastien S., l’Epsan mis en examen pour harcèlement moral
L’Établissement public de santé Alsace Nord – Epsan – fait travailler au total 1 700 agents en 2025 sur tout le département du Bas-Rhin. Sébastien S. y travaillait depuis 2011, lorsqu’il s’est suicidé en 2023.

Une enquête judiciaire avait été ouverte après le suicide d’un infirmier sur son lieu de travail en janvier 2023. Après plus de deux ans d’instruction, l’Établissement public de santé Alsace nord a finalement été mis en examen en tant que personne morale.

Le 26 janvier 2023, Sébastien S., infirmier du travail de 54 ans, est retrouvé pendu dans son bureau de l’EPSAN (Établissement Public de Santé Alsace Nord). Sur sa table, quatre lettres. Pour ses proches mais aussi pour l’inspection du travail. Il y dénonce des conditions de travail devenues invivables, « une pression » et un « management nul et écœurant ».

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L’Université de Strasbourg ne diminuera pas les frais des étudiants étrangers en 2025-2026

L’Université de Strasbourg ne diminuera pas les frais des étudiants étrangers en 2025-2026
À l’Université de Strasbourg, près de 4100 étudiants extracommunautaires sont exonérés des droits différenciés. Ils sont 350 à payer plein pot soit 3941 euros.

La présidente de l’Université de Strasbourg maintient les droits d’inscriptions augmentés pour les étudiants non-européens lors de l’année scolaire 2025-2026. Un choix qui précipite de nombreux étudiants étrangers dans une grande précarité lors de leur séjour à Strasbourg.

350, c’est le nombre d’étudiants extracommunautaires, c’est à dire venus de pays situés hors de l’Union européenne, présents à Strasbourg et qui doivent s’affranchir de droits différenciés pour étudier à l’université. Ces frais d’inscription sont bien supérieurs à ceux des étudiants français et européens.

Instaurée par le gouvernement d’Édouard Philippe en 2019, la bien-nommée « stratégie d’attractivité » Bienvenue en France impose aux étudiants extracommunautaires de payer 3 941 euros pour s’inscrire en master à l’Université de Strasbourg quand les étudiants français et européens ne paient que 254 euros, grâce aux aides de l’État.

Lors d’une conférence de presse mercredi 3 septembre, Frédérique Berrod, qui fait sa première rentrée en tant que présidente de l’Université de Strasbourg, a annoncé que le nombre d’étudiants extracommunautaires aidés pourrait baisser :

« Nous avons dépassé en 2023 le plafond d’étudiants étrangers exonérés, qui est de 10% des étudiants inscrits (soit environ 6 000 étudiants, NDLR). En outre, la Cour des comptes recommande de diminuer le nombre d’exonérations accordées et de les réserver à un public ciblé. »

Des étudiants en détresse financière

Ce système place les étudiants étrangers les moins fortunés en grande précarité comme l’ont dénoncé des syndicats étudiants en décembre 2024. Le syndicat Alternative étudiante avait notamment relayé ce témoignage :

« Je ne bénéficie pas de la CAF et je ne peux pas trouver un job étudiant, vu que mon visa indique un court séjour. J’essaie de minimiser mes dépenses le plus possible même, en réduisant la qualité de la nourriture et les loisirs. »

En 2024, France 3 Grand Est avait donné la parole à Boris Diallo Ibrahima, étudiant guinéen :

« Sur mon avis d’imposition, il y a marqué que je n’ai gagné que 6 000 et quelques euros, donc comment tu peux demander à un étudiant qui a gagné 6 000 euros de payer 4 000 euros ? Comment il va vivre ? Il y a le loyer, le transport, la nourriture et d’autres choses… »

Une gestion contestée

Mathieu Schneider, membre du conseil d’administration de l’Université de Strasbourg et ancien candidat à la présidence, regrette « la gestion chaotique et inégale » du système des droits différenciés par la présidence de l’Université de Strasbourg. « Les étudiants n’étaient pas au courant de l’existence de ces frais avant leur inscription », rappelle-t-il après avoir tenté de combattre cette décision au sein du conseil d’administration. Pour ce professeur de musicologie, « même si la loi s’impose à nous, l’Université peut mettre en place des mesures compensatoires ».