Angelo Weiss, oncle de Enzo Weiss, décédé lors d’une course poursuite avec des agents de la BAC en avril 2023 à Strasbourg.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
La vie de la famille Weiss a basculé le 2 avril 2023, lorsque Enzo est mort à la cité de l’Ill à l’issue d’une course-poursuite avec la BAC. Depuis ce jour, son oncle Angelo lutte pour connaître les circonstances de ce drame. Fait rarissime : il a obtenu une réouverture de l’enquête.
« C’est un cauchemar ce qu’on vit, franchement, on a l’impression d’être dans un film. » Deux ans et demi après la mort de son neveu, Angelo Weiss est toujours en quête de vérité. Dans la nuit du 2 au 3 avril 2023, Enzo, 17 ans, est dans une voiture volée avec deux de ses cousins. Des agents de la Brigade anti-criminalité (BAC) repèrent le véhicule et tentent de l’arrêter, mais les jeunes fuient. Ils abandonnent la voiture et se séparent près du stade de la Thur à la cité de l’Ill. Selon la version du policier qui le suivait, seul témoin connu de la scène, Enzo se serait jeté dans la rivière juste avant d’être interpellé.
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Le spectacle Yokai de la compagnie The KrumplePhoto : James Coote
Pour ce mois de décembre 2025, notre sélection culturelle fait voyager de l’Allemagne en Birkenstock à Shanghaï sur grand écran. Il y aura aussi du vin chaud parce qu’on a été sages.
Paye ton Noël, un festival à suivre, vraiment
Les contrôles de sécurité et les illuminations sont en place, les rues se remplissent aussi vite que les verres de vins chauds et vous avez peut-être été conviés à un secret santa entre collègues… Pas de panique, le festival Paye ton Noël est de retour avec un programme qui donne des envies de festoyer en pull moche et de s’échanger des cadeaux inutiles. Pour sa 19e édition, le festival se déploie dans cinq lieux différents.
Après s’être installé au Marché Off fin novembre, Pelpass installe le mini-village de Paye ton Noël du 5 au 7 décembre place de Zurich pour un week-end de concerts, spectacles et animations compatibles avec les familles. C’est en accès libre, disons plutôt à prix libre, et il y aura de du vin chaud, des crêpes, des tartes flambées et tout ce qui fait Noël à Strasbourg, les touristes en moins.
Mardi 9 décembre, c’est Le Cosmos qui accueillera le concours Paye ton court-métrage sur le thème Guirlandes et sac de couchage, le Star étant rendu indisponible en raison des travaux du Saint-Ex.
Anysa, programmée à Paye ton Noël samedi 20 décembre.
Du 11 au 13, le festival se déplace au Molodoï avec notamment une soirée spécial camping le jeudi : loup-garou géant, concours en tous genres, karaoké live, Whitney Houston challenge… Le festival envoie ensuite des concerts vendredi et samedi puis remets ça les vendredi 19 et samedi 20 décembre mais à La Grenze. Qui a dit que décembre c’était relou à Strasbourg ?
Quel rôle pour les médias quand la démocratie est menacée ?
Guillaume Krempp, rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg participera avec les journalistes Maud de Carpentier, Nicolas Kaspar et Jacques Trentesaux à une table-ronde sur les médias et la démocratie au Marché Off lundi 1er décembre. Il s’agira de débattre sur le thème « Partout à travers le monde, la crise de la démocratie remet en question le rôle des médias ; mais qu’en pensent nos médias locaux ? » Bonne question…
Shanghai sur grand écran
Et si ce mois de décembre était l’occasion d’une plongée dans le patrimoine cinématographique de Shanghai ? Bon, il faut être disponible les mercredis matins à 11h, mais ça vaut le coup : les séances sont gratuites et l’on découvre un nouveau film chaque semaine. On doit ce cycle au Shanghai Film Technology Plant qui a entrepris la restauration de cinq œuvres majeures emblématiques, réalisés entre les années 1940 et 1990. Les films sont tous diffusés deux fois jusqu’au 21 janvier 2026, et en version sous-titrées.
Au riche programme de ce périple dans le temps : une histoire d’émancipation entre la Chine et Paris, un ancien détenu de camp de travail qui devient gardien de chevaux, la vie d’une actrice d’opéra en lutte contre un système masculin, le quotidien d’une fille de six ans dans les années 20, et deux actrices qui subissent les bouleversements socio-politiques de la Chine pré-révolutionnaire.
mercredi 3 décembre à 11h : Pan Yuliang artiste peintre (1994). Vendue à une maison close en chine lorsqu’elle est adolescente, Yuliang parvient à s’extraire de sa condition et devient une artiste peintre reconnue.
mercredi 10 décembre à 11h : Woman-demon-human (1987). La vie d’une actrice d’opéra chinois marquée par une lutte avec acharnée contre un système dominé par les hommes.
mercredi 17 décembre à 11h : Soeur de scène (1964). Au début des années 1940, une jeune villageoise maltraitée trouve refuge au sein d’une troupe mais leur lien se fragilise à mesure que les bouleversements socio-politiques traversent la société chinoise.
mercredi 07 janvier à 11h : Le Gardien de chevaux (1982). Après plusieurs années en camp de travail, Xu Ling Jun s’installe dans l’ouest de la Chine. Son père, sino-américain, le retrouve et souhaite l’emmener vivre aux États-Unis.
mercredi 14 janvier à 11h : My memories of old Beijing (1983). À la fin des années 1920, Yingzi Lin, une jeune fille de six ans, quitte Taïwan avec ses parents pour s’installer à Pékin.
mercredi 21 janvier à 11h : Pan Yuliang artiste peintre.
Yōkai Photo : James Coote
Yōkai, folie visuelle et fantastique
Avez-vous déjà entendu parler des Yōkai ? Ces créatures surnaturelles du folklore japonais apportent chance ou malheur aux vivants selon leur humeur. Le collectif Krumple leur donne corps à travers six interprètes qui mêlent mime, marionnette, danse et magie. Basée entre la Norvège et la France, cette compagnie concentre ses recherches sur un langage théâtral universel, fondé sur le jeu physique et la poésie visuelle. Sans un mot, le spectacle déploie une folie visuelle où le second degré règne en maître, oscillant constamment entre rire et émotion.
Les images sont aussi drôles que grinçantes : une branche d’arbre pousse dans l’oreille d’un homme qui vient de perdre sa femme ; un poisson surgit pour dévorer la tête d’un pêcheur solitaire, qui n’y prête même pas attention. Derrière ces visions oniriques se cache une fable contemporaine sur notre obstination à vouloir être heureux malgré tout.
Jongleur en Birkenstock
Une knack en équilibre sur une baguette de pain. Ça pourrait être le résumé de ce spectacle célébrant la rencontre culturelle entre la France et l’Allemagne. Sorte de one-man-show circassien, French touch made in Germany convoque à la fois la virtuosité – jonglage, acrobatie et mentalisme impressionnent – et l’humour de son interprète allemand installé en France depuis plus de 20 ans. Lui, c’est Immo, et on nous promet qu’il est « aussi à l’aise avec les mots qu’avec une tronçonneuse ». Il apprend à son public des recettes culinaires exotiques, des mots allemands à travers un numéro de mentalisme, fait (re)découvrir Kraftwerk, et peut-être même lancer un débat franco-allemand sur le foot ou le nucléaire… Le public est évidemment mis à contribution de ces performances burlesques qui jonglent entre les références des deux pays.
La bande annonce de French touch made in Germany.
Bass music à la Pokop
Les musiques électroniques, et plus particulièrement la bass music, seront à l’honneur de cette soirée CTRL:BASS imaginée par Les Pygmalions. L’objectif de cette association est de diffuser ce style de musique à Strasbourg. Mais bass music, késaco ? Ça regroupe un ensemble de genres musicaux caractérisés par des lignes de basse et du groove, comme le dubstep, le drum and bass, le UK garage, ou encore le hip-hop. La soirée promet une expérience immersive mêlant scénographie, création visuelle et DJ set. Cette édition accueille le DJ et producteur Asdek, figure de la scène électronique internationale, les artistes strasbourgeois·es et nancéien·nes Raver, Pauliphonie et Variäre. La soirée sera suivie d’un after party à la Péniche Mécanique.
Expo sur le reportage illustré
Le Musée Tomi Ungerer propose jusqu’au 15 février un face-à-face passionnant entre deux maîtres du « visual journalism » : Robert Weaver et Tomi Ungerer. L’expo explore l’illustration comme voix journalistique à part entière. Au programme, 83 œuvres de Robert Weaver, pionnier américain qui a fait du dessin un outil d’enquête et de narration. Son influence sur Ungerer ? Décisive. De ce dernier, on découvre notamment le carnet America qui rassemble des croquis réalisés entre 1956 et 1971, mêlant réalisme et satire pour capter les tensions de la société américaine. Si le reportage dessiné s’est fait rare dans la presse, la tradition des dessinateurs d’audience perdure (voir des reportages dessinés sur Rue89 Strasbourg ici, ici ou ici). L’exposition présente ainsi les œuvres plus récentes de Ronald Searle et d’Olivier Dangla, qui a couvert le procès Charlie Hebdo pour Le Monde.
Deux tenues typiques de l’armée américaine et de la Croix RougePhoto : Mathilde Schissele / Rue89 Strasbourg
Située à vingt minutes de Strasbourg, la médiathèque Les Triboques accueille l’exposition Brumath dans la guerre, de la mobilisation à la libération jusqu’au 10 décembre. Textes, lettres, photographies, médailles, artéfacts retracent le parcours et la position de l’Alsace, en particulier de la ville de Brumath, lors de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis l’extérieur, seule une assemblée de mannequins est visible et crée un effet inattendu. Chaque tenue relève la diversité des troupes mobilisées et présentes en région : les soldats français aux tenues américaines se distinguent par leurs casques à l’emblème de la République Française tandis que les soldats américains se présentent avec des casques recouverts d’un filet. Un autre uniforme est orné de la croix d’Anjou, plus connue sous l’appellation « croix de Lorraine », symbole de la résistance affiliée à Charles de Gaulle.
Une telle entrée en matière témoigne de l’engagement collaboratif entre la Ville de Brumath, la médiathèque Les Triboques, la Société d’histoire et d’archéologie de Brumath (Shabe) et l’association du Souvenir Français (qui a parfois du mal à se souvenir). Jean-Philippe Nicolle, vice-président de la Shabe, souligne l’implication qu’a pu demander les recherches auprès des archives de la ville afin d’apporter la documentation nécessaire aux textes, spécialement rédigés pour ce projet. Pour lui, « l’objectif est avant tout de cibler un panel de thèmes variés pour que chaque visiteur profite de l’exposition progressivement et selon ses propres intérêts ». Les vingt-huit panneaux écrits posent en premier lieu un cadre historique général, qui permet de contextualiser des dates, des événements-clés lors de l’occupation allemande en Alsace, en particulier pour Brumath et ses alentours.
Détail de la lettre de Marcel Weinum à sa famillePhoto : Mathilde Schissele / Rue89 Strasbourg Détail des insignes nazies portéesPhoto : Mathilde Schissele / Rue89 Strasbourg Équipement d’un landser de la WehrmachtPhoto : Mathilde Schissele / Rue 89 Strasbourg
L’agencement des panneaux oriente néanmoins le sens de la visite : tout d’abord, lorsque que la France entre en guerre, chaque ville doit organiser sa propre défense et protéger les civils. Située en territoire frontalier, Brumath accueille la présence de l’armée française jusqu’à l’annexion de l’Alsace-Moselle dès juillet 1940. Les noms des rues, tout comme les prénoms et noms de famille aux consonances françaises sont modifiés, la langue française est interdite. Le quotidien des habitants est bouleversé par l’omniprésence de la propagande du régime nazi (affiches antisémites, photographies dégradantes, poésies idéologiques et articles de presse faisant l’éloge du parti).
Main noire, Malgrés-nous et Indigènes
En réponse à la germanisation forcée, des réseaux de résistants se développent sur l’ensemble du territoire, notamment La main noire, un groupe majoritairement composé par des jeunes brumathois et strasbourgeois. Les opposants au régime sont sévèrement punis et envoyés au camp de concentration du Natzweiler-Struthof ou au camp de redressement du Vorbruck-Schirmeck.
Une attention particulière est portée à la situation des « Malgré-Nous », ces soldats alsaciens embrigadés de force et envoyés sur les fronts défendus par la Wehrmacht. Une majorité ne reviendra jamais ou du moins, pas indemne. René Kleinmann, Charles Criqui, Robert Baumgartner : divers profils d’embrigadés sont présentés au gré de leur parcours à travers l’Europe jusqu’à leur décès. Un autre regard appuyé est posé sur le rôle capital des « Troupes indigènes » de l’Armée française en 1944, notamment la 3ᵉ Division d’infanterie algérienne. Les commémorations ont tendance à rappeler le débarquement des troupes anglo-américaines sur les côtes de la Normandie et à éclipser l’implication, le dévouement et les sacrifices des Troupes indigènes débarquées en Provence et engagées pour certaines depuis 1942. Le nord de l’Alsace a été la dernière région française libérée par les armées alliées. Brumath a constitué un lieu de rassemblement pour les alliés et un bastion contre une éventuelle contre-attaque sur Strasbourg, notamment lors de l’opération Nordwind.
Accueil par « La Rosalie »
Le parcours historique est régulièrement ponctué par des récits, des actes spontanés de résistance qui ont silencieusement contribué à la libération alsacienne. À l’occasion du vernissage du 14 novembre dernier, le camion de pompiers Mercedes-Benz 1500F “La Rosalie” était de sortie. Acquis en 1943 avec l’accord de l’administration allemande, il sera employée à multiples reprises lors de l’offensive Nordwind. Alors que les bombardements perdurent, le corps des sapeurs-pompiers de la ville se risque à porter secours aux villes voisines, en particulier Bischwiller. Les multiples actes de courage, de bravoure et de dévouement leur vaudront l’attribution d’une distinction, la fourragère tricolore, toujours portée lors des commémorations.
Le vernissage du 14 novembre 2025 est marquée par la sortie de caserne de la RosaliePhoto : Mathilde Schissele / Rue89 Strasbourg
Mathilde Schissele est en deuxième année de master Écritures Critiques et Curatoriales de l’Art et des cultures visuelles à l’Université de Strasbourg. Ses sujets de prédilection concernent les méthodes de curation et l’art protocolaire.
L’association prévoit d’en faire une imprimerie-musée, des ateliers de lithographie et une salle d’exposition.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
À l’ouest de Strasbourg, l’ancienne imprimerie Geistel est restée figée dans les années cinquante. Pierres lithographiques, presses centenaires et vieilles étiquettes témoignent d’un riche passé que l’association Litho Geistel veut rouvrir au public.
Portail noir, jardin en friche et façade abîmée par le temps, la maison située au 48 rue du Gazon semble abandonnée. Elle dénote dans ce quartier résidentiel à la frontière entre les quartiers de Cronenbourg et Koenigshoffen à Strasbourg. Pourtant, à l’intérieur, des trésors d’une autre époque s’y cachent : ceux de l’imprimerie Geistel fermée en 1952.
Eugénie Geistel, l’unique héritière de l’entreprise, est décédée en mars 2023. Elle a légué ses biens au Fonds de dotation Geistel qui s’est constitué en association deux ans plus tard. Ses bénévoles, passionnés de lithographie, veulent redonner vie à ce patrimoine industriel et artistique en ouvrant l’imprimerie au public. « Ici, tout est authentique, on entre dans la peau de ceux qui y travaillaient il y a soixante-dix ans », commence Alain Hurstel, président de l’association Litho Geistel. Il poursuit : « J’appelle cette maison un tiers-lieu, pas seulement parce que le mot est à la mode, mais parce qu’on veut en faire une imprimerie-musée et un lieu d’expression pour les artistes lithographes. »
Le lithographe dessine la cathédrale à l’envers pour qu’elle soit à l’endroit après impression.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Une imprimerie figée dans le temps
C’est derrière la porte d’entrée en bois, sur laquelle un écriteau « Bureau » est toujours accroché, que les clients venaient passer commande. Ouverte en 1910, l’imprimerie Geistel était spécialisée dans les étiquettes et les affiches publicitaires. Une photo de Joseph Geistel et de sa femme décore le mur tandis qu’un portrait de leur fille Eugénie trône sur le bureau. Retour dans les années 1930, à l’âge d’or de l’imprimerie. Alain Hurstel s’engouffre dans le bureau du dessinateur où, sur une table en bois repose un bloc de pierre :
« Le lithographe était le publicitaire de l’époque. Il dessinait les commandes des clients sur des pierres calcaires. Ces artistes ont un esprit qui fonctionne à l’envers parce qu’ils doivent dessiner le reflet d’une image qui, après impression, sera à l’endroit. »
La lithographie est une technique d’impression, inventée en 1796, qui permet de reproduire un tracé réalisé sur une pierre calcaire. L’artiste trace son dessin à la graisse puis y verse tour à tour de l’eau et de l’encre. Le jeu entre le gras et l’eau fait apparaître le motif prêt à être imprimé. Dans les années 1950, cette technique est concurrencée par l’invention de l’offset qui remplace la pierre calcaire par une plaque souple en aluminium et permet de produire plus rapidement. Si la lithographie d’impression a quasiment disparu, elle a continué d’exister dans sa dimension artistique.
Les rouages de l’impression
Quelques marches plus loin, la salle d’impression donne accès à cinq presses imposantes. Contre les murs, des étagères regorgent de blocs de pierre rangés à la manière de livres dans une bibliothèque. Le travail d’inventaire entamé par les bénévoles de l’association Litho Geistel révèle les trésors cachés de l’entreprise. Fasciné, Alain Hurstel partage ses trouvailles :
« Nous avons recensé 1 700 pierres qui sont toutes numérotées en fonction du numéro de dossier des clients de l’époque. On a trouvé des étiquettes pour les bières Pills ou pour le confiseur Becco qui était un gros client. On a aussi des exemplaires de la fameuse carte postale de l’horloge astronomique de la cathédrale de Strasbourg. Ça nous donne une bonne idée de la vie économique des années 1930-1950. »
L’imprimerie compte 1 700 pierres lithographiques numérotées selon le dossier du client. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Les presses se mettent en mouvement. D’un côté, des rouleaux répartissent l’encre, de l’autre, une plaque humidifie la pierre. La feuille de papier vierge ressort noircie. En moyenne, 37 étiquettes sortent par page. Une commande de 500 000 exemplaires exigeait près de 13 000 passages. Florencia Escalante, vice-présidente de l’association mime et détaille le travail des anciennes salariées :
« Les ouvrières de l’impression étaient souvent des femmes. La margeuse plaçait le papier; la receveuse récupérait la feuille imprimée. Il ne fallait pas s’endormir, la cadence était soutenue. »
Redonner vie au lieu
« Les habitants du quartier étaient convaincus que la maison serait détruite et remplacée par un immeuble », se rappelle Alain Hurstel. Dans une rue de pavillons résidentiels, une tour aurait fait tâche. Le voisinage est donc rassuré de savoir le bâtiment entre les mains de l’association Litho Geistel. « Eugénie a fait un cadeau au quartier Cronenbourg. À nous d’en faire un lieu vivant, culturel et artistique, au service du quartier », poursuit le président.
Au-delà de transformer les lieux en imprimerie-musée, les bénévoles veulent donner de la visibilité aux lithographes artistes et proposer des ateliers aux établissements scolaires. À terme, ils souhaiteraient ouvrir une salle d’exposition. Mais ce projet suppose d’importants travaux pour mettre aux normes d’accueil du public une maison figée en 1952. Chauffage, isolation, électricité, toiture… Tout est à refaire.
L’association Litho Geistel compte une quarantaine d’adhérents dont une dizaine de bénévoles actifs. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Un permis de construire a bien été validé en août 2025 mais il reste à l’association à réunir 350 000€ pour engager les travaux et ouvrir au public. Un appel aux dons a été lancé sous la forme d’une cagnotte en ligne et des mécénats sont recherchés. Alain Hurstel raconte les actions déjà menées pour financer le projet :
« Aux Journées du patrimoine, on a récolté 650€ de dons en une journée et en vendant les objets de l’appartement d’Eugénie, on a obtenu 11 400€ au marché aux puces. Mais il nous manque encore beaucoup d’argent… Une fois qu’on aura réuni la somme, il faut prévoir deux ans de travaux avant l’inauguration. Il faut savoir être patient. »
La porte en bois se referme sur le patrimoine d’une époque révolue. De retour dans la rue, la bulle temporelle éclate.
Le temps d’une photo, les grévistes se sont rassemblés devant leur enseigne vendredi 28 novembre.
Vendredi 28 novembre, une trentaine de salariés de la Fnac de Strasbourg se sont mis en grève, suite à l’échec des négociations annuelles obligatoires sur leurs salaires. Drapeaux en mains, ils ont dénoncé la précarité de leurs emplois et les dégâts sur leur santé, alors qu’affluaient les clients du Black friday.
Ils n’auront eu que quelques minutes pour dénoncer leurs conditions de travail auprès des clients. Pour les salariés de la Fnac de Strasbourg, l’appel national à la grève du vendredi 28 novembre a été difficile à tenir. Interdits de manifester sur le parvis du magasin en raison du marché de Noël, les salariés grévistes ont en outre été remplacés par des cadres venus du siège et des prestataires extérieurs. « Black Friday oblige », glisse l’un d’eux, les yeux rivés sur les camions de CRS postés sur la place Kléber.
Devant leur enseigne, le va-et-vient des consommateurs se poursuit, imperturbable au mouvement social. « Force à vous », adresse tout de même un passant à la vue du chasuble CGT de Jean-Pierre Gouvernel. Après vingt-quatre ans passés dans les rayons de livres de l’enseigne, le syndicaliste gagne 1 700 euros nets par mois. « Ce qu’on veut, c’est des salaires décents », entame Jean-Pierre Gouvernel.
Jean-Pierre Gouvernel, délégué CGT de la Fnac Strasbourg.
Primes supprimées
« Cette année, après les négociations sur les salaires, le groupe Fnac-Darty est revenu sur les grilles conventionnelles », détaille le syndicaliste. Jusqu’alors, les employés touchaient, en plus de leurs salaires, des primes sur les ventes de services annexes comme « les cartes Fnac ou des assurances. » Lors des négociations annuelles, la direction du groupe a supprimé ces primes.
Avec 37 ans d’ancienneté au compteur et « un dos en vrac », Véronique Kaps est parvenue à faire reconnaître son état de santé comme une conséquence d’une maladie professionnelle. Représentante CGT du personnel, elle insiste sur le nombre d’arrêts-maladies et égrène, pêle-mêle, la liste des troubles musculosquelettiques (TMS) développés par ses collègues. « Certains ont des problèmes de dos, d’autres des tendinites… », cite-t-elle. Mais par « peur d’être déclarés inaptes, les gens n’osent pas déclarer leurs TMS », souffle-t-elle, les joues rougies par le froid. « Ici de toutes façons, on est tous précaires », soupire un salarié gréviste, drapeau en main.
Un magasin aux locaux mal adaptés
À l’arrière de la Maison-Rouge, la trentaine de grévistes s’est réfugiée dans la chaleur du bar La Mandragore. L’occasion d’aborder la dégradation de leurs conditions de travail. Balayant l’écran de son téléphone, Jean-Pierre Gouvernel fait défiler les photos de sa galerie. Sur l’une d’elles, on voit des seaux déposés sur le sol du magasin pour retenir l’eau s’échappant du plafond. « Il y a aussi des escalators défectueux », souligne une salariée qui préfère taire son nom. « Les locaux pour le stock en réserve ne sont pas adaptés », complète Véronique Kaps :
« Les produits sont empilés, sans être identifiés. Avec l’arrivée du “click and collect”, nous sommes contraints de soulever des caisses de plusieurs dizaines de kilos pour trouver les produits commandés. »
À la table d’à côté, deux salariés du magasin Conforama de Geispolsheim écoutent, attentifs, les protestations de leurs confrères et consœurs. « Nos revendications sont identiques : on dénonce la pression du chiffre d’affaires exercée sur les personnels. Le tout au nom de la rentabilité des magasins », lancent-il d’une même voix.
Margaux Delanys est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis octobre 2025. Originaire du Grand Ouest, elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille et s’intéresse aux enjeux sociaux.
Au Trokinskindels’märik de 2024.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Face à la cohue et au bruit du monde, Rue89 Strasbourg ne vous laisse pas seul·e. Retrouvez ci-dessous une sélection de marchés de Noël alternatifs, pleine de créatrices, d’illustrateurs et de plasticiennes locales.
Les Chinois, les Japonais et les Américains se ruent au centre-ville de Strasbourg pour arpenter les chalets du Marché de Noël et s’abreuver de vin chaud tout au long du mois de décembre. Mais les Strasbourgeoises et les Strasbourgois informés, eux, ont de la chance car ils peuvent éviter les contrôles, les policiers armés de fusils mitrailleurs, la cohue et les arnaques en se rendant auprès des marchés de notre sélection, pleine de créateurs indépendants, d’illustratrices de talent et de plasticiennes locales.
Le Mini Markt de La Grenze
La Grenze accueille un marché de Noël avec plus d’une vingtaine d’artistes et des artisans alsaciens dont :
Benjamin Salier et ses objets en bois local : bougeoirs, planches à découper, lampes, bancs, le tout made in Marlenheim,
Christelle Diale et ses illustrations fantastiques, petits objets imprimés, cartes et pin’s,
Collectif Badaboum et ses illustrations colorées sur papier et textiles et même sur paillassons,
Collectif Six Portions avec son jeu de société micro-édité, ses illustrations, livres, fanzines et tote-bags,
Daiku No Ki, soit Angèle Thuault et ses bijoux en pièces de bois travaillées à la main,
Graine2Fenouil et ses créations textiles et tricots pour aller vers le zéro déchet à partir de tissus recyclés…
Le marché Gruber
Le parc Gruber à Koenigshoffen accueille un important marché de Noël avec 46 exposants et 14 ateliers d’artistes du parc, ouverts pour l’occasion. L’accent est mis sur les créations artistiques. Parmi les exposants, il y aura notamment :
Le Maker Land festival propose une « édition de Noël » où il sera possible de réaliser ses propres créations sous la forme de travaux manuels. Des cadeaux et des créations uniques seront proposés à la vente dans une scénographie originale et des spécialités de Noël locales seront disponibles. De nombreuses associations partenaires du festival sont annoncées dont :
L’atelier M33 et l’atelier des Pleines s’associent pour héberger un marché de Noël des créateurs et des créatrices de la Meinau dans le quartier de la Plaine des Bouchers. Une vingtaine d’artisans (créateurs, photographes, illustrateurs, plasticiennes et artisans) proposeront des œuvres originales pour des cadeaux locaux. Parmi les artistes présents, il y aura :
Le bar proposera aussi de la petite restauration de Noël à consommer sur place et des concerts sont programmés :
DJ Set par _polytone_ samedi 6 décembre à 20h,
Jam / Scène ouverte, dimanche 7 décembre de 17h30-20h,
Concert, samedi 13 décembre à 18h,
Karaoké en continu dimanche 14 décembre.
Marché de Noël Hot·te Queer
Composée de quatre strasbourgeoise (Léah Fontaine, Nadia Sullivan, Noa Dené et Noëllie Caussade), l’équipe de Hot·te Queer a organisée un marché de Noël avec l’ambition de promouvoir les créateurs et les créatrices de la communauté LGBTQIA+. Une quinzaine de stands sont programmés. Le thème de cette édition est « spéciale vide-atelier », pour mettre à l’honneur les « anciens ouvrages et parfois imparfaits » à « petit prix ». Des ateliers et des tombolas sont prévus. Parmi les artistes présents, citons :
« Déclic Déclic », le marché de Noël de la Semencerie
« Déclic Déclic », le marché de Noël des artistes de la Semencerie est déplacé au Port-du-Rhin en 2025, pendant que l’ancien hangar qui les abrite dans le quartier Laiterie est en travaux. Au programme, une exposition collective, des spectacles déjantés et de la musique originale.
Le Troc’kristkindels’märik
Le Troc’afé est entièrement reconfiguré pour accueillir des artistes et des artisans, différents selon les week-ends. Sont annoncés par exemple :
Vous connaissez d’autres marchés de Noël alternatifs ? N’hésitez pas à les signaler en commentaires pour que nous puissions les lister dans une prochaine édition de cette liste.
Boris Eldagsen, La sensation demandée n’est pas disponible (détail), Promptographie, 2025.Photo : Boris Eldagsen
La Cryogénie et La Chambre exposent des travaux de Boris Eldagsen sur l’image et sa création par intelligence artificielle dans une exposition en deux parties.
Le projet Hantologie pour les débutant⸱es mené par Boris Eldagsen est proposé via une double présentation. Une première partie à La Chambre, galerie dédiée à la photographie, du 22 novembre au 25 janvier 2026 et une seconde à l’espace de recherche-création La Cryogénie, du 22 novembre au 19 décembre 2025. Avec l’intention de partager cette réflexion à l’ensemble du campus universitaire, l’œuvre s’étend jusque sur la façade de l’Atrium – centre de culture numérique de l’Université de Strasbourg situé au centre du campus de l’Esplanade – sous la forme d’une installation monumentale créée spécifiquement pour cet événement.
À la fois artiste et philosophe, Boris Eldagsen côtoie le médium photographique par le biais de programmes d’intelligence artificielle générative dont il se sert comme des outils de conception artistique. En 2022, il découvre Dall-E, une application qui permet de produire des images à partir d’une commande écrite (appelée un prompt).
Quelque chose manque et vous le savez
Au début du parcours d’exposition à La Chambre, l’artiste présente un mélange d’images polaroïd, d’images analogiques en noir et blanc et d’images d’archives produites avec l’intelligence artificielle : Quelque chose manque et vous le savez. Il nomme sa technique promptographie, en rappel de la commande envoyée aux algorithmes.
Sa série Trauma Porn lui a été inspirée par son père : celui-ci, alors âgé seulement de seize ans, a grandi avec la Seconde guerre mondiale. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il commence à retrouver les souvenirs et les traumatismes vécus. L’artiste propose de s’emparer de cette mémoire en tant que personne ordinaire qui n’a pas subi ces événements. Cette thématique, récurrente dans son travail, reste difficile à aborder en Europe. Pour Boris Eldagsen, le défi majeur de notre société contemporaine réside dans le retour du fascisme. Dans une critique de la situation socio-politique actuelle, l’artiste utilise des images de référence datant des années 1930 et 1940 en les modifiant par de nouvelles techniques à l’aide de Dall-E ou Chat-GPT.
Boris Eldagsen, It’s Complicated, Promptographie, 2025.Photo : Crédits image : Boris Eldagsen. Boris Eldagsen, Trap, Promptographie, 2025. Photo : Crédits image : Boris Eldagsen.
La sensation demandée n’est pas disponible
Dans la continuité de la thématique mise en avant par l’Université de Strasbourg sur l’intelligence artificielle, la deuxième partie de l’exposition à La Cryogénie, accueille en avant-première l’installation La sensation demandée n’est pas disponible (2025). Marouflée à même les murs intérieurs et extérieurs de l’espace, la fresque de Boris Eldagsen est parsemée de zen koans – anecdotes ou proverbes contenus dans des fortunes cookies – plantés par des épingles à de nombreux endroits sur le panorama immersif.
L’œuvre invite les visiteurs à venir lire les petits morceaux de papier, tous rédigés avec une intelligence artificielle. Les deux langues retenues par l’artiste, le français (en bleu) et l’anglais (en rouge), offrent la possibilité de choisir le mode de lecture. Trois vidéos projetées sur des téléviseurs, présentent des interviews fictives de trois personnalités : Vincent Van Gogh, Charles Bukowski et un stéréotype de punk.
Pour l’artiste, l’action de photographier permet de faire l’expérience du monde, d’aller à sa rencontre. À l’inverse, avec les intelligences artificielles, il n’y a plus d’expérience sensible. Boris Eldagsen ne propose pas une interprétation de son travail, c’est au public de l’engager. Il incite à une réflexion personnelle et à faire le lien entre ce que l’on regarde et nos émotions, notre vécu.
Étudiantes en Master 2 d’Écritures Critiques et Curatoriales de l’Art et des Cultures Visuelles au sein de l’Université de Strasbourg et chargées de médiation pour le dispositif Carte Culture. Leurs recherches portent sur les démarches de co-création entre artistes et jeunes en difficulté sociale, et sur les productions d’Art Brut contemporaines.
En octobre, les syndicats étaient parvenus à rassembler plusieurs milliers de personnes.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
Les syndicats CGT, Solidaires et la FSU appellent à la grève mardi 2 décembre, afin de peser sur les discussions parlementaires à propos du budget 2026. Un rassemblement est prévu à Strasbourg.
Les débats à l’Assemblée nationale et au Sénat sur le budget 2026 devraient durer jusqu’à la mi-décembre. « C’est le moment d’amplifier nos mobilisations de la rentrée pour mettre la pression pour obtenir la justice sociale, fiscale et environnementale dans ce budget », estime la CGT dans un communiqué. Le syndicat se joint à la FSU et Solidaires pour appeler à la grève dans les secteurs public et privé mardi 2 décembre. Parmi les revendications : l’abrogation de la réforme des retraites et l’augmentation des moyens pour les services publics et les hôpitaux.
La CGT déplore des « régressions graves » dans les mesures en discussion pour le budget 2026, avec notamment « la suppression de 3 000 postes dans la fonction publique », touchant tant l’Éducation nationale que les finances publiques, France Travail ou les organismes de la Sécurité sociale. Pour Solidaires, ces « mesures anti-sociales » du budget doivent faire l’objet d’un « barrage » mardi 2 décembre.
À Strasbourg, les trois centrales syndicales se joignent aux syndicats étudiants AES et FSE pour appeler à un rassemblement à 14 h place de la République.
Fermeture des cantines
Pour la Fédération syndicale unitaire (FSU), première organisation syndicale de l’enseignement, « la reconnaissance du travail des personnels doit passer par une revalorisation salariale afin de rattraper les pertes subies depuis de trop nombreuses années, de revaloriser le travail et les missions accomplies auprès des élèves et de redonner de l’attractivité au métier ». La Ville estime qu’au moins 25% d’enseignants seront grévistes mardi. Pour les enfants, un service minimum d’accueil (SMA) est prévu dans six écoles strasbourgeoises de 8h30 à midi puis de 14h à 16h30. Les cantines seront toutes fermées ce jour-là et la Ville précise que « les enfants devront impérativement être recherchés par un parent ou un représentant désigné sur le formulaire d’inscription ». « Cet appel est une initiative qui vise à s’élargir », espère la fédération CGT des services publics.
Margaux Delanys est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis octobre 2025. Originaire du Grand Ouest, elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille et s’intéresse aux enjeux sociaux.
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Eva Chibane est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis novembre 2025. Diplômée de l’ESJ Pro, elle a travaillé en Franche-Comté pour Le Trois et l’AFP. De retour à Strasbourg, elle arpente les conseils et les réunions politiques.
Eva Chibane est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis novembre 2025. Diplômée de l’ESJ Pro, elle a travaillé en Franche-Comté pour Le Trois et l’AFP. De retour à Strasbourg, elle arpente les conseils et les réunions politiques.
La Ville de Strasbourg a confié la gestion du stationnement en voirie à une nouvelle société publique locale, Parcus+ voirie. À compter du 1er décembre, cette société sera chargée des contrôles et de percevoir les redevances.
La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg ont créé la société publique locale Parcus+ voirie, afin de « mieux maîtriser la politique du stationnement » et « d’optimiser les moyens dédiés ». L’entreprise privée Streeteo était concessionnaire du recouvrement du stationnement en voirie depuis 2017, la municipalité écologiste a profité de l’échéance du contrat pour reprendre cette activité qui génère une quinzaine de millions d’euros chaque année. Parcus+ voirie prendra donc le relais de Streeteo à partir du 1er décembre. Tous les salariés qui souhaitent continuer seront embauchés par la nouvelle société publique, selon la Ville de Strasbourg.
Cette nouvelle société a un capital exclusivement public (95% Ville, 5% Eurométropole). Elle s’occupera donc notamment de la relation avec les usagers, visiteurs et professionnels, du contrôle du périmètre payant ou de l’entretien et de la gestion des horodateurs.
Les usagers bénéficieront désormais d’un guichet situé au niveau 0 du centre administratif, place de l’Étoile à Strasbourg. Ils pourront par exemple y demander des informations, ou enregistrer et payer les forfaits professionnels. Les personnes en situation de handicap auront en outre la possibilité de s’enregistrer là-bas, à l’aide de leur carte mobilité inclusion-stationnement.
Les applications mobiles de paiement du stationnement Easypark et Indigo Neo sont conservées. Parcus+ voirie prévoit de déployer sa propre application en 2026.
Parcus se réorganise
L’entreprise Parcus, qui était jusqu’alors chargée de la gestion des parkings publics de l’Eurométropole, se réorganise en trois entités :
Parcus+ développement est le nouveau nom de la société mixte historique (créée en 1973). Elle gère les parkings des Halles (P1 Marais vert, P2 Sébastopol, P3 Wilson), Étoile, Petite France, Bateliers, Esplanade, Saint-Nicolas… Elle gérera aussi le stationnement sur voirie à Schiltigheim et Bischheim à partir du 1er janvier 2026.
Parcus+ mobilités est une société publique (95% Eurométropole, 5% Ville de Strasbourg) qui gère les parkings Austerlitz, Gutenberg, Opéra Broglie, Gare routière Étoile…
Parcus+ voirie est une société publique (95% Ville de Strasbourg, 5% Eurométropole) qui gère le stationnement en voirie à Strasbourg.
La réunion publique sur la mise en place du permis de louer dans le quartier Gare.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg
À partir du 1ᵉʳ mai 2026, les propriétaires du quartier Gare devront demander un permis à la Ville avant de louer leurs biens. Lors d’une réunion publique mardi 25 novembre, ils ont largement exprimé leurs inquiétudes face à ce dispositif.
Rendez-vous était donné mardi 25 novembre à la médiathèque Olympe de Gouges pour la présentation du permis de louer aux habitants du quartier Gare. Dix minutes avant le début de la réunion publique, la salle est déjà comble. Une quarantaine de propriétaires et une dizaine de locataires attendent les élus de pied ferme. « Marie-Dominique Dreyssé va avoir cinq minutes de retard, je vous propose qu’on l’attende pour commencer. » La réponse fuse dans l’assistance, « non, on commence maintenant », suivie d’une série d’approbations à voix haute. Aurélien Bonnarel, élu en charge de l’expérimentation du permis de louer, se lance dans son exposé. L’ambiance est électrique.
Réponse en 30 jours
À partir du 1ᵉʳ mai 2026, dans le quartier Gare, les propriétaires privés de logement construits avant 2006 devront solliciter un permis de louer auprès de la Ville de Strasbourg. La demande devra être réalisée à la mise en location du bien ou à l’occasion d’un changement de locataire. Différents diagnostics (bilan énergétique, plomb, amiante, gaz, électricité) devront accompagner la demande en ligne. Sur la fois de ces déclarations, dans un délai de 30 jours, les services municipaux pourront autoriser la mise en location pour deux ans ou réaliser une visite du logement. En cas de problème d’insalubrité constaté, la location pourra être autorisée avec obligation de réaliser des travaux ou tout simplement interdite.
Aurélien Bonnarel, élu en charge de la mise en place du permis de louer.
« Nous voulons agir en prévention, avant que des locataires ne s’installent dans le logement et nous signalent les problèmes d’insalubrité », explique Aurélien Bonnarel. Le quartier Gare compte 5 149 logements concernés par le dispositif selon une étude réalisée par la municipalité. 10% d’entre eux poseraient des problèmes de dignité. L’expérimentation du permis de louer durera trois ans.
Une démarche supplémentaire pour les propriétaires
Arrive le temps d’échange avec le public, de nombreuses mains se lèvent. Un propriétaire prend la parole : « Quels moyens sont mis en place pour les contrôles ? Comment va-t-on procéder s’il y a trente jours de délai pour avoir votre réponse ? En un mois, les clients, ils vont partir. » Pascale Rouillard-Neau, cheffe du service hygiène et santé environnementale, prend la parole pour répondre :
« Le service hygiène connait les immeubles qui posent problème. Si votre immeuble est défavorablement connu de nos services, nous procéderons à un contrôle, sinon on validera les demandes. »
Son adjoint, Simon Le Goavec complète : « Il ne faut pas rester bloqué sur le délai de trente jours, c’est un maximum. » Pascale Rouillard-Neau reprend, « croyez-moi, on va aller très vite ».
Un logement insalubre quartier Gare.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
« Pourquoi ne pas vous concentrer sur les logements indignes plutôt que d’embêter 90% des gens, c’est une injustice », tempête un homme qui se présente comme propriétaire dans le quartier. Dominique, lui aussi propriétaire, détaille son sentiment à l’exposé du permis de louer :
« C’est une couche administrative supplémentaire, on fait un papier pour avoir un papier et ainsi de suite. Tout cela est purement administratif. »
La cheffe du service hygiène rappelle que les diagnostics demandés dans la procédure sont obligatoires. Un homme lui répond sans attendre son tour de parole : « C’est quand-même du travail en plus. » Aurélien Bonnarel, rappelle l’enjeu du dispositif :
« Je l’admets, c’est une contrainte, mais vous participez à faire reculer le logement indigne. »
Informer et rassurer
Marielle Sturm, propriétaire, a découvert l’existence de permis de louer par les affiches annonçant la réunion publique. Si elle concède que la démarche lui parait bonne, elle s’inquiète de ne pas être autorisée à louer ses appartements classés F par le diagnostic de performance énergétique. « S’ils se basent sur le DPE, j’ai peur de ne pas pouvoir louer. Mes logements ne sont pas indignes, je vis dans l’un d’eux. » Une autre personne interroge la pertinence des pièces demandées par la ville :
« C’est un non-sens de se baser sur ces diagnostics obligatoires, vous ne verrez pas les punaises, les moisissures ou les rats. »
Pour le service hygiène, c’est le contraire. L’utilisation de ces diagnostics permettra de diriger efficacement les contrôles.
Une cinquantaine de personnes ont assisté à la réunion publique sur la mise en place du permis de louer dans le quartier Gare.
Annie Stoeckel est l’une des rares locataires qui assistent à la réunion. Elle trouve la mesure positive. « Je ne comprends pas l’inquiétude des propriétaires, ça ne peut qu’améliorer leurs biens et rassurer leurs locataires. » Aurélien Bonnarel, lui, s’estime satisfait des échanges de la soirée : « C’est notre rôle d’élus d’écouter les craintes et les interrogations des habitants et d’essayer d’y apporter des réponses. C’est pour cela que l’on rentre dans une phase d’information qui durera six mois. » Il tempère les inquiétudes exprimées par les personnes présentes : « On sait que 90% des propriétaires auront les autorisations. » Au cours de la soirée, il a, à plusieurs reprises, rappelé la cible de la mesure : les marchands de sommeil.
La préfecture du Bas-Rhin a décidé, mercredi 5 novembre, de la création d’une commission de suivi de quatre usines du Port du Rhin qui ont dépassé les limites d’émissions de polluants. Elles seront obligées de communiquer avec les riverains et les associations, sous le regard des autorités.
Blue Paper, ESKA, Sénerval et ÉS biomasse vont être surveillés de près. Dans un arrêté préfectoral du 5 novembre, l’ex-préfet du Bas-Rhin, Jacques Witkowski, a acté la création d’une « commission de suivi du site du Port du Rhin Sud », une zone industrielle à l’Est de Strasbourg. Selon l’arrêté, cette décision est liée à « des dépassements de valeurs limites » pour les rejets de polluants dans l’air.
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Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.
J’entretiens des liens très forts avec l’Algérie, mon pays d’origine, où je me rends régulièrement. J’accorde un intérêt particulier au phénomène de harraga (les migrations clandestines par la mer depuis le Maghreb), que j’ai vu évoluer depuis les côtes algériennes.
Je n’oublie pas Montpellier, où j’ai passé 15 belles années et où je me suis spécialisée, après un cursus en Science politique à l’Université de Droit, en journalisme. En parallèle de ces études, j’ai longtemps été bénévole au sein de la web TV Kaïna TV, implantée dans le quartier populaire de la Paillade.
Pigiste durant trois ans, j’ai principalement traité des sujets de société (quartiers populaires, égalité femmes-hommes, migrations, discriminations, y compris à l’international).
Depuis 2020, je suis journaliste au pôle International de Mediapart et me concentre pleinement sur les migrations.
Le Centre éducatif renforcé du Climont est géré par l’Arsea. Il accueille huit mineurs, placés sous mandat judiciaire, pour des séjours « de rupture » de plusieurs moisPhoto : Les sources du Climont / Facebook
Plus de 5 ans après la révélation de violences sur mineurs en centres éducatifs renforcés, le procès se tenait mardi 25 novembre au tribunal correctionnel de Colmar. Mais au lieu d’une affaire retentissante, avec 17 éducateurs mis en cause au début de l’enquête, seuls trois ont finalement été poursuivis. Les enfants victimes, eux, sont absents.
« C’est un dossier qui m’a donné la nausée », lance au début de sa plaidoirie Me Sendegul Aras, avocate de l’un des prévenus. Un dossier où il a fallu, comme l’explique celle qui est également vice-bâtonnière de Strasbourg, « démêler le vrai du faux, savoir qui étaient les bonnes âmes, et qui instrumentalisait les enfants. »
Étrange procès que celui qui s’est tenu mardi 25 novembre à Colmar, où la parole des jeunes – censée être au cœur du dossier – était la plus difficile à entendre. Et où finalement, sur les 25 plaintes déposées à l’encontre de six éducateurs pour violences volontaires aggravées, seules deux ont été retenues, et trois éducateurs mis en cause par une dizaine de jeunes, pour des faits commis entre 2014 et 2020 au sein de deux centres éducatifs renforcés (CER) des Vosges.
124 mineurs interrogés
Après plus de cinq ans d’enquête judiciaire, et l’audition de 124 mineurs (âgés entre 13 et 17 ans au moment de faits), pas un seul n’a fait le déplacement pour venir assister à ce procès pourtant emblématique des défaillances de la protection de l’enfance. Seuls deux se sont constitués parties civiles, et un seul était représenté par une avocate.
À l’origine de cette enquête judiciaire, comme le rappelle d’emblée la présidente du tribunal Morgane Robitaillie, il y a une enquête journalistique, publiée en 2020 par le Nouvel Obs. Y sont dénoncés, pêle-mêle, par trois lanceurs d’alerte travaillant dans ces centres, des brimades, des insultes, des violences verbales à l’encontre de jeunes, mais aussi des violences physiques commises par plusieurs éducateurs.
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Vanessa Koehler a fini par obtenir un poste de professeur stagiaire au sein de l’académie de Strasbourg.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Vanessa Koehler avait observé une grève de la faim pendant près de trois semaines. Mardi 25 novembre, les services de l’inspection académique l’ont appelée pour lui annoncer son recrutement.
« Je suis vraiment contente. Je vais enfin pouvoir enseigner. » Le rêve de Vanessa Koehler s’est réalisé ce mardi 25 novembre. L’étudiante a reçu un appel de l’inspection académique. Elle a alors appris son recrutement en tant que fonctionnaire de l’Éducation nationale. Elle ne connaît pas encore le lieu ni la date de sa prise de fonction. Et les raisons de ce revirement de l’administration ne sont pas connues non plus : « Peut être que le rectorat a regardé à nouveau leurs besoins en professeurs ? Je sais juste que j’ai suspendu ma grève de la faim pour faire un pas vers eux. À ce moment, des représentants du rectorat m’ont dit qu’ils allaient chercher une solution. »
Inscrite à la onzième place sur la liste complémentaire du concours de recrutement des professeurs des écoles, Vanessa a été recrutée tout comme la personne inscrite à la dixième place de la liste. Vanessa n’avait pas obtenu de poste de professeure stagiaire à la rentrée 2025. Le rectorat lui avait alors conseillé de candidater en tant que contractuelle, un poste d’enseignement mais bien plus précaire et qui ne correspond pas à sa formation ni à ses résultats. Jugeant cette proposition indécente, la jeune étudiante de 25 ans avait entamé une grève de la faim le 28 octobre. En cause : le refus du rectorat de l’embaucher en tant que professeure stagiaire et fonctionnaire de l’Éducation nationale.
Interrogée sur son état de santé, Vanessa Koehler décrit son corps qui s’est réhabitué à manger : « Ça va mieux, j’ai repris cinq kilos sur les neuf que j’ai perdus. » La future professeure alsacienne a l’impression de ne pas avoir de séquelles de sa grève de la faim qui a duré près de trois semaines. Elle se réjouit donc de faire bientôt face à une classe. « Niveau motivation, j’ai fait mes preuves », glisse-t-elle d’une voix malicieuse.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.