L’échangeur qui relie la zone d’activité des Forges à Hautepierre devrait se transformer en pont à deux voies, dont certaines pour les piétons et cyclistes. Les habitants sont invités à participer à la concertation ouverte jusqu’au 24 février.
Ne dites plus « échangeur des Forges » mais « nœud multimodal des Forges », c’est quand même plus classe. En 2026, ce pont sur la M351 entre la zone d’activité et le quartier de Hautepierre devrait être à double-sens, intégrer les flux piétons et cyclistes, tout en offrant un nouvel arrêt aux bus interurbains. Le tout pour un coût estimé à 15 millions d’euros taxes comprises.
L’échangeur actuel (à gauche) et son évolution projetée (doc Eurométropole de Strasbourg)
Cette nouvelle voie de passage devrait désengorger les passerelles existantes, alors que la population au sud de la M351, dans les quartiers Poteries et Koenigshoffen augmente considérablement. Il s’agit également de permettre aux habitants de l’ouest strasbourgeois de rejoindre plus directement le Centre hospitalier universitaire de Hautepierre.
La ligne de bus CTS n°50 devrait également être détournée pour utiliser cette nouvelle voie, et desservir deux arrêts au lieu d’un. Les bus interurbains de la CTBR vers l’ouest du Bas-Rhin disposeront également d’un nouvel arrêt, permettant aux habitants des communes comme Marlenheim, Wasselonne ou Marmoutier de ne plus avoir à passer par la gare centrale pour se rendre à l’hôpital par exemple.
Aux concernés de s’exprimer
Pour permettre aux futurs usagers ainsi qu’aux habitants de s’exprimer et formuler des suggestions concernant ce projet, une concertation est organisée depuis le 16 janvier jusqu’au 24 février avec notamment une déambulation le 1er février à 16h et trois réunions publiques (voir les rendez-vous ci-dessous).
France Bleu Alsace révèle qu’une salariée des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) a mis fin à ses jours mardi 17 janvier à son domicile. Salariée de 41 ans à l’agence de Haguenau en tant qu’assistante commerciale, elle était en arrêt maladie suite à un burn-out.
France Bleu cite plusieurs employés des DNA, qui évoquent que la salariée était venue à « plusieurs reprises travailler en pleurs, en expliquant qu’elle n’arrivait plus à remonter la pente » et que la direction, alertée de cette situation, n’a guère réagi. Au lendemain du drame cependant, un comité social d’entreprise a dû se tenir et une « délégation d’enquête paritaire » (salariés et direction) a été mise sur pied.
Climat morose et plombant
France Bleu Alsace donne la parole à plusieurs salariés des DNA, qui évoquent un climat « morose, plombant » au sein de l’entreprise. Les DNA ont été repris en 2011 par le Crédit Mutuel, qui mène via sa filiale Ebra une restructuration d’ampleur de tous les titres de presse du groupe depuis 2017. En cinq ans, le nombre de salariés de ce groupe de 19 titres est passé de 4 100 à 3 200.
C’est le troisième suicide d’un salarié des DNA en trois ans. Le 5 décembre 2019, un technicien de 43 ans a mis fin à ses jours en se jetant du toit de l’imprimerie de l’entreprise à Strasbourg. Le 17 novembre 2020, un rotativiste de 57 ans a chuté du 5e étage du parking voisin de l’entreprise.
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Pales, groupe strasbourgeois de post-punk, sort enfin son premier album, après une maturation express et une série de passages remarqués sur les scènes strasbourgeoises, alsaciennes et nationales.
Pales, c’est ce groupe débordant d’énergie vu à la Grenze, au Molodoï ou au Local tout au long de l’année 2022. Formé un an auparavant, le groupe s’est hissé sur la scène du festival Décibulles et concoure jusqu’en finale du tremplin Rock’n’Folk… Une ascension au kérosène pour ce groupe strasbourgeois formé par David Corrado et Antoine Debargue aux guitares, Basile Grienenberger à la basse, Célia Souarit au chant, Sacha Fuhrmann à la batterie.
Pales, dans leur élément à la Mandragore Photo : doc remis
Dans cette frénésie, le groupe a tout de même trouvé le moyen d’enregistrer un mini-album, In Our Hands, au studio La Turbine à Niefern, après avoir levé près de 3 500€ en financement participatif. Disponible sur les plateformes depuis novembre, ces cinq titres précis et bruyants dévoilent assez le mix puissant dont est capable ce groupe. Une release party est prévue à la Maison bleue vendredi 27 janvier avec une série d’invités (Terne (post-punk, Mulhouse), Guisberg (rock, Strasbourg), Hoboken division (kraut rock, Nancy) et le DJ Rachid Bowie). Si Pales continue sur cette lancée, ce sera peut-être l’une des dernières occasions de voir le groupe dans une petite salle, leur prochain concert est programmé le 2 février au Noumatrouff…
Trippy Season, quintessence du savoir-faire de Pales
La force de Pales, c’est cette forme de noirceur, de rage intérieure, contenue pour en faire un carburant musical subtilement activé pour de longs et lancinants morceaux, ou relâché pour de brèves mais jouissives explosions vocales. Une fois dans le public de Pales, on se surprend en lévitation commune. Le signe d’un groupe qui a compris l’essence du rock.
Une cinquantaine d’associations soutiennent le « défi de janvier », qui consiste à ne pas boire d’alcool pendant un mois. Dans le même temps, le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace a lancé une campagne publicitaire incitant à continuer à boire du vin, mais avec modération. Addictions France dénonce une communication qui sème la confusion.
Depuis début janvier, dans 30 villes de France, on peut tomber sur les 9 000 affiches publicitaires du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa), avec des messages qui semblent encourager la modération dans la consommation d’alcool : « Si nos vins sont si uniques, ce n’est pas pour les voir en double », « Si on a 51 grands crus, ce n’est pas pour les boire dans la même soirée ». Les nouveaux slogans du lobby du vin alsacien sont aussi visibles dans la presse magazine et sur les réseaux sociaux.
Pour l’association Addictions France, notamment à l’origine de l’observatoire des pratiques des lobbies de l’alcool, cette campagne de communication est vicieuse car elle détourne l’objectif du « défi de janvier », qui propose de ne pas boire d’alcool tout au long du mois. Philippe Bouvet, directeur marketing du Civa, a notamment déclaré à nos confrères de France Bleu Alsace : « Nous ne voulons pas interdire, comme le Dry January (défi de janvier, NDLR) le prône, mais faire découvrir nos vins. »
Une affiche de la campagne du lobby du vin d’Alsace, à l’Esplanade, le quartier étudiant de Strasbourg. Photo : TV / Rue89 StrasbourgPhoto : TV / Rue89 StrasbourgPhoto : TV / Rue89 Strasbourg Les Vins d’Alsace semblent prôner la modération en ce mois de janvier. Photo : TV / Rue89 StrasbourgPhoto : TV / Rue89 Strasbourg
Le défi de janvier a été lancé par une cinquantaine d’associations de prévention des risques liés aux addictions, et d’autres organisations consacrées à la santé ou à la précarité comme la Ligue contre le cancer et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Entretien avec Myriam Savy, directrice du Plaidoyer d’Addictions France.
« Ils troublent notre message »
Rue89 Strasbourg : Que reprochez-vous à cette campagne de communication ?
Myriam Savy : L’objectif du défi de janvier est un arrêt total de la consommation d’alcool pendant un mois. Cela permet aux personnes de se poser des questions sur leur consommation, d’analyser la pression sociale, le jugement des autres, les mécanismes qui amènent vers l’absorption d’alcool. Aussi, les effets bénéfiques sur la santé d’un arrêt réel, total, de l’alcool pendant une période donnée sont bien plus importants.
Le Civa n’a pas lancé cette campagne prônant la modération en décembre, avant les fêtes, mais en janvier, en craignant justement une baisse de la consommation liée au « défi de janvier ». C’est un contre-pied à notre campagne. Ils troublent notre message en semant la confusion : les gens ne font pas forcément la différence sur qui est à l’origine d’une affiche. Le Civa laisse entendre que ce qu’il faut faire en janvier, c’est juste modérer la consommation et non pas arrêter complètement. Nous, la modération, c’est toute l’année qu’on la conseille, pas juste en janvier.
« C’est David contre Goliath »
Pourquoi le lobby du vin alsacien, en particulier, a t-il opté pour cette stratégie selon vous ?
Les vins alsaciens sont souvent un peu plus chers que les autres vins français. Le Civa vise un public qui cherche du haut de gamme, des produits de qualité. Ils mettent en scène les producteurs et souhaitent donner une image éthique, authentique, avec des vins du terroir et écoresponsables. Les Vins d’Alsace ont donc particulièrement intérêt à agir en déployant ces éléments de marketing dans une période comme le mois de janvier, pour marquer cette identité et s’afficher comme proches de nos campagnes. Ils se donnent une image très responsable en encourageant la modération. En plus cela reste flou, tout le monde peut avoir son interprétation de ce qu’est cette limitation. L’effet qu’on craint, c’est qu’ils parviennent à donner l’impression que boire quelques verres de vin d’Alsace, vu sa qualité, ce n’est pas mauvais pour la santé.
Pensez-vous que les campagnes des lobbies alcooliers ont un impact important ?
Vu les moyens mis en œuvre, oui ! Il s’agit notamment de grands groupes industriels qui ont des équipes de communicants. Quand on se compare à eux, c’est David contre Goliath. Toute l’année, ils financent des pubs très visibles à la télévision, à la radio, dans la rue, qui invitent à consommer de l’alcool. En janvier, ils adaptent leur stratégie. Heineken en profite pour faire la promotion de ses bières sans alcool, mais c’est toujours la marque qui fait sa pub pour continuer à vendre. En face, nous sommes des associations avec des moyens limités. C’est forcément moins impactant.
Les Vins d’Alsace ont lancé une grande campagne publicitaire dans toute la France. Photo : TV / Rue89 Strasbourg
« L’alcool n’est jamais bon pour la santé »
Même la politique agricole commune (budget de l’Union européenne dédié à l’agriculture) soutient les campagnes de communication des lobbies de l’alcool. Elle a octroyé autour de 220 millions d’euros par an à la promotion du vin en Europe entre 2014 et 2018. Le 20 octobre 2021, dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table », le Parlement européen a réaffirmé la nécessité de promouvoir le vin, en notant que « la consommation modérée de vin fait partie du régime méditerranéen ». Il y a donc, même chez des élus, toujours cette fausse croyance que le vin peut être bon pour la santé. Cela illustre bien la capacité des lobbies de l’alcool à répandre cette rumeur. Non, un verre de vin par jour, ce n’est pas bon pour la santé, dès le premier verre, les effets négatifs l’emportent.
Que demandez-vous aux industriels de l’alcool et aux organismes interprofessionnels ?
Nous aimerions que les lobbies soutiennent la modération toute l’année, et pas seulement quand ça les arrange en brouillant les messages des associations de prévention. De manière générale, on sait qu’ils sont réticents à communiquer sur les effets néfastes de leurs produits. Par exemple, à l’échelle européenne, ils se sont opposés à l’étiquetage sur les bouteilles visant à donner la déclaration nutritionnelle et des informations sur la composition du produit. En voyant que cette position était difficilement soutenable, ils ont finalement proposé d’afficher un QR code sur les bouteilles, donnant accès à ces indications. Et c’est ce qu’ils ont obtenu. Les QR code devront être présents sur toutes les bouteilles fin 2023. C’est simple, l’alcool n’est jamais bon pour la santé, même dans la modération, et il faut que ceux qui en boivent puissent le savoir, qu’on ne leur dise pas l’inverse.
Entre le 25 janvier et le 4 février, le Maillon devient une terre d’asile, accueillant spectacles, lectures, performance et conférence autour de l’exil.
En 2021, Strasbourg a vu arriver des centaines de réfugiés en provenance d’Afghanistan. En 2022, ce sont des réfugiés fuyant la guerre en Ukraine qui ont été accueillis. Mais, à quoi ressemble la vie de ceux qui ont dû s’arracher à leur pays et à leurs familles, pour certains sans certitude de les revoir un jour ? À quelles difficultés sont-ils confrontés une fois arrivés dans un continent de plus en plus frileux, replié voire nationaliste ? Le Maillon s’empare de ces thèmes pour leur « focus » de l’année 2023, intitulé « Espaces d’exil » avec une programmation de spectacles, lectures et performances entre le 25 janvier et le 4 février.
Exils d’hier et d’aujourd’hui
Le coup d’envoi de cette programmation thématique revient au metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani, avec sa pièce En Transit. Le spectacle, comme ses quatre comédiennes, est multilingue, on y entend du farsi (une langue d’Iran et d’Afghanistan), de l’allemand, du français et du portugais, le tout surtitré en français. Avec une mise en scène froide et contemporaine, utilisant la vidéo, la pièce immerge le spectateur dans les affres d’une administration de l’asile déshumanisée aux exigences kafkaïennes.
Extrait de En Transit, Amir Reza Koohestani Photo : / Magalie Dougados
En Transit est née suite à une mésaventure du metteur en scène lui-même. En 2018, il est arrêté à l’aéroport de Munich suite à l’expiration de son visa cinq jours plus tôt, puis remis dans un avion à destination de Téhéran. Il a avec lui ce jour là, le livre Transit d’Anna Seghers qui raconte l’exil de ceux qui fuyait le nazisme lors de la Seconde guerre mondiale.
La pièce questionne le système d’asile européen, implacable avec les réfugiés alors que 80 ans plus tôt, les Européens fuyaient le fascisme et la guerre. Une position peu appréciée par certains critiques de théâtre. Actrice d’En Transit et doctorante en droit international, Khazar Masoumi détaille :
« Pour les critiques de théâtre, de façon consciente ou non, la place des artistes étrangers est de faire pleurer le public européen, comme pour laver leurs consciences de peuple privilégié, mais certainement pas de se montrer critique envers le système qui a pu les accueillir. »
Un système pourtant éprouvé par la comédienne et sa consœur Mahin Sadri. Lors de la création du spectacle en Suisse, elles se sont rendues au consulat français de Genève afin d’obtenir un visa leur permettant de jouer le spectacle en France :
« Pour l’administration et ses critères arbitraires, je suis considérée comme “une bonne étrangère”. J’ai la peau claire pour une iranienne, je maîtrise le français et j’ai un doctorat de l’Université de Strasbourg. La fonctionnaire m’a dit que j’obtiendrais sans souci le visa. En revanche, elle était très méprisante avec Mahin Sadri qui ne parle pas français, allant jusqu’à me demander si elle était vraiment indispensable dans le spectacle. »
Pourtant la pièce En Transit est loin d’être manichéenne. Le personnage du metteur en scène n’est pas vraiment sympathique. De même, l’avocate en charge de la défense des droits des réfugiés joue un double jeu, en faisant parfois passer ses relations avec l’administration avant les intérêts de ses clients.
Extrait de En Transit, Amir Reza Koohestani Photo : Magalie Dougados / doc remis
Une pièce engagée puisqu’elle se charge de poser des questions plutôt que d’y répondre.
Huit femmes et hommes afghans à la rencontre de leur nouveau public
En été 2021, les Américains se retirent de l’Afghanistan, les talibans s’emparent du pouvoir et privent les femmes de leurs droits civiques. Les artistes Narges Ahmadi, Noorullah Azizi, Ahmad Ali Ebrahimi, Bas Gul Karimi, Mohammad Ali Mirzayee, Ali Baba Safdari, Mohammadullah Taheri, Razia Wafaei Zada sont « extradées » en urgence par l’État français avec l’aide de plusieurs théâtres, dont huit structures strasbourgeoises.
Elles vivent depuis lors à Strasbourg où elles peuvent exprimer leurs arts. Samedi 28 janvier, la journée sera consacrée à les rencontrer de manière informelle dans l’enceinte publique du Maillon tandis que leurs propositions pourraient inclure une exposition photographique, une chorégraphie, un concert, des lectures ou des performances… Le programme n’est volontairement pas détaillé.
Coup de projecteur sur des guerrières de l’ombre
En 2018, le metteur en scène et performeur iranien Gurshad Shaheman a présenté sa dernière création à Avignon : Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète. Sa mère et ses tantes viennent assister au spectacle, se retrouvant toutes trois après onze ans d’éloignement. Il s’est inspiré de ces retrouvailles pour écrire un nouveau spectacle, Les Forteresses.
Avec Les Forteresses, il raconte l’histoire de ces trois sœurs dans un décor immersif imprégné de culture azérie. Des tranches de vies qui auraient pu être communes, si elles n’étaient pas nées en Iran dans les années 1950, les plongeant dans une lutte perpétuelle contre les systèmes patriarcaux. Ainsi le récit conte tant leurs destins intimes que leur engagement militant dans la révolution contre le Shah en 1979. À cela s’ajoute la guerre et la souffrance de la séparation suite à l’exil de l’une des sœurs en Allemagne, de l’autre en France alors que la troisième restait à Téhéran.
Utiliser l’intime au théâtre pour raconter l’histoire collective n’est plus une nouveauté, cependant l’artiste réinvente cet exercice en installant directement les concernées sur les planches. Elles sont présentes tout au long de la pièce, pour reproduire des gestes de leur quotidien ou mimer certaines scènes de leur passé, ramenant alors le rire sur scène. Trois comédiennes franco-iraniennes font progresser la narration, en usant de monologues touchants et entremêlés. La musique électroacoustique du compositeur Lucien Gaudon, jouée en direct, accompagne le texte tout au long du spectacle.
Le texte au lyrisme maîtrisé de Gurshad Shaheman, une œuvre personnelle au discours universel, ne manque pas d’émouvoir sans jamais tomber dans le pathos, même lorsque les actes mis en scène sont très graves.
En parallèle des spectacles, l’anthropologue et ethnologue Michel Agier donnera une conférence gratuite et ouverte à tous la notion d’hostipitalité, un néologisme construit par le philosophe français Jacques Derrida, définissant l’union indissociable entre l’hostilité et l’hospitalité et ce qui lui est lié dans les débats publics. Une projection du film documentaire Ma vie en papier de la réalisatrice Vida Dena, sera également organisée à la BNU.
50 citoyens tirés au sort pour rendre le Marché de Noël strasbourgeois plus solidaire et écologique viennent de rendre leurs conclusions. Des propositions très générales dont la plupart sont bien connues.
Mercredi 18 janvier, le jury citoyen composé de 50 personnes, tirées au sort par la Ville de Strasbourg et censé représenter un panel représentatif des Strasbourgeois, a rendu ses conclusions. Depuis juillet 2022, ils ont été missionnés pour « faire évoluer » le Marché de Noël de Strasbourg afin de le rendre plus solidaire, plus écologique et plus compatible avec la vie quotidienne des Strasbourgeois.
Ces 50 personnes se sont rencontrées à sept reprises mais à l’issue de leurs réflexions, difficile d’être enthousiaste devant les 32 préconisations présentées mercredi. La plupart reprennent des propositions qui existent déjà dans le débat public, parfois depuis plusieurs dizaines d’années.
Ainsi le rapport recommande de « prioriser les produits locaux et les produits artisanaux », ce qui est un thème mis en avant par les municipalités successives depuis au moins deux mandats. Les recommandations proposent « d’organiser des événements avec les écoles, avec les centres socio-culturels », une vieille idée mais évidemment jamais mise en application étant donné que les touristes ne viennent pas de l’autre bout du monde pour visiter les quartiers résidentiels de Strasbourg ni les salles polyvalentes. Le rapport propose de « mieux répartir les flux pour éviter l’engorgement place Kléber et place Broglie » mais sans apporter de solution pour agrandir le centre-ville. Il recommande en outre de « cesser de communiquer sur le Marché de Noël dans les autres régions de France ou à l’étranger pour éviter un trop grand afflux de monde… »
Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.
Mercredi 14 décembre, un feu déclenché dans une cellule de la maison d’arrêt de Strasbourg obligeait les sapeurs-pompiers du Bas-Rhin à intervenir. Un détenu a été transporté en urgence à l’hôpital de Metz en raison de ses brûlures, il est décédé jeudi 12 janvier.
Trente-neuf sapeurs-pompiers avaient été mobilisés. Le mercredi 14 décembre, les équipes du Service départemental d’incendie et de secours du Bas-Rhin sont intervenues dans la maison d’arrêt de Strasbourg à la suite d’une alerte déclenchée dans une cellule. Malgré la maîtrise du feu par les équipes pénitentiaires, un homme avait été amené en état d’urgence absolue à l’Hôpital de Metz pour y être soigné. Brûlé au troisième degré sur près d’un tiers de son corps, le détenu qui résidait dans la cellule en flammes est décédé jeudi 12 janvier.
Un mois après, la cause du feu n’est pas encore établie. Néanmoins l’hypothèse d’un acte volontaire commis par le détenu lui-même n’est pas écartée. Dans la prison de l’Elsau, les conditions de détention peuvent être difficiles. Dans notre article publié le 17 novembre, des prisonniers détaillaient leurs conditions de vie en détention, faisant par d’un enfermement et d’une promiscuité intolérable.
« La prison, c’est déjà une forme de maltraitance »
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Alice n’est plus la seule à avoir pénétré dans le Pays des merveilles. Depuis le 19 novembre au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, il est possible de s’aventurer dans le monde des merveilles pour y découvrir tous ses mystères.
L’exposition SurréAlice souligne l’importance des écrits de Lewis Carroll dans le mouvement surréaliste, qui s’étend des années 1919 aux environs de 1960. Particulièrement, celui d’Alice au Pays des Merveilles et sa suite, De l’autre côté du miroir.
Plus de 100 œuvres surréalistes sont présentées au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg(MAMCS) dans une impressionnante scénographie inspirée de l’univers de l’écrivain. Anthologies, peintures, photographies, estampes, sculptures,… Toutes dévoilent leur proximité ou leur inspiration directe tirée des romans de Lewis Carroll. L’exposition offre un panel d’artistes du XIXe jusqu’au XXIe siècle tels que Marcel Duchamp, René Magritte, Dorothea Tanning ou encore Enrico Baj.
Les écrits surréalistes
L’entrée de l’exposition se fait par la gueule monumentale du chat de Cheshire, réalisée par l’artiste Monster Chetwynd. Majoritairement faite de cartons, et d’autres matériaux, l’immense sculpture plonge directement les visiteurs dans le Pays des merveilles.
Exposition SurréAlice. Photo : Nadia Soydinc
En traversant la bouche du chat, la première salle se découvre sur un échiquier géant. Cette mise en scène et en espace reflète l’influence majeure de Lewis Carroll dans le mouvement littéraire et artistique du surréalisme, un art révolutionnaire, libéré de l’esthétisme et de la morale. Il repousse toute valeur établie et aspire à explorer l’inconscient et la psyché. Ainsi les ouvrages majeurs de Carroll présentés dans cette salle, dont Alice aux Pays des merveilles, ses traductions et illustrations, constituent des sources d’inspiration pour les artistes du mouvement.
Exposition SurréAlice. Photo : Nadia Soydinc
Une inspiration par la nature
Très vite, nous rencontrons sur notre chemin des êtres issus du Pays des merveilles. Lapin, chat, ou encore flamant rose, des pièces provenant du Musée zoologique de Strasbourg rappellent la place qu’occupe la nature tant chez les artistes que chez Lewis Carroll.
Mais cette nature ne garde jamais sa forme originelle, elle est souvent transformée, voire métamorphosée. On pourrait même parler d’hybridation ou d’anthropomorphisme, car au Pays des merveilles, un chat parle en énigme, un lapin porte des vêtements, une chenille fume, et les fleurs ont des visages.
La toile Alice au Pays des merveilles de René Magritte illustre cet anthropomorphisme. Elle représente un arbre feuillu au profil humain, et dans le ciel une poire aux traits humains apparaît parmi les nuages.
René Magritte, Alice au Pays des merveilles, 1946. Huile sur toile. (Photo Nadia Soydinc)
Le corps et ses transformations
Plus loin, dans une extravagante pièce immaculée d’un rouge sang, des œuvres d’artistes majeures du surréalisme sont exposées. Leonora Carrington, Dorothea Tanning ou encore Claude Cahun mettent en scène la problématique d’un corps peinant à s’intégrer, à trouver sa place.
La transformation des corps est un thème majeur du roman également présent dans les œuvres de l’exposition. Dans sa photographie réalisée en 1928 qui s’apparente à un autoportrait, Claude Cahun est face à un miroir, mais ne regarde pas son reflet, elle ne s’admire pas. Elle fixe l’objectif, tenant son col de chemise bien droit. Son apparence androgyne perturbe le regardeur qui pense observer le portrait d’un homme et son reflet.
En ayant le crâne et les sourcils rasés, Claude Cahun – de son vrai nom Lucy Show – trompe sur son identité, sur son genre, voire sur sa sexualité… en 1928.
Claude Cahun et Marcel Moore, autoportrait, 1928. Photographie.
Quant à la série de photographies argentiques Les Jeux de la Poupée, par Hans Bellmer, le corps y est représenté par une étrange poupée. Grâce à un système de jointure à boule, la poupée se transforme à l’infini. Son corps est déstructuré puis restructuré. Sur une première photographie, son torse est remplacé par une autre paire de jambes. Sur d’autres, on lui retire tantôt une jambe, tantôt la tête. Son corps est ficelé, modulé dans des postures parfois provocatrices, et même dénudé.
En jouant avec ce corps, Bellmer dépeint le jeu du désir, celui de la manipulation du corps à sa guise. Finalement, il donne vie à de nouvelles formes corporelles qui dépassent de loin la réalité.
Hans Bellmer, Jeux de la Poupée, 1949. Photographies argentiques coloriées à la main. Photo par Nadia Soydinc.
Durant son aventure dans le Pays des merveilles, le corps de la jeune Alice ne cesse de subir des transformations. Passant d’une taille minuscule à gigantesque, Alice peine à s’adapter à son environnement.
Les œuvres présentes dans cette salle agissent comme une piqûre de rappel démontrant que le Pays des merveilles accueille autant le rêve que d’autres choses étranges et dérangeantes. Certes, les fleurs sourient et les animaux parlent, mais rappelons que dans l’histoire, une reine machiavélique cherche à attraper Alice pour lui trancher la tête.
De l’autre côté du miroir
Quelques années après Alice au Pays des merveilles, Lewis Carroll publie De l’autre côté du miroir. En traversant le miroir, Alice commence son voyage dans le monde des rêves, mais aussi son évolution de l’enfant à l’adulte, que certains surréalistes exploitent dans leurs œuvres en la rendant méconnaissable.
Face à Alice grandit, une œuvre picturalede Pierre Alechinsky, le chaos surgit. Difficile de reconnaître Alice dans ce vaste mélange de formes, de couleurs et de textures. Et même lorsque l’on distingue un visage, on ne peut affirmer ce que l’on voit tant la représentation est poussée aux limites du surréalisme abstrait. L’évolution d’Alice semble ici perturbée par un désordre irrationnel, délirant, et surtout non aboutie.
Pierre Alechinsky, Alice grandit, 1961. Huile sur toile. (Photo Nadia Soydinc)
Gorgé de symbolisme, à l’image de la transition entre l’enfance et l’âge adulte, le miroir est aussi un médium artistique. Il est présent tout au long de l’exposition, tant dans les œuvres que sous forme d’éléments scénographiques. Enrico Baj utilise des brisures de miroirs dans son œuvre Specchiera de 1959. Il le recompose de façon à créer une silhouette, agrémentée de pierres pour former un visage. Le fond rouge sur lequel sont collés les morceaux divise ce qui s’y reflète en plusieurs éclats, pour faire figurer la scission de l’intégrité de l’individu.
Irrégulier, fragmenté, c’est dans les reflets perturbés et perturbants de ces miroirs que se découve une nouvelle réalité ainsi qu’une nouvelle version de soi.
L’aventure au Pays des merveilles s’achève dans les nuages. La dernière salle du parcours s’érige autour du jeu. Jeux de cartes, jeux de mots et jeux d’échecs, on y trouve tous ceux qui ont inspiré et servi aux surréalistes. Certains se retrouvent même incorporés dans la scénographie, à l’image des symboles de cartes ou d’un échiquier.
Le jeu permettait au groupe de se distraire des maux du monde réel, de remettre en cause ses règles, notamment l’utilisation normée du langage.
Marcel Duchamp utilise dans ses œuvres le « mot-valise », que l’on retrouve dans les histoires de Carroll. Il s’agit d’une fusion de deux mots minimum en un seul, qui a donc plusieurs significations. Il nomme Trébuchet son Ready-made (objet issu du l’industrie que se réapproprie l’artiste pour l’exposer en tant qu’œuvre d’art), un porte manteau en bois posé au sol, menaçant de faire trébucher quelqu’un. Mais son Trébuchet fait aussi référence à une stratégie aux échecs, visant à sacrifier un pion pour distraire l’adversaire de la véritable stratégie.
Marcel Duchamp, Trébuchet, 1917-1964. Ready-made: porte-manteau en bois et métal. Photo : Nadia Soydinc
Le jeu d’échecs est par ailleurs la base du récit De l’autre côté du miroir, dont l’intrigue se déroule selon l’avancée d’une partie d’échec. Marcel Duchamp, Frédéric Delanglade ou encore Man Ray, l’influence carrollienne sur les artistes et leurs œuvres continue à se percevoir.
L’exposition SurréAlice s’ancre dans l’actualité en faisant échos à des problématiques actuelles concernant les normes, l’identité, le genre, ou la place de l’individu dans la société. En étant composée pour moitié d’artistes femmes, elle offrirait – presque – une nouvelle perspective au mouvement surréaliste. Presque, car paradoxalement, la dernière chose que l’on voit en sortant de l’exposition est une imposante série de portraits, figurant uniquement les hommes du mouvement. Une conclusion controversée.
Après la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg, jeudi 19 janvier, une soixantaine d’étudiants ont été évacués d’un bâtiment universitaire, où ils tenaient une assemblée générale. L’Université affirme que des violences et des dégradations justifient l’évacuation. Les étudiants contestent.
Une centaine d’étudiants ont pénétré dans un bâtiment de la faculté de sociologie (Le Patio), après la manifestation contre la réforme des retraites, jeudi 19 janvier. Les étudiants y ont organisé une assemblée générale pour débattre de la suite des actions à opérer contre la réforme. Il était 17h lorsqu’ils ont pénétré dans l’amphithéâtre central. Moins de deux heures plus tard, la soixantaine de jeunes restante a été évacuée par une trentaine de CRS, ce que confirment quatre personnes interrogées ainsi que plusieurs photos et vidéos largement commentées sur les réseaux sociaux.
Corentin, syndiqué chez Solidaires Étudiant, raconte :
« Nous sommes partis du cortège pour rejoindre le campus. Nous avons pu nous installer dans l’amphi sans heurt. Pourtant, moins d’une heure plus tard, des étudiants nous ont informé que les CRS étaient devant et qu’ils encerclaient le bâtiment. Aucun policier n’est venu nous voir. Il n’y a pas eu d’ordre d’évacuation. Environ 45 minutes plus tard, ils sont entrés, une trentaine environ. Nous étions déjà en train de partir. »
Une évacuation ficelée en moins de deux heures
Les quatre étudiants présents ont tous la même version de l’histoire, confirmant tous qu’il n’y a eu aucun débordement. Ils partagent le même sentiment d’étonnement quant aux procédés utilisés et relatent qu’ils n’ont jamais vu d’évacuation de la sorte pour une assemblée générale. Chloé, vice-présidente du syndicat Alternative étudiante Strasbourg, qui était aussi présente, est surprise :
« Quand on fouille dans les archives, on voit qu’il y a déjà eu des évacuations. En 2021, notamment, lors d’un blocus étudiant devant la faculté. Ou une autre fois quand les étudiants avaient fait voter le fait d’occuper l’amphithéâtre. Là, nous n’étions pas du tout dans ce cadre. Tout allait bien. »
Nicolas, ingénieur de recherche syndiqué chez Sud Education, rappelle par téléphone que ce type d’évacuation a été demandé par le président de l’Université, Michel Deneken. Pour lui, le changement de présidence de l’Université s’est accompagné d’une montée de la répression des grèves et des manifestations. Il n’a jamais observé d’évacuations aussi rapides durant sa carrière. L’enseignant a aussi le souvenir d’évacuations nocturnes, vers 22h, lorsque des étudiants avaient pris la décision d’occuper le bâtiment.
Selon l’Université, le personnel a été molesté
L’Université de Strasbourg se défend de cette évacuation dans un communiqué de presse. Selon elle, pour accéder à l’amphithéâtre, « une porte a été enfoncée et des personnels de l’université molestés ». L’Université justifie ainsi l’intervention des forces de l’ordre. Dans son communiqué, elle expose :
« La direction de l’université accepte systématiquement de mettre à disposition des salles ou amphithéâtres, dès que les demandes lui parviennent, afin que les étudiants et les personnels puissent y tenir leurs assemblées générales si toutes les conditions sont réunies pour assurer la sécurité des biens et des personnes. Ce qui n’est pas acceptable, c’est l’atteinte aux biens et aux personnes, les blocages et l’occupation des locaux au-delà des heures d’ouverture de l’Université. »
Les étudiants contactés après les déclarations récusent tous cette version. Un de nos journalistes, présent devant le bâtiment lors de l’entrée des étudiants, affirme que tout semblait se dérouler dans le calme. De son côté, quelques heures après la publication du communiqué, sollicité par Rue89 Strasbourg, le service communication de l’Université précise sa version :
« Le bâtiment était fermé au public. Un groupe de personnes a molesté deux agents du service logistique alors qu’elles sortaient du bâtiment, en essayant d’y entrer. »
Elle informe qu’un dépôt de plainte est envisagé par les deux agents concernés. Rue89 Strasbourg s’est mis à disposition pour entendre le témoignage de ces personnes mais l’Université n’a pas donné suite à l’heure de la publication de l’article.
Les syndicats bas-rhinois se félicitent d’une mobilisation historique ce jeudi 19 janvier. Avec environ 18 000 manifestants, le nombre d’opposants dans la rue a quasiment doublé par rapport à la première tentative d’Emmanuel Macron de réformer le système des retraites en 2019.
Ce jeudi 19 janvier, la neige tombe doucement à Strasbourg. Mais il en faut plus pour refroidir les opposants à la réforme des retraites. Il est 13h45. Les manifestants commencent à arriver place de l’Étoile. Ils sont emmitouflés dans des vêtements chauds. Certains brandissent fièrement des pancartes et des drapeaux, les doigts rougis par le froid. Quelques minutes plus tard, la place est noire de monde. Le brouhaha ambiant fait monter le ton de toutes les personnes présentes. Les manifestants trépignent d’impatience. Serrés les uns contre les autres, ils n’attendent qu’une chose : que le cortège s’élance pour défiler dans les rues. « Bon allez on y va maintenant ! », hurle un manifestant arborant les couleurs CFDT.
Au départ de la manifestation, place de l’Étoile. « Plus de paillettes dans nos retraites » Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
« C’est du jamais-vu ! » « T’en vois le bout toi ? »
Pour les derniers manifestants du cortège, il faudra attendre plus d’une heure pour décoller, car la foule est immense. « C’est du jamais-vu ! » « T’en vois le bout toi ? » Les commentaires fusent. Les visages rayonnent. Le mouvement social commence fort. Les manifestants remplissent les rues de Strasbourg en entonnant des chants anticapitalistes. Ils se dirigent vers la place Kléber, passant par la place Broglie, où le cortège s’arrête un moment pour attendre les derniers.
Lorsque la tête de cortège atteignait l’église saint-Paul, les derniers manifestants n’avaient pas encore quitté la place de l’Étoile. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Le sol vibre alors que la tête de cortège tape des pieds et des mains en chantant, libérant des fumigènes de toutes les couleurs dans un mélange d’excitation et de colère. Dans la foule, certains scandent « grève, blocage, manif sauvage. » C’est ce que feront un petit millier de personnes, vers 16h15, en se dirigeant vers l’université. Un cortège sauvage qui s’est vite dispersé. Seule une partie est entrée dans le Patio pour une assemblée générale sur les coups de 17h.
Près de 18 000 manifestants selon nos estimations
Selon la préfecture du Bas-Rhin, 10 500 personnes ont manifesté à Strasbourg ce jeudi 19 janvier. Notre journaliste sur place a fait une estimation de 18 000 manifestants. En utilisant l’application mapchecking.com, on obtient une estimation de 20 000 manifestants. Une évaluation basée sur le nombre d’individus présents par mètre carré (que nous avons estimé en comparant les photographies de l’événement) rapporté à la surface totale qu’ils couvrent. En effet, lorsque la tête du cortège atteignait l’église réformée Saint-Paul en milieu d’après-midi, l’arrière du cortège n’avait pas quitté la place de l’Étoile. La manifestation mesurait alors plus d’1,7 kilomètre de long.
Avec une estimation de 10 500 personnes, la préfecture a sans doute sous-estimé la participation à la mobilisation contre la réforme des retraites à Strasbourg. (Photo Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg)Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Si l’on compare l’ampleur de cette première journée de lutte aux derniers conflits sociaux, la mobilisation contre la réforme des retraites est prometteuse. Même en mêlant les sources policières et syndicales, les chiffres restent flatteurs pour les opposants au projet d’Élisabeth Borne. Ainsi, la première manifestation contre la loi travail de la ministre Myryam El-Khomri, le 9 mars 2016, avait réuni un nombre de participants estimé à l’époque entre 5 000 et 7 000. Un an plus tard, lors de la première journée de mobilisation contre la loi travail II, le 12 septembre 2017, le chiffre oscillait entre 2 600 (police) et 3 200 personnes (CGT).
Concernant la précédente mobilisation contre la réforme des retraites, le 5 décembre 2019, l’affluence était aussi plus basse, entre 9 000 manifestants selon la police et 12 000 personnes d’après les syndicats. Avec 18 000 manifestants selon nos estimations, le nombre d’opposants au second projet de réforme des retraites d’Emmanuel Macron a presque doublé en comparaison avec la manifestation de décembre 2019.
« Nous envoyons un signal puissant au gouvernement »
« Je n’ai jamais vu une manifestation sociale aussi grande à Strasbourg », estime Laurent Feisthauer. Le secrétaire départemental de la CGT est ému :
“C’est historique. La lutte contre la réforme des retraites commence très fort, car les gens la rejettent massivement. Il va falloir continuer et nous sommes déterminés à faire reculer le gouvernement.”
“C’est historique. La lutte contre la réforme des retraites commence très fort, car les gens la rejettent massivement », selon Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Malgré des mobilisations massives dans toute la France, depuis Barcelone, Emmanuel Macron a déclaré que l’exécutif « poursuivra sa réforme avec détermination ». Éric Borzic, secrétaire départemental du syndicat Force Ouvrière, s’attendait à ce type de communication du gouvernement :
« Aujourd’hui, nous envoyons un signal puissant avec une mobilisation énorme dans toute la France. Emmanuel Macron peut reculer, mais il va falloir peser sur l’économie. La semaine qui vient, nous allons nous organiser pour toucher le plus d’entreprises possibles en Alsace. Nous demanderons à nos élus d’organiser des assemblées générales partout. Notre mission maintenant, c’est d’élargir le mouvement de grève. Les patrons, s’ils sont sous pression, finiront par demander au gouvernement de changer de braquet. »
« Retraites : pas un jour de plus, pas un euro de moins. »
Rien que le cortège Force Ouvrière comptait 2 500 à 3 000 personnes d’après Éric Borzic. « D’habitude on est plutôt à 1 000 pour les grosses manifestation », indique t-il. Même son de cloche du côté de l’Unsa. « Il y avait les collègues des secteurs de la santé, de l’éducation, du ferroviaire, du transport… C’était massif », expose Éric Vautherot, de l’Unsa CTS. Il rappelle qu’un préavis de grève illimité a été déposé à la Compagnie des transports strasbourgeois :
« Les collègues sont motivés, et nous saurons nous mobiliser pour des grèves impactantes à Strasbourg s’il le faut. Tout dépendra de la suite de la stratégie de l’intersyndicale au niveau national, mais nous nous tenons prêts. »
Une banderole appelant à la grève générale a été accrochée sur un pont à côté de la place de l’Étoile quelques jours plus tôt. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Une réunion entre tous les syndicats qui ont participé à la manifestation aura lieu dès vendredi 20 janvier à 9h30 pour faire le bilan de la mobilisation strasbourgeoise et préparer la suite. Les syndicats locaux projettent des grèves impactantes pour les usagers et les entreprises dans l’objectif de créer un réel rapport de force avec le gouvernement.
C’est la première journée de manifestation contre la réforme des retraites annoncée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Opposition d’une large intersyndicale allant de la CGT à la CFDT, paralysie du trafic TER et grève suivie à la CTS… De nombreux signaux annoncent une manifestation d’ampleur. Notre compte-rendu en direct à suivre ici.
⋅
19 janvier 2023, 18h01
C’est la fin de ce direct. Merci à vous de l’avoir suivi. Les principales informations à connaître concernant la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg :
La mobilisation strasbourgeoise est historique. Selon nos estimations, près de 18 000 personnes ont manifesté ce jeudi 19 janvier. La préfecture du Bas-Rhin a évalué 10 500 manifestants tandis que les syndicats estiment que 30 000 personnes se sont mobilisées contre le projet de réforme des retraites.
La manifestation s’est déroulée dans le calme. Nos trois journalistes sur le terrain n’ont constaté aucune dégradation matérielle ni aucun affrontement avec les forces de l’ordre.
Strasbourg, 19 janvier 2023. Manifestation contre le projet de loi de réforme des retraites. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
D’ici 19 heures, retrouvez le compte-rendu de la manifestation par nos journalistes mobilisés ce jour (Thibault Vetter, Roni Gocer et Eva Chibane) ainsi que le photographe Pascal Bastien.
⋅
19 janvier 2023, 17h32
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental du syndicat CGT se félicite : « C’est historique. On n’a jamais vu une telle mobilisation à Strasbourg pour une manifestation sociale. La mobilisation commence très fort. Il va falloir continuer et nous sommes déterminés à faire reculer le gouvernement. »
Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT, promet une mobilisation massive des salariés. (Photo TV / Rue89 Strasbourg)Photo : TV / Rue89 Strasbourg
⋅
19 janvier 2023, 17h11
Alain a 73 ans. Délégué syndical chez Snetaa Force Ouvrière, un syndicat du personnel des lycées professionnels. Il est plus que satisfait de la manifestation :
« Les intersyndicales de ce type sont très rares. Dans ma carrière, j’ai rarement vu cette unité. Ce qui était intéressant c’est que la jeunesse est venue en nombre. Mais malgré cela, le gouvernement va sûrement laisser passer, se dire que ce n’est pas avec une manifestation qu’il va céder. Sachez que nous serons là toutes les semaines. On va tirer le bilan de cette manifestation ce soir et organiser la suite ! «
Alain a 73 ans. Il est délégué syndical chez Snetaa Force Ouvrière, un syndicat du personnel des lycées professionnels.
⋅
19 janvier 2023, 17h05
Selon la préfecture du Bas-Rhin, 10 500 personnes ont manifesté à Strasbourg ce jeudi 19 janvier. Notre journaliste sur place a fait une estimation de 18 000 manifestants.
En utilisant l’application mapchecking.com, on obtient une estimation de 20 000 manifestants. Une évaluation basée sur le nombre d’individus présents par mètre carré (que nous avons estimé en comparant les photographies de l’événement) rapporté à la surface totale qu’ils couvrent. En effet, lorsque la tête du cortège atteignait l’église réformée saint-Paul en milieu d’après-midi, l’arrière du cortège n’avait pas quitté la place de l’Étoile. La manifestation mesurait alors plus d’1,7 kilomètre de long.
⋅
19 janvier 2023, 16h48
Maya est enseignante. Elle a 52 ans. « J’ai travaillé à 28 ans car j’ai fait de longues études et j’ai loupé les concours plusieurs fois. 43 ans à tenir, c’est énorme. Je vais devoir partir à la retraite entre 68 et 70 ans. Je ne peux pas être devant les élèves et leur apprendre des choses nouvelles à cet âge-là. Je ne serai pas un bon prof. C’est se mentir à soi même et aux autres que de prétendre le contraire. »
Maya, enseignante de 52 ans. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 16h29
La manifestation continue au-delà du trajet déclaré. Selon notre journaliste sur place, les syndicats ont réussi à négocier qu’une partie du cortège continue de manifester jusqu’à la place de l’Étoile.
⋅
19 janvier 2023, 16h18
Le cortège arrive place Kléber, lieu de la fin de la manifestation déclarée.
⋅
19 janvier 2023, 16h06
Environ 18 000 manifestants selon le décompte de notre journaliste sur place Thibault Vetter.
⋅
19 janvier 2023, 15h54
Le cortège de la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites mesure plus d’1,7 kilomètres de long, selon nos estimations. Lorsque la fin du cortège a quitté la place de l’Étoile, la tête de la manifestation se situait au niveau de l’église réformée saint-Paul.
Le cortège de la manifestation strasbourgeoise contre la réforme des retraites mesure environ 1,7 kilomètres de long.
⋅
19 janvier 2023, 15h46
La tête de cortège se dirige vers la place de la République en entonnant un chant anticapitaliste :
⋅
19 janvier 2023, 15h38
Yolande a 60 ans. Elle est censée partir dans un an à la retraite, normalement. Mais aujourd’hui, elle n’a pas réussi à comprendre si elle pourrait partir comme prévu ou non. Plus que pour elle, elle manifeste pour ses proches : « Je suis technicienne de fabrication, c’est un métier lourd. Je suis usée, fracassée. À 60 ans, on a envie d’autre chose. Je n’ai plus envie de bosser ! »
Yolande a 60 ans. Elle est censé partir dans un an à la retraite, normalement. Mais aujourd’hui, elle n’a pas réussi à comprendre si elle pourrait partir comme prévu ou non.
⋅
19 janvier 2023, 15h34
Le cortège s’allonge encore. Notre journaliste Thibault Vetter vient de quitter la place de l’Étoile il y a quelques minutes en indiquant entre 1500 et 2000 manifestants. La tête de cortège se trouve au niveau de l’église réformée Saint-Paul.
Le cortège s’étend de la place de l’Étoile jusqu’à l’église réformée Saint-Paul.
⋅
19 janvier 2023, 15h28
Aksal, 36 ans, est artiste. Auto-entrepreneuse, sa carrière est hachurée :
« Compte-tenu de mon statut, il faudrait que je travaille jusqu’à 150 ans. Aujourd’hui, j’ai un statut d’auto-entrepreneur donc je cotise très peu. Mais je viens surtout pour les personnes qui bossent énormément pour une caisse de retraite excédentaire et qui doivent aujourd’hui bosser encore plus longtemps. »
Aksal, 36 ans, est artiste. Auto-entrepreneuse, sa carrière est hachurée. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 15h22
La mobilisation semble bien historique. Le cortège a commencé à quitter la place de l’étoile vers 14h15. Plus d’une heure plus tard, des manifestants continuent de partir de ce point de départ de la manifestation. Notre journaliste Thibault Vetter va remonter tout le cortège en filmant afin de vous donner une estimation du nombre de manifestants.
A 15h15, des manifestants continuent de quitter la place de l’Étoile. La manifestation a pourtant débuté aux alentours de 14 heures. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 15h15
Ambiance festive en tête de cortège qui traverse actuellement le quartier de la Krutenau :
⋅
19 janvier 2023, 15h08
Gérard, 60 ans est manutentionnaire pour l’entreprise Ferco international :
« Ma crainte est de ne pas arriver à l’âge légal de la retraite et donc de toucher une toute petite pension. Physiquement, continuer plusieurs années, ça devient très dur. Je soulève tous les jours des charges importantes. Je ne veux pas arriver à la retraite mort ou cassé. Il y a un vrai problème. Je ne suis pas là pour le plaisir. »
Gérard, 60 ans est manutentionnaire pour l’entreprise Ferco international. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 15h05
Jamila, 59 ans, conseillère emploi formation en mission locale : « J’ai 59 ans et je vais devoir travailler jusqu’à 67 ans si la réforme passe. C’est impossible pour moi. Je suis déjà épuisée par la charge de travail et les missions qu’on a. Le risque pour moi, c’est que je sois obligée de partir avant et que ma retraite soit très amoindrie à cause de ça Je vais devoir travailler très longtemps jusqu’à l’épuisement et avoir une toute petite retraite. Mais on est déterminé pour faire reculer le gouvernement. On ne voit pas le bout de la manif. À mon travail, on est 15 grévistes sur 80, je n’ai jamais vu ça. »
Jamila, 59 ans, conseillère emploi formation
⋅
19 janvier 2023, 14h54
Pauline, 19 ans, est étudiante en faculté d’anglais : « C’est mon avenir qui est en jeu, et celui de mes parents, de mes amis. J’aimerais faire des études mais comment me projeter dedans avec cette réforme ? C’est impossible. On a tous la frousse de se dire que cette réforme va passer. »
Pauline, 19 ans, est étudiante en faculté d’anglais. Elle incarne cette jeunesse mobilisée par centaines en tête de cortège.
⋅
19 janvier 2023, 14h48
David, 51 ans, travaille depuis 26 ans dans une usine de meubles à Saverne : « Certains pourront tenir jusqu’à 64 ans, pas nous. J’ai déjà été arrêté un an pour un tendon arraché à l’épaule. Si on va jusqu’à 64 ans, on va mourir. »
David, 51 ans, travaille depuis 26 ans dans une usine de meubles à Saverne. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 14h42
Éric Vial, journaliste à France 3, s’est mobilisé aujourd’hui. Il explique : « Cette loi est agressive et insultante. Les Français les plus pauvres sont nombreux à être en mauvaise santé à 64 ans. Il y aurait plein d’autres solutions pour réduire le déséquilibre de notre système de retraite : lutter contre le chômage des préretraités, augmenter les salaires… »
Éric Vial, journaliste à France 3 s’est mobilisé aujourd’hui contre la réforme des retraites du gouvernement Borne.
⋅
19 janvier 2023, 14h38
Le slogan est scandé par la jeunesse qui mène le cortège : « Les jeunes dans la galère. Les vieux dans la misère. De cette société-là, on n’en veut pas ! »
« Les jeunes dans la galère. Les vieux dans la misère. De cette société-là, on n’en veut pas ! » Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 14h33
Bérénice a 22 ans. Elle travaille dans un centre d’appel :
« Le fait de savoir qu’il y a plein de monde m’a donné envie de venir parce que je suis en colère depuis longtemps contre ce gouvernement. Je suis contre cette réforme des retraites, mais aussi contre la répartition des budgets publics en général ou la précarité étudiante. Ça fait du bien de voir la taille de la foule. Je suis prête à m’investir dans ce mouvement pour peser. »
⋅
19 janvier 2023, 14h31
« Les jeunes devant ! » Un membre du service d’ordre essaye de faire respecter l’ordre de la manifestation. Finalement, le cortège avance avec les jeunes en tête.
Un membre du service d’ordre essaye de faire respecter l’ordre de la manifestation. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 14h26
Sur la place de l’Étoile, les sifflets retentissent à tour de rôle. « Bon allez on y va maintenant ! », hurle un manifestant arborant les couleurs CFDT. Tout le monde s’impatiente. La place est bondée. Le cortège n’est pas encore parti mais se prépare à le faire.
La place est bondée. Le cortège n’est pas encore parti mais se prépare à le faire. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc
⋅
19 janvier 2023, 14h14
Interview de Stéphane Beguin, de la CFDT construction bois, qui explique la nécessité d’une mobilisation « pour faire comprendre au gouvernement que ce projet de réforme est complètement injuste. (…) On ne peut pas accepter cette réforme qui nous est imposée. »
⋅
19 janvier 2023, 13h57
La manifestation est sur le point de commencer place de l’Étoile. Pour rappel, le circuit de la manifestation est le suivant : départ de la place de l’Étoile, passage par la Krutenau, devant le Palais universitaire puis place de la République, place Broglie jusqu’à la place Kléber.
A quelques minutes du départ de la manifestation, plusieurs milliers de personnes occupent déjà la place de l’Étoile.
⋅
19 janvier 2023, 12h42
Eva Chibane, Thibault Vetter et Roni Gocer. La fine équipe qui sera sur le terrain cet après-midi pour vous rendre compte en direct de la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg. La manifestation débute à 14 heures au départ de la place de l’Étoile.
De gauche à droite : Eva Chibane, Thibault Vetter et Roni Gocer, journaliste pour Rue89 Strasbourg. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
La rapporteure publique a estimé que Vinci avait enfin apporté les études nécessaires pour valider le GCO ce 19 janvier au tribunal administratif de Strasbourg. Mais Alsace Nature estime que l’intérêt public du projet n’est toujours pas démontré et demande aux magistrats de prendre une décision marquante.
« Je suis devant vous, mais j’avoue me demander à quoi cela sert. Ne sommes-nous pas l’illustration de la défaillance de la justice, en matière de protection de l’environnement ? » François Zind, l’avocat d’Alsace Nature, prend la parole avec émotion au tribunal administratif de Strasbourg, ce jeudi 19 janvier. Une nouvelle audience sur le fond – la deuxième – concernant l’arrêté préfectoral autorisant le chantier du GCO se tient. Plus de 4 ans après le début des travaux. En juillet 2021, les magistrats avaient considéré que les études d’impact de l’autoroute sur l’eau, les sous-sols, l’air, le trafic routier et la santé humaine étaient insuffisantes.
La rapporteure publique confessait que si le chantier n’avait pas commencé, elle demanderait l’annulation de l’arrêté autorisant le GCO. Mais vu l’avancement des travaux, le tribunal a généreusement décidé de laisser 10 mois supplémentaires à Vinci et à l’État pour produire de nouvelles études. Sa décision devait donc être reportée à mai 2022. La procédure a trainé encore plus longtemps et la seconde audience ne se tient que ce jeudi 19 janvier 2023.
« Qui peut se satisfaire de ça ? »
Dans ses conclusions, la rapporteure publique décrète que les études d’impact supplémentaires sont suffisantes. Au vu de la déclaration d’utilité publique du GCO, elle demande aux magistrats le rejet des conclusions d’Alsace Nature, qui demande l’annulation de l’arrêté préfectoral et la déconstruction de l’autoroute. François Zind, de son côté, remet en question les raisons d’intérêt public majeur, prérequis pour que Vinci construise cette autoroute et détruise des zones naturelles :
« Un an après l’ouverture du GCO, on constate que l’impact sur le trafic routier est minime. Si on prend les chiffres de l’État, il y a seulement 6% de véhicules légers et 30% de poids lourds en moins sur la M35. Et surtout, l’impact sur la pollution atmosphérique est faible : pour la plupart des molécules il n’y a pas de diminution. En dehors de quelques diminutions, 2% sur certaines zones. Qui peut se satisfaire de ça ? »
Des dizaines d’opposants au GCO se sont réunis devant le tribunal administratif jeudi 19 janvier. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
« Rarement vous aurez une telle occasion »
L’avocat souligne la présence de « deux anciens grévistes de la faim contre le GCO qui ont mis leur vie en péril pour lutter contre l’autoroute ». Une trentaine d’opposants sont présents devant le tribunal, quelques-uns dans la salle. François Zind met en évidence le décalage entre les conclusions des études fournies par Vinci, l’État et le vécu des riverains du GCO. Il demande au tribunal que le principe de précaution soit appliqué vu le peu de certitudes concernant les impacts réels de l’infrastructure sur le trafic routier et la pollution atmosphérique, invoquant des décisions de la cour de justice européenne en ce sens :
« Peut-être que pour vous c’est impossible, mais je revendique la déconstruction de l’autoroute. Nous le savons, nous vous demandons un séisme juridique. Mais rarement vous aurez une telle occasion, avec un dossier aussi mal ficelé et autant d’avis négatifs d’instances indépendantes. »
Les députés du Bas-Rhin expriment leur position et leurs arguments concernant la réforme des retraites projetée par le gouvernement d’Élisabeth Borne. Sans surprise, les élus de la majorité soutiennent l’ambition gouvernementale tandis que les députés Nupes appellent à s’opposer au projet.
C’est le dossier politique explosif de ce début d’année 2023. La Première ministre Élisabeth Borne a dévoilé le 10 janvier 2023 les grandes lignes de la réforme des retraites : âge légal du départ à la retraite repoussé à 64 ans, passage à 43 annuités pour une retraite complète… Le projet gouvernemental et le manque de concertation avec les partenaires sociaux a braqué les huit principaux syndicats français qui se sont constitués en intersyndicale. Selon un récent sondage de l’Ifop pour le JDD, près de 70% des Français se disent opposés à cette modification en profondeur du système de retraites. La première journée de mobilisation s’annonce importante. Les députés du Bas-Rhin expriment, à Rue89 Strasbourg, leur position sur le sujet.
« Si on ne fait rien, c’est tout le système qui se casse la gueule »
Sur les neuf députés bas-rhinois, cinq appartiennent à la majorité gouvernementale. Aucun d’entre eux ne s’inscrit en frondeur face à la réforme à venir. Appartenant au groupe Renaissance, la députée de la quatrième circonscription Françoise Buffet justifie son adhésion au projet gouvernemental par la croissance du nombre de retraités :
« Le constat est très simple : la population française vieillit. Quand il y avait trois cotisants pour un retraité dans les années 70, il y a aujourd’hui 1,7 cotisants pour un retraité. On a un déséquilibre qu’il faut combler. »
Françoise Buffet, ancienne adjointe à l’éducation de Roland Ries. Elle est aujourd’hui députée apparentée Renaissance. (Photo EJ – BDLR)Photo : EJ / BDLR
La communication est rodée du côté des soutiens de la réforme. Marcheur de la première heure, député Renaissance pour un second mandat, Bruno Studer soutient aussi la nécessité de réformer pour maintenir le système de retraite par répartition : « Je tiens à préserver notre système qui repose sur la solidarité intergénérationnelle. Je ne veux pas d’autres ressources ou d’autres taxes et impôts qui financent nos retraites. » Vincent Thiebaut, député du parti Horizons, aussi membre de la majorité, résume : « Si on ne fait rien, c’est tout le système qui se casse la gueule. » Un discours qui résonne comme l’argument récurrent des politiciens néolibéraux : « There is no alternative » (Il n’y a pas d’alternative).
Bruno Studer, le soir du premier tour des élections législatives de 2022. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« Je ne soutiens pas une réforme difficile pour le plaisir »
« Je ne suis pas masochiste. Je ne soutiens pas une réforme difficile pour le plaisir », continue Bruno Studer. Du côté des députés de la majorité présidentielle, les arguments positifs et séduisants pour ce projet gouvernemental se font rares… et parfois contradictoires. Bruno Studer soutient que « les femmes seront les gagnantes de cette réforme qui permettra de mieux prendre en compte leur carrière et les congés parentaux ». Vincent Thiebaut émet lui quelques réserves avant d’exprimer un soutien définitif à cette réforme : « Mon vote dépendra quand même des futures modifications du texte. J’espère qu’elles iront dans le sens d’une meilleure prise en compte des carrières hachées. »
Député Modem de la sixième circonscription du Bas-Rhin, Louise Morel se félicite de « l’idée de garantir une retraite minimale à 1200 euros pour les carrières complètes » tout en espérant des avancées à travers le débat parlementaire : « Au sein du mouvement démocrate, nous sommes favorables à ce que cette retraite minimale puisse bénéficier aux retraités actuels. »
« On peut manifester sans paralyser tout le pays »
Face à la mobilisation prévue le jeudi 19 janvier, tous les députés de la majorité appellent à la mesure et à la patience. Louise Morel se dit « assez surprise des manifestations alors que l’on a pas encore le texte dans les détails. Ce dernier sera présenté en conseil des ministres le 23 janvier ». Bruno Studer plaide pour l’amélioration de cette réforme par « la concertation avec les organisations syndicales et les partis politiques ». « On peut manifester sans paralyser tout le pays », rappelle l’enseignant de profession.
Seul député bas-rhinois encore indécis, Patrick Hetzel (LR) estime que « beaucoup d’incertitudes et d’inconnues demeurent ». Son choix dépendra ainsi des amendements qui, selon lui, doivent « aller vers une réforme équitable, qui prendra mieux en compte des étapes de la vie familiale et qui valorise le travail avec une retraite minimale à 1200 euros y compris pour les retraités actuels ».
« La retraite ne doit pas être l’antichambre de la mort »
L’argument de la retraite minimale à 1 200 euros figure parmi l’un des rares arguments concrets et positifs des soutiens de cette réforme. Mais ce point suscite beaucoup d’incompréhensions et d’espoir, il pourrait ainsi se retourner contre les partisans du projet gouvernemental. À ce sujet, la députée de la première circonscription, Sandra Regol (EELV) rappelle tout d’abord que le principe d’assurer aux retraités une pension équivalente à 85 % au moins du Smic est inscrit dans la loi depuis la réforme des retraites de 2003. Puis l’élue écologiste affirme l’importance des retraités dans l’activité associative et la solidarité :
« Aujourd’hui un tiers des retraités sont bénévoles dans le secteur associatif ou celui de l’aide à la personne. Ce sont aussi eux qui assurent le plus de garde d’enfants. Ils gardent autant les enfants que les gardes maternelles. Libérer ce temps c’est un système de solidarité crucial pour le tissu associatif et les familles. »
Député La France Insoumise (LFI) de la deuxième circonscription, Emmanuel Fernandes se veut fidèle à l’esprit du fondateur de notre système de retraite Ambroise Croizat. (Photo Danae Corte / Rue89 Strasbourg)Photo : Danae Corte / Rue89 Strasbourg
Député La France Insoumise (LFI) de la deuxième circonscription, Emmanuel Fernandes se veut fidèle à l’esprit du fondateur de notre système de retraite Ambroise Croizat :
« Ambroise Croizat disait en 45 que la retraite ne devait pas être une antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie. Très clairement, avec cette réforme, on revient à l’idée du travail jusqu’à l’épuisement. On sait par ailleurs que l’espérance de vie en bonne santé est de 62 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes. C’est un curseur morbide qu’on déplace, on va officiellement acter du fait que l’être humain est destiné à produire jusqu’à ce que sa santé se dégrade. »
« On peut faire reculer le gouvernement »
Ingénieur de profession, Emmanuel Fernandes rejette aussi l’idée d’une réforme nécessaire et incontournable :
« Si on taxait de 2% seulement la fortune des milliardaires français on pourrait couvrir l’ensemble des déficits projetés par le COR sur le système de retraite. Je veux dire : on a là très clairement une vision idéologique : le gouvernement préfère sacrifier des années de bonheur pour les Français plutôt que de s’attaquer aux causes de nos malheurs, qui sont l’injustice du partage de la richesse, que les ultrariches s’en mettent plein les poches et les pouvoirs publics ne jouent plus leur rôle de redistribution. »
Les députés Nupes espèrent ainsi une mobilisation massive ce jeudi 19 janvier : « Il y a une unité du pays contre ce projet injuste, injustifié et brutal, estime Emmanuel Fernandes, si on est très nombreux dès jeudi, avec un mouvement dans la durée, qui déplace des masses comme en 95, on pourra faire reculer le gouvernement. »
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
De 2019 à 2021, une activité de géothermie profonde au nord de Strasbourg a provoqué une série de séismes. La préfète du Bas-Rhin a déposé plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » contre Fonroche, l’entreprise exploitante du site.
Selon les DNA, Josiane Chevalier, la préfète du Bas-Rhin, et Michèle Kannengieser, maire de la Wantzenau, ont porté plainte contre l’entreprise Fonroche pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Pour rappel, la société exploitante du site industriel de géothermie profonde situé au nord de Strasbourg a causé une série de séismes entre 2019 et 2021 après avoir dépassé les limites de pression et de profondeur autorisées.
Fonroche a provoqué des séismes dont les foyers se trouvaient au nord de Strasbourg. Photo : remise
En janvier 2021, le tribunal administratif avait maintenu un arrêté préfectoral ordonnant la suspension définitive des opérations de géothermie à Vendenheim suite à un important séisme le 4 décembre 2020. Suite à la plainte de la préfète, plusieurs maires du secteurs ont été « auditionnés comme témoins par les gendarmes » d’après les DNA.
Depuis 2014, l’incinérateur de Strasbourg expose régulièrement ses employés, ou des salariés de sous-traitants, à des cendres d’incinération hautement cancérigènes. Le procureur de Strasbourg s’est autosaisi de l’affaire.
La direction de l’usine d’incinération Sénerval a-t-elle délibérément sous-investi dans la maintenance de l’incinérateur au point d’exposer régulièrement ses ouvriers et des sous-traitants à des cendres hautement cancérigènes ? C’est l’une des questions complexes à laquelle tente de répondre actuellement la police nationale, saisie par le procureur de la République de Strasbourg selon les informations de Rue89 Strasbourg.
Cette décision de Yolande Renzi – qui n’a pas donné suite à notre demande d’information – fait suite aux inspections de la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (Dreal) du Bas-Rhin. Fin 2022, l’institution d’État a constaté que le groupe Séché, exploitant de l’Unité de valorisation énergétique (UVE), ne respecte pas les mises en demeure de mettre fin à des fuites régulières de Réfioms, des cendres d’incinération hautement cancérigènes.
Ces photos prises à l’intérieur de l’incinérateur montrent bien que d’importantes quantités de Réfioms continuent d’être exposées à l’air libre. Photo : Document remis
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.