Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Important séisme de magnitude 4,8 au sud est de Mulhouse

Important séisme de magnitude 4,8 au sud est de Mulhouse

Un important séisme a secoué le bassin rhénan samedi 10 septembre vers 18h. Mesuré avec une magnitude de 4,8 et un épicentre à 8 km au sud est de Mulhouse, ce séisme a été ressenti jusqu’à Strasbourg.

Le sismogramme de l’événement de samedi Photo : capture d’écran Renass

Un séisme d’une magnitude de 4,8 sur l’échelle de Richter a été ressenti dans tout le bassin rhénan samedi 10 septembre à 17h58. Selon les données du Réseau national de surveillance sismique, basé à l’Université de Strasbourg (Renass), son épicentre se situe à 8 km au sud de Mulhouse. Toujours selon le Renass, sa profondeur est de 10 à 14 km.

Le Centre sismique européen (ESMC), une organisation non-gouvernementale basée en Essonne, place le séisme un peu plus au sud est de Mulhouse, à 11 km de la ville et plus près de Kembs.

L'ESMC place l'épicentre près de Kembs.

À cette heure, aucun dégât n'est signalé. Le dernier séisme de cette ampleur près de Mulhouse, magnitude 4,9, remonte au 15 juillet 1980.

N'hésitez pas à apporter votre témoignage sur le site de France Séisme et en commentaire ci-dessous !

Au-delà de la musique, Musica cherche à enchanter tous les sens

Au-delà de la musique, Musica cherche à enchanter tous les sens

Du 15 septembre au 31 septembre, Musica plonge son public dans l’introspection. La 40e édition du festival de musique contemporaine s’adresse à tous les sens, grâce à des propositions visuelles, sensorielles et parfois même participatives. 

« Soudain, l’œil prend le dessus sur l’oreille », peut-on lire dans l’édito de présentation de la 40e édition du festival Musica qui se tient à Strasbourg du 15 au 29 septembre. Et pour cause, monter un festival de musique avec des performances en direct, c’est dépasser la simple écoute. Du casque qui conduit le son via les os du crâne, à la mise en scène théâtrale, en passant par le spectacle participatif et la technique de relaxation par des sons connue sous le nom d’ASMRMusica 2022 a prévu de s’adresser à tous nos sens. 

Écouter autrement pour faire vibrer le corps 

Il y a autant de choses à écouter que de manière de le faire. Genevieve Murphy a choisi sa propre histoire, celle de l’anniversaire de ses neuf ans. L’artiste sera entendue grâce à un casque d’écoute. Avec son seul en scène intitulé I don’t want to be an individual all on my own (Je ne veux pas être un individu isolé), l’artiste invite le public à l’empathie et s’empare du thème de Musica pour mettre en scène un récit de soi mêlé à de l’ASMR (de l’exploration des sensations), de la poésie sonore et de la musique électro-pop. 

Philippe Gordiani s’est laissé tenter par une forme atypique d’écoute, avec un casque à conduction osseuse. Il s’en sert dans son spectacle H.A.V, présenté dans le cadre d’Ososphère, pour dédoubler le son qui sera également transmis par des haut-parleurs. Le compositeur joue ainsi avec les perceptions, en mélangeant musique électro, extraits de texte de littérature de science-fiction et phénomènes d’hallucination auditive et verbales (H.A.V.). Une proposition audacieuse pour redéfinir la notion même d’écoute et de musique. 

Les casques d’écoute ou de réalité virtuelle s’invitent au milieu des notes. Photo : H.A.V. / doc remis

En prendre plein la vue

Cette édition de Musica ne manque pas d’œuvres à l’identité visuelle très forte. Cela commence avec Only the sound remains, présenté au Maillon vendredi 16 septembre à 20h30, puis dimanche 18 à 15h. Cet opéra -une première française- est une création de Kaija Saariaho, La compositrice finlandaise y mêle le théâtre nô japonais et la scène contemporaine, les costumes traditionnels à la vidéo et les voix du contre-ténor polonais Michal Slawecki et du baryton américain Bryan Murray à la danse du célèbre japonais Kaiji Moriyama. Kaija Saariaho est l’invitée d’honneur de cette édition du festival. La soirée du samedi 17 septembre lui sera par ailleurs dédiée, avec une projection de son précédent opéra, Innocence, suivi d’un concert

L’opéra est constitué de deux pièces. Dans la première, un soldat mort au combat réapparaît dans un temps et y retrouve son luth. Il en joue pour la dernière fois en se rappelant les plaisirs terrestres. Photo : Koji lida – Only the sound remains / doc remis

La musique côtoiera également le théâtre dans le très attendu Noir sur blanc, d’Heiner Goebbels, joué les 23 et 24 septembre au Maillon. À partir de la parabole d’Edgar Allan Poe, Ombre, le compositeur-metteur en scène allemand fait vivre sa musique grâce aux 18 musiciens présents sur scène.

Mais la musique n’a pas forcément besoin d’une trame pour raconter une histoire. Mardi 20 septembre à 20h30, Simon Steen-Andersen et l’ensemble Musikfabrik proposent une immersion sonore et visuelle à l’intérieur d’un tuba. Grâce à une caméra endoscopique retransmettant en direct, ils plongeront le public dans un voyage digne d’un film de science-fiction où objets, son et lumière se répondent. 

Pour explorer l’instrument, Simon Steen-Andersen gllisse une caméra endoscopique dans un tuba dans Trafic. Photo : remise

Des concerts secrets pour perdre le sens… de l’orientation

Les Concerts pour soi ont été pensés pour les curieux, celles et ceux qui aiment être surpris, se laisser tenter par la potentialité : celle d’une déception ou d’une révélation. Du 16 au 29 septembre, des concerts secrets auront lieu tout au long de la journée dans des lieux insolites de Strasbourg, parfois même inaccessibles en temps normal. Des musiciens – à l’identité également gardée secrète – proposeront des extraits du répertoire contemporain auprès d’un public très restreint. Pour participer, il suffit de réserver un créneau puis d’attendre. 48 heures avant le concert, le lieu et le programme seront dévoilés par SMS ou par mail. De quoi déstabiliser tous ses sens.

Les artistes et les lieux ne seront dévoilés que 48 heures avant le concert, par SMS ou par mail Photo : Julien Pétin / doc remis

Pour se retrouver, quoi de mieux que de participer à l’expérience Oniropolis de Sebastian Dicenaire ? Après le succès des déambulations dans la zone industrielle du Port du Rhin (Port Data) en 2021, les Ensembles 2.2 proposent une nouvelle expérience immersive, musicale et géolocalisée à Schiltigheim. Après avoir lancé le spectacle sur son smartphone, le spectateur est invité à suivre un récit d’anticipation dans lequel il doit réparer une étrange application qui permet d’enregistrer, de géolocaliser, de partager ses rêves et de glaner ceux des autres. Ce parcours libre sera ouvert au public à partir du samedi 17 septembre. 

Le Mini Musica : plonger dans l’art dès trois ans

Les enfants ont tout autant besoin que les adultes -voire plus- de rêver et de stimuler leurs sens. Heureusement, Musica a prévu tout un cycle pour eux : la 3e édition du Mini Musica, constituée de sept spectacles. 

Dès 3, 6 ou 10 ans, des spectacles sont proposés aux enfants de tout âge. Photo : Mathieu Chamagne – Volumes / doc remis

Les enfants y apprendront, par exemple, à voir des couleurs devenir musique et du rythme devenir danse avec Do-ré-mi-ka-do de Stilte, les 17 et 18 septembre (dès trois ans). Ils y expérimenteront un casque de réalité virtuel pour « écouter avec les yeux et voir avec les oreilles » dans Volumes de Mathieu Chamagne (dès dix ans). Les mômes pourront aussi prendre part à des ateliers et à de mini-récitals de 30 minutes proposés chaque week-end. 

Classes sans enseignants, sureffectifs, recours aux contractuels : « Cette rentrée 2022, c’est du jamais vu »

Classes sans enseignants, sureffectifs, recours aux contractuels : « Cette rentrée 2022, c’est du jamais vu »

Fermetures de classes, manque de personnel… En Alsace, la rentrée 2022 est émaillée par de nombreuses mobilisations de personnels de l’éducation et de parents d’élèves. Il manque 17 postes d’enseignants en école maternelle et primaire dans le Bas-Rhin, qui seront vraisemblablement occupés par des contractuels. Les syndicats constatent une crise sans précédent de l’attractivité des métiers de l’enseignement.

Vendredi 2 septembre, Olivier Faron, le recteur de l’Académie de Strasbourg, tenait sa conférence de presse de rentrée. Entouré de ses directeurs des services départementaux, sous les moulures dorées d’une salle de l’hôtel du rectorat, rue de la Toussaint, il a énuméré quelques mesures de la reprise, comme la création de « 100 postes d’accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) dans le Haut-Rhin », ou la « future législation sur les réseaux sociaux face au harcèlement à l’école ».

L’ambiance contraste avec la manifestation qui se tient à quelques mètres, devant le bâtiment. Une cinquantaine de personnes demandent trois postes supplémentaires de surveillants (AED) et un poste de conseiller principal d’éducation (CPE) au collège Hans Arp à l’Elsau. Laetitia Delaunoy, documentaliste, résume :

« Depuis 2017, on est passé de 596 à 814 élèves. Il y avait, à l’époque, deux CPE et neuf surveillants. Aujourd’hui, nous avons toujours deux CPE et dix surveillants. C’est très insuffisant, cela crée des situations de tension. »

Mobilisation du personnel du collège Hans Arp, devant le rectorat, vendredi 2 septembre. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Des manifestations dans toute l’Alsace

Globalement, de nombreuses mobilisations sont portées par des enseignants ou des parents d’élèves en cette rentrée 2022 dans l’Académie de Strasbourg. À Gresswiller, les parents d’élèves se sont rassemblés devant l’école primaire dénonçant trois classes de plus de 30 élèves. Du côté de Colmar, des fermetures de classes dans deux écoles maternelles suscitent des manifestations. Idem à Nothalten, près de Sélestat.

Vendredi 9 septembre, les enseignants du collège de Rosheim seront en grève et manifesteront aux côtés de parents d’élèves devant l’établissement. Une professeure d’allemand, souhaitant garder l’anonymat, explique :

« Nous comptons 650 élèves en tout, et trop peu de classes. En 6ème, trois classes accueillent 30 élèves, les deux dernières vont jusqu’à 31. Nous avons aussi deux classes de 31 élèves en troisième.

Avec mes collègues, nous considérons qu’à partir de 26-27 élèves, chaque collégien de plus compte double. C’est une sorte de seuil, au-dessus duquel la situation devient de plus en plus critique. Au-delà, on a de moins en moins de possibilités de donner l’attention nécessaire à celles et ceux qui ont des difficultés. Il nous faudrait ouvrir deux classes supplémentaires pour répartir les élèves, afin d’avoir des effectifs de 25 ou 26. »

Les parents d’élèves et enseignants du collège de Rosheim ont manifesté à plusieurs reprises depuis mai 2022. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Manque d’AESH et grève du personnel du rectorat

Simon Hector, de Sud éducation Alsace, rappelle que de nombreux établissements manquent d’AESH à Strasbourg, y compris celui dans lequel il travaille, le collège Jacques Twinger à Koenigshoffen. Rémi Louis, du même syndicat, souligne que les agents chargés de l’informatique du rectorat se sont mis en grève illimitée le 29 août contre une probable externalisation, à Toulouse, de la gestion de leur serveur. Le recteur les a rencontrés jeudi 8 septembre. Il prévoit aussi un échange avec le personnel mobilisé du collège Hans Arp vendredi 9 septembre.

Certaines mobilisations ont porté leurs fruits, comme à Hochfelden, où les parents d’élèves, le corps enseignant et les élus locaux ont réussi à faire annuler la fermeture d’une classe de 4ème. Ce résumé est non exhaustif, tant les mobilisations semblent se multiplier. Interrogé sur ce sujet, Olivier Faron répond que « le rectorat tente de répartir au mieux les moyens qu’il a en fonction des besoins, de la manière la plus objective possible » :

« Nous discutons avec les représentants du personnel pour cibler les attributions de poste, et nous en créons autant que nous pouvons. Notre budget dépend du ministère. Bien-sûr, si on me dit “plus de moyens pour l’éducation”, je suis pour ! »

Olivier Faron, recteur de l’Académie de Strasbourg, pendant sa conférence de presse le 2 septembre. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Des contractuels devant des classes sans aucune formation

« Des économies sont faites partout où c’est possible. De plus en plus de personnels sont en souffrance et sous tension », constate Laurent Feisthauer, secrétaire académique de la CGT Éducation :

« Les classes de 32 à 35 élèves sont de plus en plus nombreuses. Pour combler les postes vacants, le recours à des contractuels devient la norme. Il s’agit de personnes embauchées en urgence, pour une courte période, sans titularisation et souvent sans formation. Ceux qui ont été embauchés, suite au job dating ont eu quatre jours de préparation tout de même. Pour les autres, recrutés en ce moment, il n’y en aura aucune, et ces personnes se retrouveront devant des classes. »

Au moment de publier cet article, le rectorat n’a pas encore communiqué le nombre exacte de postes vacants et de fermetures de classes en Alsace à Rue89 Strasbourg. Sur le site de l’Académie, 24 offres sont visibles le 8 septembre, dont une bonne partie en contractuels. Selon Agathe Konieczka, représentante de le SNUipp-FSU au comité technique spécial départemental (CTSD), instance où se décide la répartition des moyens dans l’Académie, rien que dans le premier degré (maternelle et primaire), 17,5 postes sont vacants dont 2,5 en classes bilingues :

« Cette rentrée 2022, c’est du jamais vu. Concrètement, en attendant le recrutement des contractuels, certains élève se retrouvent sans enseignant pour l’instant. Ils sont donc accueillis dans d’autres classes ou bien ils restent chez eux. C’est le cas à l’école Gustave Doré à Cronenbourg, par exemple. Beaucoup de collègues témoignent être épuisés. On n’a jamais reçu autant de demandes de ruptures conventionnelles et de démissions. »

Les syndicats enseignants dénoncent le manque de moyens dans l’éducation et alertent sur le mal-être dans leur profession depuis de nombreuses années, comme lors de cette manifestation en janvier 2022. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

« Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait autant de postes vacants »

Agathe Konieczka estime qu’il est indispensable de revaloriser fortement les salaires des personnels de l’éducation. « Plus personne ne veut devenir enseignant, vu les conditions de travail et le faible niveau de rémunération », ajoute-t-elle :

« En début de carrière, nous gagnons autour de 1 500 euros nets. Étant donné notre investissement, la mobilité et le niveau Bac+5 demandé, ce n’est pas acceptable. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait autant de postes vacants. »

Fin août, Pap Ndiaye, le nouveau ministre de l’Éducation, réaffirmait la volonté du gouvernement d’augmenter les salaires des professeurs et d’agir face à la crise de l’attractivité des métiers de l’enseignement. Reste à connaître le calendrier, les montants exacts de cette revalorisation, et si le personnel non enseignant sera concerné.

En Alsace, au moins trois incendies industriels dus à la canicule

En Alsace, au moins trois incendies industriels dus à la canicule

Au cours des mois de juillet et août 2022, sept incendies ont été rapportés à la Dreal Grand-Est dans des installations classées de la région, dont cinq en Alsace. Une situation parfois aggravée par la canicule qui touche surtout les centres de tri de déchets, mais aussi d’autres installations industrielles, dangereuses et peu soumises aux contrôles.

Les mois de juillet et août ont été marqués par des vagues de chaleur les plus longues jamais enregistrées selon l’association Météo suivi Alsace. En plus de causer des dégâts pour la santé humaine, les ressources en eau et les récoltes, les fortes chaleurs peuvent aussi provoquer ou aggraver les accidents industriels. En Alsace, cinq installations classées pour l’environnement (ICPE) ont pris feu en juillet et en août 2022.

Les installations classées pour l’environnement sont des bâtiments qui, du fait de leur activité industrielle, artisanale ou commerciale, peuvent causer des dommages en terme de sécurité et de protection de l’environnement. Trois de ces incendies ont été provoqués par les chaleurs, deux sont encore en cours d’investigation pour en déterminer les causes. Selon un article du Barpi (le Bureau d’analyse des risques et pollutions industrielles), les incidents et accidents liés aux fortes chaleurs sur ces sites dangereux en France ont été multipliés par huit entre 2010 et 2019, passant de sept événements en 2010, à 56 en 2019.

Les accidents et incidents liés à des événements naturels dans les installations françaises ont augmenté de 61% en neuf ans. (Capture d’écran de l’article d’octobre 2020 du Barpi, publié dans la revue « Loss Prevention Bulletin »).

Les centres de traitement des déchets, particulièrement touchés par les incendies

Le premier en date a eu lieu le 18 juillet dans les locaux de l’entreprise Sardi, un centre de tri de déchets situé rue de Rohrschollen au sud du port de Strasbourg. Le feu aurait pris après la surchauffe mécanique d’un broyeur, directement liée aux chaleurs records du mois de juillet, selon un agent de la Dreal. Deux autres centres de tri et de stockage de déchets ont pris feu, le 28 juillet à Wintzenbach et 1er août à Châtenois. Là encore, les fortes chaleurs seraient en cause.

Les incendies dans les installations industrielles françaises touchent statistiquement plus le secteur du traitement de déchets, selon l’inventaire des accidents et incidents technologiques dressé par le Barpi pour 2021. Ces phénomènes ont plusieurs causes, selon le fonctionnaire de la Dreal :

« Cela peut venir de la fermentation de produits dans les centres de stockage de ces déchets. Il y a aussi les déchets interdits dans les poubelles, comme des téléphones portables avec des batteries en lithium. Dans ce cas, c’est un effet loupe avec le soleil qui peut provoquer une étincelle. »

76% des cas d’accidents qui concernent des centres de tri de déchets sont des incendies Photo : Capture d’écran de l’inventaire des incidents et accidents technologiques de 2021 du Barpi

Une scierie et un fabriquant de pièces aéronautiques en flammes

Dans la ville de Mothern, près de la frontière allemande, un feu s’est déclaré dans la scierie de l’entreprise Gerhard le 1er août à 7h50. Le feu a détruit l’intégralité des quatre bâtiments de 15 000 m2 du site, 40 000 m² d’aires de stockage de bois, des machines et des véhicules, ainsi que trois à cinq hectares de forêt. Seule la scierie a été épargnée. Six des 230 pompiers mobilisés ont été légèrement blessés au cours de l’extinction de cet incendie qui a duré dix heures. L’exploitant a déclaré ne pas stocker de substances chimiques dans son enceinte, lors d’une visite de la police de l’environnement le jour de l’incendie.

Une seconde visite de l’inspection des installations classées le 4 août a tout de même mis en évidence un stockage des bois résiduels « non conforme ». Le préfet a mis en demeure la scierie de remédier à ce problème dans un arrêté publié le 6 septembre. Contacté par Rue89 Strasbourg, l’exploitant n’a pas souhaité répondre à nos questions, considérant que l’enquête est encore en cours.

Incendie Sardi Strasbourg
Image de l’incendie du centre de tri de Sardi, port du Rhin, Strasbourg. 18 juillet 2022. Crédit : Protection civile du Bas-Rhin

Un événement similaire s’est produit trois jours plus tard à Molsheim, où un bâtiment d’un site de production de matériel aéronautique de l’entreprise Safran a pris feu. Celui-ci contenait des produits chimiques, comme de l’acide chromique, utilisé pour recouvrir le matériel de chrome, et de l’acide cyanhydrique, extrêmement toxique. Le préfet a mis en demeure l’industriel de procéder à des investigations sur cet accident, et sur les pollutions de l’air et de l’eau.

Contactée par Rue89 Strasbourg, l’entreprise ne souhaite pas donner plus d’éléments et indique ne pas avoir finalisé ses investigations. La préfecture a refusé que la Dreal communique les éléments sur les causes et les conséquences de ces incendies à Rue89 Strasbourg.

Des contrôles déficitaires

Si le rapport du Barpi place les fortes chaleurs comme la cause première de ces événements, il souligne aussi d’autres causes, comme l’absence ou l’insuffisance des contrôles sur ces sites, des choix d’équipements et de procédés inadaptés, ainsi qu’une mauvaise identification des risques en amont.

Paul Poulain, consultant dans le domaine des risques et impacts industriels, souligne des problèmes plus profonds que le changement climatique :

« Le climat n’est qu’un risque supplémentaire. On ne maîtrise pas tout, mais il y a aussi un manque d’investissements qui est décuplé par le vieillissement des sites industriels, pas forcément maintenus comme ils devraient l’être. Le nombre de contrôles est très faible, avec seulement 1 600 inspecteurs des installations classées, pour 500 000 installations. »

Ce problème structurel de contrôle des installations classées est aussi mis en lumière par un rapport de la commission des finances du 7 octobre 2021, qui rappelle que les effectifs au sein du ministère de la Transition écologique, dont dépendent les Dreal, ont baissé de 13,5% entre 2017 et 2022. Le rapport estime qu’il manque 700 emplois en France pour l’inspections des installations classées.

Premiers habitants dans un premier bloc sur la presqu’île Citadelle

Premiers habitants dans un premier bloc sur la presqu’île Citadelle

Le groupe Domial a inauguré Les Docks, le premier bâtiment habité de la presqu’île Citadelle, dernière friche portuaire de l’axe Deux-Rives. L’ensemble est composé de plus de 80 logements sur un parking de 400 places, avec une terrasse partagée.

Dans une tradition désormais bien ancrée, l’aménagement de l’axe Deux-Rives se poursuit, bloc après bloc. Tant pis pour la continuité urbaine, l’esthétique et la cohérence d’ensemble, l’aménagement urbain semble incapable de procéder autrement ces temps-ci. Dernier bloc en date : Les Docks, un ensemble de 83 logements, dont la moitié en accession sociale à la propriété.

Les Docks à CItadelle, une création signée Lucquet Architectes et Dietrich Untertrifaller Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Ce premier ensemble habité de la presqu’île Citadelle, en face du parc du même nom et juste à côté de la station de tram, est construit sur huit étages autour d’un parking en silo de 444 places. Les façades sont en briques et bois, mais l’intérieur trahit la standardisation de la construction contemporaine. Les appartements vont du T2 au T5, de 43 à 112 m² et paraissent petits. Les chambres par exemple sont dimensionnées autour de 12 m², c’est mieux que l’habituel 9 m² assure-t-on chez Domial, le promoteur qui a dépensé 17 millions d’euros pour construire l’ensemble.

Des balcons sont présents côté sud du bâtiment Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Qu’importe puisque la demande de logements est telle à Strasbourg que presque tous les lots à acheter ont trouvé preneur… Il est vrai que le dispositif d’aide à l’achat, réservé aux ménages modestes, a réduit le prix du mètre-carré autour de 2 800€. Un prix imbattable dans cette ville inaccessible aux ménages modestes qu’est devenue Strasbourg.

Presque tous les appartements ont été vendus Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Une terrasse partagée au cinquième étage doit abriter un peu de verdure… Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Les finitions bois masquent mal une impression d’uniformité presque dystopique Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Plus de 80 logements ont été inaugurés Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
La vue au sud de Les Docks devrait rapidement se boucher… Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Près de 3 700 ménages sont attendus dans les prochaines années sur les môles Citadelle, Coop, Starlette et Port-du-Rhin de l’axe Deux-Rives dans ce qui est l’une des plus vastes opérations d’aménagement urbain de France.

L’aide alimentaire du Secours populaire explose dans le Bas-Rhin

L’aide alimentaire du Secours populaire explose dans le Bas-Rhin

Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire du Secours populaire du Bas-Rhin a crû de 60% entre 2020 et 2021. En raison de l’inflation et du prix de l’énergie, l’association voit revenir des publics qu’elle avait aidés à sortir de la précarité.

Le Secours populaire du Bas-Rhin alerte sur l’explosion des demandes d’aide alimentaire : des étudiants et des personnes âgées ont rejoint le public accompagné par l’association caritative, ainsi que d’anciens bénéficiaires qui reviennent en raison de l’augmentation des prix.

Lors d’une présentation du baromètre annuel de la pauvreté du Secours populaire, Camille Vega, secrétaire général de l’antenne bas-rhinoise, a détaillé le défi auquel l’association qu’il dirige doit faire face :

« En 2021, on a accueilli plus de 9 000 personnes pour leur apporter une aide alimentaire directe, c’est 60% de plus qu’en 2020. Et depuis quelques mois, on constate que certaines personnes arrivent chez nous, ou reviennent, parce qu’elles ne parviennent plus à payer leurs factures d’énergie. »

Distribution du Secours populaire français rue du Hohwald durant l’été 2022. (Photo Pénélope Marcade / doc remis)Photo : Photo Pénélope Marcade / doc remis

Le Secours populaire du Bas-Rhin peut compter sur 650 bénévoles en capacité d’accueillir ces familles dans le besoin, dans des épiceries solidaires en libre-service, lors d’opérations de distribution ou de permanences. Mais la pression sur ces bénévoles commence à être difficilement supportable, comme le détaille Camille Vega :

« Les portes du Secours populaire ne sont pas faciles à pousser. Quand les gens sont là, c’est qu’ils sont en détresse et qu’ils ont besoin d’une aide immédiate. Il en résulte une certaine tension, qui est accrue lorsque la file d’attente devant nos permanences s’allonge… »

En 2020, un grosse demi-journée de permanence permettait d’accueillir une quinzaine de dossiers. Aujourd’hui, les bénévoles doivent s’habituer à traiter une trentaine de demandes dans le même laps de temps. En tout, plus de 20 000 personnes ont été reçues dans les permanences bas-rhinoises de l’association en 2021, en comptant celles qui demandent une aide alimentaire, un soutien financier pour payer les factures, ou toute autre forme d’accompagnement social.

Le Secours populaire du Bas-Rhin peut compter sur 650 bénévoles. Photo : Pénélope Marcade / doc remis

Le Secours populaire français (SPF) distribue une aide alimentaire issue du programme d’aide européen, de ses propres collectes dans les supermarchés, des partenariats pour récupérer la surproduction de certains industriels et de dons d’agriculteurs. Face à l’ampleur des besoins, le SPF a ouvert une épicerie solidaire dans le quartier du Port-du-Rhin, étendu les horaires d’ouverture pour celle de Mutzig et du Neuhof, et cherche un local près du campus pour aider plus facilement les étudiants.

Incompréhension quant aux camps de sans-abris

Le Secours populaire n’intervient pas systématiquement dans la douzaine de campements de sans-abris qui émaillent le territoire de la ville de Strasbourg, mais l’association assure une distribution alimentaire régulière aux personnes du squat Bourgogne à la Meinau. Quant à l’accompagnement des camps, Camille Vega a du mal à dissimuler une forme de lassitude :

« On regarde avec une certaine incompréhension les pouvoirs publics se renvoyer le dossier des campements, alors que pendant ce temps, ce sont des familles, parfois avec des enfants, qui doivent chaque jour trouver les moyens de leur subsistance… Les discussions sont en cours avec la Ville de Strasbourg, pour qu’une prise en charge globale, coordonnée et régulière des besoins vitaux de toutes ces personnes soit mise en place. On attend. »

Le Secours populaire a interrogé 500 enfants de 8 à 14 ans en juin, et la moitié d’entre eux considèrent désormais la pauvreté comme « présente » dans leur univers, alors qu’elle était perçue comme lointaine ou absente auparavant.

Bienvenue à Thibault, nouveau journaliste de Rue89 Strasbourg

Bienvenue à Thibault, nouveau journaliste de Rue89 Strasbourg

Thibault Vetter a rejoint la rédaction permanente de Rue89 Strasbourg depuis le 1er septembre, suite à la campagne de financement participatif de notre 10e anniversaire. La rédaction est désormais composée de cinq journalistes permanents, avec toujours une dizaine de journalistes indépendants.

Thibault Vetter n’est pas un inconnu pour les lectrices et les lecteurs de Rue89 Strasbourg. Originaire de Strasbourg, Thibault s’est d’abord formé en biologie dans les universités de Strasbourg et de Rennes, puis en journalisme scientifique, toujours à Strasbourg. Il a rejoint l’équipe des pigistes de notre rédaction en 2018. Thibault s’est rapidement spécialisé sur les sujets environnementaux et sociaux, deux thématiques importantes dans notre ligne éditoriale.

Nous sommes encore dans les cartons mais le bureau de Thibault est prêt ! Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc

Après avoir remplacé Maud durant sept mois, période pendant laquelle il a notamment révélé les conditions dangereuses d’accueil des mineurs au foyer de l’enfance du Bas-Rhin, la prise illégale d’intérêts d’une élue de la Région Grand Est ou les tribulations du prix de l’eau à Saint-Dié, nous sommes en mesure d’intégrer définitivement Thibault dans notre petite rédaction, grâce à l’aide apportée par nos lecteurs et lectrices lors de la campagne de financement participatif lancée à l’occasion de notre dixième anniversaire.

Mieux répartir notre charge de travail et l’édition

Cette nouvelle embauche, la cinquième, est aussi permise grâce aux contributions régulières des abonnés. Rue89 Strasbourg est un média local indépendant, nous ne sommes soutenus par aucun milliardaire, ni banque, ni société de télécommunications, toutes nos recettes sont locales (voir le bilan 2021) et le soutien direct de nos lecteurs et lectrices est indispensable.

Cette nouvelle configuration de notre équipe nous permettra de mieux nous répartir la charge de travail, notamment celle de l’édition : une suite de tâches qui consiste à recevoir les articles, les relire, les corriger et en discuter avec les auteurs pour éviter des incompréhensions. Cette responsabilité est confiée à chaque journaliste de l’équipe permanente, qui est en charge d’une édition de Rue89 Strasbourg une fois par semaine. Nous devrions également être plus souvent présents les week-ends, notamment lors de manifestations ou de mobilisations.

Thibault en investigation de terrain, à la recherche des pollutions dans les rivières du Kochersberg… Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

À Kolbsheim et alentours, dix jours de festival pour échanger sur les futurs et les possibles

À Kolbsheim et alentours, dix jours de festival pour échanger sur les futurs et les possibles

Du samedi 10 au mardi 20 septembre, le festival « Dix jours Vert le futur » propose des rencontres, des spectacles et des débats autour du nouveau monde et du rapport à la nature. Né à Kolbsheim en réponse aux traumatismes liés à la construction du GCO, le festival se poursuit après la mise en service de l’autoroute afin de « réfléchir à la suite collectivement ».

Né après la répression du mouvement d’opposition au Grand contournement ouest (GCO), le festival « Dix jours Vert le futur » a survécu à la mise en service de l’autoroute. Alors que les camions traversent désormais Kolbsheim par milliers chaque jour, les habitants proposent de « se rencontrer pour réfléchir collectivement à la suite ».

La suite ? Quelle suite ? Celle qui consiste à vivre dans un monde aux ressources limitées dans un environnement poussant à la consommation illimitée pardi. Sur une dizaine de jours mais surtout lors de deux week-ends, « Vert le futur » propose une série de spectacles, rencontres et débats autour de l’écologie pratique, du changement climatique ou de l’agriculture par exemple.

Au festival Vert le futur à Kolbsheim en 2019 Photo : doc remis

Ce dernier thème est traité lors de la projection de deux documentaires : « Le Pari d’Esther » mardi 13 septembre à 20h à l’église de Kolbsheim, de la journaliste longtemps strasbourgeoise Camille Andres, raconte la création d’une ferme d’un nouveau genre. « L’Afrique, les OGM et Bill Gates », vendredi 16 septembre à 20h à l’église de Kolbsheim, évoque, lui, les contreparties de la philanthropie de Bill Gates en Afrique.

Extension dans d’autres villes de la métropole

Pour sa troisième édition, le festival a bénéficié d’une aide de l’Eurométropole (10 000€) à condition de s’exporter un peu au-delà de Kolbsheim, ce qui explique qu’un atelier de « land art » ait lieu à la médiathèque d’Hangenbieten ou qu’un débat sur l’architecture et l’urbanisme soit proposé à la Maison citoyenne de Strasbourg par exemple.

Plusieurs rendez-vous sont pensés pour les familles, notamment les week-ends Photo : doc remis

« Cette aide permet de payer quelques cachets, même si c’est au tarif minimal », précise Éric Domenicone, l’un des bénévoles organisateurs du festival : « Tout le monde est bénévole dans cette opération mais l’objectif est de continuer à faire grandir le rendez-vous, en proposant à d’autres communes de participer. »

C’est le pianiste Patrick Scheyder qui est invité à enchanter la soirée de clôture, appelée « Des jardins et des hommes« , avec des odes à l’écologie remontant à Léonard de Vinci, Victor Hugo ou Jean-Jacques Rousseau, sur des musiques de Jean-Sébastien Bach, Frédéric Chopin ou Franz Schubert.

Fabienne Keller : « Il est temps d’ouvrir la Gare de Strasbourg à 360 degrés ! »

Fabienne Keller : « Il est temps d’ouvrir la Gare de Strasbourg à 360 degrés ! »

Fabienne Keller (Agir), à la manœuvre pour la dernière modification de la place de la gare avec l’arrivée du TGV en 2007, met en garde contre le projet de réaménagement qui verrait la place accueillir une nouvelle station de tram. Dans une tribune, l’ancienne maire (2001-2008) plaide pour détourner le trafic automobile et de transports en commun sur l’arrière-gare et privilégier un aménagement paysager et piéton en surface.

À l’occasion du projet de tramway vers le Nord de l’agglomération, l’Eurométropole de Strasbourg envisage d’installer de nouvelles stations place de la Gare. Une occasion unique de repenser l’aménagement global de cette place pour renforcer sa fonction originelle : un lieu d’échanges où se croisent et se côtoient, de manière apaisée, l’ensemble des modes de transport.

Une gare façonnée par les évolutions du temps

Tout au long du XXème siècle, les évolutions successives qu’a connu la place de Gare l’ont rendue progressivement minérale, axée sur le développement automobile et peu accueillante pour les piétons, cyclistes et personnes à mobilités réduites.

C’est au cours des années 2000 que la place de la Gare prend sa physionomie actuelle, avec le projet de l’architecte Jean Marie Duthilleul et du paysagiste Michel Desvignes mis en œuvre en 2007. Leur projet redonne alors toute leur place aux arbres en pleine terre, et à de vastes espaces piétons et ouverts. Malheureusement peu entretenue depuis 15 ans, la place a peu à peu perdu ces avantages, mais le potentiel d’une belle place strasbourgeoise est encore bien présent.

    1919 : La place de la Gare est recouverte de pelouses et d’arbres.Dans les années 30 : la place de la Gare sera totalement pavée, puis bétonnée. Dans les années 60-70 : les infrastructures automobiles et bus prennent le pas sur la verdure, le tram et les piétons. 1994. Le retour du tram s’accompagne d’une plus grande place faite aux mobilités douces. Mais la place reste très minéralisée.2007. L’arrivée du TGV Est s’accompagne du retour de la verdure, arbres et pelouses. Les cheminements piétons et cyclistes sont facilités. 

Aujourd’hui, les gares et leurs places attenantes, parce qu’elles sont par essence des carrefours et lieux d’échanges, ont vocation à être le cœur de la ville durable. Strasbourg doit repenser l’aménagement de sa gare dans cet état d’esprit.

L’indispensable ouverture à l’ouest

Dès lors, comment concilier les contraintes liées au développement de transports « lourds », tels que les trains et tramways, bus urbains et interurbains, co-voiturage et conserver en parallèle la fonction d’accueil de la place pour les modes doux, piétons, PMR et cyclistes ? Comment faire de la place un lieu agréable pour les habitants comme pour les voyageurs ?

Cela doit passer par l’ouverture de la Gare à 360 degrés. Engager un aménagement de « l’arrière-gare » ou « gare basse » permettrait de fluidifier les circulations, aujourd’hui concentrées sur un point unique, tout en encourageant le développement des transports collectifs vers l’Ouest.

Vue du parking Saint-Aurélie sur l’arrière de la gare de Strasbourg Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc

Cette vision, imaginée depuis longtemps, recoupe l’impérieuse nécessité de « recoudre » les quartiers de Strasbourg, historiquement coupée en deux par les axes ferroviaires et routiers. A l’aune de la requalification de l’A35, cela permettrait de mieux connecter les quartiers Ouest (Koenigshoffen, Cronenbourg) avec le quartier Gare et le centre-ville, dans une approche d’urbanisme apaisé et aéré.

Un environnement préparé à cette évolution

La plupart des dispositions techniques sont prêtes pour engager un tel projet. L’Eurométropole est propriétaire de vastes terrains à l’arrière de la Gare (près de 20 hectares) et la rue des Remparts permet d’ores et déjà d’alléger le trafic nord-sud. Sous utilisé aujourd’hui en raison notamment de signalisations insuffisantes, cet axe est disposé à devenir structurant dans le cadre d’un réaménagement général de cette face de la Gare.

De plus, une « réservation » pour une station de tram en surface a été faite il y a plus de vingt ans à l’arrière de la gare par Catherine Trautmann, toujours dans cette vision d’ouverture à 360 degrés.

Définir une vision et un projet

Nombreuses sont les villes de France et d’Europe à avoir mené à bien de tels projets, qui ont souvent mené à la création de nouveaux quartiers connectés, par nature, aux réseaux de transports et parfaitement intégrés au reste de la ville.  Les exemples ne manquent pas et sont des sources d’inspiration précieuses. Pour le site de Strasbourg, de multiples études ont déjà été menées ainsi que de nombreux projets étudiants, pouvant servir à nourrir la réflexion pour l’émergence d’un nouveau quartier articulé autour d’un projet d’aménagement global.

Je propose à l’Eurométropole d’abandonner la vision strictement technique d’une place recouverte de lourdes infrastructures de transports, de sas de retournement du tram et de dalles de bitume, pour élargir le regard. Une grande gare, digne d’une ville comme Strasbourg, capitale européenne, doit être le cœur d’un projet global d’interconnexion des modes de transports et de liaison entre les quartiers. C’est selon moi la finalité de la gare du 21ème siècle, adaptée aux exigences climatiques.

Le temps de l’action

Certains de ceux qui liront cette tribune auront sûrement un goût de « déjà lu ». Et pour cause, l’aménagement de l’arrière-gare est loin d’être une idée nouvelle. Longtemps imaginée, souvent débattue, ce projet n’a jamais été mis en œuvre. Aujourd’hui, l’extension du tramway vers le nord conjugué à la requalification de l’A35, est l’occasion à saisir pour engager ce réaménagement qui apparaît naturel. Il est temps de passer à l’action !

Manifestation vendredi pour la réouverture du jardin du Palais du Rhin

Manifestation vendredi pour la réouverture du jardin du Palais du Rhin

Quatre associations du quartier de la Neustadt appellent à un rassemblement ce vendredi 9 septembre, devant le Palais du Rhin, afin de demander la réouverture du jardin attenant. Un immense parc arboré aux abords du centre-ville… fermé au public depuis sept ans.

« On veut rouvrir ce jardin, mais c’est un long combat. » Johann Buglnig est secrétaire de l’Association Quartier Vosges Neustadt. Et depuis 2018, son association, ainsi que trois autres, se battent pour la réouverture du jardin du Palais du Rhin au public. Sans succès.

« Je connais bien ce jardin », explique le jeune retraité qui réside avenue des Vosges depuis 25 ans :

« C’est là que j’allais me promener avec mes enfants, c’était là également que les personnes âgées se retrouvaient, l’association du Fossé des XIII y organisait des évènements de quartier en 2014… Et puis un jour, ils l’ont fermé. Aujourd’hui, il est à l’abandon, il y a des détritus le long des grilles, des branches qui tombent et qui ne sont pas ramassées. Il y a même des arbres en train de mourir… »

Le jardin du Palais du Rhin reste vide depuis maintenant sept ans. Seules quelques voitures des employés de la Drac Grand Est y ont droit de résidence. Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

Un dossier qui piétine depuis trois ans

Mais alors pourquoi l’État – propriétaire de ce magnifique parc arboré et historique, qui jouxte la place de la République, et qui est collé au siège de la Direction des affaires culturelles (Drac) Grand Est – a-t-il décidé de fermer le lieu au public en 2015 ? « À l’origine, on nous a expliqué qu’il était fermé en raison de travaux qui étaient réalisés sur la toiture du bâtiment. Puis, on nous a dit que c’était à cause du plan Vigipirate… Et depuis, plus rien », explique, amer, Johann Buglnig.

Le secrétaire de l’association Quartier Vosges Neustadt raconte pourtant qu’il y a quatre ans déjà, sous la précédente municipalité de Roland Ries (PS), les équipes de la mairie étaient prêtes à signer une convention avec l’État pour prendre en charge la gestion de l’espace vert à partir de 2018, une fois les travaux terminés. En vain. « L’actuelle municipalité suit la même direction et nous soutient également », ajoute le retraité, mais pointe la responsabilité du côté de l’État :

« On piétine carrément. On a contacté le ministère de la Culture, qui nous renvoie à la Drac, qui nous renvoie à la préfecture, qui nous dit : Vigipirate… »

Le jardin du Palais du Rhin, à l’abandon, n’est plus entretenu par l’État, propriétaire. Photo : MdC / Rue89 Strasbourg / cc

Un rassemblement à 13h, vendredi 9 septembre

Les quatre associations qui portent ce combat ont donc décidé de passer à une action plus visible, en organisant un rassemblement ce vendredi 9 septembre, à 13h, devant le Palais du Rhin. « On a tapé à beaucoup de portes, il est temps maintenant de nous entendre ! »

Le secrétaire de Quartier Vosges Neustadt affirme que la maire Jeanne Barseghian (EE-LV) devrait passer les soutenir, ainsi que l’ancien premier adjoint Alain Fontanel (Renaissance), ou encore Suzanne Brolly, adjointe en charge des Espaces verts.

Selon Johann Buglnig, ce combat rassemble par ailleurs tous les habitants du quartier. « Nous sommes quatre associations qui représentons la mixité sociale de ce quartier. L’Association du Centre socio-culturel du Fossé des XIII est orientée vers la jeunesse, mais il y a aussi l’association Envie de quartier qui milite pour la floraison des quartiers, et ADQIS qui se bat pour le patrimoine et la défense du quartier impérial de Strasbourg ».

Une pétition en ligne a déjà rassemblé près de 800 signatures.

Après huit mois, aucun effet mesurable du GCO sur la pollution de l’air à Strasbourg

Après huit mois, aucun effet mesurable du GCO sur la pollution de l’air à Strasbourg

Raison majeure de la construction du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, la pollution de l’air mesurée n’a pas baissé dans la station située le long de la M35. La valeur limite de dioxyde d’azote présent dans l’air fixée par l’Union européenne est régulièrement dépassée.

C’était devenu l’un des arguments phares des pros-GCO, dont Roland Ries (PS), l’ancien maire de Strasbourg. En éloignant des véhicules de Strasbourg, et notamment des camions, l’autoroute de contournement devait permettre d’améliorer à court terme la qualité de l’air respiré dans la capitale alsacienne.

Mais presque neuf mois après le 17 décembre, jour de l’ouverture du GCO (voir tous nos articles), les valeurs des concentrations en dioxyde d’azote (NO2) dans l’air, gaz issu principalement de la circulation routière et ayant des impacts sur la santé, n’ont pas baissé à la station de mesure d’Atmo Grand Est qui se trouve le long de la M35 (ex-A35) entre les quartiers Gare et Montagne Verte.

Le bon air… pendant les confinements

La valeur limite fixée par la réglementation européenne est de 40 microgrammes de NO2 par mètre cube d’air (µg/m³). Depuis 2019, la France est sous le coup d’une amende de la Commission européenne, en raison des dépassements persistants de ce polluant dans plusieurs agglomérations dont Strasbourg. En 2020 et 2021, années dont les émissions de pollution ont été réduites par les mesures de confinement, les couvre-feux et le télétravail, les mesures de cette station sont passées sous ce seuil. Sur l’autre station strasbourgeoise, qui se trouve boulevard Clémenceau, également en dépassement régulier, la moyenne est elle-aussi tombée sous les 40 µg/m³ en 2020 et 2021.

Depuis l’ouverture du GCO, qui coïncide avec la reprise d’un rythme de vie plus normal dans la société, la concentration de NOx est souvent largement supérieure à la valeur de 40 µg/m³, d’après les données d’Atmo Grand Est (voir graphique ci-dessus).

Un peu plus de pollution les mois après l’ouverture

Par exemple, le 24 mars 2022, plus de trois mois après l’ouverture du GCO, la concentration en NO2 mesurée à la station de la M35 était de 78,9 µg/m³. Les 11, 12 et 13 janvier, la concentration était supérieure à 60 µg/m³.

En moyenne, la pollution le long de la M35 est de 36µg/m³, soit un peu plus qu’en 2020 et 2021 (34µg/m³), qui étaient des années exceptionnelles. La pollution moyenne aux NO2 est même plus forte 8 mois après l’ouverture (37), que les 4 mois précédents (33). Les comparaisons à ce stade sont néanmoins à prendre avec prudence, puisqu’il n’y a pas d’année complète d’observation. Or la pollution de l’air doit s’analyser sur les quatre saisons, voire plusieurs années pour que les variations de la météo soient atténuées. Seule certitude, l’ouverture à elle seule de l’autoroute n’entraîne pas d’effet net et drastique clairement visible sur les relevés.

La station ATMO Grand Est située le long de la M35 à Strasbourg. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc

Interprétations prudentes

L’agence chargée de la surveillance de la qualité de l’air, Atmo Grand Est, n’a pas souhaité livrer de conclusions sur l’impact du GCO sur la qualité de l’air. Laurence Martin, en charge de la communication d’Atmo Grand Est, indique cependant :

« Nous attendons de voir les prochains résultats. Tout ce que nous pouvons constater, c’est que les concentrations ne baissent pas à la station de Strasbourg, mais elles baissent à celle de Vendenheim. »

Le docteur Thomas Bourdrel, du collectif Strasbourg Respire, préfère aussi rester prudent :

« Il y a eu moins de circulation en 2020 et 2021 avec les confinements et même au début de l’année 2022, il y avait des incitations au télétravail. Il faudrait pouvoir comparer la courbe journalière avec celle de 2019. En outre, en trois ans, même sans le GCO, il doit y avoir une diminution de la pollution automobile grâce au renouvellement des véhicules et des moteurs. »

Le médecin radiologue rappelle que « les prévisions d’Atmo prévoyaient que la baisse de la pollution serait de toutes façons marginale avec le GCO (voir notre article) ». Ce qui coïncide avec ces premiers résultats partiels.

En juin 2022, près de 7 000 camions circulent tous les jours sur le GCO. (photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc) Photo : Jean-François Gérard / Rue89 Strasbourg

Une pollution qui baisse l’été

À la station de Vendenheim, ouverte en octobre 2021 et située près des habitations et de la voirie, les valeurs ne dépassent pas, et de loin, les 40 µg/m³ ni avant, ni après l’ouverture du GCO. La moyenne s’établit à 15 µg/m³. C’est par exemple l’équivalent des mesures réalisées en 2019 à la station de la Robertsau à Strasbourg (située dans l’école de la Niederau), assez éloignée des grands axes de circulation.

Depuis avril 2022, les concentrations à Vendenheim ne dépassent que très rarement 20 µg/m³, et restent même souvent en dessous de 10 µg/m³. Il faut dire que la pollution au NO2 est certes très fortement liée au trafic automobile, mais aussi au chauffage des bâtiments. C’est ce qui explique cette baisse de la pollution estivale, alors que la fréquentation d’automobiles sur l’autoroute a augmenté avec les départs en vacances.

Pas de pollution supplémentaire dans le Kochersberg

Enfin, une station mobile a été implantée dans le village de Breuschwickersheim. Elle permet plus de recul puisqu’elle a été ouverte en août 2020. Ses résultats ne sont pas consultables en temps réel sur le site, mais Atmo Grand Est les a communiqué à Rue89 Strasbourg. Ces relevés ne montrent pas d’augmentation, avec une moyenne de 10 µg/m³ contre 9 µg/m³, sur la même période de huit mois entre le 17 décembre 2020 et le 31 juillet 2021.

Contactée, la maire de Breuschwickersheim, Doris Ternoy, disait ne pas avoir les relevés de cette station, malgré plusieurs demandes de sa part. Mais avant même d’avoir les résultats, elle n’anticipait pas de changement majeur pour sa commune située à quelques centaines de mètres de l’autoroute :

« La station étant dans le village, la pollution ne peut pas augmenter. Le GCO, c’est 7 à 8 000 camions par jour à 300 mètres du village. Mais 12 000 véhicules traversent déjà Breuschwickersheim tous les jours et passent par le centre de la commune. C’est cette pollution-là, beaucoup plus proche, qui va être mesurée. Le GCO reste une autoroute inutile pour Strasbourg car trop chère. Si elle avait été gratuite, il y aurait eu un report plus conséquent. »

La station ATMO située le long de la M35 à Strasbourg. Photo : Google Street View

Malgré ces résultats satisfaisants pour les villages le long du GCO au regard des normes européennes, il reste beaucoup à faire pour baisser la pollution. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a récemment baissé ses « valeurs guides », avec un objectif de 10 µg/m³. Atteindre les valeurs guides de l’OMS est l’objectif du Plan Climat de l’Eurométropole.

Pour une analyse plus complète de l’impact, les spécialistes pensent qu’il faut attendre le début de l’année 2023. Ils attendent le bilan annuel de Météo France, avec notamment le sens du vent. De plus, ils auront les comptages du Sirac de Strasbourg des véhicules passés par les entrées de la ville.

Le pointage communiqué par la préfecture en août donnait 159 000 véhicules par jour sur la M35 à hauteur de Cronenbourg en juin, soit un trafic similaire à l’avant-GCO. Ce qui concorde avec une pollution équivalente de l’air. En revanche, ce même comptage accuse une baisse de 33% du nombre de camions sur l’A35, ce qui reviendrait à un niveau de 2005, soit avant la mise en place de la taxe poids-lourds en Allemagne.

La présidente de la commission environnement du Grand Est coupable de prise illégale d’intérêts

La présidente de la commission environnement du Grand Est coupable de prise illégale d’intérêts

Pascale Gaillot a été reconnue coupable de prise illégale d’intérêts, après avoir voté en faveur d’une subvention de plus de 150 000 euros pour l’association de son mari en 2018. Le tribunal correctionnel de Strasbourg a rendu son délibéré mardi 6 septembre. La présidente de la commission environnement de la région Grand Est est condamnée à payer 10 000 euros d’amende.

Me Jean Deconinck fait part du soulagement de Pascale Gaillot (LR), actuelle présidente de la commission environnement de la Région Grand Est au sein de la majorité de Jean Rottner. L’avocat de la conseillère régionale était présent ce mardi 6 septembre pour entendre le délibéré du tribunal correctionnel de Strasbourg. Il faut dire que la peine prononcée est clémente en comparaison des réquisitions du procureur, qui demandait, lors de l’audience du 5 juillet, huit mois d’emprisonnement avec sursis, dix ans d’inéligibilité et 15 000 euros d’amende pour cette femme politique des Ardennes. La juge, Isabelle Karolak, la condamne à seulement 10 000 euros d’amende.

L’affaire remonte au 23 mars 2018, lorsque Pascale Gaillot (LR) était vice-présidente de la Région Grand Est en charge de l’agriculture. Ce jour là, le conseil régional avait voté une subvention de 156 279 euros en faveur de Terrasolis, association regroupant des entreprises agricoles qui se décrit comme un « pôle d’innovation de l’agriculture bas carbone » sur son site internet.

Pascale Gaillot n’a pas fait le déplacement au tribunal correctionnel pour entendre le délibéré. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Joachim Gaillot, vice-président d’un grand groupe sucrier

Le trésorier de l’association n’était autre que Joachim Gaillot, époux de Pascale Gaillot. Il exerçait cette fonction en tant que représentant de Cristal Union, l’un des premiers producteurs européens de sucre et d’alcool dont il est vice-président. Ce dernier était aussi le président de la société de soutien aux cultures Terralab Solutions, dont l’unique actionnaire est Terrasolis.

Au sein de la commission agriculture, Pascale Gaillot s’était même chargée personnellement de présenter, en des termes favorables, l’association Terrasolis à ses collègues élus le 13 mars 2018, en vue de soumettre cette subvention au vote. Rue89 Strasbourg s’est procuré le compte rendu de la réunion. L’élue a ensuite voté en faveur de la subvention dix jours plus tard. Dans ces situations, la loi de 2013 exige que les élus concernés se déportent des votes, mais aussi de tout le processus de décision en amont : « Toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés, de nature à influencer ou à paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif d’une fonction », constitue un conflit d’intérêts.

Pendant l’audience du 5 juillet, Pascale Gaillot a assuré à la juge, Isabelle Karolak, qu’elle n’avait « pas intégré » que cela pouvait poser problème. Elle a dit s’être rendu compte que la « situation était paradoxale » pendant l’assemblée générale de Terrasolis de 2018, après laquelle elle n’a plus voté de subventions en faveur de l’association pendant les trois dernières années du mandat. La Région Grand Est a décidé de ne pas se constituer partie civile, estimant « ne pas avoir subi de préjudice ». Le parquet s’était saisi de l’affaire après une transmission d’information par des citoyens. Fabrice Collinet, directeur juridique de la Région Grand Est, n’a pas souhaité s’exprimer après le rendu du délibéré.

Me Jean Deconinck, avocat de Pascale Gaillot, au centre, et Fabrice Collinet, directeur juridique de la Région Grand Est, à gauche. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc

Les peines pour prise illégale d’intérêts récemment allégées

Selon Me Jean Deconinck, l’avocat de Pascale Gaillot, l’élue locale se réserve « la possibilité de faire appel » : « Il n’a pas été fait la démonstration d’une prise d’intérêt », retient-t-il, en l’attente des motivations du jugement.

Les peines concernant les prises illégales d’intérêt ont été allégées fin 2021. La juge a décidé d’appliquer ce nouveau cadre, même si les faits ont été commis en 2018, avant l’adoption de cette nouvelle loi. Le procureur, lui, demandait que les dispositions en vigueur au moment des faits s’appliquent. En attendant un éventuel appel, Pascale Gaillot est autorisée à poursuivre sa carrière politique et à exercer sa fonction de présidente de la commission environnement.

Les Écologistes demandent la démission de Pascale Gaillot

Le groupe des élu-e-s Écologistes à la Région Grand Est a publié un communiqué plus tard dans la journée du 6 septembre demandant à Pascale Gaillot de « remettre la démission de son mandat ». Eliane Romani, la présidente du groupe, estime que « les faits pour lesquels Madame Gaillot a été condamnée sont extrêmement graves et font peser le risque que les citoyens et citoyennes se détournent davantage des urnes et de la vie politique ».

Christophe Dumont et Laurent Dreyfus, membres du groupe des Écologistes et de la commission agriculture insistent sur « l’importance de sortir de l’entre-soi qui existe entre elle, la FNSEA (syndicat agricole connu pour des positions productivistes, NDLR) et des représentants puissants du secteur agroalimentaire ».

Les dépassements des résidus de pesticides de l’eau potable attaqués en justice

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Au tribunal de commerce, la liquidation de Fast Despatch, sous-traitant d’Amazon, enfin engagée

Au tribunal de commerce, la liquidation de Fast Despatch, sous-traitant d’Amazon, enfin engagée

Le tribunal de commerce de Bobigny a démarré la liquidation du sous-traitant d’Amazon Fast Despatch Logistics. Sans activité, les ex-livreurs vont pouvoir reprendre un emploi mais leur indemnisation reste floue, l’entreprise britannique ayant déserté.

C’est un soulagement pour les centaines de chauffeurs-livreurs de Fast Despatch Delivery en France, dont environ 80 à Strasbourg. Les salariés de ce sous-traitant d’Amazon ont vu leur activité s’arrêter brutalement le 9 août (voir notre article). Mais sans nouvelles de leurs dirigeants, partiellement payés, ces ex-employés n’ont pas encore le droit de postuler auprès d’une autre entreprise ni de s’inscrire à Pôle Emploi.

Des licenciements sous trois semaines

Lundi 5 septembre, le tribunal de commerce de Bobigny, le siège français de la société britannique étant situé à Villepinte, a ouvert la procédure de liquidation judiciaire. C’est déjà une petite victoire pour les salariés. « Grâce à nos actions, les syndicats ou les élus de la France insoumise (Emmanuel Fernandes, député LFI de la 3e circonscription de Strasbourg s’est rendu plusieurs fois au dépôt de la Meinau, NDLR), cette affaire a été prise très au sérieux. On va pouvoir avancer maintenant », se satisfait Lucas Nomine, livreur strasbourgeois depuis trois ans qui a fait le déplacement jusqu’à Bobigny.

La délégation des salariés à Bobigny Photo : doc remis / Facebook

Fast Despatch Logistics (FDL) n’était pas présent à l’audience. Un mandataire financier a été nommé par le tribunal. Les licenciements devraient intervenir sous trois semaines, avec le versement d’indemnités. Grâce à cette procédure, les salaires correspondant à la période entre la fin d’activité (vraisemblablement le 9 août) et le licenciement effectif fin septembre seront versés par l’Assurance de garantie des salaires (AGS), un organisme para-public financé par les cotisations d’entreprises.

Un précédent pour impliquer les donneurs d’ordres ?

Le cas de Fast Despatch Delivery est particulièrement scruté, car des syndicats et des parlementaires de La France insoumise, souhaiteraient que, dans une telle situation, la responsabilité du donneurs d’ordres soit partiellement engagée, soit Amazon dans ce cas. Certaines lois récentes, comme celle sur le devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d’ordres pourraient être mobilisés dans d’autres procédures. « On en n’est pas là », tempère Me Étienne Colin avocat du Comité social et économique (CSE) de l’entreprise :

« Cette procédure sert à ce que les licenciements soient engagés sous trois semaines et les salaires garantis jusqu’à la fin de la procédure, c’est la loi. Notre travail maintenant va être d’aider le mandataire à reconstituer chaque situation, ce qui s’annonce comme un vaste travail. Même sur le nombre de salariés, on a des chiffres très partiels. Sont-ils 700 ? 1 200 ? On ne sait pas. »

Mais l’avocat note que le dossier pourrait avoir d’autres répercussions juridiques :

« Le parquet a quasiment annoncé l’ouverture d’une information judiciaire, en demandant au greffier de bien prendre en compte chaque élément ».

« Mêmes les camionnettes ne sont plus là »

Reste qu’en raison de la désertion de Fast Despatch Logistics, le contexte juridique et économique demeure flou regrette Me Colin :

« C’est un gros groupe anglais avec des ressources, mais qui est parti. Même les camionnettes ne sont déjà plus en France. Sur le plan indemnitaire, c’est aussi très flou. Depuis les ordonnances Macron, il y a tout intérêt à dissoudre une filiale européenne. »

Rentrée des réfugiés ukrainiens dans les écoles : « J’avais hâte de me scolariser pour ne plus y penser »

Rentrée des réfugiés ukrainiens dans les écoles : « J’avais hâte de me scolariser pour ne plus y penser »

Après l’invasion russe en Ukraine le 24 février, 831 élèves réfugiés se sont inscrits dans les écoles alsaciennes et ont fait leur rentrée jeudi 1er septembre. Les familles et les professeurs chargés des classes pour les élèves parlant une autre langue sont satisfaits des conditions d’accueil. Mais certains professeurs craignent une surcharge des classes.

Pour la pause de midi, Amina passe rapidement les grilles du collège Jules Hoffmann à la Robertsau. Cette élève de 15 ans fait partie des 831 enfants ukrainiens inscrits dans une école alsacienne jeudi 1er septembre. Elle rentre en classe de troisième et a intégré le collège le 26 mars 2022, après avoir quitté Koupiansk avec sa mère et son frère, une ville de la province de Kharkiv sous occupation russe depuis l’invasion du 24 février :

« C’était une période difficile, on a attendu dehors à la frontière polonaise, il faisait -7 degrés. On a ensuite pris un bus pendant 36 heures jusqu’en France. On connaissait quelqu’un qui vivait à la Wantzenau et qui nous a accueilli, c’est chez lui que l’on vit depuis. Mes grands-parents sont restés là-bas parce que mon grand-père a moins de 60 ans et devait rester pour soutenir les forces armées. J’avais hâte de me scolariser parce que cela me permettait de ne plus penser à tout cela. »

Yelizar, venu d’Ukraine il y a un an et demi, et Amina, venue en mars. Photo : DC / Rue89 Strasbourg / cc

Intégration progressive en classe ordinaire

Ses premiers mois à l’école se sont passés au sein d’une UPE2A (Unité spécialisée pour élèves allophones arrivants), classe spécialisée pour les élèves dont le français n’est pas la langue maternelle. Malgré le choc du départ et l’inquiétude pour ses grands-parents, elle trouve réconfort dans son intégration :

« Les élèves sont majoritairement des réfugiés, et nous sommes huit Ukrainiens au total. On a parfois vécu des choses similaires. Tout le monde a un niveau différent en français, ceux qui parlent le mieux apprennent à ceux qui viennent d’arriver. »

Pour la rentrée, elle intégrera pendant deux semaines et pour la première fois les classes classiques de son collège. Elle retournera ensuite en UPE2A et suivra des cours en classe ordinaire, dispensés entièrement en français. Ce système permet une intégration progressive au cursus et à la pédagogie classique, selon Carole Lostetter, responsable de l’UPE2A du collège :

« On commence par les mettre en classe de mathématiques parce que c’est plus universel. On continue avec de plus en plus de disciplines classiques, jusqu’à une sortie complète du dispositif. Cette période en UPE2A dure dix mois, ou moins selon la progression des élèves. »

Une période d’adaptation pour les professeurs

Pour la rentrée 2022, seize dispositifs UPE2A ont été créés dans l’académie de Strasbourg selon le rectorat, dont cinq en collège, cinq en lycée et six en école primaire. L’une d’entre elles a ouvert à la rentrée au lycée technologique Louis Marchal de Molsheim, une ville à l’ouest de Strasbourg. La classe accueillera douze élèves, tous ukrainiens, comme le précise le proviseur adjoint Daniel Kuhn :

« C’est une proposition faite par la Casnav (une structure de l’éducation nationale spécialisée dans l’accueil des enfants allophones, NDLR) de créer cette classe dans notre lycée. Le lycée avait accueilli cinq ukrainiens l’année dernière, on a fonctionné en les intégrant à nos classes. Un enseignant leur dispensait une dizaine d’heures de cours de français par semaine. Dans cette nouvelle section, nous accueillons sept autres élèves ukrainiens qui étaient dans d’autres lycées de Molsheim et Rosheim. »

Les familles arrivées dans des endroits sans classe spécialisée ont donc dû s’adapter, comme l’explique Stéphanie Sempéré, responsable du syndicat Unsa Enseignants :

« Les UPE2A se situent surtout dans le Bas-Rhin, en milieu urbain. À la campagne, les élèves sont parfois accueillis sans la structure, donc directement dans la classe. C’est minoritaire, mais ce n’est pas forcément adapté pour des élèves traumatisés et qui ne parlent pas la langue. »

Le collège Jules Hoffmann, à la Robertsau, accueille une classe de 24 allophones, dont 8 ukrainiens. Photo : DC / Rue89 Strasbourg / cc

Des classes déjà surchargées

Le rectorat ne donne pas de chiffre précis sur les répartitions de classes UPE2A en Alsace. Carole Lostetter du collège Jules Hauffmann constate elle aussi, chaque année, des arrivées d’élèves d’UPE2A dans des classes de 30 élèves, le seuil maximal pour le collège :

« Ils se retrouvent dans des classes surchargées de 31, 32 élèves, voire plus. Même si l’académie a créé plus de dispositifs UPE2A, ce qui est une bonne chose, elle tend plutôt à réduire le nombre de classes ordinaires qu’à créer des places pour les élèves allophones dans ces dites classes. »

Concernant la création de classes supplémentaires accompagnant les UPE2A, Olivier Faron, recteur de l’académie de Strasbourg, explique que celles-ci se feront, de manière générale, « à certains endroits et selon les besoins », mais ces créations ne seront pas forcément liées aux UPE2A. Le syndicat Unsa Enseignants estime qu’une solution pourrait être la création de places réservées pour ces élèves en classe classique, une solution qui n’est pour le moment pas envisagée par le rectorat.

Un avenir incertain pour les élèves

Ces mesures sont d’autant plus compliquées à mettre en place que l’avenir des élèves ukrainiens en France n’est pas déterminé. Certaines familles et leurs enfants ont déjà fait le choix de rentrer en Ukraine pendant l’été, mais elles restent une minorité selon le rectorat. C’était le cas de Bogdan, un adolescent que Jérôme Sénégas, professeur de technologie dans le collège Jules Hoffmann, avait accueilli en mars.

Le jeune homme est reparti en juillet pour rejoindre sa famille. L’enseignant le connaissait depuis quelques années par le biais de l’association alsacienne « Les enfants de Tchernobyl », qui propose des vacances de trois semaines aux enfants issus des régions touchées par la catastrophe nucléaire du 26 avril 1986 :

« On échangeait avec la famille par courrier. Quand l’invasion a commencé, on a récupéré le numéro de Bogdan. Le 15 mars 2022, quand les chars russes arrivent dans son village, sa mère nous a dit qu’il fallait qu’il parte. »

Détermination et entraide

Sa mère décide de le ramener en France et effectue des démarches pour déléguer son autorité parentale à Jérôme, lui permettant de scolariser son enfant en France, avant de repartir elle-même en Ukraine. Jérôme se souvient de la détermination de Bogdan pour suivre sa scolarité loin de sa famille :

« Il a suivi quatre mois de cours au sein du collège, pendant l’après-midi. Il était en visioconférence le matin pour les cours de son lycée ukrainien, de même que le mercredi. »

Avec cette même détermination, Amina, l’élève de troisième au collège de la Robertsau, pense continuer ses études en France. Passionnée de littérature anglophone, elle veut partir en Angleterre et devenir diplomate. Les difficultés de son intégration dans les classes classiques n’entament pas sa motivation :

« Les élèves et les professeurs ici sont très accueillants. Je sais que je pourrais toujours compter sur eux pour m’aider à suivre les cours s’il y a des notions difficiles, et j’ai confiance en moi pour la suite. »

Carole Lostetter, la responsable UP2A du collège Jules Hoffmann, commencera ses cours dans deux semaines.

Pour fêter sa disparition, Burstscratch dégaine les Boîtes de la Nuit et une projection

Pour fêter sa disparition, Burstscratch dégaine les Boîtes de la Nuit et une projection

Samedi 10 septembre au soir, plusieurs boites de nuit en une proposeront une expérience sonore et visuelle Salle des Colonnes, à l’invitation du laboratoire Burstscratch. Mardi, une projection 16 mm spéciale est programmée au cinéma Star

Laboratoire de cinéma expérimental, devenu le dernier centre de ressource autour de la pellicule dans le Grand Est, Burstscratch se prépare à rejoindre les archives après plus de trente année d’activisme en faveur du cinéma indépendant argentique. Mais avant, l’association invite plusieurs artistes pour un événement éphémère appelé « Les Boîtes de la Nuit », à la Salle des Colonnes samedi 10 septembre. L’association invite également les amateurs à la projection de « Darkness, Darkness, Burning Bright », un film développé à la main en 16 mm, en présence de la réalisatrice Gaëlle Rouard, mardi 13 septembre à 20h au cinéma Star.

Photo : document remis

Samedi, les Boîtes de la Nuit mêle plusieurs boîtes de nuit en une, avec des ambiances musicales variées, des corps qui dansent et des mises en scènes lumineuses. Le concept est porté par les DJ Yan Beigbeder, Jérôme Noetinger et Guillaume Laidain, accompagnés des danseuses Marie Cambois et Lottus Eddé Khouri, des projections et interventions lumineuses de Gaëlle Rouard et de Christophe Cardoen.

Photo : document remis

Dans cette performance aux arts multiples qui questionnera la notion même de dancefloor, où les sons iront de la disco not disco à la no wave en passant par le highlife et toutes les formes de wave (new wave, dark wave, cold wave…), Marie Cambois et Lottus Eddé Khouri seront mêlées au public pour « questionner les époques musicales et en extraire des mouvements de danse. » Les mouvements captés, associés à ceux des clubbers, serviront de matière pour des projections cinématographiques ou lumineuses.

Pas de reprise de Burstscratch

Laboratoire, centre d’expérimentation et de ressource pour les artistes cinématographiques, l’association Burstscratch cesse ses activités. Fondée en 1994 et tenue à bout de bras par ses cofondateurs, Laurent Berger et Silvi Simon, l’association n’a pas trouvé de repreneurs. Le studio situé rue de la Klebsau au Neuhof a été vidé de ses projecteurs et de ses bacs de développement, ces équipements témoins d’une autre époque, dont certaines pièces sont uniques, ont été confiés à d’autres laboratoires en mesure d’en prendre soin.

Artiste travaillant avec la lumière, Silvi Simon s’est résolue à mettre fin à cette aventure de plus de trente ans :

« Certes, les outils numériques ont pris beaucoup de place dans le cinéma, mais la création argentique est encore très active. C’est surtout la lourdeur administrative qui était devenue intenable pour notre association. Chaque demande de subvention nous prenait un temps fou, pour des montants très faibles et ensuite il fallait produire un rapport d’activité… On n’y arrivait plus. Mais Burstscratch a organisé des festivals, proposé des projections, soutenu des artistes et des créateurs uniques… Je suis très fière de tout ce qu’on fait pendant toutes ces années. Si des gens veulent reprendre cette activité, qu’ils ou elles me contactent. »

#Burstscratch