Le « mammobus » a été inauguré en septembre 2025. Fin novembre, il reste au garage du centre hospitalier de Saverne.Photo : Document remis
Élus des collectivités et dirigeants des instances de santé locales ont inauguré à Saverne un bus de prévention santé en septembre 2025. Problème : le « mammobus » de la start-up Hocoia reste au garage depuis…
« Lors de l’inauguration, les élus, le sous-préfet, un représentant de l’Agence Régionale de Santé étaient là. Personne n’a parlé de problème technique. » Président de la ligue contre le cancer du Bas-Rhin, Robert Herrmann cherche à comprendre. Comment est-il possible qu’un bus dédié à la détection des cancers féminins reste au garage du centre hospitalier de Saverne fin novembre 2025 après avoir été inauguré le 11 septembre de la même année ? « Le retard paraît pour le moins anormal », continue l’ancien président socialiste de l’Eurométropole de Strasbourg. Robert Herrmann sent que l’origine du problème lui échappe : « On m’a d’abord parlé d’un manque d’accès aux personnes handicapées. Puis j’ai constaté sur place qu’il y en avait un. À chaque fois, il y a une autre explication… »
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Les œuvres des plus grands musées s’affichent sur les murs de la micro-folie.Photo : Le Shadok / doc remis
L’association La Cybergrange aimerait ouvrir une « micro-folie » dans l’enceinte du Shadok à Strasbourg. Il s’agit d’un musée virtuel, permettant d’approcher les principales œuvres d’art de l’Humanité, en vidéo ou en 3D. L’association cherche 7 500 euros pour boucler le budget de fonctionnement.
Une micro-folie est un musée numérique permettant de découvrir en vidéo ou en 3D plus de 5 000 œuvres numérisées issues de 411 établissements culturels du monde. Ce projet est né au Parc de La Villette à Paris. 638 endroits de ce type existent déjà, dont une trentaine hors de France. La Cybergrange, association gestionnaire du Shadok, le lieu d’éducation au numérique de la Ville de Strasbourg, a décidé de lancer le projet à Strasbourg. Un financement participatif est en cours pour trouver 7 500 euros afin de participer aux frais d’emploi d’un ou d’une médiatrice. Il permettra aussi de savoir si le projet trouve de l’écho à Strasbourg.
Écrans et réalité virtuelle
Selon le dossier de la Cybergrange, la micro-folie de Strasbourg sera constituée de cinq espaces, tous situés au premier étage du Shadok : un lieu doté d’un immense écran permettant de voir des tableaux et d’autres œuvres avec une définition très importante, un lieu équipé de casques de réalité virtuelle pour voyager à l’intérieur de certains des plus beaux musées du monde, une « biblio/ludo/thèque », c’est à dire un endroit avec des livres et des jeux numériques à disposition, un espace dédié aux jeux vidéos et un atelier avec des imprimantes 3D pour expérimenter.
La Cybergrange espère embaucher des médiateurs afin d’encadrer les visites comme le détaille Jérôme Tricomi, son directeur :
« Le catalogue des œuvres disponibles est trop important pour qu’on puisse naviguer sans aide. Et avec un médiateur, on peut aussi s’adapter aux groupes. Par exemple, si des jeunes apprécient les mangas, on peut partir de là pour remonter jusqu’aux estampes japonaises… Puis après la découverte, il y a l’expérimentation dans l’atelier, partir des œuvres pour réaliser des objets en impression 3D, des impressions sur étoffe, etc. »
Le musée virtuel devrait cependant afficher des « expositions numériques », visitables en autonomie, en dehors des périodes réservées par le médiateur.
Un projet inclusif
La Cybergrange souhaite garder l’accès à ce musée virtuel gratuit. L’association évoque dans son dossier que l’accès à la culture internationale peut être complexe pour les habitants du Grand Est, dont 26% habitent loin d’un espace culturel. La ou le médiateur aura en outre pour charge de connecter des groupes de jeunes des quartiers populaires à des œuvres et des courants culturels du monde. Deux groupes pourraient être accueillis chaque mois si le financement participatif dépasse les 15 000 euros.
Coûts et objectifs
La Cybergrange estime à 30 000€ son besoin d’investissement, explique Jérôme Tricomi :
« Nous avons déjà une partie du matériel mais nous avons besoin d’un vidéo projecteur ultra-haute définition, de quelques casques de réalité virtuelle supplémentaires et de tablettes pour pouvoir accueillir les groupes. »
La Cybergrange a sollicité des actions de mécénat auprès de plusieurs entreprises privées pour financer ces équipements. Jérôme Tricomi espère ouvrir le cyber-musée en mars 2026. Mais si la campagne de financement participatif devait échouer, prévient-il, ce serait le signe que cet espace n’est pas attendu par le public du Shadok et tout serait alors annulé.
L’entreprise fondée par Thomas Edison en 1889 s’est scindée en trois entités en 2021.Photo : Gust / FlickR / cc
General Electric Heathcare va supprimer une trentaine d’emplois à Strasbourg pour transférer l’activité en Inde. Le groupe américain avait acheté cette entreprise spécialisée dans la mesure de l’exposition aux rayonnements en 2014.
À Strasbourg, General Electric Healthcare conçoit et commercialise aux établissements de santé une solution de « dosimétrie » pour mesurer l’exposition aux rayons X des radiographies, DoseWatch. Le groupe américain avait racheté l’entreprise Serphydose en 2011. La société avait été créée par le radiophysicien strasbourgeois Luc Mertz un an plus tôt pour produire et commercialiser DoseWatch.
En 2026, General Electric Medical Systems (GEMS), la filiale française du groupe américain, prévoit de délocaliser l’activité de DoseWatch, installée dans le campus NextMed à Strasbourg, à Bangalore en Inde, où sont déjà hébergées les données. L’équipe strasbourgeoise, composée de 29 personnes, assurait jusqu’ici le suivi et le développement de cette solution de mesure individuelle des rayonnements reçus pour 1 600 clients, principalement des cabinets de radiologie ou des hôpitaux.
La trentaine de salariés strasbourgeois de GEMS déplore d’avoir été ainsi rayée de la carte mondiale du groupe américain. L’un d’eux, qui garde l’anonymat pour se protéger d’éventuelles représailles, détaille :
« En 2019, les équipes travaillant sur DoseWatch et les autres logiciels d’analyse de données étaient composées d’une cinquantaine de postes à temps plein. Puis GEMS a graduellement cessé de remplacer les départs alors que la solution est rentable. Elle génère entre 6 et 8 millions de chiffres d’affaires selon les éléments en notre possession. »
« General Electric Medical Systems emploie plus de 2 500 personnes en France. Alors, c’est quoi le plan stratégique derrière la suppression de nos postes ? Il ne s’agit que d’un mouvement purement comptable parce que nous ne sommes pas assez rentables selon les critères des actionnaires du groupe… »
Contacté, un porte-parole de General Electric Healthcare confirme que des discussions ont été entamées avec les représentants du personnel :
« Le projet pourrait conduire à la suppression de 32 postes dont 3 vacants sur le site de Strasbourg. Un accompagnement individuel sera apporté à chaque salarié concerné. »
Parmi les salariés bientôt licenciés se trouvent des développeurs, des ingénieurs support, des ingénieurs médicaux et des personnels administratif. La plupart ont entre 5 et 10 ans d’ancienneté et ont porté la solution depuis sa douzaine de premiers clients jusqu’à sa 2e position mondiale actuelle.
Député de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes (La France insoumise) indique dans un communiqué qu’il « saisit dès lundi 24 novembre le ministre de l’Économie, Roland Lescure, par le biais d’une question écrite » pour qu’il réponde sur « cette perte majeure de savoir-faire pour la France et cet affaiblissement de notre souveraineté, en particulier sanitaire et technologique ».
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Une centaine de manifestants de la Confédération paysanne se sont rassemblés devant le Parlement européen lundi 24 novembre contre le traité UE-Mercosur.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Une centaine de manifestants se sont rassemblés lundi 24 novembre devant le Parlement européen pour exhorter les eurodéputés à poursuivre la contestation du traité de libre échange avec l’Amérique latine devant la Cour de justice de l’Union européenne.
Par petits groupes, les manifestants s’agglutinent sous les tonnelles pour échapper à la pluie glacée de ce lundi 24 novembre. L’un d’eux, harmonica aux lèvres, entonne L’Internationale, laissant échapper éclats de rires et fausses notes. Jean-Philippe Duhail est agriculteur dans une « ferme microscopique » à Aubure dans le Haut-Rhin. Avec ses quelques vaches laitières, cet adhérent de la Confédération paysanne est venu défendre son « système d’un autre temps ».
Autour de lui, ils sont une petite centaine à s’être rassemblés devant le Parlement européen à l’initiative du syndicat agricole anti-productiviste pour réaffirmer leur opposition au traité commercial avec les pays du marché commun de l’Amérique du sud (Mercosur). « Avec ce traité, on va importer des choses qu’on peut produire chez nous pour leur envoyer des bagnoles, ça n’a pas de sens », brocarde Jean Bianchi, apiculteur du Haut-Rhin.
Jean-Philippe Duhail, membre de la Confédération paysanne est venu soutenir un autre modèle agricole.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
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Margaux Delanys est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis octobre 2025. Originaire du Grand Ouest, elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille et s’intéresse aux enjeux sociaux.
Olivier Klein, recteur de l’Académie de Strasbourg.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Olivier Klein, recteur de l’Académie de Strasbourg, est aussi maire de Clichy-sous-Bois. Alors qu’il occupe ce poste de haut fonctionnaire en Alsace, il hésite encore à se lancer dans la campagne des municipales pour briguer un nouveau mandat dans cette ville située à côté de Paris.
Pourquoi le président de la République Emmanuel Macron a-t-il désigné Olivier Klein recteur de l’Académie de Strasbourg, le 26 juin 2024 ? Ni l’Élysée, ni le ministère de l’Éducation nationale n’ont répondu à notre question. Ce jour-là, Olivier Klein a accepté de s’occuper des 330 000 élèves et des 31 000 personnels de l’éducation en Alsace. La tâche est déjà ardue comme ça. Elle semble devenir impossible quand on sait que le même homme est également maire de Clichy-sous-Bois, une ville de 30 000 habitants en région parisienne, troisième commune la plus pauvre de France.
Pour son métier de recteur, il perçoit un salaire de plus de 9 200 euros nets par mois. « Je ne les vole pas, je travaille chaque jour de 8h30 à plus de 22h pour le rectorat. Ma priorité, c’est l’Académie de Strasbourg. Mon engagement ici est total, je le fais avec passion », assure Olivier Klein. Il racontait l’inverse à des journalistes du Parisien en mars, sa priorité c’était Clichy-sous-Bois.
Les recteurs ont l’une des fonctions publiques les mieux rémunérées en France, beaucoup gagnent plus que les préfets. En Alsace, comme presque partout, ils bénéficient en plus de privilèges comme un grand appartement de fonction à l’hôtel du rectorat, ou une voiture de service avec un chauffeur. « Je paye mes charges, je fais mes courses, mes lessives, on n’est plus au Moyen Âge », promet-il à Rue89 Strasbourg. Parallèlement, il perçoit environ 2 400 euros nets par mois pour son mandat de maire.
Olivier Klein fait des allers-retours entre Clichy-sous-Bois et Strasbourg.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Inquiétude du personnel
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Vue de l’Installation Pepper’s Ghost, reprise d’une technique scénique du XIXe siècle.Photo : Axelle Lehmann / Rue89 Strasbourg
Le Kunstmuseum de Bâle ouvre ses portes aux esprits avec une exposition temporaire appelée Fantômes, Sur les traces du surnaturel. Plongées dans une atmosphère sombre et mystérieuse, les 160 œuvres présentées immergent le public dans un passé qui n’a pas fini de hanter.
Point n’est besoin d’être une Chambre
– pour être Hanté –
Point n’est besoin d’être une Maison –
Le Cerveau a des Couloirs
– qui surpassent
L’Espace matériel
Emily Dickinson (1830–1886)
L’imaginaire est remplie de fantômes, ectoplasmes ou autres spectres. Le Kuntsmuseum de Bâle propose une rétrospective de 250 ans sur les productions artistiques qui cherchent à rendre compte de leur présence.
Entre art et histoire : comprendre la nature des fantômes
Ce qui frappe dès la première salle, et pour l’ensemble du parcours de l’exposition, c’est le choix scénographique singulier ici : les œuvres sont exposées avec une parcimonie de lumière qui en révèlent toute la dimension inquiétante, dérangeante. Parmi les photographies qui nous sont parvenues du XIXe siècle et qui présentent des scènes d’exorcisme et de possessions, il se trouve aussi divers objets comme un plateau de ouija. Invisible et insaisissable, le fantôme a longuement intrigué la science. De nombreuses expériences ont été menées pour prouver leur existence. Si le fantôme est un être impalpable, la présence de ces reliques le matérialise pleinement.
Vue de l’œuvre To Repel GhostsPhoto : Axelle LEHMANN / Rue89 Strasbourg
Des notes de médium, griffonnées frénétiquement sont ici présentées à côté de tableaux et d’objets spirites. Fantôme, sur les traces du surnaturel cumule 160 œuvres et objets qui représentent autant d’interprétations et expériences de l’invisible et de ses mystères. Chaque photographie, chaque toile et chaque sculpture représente alors un espoir de se rapprocher de la compréhension d’un monde hors de notre portée. Le public est emporté dans un cheminement d’exposition, à travers les clichés, objets divinatoires et représentations culturelles que les artistes, médiums et scientifiques ont attribué aux spectres. Il ne s’agit ni de remettre en question le caractère rationnel de l’existence, ni de fonder une croyance en l’existence des spectres. L’exposition donne plutôt à voir ici de nouvelles facettes du fantôme, et de son histoire.
Ressentir la hantise – parcourir l’exposition et frôler l’au-delà
Beaucoup d’éléments visuels ont été associés aux fantômes et au passage dans l’au-delà. L’obscurité des lieux rend bien plus alerte aux changements de température et autres souffles qui existent dans le dédale des couloirs. Des lumières clignotantes balisent le parcours. Les motifs du brouillard et du voile, que l’on retrouve dans de nombreux clichés et peintures, s’accompagnent d’une atmosphère sonore sombre, ou même lugubre, qui semble hanter le public depuis l’entrée. Si les fantômes ne s’étaient pas déjà invités dans le parcours, ils seraient fabulés dans le reflet d’une vitre ou dans le râle bourdonnant qui emboîte le pas des visiteurs.
Le parcours se rythme aussi par un rapport singulier aux œuvres. Les murs des premières salles présentent une surcharge visuelle : toiles, projections vidéo, installations et photographies en tout genre… Puis, soudain, l’ambiance change : une pièce entièrement déserte. Il faut alors avancer prudemment dans un espace qui semble à présent hanté par le vide pour, peut-être, ressentir le souffle d’une « inquiétante étrangeté ».
Mais le fantôme n’est pas uniquement l’apparition inexpliquée qui terrifie les nuits, ces récits pleins de fantasmagories. Il peut également se matérialiser au travers de tous ceux qui sont absents, ou qui ont été effacés de l’histoire collective : dans la violence des actes qui ont réduit des voix humaines au silence. Il existe en effet des passés tenaces qui hantent le présent, des absences refoulées qui peuvent resurgir tout à coup, au détour d’un moment d’histoire, à l’image des promesses de hantises des victimes d’injustices structurelles que l’on retrouve griffonnées hâtivement sur le blanc d’une toile de Glenn Ligon : « Je me transforme sous tes yeux en fantôme et je viendrai te hanter. »
Étudiante en deuxième année de Master ECCA, mes recherches portent sur les politiques visuelles et la mise en image des dispositifs de domination, notamment dans la mise en mouvement des corps
Les 82 passagers de la flottille ont subi trois jours de mauvais traitements en Israël, pour avoir voulu apporter leur aide à la population de Gaza.Photo : Mohammed Abarguiss
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L’agence de prévention des violences sexistes et sexuelles Égaé pointe des insuffisances dans la prise en charge des alertes et des victimes de l’ancien adjoint à la maire Hervé Polesi. Une formation insuffisante sur les violences sexistes et l’absence de cadre précis pour dénoncer un élu sont en cause.
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La maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Écologistes) veut tirer les leçons des défaillances dans la gestion de l’affaire Hervé Polesi.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Après avoir pris connaissance du rapport dédié à la gestion de l’affaire Hervé Polesi, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, annonce plusieurs mesures pour corriger les défaillances dans la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles au sein de la collectivité.
Une lettre d’excuses aux victimes, un rapport commandé au cabinet de la militante féministe Caroline de Haas, des annonces… La maire de Strasbourg cherche à reprendre la main sur l’affaire Hervé Polesi. Il faut dire que la position devenait intenable pour Jeanne Barseghian (Les Écologistes). En pleine campagne pour les élections municipales, l’élue au discours féministe appuyé se doit de clarifier sa prise en compte des accusations de violences sexistes et sexuelles (VSS) par l’un de ses adjoints, au sein de la collectivité et de l’Université de Strasbourg.
Dans cet entretien à Rue89 Strasbourg, Jeanne Barseghian admet les erreurs commises dans ce dossier et précise les faits derrière les termes flous comme « propos inappropriés ». Il engage Jeanne Barseghian, candidate pour un nouveau mandat, à mettre en œuvre de nouvelles mesures pour éviter que des femmes ne se sentent pas protégées face à des VSS commises par un élu ou un agent de la collectivité.
Rue89 Strasbourg : quel a été votre sentiment à la lecture de ce rapport ?
Jeanne Barseghian : Je ressens une détermination à tirer les enseignements de cette affaire et à mettre en œuvre l’ensemble des préconisations qui figurent dans le rapport. On doit pouvoir améliorer tous les dispositifs de signalement et d’accompagnement des victimes et finalement de sanctions des auteurs pour empêcher tout type d’impunité, à fortiori quand il s’agit d’un élu. C’est vrai qu’il est apparu nécessaire de renforcer nos dispositifs pour pouvoir protéger toutes les femmes au sein de notre collectivité.
Quel est votre sentiment en prenant conscience qu’en fin de mandat il y a encore des failles dans le dispositif de prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles au sein de la collectivité ? N’est-ce pas un peu tard pour agir ?
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Le rassemblement s’inscrit dans le cadre de la campagne « Don’t touch my Schengen », lancée en 2016 par les Jeunes Fédéralistes Européens.
Les Jeunes Européens de Kehl et du Bade-Wurtemberg organisent un rassemblement dimanche 23 novembre à 14 h sur le parvis de la gare de Kehl contre les contrôles aux frontières dans l’espace Schengen.
De l’autre côté du Rhin, Les Jeunes Européens sont en colère. Selon eux, plus d’un tiers des États membres de l’espace Schengen ont réintroduit des contrôles aux frontières. « Ces contrôles perturbent durablement le quotidien des personnes vivant à Kehl et ailleurs le long de la frontière franco-allemande ou germano-suisse », précise l’organisation.
Des contrôles qui se renforcent et « violent désormais également le Code des frontières Schengen, qui limite la durée des contrôles aux frontières intérieures », ajoutent les organisateurs. Ils soulignent les effets symboliques et culturels de la réapparition des frontières :
« La liberté de circulation, que les jeunes considèrent comme acquise et qui est un symbole de l’intégration et de l’identité européennes, est remise en question à grande échelle. »
Politique symbolique et coûteuse
Les organisateurs dénoncent également l’inefficacité de ces contrôles :
« Selon le syndicat de police, les contrôles aux frontières intérieures sont inefficaces pour lutter contre la migration irrégulière, car les points de contrôle fixes sont faciles à contourner et une surveillance globale n’est pas possible. Il s’agit donc d’une politique symbolique coûteuse qui implique également une charge de travail nettement accrue pour la police, incapable de garantir la sécurité ailleurs. »
Selon une étude d’Allianz Trade de septembre 2024 citée par les Jeunes Européens, les contrôles aux frontières pourraient coûter à l’économie allemande 11,5 milliards d’euros par an.
Grandir sans frontières
« En tant que jeune génération, nous avons grandi sans frontières. Ici, l’une des réalisations fondamentales de l’UE et notre identité européenne sont attaquées », dénonce Sarah Reisinger, présidente des Jeunes Européens du Bade-Wurtemberg.
Le rassemblement s’inscrit dans le cadre de la campagne « Don’t touch my Schengen », lancée en 2016 par les Jeunes Fédéralistes Européens, qui militent pour la protection de la libre circulation en tant que droit fondamental des citoyens européens.
Eva Chibane est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis novembre 2025. Diplômée de l’ESJ Pro, elle a travaillé en Franche-Comté pour Le Trois et l’AFP. De retour à Strasbourg, elle arpente les conseils et les réunions politiques.
Vanessa a suspendu sa grève de la faim au début du week-end du 15 novembre.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Après avoir passé 19 jours sans s’alimenter, Vanessa Koehler a suspendu sa grève de la faim. Le co-secrétaire de la CGT Educ’action, Dominique Haquette, attend une réaction du ministère de l’Éducation nationale.
« La vie de Vanessa est en jeu », rappelle avec gravité le co-secrétaire académique de la CGT Éduc’action Dominique Haquette. Contactée par Rue89 Strasbourg dans la matinée du mardi 18 novembre, Vanessa Koehler venait de suspendre sa grève de la faim. Après avoir passé 19 jours sans s’alimenter, elle a recommencé à se nourrir depuis le 15 novembre. Pour rappel, la jeune femme de 25 ans figurait sur la liste complémentaire du concours de professeur des écoles en juillet 2025. À quelques pas de la titularisation, l’académie de Strasbourg ne lui a finalement proposé qu’un poste de contractuelle. Une proposition jugée aussi précaire qu’inacceptable par Vanessa Koehler.
Individualisation du combat
Malgré sa fatigue, Vanessa est restée déterminée et a laissé le syndicaliste cégétiste Dominique Haquette détailler l’état des négociations avec le rectorat de Strasbourg. Ce dernier espère obtenir du ministère de l’Éducation nationale une solution en prenant en compte la situation particulière de la jeune professeure :
« Nous avons pu leur dire que Vanessa se bat par rapport à sa situation particulière. Elle n’est pas le fer de lance de toutes les personnes sur liste complémentaire. Nous avons aussi rappelé que Vanessa était sur la liste complémentaire à Strasbourg et passait le concours en même temps à l’académie de Versailles. Les services académiques strasbourgeois lui ont dit que ce n’était pas la peine de poursuivre son concours à Versailles. Elle les a crus. Elle pensait qu’elle serait titularisée. C’est sur cette situation individuelle et inacceptable que nous avons envoyé une lettre au ministre pour qu’il trouve une solution extrêmement rapidement. »
« Il ne devrait pas y avoir de séquelles »
Selon nos informations, Vanessa ne devrait pas présenter de séquelles malgré la perte de 12% de son poids. Elle a également recommencé à marcher. Elle attend désormais une réponse de la part du ministère de l’Éducation nationale.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Des membres du collectif les Lascar devant le lycée Fustel le jeudi 20 novembre.
Jeudi 20 novembre, une centaine d’élèves a bloqué les lycéens des Pontonniers et de Fustel de Coulanges pour protester contre l’inaction du gouvernement face « aux génocides en cours ».
« Nous crions avec vous. » C’est l’inscription sur la banderole qu’ont déployée les membres du collectif des Lycéen·nes autonomes contre l’autorité répressive (Lascar), tantôt devant le lycée Fustel de Coulanges, tantôt devant Les Pontonniers. Jeudi 20 novembre 2025, ils sont une centaine à bloquer leurs deux lycées. « On dénonce l’inaction du gouvernement face à la guerre au Soudan, la crise humanitaire de Gaza, la reconstruction de Mayotte ou encore la situation au Kurdistan », évoque un lycéen mobilisé devant le lycée Fustel de Coulanges.
Devant leurs établissements, les lycéens mobilisés ne sont pas seuls. Il y a quelques professeurs, surtout là pour s’assurer de leur sécurité et des membres du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), venus en soutien.
« On se mobilise pour tous les pays colonisés, avance une lycéenne mobilisée devant Les Pontonniers. On a beaucoup d’empathie pour les humains que nous voyons derrière les images choquantes tous les jours. On est très en colère contre l’inaction du gouvernement sur les questions coloniales, et contre les policiers qui nous empêchent de le montrer », glisse-t-elle.
Cette élève avait été placée en garde à vue dans le cadre des blocages du 11 septembre, suite au mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre. Au moins cinq lycéens avaient été arrêtés, « après des courses-poursuites dans la ville », se souvient un jeune de Fustel. Il l’assure :
« On se fait gazer ou arrêter à chaque fois, mais ça ne nous dissuade pas, on continue pour montrer qu’on n’a pas peur. »
Un lycéen en garde à vue
Une quinzaine de policiers sont présents, jeudi 20 novembre. Après sommation, ils finissent par disperser les élèves. En fin de matinée, un membre des Lascar est arrêté et placé en garde à vue. Pour deux lycéens, âgés respectivement de 16 et 17 ans, la réponse des policiers est « excessive et disproportionnée » face à un mouvement « pacifique ». « On n’a jamais vu un camarade attaquer un policier, mais on ne peut pas dire l’inverse », argue l’un d’eux.
Ces Lascar sont révoltés et n’ont pas le sentiment d’être écoutés, ni par les adultes, ni par les autres jeunes moins politisés : « On se mobilise à cause d’une situation globale qui nous concerne tous, qui devrait tous être révoltés, alerte un autre lycéen sur place. On se doit d’informer les autres jeunes que ça les concerne aussi. »
Dans le cadre de la journée internationale de la mémoire transgenre, Support transgenre Strasbourg et l’organisation de solidarité trans appellent à manifester.
« On ne veut pas seulement se souvenir, mais aussi montrer notre colère », souffle Raphaëlle, porte-parole de l’Organisation de solidarité trans (OST) et ancienne secrétaire de la section strasbourgeoise. À l’occasion de la 27ejournée internationale de la mémoire transgenre, les collectifs et associations de défense des droits des personnes transgenres appellent à manifester dimanche 23 novembre à partir de 15h, place d’Austerlitz jusqu’à la place de la République à Strasbourg.
En 2024, la manifestation avait rassemblé une centaine de personnes. « On a de plus en plus de soutiens », relève Raphaëlle. Si la journée du souvenir trans est un moment de recueillement pour les victimes de transphobie, « cette année, on a commencé à utiliser une autre terminologie: celle de la journée de colère trans. »
Banderoles pour les victimes
La porte-parole d’OST Strasbourg poursuit : « Il ne s’agit pas seulement de se souvenir de nos morts, mais d’exprimer notre colère contre les gens qui nous les ont arrachés, qui nous poussent au suicide… » Elle évoque sa colère de savoir les personnes trans victimes « de maltraitance médicales, d’agressions, de préjugés sur nos corps et nos vies. »
« À Strasbourg, nous déployons depuis plusieurs années une bannière avec les noms des personnes tuées ou forcées au suicide, explique Raphaëlle. Maintenant, il y en a deux », cingle-t-elle. « Depuis 2009, il y a eu 5 322 meurtres recensés dans le monde », note Raphaëlle, citant le rapport annuel sur les violences transphobes du « Trans murder monitoring project ». Et de rappeler : « proportionnellement c’est énorme : on est une toute petite portion de la population ».
Margaux Delanys est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis octobre 2025. Originaire du Grand Ouest, elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille et s’intéresse aux enjeux sociaux.
La « capitale du vélo » Strasbourg est passée de la 5e place à la 13e dans le classement Copenhagenize Index de novembre 2025.
De la 5e, à la 13e place. En novembre 2025, le cabinet de conseil Copenhagenize a publié son palmarès des 30 villes « les plus favorables au vélo dans le monde ». Strasbourg chute de huit places par rapport au dernier classement de 2019. « Strasbourg était une ville cyclable pionnière et très regardée. Ces toutes dernières années, il y a peut-être eu une légère baisse des investissements dans le réseau », analyse Clotilde Imbert, directrice de Copenhagenize France.
Margaux Delanys est journaliste à Rue89 Strasbourg depuis octobre 2025. Originaire du Grand Ouest, elle est diplômée de l’École supérieure de journalisme de Lille et s’intéresse aux enjeux sociaux.
Amaury de Saint-Quentin, nouveau préfet du Bas-Rhin.Photo : Document préfecture d’Ille-et-Vilaine
Amaury de Saint-Quentin était préfet d’Ille-et-Vilaine depuis octobre 2024. Il a été nommé préfet du Bas-Rhin et du Grand Est mercredi 19 novembre, en remplacement de Jacques Witkowski, muté à Marseille pour lutter contre le narcotrafic.
Petit mercato dans le monde préfectoral. Jacques Witkowski occupait le poste de préfet du Bas-Rhin et de la région Grand Est depuis octobre 2024. Il a été nommé en urgence préfet de Marseille et de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, un poste vacant depuis le 20 octobre 2025. Cette situation commençait à devenir embarrassante pour l’État, alors que le frère d’un militant écologiste a été assassiné en pleine rue. Jacques Witkowski, qui vient de la gendarmerie, aura donc la mission de lutter contre le narcotrafic.
Il s’était notamment illustré à Strasbourg avec des courriers envoyés à des parents de mineurs interpellés pour des violences urbaines fin 2024. Alors que les jeunes concernés n’avaient même pas encore été jugés et étaient donc présumés innocents, il menaçait les familles de réexaminer leur droit de séjour en France, hors de tout cadre légal. Jacques Witkowski était proche du ministre de l’Intérieur d’alors, Bruno Retailleau (Les Républicains), selon nos informations.
Un nouveau préfet qui aime les drones
Le conseil des ministres du 19 novembre a finalement désigné Amaury de Saint-Quentin pour lui succéder comme préfet du Bas-Rhin et du Grand Est. Un profil particulier puisque cet homme de 64 ans a d’abord fait carrière en politique, et bien à droite. Il a eu différents postes au sein du RPR et de l’UMP, pour se retrouver par exemple au cabinet du Premier ministre Édouard Balladur en 1993, collaborateur de Nicolas Sarkozy ou trésorier de la campagne de Jacques Chirac en 2002.
En 2025, en tant que préfet d’Ille-et-Vilaine, Amaury de Saint-Quentin a déployé à Rennes un vaste dispositif de surveillance du trafic de drogue avec des drones. Tous les mois, des arrêtés d’autorisation de captation d’images ont été publiés pour des quartiers de la ville. Dénonçant une utilisation généralisée des drones, la Ligue des droits de l’Homme avait attaqué ces arrêtés, mais elle n’a pas été suivie par le tribunal administratif.