Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

« Les Rencontres du Petit Prince », rêveries inspirées au Ciarus

« Les Rencontres du Petit Prince », rêveries inspirées au Ciarus
Auberge de jeunesse, le Ciarus accueille parfois des expositions.

Le Ciarus accueille l’exposition « Les Rencontres du Petit Prince », une série d’œuvres réalisées par 32 membres de l’association des Artistes Libres d’Alsace. Elles et ils ont imaginé des scènes inspirées de l’œuvre d’Antoine de Saint-Exupéry.

« Que s’est-il passé entre le moment où le Petit Prince a quitté son astéroïde et celui où il a découvert Antoine de Saint-Exupéry dans le désert ? » Inspirés par cette thématique, 32 artistes ont produit des œuvres uniques et poétiques. Elles sont exposées au Ciarus, une auberge de jeunesse de luxe située dans le quartier Tribunal à Strasbourg.

Le Ciarus déploie l’exposition dans ses salles à manger et d’accueil.Photo : Manon Tribollet / Rue89 Strasbourg

L’exposition a été conçue par l’association d’artistes amateurs « Artistes Libres d’Alsace ». À chaque œuvre est associé le passage du roman qui a inspiré l’artiste, ou un texte original inspiré du Petit Prince. Les techniques artistiques vont de l’acrylique à la calligraphie en passant par le travail sur bois ou porcelaine, voire le récup’art… Certaines créations illustrent directement des passages du roman, d’autres sont plus abstraites. D’autres encore sont plus engagées sur des thèmes contemporains, comme l’environnement.

Monde d’hier et monde d’aujourd’hui

« Petit Prince, va croiser les regards du monde ! » Une première série de peintures à l’huile découlant de cette phrase est exposée dans un couloir de l’entrée du Ciarus. Y sont dépeints en couleurs vives des personnages de différentes cultures du monde en tenues traditionnelles. René Roth peint à l’huile en grands formats. Le lien avec le Petit Prince n’est pas évident, peut-être s’agit-il des rencontres du Petit Prince que les artistes ont imaginées.

Les œuvres abstraites qui poussent à la réflexion…

D’autres œuvres sont plus abstraites, comme celles de Gilbert Schlewer, qui utilise des éléments récupérés pour composer ses œuvres. « L’infini du point » représente l’univers à partir de formes et de matériaux disposés en arcs de cercles, qui semblent graviter autour d’un même point. La seconde création abstraite a pour phrase-inspiration « La terre est semée de civilisations… » C’est un cadre divisé en trois parties qui font penser à l’invention de l’écriture (caractères chinois, stylo plume…), mais aussi à celle de la musique, avec ce qui semble être une portée.

« Les Rencontres du Petit Prince » invite à réfléchir au sens de chaque œuvre, ce qui rejoint le thème d’un enfant qui se questionne beaucoup sur la Terre et l’Humanité.

Des compositions engagées

Le Petit Prince découvre que la Terre souffre de maux importants, comme par exemple la pollution en général. Certains artistes ont utilisé cet aspect du récit original pour créer des ouvrages d’art engagés. L’œuvre « Terre sans conscience » de Delphine Kammerlocher, par exemple, en fait partie. Elle représente notre planète dotée d’un œil, une Terre qui se morcèle et dont émanent d’étranges éclairs jaunes et bleus… Il y a également « L’envers du décor » de Virginie Pflumio, création porteuse d’un message frappant où le Petit Prince nage dans les fonds-marins et y découvre de nombreux déchets.

L’association des Artistes Libres d’Alsace compte 60 membres et a été fondée en 1992 par des artistes amateurs d’Erstein afin de leur permettre d’exposer collectivement.

Un tiers-lieu ouvrira en mars 2026 dans l’ancien hôpital Lyautey au Neuhof

Un tiers-lieu ouvrira en mars 2026 dans l’ancien hôpital Lyautey au Neuhof
Le bâtiment d’honneur de l’ancien hôpital Lyautey accueillera le tiers-lieu Le Pixel dès mars 2026.

Comment faire rayonner un quartier populaire sans l’embourgeoiser ? C’est le défi que tentent de relever la Cybergrange et NHF Cité d’arts et de cultures avec l’ouverture en mars d’un tiers-lieu pensé avec les habitants.

L’ancien hôpital militaire Lyautey, situé à l’angle de l’avenue du Neuhof et de la rue des Canonniers, s’apprête à connaître une nouvelle vie. Désaffecté depuis 2008, ce site de 2,3 hectares, ancienne caserne d’artillerie construite en 1907, accueillera un collège, des logements, des espaces verts et un tiers-lieu.

C’est dans le « bâtiment d’honneur » que ce dernier, nommé Le Pixel, ouvrira ses portes le 2 mars 2026. La Ville de Strasbourg a désigné les lauréats de l’appel à projets pour la gestion de ce tiers-lieu de 400 mètres carrés : deux structures déjà bien implantées dans le quartier ont été retenues : la Cybergrange et NHF Cité d’arts et de cultures. Leur mission : animer ce nouveau tiers-lieu avec une programmation culturelle et des espaces ouverts pour apprendre, développer des projets et se rencontrer.

Côté budget, le fonctionnement du tiers-lieu est estimé à 100 000 € par an. La Ville de Strasbourg finance la majeure partie (60 000 €) via un marché public mis en place pour la gestion du lieu. Les porteurs du projet comptent également sur une subvention (demandée) de 30 000 € de la Région Grand Est et prévoient de générer 10 000 € grâce aux activités. Une équipe de neuf personnes, issues des deux structures, travailleront sur place en parallèle de leurs missions actuelles, et un poste de coordination a été créé.

Le Pixel sera hébergé dans l’ancien « bâtiment d’honneur », numéroté « 2 » sur l’affichage public du projet.Photo : Ville et Eurométropole de Strasbourg.

Musique et numérique au cœur du projet

L’école de musique du quartier était à l’étroit dans les locaux de l’Espace Django. « Nous avions une soixantaine d’élèves en 2007. En 2025, nous en accueillons 250, détaille Laetitia Quieti, directrice de l’école de musique du centre socio-culturel du Neuhof. Le quartier évolue, on aimerait proposer des choses qui répondent aux envies des habitants. » Les musiques traditionnelles et le jazz manouche vont se délocaliser dans ce nouveau lieu et se rapprocher ainsi du Polygone. Le lieu doit accueillir en outre des projets de danse et de théâtre.

« On procède beaucoup par expérimentations, en concertation avec les habitants », explique Jérôme Tricomi, directeur de la Cybergrange. Cette association a été créée en 2019 pour gérer un tiers-lieu à destination du Neuhof et de la Meinau. Avec le Pixel, elle en gère désormais quatre dont Le Shadok à la presqu-île Malraux, le Repaire et Secondes au Neuhof.

Le nouveau tiers-lieu proposera, entre autre, des ateliers de réparation et de fabrication (fablab).Photo : Lassad ESSADI

« Tu viens parce que tu veux apprendre quelque chose et tu ressors avec quelque chose que tu n’avais pas imaginé ! », ambitionne Jérôme Tricomi en fin connaisseur des tiers-lieux et défenseur du partage des savoirs.

Mais le défi de relier le Neuhof au reste de la ville reste de taille, malgré des dizaines d’années de politiques de la ville en ce sens. Situé en bordure d’un quartier populaire, le Pixel pourrait permettre de faire collaborer des acteurs du quartier avec des grandes écoles et des institutions culturelles. « Quand les jeunes d’ici vont au musée ou au théâtre, ils ont l’impression d’aller voir la culture des autres », constate Jérôme Tricomi. Au Pixel, l’objectif est d’allier l’ensemble des pratiques culturelles, y compris les mangas et les jeux vidéo. Il précise :

« L’idée n’est pas de ramener des choses dans le quartier, on n’y croit pas. Mais plutôt de faire rayonner le territoire à l’extérieur, créer des rencontres, être prêt à se modifier par la culture numérique, le design… Il doit y avoir des pas des deux côtés. »

La Cybergrange a déjà expérimenté les outils numériques et des tiers-lieux pour accompagner des jeunes de quartiers populaires.Photo : Lassad Essadi / La cybergrange

Un lieu évolutif

Concrètement, le tiers-lieu comprendra un grand espace convivial avec une cafétéria suffisamment grande pour accueillir une restauration à midi, en partenariat avec un restaurateur du quartier qui reste à confirmer, des espaces dédiés aux jeux vidéo, ainsi que des concerts et des spectacles.

« On laisse de l’espace pour que les habitants puissent aussi proposer leurs événements, que ce soit pour un cours de couture ou un temps de bien-être… » Une partie sera dédiée aux musiques traditionnelles et au jazz avec l’école de musique. Une dernière partie accueillera une salle de création musicale assistée par ordinateur, une salle de découverte du numérique et un « fablab » (un atelier pour fabriquer des trucs, NDLR). La programmation, trimestrielle et évolutive, mêlera l’offre du lieu, des ateliers et les propositions des habitants.

« J’aime montrer que l’on peut transformer le territoire grâce à des projets associatifs », s’enthousiasme Jérôme Tricomi. Puis il se demande : « Mais comment créer un lieu de vie qui soit beau et qui rayonne sans embourgeoiser ? » Une question pour l’instant sans réponse.

Le personnel du collège Pasteur appelé à la grève mardi 9 décembre

Le personnel du collège Pasteur appelé à la grève mardi 9 décembre
Collège Pasteur à Strasbourg

Les représentants du personnel du collège Pasteur à Strasbourg appellent à la grève mardi 9 décembre 2025. L’académie de Strasbourg a ajouté une classe mais sans moyens humains supplémentaires qui complique le suivi des élèves et la gestion de l’établissement.

« Deux tiers des professeurs seront en grève mardi (9 décembre, NDLR)« , explique François Lecourt, représentant du personnel au collège Pasteur à Strasbourg, qui appelle à un rassemblement de toute la communauté éducative et des parents devant l’établissement.

« Nous n’avons plus rien pour aider les jeunes en difficulté, ce n’est pas gérable pour la communauté éducative », détaille François Lecourt. Depuis la rentrée scolaire, le personnel estime souffrir de nombreux manques de moyens humains. Le collège a fait sa rentrée sans assistante sociale, sans psychologue scolaire, « alors que les besoins d’accompagnement des élèves sont en forte hausse ». Il manque un poste de conseiller principal d’éducation sur les deux prévus pour 640 élèves, ainsi que trois assistants d’éducation et AESH, « laissant plusieurs élèves en situation de handicap sans accompagnement adapté ». Tout cela, dans un établissement qui accueille des élèves « en situation de précarité ». Deux tiers d’entre eux sont boursiers, selon le représentant du personnel.

Une journée « collège mort » envisagée

« Le personnel n’est pas habitué à faire grève mais il a décidé de se mobiliser car il y a eu une goutte d’eau, quelque chose qu’on a pris pour de la provocation », poursuit François Lecourt. Cette goutte d’eau, c’est la création, au mois de novembre 2025, d’une classe de 3e redoublants, avec seulement 12 heures de cours par semaine pour ces élèves au lieu de 24 :

« Au printemps 2025, nous avons alerté le rectorat de l’académie sur notre situation. Nous demandions en outre une classe de redoublants dès la rentrée scolaire. Nous n’avons pas été écoutés et voilà que débarque cette classe, au second trimestre ! »

Résultat : ce seront des professeurs contractuels qui accompagneront les élèves tandis que les jeunes n’auront que 12 heures de cours par semaine, au lieu de 24. « Ça ne suffira pas pour accompagner ces jeunes », soupire François Lecourt. L’académie de Strasbourg a débloqué en outre un demi-poste d’assistant d’éducation et la présence d’une assistante sociale un jour par semaine jusqu’en février. Mais « c’est très loin de couvrir les besoins identifiés et remontés par les équipes », poursuit le représentant du personnel.

La communauté éducative réclame à l’académie de Strasbourg un renforcement « immédiat et significatif des moyens humains ». « Nous savons que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation mais nous voulons mettre l’Institution face à ses promesses. » Une journée « collège mort » est envisagée si la journée d’action de mardi 9 décembre ne suffit pas.

À Hatten, l’Alsace du nord s’arme pour accueillir l’industrie du lithium

À Hatten, l’Alsace du nord s’arme pour accueillir l’industrie du lithium
Une enquête publique sur le projet de « parc d’excellence industrielle » d’Hatten est en cours jusqu’au 12 décembre.

Les travaux du « parc d’excellence industrielle » d’Hatten, au nord de Haguenau, dédié à la géothermie et au lithium pourraient débuter en 2026. L’enquête publique se termine le 12 décembre.

Au nord, la zone industrielle de Rothsmatt. Au sud et à l’est, la forêt à perte de vue. À l’ouest, le village d’Hatten à quelques centaines de mètres. Au centre, 43 hectares de terres agricoles, qui pourraient bientôt laisser place à un « parc d’excellence industrielle » dédié à la géothermie et au lithium. C’est le projet porté par la communauté de communes de l’Outre-Forêt, une vingtaine de kilomètres au nord de Haguenau, pour lequel une enquête publique est en cours jusqu’au 12 décembre. Création d’emplois, amélioration des services publics, rajeunissement de la population… Les arguments classiques du développement économique se bousculent, au prix de l’artificialisation de 43,7 hectares de terres cultivées.

Ce futur parc industriel doit accueillir une raffinerie de lithium opérée par Lithium de France, Électricité de Strasbourg et Eramet sur une quinzaine d’hectares. Le reste de la superficie sera attribué à un ou deux acteurs industriels, qui pourront compter sur un réseau de chaleur géothermale pour décarboner leur production. Paul Heintz, président de la communauté de communes de l’Outre-Forêt, précise :

« À terme, nous aurons un réseau unique, auquel Électricité de Strasbourg et Lithium de France se connecteront pour injecter leurs calories. Dans un premier temps, il se peut que ce soit d’abord Lithium de France, puisque le forage est déjà en cours à Schwabwiller. »

2 000 emplois directs et indirects promis

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Des animaux et de la nature : les photographies de Vincent Munier au musée des Beaux-arts

Des animaux et de la nature : les photographies de Vincent Munier au musée des Beaux-arts
Loup arctique, Ellesmere Island, Nunavu, Credit : Vincent Muniert, Canada, 2013.

Les photographies animalières de Vincent Munier sont au musée des Beaux-Arts de Strasbourg pour l’exposition temporaire « Lumières sur le vivant ». Ces clichés contemporains sont affichés en lien avec des œuvres des collections des musées de Strasbourg.

L’exposition « Lumières sur le vivant » tisse un dialogue singulier entre peinture et photographie, naviguant dans la mémoire du paysage et de sa perception contemporaine. Le photographe vosgien Vincent Munier, connu pour son approche singulière et respectueuse de l’animal, confronte 81 clichés photographiques, dont une série de cyanotypes, à des œuvres issues des collections des musées strasbourgeois, de la Renaissance au XXe siècle.

Ce face-à-face invite à repenser la manière dont l’art traverse les siècles dans la quête de représenter et de comprendre le vivant et la nature. Les animaux et les paysages de Vincent Munier trouvent leurs alter ego dans les toiles anciennes. Ici, le photographe ne cherche pas à capter à tout prix la présence, mais à attendre sa manifestation dans l’attente et le calme.

Cette rencontre entre passé et présent témoigne d’une continuité du regard – avec toujours la même fascination – qui anime la création, celle d’un monde familier mais inaccessible. La nature n’est plus un simple décor pittoresque mais une présence sensible de la relation entre l’homme et l’environnement.

Lumière, espace, couleurs : un parcours sensoriel et réflexif

Pensés par l’atelier aile², la scénographie et le parcours incitent le visiteur à ralentir. Lumière tamisée, accrochage sobre aux couleurs douces, sons lointains d’animaux : tout est mis en œuvre pour transformer la visite en une expérience sensible de contemplation. Le musée devient une sorte de refuge où le temps semble se suspendre, et où chaque image impose sa propre temporalité dans un espace de méditation visuelle.

Avec les loups d’Ellesmere dans le Grand Nord canadien, 2013.Photo : Vincent Munier

Il ne s’agit pas de déambuler, mais plutôt d’entrer dans une relation personnelle avec chaque œuvre. Chaque dispositif d’exposition constitue autant d’indices, tels que les traces de pattes au sol, ou les bruits d’oiseaux entendus au loin, afin de suspendre le rythme effréné de la ville et de ses sons, qui s’imposent brutalement dès la sortie du musée.

« Lumière sur le vivant » ne se contente donc pas d’exposer la nature, mais cherche à la faire entrer au musée des Beaux-Arts comme un nouveau souffle et un rappel au visiteur du lien qui unit les hommes, l’art et la nature.

#musée des Beaux-Arts

La Ville va ouvrir un bâtiment vide pour loger des familles à la rue

La Ville va ouvrir un bâtiment vide pour loger des familles à la rue
Le bâtiment se situe avenue Jean Jaurès.

La municipalité écologiste va voter en urgence, lundi 8 décembre, une subvention de 65 000 euros à destination des Petites roues. L’association sera chargée d’organiser l’hébergement d’environ 30 personnes dans un bâtiment vacant dès ce mois de décembre.

Quelques familles à la rue, autour de 30 personnes, vont trouver un toit au courant du mois de décembre à Strasbourg. Le conseil municipal va voter une délibération lundi 8 décembre pour mettre à disposition un immeuble vide qui lui appartient, avec une subvention de 65 000 euros pour Les Petites roues. « L’association va s’assurer du suivi des familles, de leur bonne cohabitation et fera le relais en cas de problème, explique Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des solidarités. C’est une solution rapide et concrète face à l’urgence. » La prise en charge doit durer au moins jusqu’en mars 2027, avec de probables subventions supplémentaires.

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De 200 à 400 millions d’euros, pourquoi la dette de la Ville de Strasbourg a doublé en six ans

De 200 à 400 millions d’euros, pourquoi la dette de la Ville de Strasbourg a doublé en six ans
Novembre 2024. Soirée « Budget local, parlons-en ! » au palais des fêtes en présence de Mme Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg et de M. Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire. // Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Le bilan financier du mandat de Jeanne Barseghian à la tête de la Ville de Strasbourg se dessine. Il s’est distingué par un recours massif à l’emprunt, au point de doubler la dette. Une réponse à « la dette écologique et sociale » selon la municipalité écologiste.

S’il y a un sujet qui revient à chaque conversation sur les finances locales, c’est la dette. Largement débattue lors des débats d’orientation budgétaire, elle vaut à la majorité d’accuser l’opposition d’être des « fétichistes de la dette ». Cette dette avait pourtant été annoncée dès 2020 via un « grand emprunt » de 350 millions d’euros, censé financer des projets de transition écologique et de rénovation du patrimoine scolaire.

En fin de mandat, la promesse du grand emprunt a été tenue et la dette a doublé. Entre 2019 et 2023, 49 % des investissements ont été financés à crédit. La dette est passée de 194 à 332 millions en 2024 (+72 %), avec une projection à 419 millions en 2026. Les chiffres montrent une accélération notable de l’endettement en fin de mandat, concentré sur la réalisation de nombreux chantiers. Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire de Strasbourg en charge des finances, explique :

« Quand nous sommes arrivés, en 2020, il y a eu un temps de latence pour les projets, avec des retards sur les investissements. Cela explique aussi qu’en fin de mandat, il y ait beaucoup de travaux. »  

200 millions pour la petite enfance

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La centrale géothermique de Rittershoffen provoque un nouveau séisme

La centrale géothermique de Rittershoffen provoque un nouveau séisme
Site d’extraction d’eau géothermale de Rittershoffen.

La terre a tremblé à Rittershoffen, dans la nuit du 3 au 4 décembre. L’épicentre a été détecté sous la centrale géothermique d’Électricité de Strasbourg située dans la commune. L’installation est à l’arrêt, le temps de comprendre le phénomène.

Le site national d’information sur la sismicité (Renass) indique qu’un séisme de magnitude 2,5 sur l’échelle de Richter a eu lieu en Alsace, le 4 décembre à 1h45 du matin. Son épicentre se situe au niveau de la centrale géothermique de Rittershoffen, gérée par Électricité de Strasbourg (ÉS). Les scientifiques le considère donc induit par l’activité humaine. Les installations de géothermie profonde impliquent de faire circuler de l’eau dans des failles géologiques à plusieurs kilomètres de profondeur pour en exploiter la chaleur et peut-être bientôt le lithium.

Mais la centrale de Rittershoffen avait déjà provoqué deux séismes le 7 mai 2024, et un troisième le 24 juillet 2024. L’épicentre se trouve plus au nord que lors des épisodes précédent, ce qui rend une analyse approfondie de la situation encore plus nécessaire. À 2h45 du matin, l’équipe d’astreinte de l’usine a stoppé l’activité. Selon le géologue du CNRS Jean Schmittbuhl, interrogé par les DNA, il s’agit de déterminer si le phénomène est lié à une migration des fluides sous terre qui aurait activé une nouvelle faille.

La magnitude des derniers séismes liés à la centrale de Rittershoffen étaient de 2, 2,1 ou 2,2 sur l’échelle de Richter. Les scientifiques ont notamment l’objectif de comprendre l’augmentation de l’intensité de ces tremblements de terre induits. En octobre 2024, Rue89 Strasbourg mettait en évidence l’augmentation de la menace de séismes graves en cas de multiplication des forages en Alsace du nord pour exploiter le gisement de lithium.

PFAS : dans les Vosges, le désarroi et la colère des habitants face à la pollution de leur eau 

PFAS : dans les Vosges, le désarroi et la colère des habitants face à la pollution de leur eau 
Une pollution invisible contamine l’environnement dans ce secteur des Vosges.

Dans deux villages des Vosges, les boues industrielles épandues depuis des années sont la cause probable de la contamination de l’eau potable. Des forêts, des prairies et des terres cultivées en agriculture biologique sont touchées.

Les deux captages d’eau contaminés sont situés le long d’une petite route de campagne, au milieu d’un champ en lisière de forêt. Un décor bucolique, loin des nuisances urbaines. Pourtant, les populations de Tendon et d’Arrentès-de-Corcieux, communes rurales des Vosges, ont été informées à la mi-octobre d’une pollution aux PFAS. L’annonce est tombée après une campagne d’analyses menée par l’agence régionale de santé (ARS), en préparation de l’application de la directive européenne sur la qualité de l’eau potable, le 1er janvier 2026. Celle-ci rend obligatoire la mesure de la teneur de 20 PFAS, avec une norme fixée à 0,1 microgramme par litre (µg/l).

Aux Arrentès-de-Corcieux, la concentration en PFAS dépassant plus de sept fois la norme, l’eau du robinet est interdite à la consommation pour l’ensemble de la population. À Tendon, où la concentration est plus faible (0,14 µg/l), la préfecture a limité l’interdiction aux publics vulnérables – enfants de moins de 2 ans, femmes enceintes, personnes âgées ou immunodéprimées. Dans les deux localités, des distributions d’eau en bouteille ont été mises en place.

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Intimidations, insultes racistes… Six salariés et la CGT portent plainte contre Ritleng

Intimidations, insultes racistes… Six salariés et la CGT portent plainte contre Ritleng
La CGT et six salariés déposent plainte contre Ritleng Revalorisations.

Six salariés ou ex-salariés de l’entreprise Ritleng Revalorisations et la CGT ont déposé une plainte contre la direction de l’entreprise, mardi 25 novembre. Ils dénoncent des atteintes à la santé, à la sécurité au travail, au droit syndical et des faits de harcèlement moral et d’injures racistes.

Le conflit opposant plusieurs salariés de l’entreprise Ritleng Revalorisations et la direction de l’entreprise devient judiciaire. Par l’intermédiaire de leurs avocats, la CGT du Bas-Rhin et six salariés ou ex-salariés de l’entreprise de gestion de déchets de plâtre ont déposé une plainte, mardi 25 novembre, auprès de la procureure de la République de Strasbourg, Clarisse Taron.

Cette plainte met en cause l’entreprise et quatre membres de la famille Ritleng, qui occupent des postes de direction au sein de la société. Le document, long de 102 pages, relate un ensemble d’événements qui se sont déroulés au sein de l’entreprise de 2016 à juillet 2025.

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19 sans-abris dorment dans l’école Schluthfeld : journée « école morte » lundi 8 décembre

19 sans-abris dorment dans l’école Schluthfeld : journée « école morte » lundi 8 décembre
Des parents d’élèves et des enseigant-es se relayent pour dormir dans l’école avec les familles hébergées.

Une association de parents d’élèves appelle à ne pas emmener les enfants à l’école du Schluthfeld lundi 8 décembre. Des familles d’élèves à la rue sont abritées dans cet établissement depuis le 19 novembre.

« On commence à fatiguer », avoue un enseignant membre du collectif Schluthfeld solidaire. Depuis le 19 novembre, des parents d’élèves et des enseignant-es se relayent pour dormir dans l’école du Schluthfeld, afin d’y organiser l’hébergement de trois familles d’élèves à la rue. « On essaye d’être au moins deux, un personnel de l’établissement et un parent d’élève », indique le professeur interrogé :

« L’organisation est rodée. D’autres parents d’élèves ramènent à manger tous les jours. Le matin, on se lève à 6h30 pour prendre le petit-déjeuner. Les familles sortent à 7h30 et rejoignent des lieux d’accueil de jour ou leurs campements… »

Schluthfeld solidaire signale avoir interpellé la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian, le lundi 24 novembre lors de l’inauguration de l’école Krimmeri : « Nous lui avons donné des adresses de logements vacants appartenant à la Ville dans notre quartier. Aujourd’hui, aucune proposition d’hébergement n’a été concrétisée. » Au total, le collectif dénombre sept familles sans-abris à l’école du Schluthfeld (dont les trois qui dorment dans l’établissement occupé).

Le collectif a interpellé la maire de Strasbourg lundi 24 novembre.Photo : Document remis / Collectif Schluthfeld solidaire

« Nous appelons à une journée école morte lundi 8 décembre »

De son côté, la Ville de Strasbourg assure mettre à disposition ses locaux dès que possible pour les personnes sans-abri, tout en rappelant que c’est l’État qui est censé le faire selon la loi. En partenariat avec l’association Les Petites roues, 5 familles ont été mises à l’abri dans trois appartements le 25 novembre. « Nous sommes contraints de prioriser selon le degré d’urgence », déplore le cabinet de la maire. « Parmi les personnes qu’on loge, il y a une femme enceinte, un enfant de trois ans… Ce sont des urgences », rétorque un enseignant de l’école.

« Nous ne pouvons accepter que ces enfants et leurs familles dorment dans la rue sous la pluie et dans le froid ! », écrit l’association des parents d’élèves des écoles du Schluthfeld (APEES) dans un communiqué envoyé le 3 décembre : « Si aucune solution n’est trouvée pour ces familles d’ici là, nous appelons à une journée “école morte” le lundi 8 décembre. Nous invitons les parents qui le peuvent à ne pas mettre leurs enfants à l’école ce jour-là. »

En Alsace, la Protection de l’enfance mise sur des parrains et marraines bénévoles

En Alsace, la Protection de l’enfance mise sur des parrains et marraines bénévoles
Monique Gazagnes et Melinda, marraine et filleule, en virée à Strasbourg.

En application d’une loi de 2022, la Collectivité européenne d’Alsace confie depuis avril à deux associations le soin de trouver des parrains ou des marraines aux enfants de ses services sociaux. Une ressource certaine pour les jeunes mais qui pourrait déséquilibrer un système de protection de l’enfance en difficulté.

Cet après-midi, Monique Gazagnes est venue chercher Melinda, 16 ans, dans son village de Wahlenheim pour une virée à Strasbourg. Shopping, musées, restos… Formatrice de français langue étrangère à la retraite, Monique a fait découvrir la ville à Melinda depuis leur rencontre sous les auspices de l’association de parrainage de proximité bas-rhinoise Dessine-moi une passerelle (DMP). C’était le 30 janvier 2024, une date marquée d’une pierre blanche pour chacune. C’est Monique aussi qui a fait connaître ses premières vacances à cette enfant issue d’une famille en grande difficulté. Une semaine à Paris d’abord, son rêve, puis une autre aux Saintes-Maries-de-la-mer, première plage, premier camping.

Monique esquisse : « Je suis là pour aider Melinda à s’en sortir, l’encourager à surmonter ses peurs et la gâter. C’est un peu comme ma petite-fille. » « Maintenant, je suis sociable, répond Melinda, qui a longtemps souffert de phobie sociale, Et Monique est attentive à tout ce que j’aime. » La marraine et sa filleule s’amusent désormais d’avoir « une photo de Melinda devant la Joconde, grand sourire dans la foule et sans aucune panique ! »

Un savoir-faire éprouvé, un financement récent

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Florian Kobryn veut un marché de Noël payant dès 2027

Florian Kobryn veut un marché de Noël payant dès 2027
Florian Kobryn, candidat insoumis aux élections municipales de Strasbourg pour mars 2026.

Le candidat de La France insoumise aux élections municipales, Florian Kobryn, propose de rendre payant l’accès au marché de Noël pour les personnes n’habitant pas l’Eurométropole de Strasbourg.

Dix euros par personne pour accéder au marché de Noël les week-ends : c’est la proposition de Florian Kobryn, candidat soutenu par La France insoumise aux élections municipales de Strasbourg. La mesure viserait toutes les personnes qui ne résident pas dans l’une des 33 communes de l’Eurométropole, précise-t-il mardi 2 décembre. La raison :

« La Grande-Île devient impraticable pendant la période de Noël et on observe une explosion du trafic aérien à l’aéroport d’Entzheim. Les efforts écologiques menés toute l’année par les Strasbourgeoises et Strasbourgeois sont remis en question, puisque tout cela contribue à un bilan carbone très élevé. »

Il alerte aussi sur la pression immobilière : « 200 à 300 logements basculent vers du Airbnb dans une période où il est déjà très dur de se loger. » Et d’ajouter : « Comment parler de la magie de Noël quand on accueille le monde entier alors que des familles et des enfants dorment à la rue ? »

Un fonds pour l’hébergement d’urgence

S’ajoute, selon lui, une croissance inquiétante de la fréquentation. De 2,5 millions de visiteurs en 2019 à 3,4 millions en 2024 — soit près de 40 % de hausse en cinq ans — il extrapole une affluence pouvant atteindre « 7 millions de personnes en 2035. C’est une perspective difficilement entendable. »

Pour y faire face, Florian Kobryn , également conseiller départemental d’opposition, s’inspire de la ville de Venise en Italie, qui impose désormais une taxe d’entrée dans son centre historique pour juguler le sur-tourisme, ou encore des traditionnelles fêtes de Bayonne, devenues payantes.

Sa proposition consisterait à faire payer l’accès au marché de Noël les week-ends (avec un ticket valable pour toute la durée du marché de Noël), tout en prévoyant des exceptions pour les moins de 18 ans, les bénéficiaires du RSA ou les personnes en situation de handicap. Une tarification solidaire est également annoncée. « L’argent récolté sera dédié à de l’hébergement d’urgence. »

« Personne ne prend la mesure de ce que le marché de Noël représente pour les habitants, c’est une machine touristique qui amplifie les inégalités », tranche le candidat. Aucune jauge maximale n’est cependant envisagée. En cas de victoire, Florian Kobryn prévoit un bilan de cette opération à la fin de la première édition payante, pour déterminer les effets du prix d’entrée sur la fréquentation du marché de Noël le plus célèbre du monde.

Les colos de 1 000 enfants alsaciens précaires menacées par le gouvernement

Les colos de 1 000 enfants alsaciens précaires menacées par le gouvernement
Le dispositif « colos apprenantes » créé en 2020 est menacé.

Des associations organisatrices de colonies de vacances alertent sur la volonté du gouvernement de supprimer une aide apportée aux familles précaires pour qu’elles envoient leurs enfants en séjours collectifs. Depuis 2020, plus de 1 000 jeunes alsaciens en ont bénéficié chaque année.

« Si ça passe, nos séjours seront juste organisés pour les enfants de familles plus riches », déplore Gwenolé Nicolas, employé d’une association organisant des colonies de vacances. Mardi 2 décembre, elles sont huit (Aroéven, YMCA, Crajep, UFCV, Eul, Campus Théodor Monod, Jeunesse au plein air et la Fédération des maisons des jeunes et de la culture) à signer un communiqué dénonçant la « fin annoncée des colos pour tous ».

Le projet de loi de finances 2026 prévoit la suppression du dispositif « colos apprenantes » pour économiser 36,8 millions d’euros. Les associations expliquent :

« Depuis 2020, tous les ans, plus d’un millier de jeunes alsaciens entre 6 et 17 ans (ils sont 88 000 au niveau national) issus de milieux défavorisés ou des classes moyennes à faibles ressources ont pu bénéficier des colos apprenantes et partir en vacances en participant à des séjours d’une ou deux semaines à des prix abordables pour leurs familles. »

Concrètement, ces aides dépendent du quotient familial mais peuvent permettre une prise en charge de la quasi-totalité du coût d’un séjour pour les ménages les plus précaires. Selon les acteurs éducatifs, ce soutien financier créé en 2020 a permis « une mixité sociale, des amitiés au-delà des barrières habituelles ». « Les séjours que nous proposons développent l’autonomie, la socialisation, la confiance en soi et le vivre-ensemble solidaire. Ce ne sont pas seulement des vacances, mais un outil éducatif complémentaire à l’école et à la famille », complètent les associations.

Les groupes de gauche à l’Assemblée nationale prévoient de déposer des amendements pour rétablir ce dispositif.

Le tribunal administratif autorise l’expulsion du camp Krimmeri

Le tribunal administratif autorise l’expulsion du camp Krimmeri
Le camp de Krimmeri, la veille de son évacuation en novembre 2024.

Lundi 1er décembre, le tribunal administratif a jugé que les conditions de vie dans le camp de Krimmeri étaient dangereuses et insalubres. La police est autorisée à intervenir à compter du lundi 8 décembre.

La cinquantaine de tentes du camp Krimmeri devrait bientôt disparaître. Mais combien de temps faudra-t-il pour que des personnes sans-abri s’installent à nouveau à proximité du stade de la Meinau ? C’est une procédure désormais rodée : propriétaire du terrain occupé, la Ville de Strasbourg a demandé l’expulsion des personnes installées sur ces espaces verts entre un bras du Rhin tortu et les lignes de tram. Si la collectivité ne le fait pas, elle se met en défaut quant à ses obligations de protection des populations vivant sur son territoire (voir notre article sur cette jurisprudence de décembre 2022).

Dans une ordonnance rendue le lundi 1er décembre, le tribunal administratif de Strasbourg a jugé que l’évacuation remplissait les conditions d’urgence nécessaires dans le cadre d’une procédure en référé :

« Il résulte également de l’instruction que certains de ces occupants sont implantés à proximité du Rhin Tortu, d’autres près des lignes de tramway ou de lieux de passage de véhicules et d’un compteur électrique, sans bénéficier d’installations permettant de garantir leur sécurité et la salubrité des lieux, alors que des feux de camp ont été allumés sur le site. Dès lors, le maintien dans les lieux des occupants présente des risques pour la sécurité publique, compte tenu notamment des risques d’accident, d’incendie, de chutes d’arbres comme de branches. »

Quatrième expulsion

L’histoire se répète au camp Krimmeri. En novembre 2024, plus de 300 personnes, dont plus d’une centaine d’enfants, étaient expulsées par la police. Cette évacuation faisait suite à d’autres opérations de police en avril et en août 2024. L’explication est simple : suite aux expulsions, nombre de sans-abris sont hébergés temporairement. Au bout de quelques jours, ils sont remis à la rue. D’autres sont orientés vers le centre d’aide pour le retour de Bouxwiller. Mais comme ils ne souhaitent pas quitter le territoire français, ils finissent alors par regagner les espaces verts à quelques pas du stade de la Meinau tandis que d’autres cherchent des espaces moins exposés.

La cinquantaine de personnes visées par la décision d’expulsion a cinq jours pour quitter les lieux à compter du lundi 1er décembre. La police pourra ensuite intervenir pour procéder à l’évacuation.

#parc du Krimmeri

La carte des élèves à la rue de Strasbourg

La carte des élèves à la rue de Strasbourg

Pour prendre la mesure de l’ampleur du sans-abrisme chez les enfants et mettre en lumière les actions citoyennes, Rue89 Strasbourg propose une carte des principales mobilisations dans les écoles de l’agglomération. Cette carte et cette chronologie, rendues possibles par le travail du collectif Pas d’enfant à la rue, seront mises à jour durant tout l’hiver 2025.

Presque tous les enfants vivant à Strasbourg sont scolarisés, ce qui permet de détecter une partie des situations de sans-abrisme. Au cours de l’hiver 2025, au moins 50 enfants vivent et dorment à la rue dans l’Eurométropole. Un chiffre sous-estimé puisque les mineurs non accompagnés n’apparaissent pas dans ces décomptes, pas plus que les enfants vivant en squat. « Notre vision est morcelée », reconnaît Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités, tandis que le collectif pour une autre politique migratoire estime à une centaine le nombre d’enfants sans-abri.

Chronologie

Les associations mobilisées

    Le collectif « Pas d’enfant à la rue ». Ce collectif conseille les parents d’élèves et les enseignants confrontés à des situations de sans-abrisme dans leur établissement. Il peut être joint par courriel (collectif.pas.d.enfant.a.la.rue@gmail.com) ou via Facebook. Le collectif « Enfants à la rue, État hors-la-loi ». Ce collectif de citoyens et de citoyennes présent sur les campements pour aller à la rencontre des familles et d’alerter pour un règlement global de la situation. Il peut être joint par courriel (logvide@gmail.com). Les petites roues. Cette association présidée par Sabine Cariou travaille en partenariat avec la Ville de Strasbourg pour proposer des appartements utilisés par plusieurs familles. Les Petites roues sont parfois missionnées pour mobiliser les locaux intercalaires identifiés ou pour utiliser les locaux vacants identifiés par la Ville. L’association peut-être jointe via son site web. Dans chaque école, parents d’élèves et enseignants se regroupent pour alerter sur des élèves à la rue et leur apporter des solutions. Ces collectifs souvent informels mobilisent la communauté éducative et lancent des cagnottes en ligne pour aider les familles d’enfants sans abris. « Si la situation traîne trop, on leur conseille d’héberger les familles dans l’école », indique Delphine Bernard, du collectif « Pas d’enfant à la rue ».

Les types d’actions citoyennes

    Détecter des élèves sans-abris. Les enseignants constatent parfois des élèves extrêmement fatigués, qui dorment en classe, dont les vêtements sont humides, etc. Il s’agit d’un processus délicat, pour ne pas stigmatiser les enfants ni mettre en danger les familles. Créer un collectif. « Quand des écoles nous appellent, ce qu’on leur conseille de faire, c’est de monter un collectif. Ça se fait de façon spontanée », explique Delphine Bernard. Certains collectifs sont informels, d’autres se sont structurés en associations. Lancer une cagnotte. Pour financer des nuits d’hôtels, ou, dans le cas d’une occupation des locaux, des matelas et des produits de première nécessité, ou participer aux frais de justice, les collectifs peuvent mettre en ligne des cagnottes solidaires. Les liens sont à retrouver sur la carte. Alerter, manifester. Pour interpeller les pouvoirs publics, les parents et les enseignants peuvent manifester sur la voie publique, devant les établissements scolaires. Ces manifestations relayées par la presse permettent de rendre visibles les situations de sans-abrisme mais elles ont peu d’effet sur la préfecture du Bas-Rhin. Occuper l’établissement. L’hébergement des familles dans les établissement constitue un moyen de pression provisoire. « Pour l’État et les collectivités, c’est une solution de facilité, car ils ne gèrent rien, prévient Delphine Bernard. La charge est reportée sur les parents d’élèves et les enseignants, et parfois les mobilisations s’arrêtent à cause de l’épuisement. »

Les solutions apportées

    Prise en charge par le Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) de l’État. C’est au SIAO de trouver des solutions pour les personnes sans-abri. Mais les hébergements à la disposition de ce service sont saturés. « Au fur et à mesure, les politiques d’hébergements se sont restreintes », note Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge des solidarités. « Avant, si quelqu’un sous dialyse était à la rue, on s’insurgeait. Maintenant, ce sont des situations presque communes. » Prise en charge par la Ville de Strasbourg. En novembre 2025, la Ville de Strasbourg indique avoir logé 19 personnes dont 11 enfants dans trois appartements rénovés. « On est contraint de loger en priorité les personnes les plus vulnérables, ce qui ne correspond pas toujours aux familles pour qui il y a eu des mobilisations », précise Floriane Varieras.

Vous connaissez des situations ou des mobilisations qui devraient figurer sur cette liste ? N’hésitez pas à contacter la rédaction pour que nous puissions la mettre à jour.