Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Le tribunal administratif interdit le « congé de santé gynécologique » de l’Eurométropole de Strasbourg

Le tribunal administratif interdit le « congé de santé gynécologique » de l’Eurométropole de Strasbourg
Entrée du tribunal administratif de Strasbourg, dans le quartier des Contades, à Strasbourg.

Mardi 24 juin, le tribunal administratif de Strasbourg a annulé les délibérations de l’Eurométropole de Strasbourg permettant à ses agentes de bénéficier d’un « congé de santé gynécologique ». Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg et présidente-déléguée de l’Eurométropole, annonce qu’elle fera appel de cette décision.

La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) avaient décidé d’instaurer un « dispositif d’amélioration de la prise en charge de la santé gynécologique » par une délibération des 22 et 31 mai 2024. Plus d’un an plus tard, le tribunal administratif de Strasbourg a jugé, ce mardi 24 juin, qu’une nouvelle Autorisation Spéciale d’Absence (ASA) ne relève pas de la compétence des collectivités. Il suit ainsi les conclusions du rapporteur public.

L’absence de cadre légal

Dénoncées par la préfète du Bas-Rhin Josiane Chevalier juste avant son départ à la retraite en octobre 2024, les délibérations de l’EMS et de la Ville ont créé un nouveau type de congés « permettant aux agentes, en cas de menstruations incapacitantes et sur justification médicale, de bénéficier d’autorisations spéciales d’absence dans la limite de treize jours par an ». L’expérimentation devait durer deux ans. La préfecture du Bas-Rhin estimait qu’elle n’avait pas de base légale.

Près de trois semaines après l’audience qui s’est déroulée le 3 juin, la 6e chambre du tribunal administratif a décidé que les collectivités territoriales n’ont pas la compétence pour mettre en place un tel dispositif, qui relève « du statut général des fonctionnaires » et donc du code général de la fonction publique. Selon la juge, c’est à la loi ou au règlement de prévoir les congés menstruels.

Des décisions similaires ont été prises par les tribunaux administratifs de Toulouse et Grenoble, en novembre 2024 et en février 2025. Dans les deux cas, les juges ont considéré que les délibérations étaient entachées d’incompétence et que les collectivités devaient attendre qu’un cadre légal soit mis en place par le Parlement pour créer ces congés menstruels. Dans la Ville et la Métropole de Lyon, une expérimentation similaire est en place depuis octobre 2023 et la préfecture du Rhône a demandé en février 2025 aux collectivités de l’interrompre.

118 certificats en neuf mois

La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Écologistes), s’avoue « déçue » par cette décision :

« Je prends acte de cette décision. C’est une déception, pas seulement pour nous, élues, qui portons ce dispositif, mais pour toutes les femmes concernées au premier chef. C’est un signal négatif pour la santé des femmes au travail et l’égalité. Nous allons faire appel de cette décision. »

Entre le 1er septembre 2024 et le 31 mai 2025, 118 certificats médicaux ont été délivrés à des agentes (dont 36 pour des symptômes liés à la ménopause). Au total, 68 personnes ont pu bénéficier de ces autorisations spéciales d’absence. « En un peu moins d’un an, 260,5 journées ont été accordées sur nos 8 000 agents qui comptent 52% de femmes », précise la maire de Strasbourg. À celui de congé menstruel, elle préfère le terme « congé de santé gynécologique, qui prend aussi en compte l’endométriose et la ménopause ».

Aux agentes qui ont pu bénéficier du dispositif, Jeanne Barseghian se veut rassurante :

« On ne va rien lâcher et se mobiliser pour une proposition de loi avec les élus et les autres collectivités. Je veux dire aux femmes que leur voix sont entendues sur les symptômes incapacitants au travail. »

« Immobilisme chronique »

Député de la première circonscription du Bas-Rhin, Sandra Regol (Les Écologistes) a également exprimé sa déception face à une décision « attendue », résultat « d’un immobilisme chronique et d’un manque d’engagement du gouvernement sur le sujet de l’égalité ». Comme d’autres élus et élues de gauche à l’Assemblée nationale, la députée écologiste a interpellé des ministres pour permettre de préserver le congé menstruel instauré à Strasbourg ou à Lyon.

Mercredi 2 avril, Sandra Regol a ainsi reçu une réponse de la ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles Catherine Vautrin. Cette dernière avait assuré de son « intérêt particulier » et d’un engagement partagé sur le sujet. De son côté, Laurent Marcangeli, ministre de l’Action publique, de la fonction publique et de la simplification avait répondu :

« Je souhaite vous informer qu’en raison de la demande grandissante des collectivités territoriales et des administrations, la direction générale de l’Administration et de la Fonction publique étudie actuellement des solutions juridiques pérennes afin de prendre de compte ces situations et ainsi répondre au mieux à la situation des femmes souffrant, notamment, d’endométriose. » 

La possibilité d’une « grande loi égalité »

Près de trois mois plus tard, les réponses ministérielles sont restées sans lendemain. Les relances des députés mobilisées sur le congé menstruel n’obtiennent plus de réponse. Sandra Regol esquisse, sans grande conviction, la possibilité d’une « grande loi égalité » portée par la ministre Aurore Bergé. Questionnée sur la possibilité qu’un tel texte soit inscrit à l’agenda de l’Assemblée nationale, la députée du Bas-Rhin désespère :

« Je ne sais pas si on y arrivera… La question, c’est qui pèse le plus lourd aujourd’hui dans le gouvernement, Bruno Retailleau ou Aurore Berger ? La réponse est claire : l’égalité femme homme n’est pas du tout à l’agenda du gouvernement. »

Thierry Sother, député socialiste de la troisième circonscription du Bas-Rhin, indique avoir cosigné la proposition de loi du député socialiste d’Ille-et-Vilaine Mickaël Bouloux « visant à créer un arrêt de travail indemnisé et un aménagement en télétravail pour menstruations incapacitantes » et déposée le 1er avril 2025.

Palestine, opéra, gare… Les points saillants du conseil municipal du lundi 23 juin

Palestine, opéra, gare… Les points saillants du conseil municipal du lundi 23 juin
Jeanne Barseghian a dû rappeler sa position sur le proche orient à de nombreuses reprises.

Le conseil municipal de Strasbourg a adopté une série de délibérations lundi 22 juin dont le jumelage avec le camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, la transformation de l’opéra, un schéma pour lancer l’ouverture de la gare ferroviaire vers le nord… Voici un compte-rendu des points retenus les plus importants.

Le conseil municipal de Strasbourg du lundi 23 juin avait 77 points à l’ordre du jour, dont une partie avait été héritée de celui du 19 mai, raccourci en raison d’une manifestation de forains.

La première séquence, composée de huit points, en faisait partie, il s’agissait de débattre des rapports de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur les finances de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg entre 2019 et 2024 et d’adopter le compte administratif 2024. Les conseillers ont donc une nouvelle fois débattu du recours à la dette, 377 millions d’euros en 2024 : un « bouclier social » selon les écologistes, une charge insupportable selon la droite et le centre. La CRC a alerté sur l’allongement de la durée de désendettement de la Ville mais l’agence Fitch a maintenu le 20 juin la note de la collectivité à AA-.

Strasbourg jumelée avec le camp d’Aïda en Palestine

Après un débat très houleux, le conseil municipal de Strasbourg a voté en faveur du jumelage avec le camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, près de Bethléem avec 48 voix pour (écologistes et communistes), 10 contre (la droite et le centre) et 5 abstentions (socialistes). Une subvention à Gaza de 20 000€ et le renforcement de la coopération avec la ville de Bethléem ont été votés à l’unanimité.

Les élus de l’opposition de droite, mais aussi socialiste, ont de nouveau accusé la maire de Strasbourg d’avoir voulu nier le droit à l’existence de l’État d’Israël en ayant porté le keffieh et accepté une carte de la Palestine historique. Syamak Agha Babaei a répondu à ces élus que ces accusations ne visaient qu’à « invisibiliser un vêtement traditionnel et réécrire l’histoire de cette région ». Jeanne Barseghian a dû rappeler qu’elle était en faveur de la solution à deux États pour la paix au Proche Orient et en a profité pour préciser pourquoi Strasbourg a choisi un camp de réfugiés plutôt que Bethléem pour un jumelage en Palestine :

« Le ministère des Affaires étrangères recommande pour la Palestine de nouer des relations avec des camps de réfugiés. La ville de Bethléem dispose déjà de plus de 500 jumelages de par le monde. Par ailleurs, le jumelage avec Ramat Gan continue, il est gelé pour des raisons liées à l’état de guerre en Israël. »

Solidarité avec Ramat Gan

En fin de conseil, il a de nouveau été question de Ramat Gan avec le vote, sur le fil par 12 voix contre 11 et 4 abstentions, d’une résolution de soutien présentée par Jean-Philippe Vetter. Ce texte demande notamment que la Ville de Strasbourg « adresse à tous les habitants de Ramat Gan un message d’amitié et de solidarité face aux bombardements meurtriers subis » et « réaffirme sa volonté de rétablir un jumelage actif ». L’adoption a été rendue possible par l’abstention de la maire, Jeanne Barseghian, excédée après qu’elle ait constaté que ses opposants lui faisait porter la responsabilité du gel du jumelage.

Une information qui a même traversé l’Atlantique puisque la ville de Boston s’apprête à débattre le 25 juin d’une suspension de son jumelage avec Strasbourg, en rétorsion à ce qu’un conseiller appelle un « gel » du partenariat avec Ramat Gan.

Des prairies en ville

Le conseil municipal s’est ensuite penché sur les « prairies en ville », des zones d’herbe laissées hautes afin de favoriser la biodiversité, en servant de caches pour les insectes et les petits mammifères (voir notre article présentant cette délibération en détail). Le point a été adopté à une large majorité de 52 voix.

Un « permis de louer » au quartier Gare

Les conseillers ont adopté à une très large majorité (seuls Jean-Philippe Vetter et Gabrielle Rosner-Bloch, droite ont voté contre) l’instauration d’un « permis de louer » dans le quartier Gare de Strasbourg (voir notre article détaillé). La délibération précise que 1400 permis sont attendus et que trois agents seront embauchés pour étudier les demandes. Nicolas Matt (Ren), qui est aussi conseiller départemental, a rappelé qu’il aurait fallu inclure les logements des bailleurs sociaux Ophéa et Habitation moderne dans le périmètre. Mais il n’a pas mentionné les immeubles d’Alsace Habitat, bailleur social de la Collectivité d’Alsace… Céline Geissmann (soc) a de son côté déploré que Strasbourg soit la 631e commune à mettre en place ce dispositif, et encore sur un petit périmètre, un seul quartier et seulement pour les logements construits avant 2006. La municipalité a conclu en invitant propriétaires et locataires à se rendre sur le site, tout neuf, de la Maison de l’habitat.

Stationnement payant en régie

Streeteo à Strasbourg, c’est (bientôt) fini! Le conseil municipal a adopté à l’unanimité le transfert du contrat de concession de la redevance du stationnement en voirie en novembre à une société publique locale dédiée. Tous les conseillers espèrent une réduction du contentieux et plus de souplesse, même s’ils ne partagent pas tous et toutes les choix politiques et tarifaires de la municipalité. Douze millions d’euros sont attendus, à partir de 20000 places publiques.

Une feuille de route pour la gare à 360 degrés

Cette délibération acte les transferts de propriété progressifs entre la SNCF, la Région et la Ville de Strasbourg jusqu’aux années 2050. Elle précise l’aménagement concerté de toute la zone autour de la gare, et notamment la zone au nord qui doit être progressivement réaménagée pour permettre d’ouvrir la gare vers un nouveau quartier, dédié aux activités culturelles, notamment nocturnes, et à l’économie solidaire. La délibération a été adoptée avec 44 voix pour, 9 élus de droite, du centre et socialistes ont voté contre.

Point final pour la rue Mélanie?

Les conseillers municipaux ont évoqué la rallonge de 150000 euros nécessaires pour terminer le réaménagement de la fin de la rue Mélanie, cette voie de la Robertsau qui mène au château de Pourtalès. Les élus de droite, du centre et socialistes, ont une nouvelle fois brocardé la municipalité pour avoir dépensé « un million d’euros pour 300 mètres », faire la guerre aux voitures et le tout, sans avoir emporté l’adhésion des riverains. Ces derniers sont particulièrement remontés après qu’un premier aménagement, avec des écluses, provoquait des bouchons aux moments de forte affluence. La municipalité a supprimé les écluses et les arbres pour repasser à deux voies, supprimant au passage les quelques places de stationnement. Nouvelle bronca des riverains mais la municipalité a fait valoir que la continuité cyclable devait permettre d’aller jusqu’au château et que les croisements au carrefour giratoire étaient très dangereux.

130 millions pour un bel opéra en 2033

Les conseillers municipaux ont adopté les choix de la municipalité pour l’opéra du Rhin (voir notre article dédié). Jeanne Barseghian a tranché pour rénover le bâtiment historique de fond en combles et déménager les spectacles au Palais des fêtes le temps des travaux. La facture devrait s’élever à plus de 130 millions d’euros. Jean-Philippe Vetter (Les Rép) a regretté la destruction de la salle à l’italienne, « cette salle magnifique dans laquelle je me rendais pour 5,5€ en étant étudiant. J’y vivais un moment extraordinaire même si je ne voyais rien, » a-t-il dit en sollicitant ses souvenirs. Anne Mistler, adjointe à la maire en charge de la culture, lui a répondu que d’autres étudiants avaient probablement été traumatisés par la même expérience. Pierre Jakubowicz (Horizon) s’est presque désolé d’avoir épousé les choix opérés par la municipalité tout au long des séances de travail. Une augmentation du prix des places est à craindre à la réouverture mais, assure Jeanne Barseghian, « il restera des places à des tarifs accessibles ».

Parmi les textes additionnels, une motion de soutien à Urgence Palestine et la Jeune Garde antifasciste, mouvements dissous par le ministre de l’Intérieur, présentée par la conseillère indépendante Soraya Ouldji, a été adoptée. Le texte soutenant la mobilisation citoyenne en Europe visant à interdire les thérapies de conversion, présenté par Pierre Jakubowicz et Rebecca Breitman, a également été adopté, ainsi que le soutien à la panthéonisation d’Adélaïde Hautval, médecin et résistante alsacienne. Le groupe des élus écologistes a présenté un texte pour réaffirmer l’engagement de Strasbourg « contre l’islamophobie, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie », qui a également été adopté.

En Alsace, le data center de Microsoft risque de consommer autant que 350 000 foyers

En Alsace, le data center de Microsoft risque de consommer autant que 350 000 foyers
Un data center de Microsoft aux États-Unis.

Les élus locaux sont très enthousiastes pour accueillir un data center géant de Microsoft dans le sud de l’Alsace. Conçu pour accompagner le développement de l’intelligence artificielle, il consommerait autant d’électricité que des centaines de milliers de logements.

Au printemps 2023, l’Alsacien Olivier Becht, alors ministre du Commerce extérieur et de l’Attractivité, convoquait des élus et des acteurs de l’économie alsacienne à Mulhouse. Il leur révélait alors l’intention de Microsoft d’installer un data center géant dans la région. « On a ensuite échangé avec des intercommunalités pendant plusieurs mois, pour trouver un terrain avec une surface suffisante, bien desservi et permettant un bon raccordement électrique », relate Vincent Froehlicher, directeur de l’Agence de développement d’Alsace (Adira).

Un projet à deux milliards d’euros

En mai 2024, à l’occasion du sommet Choose France initié par le président Emmanuel Macron, Microsoft a officialisé son annonce. La multinationale va investir plus de deux milliards d’euros pour construire le plus grand data center du pays à Petit-Landau, commune rurale de l’agglomération de Mulhouse. L’Élysée savoure ce projet qui symbolise l’attractivité de la France dans le secteur de la tech.

Dans le village de 800 habitants à quelques kilomètres à l’Est de Mulhouse, la maire Carole Talleux se félicite aussi : « D’un point de vue économique, il s’agit évidemment d’un évènement historique pour la vie de notre commune. Ce projet stratégique s’inscrit pleinement dans notre volonté de développement, avec notamment la création de [150 à 200] emplois. »

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Le président d’Alsace Habitat utilisait l’argent d’un bailleur social pour son association

Le président d’Alsace Habitat utilisait l’argent d’un bailleur social pour son association
Étienne Wolf à Kotoka en 1999.

Le bailleur social Sibar a donné plus de 30 000 euros à l’association Brumath-Kotoka, cofondée par Étienne Wolf. Cet ancien président de la Sibar, désormais d’Alsace Habitat, nie le conflit d’intérêt et argue d’une absence d’enrichissement personnel.

Robin des bois vole aux riches pour donner aux pauvres. Étienne Wolf prend aux pauvres pour donner à des plus pauvres encore. Maire (Divers Droite) de Brumath, Étienne Wolf a d’abord été administrateur du bailleur social Sibar dès les années 90. En 2015, il a pris la présidence de cette société d’économie mixte financée par le conseil départemental du Bas-Rhin (désormais Collectivité européenne d’Alsace). Selon nos informations, l’organisme dédié au logement des personnes précaires en Alsace a versé, en 2013 et 2014, la somme de 30 000 euros à Brumath-Kotoka. Or, cette association dédiée à l’aide au développement d’un village situé au Sud Est de la Côte d’Ivoire a été fondée par… Étienne Wolf.

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27/06/2025 date de fin
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Budget, jumelage avec la Palestine, stationnement et opéra au conseil municipal

Budget, jumelage avec la Palestine, stationnement et opéra au conseil municipal
Le conseil municipal est à suivre en direct.

Le conseil municipal de Strasbourg de lundi 23 juin 2025 prévoit d’aborder les alertes sur l’endettement de la commune et les dépenses à prévoir pour rénover et déménager l’opéra. La délibération sur un jumelage avec un camp de déplacés palestiniens est également à l’ordre du jour.

L’ordre du jour du conseil municipal de Strasbourg de juin reprend une bonne part des délibérations qui étaient prévues pour celui de mai, mais qui avait dû être écourté en raison du blocage du centre administratif par des forains en colère.

Equilibre budgétaire et Palestine

La première partie du conseil municipal aura un parfum très budgétaire puisque les conseillers doivent évoquer les travaux de la Chambre régionale des comptes sur les équilibres financiers de la Ville de Strasbourg et de l’Eurométropole entre 2019 et 2024 (point 1). Le sujet a déjà fait l’objet de quelques expressions mais il devrait être abondamment repris par l’opposition, étant donné que les magistrats financiers évoquent un « délai de désendettement se rapprochant du seuil d’alerte de 12 années dès 2025 » et une « capacité d’autofinancement nette [qui] pourrait être quasiment nulle dès 2027 » (voir notre article dédié).

Après ce grand moment de concorde municipale, les conseillers municipaux seront chauds pour se lancer dans un autre débat consensuel : le jumelage de Strasbourg avec le camp de réfugiés d’Aïda près de Bethléem en Palestine (point 14). Depuis cette annonce, les polémiques n’ont pas manqué d’agiter le débat public strasbourgeois. Bien que la délibération ait pris soin de mentionner les « massacres du Hamas », les « otages toujours détenus » et un « attachement à la création d’un État de la Palestine aux côtés de l’État d’Israël », il est à craindre qu’une répétition des postures n’enflamme à nouveau le débat, sans bénéfice pour quiconque.

« Prairies en ville » et stationnement

L’autre grand moment du conseil sera la délibération sur la création de « prairies en ville » (point 21, repêché de l’ordre du jour du conseil municipal précédent). Les conseillers devraient également aborder l’expérimentation d’un « permis de louer » dans le quartier Gare de Strasbourg, un dispositif pour lutter contre l’habitat indigne (voir notre article dédié, point 22).

Peu après, les conseillers municipaux seront invités à approuver le transfert de la concession relative au stationnement sur voirie de Streeteo, qui date de 2017, à une société publique locale dont la Ville et l’Eurométropole sont actionnaires à partir du 30 novembre. Cette délibération (point 23) prévoit une recette annuelle de 12 millions d’euros au bénéfice de la Ville de Strasbourg collectés à partir des redevances sur les quelques 20 000 places en voirie, hors forfaits post-stationnements (FPS). Ce partage devrait laisser 4,8 millions d’euros à la future SPL chaque année pour payer les salaires des agents contrôleurs, qui seront repris de Streeteo, et réaliser les investissements nécessaires.

Rénovation de l’opéra

Côté Culture, le conseil municipal aura aussi l’occasion de se pencher sur le projet de restructuration et de rénovation du bâtiment abritant l’opéra de Strasbourg, place Broglie (point 46, voir notre article dédié). Les conseillers devront se prononcer sur un programme de 120 millions d’euros (M€) permettant d’adapter le Palais des fêtes, y déplacer les spectacles de l’opéra de 2028 à 2033, et de complètement transformer le bâtiment de la place Broglie.

En fin de conseil, le groupe Centristes et Progressistes (Horizon, Modem…) a déposé deux motions : la première demandant à la Ville de Strasbourg de soutenir une initiative visant à bannir dans l’Union européenne les thérapies de conversion, la seconde pour soutenir l’intégration au Panthéon d’Adélaïde Hautval, médecin et résistante alsacienne. Conseiller municipal d’opposition (Horizon), Pierre Jakubowicz reviendra sur les aménagements successifs de la rue Mélanie, 300 mètres à la Robertsau où la municipalité s’est heurtée à l’hostilité des riverains après avoir ajouté une voie cyclable.

Circuit court et savoir-faire local : en Moselle, une maison rêvée pour l’homme et la nature

Circuit court et savoir-faire local : en Moselle, une maison rêvée pour l’homme et la nature
Vogesia, maison pour l’homme et la nature, ouvrira ses portes au public à l’automne 2025.

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À Strasbourg, des villas pour accueillir des associations de protection de l’environnement

À Strasbourg, des villas pour accueillir des associations de protection de l’environnement
La maire et les présidents des associations devant la villa Jacoutot.

Jeudi 12 juin, la municipalité écologiste a annoncé la rénovation des villas Goeb à la Robertsau afin d’accueillir une maison des associations de protection de la nature et de l’environnement. Ce projet fait suite à l’échec du plan EurOasis.

Les associations écologistes ont rarement leurs locaux dans des villas. Sauf à Strasbourg, où les bâtisses Goeb au Sud de la Robertsau doivent être rénovées pour être louées par les associations de défense de l’environnement et autres organisations naturalistes Alsace Nature, Odonat, Bufo, Gepma, Zéro Déchet Strasbourg, France Nature Environnement Grand Est. Les travaux démarreront en 2026 pour un coût total estimé à trois millions d’euros. L’emménagement est prévu au second semestre 2027.

Plus de 20 000 m² pour les associations environnementales

La rénovation se fera sous la supervision du cabinet d’architectes Rey – De Crécy à partir de matériaux durables et bio-sourcés, comme la paille, le bois, la brique et le mobilier issu du réemploi. Le terrain est divisé en deux sites. Le premier, d’une surface de 5 700 mètres carrés (m²), accueille les villas Jacoutot et Cigale de respectivement 500 m² et 70 m². Le second site s’étend sur une surface de 16 700 m². Il est composé de deux villas qu’il faudra sécuriser par des opérations de désamiantage, curage et étanchéité en vue d’un projet ultérieur.

La villa Jacoutot qui accueillera l’essentiel des bureaux des associationsPhoto : Anis Foucard / Rue89 Strasbourg

Ces villas se situent à proximité du parc de l’Orangerie dans un écrin de verdure. Les bosquets autour des villas seront préservés et gérés par les six associations locataires. Le futur site pourra être ponctuellement ouvert au public lors de sorties guidées ou d’actions d’éducation à l’environnement.

L’échec d’EurOasis

En 2017, la Ville de Strasbourg a choisi de céder « en l’état » pour 412 500 euros ce lot de deux hectares de terrain et de trois bâtiments à l’association EurOasis. Cette dernière devait réaliser d’importants travaux et réunir 3,5 millions d’euros pour accueillir une auberge de jeunesse, un restaurant, une micro-crèche, une école alternative, de la permaculture, du yoga, des séminaires ou encore un espace de coworking. Des tensions internes, la découverte de pollutions à l’amiante et au plomb dans les structures et un conflit juridique avec le voisin ont mené à l’abandon du projet. Le jardin Jacoutot est aujourd’hui le seul vestige du projet EurOasis qui sera préservé. Le projet de rénovation sera soumis au vote des élus lors du prochain conseil municipal le 23 juin.

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Deux jours de mobilisation à Strasbourg contre l’interdiction du cannabis

Deux jours de mobilisation à Strasbourg contre l’interdiction du cannabis
Pour l’organisation norvégienne, la consommation de cannabis est un droit fondamental.


Un collectif norvégien organise lundi 23 et mardi 24 juin une manifestation devant le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’Homme. Il estime que la prohibition du cannabis est une violation des droits fondamentaux.

Des plants de cannabis devant le siège de la plus haute juridiction européenne. L’Alliance pour une politique axée sur les droits de l’Homme en matière de stupéfiants (Alliance for rights-oriented drug policies – Arod) appelle à manifester lundi 23 et mardi 24 juin devant de Palais de l’Europe et la Cour européenne des droits de l’Homme contre l’interdiction du cannabis en Europe.

« Quinze ans d’échecs judiciaires »

L’organisation norvégienne prévoit de dénoncer « quinze ans d’échecs judiciaires » et d’appeler à « une prise de conscience » face à une interdiction qu’ils assimilent à une « crise de l’État de droit ». Le fondateur d’Arod, Roar Mikalsen, prendra la parole, accompagné d’autres militants pour le droit de fumer du cannabis.

Arod a notamment publié un rapport qui estime que la « prohibition du cannabis » est à l’origine d’ »un million de sanctions punitives en Norvège et 400 000 décès annuels dans le monde ». Un chiffre que l’association attribue aux overdoses causées par l’absence de régulation de la consommation et à la criminalité liée aux réseaux clandestins. L’organisation dénonce notamment le rejet, à trois reprises, du recours de son fondateur contre l’État de la Norvège par la Cour européenne. Roar Mikalsen avait contesté la « prohibition du cannabis par la Norvège » mais la CEDH estime que la requête est « manifestement mal fondée ». L’organisation réclame une révision de cet arrêt.

Cette action s’inscrit dans une mobilisation de long terme. Après dix manifestations en Norvège depuis 2021, Arod entend faire de Strasbourg, siège d’institutions européennes, le nouvel épicentre de son combat, et prévoit de revenir chaque année jusqu’à l’application de ses revendications.

Rassemblement contre les violations des droits humains en Turquie

Rassemblement contre les violations des droits humains en Turquie
Le rassemblement se tiendra devant le Conseil de l’Europe.

Alors que les violations des droits fondamentaux se multiplient en Turquie, un rassemblement est organisé mercredi 25 juin devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg. Les manifestants exigeront l’application des arrêts de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Pour la quatrième année consécutive, le mouvement européen Peaceful Actions, accompagné de plusieurs organisations de la société civile turque comme Solidarity with others, le collectif LDDH, appellent à une mobilisation à Strasbourg mercredi 25 juin à partir de 13h30, devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg pour dénoncer les violations des droits de l’Homme par le gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan en Turquie. Le rassemblement coïncide avec la session d’été de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) et entend rappeler à cette institution, dont la Turquie est membre, qu’elle est chargée de faire respecter les décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH).

Sous le slogan « Justice for All », les organisateurs dénoncent l’inaction des instances européennes face aux violations persistantes des droits civils et politiques en Turquie. Ils critiquent notamment le refus d’appliquer les arrêts de la CEDH concernant des figures emblématiques comme l’homme d’affaires Osman Kavala ou l’ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP) Selahattin Demirtaş, tous deux détenus depuis des années pour des raisons politiques. D’autres décisions, comme l’arrêt Yalçınkaya, qui critique la criminalisation massive de membres présumés du mouvement religieux Gülen, sont également restées lettre morte.

Les participants entendent mettre en lumière une large répression en Turquie visant élus locaux, journalistes, fonctionnaires, militants kurdes ou encore étudiants. En 2024, plus de 3 000 personnes avaient répondu à l’appel, venues de toute l’Europe. Tous les parlementaires de l’APCE ont été invités à s’exprimer à la tribune.

L’ardoise de 6 millions d’euros laissée par un ancien directeur des Hôpitaux de Strasbourg

L’ardoise de 6 millions d’euros laissée par un ancien directeur des Hôpitaux de Strasbourg
Site de l’hôpital de Hautepierre, l’un des sites des HUS.

Le Canard Enchaîné a révélé que Michaël Galy, alors qu’il était directeur des Hôpitaux universitaires de Strasbourg de 2020 à 2023, a refusé de régler des loyers à une filiale de l’Assurance maladie alsacienne. La note, de plus de 6 millions d’euros, a mis en péril l’équilibre économique de l’organisme.

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Engagée pour la défense du service public de santé, la rédaction enquête depuis plusieurs années sur la situation des hôpitaux et du secteur de la santé en général. Ainsi, Rue89 Strasbourg a déjà révélé le contenu du contrat d’avenir du Centre hospitalier de Hautepierre, et le décès d’un patient sur un brancard pendant qu’il attendait aux urgences de Strasbourg.

Ces informations ne peuvent être obtenues que par un travail de terrain et des relations de confiance que nos journalistes entretiennent avec des membres du personnel soignant.

Rue89 Strasbourg est aussi un média qui accompagne les mobilisations des soignants. Nous avons été la première rédaction à donner la parole aux mobilisés de la « minute de silence pour la mort annoncée de l’hôpital public ».

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#Michaël Galy

Sous pression, des artistes montent un collectif pour structurer les luttes collectives en Alsace

Sous pression, des artistes montent un collectif pour structurer les luttes collectives en Alsace
Amélie s’enregistre parfois comme danseuse, même pour un travail de chorégraphe.

Des artistes ont créé le collectif Culture en lutte – Alsace, jeudi 12 juin à Strasbourg. L’objectif est de permettre aux artistes d’exprimer des revendications et de trouver de l’aide, dans un contexte de réduction des budgets culturels et des subventions.

Jeudi 12 juin, dans l’écrin du « jardin » de la Haute école des arts du Rhin à Strasbourg, une quarantaine d’artistes professionnels, intermittents, ou d’autres salariés du secteur de la culture, se sont réunis pour créer le collectif « Culture en lutte – Alsace ».

L’assemblée a débuté par un rappel des raisons d’être du collectif. « Se rencontrer, partager nos constats et réfléchir ensemble à ce que pourrait être, et ce qu’on pourrait faire avec ce collectif », a introduit Justine Siret, auteure et animatrice de la séance. Ce soir-là, pas de scène ni de projecteurs. Juste des chaises de jardin et des colères partagées.

Entre cachets et RSA

Première prise de parole, premier constat amer : pour beaucoup, vivre de son art relève de l’exploit. Amélie, danseuse et chorégraphe depuis dix ans, raconte :

« Depuis cinq ans, ma pratique professionnelle se complique d’année en année : je m’inscris parfois comme danseuse plutôt que comme chorégraphe. C’est moins bien payé, mais ça me permet d’être recrutée. »

Cet échange d’expérience s’est répété en petits groupes au début de la soirée, ce qui a permis à des artistes souvent isolés de rencontrer d’autres personnes confrontées aux mêmes problèmes. Parmi les questions liées aux revenus, le statut d’intermittent a rapidement émergé. S’il est salué pour sa souplesse, les artistes auteurs, illustrateurs ou plasticiens en sont exclus. Quant au Revenu de solidarité active (RSA), il impose depuis janvier à ses allocataires quinze heures hebdomadaires d’activité bénévole, sous peine de sanctions. Dans l’assemblée, plusieurs personnes en dépendent et ont dénoncé devoir désormais exécuter gratuitement des tâches étrangères à leur art.

Deana Kolencikova, auteure, performeuse et photographe, confie :

« Le métier d’artiste est encore trop romancé. Mes amis croient que je passe mes journées à voyager ou à griffonner deux-trois pages mais je passe des journées et des soirées à travailler sur mon ordinateur, pour faire avancer mes projets, comme dans n’importe quel emploi. »

« Bijou », organisateur d’événements culturels, se sent isolé face aux organismes :

« Dès que je veux signaler un changement de situation, je tombe sur des standards téléphoniques et des réponses toutes faites, souvent déconnectées de la réalité du métier d’artiste. »

Démarrage en douceur

Pour affirmer sa présence, Culture en lutte – Alsace mise d’abord sur une visibilité numérique , avec un compte sur Instagram. Le collectif prévoit d’intervenir dans les salons professionnels et d’initier des rencontres directes avec le grand public. Des collaborations avec d’autres associations culturelles sont également à l’étude. Les membres de Culture en lutte doivent se retrouver jeudi 26 juin à 18h30 à la Maison Mimir, pour lancer les premières « initiatives opérationnelles ».

Une centaine de personnes mobilisées contre la diminution de l’hébergement d’urgence

Une centaine de personnes mobilisées contre la diminution de l’hébergement d’urgence
Des tentes comme celles utilisées par les personnes SDF ont été installées devant la préfecture.

Un rassemblement s’est tenu mercredi 18 juin pour dénoncer la suppression par la préfecture de centaines de places d’hébergement d’urgence à Strasbourg. Malgré la hausse des demandes de prise en charge au fil des années, près de 80% d’entre elles n’aboutissent pas.

À l’appel de plusieurs collectifs, associations et syndicats, près d’une centaine de personnes, syndicalistes, enseignants, avocats, élus, réfugiés ou simplement citoyens, se sont rassemblées devant la préfecture mercredi 18 juin pour demander le respect du droit au logement. Après quelques prises de parole, une fanfare est venue « faire du bruit face au silence assourdissant de la préfecture ». Le 27 mai, ces associations ont adressé une lettre ouverte au préfet du Bas-Rhin pour réclamer l’abandon d’un projet de suppression de 704 places d’hébergement d’urgence, elle est restée sans réponse.

Les conditions de vie très difficiles des « gens sans toit »

Ce rassemblement était l’occasion de recueillir des témoignages de réfugiés n’ayant pas pu accéder au dispositif d’hébergement d’urgence de l’État. Aziz, âgé de 29 ans et père d’un enfant de quatre ans, est un réfugié afghan arrivé en France en 2024. « Activiste social » et détenteur d’un bachelor of laws, l’équivalent anglo-saxon du master de droit, il s’est retrouvé à la rue en juillet 2024, après avoir été hébergé trois mois dans un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (Cada).

C’est avec indignation qu’il décrit ses conditions de vie très difficiles : la pluie qui rentre dans leurs tentes, les douches à l’eau froide et une situation de stress permanent. « J’ai tous les documents nécessaires, explique-t-il. J’ai juste besoin d’un logement pour commencer à travailler. Je ne demande pas un truc luxueux, juste un toit pour construire notre vie en France. »

Aziz, réfugié afghan, s’exprimant devant la foule pour dénoncer l’inaction de la préfecturePhoto : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Un second réfugié afghan, Ahmad, âgé de 32 ans, dort également dans une tente. Il est arrivé en France en 2016 et il est à Strasbourg depuis un mois. Titulaire d’un diplôme de plombier-chauffagiste, il vient tout juste de trouver un emploi, via une agence d’intérim : « Je cherche un logement parce que je travaille comme tout le monde. Le matin, je me réveille et à 18h, je rentre mais pour dormir sous une tente ». Il ajoute ne pas manger à sa faim et parfois ne pas pouvoir se doucher pendant plusieurs jours. Une situation d’autant plus difficile à supporter qu’Ahmad, réfugié afghan, réalise des travaux de plomberie pour Ophéa, le principal bailleur social de l’Eurométropole, et qu’il constate avec étonnement de nombreux logements vacants.

Une lutte qui se poursuit sur le plan juridique

« Le droit au logement inconditionnel fait partie du cadre de l’action sociale. L’État est chargé de le respecter », rappelle Pierre Greib, coprésident de la Cimade Grand Est. « Le tribunal administratif de Grenoble a condamné l’État sur ce sujet, c’est une première, et à Strasbourg on vient de lancer une procédure similaire », a rappelé Gabriella Carraud, de la section strasbourgeoise du Syndicat des avocats de France.

Cette stratégie judiciaire vise à forcer l’État à respecter ses obligations légales en matière d’hébergement d’urgence. Gabriella Carraud cite le cas dramatique d’une famille géorgienne contrainte de dormir dans une voiture prêtée, leur fils de deux ans s’étant cassé le bras en chutant de la portière. « On a un enfant dans une situation de détresse extrême, on va tenter une procédure devant le tribunal administratif pour forcer la préfecture à les placer dans un hébergement d’urgence », explique-t-elle. Mais ces démarches sont longues et complexes, les participants ont évoqué l’intérêt de se mobiliser également au niveau politique. 

L’inaction des institutions

« Le combat pour le logement est permanent, plusieurs institutions se renvoient la balle : quand ce n’est pas à la préfecture de s’en charger, c’est aux services sociaux, puis c’est la mairie… », résume Sylwan, membre du comité bas-rhinois Droit au Logement. Un responsable de la CGT, s’adressant à la foule lors du rassemblement, a dénoncé un « jeu de ping-pong entre acteurs institutionnels qui a trop duré ».

Un comité strasbourgeois de Droit au logement (DAL) vient d’être créé. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

L’avocate Gabriella Carraud dénonce en outre les tentatives de la préfecture d’orienter les migrants en quête d’hébergement vers des centres de préparation au retour (CPAR) :

« La majorité des personnes refusent d’y aller parce qu’elles comprennent bien que l’objectif c’est de procéder à leur éloignement, pas de les loger. La préfecture utilise ce refus pour leur refuser ensuite tout accès à l’hébergement d’urgence. Mais on essaie d’expliquer que le CPAR n’est pas une solution, au sens du code de l’action sociale et des familles. »

Sept balades et un goûter pour les 60 ans d’Alsace Nature dimanche 22 juin à Strasbourg

Sept balades et un goûter pour les 60 ans d’Alsace Nature dimanche 22 juin à Strasbourg
Casserolade à Guebwiller organisée par Alsace Nature, le 21 juin 2023.

Balades à pieds ou à vélo et rencontres au parc de la Citadelle, le groupe local d’Alsace Nature à Strasbourg célèbre les 60 ans de sa création dimanche 22 juin avec un programme actif.

Dès 10h dimanche 22 juin, le groupe local Eurométropole Strasbourg d’Alsace Nature propose des activités à l’occasion de son soixantième anniversaire. Une première partie est dédiée à des balades à pieds ou à vélo en ville, à travers sept itinéraires « à la découverte d’enjeux écologiques ».

L’occasion de s’informer pendant des trajets de plusieurs heures sur les « herbes folles et visages à la Krutenau », les « potagers et maraîchers durables à Strasbourg », les éco-quartiers, les arbres sur le territoire de l’Eurométropole, les lieux d’influence des politiques environnementales, le Ziegelwasser ou encore… une forêt tropicale.

Lors d’un atelier animé par le groupe strasbourgeois d’Alsace Nature.Photo : document remis / Alsace Nature

L’inscription est recommandée pour les balades, mais non obligatoire. Chacune est limitée à une quinzaine de participants et l’une d’elle prévoit un repas tiré du sac.

Puis à 16h, la convergence des balades doit s’opérer au parc de la Citadelle, dans le quartier de l’Esplanade à Strasbourg. Une fanfare est prévue pour l’ambiance musicale, ainsi qu’un goûter et des cercles de discussion « sur des défis socio-environnementaux actuels ».

Au parc du Heyritz, 67 personnes dorment dans des tentes dont 28 enfants

Au parc du Heyritz, 67 personnes dorment dans des tentes dont 28 enfants
Mohammad Hussain, 44 ans, père de 4 enfants, arrivés en France avec sa famille en juillet 2024, et est dans le camp depuis mars 2025.

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Des visages et des témoignages d’habitants et d’habitantes des campements. Des révélations sur le business de l’hébergement d’urgence, sur les expulsions de familles par l’État, sur la tension alimentaire à Strasbourg, ou sur la réalité du plan Grand froid, au-delà de la communication préfectorale. L’engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c’est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.

Ces enquêtes et ces reportages ont un prix. C’est le temps de travail de Thibault Vetter et de Camille Balzinger, qui suivent de près, depuis plusieurs années, la problématique du manque d’hébergements d’urgence à Strasbourg et la précarité des personnes sans papier.

D’avance, merci pour votre soutien.

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Rassemblement pour la paix en Iran jeudi 19 juin

Rassemblement pour la paix en Iran jeudi 19 juin
Lors d’un rassemblement en janvier 2020 à Eugene (USA), après une attaque américaine contre un dirigeant iranien.

Suite aux bombardements de l’Iran par Israël depuis dimanche, le collectif « Voix des femmes : de Kaboul à Téhéran » appelle à un rassemblement contre la guerre jeudi 19 juin à Strasbourg.

Le collectif « Voix des femmes : de Kaboul à Téhéran » organise un « rassemblement citoyen » ce jeudi 19 juin de 18h à 20h, place du Corbeau à Strasbourg. Le collectif appellera les manifestants à dire « non à la guerre en Iran et à Gaza et oui à la paix dans le monde entier ».

Le vendredi 13 juin, Israël a lancé une campagne de bombardements sur les infrastructures stratégiques iraniennes, afin de ralentir les efforts de la république islamique de se doter d’une bombe nucléaire. Cette opération, appelé « Rising Lion » a notamment visé les usines d’enrichissement de Natanz et de Fordo, le centre de recherche d’Ispahan et le réacteur nucléaire d’Arak. L’Iran a répliqué par l’envoi de missiles et de drones vers Israël. Au 19 juin, les pertes iraniennes sont d’au moins 224 morts et 1 277 blessés selon le ministère de la Santé iranien, et d’au moins 24 morts parmi les civils israéliens.

Le collectif estime que « dans un contexte mondial marqué par la montée des violences, des guerres et des répressions, les femmes s’élèvent en premières agentes de paix. Elles portent les voix qui refusent l’escalade militaire, qui refusent le silence et l’oubli. Elles créent des ponts, tissent des solidarités et résistent aux logiques de destruction ».

Insulte raciste contre un collègue député : le porte-parole du RN Laurent Jacobelli plaide la « maladresse »

Insulte raciste contre un collègue député : le porte-parole du RN Laurent Jacobelli plaide la « maladresse »
Laurent Jacobelli.

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