Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Églises, mosquées et synagogues : la municipalité revoit ses règles de financement des lieux de culte

Églises, mosquées et synagogues : la municipalité revoit ses règles de financement des lieux de culte

Un an et demi après la polémique sur le financement – finalement abandonné – de la mosquée Eyyub Sultan, la Ville de Strasbourg va revoir ses règles. Parmi les modifications, un plafond à un million d’euros. Autre changement : la préfecture sera saisie afin d’étudier les demandes de subventions et d’alerter, en cas de menace « relative à la sécurité nationale » et de « dérives intégristes ».

Selon nos informations, le conseil municipal de Strasbourg du lundi 26 septembre prévoit de voter les règles de financement public des lieux de cultes. Dix-huit mois après la polémique nationale sur le financement de la mosquée Eyyub Sultan à la Meinau (voir nos articles), les écologistes sont très attendus sur ce sujet sensible.

Les voici donc avec une délibération « cadre » qui revoit les règles générales. Elles ont été présentées aux présidents des groupes du conseil municipal, mais n’ont pas fait l’objet d’un travail transpartisan avec l’opposition. En mars 2021, la municipalité n’avait suivi que partiellement les pratiques jusqu’ici en vigueur, en proposant de financer un projet déjà amorcé. Or, depuis 1999, la règle municipale voulait qu’une subvention n’intervienne qu’en amont d’une construction, afin de permettre une négociation sur la conception (une interprétation que la municipalité actuelle conteste désormais, arguant que la subvention et le bail de la Grande mosquée avaient été votés en 2006, deux ans après la pose de la première pierre).

Cette fois-ci, la municipalité écologiste remet donc d’abord ses pratiques en ordre, tout en intégrant la nouvelle loi du 24 août 2021 contre le « séparatisme » promue par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Suite à la polémique strasbourgeoise, l’association Milli Görüs avait finalement retiré sa demande de subvention… et enregistré d’importants dons qui ont permis de poursuivre le chantier.

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Thierry Danet : « L’Ososphère est un baromètre de la vie dans un monde inconfortable »

Thierry Danet : « L’Ososphère est un baromètre de la vie dans un monde inconfortable »

L’Ososphère s’installe dans le quartier Laiterie pour dix jours, dont deux de Nuits électroniques avec des stars de la musique électronique. C’est le retour d’une « édition totale » qui transforme et habite plusieurs bâtiments du quartier, en journée comme en soirée.

Le festival Ososphère transforme le quartier Laiterie, entre la gare et l’autoroute, pendant dix jours, du 23 septembre au 2 octobre, avec des expositions, des rencontres, des « sets conversatoires » et deux « Nuits électroniques » les 23 et 24 septembre où sont programmés notamment Jeff Mills et The Avener.

Cette programmation tous azimuts, qui allie des concerts, des performances d’artistes et des débats veut questionner la ville d’aujourd’hui et la manière de vivre ensemble. Une marotte de Thierry Danet, le directeur artistique de L’Ososphère, qui se félicite de pouvoir à nouveau proposer dans le quartier Laiterie toutes ces fonctions, au même endroit et au même moment.

L’habillage du quartier Laiterie en Ososphère en 2019 Photo : Philippe Groslier / doc remis

Rue89 Strasbourg : Alors ça y est, c’est le retour de « L’Ososphère totale », avec les expositions et les concerts, au quartier Laiterie ?

Thierry Danet : On est très heureux d’avoir pu y arriver, même si ce fut un chantier titanesque ! En 2019, on avait pu proposer une exposition en intérieur, mais pas la déployer sur dix jours ! Cette année, on peut de nouveau « faire de la ville sur la ville », toucher à toutes les fonctions, ce qui rend les choses très compliquées… Dès qu’il faut changer un sens de circulation, ça crée un pataquès pas possible… Autre exemple, ça a été un combat de malade pour rouvrir le jardin du 12-16 rue du Hohwald, alors que c’est un lieu arboré magnifique, le genre d’endroit dont on a bien besoin en ce moment ! On y installe un jardin conservatoire pensé pour les habitants par Gaël Chaillat et Ramona Poenaru. Comme on travaille sur tout un morceau de ville, il faut mettre en musique des gens qui habitent, des gens qui sont habitués et des gens qui y travaillent. Du coup, on active des réseaux, qui eux-mêmes activent des réseaux… Pour que L’Ososphère existe, on a dû boucler des milliers d’accords… Au final, on a rempli toute une page avec les logos des partenaires, c’est absurde et joli à la fois.

Architecture Core de 1024 Photo : Doc remis

Pourquoi maintenir cette obsession d’interroger avec des artistes la cohabitation ?

Pendant dix jours, on propose des gestes et des actes d’artistes qui offrent des clés de perception de l’époque et des contextes dans lesquels on vit. Ces clés sont indispensables pour fabriquer une société qui fonctionne, notamment à l’échelle qu’on comprend le mieux, c’est-à-dire l’échelle de la ville. Quand on ignore ces éléments, on passe à côté de quelque chose de central que j’appelle « le sensible ». Quand on fabrique la ville, cette question n’est jamais abordée dans les diagnostics techniques… Donc cette édition d’Ososphère vise à faire un « diagnostic sensible » de la vie en ville, de manière partagée entre les artistes, les habitants et les habitués du quartier.

« L’Ososphère permet d’interroger un morceau du monde »

C’est pourquoi on creuse cette idée d’habiter un morceau du monde, de cohabiter dans un endroit où on est tous usagers, chacun son tour, de dispositifs interconnectés qu’ils soient de résidence ou d’agréments. L’Ososphère permet d’interroger ça et il est important que ce regard puisse être utile et utilisé.

Thierry Danet, directeur artistique d’Ososphère, cherche à faire bouillonner les questionnements sur la cohabitation Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Est-ce qu’il y a eu des utilisations publiques en provenance des éditions précédentes ?

Alors ça je n’en sais rien, on ne sait pas faire une mesure d’impact des performances qu’on propose. On sait cependant que les grands principes qui sont discutés résonnent un peu partout, quand les villes d’Europe réfléchissent sur elles-mêmes. Ainsi, quand Manchester, ville chère à mon cœur, a réussi à faire exister dans ses politiques publiques des micro-initiatives adossées à des logiques « sensibles », d’autres villes européennes ont suivi. L’écueil de cette politique consiste à créer des quartiers dédiés aux « industries créatives », qui ne sont que des concepts à compétition pour une seule classe de population…

« On sait qu’on vit dans un monde inconfortable »

À L’Ososphère nous sommes là pour produire du « possible ». On sait de plus en plus tôt dans notre vie qu’on est dans un monde inconfortable et L’Ososphère, c’est une manière d’y réfléchir, un baromètre de ça. On essaie de faire en sorte que de plus en plus d’habitués du quartier se considèrent comme des habitants, et que de plus en plus d’habitants soient ouverts aux questionnements que leur existence provoque. D’ailleurs, on reçoit de plus en plus de propositions pour participer à L’Ososphère.

Quelles ont été les lignes directrices de la sélection des artistes ?

On a voulu que l’édition 2022 soit celle d’après les confinements. Je me souviens avoir parlé avec des jeunes d’une vingtaine d’années, qui nous ont dit qu’ils avaient envie de faire des tas de trucs, d’agir mais qu’en même temps, ils se sentaient coupables d’avoir cette envie. C’est un détail, mais on s’est dit bon… Il va falloir discuter de cet état d’esprit dans notre programmation.

Julien Maire, cinéma perpendiculaire Photo : Doc remis

D’une manière générale, on a proposé aux artistes d’investir le carrefour qu’est L’Ososphère, qui se déroule lui-même sur le carrefour de la rue du Hohwald et de la rue du Ban-de-la-Roche. Évidemment, ils ont produit des œuvres qui sont tout sauf des carrefours !

On s’est aperçus aussi qu’il y a une bonne part d’artistes locaux. Ce n’est pas quelque chose qu’on revendique mais on remarque qu’au fur et à mesure des éditions, il s’est créé un écosystème à Strasbourg, avec des artistes ayant une renommée internationale… Donc c’est génial : les artistes participent également comme habitants aux relations qu’on essaie de créer !

Ensuite, on a essayé d’installer un maximum d’artistes plasticiens, car ils ont vraiment souffert de la pandémie sans pouvoir bénéficier des extensions du régime des intermittents par exemple.

Un gymnase mobilisé pour l’accueil des personnes du camp de l’Étoile

Un gymnase mobilisé pour l’accueil des personnes du camp de l’Étoile

Les services de la Ville de Strasbourg ont mobilisé un gymnase pour abriter les personnes installées sous des tentes place de l’Étoile, avant une prise en charge par l’État. Mais à part les demandeurs d’asile en cours de procédure, de nombreux refugiés craignent trop l’intervention de la police pour s’y rendre.

C’est la fin de ce compte-rendu réalisé en direct par Thibault Vetter. Merci à tous de l’avoir suivi.

Au final, le campement continue d’exister place de l’Étoile malgré l’ouverture du gymnase. De nombreux migrants dont les procédures sont arrivées à échéance et qui ne bénéficient plus de titres de séjour craignent trop l’intervention de la police pour se rendre au gymnase ou dans un centre de l’État.

Hamza et Fako, de Macédoine, prévoient de rester place de l’Étoile Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Plusieurs personnes avouent avoir trop peur de la police pour se rendre au gymnase ouvert par la Ville. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Les services sociaux expliquent que les personnes abritées au gymnase auront un repas dès ce soir et qu’ils peuvent rester pour quelques jours seulement.

Une agente des services sociaux de la Ville précise aux réfugiés que la municipalité ne pourra pas contrôler ce qui se passera quand la préfecture prendra le relais au gymnase. (Photo TV / Rue89 Strasbourg / cc)

Les services sociaux sont arrivés sur place. Des personnes sans-abri craignent pour certaines d’être dirigées ensuite vers le centre d’hébergement de l’État à Bouxwiller. D’autres, primo-demandeurs d’asile, se réjouissent car elles pourraient y trouver un logement, au moins le temps que durera le traitement de leur dossier.

Des militants d’aide aux réfugiés sont arrivés sur place. Certains craignent que cette mise à l’abri permette à la préfecture de renvoyer ceux qui n’ont pas de titre de séjour vers leur pays d’origine.

Discussions entre militants et réfugiés sur ce qu’il peut se passer pour eux après la mise à l’abri Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Hamza est « plutôt content » d’être placé à l’abri mais il ne sait pas ce qui va lui arriver, étant donné que sa demande d’asile a été refusée. Il vient de Macédoine avec un problème de santé qui le contraint à subir une dialyse trois fois par semaine. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Sur place, toujours pas de CCAS ni de police municipale mais Tonio Gomez, du collectif « D’ailleurs nous sommes d’ici » est présent :

« Est-ce que ce gymnase va servir à trier les migrants pour les envoyer vers des centres d’aide au retour ? On ne veut pas de ça. La préfecture supprime 1 000 places d’hébergement d’urgence pour provoquer cette situation. On demandait que ces personnes soient protégées de la police aux frontières par la Ville de Strasbourg, qui est une municipalité de gauche. »

Tonio Gomez de « D’ailleurs nous sommes d’ici »

Demain, une manifestation est prévue, en soutien aux personnes installées sur ce camp de la place de l’Étoile. Les organisateurs ont annoncé son maintien.

La Protection civile précise que le gymnase a une capacité d’accueil d’une centaine de places, avec un espace familles, un autre pour les femmes seules et un dernier pour les hommes seuls. Le camp de la place de l’Étoile compte une centaine d’occupants, il peut y avoir entre deux et trois fois plus de personnes sans-abri dans la ville.

Sur l’action de l’État, qui a reporté l’inaction publique sur le camp de l’Étoile sur la Ville de Strasbourg, Jeanne Barséghian a précisé :

« Il y avait un désaccord sur les modalités d’évacuation. Nous l’avons résolu lors de réunions hier et avant-hier pour arriver à la situation d’aujourd’hui, où nous proposons aux personnes de se protéger puis aux services de l’État de les prendre en charge. Mais évidemment, ce sera la politique du gouvernement actuel qui s’appliquera aux personnes prises en charge par l’État… »

Jeanne Barseghian :

« On sait que les températures baissent, il y a de plus en plus d’humidité place de l’Étoile et la situation ne va pas s’arranger. Il y a des enfants et des personnes malades dans ce camp, il était impensable que ces personnes passent une nuit de plus dehors. Lors d’une réunion avec la préfecture de Strasbourg, il a été convenu que l’État pourrait prendre en charge ces personnes la semaine prochaine. Dès lors, j’ai décidé de transformer le gymnase du Heyritz en centre d’accueil temporaire, avec comme opérateur la Protection civile. »

Au camp de l’Étoile, des agents du Centre communal d’action sociale (CCAS) et des policiers municipaux proposent aux personnes sans-abri de rejoindre le gymnase. Les personnes qui ne voudraient pas partir de la place de l’Étoile peuvent y rester. La municipalité précise qu’il ne s’agit pas d’une « évacuation » du camp.

Le gymnase pourrait permettre la mise à l’abri d’autres personnes sans-abri, s’il reste de la place, indique la maire Jeanne Barseghian.

La protection civile est arrivée au gymnase Heyritz Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Selon la Ville de Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin pourrait prendre en charge ces personnes la semaine prochaine, et les repartir dans différents centres d’hébergement, en fonction de leur situation administrative. La préfète du Bas-Rhin, Josiane Chevalier, avait refusé de prendre l’initiative d’évacuer le camp en utilisant la force publique :

La maire de Strasbourg au gymnase Heyritz : « il était impensable de ne pas mettre à l’abri ces personnes »

Face aux intempéries qui perdurent, la maire de Strasbourg a réquisitionné le gymnase Heyritz pour mettre à l’abri les personnes les plus vulnérables. Jeanne Barseghian a fait cette annonce à l’instant, devant quelques journalistes.

Face aux prémices d’une 8e vague, la lassitude des parents : « Ça existe encore le Covid ? »

Face aux prémices d’une 8e vague, la lassitude des parents : « Ça existe encore le Covid ? »

Le 14 septembre, Santé Publique France constatait une hausse de 66% des cas de contaminations par le Covid-19 en une semaine. Les chiffres sont là : la 8e vague de l’épidémie débute en France. Ce n’est qu’un frémissement, mais tout de même. Pourtant, les parents que nous avons interrogés sont loin d’être inquiets. Leur objectif : une année sans classe fermée. Quitte à ignorer le Covid…

Zeynep (prénom modifié) ne comprend pas trop la question. « La 8e vague de covid ? Mais ça existe encore ? » lâche cette jeune mère au foyer en riant. Plus sérieusement, la jeune trentenaire, maman de trois enfants âgés de 2 à 8 ans, tient à s’expliquer :

« Nous, on l’a eu deux fois la première année. On a été isolés six semaines au total, puisqu’on l’a eu à tour de rôle. C’était très dur d’être enfermés aussi longtemps avec les trois enfants, je ne veux plus jamais revivre ça. »

Des enfants pas forcément testés

Alors Zeynep l’assume – mais elle ne tient pas à être reconnue par les maîtresses pour autant – elle ne fait pas forcément tester ses enfants. Même s’ils ont été en contact avec le Covid. « Je pense qu’il faut qu’on vive avec cette maladie », dit-elle en jetant un œil sur sa petite dernière en train d’escalader le toboggan. Quand on lui parle du retour de l’épidémie, la seule inquiétude de la jeune femme se porte sur les fermetures des classes :

« Moi, je veux juste que mes enfants aillent à l’école, et que les maîtresses malades soient remplacées. L’an dernier c’était un calvaire, ma fille a eu une dizaine de remplaçants en maternelle. Maintenant ça suffit ! »

Zeynep est mère de trois enfants, elle redoute davantage les fermetures de classe que le covid Photo : MdC / Rue89Strasbourg / cc

Baisse de la vigilance chez certains parents d’élèves

Laure, elle, est infirmière à l’hôpital. Le masque, elle le portait quasi non-stop depuis l’arrivée du Covid en 2020. C’était l’une des mères d’élèves les plus sérieuses devant l’école du Neufeld, dans le quartier du Neudorf. Mais même pour cette soignante, au contact de personnes fragiles et malades, la vigilance s’est amoindrie ces derniers mois. « L’an dernier, j’ai dû me faire tester une vingtaine de fois, mais depuis cet été, c’est vrai que j’ai un peu arrêté. »

Devant l’école du Neufeld, l’affiche sur le port du masque est toujours en place… mais plus vraiment d’actualité. Ici, plus personne ne le porte Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

La jeune femme, maman d’un petit garçon de 5 ans et demi, reconnaît qu’elle a également un peu lâché du lest sur le port du masque. « Dans les réunions de rentrée je ne l’ai pas mis. Mon compagnon non plus. Ces derniers temps, on l’a moins porté ». Hasard ou non, Laure a contracté le virus pour la première fois la semaine dernière. « Honnêtement j’ai été hyper surprise quand j’ai vu le résultat. Evidemment on s’est isolés, et on a fait tester notre fils qui ne l’a pas eu. »

D’après Santé publique France, le 14 septembre, 33 575 nouveaux cas de Covid-19 ont été confirmés en France sur les sept derniers jours. C’est 66,7% de plus que la semaine dernière. La 8e vague de l’épidémie, Laure semble donc déjà l’avoir traversée :

« Je ne suis plus inquiète comme avant. Nous sommes tous les trois vaccinés, je sais qu’on peut l’attraper mais dans une forme classique. Et je suis les recommandations dans mon travail, mais c’est vrai que dans la vie de tous les jours, je n’ai pas le courage de recommencer comme l’an dernier. »

« Les plus fragiles doivent se protéger, mais ne vivons pas tous dans une psychose »

Un peu plus loin devant les grilles de l’école, juste après la sortie de 16h20, Floralyne Thery discute avec une amie. Cette maman de cinq enfants, représentante des parents d’élèves au sein de l’Apepa, sourit quand on lui parle de cette fameuse 8e vague de l’épidémie :

« Je ne suis pas du tout inquiète, pourtant je ne suis pas vaccinée. J’ai déjà eu trois fois le Covid et à chaque fois je m’en sors avec une bonne grippe. Après, quand il faut faire tester les enfants, je le fais, j’ai encore plein d’auto-tests chez moi. »

Floralyne Thery ne veut pas revivre la psychose des débuts Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

La jeune quadragénaire reconnaît qu’elle est « la plus mauvaise élève pour le masque », mais assure qu’elle le porte avec les personnes fragiles. « Ma belle-mère est très malade, et avec elle je le porte toujours. Les plus fragiles doivent faire attention et se protéger, mais ne vivons pas dans la psychose. »

« Depuis trois ans, il se fait tester tout le temps, maintenant ça suffit ! »

Même sentiment de lassitude chez Raffaella Trivisonne, cheffe de projet à l’Université de Strasbourg et maman d’un petit Augusto, qui a fait sa rentrée en CP :

« Ça devient super lourd pour les enfants. Il a 5 ans et demi, et depuis qu’il est rentré à l’école, il n’a connu que le covid, les tests, l’isolement… Il a beaucoup raté en maternelle à cause de tout ça. Maintenant c’est le CP, c’est un âge important, on ne va pas continuer tout ce cirque pour un rhume ! »

Raffaella, maman d’un petit garçon qui rentre en CP, a décidé de faire tester son fils, seulement s’il a des symptômes. Mais pas s’il est cas contact. Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

Et si son enfant est « cas contact » d’une personne qui est malade du Covid-19 ? La jeune italienne n’en démord pas :

« Si mon fils ne présente pas de symptôme, je ne le ferais pas tester. Moi je porte le masque au travail, je continue de faire attention, au pire je fais du télétravail, mais pour nos enfants, ça suffit ! »

« Moins d’angoisse c’est bien, mais restons vigilants ! »

Un relâchement de la vigilance que le chef de pôle des maladies infectieuses et tropicales des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, Yves Hansmann, regrette. Pour le médecin, il est normal, et même sain, que la psychose prenne fin :

« C’est bien que les gens ne soient plus angoissés par le Covid-19, parce que les conséquences de ce stress sont importantes. L’autre jour on m’a parlé de quelqu’un qui était en télétravail, et qui ne voulait plus sortir de chez lui. ça, c’est traumatisant. Il faut avoir un discours qui puisse rassurer : oui, on arrive à gérer désormais cette maladie, et oui, on a des traitements. Mais, il faut garder une certaine vigilance. »

L’infectiologue répète qu’il est donc important, selon les contextes, de porter le masque :

« Dans les transports, le masque reste recommandé. Je trouve qu’il y a trop de personnes dans un petit volume. Mais plus ça va, plus je suis seul à le faire. Il n’y a plus cette prudence-là. »

Yves Hansmann chef du service des maladies infectieuses en janvier 2022 Photo : LC / Rue89 Strasbourg / cc

Penser aux enfants des autres

Idem pour les tests de dépistage. Quand on parle de ces parents réticents à faire tester leurs enfants à Yves Hansmann, le médecin insiste, un peu las :

« Quand il y a une suspicion, ou un cas contact, le test est recommandé. Il peut toujours y avoir dans la classe des enfants qui ont des problèmes de santé, et les parents ne sont pas tous au courant. »

Yves Hansmann rappelle que si l’hôpital est mieux préparé qu’il y a trois ans, il y a toujours un nombre insuffisant de lits. Et avec l’automne et l’hiver, vont s’ajouter au covid les épidémies saisonnières de grippe. « Autant éviter d’être en tension permanente. »

« Tout ça pour ça ? » : les anti-GCO pointent les faibles effets bénéfiques de l’autoroute

« Tout ça pour ça ? » : les anti-GCO pointent les faibles effets bénéfiques de l’autoroute

Alors que la préfecture vante la fluidité du trafic liée au GCO, les opposants à l’autoroute dénoncent une communication trompeuse. Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole, indique que le nombre de voitures n’a baissé que de 2% sur la M35 depuis l’ouverture du contournement.

La préfecture a annoncé, mardi 30 août, que l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO) avait, depuis son ouverture en décembre 2021, attiré une partie des poids lourds (PL, au dessus de 3,5 tonnes) et donc fluidifié le trafic à Strasbourg. En comparant les périodes de janvier à juin 2019, avant l’exploitation du GCO, et de janvier à juin 2022, après son ouverture, l’État estime que les usagers ont gagné 15 à 20 minutes de temps de trajet aux heures de pointe. Bruno Dalpra, membre du collectif GCO Non merci, conteste cette version des faits :

« Il est impossible d’attribuer cette meilleure fluidité au GCO. De janvier à mars 2022, il y a notamment eu des directives pour maximiser le télétravail, cela fausse leurs chiffres. C’est depuis la crise sanitaire qu’il y a moins de bouchons, parce qu’il y a eu une baisse du trafic. La saturation de l’A35 risque de devenir plus fréquente si le télétravail diminue. Surtout, il n’y a aucun effet bénéfique sur la pollution de l’air à Strasbourg, or c’était l’un des principaux arguments des promoteurs de l’autoroute. De l’autre côté, le GCO provoque des nuisances sonores très importantes pour les riverains, et vraisemblablement une pollution de l’air aux abords du tracé. »

En juin 2022, près de 7 000 camions circulent tous les jours sur le GCO. (photo JFG / Rue89 Strasbourg) Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg

Alain Jund : « Tout ça pour ça ? »

Alain Jund (EELV), vice-président de l’Eurométropole en charge des transports, objecte aussi l’utilité de l’autoroute de contournement, avec les chiffres du Service d’information et de régulation automatique de la circulation (Sirac) à l’appui :

« En juin 2019, avant l’ouverture du GCO, on avait 162 000 véhicules légers (VL, en dessous de 3,5 tonnes, NDLR) qui passaient à Cronenbourg sur l’A35 tous les jours. En juin 2022, après l’ouverture, on est à 159 000 VL, tous les jours, au même endroit. Cela représente 3 000 voitures de moins seulement, soit une baisse de 2%. Et peut-être que cette très légère baisse est encore liée au télétravail. J’ai envie de dire : tout ça pour ça ? Ce chantier a couté 560 millions d’euros, pour des impacts très limités, à part ceux sur la biodiversité et les terres agricoles malheureusement… »

Alain Jund est un opposant historique au GCO. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Augmentation globale du nombre de camions

Yves Laugel, directeur du Sirac, explique qu’en moyenne il y a « 7 000 camions de moins tous les jours sur l’A35 », ce qui correspond au nombre de poids lourds qui circulent sur le GCO : « On avait plus de 20 000 camions par jour avant l’ouverture, maintenant on est à 14 000. »

Alain Jund analyse : « Seul un tiers des poids lourds sont donc reportés sur le GCO. Les porteurs du projet avaient pour objectif d’en avoir la moitié. » Bruno Dalpra craint en plus une arrivée de camions de transit supplémentaires en Alsace, qui seraient séduits par la possibilité de contourner Strasbourg rapidement.

Des solutions proposées par les opposants

« Le GCO reste une mauvaise solution à un vrai problème », martèle Bruno Dalpra. Pour réduire les bouchons et les effets néfastes de la circulation routière, GCO Non merci propose depuis de nombreuses années des dispositifs de transport collectif et la mise en place d’une écotaxe en Alsace, pour que le passage dans la région coûte plus cher aux camions, comme c’est le cas en Allemagne. Pour l’instant, les camions sont incités à passer du côté alsacien pour réduire les coûts.

Le collectif GCO Non merci continue à s’opposer à l’autoroute, à répertorier ses nuisances et ses impacts, même après son ouverture. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

C’est également la ligne d’Alain Jund. Le vice-président de l’Eurométropole explique œuvrer pour l’augmentation de l’offre en transport collectif « en lien avec la Région Grand Est » :

« Nous avons longtemps travaillé sur le Réseau express métropolitain européen (REME, une forte augmentation de la cadence de trains, NDLR), qui entrera en service le 11 décembre. Nous voulons améliorer les tracés et les fréquences sur le réseau des bus interurbains. Ce sera le cas, à l’horizon 2025 pour la ligne 220, qui relie le Kochersberg et Strasbourg par exemple.

Le but est aussi de développer des transports en site propre (une voie dédiée uniquement aux bus qui réduit fortement le temps de trajet, NDLR), comme c’est le cas pour la ligne 230 de Wasselonne à Strasbourg. Elle est devenue la plus utilisée du département avec 700 000 voyageurs par an. C’est ce type de solutions que nous avons toujours défendues et que nous mettons en œuvre aujourd’hui, malgré le GCO, pour réduire l’usage de la voiture individuelle et les embouteillages. »

#SIRAC

Contre la fermeture des musées, une grève samedi lors des Journées du Patrimoine

Contre la fermeture des musées, une grève samedi lors des Journées du Patrimoine

Le syndicat de la CGT appelle à une grève des agents ce samedi 17 septembre, pour les journées du Patrimoine, en raison du deuxième jour de fermeture des musées de Strasbourg.

La fermeture des musées strasbourgeois un deuxième jour par semaine, et tous les jours de 13h à 14h débutera le lundi 3 octobre. La « mesure d’adaptation du service », selon le jargon de la municipalité, a été officiellement entérinée lors du conseil d’hygiène de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de ce jeudi 15 septembre.

Lors de la réunion, il a été expliqué aux syndicats que cette décision relève du manque de personnel et non des questions d’économie d’énergie. Laurence Siry, secrétaire générale adjointe de la CFDT, détaille :

« On nous dit qu’il y a d’un côté la suppression de 17 postes d’agents d’accueil en 2016, tandis que de l’autre côté, il y a une augmentation de l’enveloppe ressources humaines de 12,5%. Comme il y a moins de personnel, il faut davantage faire appel à des vacataires. Il y a aussi de l’absentéisme, car il ne faut pas oublier que le services des musées a été un service de reclassement pour les personnes souffrant de pathologies professionnelles (en raison des tâches à effectuer qui ne sont pas physiques, ndlr). Donc plus ces personnels vieillissent, plus ils ont des problèmes de santé. Quant au chauffage, il est de toute façon réglé pour la conservation des œuvres, pas le confort des agents. »

Un suivi a été promis pour la fin de l’année 2022 afin de voir l’impact de cette nouvelle . Ainsi qu’un bilan en septembre 2023, ce qui laisse penser que cette fermeture pourrait durer un an ou plus.

L’autre principal syndicat, la CGT (majoritaire), avait déposé un préavis de grève pour le samedi 17 septembre, lors des Journées du Patrimoine, dès la confirmation de la décision fin août. Suite à une rencontre bilatérale avec les élus et l’administration mercredi 14 septembre, il fait part « d’avancées sur les revendications », à savoir la promesse du remplacement des départs à la retraite enregistrés depuis 2020, soit « une dizaine » de postes. Mais les agents du service des musées ont néanmoins voté le maintien de l’appel à la grève.

Une grève et un rassemblement samedi

À trois mois d’élections professionnelles à l’Eurométropole, les deux principaux syndicats n’ont pas la même approche. Pour la CGT, « ces remplacements et la fermeture un deuxième jour par semaine ne sont pas la garantie d’une amélioration des conditions de travail », estime Karim Hadi, le secrétaire général du syndicat à l’Eurométropole. En plus de l’appel à la grève, un rassemblement est prévu à 14h30 devant le Palais Rohan. « On va rentrer dans un débat sur la quantité et la qualité du service public. Pour nous, ce n’est pas au service public de payer la crise énergétique », redoute Karim Hadi.

Un rassemblement devant le Palais Rohan, qui abrite le musée archéologique, des Beaux Arts et des arts décoratifs doit se tenir samedi 17 septembre pendant les Journées du Patrimoine. (Photo Nicolas Cossic / Rue89 Strasbourg)Photo : Photo Nicolas Cossic / Rue89 Strasbourg

À la CFDT, « on ne peut pas présager de l’évolution des conditions de travail », fait valoir Laurence Siry. « La décision est prise et appeler à la grève c’est faire perdre de l’argent, ce n’est pas rassurant pour les agents. Si les conditions de travail ne sont plus les mêmes, on réagira ». L’élue du personnel estime aussi que la place du service public va se poser dans les semaines à venir. « Le service des piscines est aussi concerné par le recrutement des vacataires, et il y a eu aussi quelques fermetures inopinées sur des demi-journées pour ces raisons », compare-t-elle

L’importance de la grève connue samedi

Les agents peuvent se déclarer en grève le jour-même. La Ville et l’Eurométropole ne sauront que samedi l’ampleur de la mobilisation, et donc de l’impact sur la programmation.

Dans l’Eurométropole, 102 lieux sont ouverts à la visite du public (parfois sur inscription) samedi 17 et dimanche 18 septembre. Au total, on compte 82 bâtiments et quartiers à Strasbourg et 20 autres dans 11 communes.

Deux pétitions en ligne s’opposent à la fermeture bi-hebdomadaire des musées. L’une de l’ancienne maire entre 2001 et 2008 Fabienne Keller (Agir – majorité présidentielle), avec le député Bruno Studer (Renaissance) et l’autre portée par quatre présidents d’associations pour la culture et le patrimoine.

À la Chambre de l’agriculture du Grand-Est, beaucoup d’absentéisme et peu d’intérêt pour la bio

À la Chambre de l’agriculture du Grand-Est, beaucoup d’absentéisme et peu d’intérêt pour la bio

Un rapport de la Chambre régionale des comptes publié le 18 juillet pointe les dysfonctionnements au sein de la Chambre régionale de l’Agriculture du Grand-Est, suite au regroupement des trois anciennes régions. Il relève un absentéisme important des agriculteurs qui y siègent, des prises de décisions opaques et une mauvaise coordination dans la promotion de l’agriculture biologique.

Dans un rapport publié le 18 juillet, la Chambre régionale de l’agriculture Grand-Est (CRAGE) est pointée du doigt par la Chambre régionale des comptes (CRC) pour un fonctionnement « encore insatisfaisant » en 2021. Créée en 2016 lors de la réforme territoriale et la fusion des régions, la CRAGE est un regroupement des chambres régionales d’agriculture de Lorraine, de Champagne-Ardenne et d’Alsace. Elle a pour objectif de coordonner et de soutenir les agriculteurs du Grand-Est.

L’un des principaux problèmes relevé par la juridiction administrative financière est le taux d’absentéisme de ses membres, qui atteint les 41% en moyenne rien que sur la mandature actuelle commencée en 2019. Les délibérations de la Chambre d’agriculture, qui se réunit deux fois par an, nécessitent la présence d’au moins la moitié de ses 63 membres, des agriculteurs élus pour représenter leurs collègues, pour être valides. Or, le rapport estime que trois sessions, en juin 2018, novembre 2018 et juin 2020 ne respectaient pas ce quorum.

Cinq élus qui ne viennent jamais

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Manifestation samedi pour la réquisition de bâtiments pour les migrants du camp de l’Étoile

Manifestation samedi pour la réquisition de bâtiments pour les migrants du camp de l’Étoile

Un collectif a dénoncé mercredi 14 septembre la situation humanitaire au campement de demandeurs d’asile de la place de l’Étoile. Il demande à la Ville de court-circuiter la Préfecture et « prendre ses responsabilités et de réquisitionner d’urgence des bâtiments » pour loger les sans-abris. Plus de cent personnes, dont des malades et une quarantaine d’enfants, subissent l’humidité et la proximité avec les rats.

« Si ces personnes sont là, c’est un choix politique », lance Tonio Gomez, figure historique du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici (DNSI) 67. Depuis mars, des sans-abris ont installé un campement place de l’Étoile. Mercredi 14 septembre, ils sont plus de cent, dont environ 40 enfants. Tonio Gomez poursuit :

« Le gouvernement Macron a sorti des lois qui ont durci le traitement des migrants. Il assume de ne pas vouloir les accueillir. »

Au milieu, Tonio Gomez, du collectif DNSI 67. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Un collectif de quinze organisations

Attac Strasbourg, DNSI 67, Pas d’enfants à la rue, Casas, la FCPE Bas-Rhin, Solidaires Alsace, la France Insoumise ou encore le NPA 67, quinze organisations en tout, appellent à manifester samedi 17 septembre à 14h, au départ du camp de l’Étoile. Le but initial était d’aller jusqu’à l’hôtel de la préfecture mais ce parcours n’a pas été autorisé selon DNSI 67. Elles ont décidé de créer le « Collectif de soutien aux migrant.e.s du parc de l’Étoile ». Vincent, de l’Organisation communiste libertaire (OCL), qui prend aussi part au mouvement, livre l’une des revendications principales de la manifestation :

« La Préfecture, qui agit sous les ordres de Darmanin, je n’en n’attends rien. Mais la municipalité de Strasbourg, elle, se dit de gauche. Et bien on attend qu’elle agisse et qu’elle cesse d’attendre que l’État le fasse, on a compris qu’il ne le fera pas. Elle doit prendre ses responsabilités. Il y a des bâtiments vides, il faut les réquisitionner. »

« La municipalité ne doit pas être la courroie de transmission de la préfecture car cela met en danger les migrants. On ne veut plus du tri dans les gymnases », ajoute Tonio Gomez.

Après un premier démantèlement du camp de l’Étoile en juillet, les sans-abris ont été emmenés dans un gymnase où leurs situations administratives ont été examinées. Une partie a ensuite été redirigée vers un centre « d’aide au retour » à Bouxwiller, pour les inciter à quitter la France. La plupart étaient donc de retour place de l’Étoile quelques jours plus tard. Ce procédé de la Préfecture consistant à diriger certains migrants vers de tels centres est devenu systématique depuis l’évacuation du camp de Montagne Verte en septembre 2021. Un nouveau centre de ce type a ouvert à Geispolsheim au début de l’été.

Le camp compte plus de soixante tentes le 14 septembre. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Des descentes de la police nationale

En théorie, l’État a la charge d’héberger toute personne qui le demande de manière inconditionnelle. Mais ce dernier compte supprimer 1 000 places d’hébergement d’urgence dans le Bas-Rhin d’ici fin 2022 alors même que de nombreuses personnes, parfois très vulnérables, appellent le 115 pour demander un toit mais ne trouvent pas de solution.

Gabriel, un militant pour le droit des demandeurs d’asile, dénonce aussi des passages réguliers des forces de l’ordre :

« Souvent ils viennent à trois ou quatre. Mais il y a aussi eu deux grosses descentes, une le 30 aout, l’autre le 9 septembre, avec des dizaines d’agents, dont certains de la police aux frontières, qui ont encerclé le camp et contrôlé tout le monde. Cela crée un climat très anxiogène. Plus d’une dizaine de personnes du camp ont choisi de quitter la France et d’aller en Allemagne suite à ces descentes. »

Fako est assis sur une chaise à quelques mètres, devant sa tente où il dort avec Miranda, sa concubine. « Pourquoi la police vient ? On ne sait rien », lance t-il. En allemand, il explique qu’il vient de Macédoine et qu’il bénéficiait d’un hébergement d’urgence jusqu’à début aout : « On a reçu une notification stipulant que notre prise en charge était finie. »

Certains demandeurs d’asile vivent sur place depuis mars. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Des malades, des enfants en bas-âge

La plupart des personnes ici sont en demande d’asile ou de titre de séjour. Certaines ont reçu plusieurs refus et sont en bout de procédure. Hamza par exemple, doit dialyser trois fois par semaine, sinon il décède. Mais il montre, dépité, le papier attestant du rejet de sa demande d’asile. Il est Rom, et en Roumanie « l’accès au soin est très difficile pour sa communauté », explique t-il.

Hamza n’a pas obtenu l’asile. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Bidash, pré-adolescent, n’est pas encore scolarisé comme environ 25 mineurs sur le campement d’après les militants. Il montre un papier attestant d’un rendez-vous vendredi avec le centre d’information et d’orientation qui devrait lui permettre d’intégrer un établissement scolaire. « Où est-ce qu’il fera ses devoirs ? », demande, inquiet, Alex du NPA 67.

Dans la tente voisine, Asia est assise sur un matelas avec son bébé dans les bras. Sa fille de deux ou trois ans joue à côté. Elle ne parvient pas à communiquer en anglais ou en allemand mais semble très fatiguée de ses conditions de vie. Selon Gérard Baumgart, militant membre du collectif, insiste sur le fait que de nombreux enfants en bas-âge vivent sur le camp, dont « un bébé né il y a deux semaines ».

Asia vit dans une tente, place de l’Étoile, avec ses enfants. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

L’humidité dans les tentes, les rats à côté

À l’approche de l’automne, les précipitations devraient se faire de plus en plus fréquentes, et augmenter l’humidité sur le camp. Bien que la Ville ait installé un point d’accès à l’eau et des toilettes sèches, après plusieurs mois, « les conditions sanitaires sont extrêmement préoccupantes », estime Gérard Baumgart. Les sans-abris témoignent aussi de la présence de nombreux rats sur la place.

La municipalité et la préfecture se sont renvoyées la responsabilité du camp de l’Étoile, mais le dialogue n’est pas rompu. Ce mercredi 14 septembre, une réunion s’est tenue pour évoquer l’avenir de ces personnes. Aucune des deux institutions n’a répondu aux questions de Rue89 Strasbourg au moment de publier l’article. Et en attendant, les migrants du camp de l’Étoile restent dans le flou, sous leurs tentes.

La France condamnée pour son refus de rapatrier deux femmes de djihadistes détenues en Syrie avec leurs enfants

La France condamnée pour son refus de rapatrier deux femmes de djihadistes détenues en Syrie avec leurs enfants

Après trois ans de combat judiciaire, les familles de deux françaises détenues dans les camps du nord-est de la Syrie ont obtenu gain de cause. La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) de Strasbourg a condamné la France, ce mercredi 14 septembre, à réexaminer ces demandes de rapatriement, de façon individuelle et par un organe indépendant. Une victoire longtemps attendue par ces familles et leurs avocats.

Elles se sont longuement serrées dans les bras, à peine sorties de la Grande Chambre de la Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) de Strasbourg. D’un côté, Marie Dosé, l’avocate devenue emblématique de ce dossier des Françaises détenues en Syrie avec leurs enfants, et de l’autre, Juliette (le prénom a été modifié), l’une des grand-mère du collectif des familles Unies.

Toutes les deux ont le sourire, mais Juliette, elle, pleure aussi. « Je suis très émue, glisse-t-elle. On est tellement soulagés. Maintenant, il faut que ça se fasse, et vite. Ils ne peuvent pas passer un autre hiver là-bas. »

Me Marie Dosé explique aux familles du collectif Familles Unies l’arrêt rendu ce mercredi 14 septembre par la CEDH Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

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Une historienne publie un roman sur la villa du Struthof : « La fiction autorise à combler les interstices de l’Histoire »

Une historienne publie un roman sur la villa du Struthof : « La fiction autorise à combler les interstices de l’Histoire »

L’historienne Frédérique Neau-Dufour a publié, début septembre, le roman « La Villa des Genêts d’or », sur la maison du Struthof. Une fiction très réelle ancrée dans l’histoire de cette montagne des Vosges alsaciennes : lieu d’excursion devenu camp de concentration nazi pendant la seconde guerre mondiale. Entretien.

Agrégée et docteure en histoire, Frédérique Neau-Dufour a publié La Villa des Genêts d’or le 9 septembre. Le roman inspiré de faits et de personnages réels raconte le destin d’une maison bâtie en 1912, dans les Vosges sur le Mont-Louise par une musicienne allemande nommée Gretel, qui accueillera par la suite le camp de concentration du Struthof. Elle interviendra dans le cadre du festival strasbourgeois Bibliothèques idéales le 17 septembre.

Rue89 Strasbourg : D’où vient ce livre ? 

Frédérique Neau-Dufour : Il vient de mes neuf années passées à diriger ce lieu de mémoire qu’est le Centre national du résistant et du déporté sur le site de l’ancien camp de concentration de Natzweiler. Au quotidien dans mon travail, cela n’a pas été une épreuve, mais j’ai été atteinte personnellement, dans ma conscience : j’ai eu besoin de me libérer de certaines choses choquantes en écrivant. Il est aussi né d’une période de ma vie où j’ai eu à subir des violences, ce livre a servi à extirper ceci de moi, à comprendre comment un bonheur peut se dégrader et devenir un enfer. Et puis je suis tombée sur le journal de Gretel rédigé en allemand, qui a fait construire la maison en 1913. Elle inspire un des personnages principaux du livre. J’ai ressenti un électrochoc. Je me suis dit : « Cette histoire est incroyable, je veux l’écrire. » Pour toutes ces raisons cela a été une évidence, une urgence d’écrire ce roman.

Frédérique Neau-Dufour agrégée et docteure en histoire signe son premier roman. Photo : remise / Christophe du Barry

Comment, en tant qu’historienne, aborde-t-on l’écriture d’une fiction sur cette période ? 

On arrive armée de connaissances et en même temps on lutte pour ne pas en faire étalage. Je n’ai pas voulu les utiliser de façon directe mais je m’en suis servi comme d’un soubassement pour nourrir la fiction. C’est notamment le cas en ce qui concerne les nazis : ils ont toujours été plus loin que ce dont l’imagination humaine semble capable, cela peut parfois sembler de la fiction, mais c’est bien réel. J’ai encore du mal à croire qu’ils ont pu faire tant de mal en si peu de temps à tant de personnes sur terre.

La fiction donne également une grande liberté : elle permet de combler les vides, les interstices que l’Histoire n’arrive pas à remplir. On ne connaît pas la psychologie des gens, mais dans un roman on peut l’imaginer. Il est vrai que je me demande comment mon livre va être reçu par les historiens. Même si ce n’est pas un livre d’histoire, cela peut aider à mieux comprendre cette période.

Dans le récit, il y a des scènes très dures et détaillées sur le traitement des prisonniers, les tortures subies…

C’était aussi une manière de me libérer de toutes les choses qui m’ont parues barbares, ce sont bien des faits avérés et documentés. Je cite, en début d’ouvrage, le livre de l’historien Robert Steegman (Le KL -Natzweiler et ses kommandos : une nébuleuse concentrationnaire des deux côtés du Rhin, 1941-1945, la Nuée bleue, NDLR), beaucoup d’éléments proviennent de ses recherches, notamment dans les conditions de vie des détenus, du camp, son fonctionnement. 

Le village de Natzwiller et ses habitants sont peu présents finalement …

C’est le cas dans la troisième partie une fois le camp de concentration construit. La montagne se ferme, le camp se replie sur lui-même. Il y a des échanges avec le village, pour les achats par exemple, mais les relations sont plus distantes. Mais il y a quand même certains personnages, l’aubergiste ou un chien jaune, qui a une certaine importance… et qui en plus a réellement existé ! J’en ai retrouvé la trace dans les archives du village de Natzwiller (les Allemands avaient rebaptisé le village Natzweiler, NDLR). C’est important aussi de raconter le village autour, de s’interroger sur ce que pouvaient ou pas les voisins du camp, de se demander quelle pouvait être leur marge de manœuvre.

La villa telle qu’elle existe encore aujourd’hui. Photo : remise / Jean-Philippe Aroni

Pourquoi le rôle de la maison est-il si important ? 

C’est en effet le personnage principal du livre. Pour moi elle symbolise l’être humain : nous sommes comme une maison avec un corps qui se construit et grandit. Et ce corps est habité par une âme. Je trouvais aussi intéressant comme trame, le fait que plusieurs personnes se succèdent dans une maison. Finalement un lien existe avec des gens qui, si différents qu’ils soient, l’ont tous habité et aimé. Dans une chambre d’hôtel, je pense souvent à ceux qui ont dormi avant dans le lit que j’occupe et qui y dormiront après. Je suis troublée par le fait que des humains qui n’ont rien en commun se succèdent. C’est le cas aussi à l’échelle de la planète d’ailleurs. Donc la maison, c’est à la fois un symbole intime et un cadre beaucoup plus large : le monde. 

Est ce que ce roman peut apporter quelque chose à la connaissance du passé tourmenté de l’Alsace et notamment sous la période nazie ? 

Je pense qu’il peut en effet participer à faire comprendre ce qui s’est passé en 1940-45. Pour comprendre cette période, il faut voir d’où l’on vient. On ne peut pas comprendre les crimes nazis si on ne considère pas la théorie de l’inégalité des races qui était majoritaire et acceptée chez beaucoup de savants au XIXème siècle. Les nazis ne sont pas tombés du ciel. Plus généralement il y a aussi le côté prédateur de l’homme sur la nature ou son prochain : une volonté de prendre, de dominer. L’exploitation du granite rose qui a présidé à la construction du camp, les scènes de chasse aussi, nombreuses dans mon roman, interrogent ce rapport. Chez les nazis cette prédation a dépassé les possibles. On trouve en plus de l’idéologie raciste, la volonté de s’enrichir, de faire fonctionner une économie basée sur la spoliation. 

Vue de l’ancien camp de concentration KL-Natzweiller, certaines baraques ont été réhabilitées. Ce lieu de mémoire est ouvert aux visites. Photo : SW / Rue 89 Strasbourg

Est-ce que la façon dont ce passé alsacien est abordé est en train de changer ? 

Nous sommes à un tournant, les générations qui arrivent vont affronter des choses qui étaient taboues jusqu’à présent. Mais cela ne va pas sans résistance. Il y a des personnes qui ne sont pas d’accord avec ce mouvement. On peut entendre des reproches sur le fait que tel ouvrage n’est pas écrit par un historien… Mais c’est aussi le droit des citoyens de se saisir des archives et d’affronter ces sujets ; ils posent d’excellentes questions. Nous traversons une étape décisive, il faut continuer d’écrire l’histoire : c’est un enjeu politique important. Avec la guerre en Ukraine, c’est plus que jamais le cas : regardez comment la Russie tente d’imposer une réécriture de l’histoire. C’est un enjeu de démocratie : ce n’est jamais au pouvoir d’écrire l’histoire. 

Quels sont vos projets ? 

Je retourne à l’Histoire. Je suis en train de faire des recherches sur la période de l’épuration (après la guerre, lorsque les français collaborateurs ont été réprimés, NDLR) au Struthof, c’est d’ailleurs de cette époque, de novembre 1944 à novembre 1945, que le lieu a hérité son nom, lorsqu’il était camp d’internement pour des personnes accusées de collaboration avec les nazis. Il y a énormément d’archives dans lesquelles je me suis plongée. C’est une période qui a été peu étudiée.

 

#Frédérique Neau-Dufour#struthof

Nouveau décès dans les urgences surchargées de l’hôpital, Force ouvrière écrit au ministre de la Santé

Nouveau décès dans les urgences surchargées de l’hôpital, Force ouvrière écrit au ministre de la Santé

Mardi 13 septembre, le secrétaire général du syndicat Force Ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg a alerté le ministre de la Santé « sur la multiplicité des événements graves » aux urgences et « l’immobilisme dilatoire » de la direction de l’hôpital public strasbourgeois, après un décès survenu jeudi 1er septembre aux urgences.

Après un décès suspect aux urgences du Nouvel hôpital civil (NHC) le 17 mars 2022, un nouveau décès « inattendu » a été constaté jeudi 1er septembre dans le même service, selon les Dernières nouvelles d’Alsace. Le quotidien régional citant des sources syndicales indique le patient octogénaire a été retrouvé mort ‘lors des transmissions entre les équipes du matin et de l’après-midi. »

Mardi 13 septembre, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), Christian Prud’homme, a écrit au ministre de la Santé François Braun :

« Malheureusement, à nouveau, nous devons déplorer un décès dans ce service faisant l’objet d’une déclaration d’indésirable grave en date du 1er septembre 2022. Ce décès intervient 36 heures après le dépôt d’un droit d’alerte fait par nos représentants FO dénonçant une énième situation de blocage et surcharge des urgences du Nouvel hôpital civil (NHC) de Strasbourg. »

50 patients pour 30 places sur brancards

Dans son courrier, Christophe Prud’homme décrit la situation des urgences qui a amené le syndicat à déposer un droit d’alerte :

« Le 30 août à 23 heures, il y avait 50 patients pour 30 places sur brancards avec des véhicules en attente dans le sas de dépôt des urgences. Le lendemain, la situation ne présente aucune amélioration avec 40 patients dont 26 présents plus de 12 heures sur brancards. »

Selon le responsable syndical FO, le patient décédé est arrivé en début d’après-midi du 31 août, dans des urgences toujours surchargées. « Le 1er septembre, on dénombre 43 patients pour 30 places avec 25 patients présents depuis plus de 12 heures », écrit Christian Prud’homme au ministre de la Santé.

Promesses non tenues et demande d’enquête

Dans sa lettre au ministre François Braun, le responsable syndical déplore aussi les promesses non tenues par la direction générale, comme « la mise en place d’un gestionnaire de flux sur place aux urgences » ou encore « l’étude pour une mise en place d’un service tampon post-urgence déployable en situation de tension ».

Constatant les « 300 lits fermés pour raisons de ressources humaines (…) et 250 postes d’infirmiers vacants » ainsi qu’une « fuite et un abandon de nos professionnels vers d’autres établissements », Christian Prud’homme demande une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), l’organe de contrôle du ministère de la Santé. Objectif : « qu’une analyse des difficultés de gestion du risque au sein des urgences du NHC soit menée et que les engagements pris soient enfin tenus. »

Contactés, les HUS ont confirmé que « le décès a été déclaré à l’Agence régionale de Santé (ARS) sur le portail national des événements indésirables graves » et ont réitéré leurs « sincères condoléances à la famille du défunt » au nom de la communauté hospitalière. Les HUS ont cependant refusé de répondre à nos demandes de précisions.

À l’hôpital, la fusion des services hépato-gastro a fait perdre du personnel et des lits

À l’hôpital, la fusion des services hépato-gastro a fait perdre du personnel et des lits

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L’erreur à 60 millions d’euros d’Électricité de Strasbourg

L’erreur à 60 millions d’euros d’Électricité de Strasbourg

Selon le quotidien Les Échos, Électricité de Strasbourg a commis deux importantes erreurs les 6 et 7 septembre. Le producteur et distributeur d’électricité alsacien a vendu sur le marché international respectivement 2,03 gigawatts (GW) et 5,75 GW d’énergie. Sauf qu’ÉS ne disposait pas de cette énergie, ce qui l’a obligé à la racheter « en catastrophe et à prix d’or », détaillent Les Échos. Bilan communiqué le 8 septembre aux marchés financiers par ÉS : 60 millions d’euros de pertes.

L’enquête sur ce dysfonctionnement, dont l’origine n’est pas déterminée, est en cours. Le quotidien économique pointe à titre de comparaison que la capacité théorique de la future centrale nucléaire à réacteur pressurisé de Flamanville est de 1,65 GW.

Électricité de Strasbourg est une filiale d’EDF qui fournit l’électricité à 560 000 foyers et entreprises alsaciennes. Photo : iconom / Pexels / cc

La communication d’ÉS précise lundi qu’il ne s’agit pas d’une « erreur de trading, ÉS ne pratiquant pas l’achat et la revente de volumes d’énergie. » Cette erreur a cependant contraint RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, d’envoyer un message d’alerte à tous les fournisseurs voisins étant donné les tensions qui sévissent sur le marché de l’électricité, en raison de l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires en France concomitamment.

Après une diffamation sur Facebook, le militant nationaliste s’en sort grâce à la prescription

Après une diffamation sur Facebook, le militant nationaliste s’en sort grâce à la prescription

Laurent Husser, militant nationaliste, avait diffamé Georges Federmann, un psychiatre militant antiraciste strasbourgeois, sur Facebook, en novembre 2019. M. Husser avait été reconnu coupable en février 2022 et condamné à de lourdes amendes. Vendredi, la Cour d’appel de Colmar a jugé que les faits étaient prescrits.

Psychiatre strasbourgeois, Georges Federmann avait été présenté en novembre 2019 comme un passeur et insulté sur Facebook par Laurent Husser, un militant d’extrême-droite strasbourgeois. Collaborateur à Bruxelles des parlementaires européens nationalistes, Laurent Husser avait alors conclu à la suite d’un article des DNA faisant état d’un trafic d’ordonnances que le Dr Federmann était impliqué, ce qui n’était pas le cas. Ce dernier avait alors porté plainte pour diffamation, rejoint par le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) en partie civile (voir le compte-rendu d’audience).

En février 2022, le tribunal correctionnel de Strasbourg avait reconnu coupable de diffamation Laurent Husser et l’avait condamné à verser environ 7 000€ d’amendes et de frais d’avocats. Mais vendredi 9 septembre, la Cour d’appel de Colmar a infirmé ce jugement et prononcé l’extinction de l’action publique, en considérant que les faits étaient prescrits.

Une instruction trop lente

Selon Mme Pauly, présidente de la formation d’appel, l’instruction n’a pas rallongé le délai de prescription :

« La Cour relève que les deux courriers du magistrat instructeur, datés des 15 janvier et 2 février 2021, postérieurs à l’avis préalable de mise en examen, visant à interroger par écrit la personne soupçonnée, dont la mise en examen était envisagée, n’entrent ni dans le champ des dispositions dérogatoires et strictes de l’article 51-1 de la loi du 2 juillet 1881 ni dans celui des articles 79 à 230 du Code de procédure pénale, et ne peuvent donc être considérés comme des actes d’instruction réguliers ayant valablement interrompu la prescription. Dès lors, en l’absence de tout acte qui aurait valablement interrompu le délai de prescription entre l’avis préalable de mise en examen du 29 octobre 2020 et l’avis de mise en examen du 11 mars 2011, la prescription était donc acquise en cours d’instruction. »

La Cour ne se prononce donc pas sur le fond du dossier, et n’ordonne donc ni amende ni dépens.

Viols, fugues et prostitution… Dans un foyer de Mulhouse, les drames de la protection des filles mineures

Viols, fugues et prostitution… Dans un foyer de Mulhouse, les drames de la protection des filles mineures

Malgré les efforts de l’équipe, le foyer des Hirondelles peine à protéger toutes ses enfants placées. En 2019, six jeunes filles ont été violées à proximité de l’établissement. Trois ans plus tard, une jeune mineure a accouché en catastrophe, après être tombée enceinte lors d’une de ses innombrables fugues. À cela s’ajoute le fléau de la prostitution facilitée par les réseaux sociaux.

« Je fuguais. Quand j’avais un copain, je partais deux jours. Avec une copine, on allait à Strasbourg, parfois trois ou quatre jours. » Céline (le prénom a été modifié) a vécu près d’un an au foyer des Hirondelles. Situé au bout d’une allée résidentielle de Brunstatt, à côté de Mulhouse, l’établissement géré par l’Arsea accueille sur site vingt mineures placées par un juge pour enfants. Comme le décrit le directeur Sébastien Schmitt, « ici, 40% des enfants ont été abusés sexuellement. La moitié ont subi des violences physiques et plus de la moitié des adolescentes ont subi des humiliations au cours de leur enfance ». Mais pour ces jeunes filles, les souffrances ne s’arrêtent pas à l’entrée du foyer…

Le foyer des Hirondelles se situe au fond d’une ruelle résidentielle de Brunstatt. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Enceinte, Céline arrive seule à l’hôpital

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Avec Gaël Ginot, Strasbourgeois engagé pour l’écologie politique

Avec Gaël Ginot, Strasbourgeois engagé pour l’écologie politique

« Les Strasbourgeoises et Strasbourgeois engagés », un podcast de Rue89 Strasbourg. Dans cette série de portraits sonores, des militants racontent leur engagement et leur parcours. Sixième épisode avec Gaël Ginot, militant d’Alternatiba.

En avril 2022, le GIEC publiait le dernier volet de son sixième rapport. Selon les experts du climat, il reste trois ans à l’humanité pour limiter les effets du réchauffement climatique. Pas de quoi faire dérailler la campagne présidentielle et la réélection d’Emmanuel Macron. Face à l’inaction des pouvoirs publics, des activistes se mobilisent pour alerter. Gaël Ginot est l’un d’eux. Depuis 2018, il milite au sein d’Alternatiba et de différents groupes écologistes. Partisan de l’action directe, il a participé à la campagne des décrochages de portraits présidentiels. Certains de ces clichés officiels ont été mazoutés le 19 janvier 2022 lors d’une opération militante organisée lors de la venue d’Emmanuel Macon au Parlement européen.

Une trentaine de militants d’ANV COP21, de Greenpeace et des Amis de la Terre se sont réunis mercredi 19 janvier à proximité du parlement européen à l’occasion de la venue d’Emmanuel Macron. Ils ont recouvert de fioul des portraits du président pour symboliser son action climatique. Photo : A.M/Rue89 Strasbourg

Militant de la génération Nuit Debout, Gaël Ginot ne conçoit pas l’écologie autrement que politique, soucieuse de réduire les inégalités et d’œuvrer à plus de justice sociale. Pour lui – comme pour d’autres – les petits gestes individuels ne sauveront pas le climat : « Très clairement, ce sont les grosses structures de production qu’il faut attaquer ; elles sont complètement nocives pour la vie sur terre ».  Mais pour mettre à bas le totem de la productivité et de la croissance sans limites, encore faut-il trouver des moyens de peser sur les décisions politiques et économiques.

Gaël Ginot, militant d’Alternatiba et de différents groupes écologistes à Strasbourg.