Toute l’année – Le futur département d’Alsace
Fin octobre, un compromis proposé par le gouvernement a posé les jalons de la « collectivité européenne d’Alsace », un département Haut-Rhin + Bas-Rhin au sein du Grand Est, avec quelques pouvoirs en plus pour 2021. Mais le texte demeure assez flou pour que personne ne perde la face. Si bien que les deux années à venir décideront les modalités de ces modifications, ce qui devrait occasionner de nouvelles batailles politiques.
Qui aura vraiment le dernier mot lorsque les compétences sont « partagées » ? Quels seront les moyens financiers qui accompagnent les transferts ? Où sera le « siège » de la future collectivité entre Colmar, Mulhouse ou Strasbourg ? La droite alsacienne a terminé son année avec l’exclusion du sénateur André Reichardt (LR) de la majorité du conseil régional de la Région Grand Est. Le président Jean Rottner (LR aussi) lui reproche de plaider pour une collectivité Alsace la plus forte possible, voire une sortie du Grand Est, et non de défendre la grande région. La fédération bas-rhinoise de « Les Républicains » y a vu une « dérive autoritaire », tandis que celle du Haut-Rhin, dont Jean Rottner est membre en tant qu’ancien maire de Mulhouse, n’a pas bronché. Ambiance…
Date inconnue – Les suites du marché de Noël
Redoutée depuis plusieurs années, une attaque du marché de Noël a touché le centre-ville mardi 11 décembre. Les coups de feu et de couteau de Chérif Chekatt ont causé la mort de 5 personnes et blessés 11 autres. L’entrée et surtout la sortie du périmètre ont démontré les failles d’un dispositif que les décideurs présentaient déjà depuis quelques années comme « non-étanche » face à une personne déterminée.
Si le même dispositif avait grosso modo été reconduit depuis 2015, nul doute que les conséquences de l’édition 2018 seront davantage débattues. Si une annulation pure et simple semble peu probable, la taille, le dispositif ou la durée devraient être longuement discutés, alors que l’enquête est toujours en cours. L’évolution des réservations futures donnera une idée de l’impact économique d’une telle fusillade.
En septembre – La première Foire européenne déplacée
Grand événement commercial, économique et aussi politique de la rentrée, la Foire européenne accuse une perte de vitesse. La faute aux travaux dans le futur quartier d’affaires Archipel qui empiète sur l’ancien parc des expositions ? Son statut de grande foire généraliste engendre des débats entre les élus, mais aussi avec la société d’événementiel GL Events, actionnaire principal et exploitant de Strasbourg-Événements, le gestionnaire public-privé des lieux.
Pour la première fois en septembre, les exposants s’installeront sur le nouveau site du parc expo, entre le lycée Kléber et la sortie d’autoroute A35 vers le Wacken. À la place de l’ancien stade du Suc, des halls provisoires venus de Sydney seront montés à partir de février pour deux ans, avant la version définitive en bois vers 2021. Il est possible que cette nouvelle organisation ferme une partie de l’avenue Herrenschmidt pendant la foire, prévue du 6 au 19 septembre, pour créer un grand espace d’allées et venues.
Dès aujourd’hui – La Coop
De manière générale, le quartier des Deux-Rives connait son lot d’avancées chaque année tant il engage Strasbourg sur le long-terme. 2019 devrait voir de nouveaux projets immobiliers se dévoiler du côté de la presqu’île Citadelle et de la bande de terre Starlette de l’autre côté du canal. Il est aussi question de choisir l’implantation du futur collège.
La dernière année pleine de ce mandat sera l’occasion de débloquer de nouveaux crédits à la Coop, un projet de mini-quartier à la place de l’ancien siège social de l’entreprise de distribution alsacienne décrit comme d’ampleur, mais qui a connu plusieurs changements lors du mandat. La dernière vague de programmation a surtout fait la part belle à un projet de logements et de bureaux classiques, un peu éloignés de l’idée de quartier innovant et atypique imaginé à l’origine. C’est à l’ouest de la ville, du côté du parc Gruber que les projets créatifs foisonnent.
Toute l’année – Après la guerre des cliniques, la paix des cliniques ?
Après des années de conflits, jusque devant les tribunaux, la nouvelle clinique Rhéna aux Deux-Rives et celle de l’Orangerie ont annoncé en fin d’année s’accorder sur « un projet médical commun » sur les deux sites actuels. Quelle serait cette « offre de soins de qualité » dans l’intérêt de tous et les conséquences pour l’extension Rhéna 2 ? Premières réponses en cours d’année alors que les importantes subventions accordées au projet Rhéna ne sont pas digérées par toute la classe politique locale. Rhéna a changé de directeur suite à ce projet d’accord.
Septembre – La première rentrée au PAPS-PCPI, enfin !
Un temps espéré dès 2013, le nouveau pôle d’administration public (PAPS-PCPI, voir tous nos articles) doit accueillir ses premiers étudiants à la rentrée scolaire. La faute à des malfaçons, des procédures et un concepteur qui a fermé boutique en France suite aux nombreux recours auquel il faisait face dans le pays. Une rallonge de 16 millions d’euros d’argent public plus tard, le chantier doit s’achever, après qu’une démolition ait été envisagée.
Le déménagement de Sciences Po Strasbourg, l’Institut de préparation à l’administration générales (IPAG) et du Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle (CEIPI) au cœur de l’hôpital civil libérera les différents locaux actuels et laisser d’autres composantes de l’Université y déménager. Ce jeu de poupées gigognes permettra au « Plan Campus » de l’Université de Strasbourg de se poursuivre. L’opération prévoit notamment de remplacer les vieux bâtiments préfabriqués de l’Agora près de la fac de droit par un nouveau centre sportif vers 2022.
À l’été – Les travaux de l’arena de la SIG
Le permis de construire a été déposé pour la future salle des basketteurs de la SIG. Le Rhénus Sport deviendra le Crédit mutuel Forum. Une image, cette fois-ci contractuelle, de l’extérieur a été présentée en fin d’année. Les principaux travaux doivent débuter après la saison en juin, afin que les Blancs et Rouges puissent continuer de jouer pendant les deux prochaines saisons. Ils profiteraient de leur nouvel écrin début 2021. L’extension permettrait de passer de 6 100 à 8 071 places dans un premier temps, et d’ajouter des surfaces commerciales aux abords. Le budget de l’agrandissement est chiffré à 40 millions d’euros, dont 13,5 d’argent public.
Au printemps – La reprise de l’incinérateur Sénerval
Après près de trois ans d’arrêt et des dizaines de millions d’euros perdus, l’incinérateur Sénerval sur l’île du Rohrschollen va reprendre son activité. Le remise en marche des trois fours sera progressive entre fin avril et juillet. Le contrat de délégation avec Séché Environnement continue jusqu’à 2030, tout comme l’indemnisation de l’entreprise.
Quand bien même l’équipement produit de la chaleur, reste que la question de sa pollution ou sa (sur?)capacité seront encore interrogés. En 2013, un tiers des déchets brûlés provenaient de l’extérieur de l’Eurométropole. Les trois lignes pourront brûler jusqu’à 270 000 tonnes. Vous avez dit « Territoire Zéro déchet » ?
Fin mars – Le premier budget participatif
Au printemps, les Strasbourgeois auront l’occasion de voter pour leur premier « budget participatif ». Les votants bénéficieront de 5 « crédits » pour soutenir un ou plusieurs projet(s). Le total équivaudra à 1 millions d’euros (sur 115 millions d’investissements programmés à Strasbourg) répartis proportionnellement dans les 10 quartiers officiels de la ville. Des idées ont été déposés en fin d’année. Après l’instruction des dossiers, ces derniers seront soumis au vote entre fin mars et début avril.
Toute l’année – Quel an II pour le Bastion social strasbourgeois ?
La section strasbourgeoise du mouvement d’extrême-droite le Bastion social a eu le vent en poupe pendant une bonne partie de 2018. Son leader local est devenu le président au niveau français, suite aux condamnations du fondateur. Mais un an après ses débuts, il n’a plus son bar associatif, « l’Arcadia », au 29 rue Vauban. Le propriétaire a refusé de renouveler le bail précaire en raison des dégradations par des opposants « antifascistes ».
L’association a promis de revenir dans des locaux plus grands, mais trouver le lieu adéquat s’annonce plus difficile, la réputation de « Solidarité Argentoratum » et la contestation qu’elle entraîne étant désormais établies. À Lyon, la mairie a fait fermer le local dans le vieux-Lyon pour des manquements aux règles de sécurité. À Clermont-Ferrand, la structure a mis fin à son antenne par elle-même, en avançant des « pressions » multiples.
Dès février – GCO : des décisions de justice sur le fond
Les travaux définitifs de l’autoroute payante de 24 kilomètres du Grand contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) ont débuté en septembre 2018, mais les premières coulées de béton ne sont pas pour tout de suite. Les ministres ont indiqué que seules des décisions de Justice défavorables pourraient modifier leur position.
Plusieurs décisions des tribunaux administratifs sur le fond sont attendues en 2019. La dernière audience, concernant le viaduc de la Bruche a été reporté à février dans une grande confusion, alors que les conclusions du rapporteur public étaient favorables à Alsace Nature. Sur le terrain, quelques escarmouches d’opposants se poursuivent. Les travaux de l’échangeur au nord avec l’A4 et l’A35 sont quant à eux suspendus. La mise en service a été décalée à 2021.
Toute l’année – La course aux municipales de 2020
Qui va mener quelle liste pour succéder à Roland Ries en mars 2020 ? C’est le feuilleton qui va animer la vie politique strasbourgeoise dès les vœux de bonne année. Si les premiers mois devraient se limiter à de l’observation mutuelle et quelques tirs à fleurets mouchetés, la constitution d’écuries devrait s’accélérer à partir de l’été. La majorité strasbourgeoise doit tant que possible avancer sur les derniers dossiers du mandat, malgré le climat ambiant de rivalités.
À droite, la place du jeune parti de centre-droit « Agir » et de Fabienne Keller est la grande inconnue pour « Les Républicains » qui aimeraient présenter un nouveau candidat. « En Marche » occupe un espace central avec le premier adjoint Alain Fontanel ou le député Sylvain Waserman, tandis qu’à gauche plusieurs initiatives foisonnent comme « Strasbourg Demain » autour de Philippe Bies (PS),« La Coopérative » avec Paul Meyer (Generation.s), Le Labo citoyen avec Syamak Agha Babaei, sans oublier la France insoumise, les écologistes ou le parti communiste. Quant au président de l’Eurométropole, Robert Herrmann, membre du PS et artisan d’une coalition droite-gauche, il est plutôt discret en public.
Il n’y aura pas de place pour tout le monde et ces attelages devront se parler en amont. Avant d’avancer trop de pions, le scrutin proportionnel des européennes sera la dernière occasion de mesurer le poids des « étiquettes » partisanes. Même si les deux élections sont bien différentes, cela permettra d’affiner en partie les stratégies d’alliance locales en fonction des résultats.
En mai – Les européennes
Les élections européennes ne sont pas vraiment un événement local, mais à Strasbourg, siège du Parlement, on aime bien se sentir concerné par la campagne. La capitale alsacienne est un passage obligé pour beaucoup de candidats. Les élus alsaciens ne sont pas assez influents pour mener une liste, désormais nationale, mais quelques uns essaieront de figurer en position « éligible ». Il sera aussi intéressant de voir ce que donne l’expérience du nouveau mouvement « Place Publique » dont le maire de Kingersheim, Jo Spiegel, est co-président. Il a été rejoint par le directeur d’Emmaüs Mundolsheim, Thierry Kuhn, parmi les membres fondateurs. Pour le citoyen, la date limite pour les inscriptions sur les listes électorales est le 31 mars.
Enfin, les nouveaux eurodéputés se montreront-ils intéressés par les nouveaux bureaux « Osmose » que les collectivités construisent et financent face à l’hémicycle. Alors l’année 2019 et la nouvelle mandature pourraient constituer un pivot pour l’épineux dossier des lieux de travail du Parlement (ou « Bataille du Siège« ), sachant que les bureaux bruxellois doivent connaitre d’importantes rénovations.
D’un point de vue plus politicien et local, le maire Roland Ries choisira-t-il de soutenir son parti historique, le Parti socialiste, ou « En Marche », que les élus dont il est le plus proche ont rejoint ? En 2017, il avait appelé à demi-mot à voter pour Emmanuel Macron notamment en raison de la question européenne, puis avait fait très timidement campagne pour le parti à la rose à Strasbourg, qui présentait ses adjoints.
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