Fondateur de la section illustration des Arts Déco de Strasbourg, Claude Lapointe est décédé en octobre 2024. Une visite de sa maison alsacienne permet de replonger dans les archives de ce génie du dessin.
Les herbes folles et la végétation ont envahi la façade de la maison. La bâtisse date des années 70. Son intérieur incarne bien le style de l’époque : une cuisine peinte en vert kaki, des fleurs orange qui décorent les carreaux d’une salle de bain et une moquette à poils longs qui tapisse le sol de l’atelier. Claude Lapointe a lui-même a conçu les plans, relève son fils aîné Bernard. L’atelier, situé en mezzanine, est ouvert sur le salon : « Il voulait bosser sans être déconnecté du reste de la maison », raconte-t-il. À la différence de certains artistes qui ont besoin d’être isolés pour créer, Claude Lapointe aimait s’inspirer de son environnement.
Dessin de Claude Lapointe.Photo : Jeanne-Esther Eichenlaub / Rue89 Strasbourg
Un pionnier de l’illustration
Claude Lapointe, Clap de son nom d’artiste, a étudié aux beaux-arts à Nancy puis l’école des arts décoratifs de Strasbourg (actuelle Haute école des arts du Rhin, HEAR). Il n’a jamais fini ses études. Deux mois avant l’obtention de son diplôme, il se fait embaucher comme graphiste par une agence de publicité à Metz. Ce qui ne l’empêche pas de revenir aux arts déco en tant que professeur pour y fonder en 1972 la première section illustration de France.
Sous la véranda de la maison alsacienne, une photo attire l’attention. Claude Lapointe y fait face à une salle de classe bondée. « C’était pour son dernier cours à l’école des arts décoratifs, en 2006 », expose Bernard. Beaucoup de ses anciens élèves étaient venus y assister. Certains sont assis à même le sol, en tailleur, d’autres se serrent au fond de la pièce. Beaucoup d’illustrateurs réputés, primés ou nommés au festival de BD d’Angoulême, sont passés par la classe de Clap : Matthieu Sapin, Marjane Satrapi, Catel, Blutch, Christian Voltz… La liste est loin d’être exhaustive.
Jeudi 14 mai, un père a été condamné pour avoir étranglé son enfant après que ce dernier ait enfreint une règle religieuse juive. L’audience a mis en évidence un climat familial violent et des désaccords éducatifs.
Mercredi 14 mai, un homme âgé de 44 ans comparaît devant le tribunal correctionnel de Strasbourg pour « violence sur mineur par un ascendant en présence d’autres mineurs ». Cheveux mi-longs, ondulés, épaules carrées, il garde les bras le long du corps, bouge très peu, semble chercher à se faire discret. Il n’a pas vu ses enfants depuis deux mois, une décision du juge des libertés a suspendu son droit de visite et d’hébergement.
Le prévenu est né en 1981 à Strasbourg, où il vit toujours et travaille en tant qu’agent immobilier. Marié depuis 2016, le quadra est père de quatre enfants, de onze, sept, quatre et deux ans. Les faits qui lui sont reprochés concernent l’aîné, qu’il a violenté à plusieurs reprises.
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La Région Grand Est fait fermer des guichets dans les gares SNCF.Photo : Manuel Magrez / Rue89 Strasbourg
En Alsace, les guichets de plusieurs gares vont fermer, de Thann à Wissembourg. La Région invoque une baisse de fréquentation et des contraintes budgétaires. Les syndicats dénoncent une fragilisation du service public.
Peu à peu, les guichets SNCF continuent de disparaître. À partir du 1er janvier 2026, les guichets des gares de Bischwiller, Soultz-sous-Forêts, Wissembourg et Thann fermeront. Les guichets des gares d’Obernai, Sélestat et Mulhouse verront leurs horaires d’ouvertures réduits.
Thibaud Philipps (Les Républicains), vice-président de la Région Grand Est en charge des transports, explique cette décision de la collectivité qui finance ces points de vente : « Le guichet n’est plus utilisé comme avant. En 2019, 31 % des billets étaient vendus au guichet. Aujourd’hui, on est autour de 11 % et on a beaucoup de petites gares qui ne délivrent que 6 à 10 billets par jour. » Selon Thibaud Philipps, le coût de fonctionnement moyen d’un guichet se situe autour de 300 000 euros par an.
Des billets de train à la Poste
Pour remplacer les guichets, la Région met en avant des partenariats avec La Poste ou des offices de tourisme. Mais pour Thibaud Phillips, les alternatives en ligne sont prioritaires : « Le site et l’application de la SNCF sont là où les personnes achètent le plus leur billet. On veut continuer d’orienter les usagers vers ces plateformes en ligne. » Pour le maire LR d’Illkirch-Graffenstaden, « il ne s’agit pas de supprimer un service, mais de le transformer. On continue d’investir dans les circulations ferroviaires. Le cœur du service public, c’est que les trains roulent, c’est ça que les usagers veulent”, insiste Thibaud Philipps.
Les syndicats CGT et Sud dénoncent une dégradation du service. « Un postier n’est pas formé pour vendre des billets de train. Il ne connait pas les offres de cartes de réduction ou les cas complexes d’itinéraires avec plusieurs correspondances », déplore Gaëlle Plouzin, contrôleuse pour la SNCF et syndicaliste de la CGT Cheminots. Elle souligne aussi l’importance de la présence humaine dans les gares rurales : « Pour certaines communes, la gare est l’un des derniers liens avec l’État. Supprimer le guichet, c’est supprimer ce lien. » Pour la CGT, cette décision de la Région affectera particulièrement les personnes âgées, les personnes isolées ou qui ne bénéficient pas d’un accès à internet.
Un manque de concertation
Côté emploi, la CGT craint aussi les conséquences sociales pour les agents des guichets concernés. La Région, rappelle de son côté qu’elle n’est pas l’employeur : « On commande un service à la SNCF mais la gestion du personnel leur revient. Ils nous ont garanti de réinsérer le personnel. Cependant nous n’avons rien signé sur ce sujet.«
Le syndicat dénonce aussi un manque d’information et de dialogue. « Il n’y a eu aucune concertation. La Région ne nous a jamais contactés », assure Gaëlle Plouzin. Une demande de négociation tripartite Région, SNCF, syndicats a été proposée par la CGT. Elle est restée sans réponse à ce jour. Du côté des usagers, la communication devrait se faire par des bulletins d’information, des courriers adressés aux mairies et des campagnes d’affiches dans les trains.
Des craintes pour d’autres gares
La CGT craint que cette réforme ne soit qu’un « premier acte ». D’après la syndicaliste, des gares comme Munster, Schirmeck ou Erstein risquent également de voir leurs guichets fermés en 2026. Thibaud Philipps nie l’existence d’un « plan caché », tout en reconnaissant que « d’autres évolutions ne sont pas exclues » si cette réduction du service est concluante.
Des dizaines d’opposants à Stocamine, ont entièrement rempli la salle où s’est tenue l’audience. Une bonne partie sont venus des environs de Mulhouse.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Des associations et collectivités alsaciennes ont demandé l’annulation du confinement définitif des déchets de Stocamine au tribunal administratif jeudi 15 mai. Elles dénoncent des erreurs dans le dossier de l’État. Le rapporteur public a estimé de son côté qu’il n’y a pas d’autre solution.
C’était peut-être la dernière audience sur Stocamine au tribunal administratif de Strasbourg, après des années de guérilla juridique. Jeudi 15 mai, Alsace Nature et la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) ont étrillé le dossier de l’État pour Stocamine, cette ancienne mine de potasse reconvertie en site de stockage de déchets ultimes.
L’État souhaite confiner, par des barrages en béton, 42 000 tonnes de déchets industriels toxiques placés sous la nappe phréatique à Wittelsheim, entre 1999 et 2002. Une option catégoriquement rejetée depuis vingt ans par de nombreuses associations et collectivités locales craignant la pollution de la plus grande réserve d’eau potable d’Europe occidentale, qui alimente 5,6 millions de personnes (voir nos articles, enquêtes et reportages).
Dans une salle comble, remplie d’élus, de militants et de scientifiques, le rapporteur public Alexandre Therre, magistrat membre du conseil d’État et chargé de proposer une solution au tribunal, a commencé par une longue tirade technique. Il s’est prononcé en faveur de l’enfouissement définitif, estimant qu’il « n’est pas démontré qu’une autre solution est possible ». « Nous ne vous aurions certainement pas présenté les mêmes conclusions quelques années plus tôt, mais telle n’est plus ici la question posée au tribunal », a t-il regretté. Puis il s’est déclaré conscient que les magistrats se trouvaient malheureusement devant « un fait accompli ».
Pour Alsace Nature, l’alternative existe
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Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.
Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.
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Le projet de loi vise à substituer les missions des associations dans les CRA au profit de l’OFII et des avocats.
Le Sénat a voté lundi 12 mai une proposition de loi visant à évincer les associations des centres de rétention administrative. En Alsace, l’association SOS Solidarités-Assfam pourrait ne plus intervenir dans le centre de Geispolsheim.
Derrière les grilles du centre de rétention administrative (CRA) de Geispolsheim, 353 hommes ont été retenus en 2024, principalement des étrangers en attente de leur renvoi du territoire français. Pour le centre alsacien, c’est le Groupe SOS Solidarités-Assfam qui intervient pour permettre aux retenus l’accès à leurs droits. Une action qui a permis à 155 étrangers retenus d’être libérés.
Mais depuis le lundi 12 mai, l’association est inquiète. Le Sénat a voté une proposition de loi portée par Les Républicains visant à exclure toutes les associations des CRA. Cette loi confierait à l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), un organisme de l’État, ces missions d’aide et d’accompagnement juridique aux personnes retenues.
Une connaissance essentielle du parcours des retenus
« Avec deux juristes et une coordinatrice, nous assurons une présence 6 jours sur 7 au CRA de Geispolsheim », présente Mathilde Buffière, responsable de la rétention pour le Groupe SOS Solidarités. Les juristes permettent de détecter les démarches qui peuvent être entreprises par les étrangers retenus, afin que des recours puissent être plaidés devant le tribunal administratif par des avocats.
Ces juristes ont une « très bonne connaissance de la situation des personnes retenues » selon Mathilde Buffière qui l’illustre d’un exemple :
« Il est arrivé que l’administration organise des retours au pays d’origine pour des personnes retenues alors que leurs recours n’ont pas encore été épuisés. Pour être au fait de ces situations, nous devons être au plus proche des personnes retenues. »
L’Ofii en conflit d’intérêts
L’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii) intervient déjà dans les centres de rétention mais seulement pour des missions de préparation aux départs. En se basant sur les premiers éléments de la proposition de loi, Mathilde Buffière s’interroge :
« En se contentant uniquement d’un travail d’information des étrangers sur leurs droits tel que semble le prévoir la proposition de loi, on ne sait pas si l’Ofii pourra avoir un regard critique sur la situation des personnes retenues. »
Elle ajoute aussi :
« Un conflit d’intérêts pourrait advenir pour l’Ofii, puisque l’organisme serait une porte d’entrée vers l’exercice des droits individuels tout en étant directement sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, à l’origine des décisions que ces personnes voudraient contester. »
Les associations, des vigies citoyennes
Mais surtout, Mathilde Buffière rappelle que « les associations intervenant dans les centres de rétention ont un rôle d’alerte » :
« Nous sommes la seule source d’informations indépendante sur ce qu’il se passe dans ces centres de rétention où personne ne peut rentrer. Si on enlève ce rôle de vigie aux associations, on supprime le droit de regard de la société civile dans ces lieux de privation de liberté. »
Les associations qui interviennent en CRA publient chaque année un rapport qui chiffre, décrit et fait le bilan de la situation et des dysfonctionnements constatés dans tous les centres. On y apprend par exemple qu’une personne paraplégique avait été privée de son fauteuil roulant pendant sa rétention à Geispolsheim.
Par crainte d’être victime d’agression, le jeune homme préfère ne pas montrer son visage.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg
Après plus de deux années de combats juridiques, une jeune personne transgenre de Strasbourg a obtenu que l’opération d’ablation de ses seins soit remboursée par la Sécurité sociale.
La Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) a été condamnée par le tribunal judiciaire de Strasbourg mercredi 14 mai à prendre en charge la mastectomie (ablation des seins) d’un jeune homme transgenre. Cette décision fait suite à une procédure engagée par le jeune homme, qui préfère rester anonyme, après un refus de la CPAM en septembre 2022 de prendre en charge cette opération d’un montant de 2 à 3 000 euros (voir notre compte-rendu de l’audience).
Un protocole à revoir
Dans sa décision, la présidente du tribunal Françoise Morellet rappelle que la CPAM a fondé son refus sur un protocole de 1989, qui exige pour toute « chirurgie de réassignation de genre » un suivi préalable de deux ans par trois médecins : un spécialiste en endocrinologie, un chirurgien et un psychiatre de la personne demandeuse.
Mais ce protocole n’avait pas à être suivi par la CPAM selon la magistrate, qui rappelle qu’il est « contraire aux articles 8 et 14 de la Convention européenne des droits de l’Homme » en créant une « inégalité d’accès à la santé en fonction de l’identité de genre puisque le protocole appliqué par la CPAM a pour effet d’ajouter des conditions supplémentaires à la prise en charge d’opérations chirurgicales pour les personnes transgenres alors même que ces soins sont nécessaires à leur transition. » De sexe féminin à sa naissance, le jeune homme avait en effet débuté sa transition de genre en 2017 en l’annonçant à ses proches, puis en faisant modifier son état civil, puis en suivant un traitement hormonal.
Le tribunal considère que la CPAM a commis une faute qui a causé un préjudice au jeune transgenre, « l’obligeant à assumer une transition non achevée et en contradiction avec son nouvel état civil ». Le tribunal a dès lors condamné la CPAM à lui verser en sus 3 000€ en réparation de son préjudice moral.
Tepsa France stocke des centaines de milliers de mètres cubes d’hydrocarbures au port au pétroles.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Tepsa France, qui stocke des hydrocarbures au nord de Strasbourg, a été condamnée jeudi 15 mai par le tribunal judiciaire de Strasbourg à payer six amendes pour un montant total de 45 000€. Elle a été reconnue coupable de manquements à la sécurité, ayant entraîné une pollution de la nappe phréatique.
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L’entrée du lycée international des Pontonniers a été bloquée en début de matinée le jeudi 15 mai.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Jeudi 15 mai, trois lycées du centre-ville ont fait l’objet d’un blocage par des élèves mobilisés « contre le génocide et pour un cessez-le-feu à Gaza ».
Une dizaine de lycéens, des lycéennes principalement, s’activent devant le lycée international des Pontonniers ce jeudi 15 mai à 7 heures. Quelques secondes après le passage des balayeurs municipaux, les élèves installent quelques poubelles et autres grilles de chantier devant le portail de l’établissement. Les jeunes militants finissent par cadenasser le tout avant de scotcher un drapeau palestinien sur la haut de l’entrée. Élève en terminale, Janelle explique l’action en cours :
« On se mobilise pour la Palestine parce que la situation à Gaza est alarmante, entre les bombardements qui ont repris et la famine liée au blocus de tous les convois humanitaires. On bloque pour un cessez-le-feu et parce qu’on ne veut pas être complice du génocide en cours. »
Le blocage n’a pas duré un quart d’heure quand la proviseure du lycée, Véronique Rosay, exige des lycéens qu’ils mettent fin à leur action. Elle envoie d’abord un agent d’entretien pour dégager l’entrée. Mais ce dernier fait face à une petite chaîne humaine de la dizaine de lycéennes. L’homme s’énerve : « Vous n’êtes que des branleurs et vous n’y connaissez rien à Gaza. Ça ne sert à rien ce que vous faites. Vous devriez manifester devant l’ambassade d’Israël. » À son collègue, il affirme à voix haute : « Je ne vais pas m’énerver sinon je vais en éclater un… »
La proviseure du lycée des Pontonniers appelle ensuite la police. « Je ne suis pas contre les manifestations et l’engagement des lycées, déclare-t-elle, mais aujourd’hui des lycéens passent une épreuve du baccalauréat. Il n’est pas envisageable que les élèves doivent faire face à de telles conditions pour passer leur examen. »
Deux autres lycées concernés
Au même moment, une dizaine de personnes ont mis en place un blocage au lycée Marie Curie avant de subir un contrôle d’identité de la part de la police nationale.
Vers 7h30, c’est du côté du lycée Fustel de Coulanges qu’une trentaine de lycéens mettent en place le même mode d’action pour bloquer l’établissement. Présente sur la place du Château après le blocage de l’entrée, Lucile, étudiante à l’Université de Strasbourg, appelle à rejoindre une manifestation contre l’islamophobie à l’appel du comité Palestine Unistras place Kléber à 14 heures. Elle invite aussi à rejoindre le village pour la Palestine à l’Université pour une conférence sur les moyens « de soutenir de France la résistance des peuples en lutte » à 16 heures.
Une heure plus tard, une brigade de CRS intervenait au lycée des Pontonniers pour mettre fin au blocage.
Après l’intervention des policiers au lycée des Pontonniers.Photo : Document remis
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
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Vernissage des ateliers ouverts de 2024, avec une installation de Yoshikazu Goulven Le Maître, au Bastion14 à Strasbourg.Photo : Alex Flores
Plus de 350 artistes s’exposent les week-end des 17,18, 24 et 25 mai dans toute l’Alsace à l’occasion des Ateliers ouverts. Voici une petite sélection.
Sérigraphie, sculpture, peinture, vidéo, gravure, performances… Pour l’édition 2025 des Ateliers ouverts, 367 artistes participent, dont un quart pour la première fois. Une trentaine de nouveaux lieux sont également à découvrir pour cette 26e édition. Les entrées sont libres les samedi 17, dimanche 18, samedi 24 et dimanche 25 mai, de 14h à 19h, sans réservation.
Vernissage et émergence au Bastion XIV
Les Ateliers ouverts débutent comme toute exposition qui se respecte par un vernissage dès vendredi 16 mai à partir de 18h. Dans l’écrin de l’ancien fort du XIXe siècle Bastion XIV, rue du Rempart derrière la gare, c’est l’une des soirées les plus agréables de Strasbourg avec deux concerts, des performances d’artistes, puis un DJ set de 22h30 à minuit, un bar et des foodtrucks. Si les concerts du vernissage ont été à une époque l’occasion de grands moments de communion populaire, la programmation est depuis quelques années plus délicate puisqu’elle a été confiée aux artistes du Bastion. Miaule Mort est une chanteuse qui boucle sur sa voix tandis que Koteskak et Marteaux Collective sera un « concert participatif » de musique minimaliste.
Les quarante ateliers d’artistes émergents du Bastion XIV seront à visiter dès la soirée de vernissage évidemment. Citons celui de Valentine Cotte, aussi connue sous le nom de « Cotte de Maille ». Elle utilise le dessin et la céramique pour créer des œuvres poétiques d’inspiration médiévale.
Finie la période bleue, Mr. Pinkasso veut « recouvrir le monde d’un voile rose » à la manière de Christo (qui avait emballé l’Arc de Triomphe à Paris dans des draps blancs). Cet artiste protéiforme, plasticien, performeur et musicien ouvre les portes de son univers PPP : Pink Punk Peace. Outre une exposition de ses tableaux, photographies et sculpture-installations, il organise deux performances les dimanches 18 et 25 mai à 19h.
« Gargarismes » et « Design Cul » au port du Rhin
« Au hasard de mon chemin », Pierre Faedi, 2017.Photo : Pierre Faedi
Au port du Rhin, dans le site industriel de l’ancienne Coop Alsace, le collectif Garage Coop héberge 14 structures. Parmi les artistes, citons le créateur de la maison d’édition « Gargarismes » Pierre Faedi. Il produit des affiches et des livres en sérigraphie et en risographie, une technique d’impression née dans les années 80 au Japon. C’est aussi au Garage Coop que se tiendra une performance de « design culinaire » par Sonia Verguet appelée « Design Cul ».
Trois artistes pour un atelier à la Petite France
Niché au cœur du centre-ville, dans une maison du XIVe siècle, à deux pas de la Petite France, l’Atelier du Bouclier regroupe trois artistes : Sylvain Léal, plasticien et « graveur algorithmique ». Ses oeuvres peuvent faire penser à des photos de forêts, des gravures sur bois : tout a l’air très naturel et pourtant, ce sont des créations complètement numériques. Grand connaisseur du japon, il s’adonne aussi à la linogravure et certaines de ses oeuvres représentent des scènes érotiques japonaises ; Adèle Robineau, comédienne, peintre et graveuse est bretonne d’origine. Installée à Strasbourg, la mer et le littoral continuent à tenir une grande place dans son oeuvre, notamment ses peintures. Naohiro Ninomiya quant à lui est photographe. À travers ses tirages photographiques, à contre-courant du numérique, ce dernier cherche à redonner une matérialité et une valeur aux souvenirs.
20 000 lieux sous Grüber
20 000 lieux sous Grüber participe pour la première fois aux Ateliers ouverts. L’atelier se trouve à Koenigshoffen dans une ancienne chaufferie, dans l’enceinte du parc Grüber. Élise Planhard et Pierre-Louis Peny ont initié le projet en 2023 puis ont été rejoints par Vincent Gallais, plasticien, et Léo Tanguy, ébéniste. Le médium de prédilection d’Élise Planhard est la céramique. Elle créé des formes inspirées de la nature mais d’une nature étrange, une nature « cultivée ». Le sculpteur et plasticien Pierre-Louis Peny utilise la pierre pour ses sculptures et installations qui ne manquent pas d’humour.
Papier Gâchette
Sérigraphie, gravure en creux, en relief, lithographie, à l’imprimerie associative Papier Gâchette, on trouve toutes les techniques d’impression ancienne. Pour les textes, ils utilisent même la typographie de Gutenberg, avec des lettres de plomb ou de bois. L’objectif premier de Papier Gâchette est l’édition des livres d’auteurs et d’affiches mais l’association propose également des stages et ateliers pour partager son savoir-faire. Dans l’atelier, outre des machines impressionnantes, on peut admirer les gravures et lithographies de l’artiste Manu Poydenot, qui ne sont pas sans rappeler les peintures du flamand Jérôme Bosch.
Beaucoup d’autres ateliers sont ouverts dans toute l’Alsace, dans les Vosges et même en Moselle. Le site ateliers ouverts.net liste l’ensemble des ateliers participants et les localisent sur une carte.
Ces mères de famille géorgiennes expliquent être en France pour sauver leurs enfants malades.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Des personnes sans solution d’hébergement occupent des appartements vacants dans un immeuble à Schiltigheim. Le bailleur social Alsace Habitat, propriétaire du bâtiment, prévoit de démolir le site.
« Nous sommes arrivés là il y a cinq jours. Avant nous dormions dans une voiture. Le 115 (numéro de l’hébergement d’urgence, NDLR) ne nous donne pas de maison. » Tamari, d’origine géorgienne, communique en se faisant traduire par une application sur son téléphone. Mercredi 14 mai, elle occupe, avec d’autres familles, le 3 rue Lamartine à Schiltigheim. Cette adresse regroupe 20 appartements vides sur neuf étages. Elle fait partie d’un vieil ensemble du bailleur social Alsace Habitat, en instance de démolition.
Le bâtiment compte dix niveaux.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
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Des visages et des témoignages d’habitants et d’habitantes des campements. Des révélations sur le business de l’hébergement d’urgence, sur les expulsions de familles par l’État, sur la tension alimentaire à Strasbourg, ou sur la réalité du plan Grand froid, au-delà de la communication préfectorale. L’engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c’est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.
Ces enquêtes et ces reportages ont un prix. C’est le temps de travail de Thibault Vetter et de Camille Balzinger, qui suivent de près, depuis plusieurs années, la problématique du manque d’hébergements d’urgence à Strasbourg et la précarité des personnes sans papier.
D’avance, merci pour votre soutien.
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La CGT 67 appelle les salariés de la mission locale de Strasbourg à manifester ce jeudi 15 mai.
Les missions locales et les associations de protection de l’enfance appellent à manifester jeudi 15 mai lors de deux rassemblements différents. En cause, des financements insuffisants qui les empêchent d’aider les jeunes en difficultés.
Les associations de protection de l’enfance craquent face au manque de moyens dont elles disposent pour aider les jeunes placés sous leur responsabilité. Jeudi 15 mai, le collectif national Les 400 000, qui regroupe de nombreux organismes de protection de l’enfance appelle à manifester dans neuf villes de France. À Strasbourg, un rassemblement est prévu place Kléber à Strasbourg à partir de 13h30.
Le même jour, un appel à la grève est prononcé dans le réseau des missions locales, qui accompagne les jeunes en difficulté dans leur insertion professionnelle. Une manifestation est prévue à Paris et dans plusieurs villes de France pour demander l’abrogation d’une loi défavorable aux jeunes, selon la CGT et demander des garanties de fonctionnement pour les missions locales. À Strasbourg, la CGT de la Mission locale de Strasbourg, organise également un rassemblement place de la République à 14h.
L’aide sociale à l’enfance en crise
Un rapport de la commission d’enquête parlementaire concernant les manquements des politiques publiques de protection de l’enfance publié le 1er avril 2025 estime que le secteur « connaît une crise grave qui appelle une action urgente et forte ». Mais ce n’est que le dernier rapport de ce genre. Le collectif Les 400 000 – nommé pour les 397 000 enfants sous la responsabilité de l’Aide sociale à l’enfance en France – note que « 12 rapports alarmants se sont succédés, avec 400 recommandations » depuis 2022.
La loi Taquet mis en place le 7 février 2022 devait permettre d’améliorer la situation. Mais selon Camille Divoux, chargé de projet à l’Arsea, constate que « la loi n’est pas appliquée, elle interdit par exemple aux enfants d’être placés en hôtel. Pourtant en France, certains le sont. » Il ajoute qu’en Alsace, « le projet pour l’enfant prévu par cette loi et qui doit faire état du suivi des jeunes avec tous les professionnels rencontrés n’est pas mis en place. »
Les missions locales peinent à aider les jeunes
Par ailleurs, les missions locales souffrent de la loi Plein Emploi, mise en place au début de l’année 2025. Elisabeth Del Grande, déléguée syndicale CGT de la Mission locale de Strasbourg, détaille :
« La loi nous oblige à inscrire nos jeunes à France Travail afin qu’ils puissent bénéficier d’une aide renforcée. Mais à Strasbourg, certaines personnes que nous accompagnons ne peuvent pas travailler. La loi nous oblige à mettre en place une approche comptable très lourde. Dans le cadre de l’engagement jeune, elle demande au bénéficiaire d’effectuer 15 heures d’activités par semaine, souvent en lien avec leur insertion. Nos conseillers doivent désormais comptabiliser toutes les heures, ce qui impacte le suivi personnalisé pour leur recherche de formations ou d’emplois. »
Les budgets des missions locales pourraient également être revus à la baisse en 2025. Un objectif national de réduction de 6,8% a été évoqué, ce qui inquiète les salariés de ces organismes entièrement financés par des fonds publics.
Près des piliers du viaduc du GCO, des arbres tentent de pousser.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Sept ans après la destruction de forêts centenaires pour construire le Grand contournement ouest de Strasbourg, plusieurs mesures compensatoires sont dysfonctionnelles. D’après l’association Alsace nature, 80% d’entre elles consistent en de petits aménagements sur des zones déjà sauvages.
Septembre 2018. Au terme d’une longue mobilisation, les gendarmes mobiles évacuent la ZAD du moulin, créée pour empêcher la construction de l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg. Pendant les jours qui suivent, la première étape des travaux choque les écologistes. Des chênes centenaires sont immédiatement abattus à Kolbsheim et Vendenheim.
Quelques mois plus tard, 278 hectares de zones humides, de prairies, de champs et de vieilles forêts sont bétonnés. Tout au long de cette période, Vinci, la célèbre multinationale en charge des travaux, fait valoir ses 1 315 hectares de mesures compensatoires dans la presse et au tribunal.
Une vieille forêt a été abattue ici, à côté de Kolbsheim.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
Transplantation échouée d’une fleur rare
Sur cette surface, le groupe explique dans une réponse écrite à Rue89 Strasbourg, que 1 000 hectares consistent en des pratiques agricoles favorables au Grand hamster d’Alsace. Une large majorité des mesures compensatoires concerne donc des champs. Vinci paye simplement des dédommagements aux exploitants pour qu’ils cultivent du blé ou de la luzerne plutôt que du maïs, et qu’ils laissent des bandes sauvages entre des parcelles. Il reste 315 hectares pour arriver à 1 315, soit 113 hectares de milieux forestiers, 130 hectares de zones humides, et 72 hectares de prairies, de mares et de haies.
Sept ans après, en mai 2025, nous nous sommes rendus sur 10 des 41 sites de mesures compensatoires. Et les visites montrent que le gain réel pour la nature est bien en dessous de ce que la communication laisse penser. L’une des défaites emblématiques de Vinci est son incapacité à faire pousser la « gagée velue ». Cette fleur sur la liste rouge des espèces menacées en France vivait sur une prairie détruite par le chantier du GCO à Kolbsheim.
Aucune gagée velue n’a réussi à pousser après la transplantation, remarque Christine Gries.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.
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Le Collectif Palestine 67 dénonce la réaction « indigne » et « insuffisante » du gouvernement
Plusieurs organisations commémorent le déplacement forcé du peuple palestinien en 1948 suite à la création de l’État d’Israël. Un premier rassemblement se tiendra le jeudi 15 mai, suivi de deux marches, le samedi 17 mai.
Trois manifestations auront lieu les 15 et 17 mai 2025 à Strasbourg pour commémorer la Nakba (« catastrophe » en arabe), un déplacement massif de la population palestinienne suite à la création de l’État d’Israël en 1948. Au moins 700 000 Palestiniens ont été contraints à l’exil au Liban et en Jordanie dans cette période suivant la fin du mandat britannique sur la Palestine. « Environ 15 000 Palestiniens sont tués, près de 500 villes et villages sont rasés et plusieurs dizaines de massacres sont orchestrés par les forces sionistes », durant cette période allant de 1947 à 1948, selon une note de l’Institut du monde arabe.
Rassemblement contre le « génocide en cours »
Un premier rassemblement est prévu jeudi 15 mai à partir de 19h place du Château. Il fait suite à l’appel national du collectif de soignants « Blouses blanches Gaza ». À Strasbourg, comme dans plusieurs villes de France et d’Europe, des noms de victimes civiles de l’opération militaire israélienne à Gaza seront lus simultanément.
Samedi 17 mai, le Collectif décolonial pour la Palestine organise une manifestation « contre le génocide en cours à Gaza ». Les manifestants sont attendus à partir de 15h place Kléber pour une manifestation jusqu’à la place du Château en passant par les quais. Leila Sihabi, membre active du collectif, dénonce la continuité entre la Nakba et les événements actuels :
« La campagne génocidaire menée aujourd’hui à Gaza s’inscrit dans la suite du nettoyage ethnique commencé en 1948. Depuis près de 70 jours, Israël prive délibérément les Gazaouis de tout : pas de nourriture, de médicaments, d’eau potable. C’est une famine organisée. Un nettoyage ethnique. »
Une marche de 10 km dans Strasbourg
Le même jour, le Collectif Palestine 67 marchera également pour commémorer la Nakba mais avec une marche de 10 kilomètres et une manifestation dans la foulée. La marche doit partir de l’église Saint-Bernard vers 9h tandis que la manifestation doit partir de la place de la Gare vers 16h. Le collectif demande l’arrêt des combats à Gaza et localement réclame à la municipalité de mettre un terme au jumelage de Strasbourg avec la ville israélienne de Ramat Gan.
Faculté de médecine de Strasbourg.Photo : Photo Clara Sapienza
Plus de la moitié des étudiants en santé passent par une prépa privée, sans garantie de réussite. À Strasbourg, Lise Cucchi, ancienne présidente d’une association d’étudiants en médecine, alerte sur le manque d’efficacité de ces cursus onéreux.
À Strasbourg comme ailleurs, une majorité d’étudiants et étudiantes en médecine suivent des cours préparatoires privés. Mais ces cursus onéreux sont-ils efficaces ? Pour répondre à cette question, l’Association amicale des étudiants en médecine de Strasbourg (AAEMS) a enquêté entre avril 2024 et janvier 2025. Les résultats de l’étude ont été publiés lundi 12 mai. Selon les statistiques produites, l’inscription en cours préparatoires privés n’induit pas de hausse significative des résultats.
« Les étudiants vont en prépa privée par sécurité. Ils n’ont pas de preuve que ça marche. »
Lise Cucchi, ancienne présidente de l’AAEMS
À l’origine de cette étude : Lise Cucchi, ancienne présidente de l’AAEMS et étudiante en cinquième de médecine à Strasbourg. L’idée de cette enquête lui est venue à la suite de plusieurs journées de portes ouvertes à la faculté de médecine : « Tous les lycéens qui venaient nous voir se posaient la question de s’inscrire à des cours préparatoires privés », témoigne Lise Cucchi. Face à cette interrogation récurrente, l’étudiante a voulu proposer une réponse claire et fondée sur des statistiques : « Les étudiants vont en prépa privée par sécurité. Ils n’ont pas de preuve que ça marche mais personne ne veut rater une opportunité d’améliorer ses résultats. »
Pour produire une mesure précise de l’efficacité des prépas en médecine, Lisa Cucchi a sollicité le docteur Nans Florens. Chercheur en physiologie à la faculté de médecine Strasbourg, le médecin est habitué des enquêtes quantitatives en santé. Il a accepté d’accompagner l’étudiante dans la réalisation d’un questionnaire qui porte sur le nombre d’élèves concernés par ces cursus privés, leurs motivations, les modalités des cours… et surtout les résultats des étudiants concernés. Diffusé nationalement, le sondage a recueilli plus de 3 900 réponses d’étudiants en santé à travers la France, dont plus d’un tiers dans la région Grand Est.
Des cursus chers et inefficaces
Au terme de l’enquête, deux tiers des étudiants déclarent avoir eu recours à des cours préparatoires privés dans l’espoir d’augmenter leurs chances de réussite. Ces cursus privés coûtent cher, en moyenne 6 000 euros par an en incluant les frais universitaires, selon l’Association nationale des étudiants en médecine de France. D’après l’étude lancée par l’AAEMS, environ 80% des inscrits dépensent plus de 1 000 euros par an dans ces formations et plus de 15% des concernés déboursent plus de 5 000 euros par an.
Malgré ces investissements importants, les étudiants avec prépa privée sont moins bien classés que leurs camarades sans cursus privé en première année. L’enquête révèle que le rang médian des étudiants ayant eu recours à une prépa privée se situe à la 83e place. Le rang médian des étudiants sans prépa privée se trouve à la 76e place.
À partir de leur deuxième année d’étude, 94,4% des étudiants sans prépa ont une note supérieure à 14/20, contre 95,8% avec un accompagnement par un organisme privé. « L’un des enseignements majeurs de l’enquête est que le recours massif aux prépas privées n’améliore pas significativement les résultats académiques des étudiants en santé », indiquent les auteurs de l’étude.
Des alternatives gratuites trop peu connues
Les organismes privés derrière ces prépas exercent aussi une forte pression psychologique sur les étudiants. Plus de la moitié des étudiants sondés déclarent avoir été « fortement incités » à y souscrire. Le phénomène d’imitation joue ensuite un rôle clé : « Il y a d’abord un lobbying très important des organismes. Puis il y a le fait que la majorité des étudiants s’inscrivent en prépa privée. Chacun s’inquiète de perdre des chances s’il ne fait pas de même », explique Lise Cucchi.
L’étudiante en médecine tient à rappeler qu’une alternative gratuite existe à Strasbourg : le tutorat. Organisé par des étudiants expérimentés, il propose du soutien pédagogique (examens blancs, séances de révision) mais aussi des moments de détente, comme des séances de sport. Ce dispositif, encadré par l’université, reste pourtant peu visible face aux campagnes publicitaires des organismes privés. Au terme de l’enquête menée par l’AAEMS, Lisa Cucchi incite donc les étudiants et étudiantes intéressées à se rendre sur le compte Instagram du tutorat santé à Strasbourg.
Benjamin Soulet, adjoint de la maire de Strasbourg en charge de l’équité territoriale.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Les élus « écologistes et citoyens » vont distribuer jusqu’à l’été un livret qui présente 47 chiffres devant mettre en valeur leur action à la tête de la Ville et de l’Eurométropole de Strasbourg depuis 2020.
Le groupe des élus écologistes et citoyens au conseil municipal de Strasbourg vient de publier une petite brochure intitulée « Panorama de cinq ans d’actions ». Sur un format A5, le fascicule de 22 pages, préfacé par Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, liste une série de 47 mesures votées par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg depuis l’accession aux commandes des écologistes et de leurs alliés en 2020.
« Ce n’est pas un bilan mais un état des lieux, prévient d’emblée Benjamin Soulet, le co-président du groupe municipal :
« Nous avons tout de même réalisé 80% du programme que nous avons proposé aux Strasbourgeois en 2020, à la louche. On fera un vrai bilan du mandat plus tard, mais ça méritait tout de même que nos réalisations soient un peu plus visibles. »
« En communication politique, je reconnais que nous n’avons pas été les meilleurs. Mais nos actions sont aussi parfois invisibles. Quand on refait toute la tarification solidaire des services publics par exemple, ou lorsqu’on étend les compétences du Centre d’actions communales, ça aide des milliers de personnes mais ça ne se voit pas autant qu’une place rénovée. »
Un extrait de la brochure distribuée en mai et juin par les élus des groupes « écologistes et citoyens ».
Expliquer « l’ampleur de la transformation sociale »
Alors le document, édité avec les moyens du groupe municipal, liste des chiffres à longueur de pages : 75 000 jeunes qui voyagent gratuitement sur le réseau de la Compagnie des transports strasbourgeois, 26 000 paniers de légumes bio offerts pour sensibiliser les futures familles aux perturbateurs endocriniens, 200 nouvelles places en crèche, -36% de dioxyde d’azote dans l’air… Il y a même le nombre d’animaux sortis de l’ex-zoo de l’Orangerie (87), dont on ne sait s’ils voteront écologiste en mars 2026.
« On s’aperçoit qu’on doit expliquer aux gens l’ampleur de la transformation sociale que nous avons menée depuis 2020 », détaille Benjamin Soulet qui ira à la rencontre des citoyens et des citoyennes sur les marchés et à la sortie des écoles avec ce livret :
« D’après nos premiers retours, les gens avaient des questions sur notre action et sont heureux de constater, concrètement, que Strasbourg n’a jamais autant bénéficié de politiques de gauche. C’est pourquoi j’ai proposé que nous réimprimions d’autres exemplaires de ce livret et que nous poursuivions ces rencontres de terrain, au moins jusqu’à l’été. »
Est-ce le début de la campagne électorale des écologistes pour les élections municipales de Strasbourg en mars 2026 ? « Ouhla non, ça viendra à l’automne », assure Benjamin Soulet qui estime qu’il faudra bien l’été pour arrêter les grandes lignes du nouveau programme et une stratégie d’alliance. « Il y a beaucoup à faire encore », assure-t-il. « Nous n’avons pas été capables d’expérimenter le revenu universel à Strasbourg par exemple ».