Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Vendredi, Rue89 Strasbourg et L’Orée 85 organisent la « Rentrée des luttes »

Vendredi, Rue89 Strasbourg et L’Orée 85 organisent la « Rentrée des luttes »

La rédaction de Rue89 Strasbourg organise, en partenariat avec L’Orée 85, un événement festif pour présenter la diversité du mouvement militant strasbourgeois, vendredi 9 septembre.

Il y a la rentrée scolaire, la rentrée littéraire, la rentrée culturelle, voici maintenant la « Rentrée des luttes ». Rendez-vous vendredi 9 septembre, à partir de 14h, à L’Orée 85 (32 impasse de l’Ecluse, Strasbourg – Meinau). L’objectif de cette journée est de faire connaître et se rencontrer les collectifs, associations et mouvements strasbourgeois, engagés dans les causes sociales et écologiques. Rue89 Strasbourg étant un « média engagé, en défense de l’environnement, contre les injustices et les discriminations« , il nous a semblé important d’organiser un événement chaleureux et festif autour de ces questions, alors que de nouvelles et nouveaux Strasbourgeois s’installent à cette période. Nous remercions tout particulièrement L’Orée 85 pour avoir accepté de l’accueillir.

La journée se déroule en deux temps. Une première partie avec un forum de 13h à 19h, où chaque collectif et associations pourront se présenter, échanger et rencontrer les Strasbourgeois et les Strasbourgeoises désireuses d’en savoir plus (voir ci-dessous la liste des collectifs présents). A partir de 14h, cinq courtes table-rondes sont prévues :

    14h – SDF / Migrants et hébergement : on tourne en rond ?
      Hillary Contreras Salmen, de l’ONG Médecins du Monde,Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites Roues,Marie-Dominique Dreyssé, vice-présidente de l’Eurométropole en charge des Solidarités,Pascale Adam-Guarino, de l’association Casas.
      Table-ronde animée par Thibault Vetter.
    15h – Journalistes et militants : comment collaborer ?
      Robert Schmidt, journaliste du collectif We Report,Pascal Lacombe, du Chaudron des alternatives,Nourredine Alouane, du collectif Agissons 67.
      Table-ronde animée par Stéphanie Wenger.
    16h – Quels sont les contre-pouvoirs et comment les activer ?
      Salima Hezzam, avocate, coprésidente de la section strasbourgeoise du Syndicat des avocats de France,Chloé Bourguignon, secrétaire générale de l’Unsa Grand Est,
      Table-ronde animée par Camille Balzinger.
    17h – Comment militer dans un monde verrouillé ?
      Rémi Verdet de Stop Transports – Halte au nucléaire,Françoise Poujoulet, directrice de La Cimade Strasbourg,Léa Chemardin, de Résistance à l’agression publicitaire Strasbourg,Émilie Lajoux, vice-présidente de Ru’Elles Strasbourg,
      Table-ronde animée par Anne Mellier.
    18h – Après l’été caniculaire, quelle stratégie pour l’écologie militante ?
      Tom Baumert, de Alternatiba Strasbourg,François Zind, avocat en droit de l’environnement,Yoav Shemer, président de Koenigs Au Vert.
      Table-ronde animée par Adrien Labit.

À partir de 19h, la Rentrée des luttes continue avec une programmation musicale concoctée par Lola de L’Orée 85. Toute la rédaction sera présente et nous espérons vous retrouver nombreux à cette occasion.

Ophélie Meyer, ethnologue : « Mimir est une micro-société, un peu protégée »

Ophélie Meyer, ethnologue : « Mimir est une micro-société, un peu protégée »

Une jeune ethnologue alsacienne a passé trois ans à observer et à participer à la vie de la Maison Mimir, un lieu alternatif et autogéré de Strasbourg. La « Mimirienne » relate dans un livre son expérience et son observation de ce lieu qui défend la culture pour tous, et le soutien aux personnes sans domicile.

Ouverte au public en 2010 à Strasbourg, la Maison Mimir a été pour la jeunesse de l’époque un haut lieu de sorties marqué par les fêtes et les événements culturels alternatifs, mais aussi un espace refuge pour les plus précaires. Après la régularisation du squat par la mairie en 2013, l’équipe s’est résolue à fermer les lieux au public en 2015, débordée par son succès et décidée à mettre aux normes le bâtiment.

S’en est suivi un long chantier de rénovation de deux ans, qui a permis de rouvrir le rez-de-chaussée aux événements, mais qui continue encore aujourd’hui dans les étages. L’une des Mimiriennes, Ophélie Meyer, a mené entre 2015 et 2018 une étude ethnologique sur cette aventure humaine et vient de sortir un livre, Les Petits riens d’une société en mouvement – Maison Mimir, espace social autogéré. Interview.

Rue89 Strasbourg : On imagine plutôt l’ethnologie dans une contrée à l’autre bout du monde, comment en êtes-vous arrivée à étudier les Mimiriens à Strasbourg ?

Ophélie Meyer : Ça a été un long processus. J’ai mis les pied pour la première fois à la Maison Mimir en 2011. J’y venais pour assister à des concerts et voir les copains. L’ambiance était festive. J’étais à l’époque étudiante à la faculté d’ethnologie de l’Université de Strasbourg. En 2015, à mon retour d’un voyage d’études au Congo, j’ai commencé à m’investir. La Maison n’était plus un squat. Après sa régularisation en 2013, plein de gens engagés étaient partis. Ils avaient gagné un combat, mais un autre commençait.

Ophélie Meyer
Ophélie Meyer. Photo : CG / Rue89 Strasbourg / cc

La Maison venait de fermer et revoyait son projet. Après l’effervescence, il y avait autre chose à créer. L’équipe entamait des travaux. Il y avait du travail. J’ai été invitée à une assemblée générale et je me suis inscrite dans des commissions. Je travaillais à Strasbourg pour financer la suite de mes études. Je devais donc trouver un sujet de mémoire ici. Alors je me suis dit qu’il y avait matière à faire de l’ethnologie urbaine.

Mon implication entrait dans la méthodologie de l’observation participante, du « faire avec » : tu vis ton terrain dans le corps et tu écris tes notes le soir. Je posais des questions. Je faisais des temps d’observation thème par thème, par exemple sur le chantier de fabrication des meubles de la bagagerie pour les personnes sans-abris.

« Un entre-soi et en même temps le groupe t’accueille »

J’ai rencontré très peu de méfiance. Les gens que je cite dans mon livre n’ont même pas souhaité être anonymisés. Je suis restée investie dans le collectif jusqu’en 2018. Après mon mémoire, l’idée d’en faire un bouquin est venue. En tout, ce travail s’étale sur sept ans.

Comment vous décririez votre objet d’étude ?

Je parlerais d’une micro-société un peu protégée. J’ai eu l’impression d’entrer dans une famille. Il y a un entre-soi et en même temps le groupe t’accueille. On le rejoint par de la cooptation. C’est à la fois très ouvert et aussi fermé, mais avec des gens qui viennent tous de l’extérieur. La Maison Mimir fonctionnait, et fonctionne encore, sur le principe de l’auto-gestion. On gère tous ce qu’il y a à faire par soi-même, en acceptant que ça puisse prendre plus de temps qu’avec des services extérieurs. On avance sans chef, avec les envies de chacun et de manière horizontale.

« Le contrat social était tacite »

L’idée était de retaper une maison avec des gens qui ne savent pas forcément le faire. Durant cette période de fermeture au public, la Maison Mimir était dans un temps de rénovation mais aussi dans un temps d’accueil, avec des couchettes à l’étage pour accueillir jusqu’à quinze personnes parfois dans l’urgence. Il y avait aussi le « barakawa », une petite buvette quotidienne pour les passants. Le contrat social était tacite. Les membres se sont finalement entendus sur une charte écrite : « La raison d’être de la maison. »

Ce texte fixait des principes d’ouverture, de non-discrimination et une approche a-partisane. On ne fait pas de politique chez Mimir. Les prix sont libres : chacun donne ce qu’il peut et ce qu’il veut. Beaucoup de personnes venaient de la classe moyenne et se questionnaient car ils ne trouvaient pas leur compte dans notre société. Ils avaient envie d’un autre monde que celui qu’on nous proposait, après s’être confrontés à des institutions qui les bridaient. Ils n’étaient pas dans la transgression, mais plutôt dans la subversion. Mais on comptait aussi des personnes à la rue dans la collégiale, l’organe de gouvernance de l’association. Des sans-papiers aussi ont géré le quotidien.

Boeuf-bouffe et bagagerie, incarnation du « fais toi-même »

On ne faisait vraiment pas de politique à la Maison Mimir ?

On ne faisait pas de politique, mais on ne faisait que ça ! On n’était pas partisan. Beaucoup ne voulaient pas entendre parler de partis politiques. On ne collait aucune affiche, même de gauche. Mais on vivait politique. On était dans un truc social. On n’était pas là pour capitaliser. On était dans la dynamique de faire avec peu, mais faire quand même. On appliquait la simplicité volontaire : le « fais toi-même ». Je pense aux fameux bœuf-bouffe qui se tenaient tous les mercredis soir : cuisine à partir d’ingrédients récupérés le matin, pas d’alcool. Un bon gros repas avec zéro argent et une effervescence qui se crée. Les gens jouent de la musique, même s’ils ne sont pas musiciens : c’était la cacophonie !

Pour le projet de bagagerie, nous n’avions pas les moyens d’acheter des meubles. Ce n’était que de la récup’ et du bricolage. Du coup, on avançait beaucoup plus lentement, en fonction des moyens humains et financiers. Ça demandait du temps à tous ceux qui s’investissaient.  

Au-delà du temps, quels sont les autres coûts d’un tel engagement ?

L’autogestion en permanence, c’est terrible. Il s’agit toujours de trouver le juste milieu entre l’individu singulier et le collectif. Cela questionne l’engagement. Tu es attendu tout le temps par le groupe. Il y a tout le temps des demandes. Et puis c’est pas évident de s’accueillir. Maintenant, il y a des formations pour ça…

« Une école du travail avec la précarité »

C’est aussi une école du travail avec la précarité. Un tel projet rassemble des gens plein de bonnes intentions, mais c’est aussi la porte ouverte à des personnes qui, sous couvert d’une casquette anarchiste, viennent titiller ce que tu essaies de construire. C’est le collectif qui est là pour dire stop. Dans un tel moment, on le voit soudé. On a rarement porté plainte contre quelqu’un.

Comment se dessinent les rapports de pouvoir dans ce fonctionnement horizontal ?

À partir de 2017, un collège de dix co-présidentes et co-présidents a été mis en place, qui permettait de questionner des endroits qui ne l’étaient plus. Mais c’est l’assemblée générale qui prenait les décisions, pas le bureau de l’association. Tout le monde avait son mot à dire. Même si on ne veut pas de hiérarchie en étant horizontal, d’autres rapports de pouvoir se révèlent.

« Les hommes prennent beaucoup plus la parole »

Il y a ceux qui ont la capacité de parler et ceux qui ne parlent pas. C’est vrai que les hommes prennent beaucoup plus la parole. Il y a la rétention d’information. Il y a la force physique de celui qui peut en faire plus que d’autres, et donc une sorte de pouvoir par le mérite, et aussi basée sur le rapport à l’ancienneté. Et puis il y a ceux qui ont le trousseau de clés…

Qu’est-ce qui permet à un tel collectif de rester soudé dans le temps ?

Les moments conviviaux, les repas surtout, et l’humour sont essentiels. Entretenir des rapports humains légers aide à prendre du recul dans les moments difficiles qui peuvent alors devenir des moments hyper-soudants. On était dans le lien de plaisanterie, avec une large place aussi pour la fantaisie et l’imagination, par exemple la cabane ou les tags dans la cour. Un enfant, ça joue avec un bâton et c’est content. C’est un peu ça Mimir. Et il y avait la fête, comme moment où l’on s’autorise à rêver.

Quand les DNA et L’Alsace obéissent au maire de Colmar

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Féminisme, genres et multiculturalisme : trois week-ends de débats aux Bibliothèques Idéales

Féminisme, genres et multiculturalisme : trois week-ends de débats aux Bibliothèques Idéales

Pendant trois week-ends, du 2 au 18 septembre, les Bibliothèques idéales proposent une soixantaine de rencontres, de lectures et de concerts gratuits autour de thèmes qui interrogent la société d’aujourd’hui. Et ce, dans des lieux symboliques.

Après avoir laissé « les livres prendre la parole » lors de leur précédente édition, les Bibliothèques Idéales déclinent cette fois « Le livre est un royaume ». Et pour cause, le festival est dorénavant auréolé par la récente nomination de Strasbourg en tant que Capitale mondiale du livre 2024. Un titre qui oblige cette édition 2022 aux sommets avec une très belle programmation et l’ajout à ses habituels partenariats avec les médiathèques et les libraires de la ville, un week-end de rencontres au Parlement européen.

Cette édition est la deuxième de l’année 2022. La première a eu lieu en janvier, sur le thème « Les livres prennent la parole  » Photo : ACC / Rue89 Strasbourg

Trois week-ends et une soixantaine d’événements 

Si les Bibliothèques Idéales se succèdent depuis treize ans avec la même volonté – mettre à l’honneur les mots, les livres et la littérature contemporaine – , ses différentes éditions ne se ressemblent pas. Cette année, les organisateurs ont décidé que les rencontres seraient dispersées sur trois week-ends, du 2 au 18 septembre, explique François Wolfermann, le programmateur et créateur du festival : 

« En arrivant début septembre, nous ouvrons la saison culturelle. Mais nous avons eu cette année la volonté d’être présents sur plus de dates, afin que ceux qui font leur rentrée plus tard puissent aussi en profiter. Cibler les week-ends permet également d’être plus facilement accessible pour ceux qui travaillent la semaine et étaient parfois déçus de ne pouvoir se libérer pour une rencontre. »

Les Bibliothèques s’inscriront donc également dans les Journées européennes du patrimoine qui ont lieu les 17 et 18 septembre. 

Comme lors des dernières éditions, des lectures en stations, piscines et musées, ainsi que des concerts rythmeront le festival. Photo : DR

Comme chaque année, des plumes célèbres seront présentes au festival. Il s’ouvrira avec une lecture musicale de Pascal Quignard, prix Goncourt 2002 pour Les Ombres errantes qui sera accompagné par la pianiste Aline Piboule. Le 11 septembre, on pourra également entendre les paroles engagées de Laurent Gaudé, qui dénonce dans son dernier roman, Chien 51, un monde impitoyable perclus d’injustices sociales. Le désormais habitué Edwy Plenel évoquera ses propres indignations le samedi 17, en partant de son dernier essai L’Épreuve et la contre-épreuve / De la Yougoslavie à l’Ukraine

Transidentité, genres et littérature

En plus des rendez-vous avec des têtes d’affiche, des rencontres plus inédites se tiendront autour de sujets de société ultra-contemporains. Samedi 3 septembre, à 16h, il sera question de transidentité, de liberté et d’égalité avec l’auteur, journaliste et militant trans Tal Madesta et Marie Cau, première femme transgenre à avoir été élue maire en 2020. Elle reviendra sur le sujet de son livre Madame le maire, son parcours de transition et d’engagement politique. 

Tal Madesta, journaliste et militant trans, est l’auteur de l’essai Désirer à tout prix dans lequel il questionne la course à la sexualité et la place laissée aux différentes preuves d’amour. Photo : DR

La semaine suivante, samedi 10 septembre, ce sera au tour de la philosophe et chroniqueuse de France Inter, Aïda N’Diaye, la traductrice Nora Bouazzouni et l’autrice de Vivre fluide, Mathilde Ramadier, de parler à nouveau de genre, de consentement et de bisexualité. 

Les questions de multiculturalisme et d’origines seront également abordées à plusieurs reprises dans cette édition. Le premier week-end, l’autrice Halimata Fofana et la philosophe Nadia Yala Kisukidi parleront de leur double culture, puis Leïla Slimani interrogera la place de ses racines alsaciennes et marocaines, notamment dans son travail d’écrivain, le 9 septembre à 17h. Enfin, Yasmina Khadra, auteur des Hirondelles de Kaboul, magistralement adapté en film d’animation, livrera sa vision de l’Algérie d’entre-deux-guerres, dimanche 18 septembre à 14h.

Yasmina Khadra est l’auteur de la trilogie Les Hirondelles de Kaboul, L’Attentat et Les Sirènes de Bagdad, vendus à cinq millions d’exemplaires. Ses romans ont été traduits dans une cinquantaine de pays. Photo : Géraldine Bruneel. DR

Questionner sa place quand on naît femme  

Alors que les droits des femmes sont toujours remis en question, certaines artistes viendront questionner et mettre en perspective la place qui leur est allouée ou celle qu’elles choisissent de prendre. Vendredi 9 septembre, à 17h, la talentueuse Emma Becker reviendra sur son rapport au désir, à son corps et aux mots, notamment en tant que femme, à l’occasion de la publication de sa nouvelle œuvre, L’Inconduite, une autofiction à travers laquelle elle questionne son rôle de mère. Elle avait fait polémique avec son premier livre, La Maison, dans lequel elle revenait sur son expérience de travailleuse du sexe et le plaisir qu’elle avait éprouvé à exercer ce métier. 

L’historienne Michelle Perrot et la psychanalyste Laurie Laufer se rencontreront autour du thème Femmes puissantes, puis l’historienne féministe Christelle Taraud livrera un grand entretien sur la question du féminicide, dimanche 11 septembre. Lou Lubie et Blanche Sabbah, respectivement autrices des BD Et à la fin ils meurent et Mythes et Meufs échangeront sur la place des femmes dans les contes et la morale qu’ils véhiculent. Une occasion de rappeler que les romans graphiques, les BD et l’illustration ont toujours toute leur place au festival.

L’illustration et la Bande dessinée sont aussi présentes dans cette édition, avec notamment la venue de Lou Lubie et Blanche Sabbah, ainsi que de l’illustrateur strasbourgeois Frédéric Pillot. Photo : DR

Ces sujets très actuels séduiront certainement un public jeune. Celui-ci est de plus en plus présent aux Bibliothèques Idéales, comme cela a pu être observé lors de l’édition de janvier 2022 aux rencontres avec les autrices du podcast et du livre Kiff ta race et Rose Lamy, créatrice du compte Instagram Préparez-vous pour la bagarre et autrice du livre Défaire le discours sexiste dans les médias. 

Finir en beauté au Parlement européen

Pour la première fois, les Bibliothèques Idéales pénétreront dans l’hémicycle du Parlement européen. Une manière de (re)découvrir le lieu comme un espace de vie citoyenne. Il sera même possible d’y prendre son petit-déjeuner lors de la première rencontre du dimanche 18 septembre, à 10h, autour d’un Café Libé. Seront présents l’illustrateur Pochep, les journalistes Marie Colmant et Gérard Lefort pour proposer un retour sur les plus belles années du journal Libération, racontées dans la BD Libération – Nos années folles. 

Pour la toute première fois, les Bibliothèques Idéales proposeront des événements dans le Parlement européen. Photo : Manuel Magrez / Rue89 Strasbourg / cc

Ce nouvel espace devrait rassurer ceux s’inquiètent de la disparition des réservations – elles avaient été mises en place pendant le Covid. Avec ses plus de 800 places, l’hémicycle devrait en effet être assez grand pour accueillir tous les participants, même lors de rendez-vous avec des têtes d’affiche comme Amélie Nothomb et sa soeur, Juliette Nothomb, le 15 septembre à 17h, Simone Schwarz-Bart le 18 septembre à 11h30, ou encore Emmanuel Carrère, présent pour la clôture du festival à 17h. Les détails de la venue des 80 artistes sont disponibles sur le site de l’événement ainsi qu’en version papier avec le retour du programme imprimé.

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Variole du singe : trois nouveaux centres de vaccination en Alsace pour les personnes à risque

Variole du singe : trois nouveaux centres de vaccination en Alsace pour les personnes à risque

Le nombre de cas de variole du singe baisse en Europe, mais ils ont tout de même doublé dans le Grand-Est par rapport au mois dernier selon Santé Publique France. Trois centres de vaccination préventive pour les personnes à risque ont ouvert fin août en Alsace pour répondre à une demande croissante.

Malgré une baisse des cas de variole du singe en Europe, les derniers chiffres pour le Grand-Est montrent un doublement des cas depuis le mois dernier, à raison de 90 cas dans le Grand-Est au 29 août, contre 44 cas un mois auparavant. Une vaccination préventive a été mise en place uniquement pour les personnes les plus exposées au virus, à savoir les hommes multipartenaires ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), les personnes trans rapportant des partenaires sexuels multiples, les travailleuses et travailleurs du sexe, ainsi que les professionnels des lieux de consommation sexuelle et les professionnels de la santé  amenés à prendre en charge les personnes malades.

Trois centres de vaccination supplémentaires

La campagne de vaccination a débuté depuis début juillet au Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) de Strasbourg par le Centre de vaccination internationale, qui assurait déjà les vaccinations contre le Covid-19, ainsi que le Trait d’Union, un établissement qui s’occupe également de l’accompagnement médical pour le virus du Sida. Deux autres centres en Alsace ont ouvert fin juillet et début août au Centre Hospitalier Louis Pasteur de Colmar et au CeGIDD de Mulhouse.

En juillet, tous les rendez-vous du CeGIDD de Strasbourg étaient déjà pourvus jusqu’en septembre. Face à l’afflux de demandes, et bien que la tendance soit globalement à la baisse en Europe, un « vaccinodrome » supplémentaire a ouvert le 29 août, également au CeGIDD de Strasbourg, pouvant accueillir 250 rendez-vous de plus par semaine par rapport aux 70 créneaux proposés précédemment.

La campagne de vaccination contre la variole du singe s’intensifie en Alsace. Photo : RF_studio / Pexels

Deux autres centres de vaccination ont également ouvert aux centres de vaccination Covid de Sélestat et de Illkirch-Graffenstaden. Le premier assurera 40 rendez-vous à partir de début septembre et a déjà vacciné 20 personnes. Le deuxième assure environ 80 rendez-vous par semaine. Les trois nouveaux centres proposent des rendez-vous directement sur Doctolib.

Pas de personnel en plus

Ces centres ont déjà permis d’alléger le travail dans les centres déjà existants selon Christophe Mulberg, médecin du CeGIDD de Colmar :

« Il y a un mois d’attente chez nous, donc parfois on redirige les personnes vers ces centres proches. On doit déjà intercaler les vaccinations entre les rendez-vous médicaux, puisque nous sommes trois médecins à assurer le service chacun notre tour. Il n’y a pas de plage horaire dédiée donc on intercale entre nos autres rendez-vous. Pour ce soir, j’ai sept vaccinations prévues. »

Dès le début de la vaccination, les centres alertaient sur le manque de personnels pour vacciner. Le 26 juillet 2022, un arrêté relatif à la vaccination contre la variole du singe permettait aux médecins retraités de prescrire et d’administrer les vaccins et aux infirmiers retraités de les administrer sur prescription médicale, ainsi qu’à certains étudiants ayant reçu les formations spécifiques.

« C’est une organisation temporaire qui ne peut pas se pérenniser »

Les services s’adaptent au manque de personnel au gré de la réserve sanitaire et des contacts prêts à aider, comme l’explique le docteur John Lenertz, responsable du centre de vaccination de Sélestat :

« On a un réservoir de personnel à mettre à disposition. Mon adjoint par exemple est retraité. On a aussi des étudiants pour la vaccination. Deux personnes de la mairie sont venues nous aider pour gérer Doctolib et pour l’accueil. C’est supportable pour le moment. »

Au CeGIDD de Mulhouse, ouvert fin juillet, les 30 vaccinations par semaine se font le mercredi. Jakub Kowalczyk, praticien hospitalier du CeGIDD, détaille une situation difficile :

« On essaye d’être au moins deux, une personne à l’administratif et l’autre en vaccination, aujourd’hui nous étions quatre donc ça allait. Mais dès que quelqu’un vient avec suspicion de variole, cela perturbe toute l’organisation. Pour la vaccination Covid tout était prévu en amont, par des appels à volontaires, mais les vaccinations étaient plus importants. Nous n’avons pas eu ces moyens et avons tout de même dû absorber cette campagne à notre activité. On essaye de se détacher nous, par exemple une personne qui est technicienne d’étude clinique au CeGIDD est venue nous soutenir. C’est une organisation temporaire qui ne peut pas se pérenniser. « 

#variole du singe

« Fin de l’abondance » : les écologistes face à leurs premières mesures d’austérité

« Fin de l’abondance » : les écologistes face à leurs premières mesures d’austérité

Les exécutifs de la Ville et de l’Eurométropole doivent mettre en œuvre des économies urgentes après le quintuplement de la facture de gaz de la collectivité. Parmi les premières pistes : le chauffage, l’éclairage et moins de fêtes.

La rentrée est souvent un moment que l’on tente de rendre joyeux. Les retrouvailles, ainsi que les corps bronzés et détendus des vacances donnent un peu de chaleur à la reprise du travail. Mais à la veille de la rentrée scolaire, ce sont avec des mines graves que la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs (sans étiquette), la maire de Strasbourg et 1ère vice-présidente, Jeanne Barseghian (EE LV), ou encore Syamak Agha Babaei (Labo citoyen), vice-président en charge des finances se sont présentés devant la presse.

La facture de gaz passe de 3,4 à 17,4 millions d’euros

Il faut dire que quelques semaines plus tôt, le 18 août, la commission d’appel d’offre a choisi le contrat de gaz qui liera la collectivité et un fournisseur pour les trois derniers mois de 2022, l’année 2023 et 30% de l’approvisionnement en 2024. Et la facture va nettement bondir, bien au-delà des prévisions les plus pessimistes.

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Les musées de Strasbourg fermeront deux jours par semaine et de 13h à 14h

Les musées de Strasbourg fermeront deux jours par semaine et de 13h à 14h

Un communiqué mercredi 30 août aux agents des musées de Strasbourg précise les modalités de fermeture de ces établissements culturels à partir du 3 octobre, pour répondre à la carence en personnels. La Ville a opté pour un deuxième jour de fermeture hebdomadaire, à laquelle s’ajoute aussi une fermeture journalière entre 13h et 14h.

Les représentants du personnel des musées de Strasbourg ont appris le soir du 30 août la décision de la Ville de Strasbourg sur les modalités de fermetures appliquées aux musées dès le 3 octobre 2022. Invoquant la situation actuelle de « crise », le communiqué publié sur le site du syndicat Unsa des agents de l’Eurométropole mentionne la nécessité de « sobriété » et une « décélération » des activités en réduisant les horaires d’ouverture des musées.

La Ville a donc validé le scénario révélé par La Tribune de l’Art début août, selon lequel les musées de Strasbourg seront fermés deux jours par semaine au lieu d’un seul, en plus d’une fermeture à la mi-journée entre 13h et 14h.

Fermetures prolongées, sauf exceptions

Dans le détail, seront désormais fermés les lundis et mercredis :

    Le musée d’Art moderne et contemporain (MAMCS), le musée Tomi Ungerer, le musée de l’Œuvre Notre-Dame,le musée Historique.

Seront fermés les mardis et jeudis :

    Le musée d’Archéologie,le musée des Beaux arts,le musée Arts décoratifs,le musée Alsacien.

Ces huit établissement seront tous fermés entre 13h et 14h. Le musée de l’Aubette, ouvert quatre jours par semaine, conservera ses horaires normaux d’ouvertures de 14h à 18h. À noter qu’en 2023, le musée zoologique doit rouvrir après de grands travaux de rénovation.

Les expositions temporaires seront quant à elles maintenues six jours sur sept. Ce sera le cas de « SurréAlice » au MAMCS et au musée Tomi Ungerer du 19 novembre au 26 février. Idem pour « Passé, présent, avenir d’œuvres récupérées en Allemagne en 1945 » au palais Rohan du 22 octobre au 15 mai.

Enfin, pendant les quatre semaines du Marché de Noël, du 25 novembre au 24 décembre, le musée Alsacien demeurera ouvert six jours par semaine (la fermeture le mardi est conservée). Le communiqué mentionne que les musées continueront d’accueillir les groupes scolaires et assimilés les mercredis et jeudis de fermeture.

Une réduction de l’enveloppe des vacataires

Cet arbitrage de la maire de Strasbourg va à l’encontre des propos quelques jours plus tôt de son adjointe en charge de la Culture. Anne Mistler expliquait que s’il devait y avoir un jour supplémentaire de fermeture, il ne se cumulerait pas avec d’autres plages de fermeture. Bertrand Gillig, président de la Société des Amis et des Arts des musées de Strasbourg (Saams) s’inquiétait déjà de la difficulté d’accueil des 550 000 visiteurs annuels avec des horaires restreints.

Lors d’un point presse consacré aux hausses de prix de l’énergie, la maire Jeanne Barseghian (EELV) a confirmé cette décision. Elle la présente comme une mesure « d’adaptation du service public », qui « n’est pas la seule, mais est indispensable » dans le contexte à venir :

« J’ai le choix entre augmenter la tarification des musées comme le font d’autres villes, qui est à 7,5 euros ici mais peut aller jusqu’à 15 euros ailleurs, ou de recourir à un deuxième jour de fermeture. Les plages horaires ont été arbitrées en fonction de la fréquentation. »

La municipalité assure ne pas vouloir réduire la masse salariale du personnel permanent, mais sa situation financière « ne permet pas d’embaucher davantage ». Le but est de réduire le budget consacré aux vacataires, des personnels temporaires embauchés sur de courtes périodes pour compléter les effectifs. La fermeture permettrait de « soulager les équipes » qui ont été « surmenées » avec les réductions d’effectifs (17 postes depuis 2014). Une situation qui expliquerait selon la majorité l’absentéisme élevé et donc le recours de plus en plus fréquent aux vacataires.

Une réunion prévue le 1er septembre avec les agents

Une réunion est prévue jeudi 1er septembre pour présenter ces mesures aux agents des musées de la Ville. Cette décision est annoncée sous réserve du prochain comité d’hygiène, de sécurité et de condition de travail (CHSCT) qui se tiendra le 15 septembre.

Dans la journée du 31 août, la CGT a déposé un préavis de grève pour la journée du samedi 17 septembre. Le syndicat s’oppose à cette fermeture et demande « le remplacement immédiat des personnes parties à la retraite et l’anticipation immédiate de celles et ceux qui vont partir, le renforcement immédiat des équipes présentes, notamment par des vacataires et la remise à plat des conditions de travail de l’ensemble des personnels ».

Pour les livreurs de Fast Despatch, des paies erratiques, une situation bloquée et un espoir au tribunal

Pour les livreurs de Fast Despatch, des paies erratiques, une situation bloquée et un espoir au tribunal

Après 12 jours à protester devant les locaux d’Amazon, les livreurs du sous-traitant Fast Despatch Delivery ont été partiellement payés. Poussés à la démission, ils ne sont pas autorisés à travailler ailleurs. Soutenus par le député (LFI) Emmanuel Fernandes, ils espèrent qu’une audience devant le tribunal de commerce de Bobigny débloquera enfin leur situation le 5 septembre.

Douze jours après la première opération de ralentissement du dépôt Amazon à la Meinau, c’était le dernier rassemblement des livreurs de Fast Despatch Delivery (FDL) ce mardi 30 août. Il faut dire qu’Amazon a réagi… en leur signifiant via un huissier de justice que tout rassemblement devant les grilles du dépôt de la Meinau leur était interdit.

Pour rappel, les salariés ont vu l’activité de ce sous-traitant d’Amazon parmi tant d’autres s’arrêter brusquement le 9 août (lire notre article). Leur salaire de juillet n’avait toujours pas été versé et la société FDL n’ayant pas déclaré sa fin d’activité, ses employés ne sont ni autorisés à travailler pour un concurrent, ni à s’inscrire à Pole Emploi. De quoi mettre ces travailleurs dans des situations financières très compliquées.

Pour les salariés, la responsabilité d’Amazon dans leur situation doit être questionnée. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Des salaires enfin versés

Depuis la première opération devant l’entrepôt d’Amazon, les salariés ont enregistré quelques progrès. Ils ont reçu des paiements pour leur salaire de juillet et les 9 jours d’août. « Certains ont reçu 200 euros, d’autres 2 200 euros, mais on n’a pas reçu de fiche de paie. Ceux qui ont touché beaucoup sont démotivés », raconte Ennes (prénom modifié), l’un des livreur présent au dernier rassemblement.

Surtout, une audience est programmée devant le tribunal du commerce, la juridiction de ressort du siège de la compagnie à Bobigny. Le 5 septembre, l’institution judiciaire pourrait prononcer la liquidation judiciaire de l’entreprise et ainsi libérer les employés de leurs engagements.

Des soutiens politique et syndicaux

Pour ce rassemblement final, le député de la circonscription de Strasbourg-sud Emmanuel Fernandes (LFI – Nupes) était à leurs côtés. « Vous ne demandez pas l’aumône, mais juste à être payés après avoir travaillé. Aujourd’hui, des choses aussi basiques que demander son salaire n’est plus respecté. Ce combat, vous le faites pour vous, mais aussi les autres. Tenez bon, ne démissionnez pas », leur a-t-il lancé lors d’une prise de parole. L’élu strasbourgeois sait que ses leviers de député d’opposition sont limités, mais considère que son rôle est d’exercer « une pression institutionnelle » et médiatique. Pour la secrétaire générale de l’Unsa Grand Est, Chloé Bourguignon, la réaction de l’inspection du travail à la mi-août n’est peut-être pas étrangère aux communiqués du député strasbourgeois et de ceux de Thomas Portes, un autre député insoumis très actif sur le sujet. Mais par la suite, Emmanuel Fernandes estime que ces situations peuvent être traitées par l’Assemblée nationale :

« Avec la Nupes, nous voulons porter une loi qui engagerait la responsabilité sociale d’un donneur d’ordres envers ses sous-traitants. Cela existe déjà avec la responsabilité environnementale et nous voudrions étendre ce dispositif ».

Enfin, la situation de FDL pourrait devenir un cas d’école pour voir la loi de 2017 sur le « devoir de vigilance des maisons-mère et des donneurs d’ordres« , peut s’appliquer.

Emmanuel Fernandes, avec son écharpe tout à gauche, s’adresse aux salariés Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Côté syndicats, les livreurs sont désormais aidés par l’Unsa. Pour son secrétaire général bas-rhinois Mohamed Sylla, cette situation « est inimaginable au XXIe siècle ».

« Amazon fait 460 milliards de chiffre d’affaires et 35 milliards de bénéfices. Ces salariés ont participé à cette émergence. Cette maltraitance détruit le salariat. Nous lançons un appel aux pouvoirs politiques et judiciaires pour des sanctions fermes et des lois adaptées afin qu’Amazon soit reconnue responsable ».

« Qu’on en finisse »

Après 12 jours de présence, les ex-chauffeurs livreurs de FDL espèrent que cette dernière action donne du retentissement à leur cause, et soit considérée par la justice. C’est le cas d’Ennes, 26 ans et chauffeur depuis ses 18 ans. « J’attends qu’une chose, qu’on en finisse en bien ou en mal ». Après deux ans avec FDL, il ne sait pas s’il retravaillera pour un autre sous-traitant d’Amazon, « c’est le seul endroit où il y a tant de problèmes ». Il imagine suivre une formation pour devenir ambulancier. Pour cela, il faudra que le tribunal de commerce lance les démarches que se refuse de faire Fast Despatch Logistics, qui ne répond plus.

Contre un transfert de moyens, grève illimité à l’informatique de l’académie de Strasbourg

Contre un transfert de moyens, grève illimité à l’informatique de l’académie de Strasbourg

Une partie des agents chargés de l’informatique du rectorat de l’académie de Strasbourg se sont mis en grève lundi, afin de protester contre un regroupement technique au sein du ministère de l’Éducation nationale. Ils craignent une privatisation.

Une dizaine d’agents de la direction des systèmes d’information (DSI) du rectorat de l’académie de Strasbourg se sont mis en grève illimitée lundi, à l’appel de leur section locale CGT-Éduc. À quelques jours de la rentrée, ces agents entendent protester contre le transfert de leurs serveurs, actuellement installés à Strasbourg, au sein d’un centre de données unique géré par le ministère de l’Éducation nationale. Selon un comptage du rectorat, communiqué mercredi, huit agents étaient en grève mardi sur les 33 que compte le service.

Pour la rentrée, il vaut mieux que tout fonctionne bien sur les ordinateurs des agents du rectorat… Photo : Rue89 Strasbourg / cc

Ce regroupement des moyens informatiques a été proposé par le ministère et l’académie de Nancy, tutelle de celle de Strasbourg, s’est portée volontaire selon Robert Maire, syndicaliste CGT et représentant des personnels élus au comité technique académique :

« À Strasbourg, on n’a rien demandé d’autant qu’on a récemment réalisé d’importants investissements dans notre salle machines et qu’on n’a aucune garantie sur la sécurité et la sauvegarde des données qui seraient transférées. »

Selon Robert Maire, le système d’archivage des fichiers proposés aux agents et enseignants de l’Éducation nationale en Alsace est plus performant et plus sûr que le service proposé par le ministère. « Si un fichier est supprimé par mégarde, nous disposons de deux sauvegardes quotidiennes qui permettent de le récupérer », précise Robert Maire « alors que l’hébergement du ministère ne permet pas de récupérer un fichier supprimé. »

Un regroupement mal justifié

En outre, indique Robert Maire, « il n’est pas très opportun de mettre toutes les données de toute l’Éducation nationale en France dans un même serveur. Que se passe-t-il si un hackeur parvient à briser les protections de ce serveur unique ? » Au-delà, le syndicaliste craint que ce regroupement est un prélude à une sous-traitance de cet hébergement informatique par un prestataire privé, ce qui aurait pour effet de supprimer plusieurs postes de fonctionnaires au sein de la DSI.

Les agents attendent désormais que le recteur de l’académie de Strasbourg, Olivier Faron, mette fin à ce projet de regroupement des serveurs. Robert Maire indique que la durée de la grève est illimitée et qu’elle durera tant que des assurances n’auront pas été formulées par le recteur. Parmi les agents grévistes, il y a tous ceux qui sont attachés au support informatique des agents, selon le syndicaliste. Une réunion est programmée le 8 septembre avec le directeur des services informatiques du Grand Est.

Selon la préfecture, la M35 est plus fluide et plus rapide depuis la mise en service du GCO

Selon la préfecture, la M35 est plus fluide et plus rapide depuis la mise en service du GCO

Le Grand contournement ouest (GCO) est fréquenté par 5 000 camions par jour en moyenne, selon des chiffres fournis par Vinci. Selon la préfecture du Bas-Rhin, ces camions retirés de l’ancienne A35 ont permis de fluidifier le trafic à Strasbourg.

La préfecture du Bas-Rhin et Arcos, la filiale de Vinci concessionnaire du Grand contournement ouest (GCO, lire tous nos articles), se sont félicités mardi des chiffres de fréquentation de l’autoroute de contournement mise en service le 21 décembre 2021, lors d’une conférence de presse où Rue89 Strasbourg n’a pas été convié.

Pas de nouveauté : Vinci a pointé environ 5 000 camions par jour sur son autoroute, en moyenne sur un mois, soit 6 à 7 000 camions les jours ouvrés. Le nombre de camions sur le GCO le dimanche et jours fériés chutant drastiquement. Un chiffre cohérent avec les chiffres que le concessionnaire avait déjà communiqués en juin et ceux tirés de la campagne de comptage du collectif GCO Non merci.

Arcos a confirmé que l’autoroute payante était majoritairement utilisée par les véhicules de passage, ainsi les chiffres des véhicules légers augmentent sensiblement lors des vacances scolaires par exemple (voir le graphique ci-dessous).

Trafic journalier moyen hebdomadaire de janvier à juillet. On peut observer des pics de voitures individuelles lors des congés scolaires (février, avril et juillet) et des jours fériés de mai, tandis que le trafic de camion chute les jours fériés à savoir le week-end de Pâques, l’Ascension, la Pentecôte et le 14 juillet. Photo : en orange les camions, en bleu les voitures, en gris le total – doc remis

Afin d’éviter le report du trafic sur la M35, l’ancienne A35 qui traverse Strasbourg, les poids-lourds en transit (qui ne s’arrêtent pas dans l’Eurométropole) ont été interdits et la vitesse maximale a été abaissée à 70 km/h entre la place de Haguenau et la porte de Schirmeck, et à 90 km/h sur la rocade sud (M353) entre Geispolsheim et Fegersheim et la M351 vers Eckbolsheim (voir la carte ci-dessous).

Photo : Carte Jean-Yves Sauter / Adeus

Selon la préfecture, ces mesures combinées ont eu pour effet de délester les autres axes de circulation strasbourgeois. En 2022, il y aurait en moyenne 6% de voitures en moins sur la M35 par rapport à 2019, sans qu’il soit observé de hausse sur l’axe est-ouest d’accès à l’agglomération, la M351 dont la charge baisse légèrement (-3%). Les projections anticipaient plus de trafic sur cette entrée de ville.

Photo : doc remis

La baisse la plus spectaculaire concerne le nombre de camions sur la M35, qui aurait baissé de 33% en moyenne par rapport à 2019 selon les chiffres de la préfecture, voire jusqu’à -35% en juin à Ostwald au sud. Le trafic poids lourd sur l’A5 allemande n’aurait semble-t-il pas été affecté.

Photo : doc remis

En outre, la préfecture estime que le GCO a permis de réduire considérablement le nombre et la fréquence des ralentissements (vitesse inférieure à 40 km/h) sur la M35. Selon des pointages effectués entre janvier et mars 2022, ces ralentissements ne sont survenus qu’une demi-heure sur le tronçon entre La Vigie et la Porte de Schirmeck, alors qu’ils ont existé pendant plus de trois heures sur le même tronçon entre septembre et novembre 2021. Même chose entre Reichstett et la place de Haguenau, où le temps de ces ralentissements aurait fondu de près de trois heures à 14 minutes (voir graphique ci-dessous).

Photo : Visualisation Jean-Yves Sauter / Adeus

Au final, la préfecture estime que les usagers de la M35 ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Selon l’Agence d’urbanisme de Strasbourg (Adeus), à l’origine des résultats sur lesquels s’appuie la préfecture et qui a mis en place un « observatoire de la M35 », cette « amélioration des conditions de circulation est à surveiller dans le temps. En effet, elle pourrait pousser les usagers à davantage utiliser la voiture soit en terme de choix modal, soit en terme de modification des habitudes de territoire de vie. »

Temps de trajets comparés (cliquez sur l’image pour la voir en plus grand).

La municipalité repousse à 2023 une éventuelle commission indépendante du débat public

La municipalité repousse à 2023 une éventuelle commission indépendante du débat public

Votée sur le principe en mai 2021, la Commission indépendante du débat public ne verra pas le jour en 2022. La municipalité dispose de propositions pour sa création effective mais se donne un délai supplémentaire avant une éventuelle mise en œuvre.

Tram, piétonnisation, rénovations… Les grands chantiers se suivent au gré des majorités politiques mais les concertations publiques se terminent un peu toujours de la même façon : d’un côté les déçus qui estiment que tout était décidé d’avance et qu’ils n’ont pas été écoutés, de l’autre, la municipalité qui assume sa décision tout en se félicitant que tout le monde ait pu s’exprimer.

De ce triste constat est né l’idée d’une Commission indépendante du débat public à l’échelle locale, s’inspirant de la Commission nationale du débat public (CNDP). Cette institution étatique avait suivi les des prémisses de l’agrandissement du stade de la Meinau. La proposition vient du conseiller municipal d’opposition Pierre Jakubowicz (Horizons) et le principe a été voté par le conseil municipal en mai 2021 via une résolution.

Le long chemin du débat public…

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Il dénonce la dangerosité des motos sur les trottoirs, La Poste le licencie

Il dénonce la dangerosité des motos sur les trottoirs, La Poste le licencie

Facteur dans l’Eurométropole de Strasbourg, Mohamed a alerté sa hiérarchie et la collectivité de l’usage intempestif des trottoirs par les facteurs utilisant des motos électriques à trois roues. Selon lui, les tournées sont calculées en prenant en compte cet usage illégal. La Poste y a vu un manque de loyauté et l’a licencié.

En 2015, La Poste présente au public le Staby, son « nouveau véhicule de distribution écolo », élaboré en partenariat avec Ligier. Cette moto électrique sur trois roues est pratique, se gare rapidement et permet d’emporter plus de courrier que les scooters. Mais les facteurs doivent l’arrêter sur la route et faire le trajet jusqu’aux boites aux lettres à pied. Contrairement aux vélos, ils ne peuvent pas poser l’engin sur les trottoirs puisqu’il s’agit d’un engin motorisé. Dans l’Eurométropole de Strasbourg, le Staby est utilisé lors de tournées péri-urbaines, pour desservir les lotissements de communes comme Ostwald, Lingolsheim ou Entzheim.

Mohamed, 37 ans et facteur depuis 12 ans, constate qu’il n’arrive pas à boucler ses tournées en Staby dans l’horaire imparti. La journée d’un facteur doit durer sept heures, dont 6h15 de tournée. Impossible de tenir ce délai pour Mohamed, sauf à prendre les trottoirs comme raccourcis. Il regarde en détail les calculs des tournées et pour lui, c’est clair, La Poste intègre dans ses plannings que les Staby roulent sur les trottoirs. Il n’y a pas assez de temps pour descendre à chaque fois du véhicule sur la route, poster le courrier et remonter.

Les facteurs roulent sur les trottoirs avec un engin motorisé, ce qui est interdit Photo : Doc remis

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La stupeur d’habitants de l’Elsau : leur facture d’énergie a augmenté de 152%

La stupeur d’habitants de l’Elsau : leur facture d’énergie a augmenté de 152%

Des habitants du quartier de l’Elsau à Strasbourg ont vu leur facture de chauffage augmenter de 152%. Malgré l’incompréhension des résidents, le fournisseur Strasbourg Énergie ne daigne donner d’explications.

152%. Facture d’énergie en main, Joseph répète, hagard, ce chiffre en boucle. Ce retraité et habitant d’une maison individuelle située dans une impasse du quartier de l’Elsau à Strasbourg, n’en revient toujours pas. Cela fait pourtant deux semaines que la lettre est arrivée. Elle est estampillée « Strasbourg Énergie« , le gestionnaire du réseau de chaleur urbain qui alimente son foyer, et enjoint Joseph à régler un supplément de 1 042€. De 1 768€, sa facture annuelle est passée à 2 781€ hors taxes, sans explication.

Le mégawattheure à 82€

« C’est incompréhensible. On fait très attention à notre consommation ! On était même absent pendant trois semaines en plein hiver, à un moment où d’habitude, on consomme beaucoup », se défend Rosette, l’épouse de Joseph. Les factures en attestent, le couple a moins consommé d’énergie entre 2021 et 2022 comparé à l’année précédente. L’explication est simple : le prix du mégawattheure (MWh) – l’unité de mesure servant à évaluer une consommation énergétique – a bondi de 152%. Pour l’annuité allant de 2020 à 2021, il était facturé 32€. Le prix unitaire du MWh s’élève désormais à 82€.

La stupeur de Rosette et Joseph est partagée par Cédric, leur voisin. Lui aussi habite, avec sa femme et sa fille, dans une maison individuelle d’environ 250 m². Strasbourg Énergie lui demande 3 652€, alors qu’il payait 2 214 € l’année dernière. « Ça fait neuf ans qu’on habite l’Elsau. Notre consommation est stable et les prix l’étaient aussi, jusqu’à aujourd’hui. Mille cinq-cents euros en plus, c’est énorme comme augmentation », s’étonne Cédric. Anne-Marie, une autre habitante du quartier, confirme elle aussi l’augmentation de 152% du prix du MWh.

La facture d’énergie de cet habitant de l’Elsau a augmenté de 152 % Photo : NC / Rue89 Strasbourg / cc

« Aucune information au préalable »

Daniel Vidot, président de l’association des résidents de l’Elsau (Arel), dit recevoir « tous les jours » des courriels de ces abonnés s’inquiétant de cette hausse des tarifs de l’énergie. Il y a de l’incompréhension surtout. « Strasbourg Énergie s’y est très mal pris. Ils ont envoyé cette facture sans aucune information au préalable », déplore Daniel Vidot.

« On a essayé plusieurs fois d’appeler le numéro qui figure sur la facture mais personne ne répond, ils font le mort », relate Cédric. Nous avons nous même tenté de joindre à trois reprises, sur trois jours différents, ce numéro, sans succès. « S’il y a réellement une justification à cette hausse de 152%, alors nous demandons une explication. Car en l’état, nous contestons le prix unitaire du MWh affiché sur la facture », lance pour sa part Joseph.

Le 24 août, Daniel Vidot a adressé, au nom de l’Arel, un courriel à Strasbourg Énergie, que Rue89 Strasbourg a pu consulter. En voici un extrait :

« Les abonnés sont sidérés et pour une très grande partie ne veulent pas payer tout ou partie et demandent une révision de leur facture assortie d’explications et de justifications crédibles, avant de mettre la main au portefeuille s’ils sont convaincus. »

« Offrir des prix compétitifs »

Les habitants du quartier de l’Elsau sont tous ou presque raccordés au même réseau de chaleur, géré par Strasbourg Énergie. Cette société annonce desservir l’équivalent de 14 000 logements, répartis entre deux réseaux de distribution, celui de l’Elsau et un autre, le réseau de l’Esplanade.

La soudaine hausse du prix du MWh tranche avec la promesse formulée sur le site du fournisseur : « grâce à des chaufferies fonctionnant sur le mode de la multi énergies, les réseaux de chaleur permettent à tout moment d’offrir des prix compétitifs aux utilisateurs. »

Le « mode de la multi énergies » désigne un mix énergétique qui, dans le cas du réseau de chaleur de l’Elsau, est censé être composé à 45% de gaz et à 55% d’autres sources d’énergie (biomasse, chaleur de l’usine d’incinération de Strasbourg) d’après les informations transmises par Strasbourg Énergie à Daniel Vidot.

Du gaz à 227$ le mégawattheure

La hausse du prix du gaz, notamment liée à la guerre en Ukraine, pourrait expliquer en partie l’augmentation de la facture d’énergie des habitants de l’Elsau. Leur période de consommation facturée s’étend du 1er octobre 2021 au 31 avril 2022. Au 1er octobre, le prix du MWh de gaz était de 93$. Au 29 avril, il était de 99$. Entre ces deux dates, le marché de gaz a connu de fortes fluctuations, avec un pic atteint le 7 mars, où le le MWh de gaz se chiffrait à 227$. Le 25 août, le prix du MWh de cette énergie importée en partie de Russie a atteint 321$, un record.

Les habitants de l’Elsau que Rue89 Strasbourg a rencontré sont conscients de ce contexte, mais restent incrédules face à l’ampleur de l’augmentation de leur facture d’énergie. « C’est vrai qu’il y a de l’inflation, mais rien n’a augmenté de 152% », s’interroge Joseph. « Qu’on invoque la guerre en Ukraine pour expliquer cette hausse, je veux bien, mais elle n’a commencé que le 24 février 2022. Pour moi ce n’est pas logique », rappelle Anne-Marie. « Le principe du mix énergétique était d’avoir moins recours aux énergies fossiles comme le gaz justement », lâche Cédric.

Contactée, Strasbourg Énergie, filiale d’Électricité de Strasbourg, n’a pas donné suite à nos demandes d’explications.

Un bouclier tarifaire rétroactif

Les habitants de l’Elsau devraient toutefois bénéficier du « bouclier tarifaire », mis en place par le gouvernement. Un décret du 9 avril étend en effet cette mesure aux usagers alimentés par les réseaux de chaleur urbains. Le texte prévoit un gel des prix du gaz, du mois d’octobre 2021 à juin 2022. Les usagers bénéficieront d’un avoir calculé sur la différence entre ce qui a été réellement payé et ce qui aurait dû l’être si le prix du gaz était resté le même qu’au 1er octobre 2021.

C’est au fournisseur, ici Strasbourg Énergie, de formuler une demande à l’État pour obtenir cette aide. Les usagers « recevront une compensation financière imputée sur leurs charges, avec effet rétroactif au 1er novembre 2022″, apprend-on sur le site officiel de l’administration française. « Strasbourg Energie a envoyé des formulaires à remplir en avril. Ceux qui l’ont rempli et renvoyé devraient bénéficier de la remise prévue par le bouclier tarifaire », indique Daniel Vidot.

Bientôt un nouveau délégataire

Strasbourg Énergie, après plus de vingt ans de gestion du réseau de chaleur de l’Elsau, passera la main le 30 septembre à un nouveau délégataire : la société R-CUA, une société dont les actionnaires sont R-GDS (51%, ex Gaz de Strasbourg) et Primo Energies (49%), une société suisse. R-CUA promet des factures mensuelles à ses futurs abonnés, ce qui devrait éviter les mauvaises surprises.

Le réseau de l’Elsau et celui de l’Esplanade devraient être connectés afin de créer un seul réseau appelé Strasbourg Centre. L’objectif est double : raccorder 100 000 logements d’ici 2030 et porter la part d’énergies renouvelables ou de récupération à 75% alors qu’elle n’est de 43%.

Christophe Agius, ce grand timide de Souffel’, devenu la star mondiale du catch francophone

Christophe Agius, ce grand timide de Souffel’, devenu la star mondiale du catch francophone

Habitant à Mundolsheim, Christophe Agius est devenu une star des shows de catch pour le monde francophone. Normal, il connaît tout de cet univers, sur tous les continents et depuis qu’il est tout petit. Mais Paris n’était pas fait pour ce grand timide.

De son propre aveu, Christophe Agius est un feignant. Il travaille deux jours par semaine et ça lui va très bien. Son boulot ? Il se l’est créé à l’âge de 6 ans. Sur l’escalier de sa tata Thérèse, il commentait les combats de deux Playmobils. Trente ans plus tard, il commente les matchs de catch de la WWE (World Wrestling Entertainement) pour les chaînes du groupe Mediawan. Gros muscles, gueules patibulaires et shows imbibés de Coca-Cola, c’est son truc.

Le catch lui est tombé dessus, littéralement, sur le canapé de ses parents à Souffelweyersheim. Chaque samedi, des invités sont à la maison et l’un des enfants, Stéphane qui a 13 ans, est autorisé à regarder les shows de catch sur Canal+. Il en profite pour martyriser le petit Christophe, 6 ans à l’époque, en essayant sur lui les prises : torsion de bras, retournement sur le canapé… Christophe se laisse faire. Ces combats à armes inégales lui permettent de veiller un peu plus tard et, étant un peu timide, il n’ose pas trop dire non. Le rituel parental des samedis cesse mais Christophe continue de regarder Hulk Hogan démonter son ennemi juré d’alors, le français André le Géant pour le titre mondial.

Christophe Agius en août 2022, en civil Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Il obtient de ses parents l’installation d’une parabole pour suivre d’autres matchs sur des chaînes étrangères. Puis en 1997, son père rapporte un modem à la maison. Voilà Christophe raccordé à Internet. Avec son copain de lycée de l’époque, David alias Naniwa en référence à un catcheur japonais, ils créent une lettre sur Yahoo! Groupes : l’Alternative Wrestling Newsletter. Ils débutent avec une édition par semaine, ils en enverront une par jour à plus de 3 000 personnes deux ans plus tard.

Trafic mondial de cassettes de catch

L’époque est un peu folle. Christophe échange des cassettes vidéos de catch avec des correspondants aux quatre coins du monde, tous aussi passionnés que lui. Catch féminin, catch japonais, catch indépendant, catch hardcore, tout y passe. Au lycée, sa passion indiffère. Christophe est le petit gros vaguement marrant mais que personne n’invite aux boums. Mais le soir et les week-ends, il écrit des pages et des pages à des abonnés reconnaissants, tout en écumant les magasines informatiques pour récupérer des mois de connexion gratuits à Internet via Wanadoo, Infonie ou AOL… À la fin des années 90, Canal+ arrête les diffusions de catch : il n’est plus possible de voir des matchs à la télévision française. L’Alternative Wrestling Newsletter devient le seul média de catch en France.

Christophe l’ouvrier ? Presque…

Au lycée, ses résultats suivent mais à l’université, Christophe se retrouve perdu en sociologie. Toujours feignant, toujours réservé, il décroche et finit par pointer comme ouvrier intérimaire dans une entreprise fabricante de pâte alimentaire à la Meinau.

C’est un message de RTL 9 qui change son destin. La chaîne lui répond qu’elle a bien reçu « toutes les lettres demandant le retour du catch à la télévision, » résultantes d’une campagne qu’il a mené avec l’appui de sa communauté. RTL 9 va diffuser les shows du World championship wrestling. Christophe pourrait-il en faire la promotion auprès de sa communauté ? Bien sûr, sauf que la première diffusion du WCW en France est une catastrophe : les commentateurs ne connaissent rien au catch. Christophe alerte RTL 9 et propose son aide, gratuite !

Le stagiaire repêché in extremis

Voilà l’enfant de Souffelweyersheim à Paris. Même s’il a 19 ans ce 18 février 2000, prendre le train, pendant sept heures parce que c’était de nuit, puis le métro pour se rendre aux studios du Club Dorothée en banlieue… c’était une expédition. Une fois arrivé, tout le monde le prend pour un stagiaire, on lui donne des feuilles pour s’occuper.

Une fois le malentendu levé, on lui propose de s’essayer au commentaire des matchs de catch. Évidemment, Christophe cite les noms de tous les catcheurs, rappelle leur historique, leur progression, qui sont leurs ennemis, etc. Un directeur du groupe AB passe par là, trouve que Christophe « a une voix de merde. » Normal, il n’avait pas encore mué. Mais tous les autres, et notamment son futur acolyte Philippe Chéreau, qui avait déjà quelques années de commentaire sportif à son actif, sont impressionnés. Ses connaissances et son aisance le démarquent.

Philippe Chéreau et Christophe Agius ont un petit numéro en duo depuis vingt ans qui ravit les amateurs de catch Photo : capture d’écran AB1

Pour 800 Francs les deux sessions par mois, le groupe AB profite allègrement de la passion de Christophe pour le domaine, alors que les audiences atteignent très vite des centaines de milliers de téléspectateurs. Porté par un effet de mode en France, le groupe migre le catch sur la TNT et chaîne NT1, qui propose alors les shows les samedis soirs en prime time.

Éphémère vie parisienne

Entre temps, Christophe s’est installé à Paris. NT1 finit par le payer correctement, non sans qu’il ait dû mettre sa démission dans la balance. Le directeur du groupe AB le rattrape en multipliant par trois son salaire. À l’antenne, Christophe joue le méchant un peu bête, volontiers de mauvaise foi. Ça cartonne. Le public se reconnait dans ce rôle d’éternel adolescent qui se révèle quand il éructe au micro à la manière des tonnes de muscles qui s’attrapent sur le ring. « Quand je commence une session, j’oublie tout, précise-t-il. Je ne suis plus timide ni réservé, je parle comme si ma vie en dépendait et je finis trempé de sueur. »

En 2014, Christophe est même envoyé à la Nouvelle Orléans pour couvrir, depuis le bord du ring, les matchs du 30e Wrestlemania, dans un stade surchauffé par 80 000 personnes. Il devra se mordre les lèvres pour ne pas pleurer alors qu’on annonce son entrée au public… qui le salue ! Puis ce sera Dallas, Miami, Brooklyn… Quatre fois par an, NT1 envoie le duo qu’ils forment avec Philippe Chéreau au contact des monstres sacrés du catch le plus impressionnant qui existe.

Mais Christophe ne se fera jamais à Paris, au monde clinquant de la télévision et aux amitiés intéressées… « Au fond de moi, je suis toujours le beauf de Souffelweyersheim », dit-il. De plus, l’étoile du catch pâlit : les shows sont toujours regardés mais les DVD se vendent de moins en moins puis plus du tout.

Choc de maturité

Christophe revient en Alsace, il s’est installé dans une maison de Mundolsheim après avoir eu un enfant en 2020. Un choc de maturité à 42 ans ! « Le catch, c’est toute ma vie », dit-il alors qu’il constate qu’il doit faire une place à sa femme et à son fils. Voilà que celui qui a passé sa vie à suivre le vent doit quand même faire quelques choix. Il y va doucement et il est resté très casanier : quelques potes, les mêmes depuis 20 ans, quelques barbecues, quelques tartes flambées, « ça me va très bien. »

Malgré plus de vingt ans de pratique, il n’est que rarement reconnu dans la rue. La dernière fois, c’était en juillet à Cigoland. « M. Agius, j’adore ce que vous faites », lui a lancé l’amateur de catch. Il est resté interdit. Encore aujourd’hui, Christophe a du mal à accepter un compliment. « Il a fallu que je me rende compte qu’il y a des gens plus nuls que moi, pour que j’accepte l’idée que je me débrouille, » dit-il.

« Il est là l’Arabe ! » Une fête de village vire au lynchage

« Il est là l’Arabe ! » Une fête de village vire au lynchage

Un mineur a été agressé après avoir reçu des insultes racistes lors d’une fête de village à Soucht, à la limite du Bas-Rhin et de la Moselle. La victime témoigne, une enquête a été ouverte.

Le week-end du 20 août dans un village voisin de Meisenthal et frontalier du Bas-Rhin, c’était le « Souchter Kirb ». Quatre jours de festivités estivales et une place de choix pour les « conscrits » de la commune, c’est-à-dire celles et ceux qui ont 18 ans dans l’année. Mais ce n’est pas des manèges, de la musique et des danses qu’Amin (prénom modifié), 17 ans et habitant d’une commune voisine, se souviendra. Le lycéen, futur étudiant en musicologie à Strasbourg, a été roué de coups dans un verger, une agression précédée par des propos ouvertement racistes.

À Rue89 Strasbourg, le lycéen témoigne. Il connait l’identité des deux jeunes adultes qui l’ont agressé :

« Ce sont deux frères que je connais parce qu’ils sont souvent présents aux soirées des villages, mais pas personnellement. Le week-end précédent, à une autre fête, l’un deux m’a dit “Les Arabes ce sont tous les mêmes”. Je n’avais pas réagi sur le coup. Puis vendredi et samedi soir à Soucht, ils reviennent me chercher. Je ne réponds toujours pas. Arrive le dimanche soir, j’étais à la fête vers 23h avec des amis et je suis allé chercher des amis dans un champ. Quand je suis arrivé derrière une tonnelle vers 3h, j’ai entendu : « Les arabes c’est des merdes, faut tous les mettre sur des planches et les brûler ». C’était un père de famille, il était très saoul. Je suis allé le voir et le ton est monté. Un des jeunes frères qui était avec lui m’a dit « Encore toi » et « Tu fous encore la merde » et m’a poussé. J’ai donné le premier coup puis le père m’a mis un coup à la mâchoire. On a été séparés. »

Hache et poings américain de sortie

L’altercation aurait pu s’arrêter là mais ce n’était que le début. Témoin de la scène, Driss (prénom modifié), un ancien camarade de classe d’Amin, fait partie de ceux qui sont intervenus pour séparer les parties :

« Ça s’est calmé 15 à 20 minutes puis un véhicule utilitaire a déboulé dans le champ, en roulant très vite, sans faire attention aux gens. C’était le père de famille raciste avec des jeunes adultes, ils sont sortis comme des fous furieux, on voyait qu’ils ciblaient quelqu’un. C’était le chaos, des gens se sont battus, certains étaient par terre. Moi j’étais tétanisé, j’avais le sentiment que si je me trouvais sur leur chemin, j’aurais été agressé en raison de ma couleur de peau. Ils avaient une hache, mais heureusement des gens ont eu le courage de la prendre et de la lancer au loin dans la forêt. Il y avait une dizaine de personnes qui soutenaient le père et les jeunes mais pas tous prêts à se battre et une cinquantaine de personnes qui voulaient arrêter l’altercation et leur disaient de dégager. Les premiers sont finalement repartis. Tout le monde était en état de choc. »

Le jeune homme, qui n’est qu’une ancienne connaissance d’Amin et n’a pas passé la soirée avec lui, note aussi qu’avant cela, il y avait déjà un climat tendu sur le champ. « Vers minuit, avant qu’Amin arrive, il y avait déjà eu des personnes visées par des propos du type « Cassez vous, vous n’êtes pas les bienvenus. Dégagez si vous êtes arabes ».

Amin raconte l’irruption des agresseurs :

« L’un des frères a pointé le flash de son téléphone sur moi et a dit “Ils sont là, il est là l’arabe”. Je leur ai dit d’arrêter et je me suis défendu. J’ai été mis au sol et plusieurs personnes, trois ou quatre, se sont mises sur moi, j’ai été roué de coups. Je ne sais pas si j’ai reçu des coups de poing américain, mais ça a été le cas pour l’un de mes amis, qui est noir. Heureusement qu’il y avait des amis autour de moi et que des gens sont intervenus. Les agresseurs ont fini par partir. »

Trois jours d’interruption de travail et une enquête

Les urgences de Bitche, où Amin a passé la fin de la nuit, ont délivré au néo-bachelier une interruption de temporaire de travail (ITT) de trois jours. La docteure relève six blessures, notamment un hématome de 3 cm de long à la mâchoire, une plaie à l’index ou encore une « cervicalgie avec douleur ». « J’avais mal au cou, j’ai dû porter une minerve », décrit le jeune homme. Encore choqué et traumatisé, il a rendez-vous pour un suivi psychologique. « Physiquement ça va, mais psychologiquement c’est dur. Je revois ces images en boucle ». Appelés, les gendarmes de Bitche se sont rendus sur place selon le Républicain lorrain mais il sont arrivés une heure et demie après la rixe qui n’a duré que quelques minutes.

Le jeune homme de 17 ans a eu des blessures physiques, mais est surtout très choqué. Photo : remise

Amin a porté plainte à la gendarmerie de Bitche contre les deux frères et le père de famille, lundi 21 août. Le parquet de Sarreguemines a confirmé à Rue89 Strasbourg qu’une enquête était ouverte, mais sans préciser si le motif raciste de l’agression était retenu.

Sur Facebook, un message signé « Tous les conscrits de 2004 » et relayé par la commune de Soucht indique « condamner ces agissements et comportements racistes qui sont le fait de cas isolés et dont nos amis ont été victimes ». Les festivités liées aux conscrits prévues le lundi soir ont été annulées et une patrouille de gendarmerie a circulé sur les lieux. La maire de Soucht, Christelle Burgun, a pu échanger avec la famille d’Amin et lui a apporté son soutien. Contactée, la maire ne souhaite pas commenter l’agression et dit « attendre les résultats de l’enquête, qui ne s’annonce pas si évidente que ça, afin que tous les éclaircissements soient faits ». Selon la maire élue en 2020, c’est la première fois qu’une bagarre de ce type se déroule dans sa commune.

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