Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Retraites : pour gagner, les syndicats prévoient des grèves longues et paralysantes

Retraites : pour gagner, les syndicats prévoient des grèves longues et paralysantes

Dans tous les secteurs, des travailleurs alsaciens se préparent à la mobilisation du jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites. Les syndicats estiment que pour faire reculer le gouvernement, il faudra lui imposer un rapport de force avec des grèves longues et stratégiques pour impacter.

« Les gens doivent le comprendre : certaines grèves seront pénalisantes, mais c’est notre carte à jouer pour que le gouvernement renonce », prévient Laurent Feisthauer, secrétaire départemental du Bas-Rhin de la CGT, à quelques heures du début de la mobilisation des huit principaux syndicats français contre la réforme des retraites, jeudi 19 janvier. Il anticipe déjà la stratégie du gouvernement :

« Il ne faudra pas se laisser enfermer dans le discours des macronistes. Ils essayeront d’opposer les usagers et les grévistes, en nous faisant passer pour les méchants qui pénalisent les autres. C’est leur stratégie. On sait aussi déjà qu’on aura tous les jours des reportages sur des personnes impactées par les grèves.

Mais on ne crée un rapport de force qui peut faire plier le gouvernement que si des secteurs stratégiques sont à l’arrêt dans la durée. Évidemment, une journée de grève c’est une journée de salaire en moins, mais beaucoup de salariés sont déterminés car ils comparent ça avec les années de plus à travailler et la baisse des retraites pour certains. »

Mardi matin, une banderole pour la grève générale était accrochée sur un pont à Strasbourg. Photo : remise

Prêts à s’engager dans un mouvement long

La Première ministre Élisabeth Borne a appelé, le 12 janvier, les syndicats à « ne pas pénaliser les Français » lors de la grève contre la réforme des retraites. « C’est un non sens », pour Laurent Feisthauer : « Le principe de la grève est de faire pression en ayant des conséquences sur l’outil de travail. » Pour lui, il sera nécessaire de ne pas faire reposer le mouvement uniquement sur les cheminots et la RATP comme en 2019, lors de la tentative de réforme des retraites pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron. « Cette grève restreinte avait facilité la tâche au gouvernement. Or il y a de nombreux autres secteurs stratégiques, comme les raffineries, l’éducation, les services publics territoriaux ou le transport routier », observe t-il.

Les grévistes dans l’enseignement peuvent avoir un rôle important. Agathe Konieczka, co-secrétaire au Snuipp-FSU, syndicat majoritaire dans les écoles du premier degré, décrit l’impact de la grève du personnel de l’éducation en maternelle et en primaire :

« Quand des écoles ferment, les parents sont obligés de trouver des solutions pour garder leurs enfants. Certains peuvent donc être entrainés dans la mobilisation. Au niveau du Snuipp-FSU, nous avons mis en place un système de caisse de grève car de nombreux enseignants se préparent à un mouvement long.

Dans des tracts et des mails, nous avons envoyé tout un argumentaire pour les profs à destination des parents : nous n’avons pas besoin de cette réforme, il y a d’autres moyens d’être à l’équilibre. Si le gouvernement a reculé en 2019 sur la réforme des retraites, ce n’est pas que grâce au Covid, c’est aussi grâce à la mobilisation. Et d’ailleurs, il ne réessaye pas de faire passer la retraite par points, ce mouvement a laissé des traces. »

« Les gens nous demandent comment faire grève »

D’après Agathe Konieczka, le nombre d’établissements qui n’accueilleront pas d’élèves jeudi n’est pas encore arrêté. Elle peut déjà annoncer que les écoles Eléonore à Hautepierre, Saint-Jean et Saint-Thomas au centre-ville, Wimpfeling à Sélestat ou encore celles de Wolfisheim, Muttersholtz et Scherwiller seront fermées. Le syndicat compte environ 54% de grévistes dans le Bas-Rhin.

Les syndicats espèrent une grande manifestation à Strasbourg le 19 janvier, et organisent des grèves pour imposer un rapport de force au gouvernement. Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Bertrand Augé est salarié de l’usine chimique Novares à Ostwald. Il est aussi délégué syndical central de Force ouvrière pour les huit sites français de Novares. Selon lui, si des industriels sont à l’arrêt ou ralentis à cause de la grève, une partie du patronat pourrait aussi être amenée à faire pression sur le gouvernement pour que l’économie reparte. Ce dernier se dit très surpris par l’ampleur de la mobilisation :

« Les gens sont vent debout, y compris les non-syndiqués. Ils nous demandent comment faire grève, pour beaucoup c’est la première fois. Je n’ai pas du tout eu besoin de convaincre. Il y a une grande impatience, tout le monde est dans les starting blocks. Notre préavis est déposé uniquement pour le 19 janvier car nous discuterons en intersyndicale de la suite. Mais nous avons acté que cette journée ne sera que le départ d’une puissante mobilisation. »

L’Unsa CTS favorable à un blocage du réseau bus et tram

Même discours pour Bettina Winterstein, secrétaire départementale de la CGT métallurgie : « Nos élus hallucinent, ce sont les salariés qui viennent à eux et pas l’inverse, pour demander où va partir la manifestation de jeudi. » Elle indique que des bus partiront de plusieurs petites villes en Alsace, comme Saverne, vers Strasbourg :

« Si on croit qu’on va faire plier le gouvernement avec une seule grande manifestation, on rêve. Mais les gens sont déterminés cette année, je n’ai jamais vu ça. Il y a un grand ras-le-bol, une volonté de protester, aussi à cause de l’inflation. Je pense que les grèves vont s’amplifier petit à petit si le gouvernement n’écoute pas les revendications, car cela va énerver tout le monde. »

Du côté de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), Éric Vautherot, délégué Unsa, le syndicat majoritaire, assure que la mobilisation du 19 janvier sera également importante, avec plus de 450 grévistes sur 542 personnes censées être en service :

« Notre grève sera massive. Elle empêchera une bonne partie du trafic. La majorité des salariés, que ce soit les conducteurs, le personnel technique ou les agents de maîtrise, sont concernés par la réforme et y sont opposés. Nous avons beaucoup de retours de personnes qui craignent la réforme, notamment des conducteurs au bout du rouleau à cause des horaires difficiles que nous avons. Nous savons bien que cela impactera des usagers, mais il faudra choisir entre quelques jours de grève et des années supplémentaires à travailler pour tout le monde. »

Laurent Feisthauer, secrétaire départemental de la CGT, promet une mobilisation massive des salariés. (Photo TV / Rue89 Strasbourg)Photo : TV / Rue89 Strasbourg

La CFDT annonce 3 à 5 000 de ses adhérents dans la rue jeudi

Il est évident qu’une forte mobilisation des chauffeurs de camion de transit aurait des retombées importantes. Pascal Vaudin, secrétaire général de la CFDT Transport routier dans le Bas-Rhin en est conscient :

« Imaginez un mouvement qui implique que les stations service ou les denrées alimentaires ne sont pas livrées. Nous sommes déterminés à faire reculer le gouvernement et nous n’hésiterons pas à organiser un grève sur plusieurs jours ces prochaines semaines. Nous remarquons que même certains patrons facilitent la grève de jeudi car ils se sentent aussi impactés. »

Rien que la CFDT du Bas-Rhin estime que ses adhérents seront entre 3 et 5 000 dans la rue à Strasbourg jeudi. Les syndicats interrogés affirment demander à leurs élus de terrain de faire de la pédagogie sur les lieux de travail pour vulgariser ce qu’est la réforme des retraites. Les militants distribuent aussi des tracts devant les commerces, collent des affiches et font du porte à porte pour expliquer l’importance de la mobilisation.

Des grèves stratégiques

« On doit être inventifs, rendre les manifestations festives, aller dans les villes moyennes, faire des opérations escargot », liste Laurent Feisthauer, insistant aussi sur l’aspect stratégique de certaines grèves. Parfois, si quelques travailleurs nécessaires à une activité s’arrêtent, cela peut suffire à avoir un impact important et il est plus simple de les soutenir avec une caisse de grève. Le simple fait que les agents du centre opérationnel de gestion des circulations de la SNCF seront en grève jeudi provoquera la suppression de la totalité des TER en Alsace.

Les syndiqués interrogés espèrent une mobilisation semblable à celle de 1995, quand le gouvernement avait renoncé à une réforme des retraites suite à des grèves dans de nombreux secteurs. Au niveau national, l’intersyndicale se réunit régulièrement pour planifier ces grèves impactantes et imposer un rapport de force au gouvernement. Le projet de loi devrait être présenté à l’assemblée autour du 30 janvier.

Reme : le cadencement des trains promis en décembre ne sera pas atteint avant août 2023

Reme : le cadencement des trains promis en décembre ne sera pas atteint avant août 2023

Pour enfin faire fonctionner le Réseau Express Métropolitain, la SNCF souhaite augmenter progressivement la cadence des trains pendant plusieurs mois. En attendant, à partir de février, elle mettra en place des omnibus supplémentaires. Le niveau de cadencement promis pour décembre 2022 devrait être atteint en août 2023.

Ils sont arrivés le sourire aux lèvres pour une conférence de presse mardi 17 janvier, faisant suite au fiasco du lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme). Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole de Strasbourg et Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est, sortaient d’une réunion avec la SNCF. Selon eux, des solutions ont été trouvées pour contrer les difficultés du REME, censé apporter 800 trains supplémentaires par semaine autour de Strasbourg. En réalité, on en est à seulement 410 trains supplémentaires mi janvier.

Les élus ont annoncé le retour des « omnibus » à partir du 4 février, notamment dans les communes d’Haguenau, de Molsheim ou encore de Limersheim. Haguenau retrouvera 18 omnibus supplémentaires en direction de Strasbourg par exemple. Les Molsheimois auront 16 omnibus supplémentaires vers la capitale alsacienne. Alain Jund et Thibaud Philipps espèrent que ces premiers éléments de réponse permettront de retrouver la confiance perdue des usagers :

« La SNCF a reconnu ses difficultés. Nous avons mis beaucoup de choses sur la table et désormais, ce que nous voulons, c’est de la fiabilité, de la confiance et de la régularité. Nous serons très exigeants. »

Alain Jund, vice-président de l’Eurométropole en charge des mobilités

Une augmentation progressive du nombre de TER

Les deux élus rappellent la prise en charge de 50% de l’abonnement des usagers du TER Grand Est pour les trois prochains mois (février, mars, avril 2023), annoncés vendredi 13 janvier sur Twitter suite aux dysfonctionnements du Reme. Ainsi que la mise en vente de plus de 1 500 000 billets à petits prix de février à avril.

Ils préviennent que si la SNCF ne tient pas sa promesse d’ici le mois d’avril en réaugmentant progressivement le cadencement, une prolongation des réductions sera demandée à l’entreprise ferroviaire. Thibaud Philipps annonce aussi que la Région ira sur le terrain sans la SNCF, pour contrôler la situation et comprendre où sont les problèmes.

Selon les élus, des réunions avec la SNCF auront lieu régulièrement pour faire le bilan de l’offre TER et déterminer si l’augmentation du cadencement des trains est possible. D’après Alain Jund et Thibaud Philipps, l’offre en TER devrait lentement atteindre les niveaux promis au lancement du Reme en août 2023.

La Région et l’Eurométropole payeront 9 mois un service qui n’a pas été entièrement fourni. Les élus expliquent réfléchir à d’éventuelles pénalités financières ou à un ajustement du budget en 2024, même s’ils estiment que les réductions actuelles sur les abonnements sont déjà une forme de pénalité (puisqu’ils sont entièrement pris en charge par la SNCF).

Thibaud Philipps et Alain Jund ont organisé une conférence de presse le mardi 17 janvier pour expliquer les causes du mauvais fonctionnement du Reme et parler de la suite. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

Des excuses à demi-mot

Du côté de l’Eurométropole comme de la Région, les élus cherchent à remettre en avant les aspects positifs du Reme, qui « fonctionne bien » pour les bus par exemple. Selon eux, « il faut être optimiste car le Reme a permis un cadencement augmenté de 40% sur les premiers week-ends ». Aussi, Thibaud Phillips souhaite insister sur le fait qu’il y a tout de même plus de trains aujourd’hui par rapport à avant le lancement du REME. Alain Jund abonde :

« Cela n’a pas été parfait. Nous sommes conscients que cela n’a pas été tous les jours simple pour les usagers. Ce qui devait être un choc de l’offre a plutôt été un choc des nerfs. Nous sommes désormais dans une démarche modeste, humble. Nous allons tirer des leçons de cela pour avancer. Et nous sommes condamnés à réussir. »

La déception se lit tout de même dans le discours des élus. Ils rappellent à plusieurs reprises que le projet était regardé depuis « les plus hauts sommets de l’État ». Alain Jund rejette la faute sur la SNCF en rappelant qu’il n’y a aucun manque de matériel ou d’infrastructure. Pour lui, le vrai souci a été le manque d’organisation lié au cadencement prévu. Le réseau SNCF a selon lui sous-estimé le Reme en le traitant comme une simple augmentation de TER, là où il aurait fallu le traiter comme un nouveau système de RER.

Thibault Philipps : « Je m’excuse »

Alain Jund l’affirme : ce manque d’anticipation leur a échappé. Pourtant, dans un article des DNA, il affirme que les syndicats l’avaient averti, mais qu’il a tout de même fait confiance à la direction de la SNCF pour le lancement. La CGT prédisait effectivement que le lancement du Reme serait catastrophique à cause d’un manque de matériel, de personnel et du fait que la gare de Strasbourg est trop petite.

De son côté, Thibaud Philipps a joué l’apaisement pour tenter de retrouver la sympathie des usagers :

« Je m’excuse que le Reme n’ait pas fonctionné comme il aurait dû. Maintenant je veux que les choses soient fiables et progressives. Nous ne pouvons plus faire des annonces que nous ne sommes pas capables de tenir. »

Il faudra attendre donc désormais attendre fin août, au mieux, pour espérer retrouver la cadence prévue en décembre 2022.

Le cinéma Cosmos ouvrira en retard

Le cinéma Cosmos ouvrira en retard

Annoncée au départ au tout début de l’année 2023, l’ouverture du Cosmos (ex-Odyssée) est reportée au printemps. Les travaux ont pris du retard et la date précise d’ouverture n’est pas encore connue.


Selon Actu Strasbourg, le cinéma Cosmos, anciennement Odyssée, n’ouvrira pas au tout début de l’année 2023, comme c’était initialement prévu. Les travaux ont pris du retard, prévient Cécile Becker, secrétaire générale du Cosmos. L’équipe fondatrice du Troisième souffle, choisie pour reprendre le cinéma, espère une ouverture au printemps. Début février, une étape importante du chantier doit avoir lieu avec l’arrivée du système de ventilation et de climatisation. Une fois l’installation lancée, Troisième souffle aura plus de visibilité pour déterminer la suite du calendrier, notamment en articulant la programmation des événements hors les murs, qui doit s’étaler sur les derniers mois des travaux. 

La date d’ouverture est conditionnée par la réception de grosses pièces pour terminer les travaux. Elle est attendue au printemps 2023. (Photo Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc)

En attendant, l’équipe avance au niveau administratif. Depuis le 1er janvier, l’association Le Troisième souffle est officiellement une coopérative. Une campagne de souscription sera lancée très prochainement. Pour y être intégré, il faudra s’acquitter d’une part sociale, de 20 euros minimum. Cela permettra d’avoir une voix lors des votes des assemblées générales qui auront lieu chaque année pour déterminer les orientations stratégiques du cinéma.

Interruption totale du trafic TER en Alsace le 19 janvier

Interruption totale du trafic TER en Alsace le 19 janvier

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Trois quinquas face à la réforme des retraites : « J’ai l’impression de trimer dans un système qui n’a plus de sens »

Trois quinquas face à la réforme des retraites : « J’ai l’impression de trimer dans un système qui n’a plus de sens »

Sophie, Chrystelle et Stéphane oscillent autour de la cinquantaine et se demandent avec anxiété de quoi sera faite leur retraite. Ils ont livré leurs craintes, chiffres à l’appui, à Rue89 Strasbourg.

Alors que l’actualité s’emplit de titres et de déclarations sur une nouvelle réforme des retraites, trois Alsaciens ont accepté de livrer leurs sentiments après avoir reçu le relevé de carrière de l’assurance retraite. Ce document liste les trimestres validés (il en faut 171) et ceux qui restent à fournir, et une estimation de la pension à venir.

Le premier contact avec l’assurance retraite a été un choc pour Sophie (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc).

Sophie se souvient bien du jour où elle a reçu l’état récapitulatif de sa retraite. Il est arrivé joint à un mail de son directeur des ressources humaines, transféré le 27 décembre « comme un cadeau de Noël ».

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L’affaire Quatennens empoisonne la France insoumise strasbourgeoise

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Réforme des retraites : ce bien triste avenir économique que nous promet le gouvernement

Réforme des retraites : ce bien triste avenir économique que nous promet le gouvernement

Austérité budgétaire, faible productivité, bas salaires… En filigrane de sa réforme des retraites, le gouvernement nous présente un futur guère optimiste. 

« Brutal », « injuste », « inutile »… Dévoilé mardi 10 janvier par la première ministre Élisabeth Borne, le projet de réforme des retraites qui acte le recul de deux ans de l’âge légal de départ à 64 ans, et l’accélération de l’allongement de la durée de cotisations, fédère contre lui. Fait rarissime, les syndicats sont unanimes pour dire leur opposition à ce projet. Dans les transports, l’énergie ou la fonction publique, les appels à la grève se multiplient pour le jeudi 19 janvier. La mobilisation s’annonce d’ores et déjà très suivie. 

Face à cela, le gouvernement reste de marbre, Elisabeth Borne demandant aux syndicats de « ne pas pénaliser les Français ». L’exécutif campe sur ses positions : proposer un avenir économique des plus austères à la population. De manière à peine voiléeil assume que l’objectif principal de sa réforme est de faire des économies. Et pas qu’un peu : la première ministre s’attend à 10,3 milliards de gains financiers en 2027.

Un effort demandé aux travailleurs

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Grèves et mobilisations contre la réforme des retraites jeudi à Strasbourg

Grèves et mobilisations contre la réforme des retraites jeudi à Strasbourg

Les syndicats appellent à une large mobilisation en réaction à la réforme des retraites proposée par le gouvernement, jeudi 19 janvier. À Strasbourg, une manifestation intersyndicale est programmée et des perturbations sont attendues dans plusieurs secteurs publics et privés.

Alors que la France est l’un des pays les plus riches et les plus productifs du monde, peut-on encore faire peser plus lourdement la retraite sur les salariés et les travailleurs ? La réponse est « oui » pour le gouvernement installé par Emmanuel Macron, qui propose de faire reculer l’âge minimum de la retraite de 62 à 64 ans et d’allonger la durée minimale de cotisation.

Face à ce programme, les syndicats se sont unis pour organiser une riposte, dans un rare moment d’unanimité sociale. Une journée de mobilisation nationale est programmée jeudi 19 janvier, avec des grèves dans les secteurs privés et publics et des manifestations. À Strasbourg, l’intersyndicale est composée de la CFTC, la CFE-CGC, Force ouvrière, Solidaires Alsace, la CNT, Alternative étudiante, l’Unsa, la CFDT, la FSU, la CGT et l’Unef.

En octobre 2021, Laura, Laurent et Luc manifestaient déjà pour conserver leurs retraites Photo : Rue89 Strasbourg

Manifestation à 14h, départ place de l’Étoile

La manifestation est prévue jeudi à partir de 14h, au départ de la place de l’Étoile selon un trajet passant par la Krutenau, devant le Palais universitaire, place de la République, place Broglie et place Kléber. L’objectif de la mobilisation interprofessionnelle est d’obliger le gouvernement à revoir sa position. Dans un communiqué, l’intersyndicale bas-rhinoise détaille :

« Le système de retraites par répartition n’est pas en danger, rien ne justifie une réforme aussi brutale. Attachées à un meilleur partage des richesses, des organisations syndicales n’ont eu de cesse pendant la concertation avec le Gouvernement de proposer d’autres solutions de financement, à commencer par l’amélioration de l’emploi des seniors. Jamais le gouvernement, arc-bouté sur son projet, ne les a étudiées sérieusement. »

L’ampleur de la mobilisation de jeudi donnera le ton du mouvement contre cette réforme des retraites, perçue comme injuste et dogmatique par les syndicats, y compris les réformistes. À l’issue de la manifestation, les syndicats prévoient des rencontres avec les organisations de jeunesse, afin d’évoquer avec elles la « prolongation du mouvement de mobilisation et convenir d’autres initiatives ».

Perturbations à la CTS et dans les établissements scolaires

Le principal syndicat de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), l’Unsa, a appelé à la grève le 19 janvier, ce qui devrait provoquer des réductions dans le service des bus et des trams de l’Eurométropole. Le 17 janvier, 452 employés de la CTS dont une majorité de conducteurs de tram et de bus ont déjà déclaré qu’ils feraient la grève, sur 542 travailleurs prévus au départ sur la journée de jeudi. Le personnel technique a jusqu’à mercredi pour se déclarer en grève.

D’après la CTS, jeudi 19 janvier, les trams circuleront seulement de 6h à 20h et desserviront les arrêts avec une fréquence amoindrie : toutes les 16 à 30 minutes selon les lignes. Les bus circuleront normalement, exceptés la ligne G, toutes les 10 à 15 minutes environ.

Du côté de la SNCF, une grève très suivie au niveau des agents de supervision de la circulation va entrainer une interruption du trafic TER en Alsace pour la journée du jeudi 19 janvier.

Dans les écoles et les cantines

Dans les écoles, les cantines scolaires de Strasbourg seront toutes fermées jeudi. Un service minimum d’accueil est mis en place par la Ville de Strasbourg dans quelques écoles pour accueillir les élèves des écoles dont plus de 25% des enseignants sont en grève. À noter que la FSU, dont dépendent les syndicats SNES pour les enseignants des collèges et SNUipp pour les enseignants des écoles, a également appelé à la grève pour la journée du mardi 17 janvier. Dans le Bas-Rhin, le syndicat estime à 54% le taux de participation des enseignants.

Les autres perturbations liées à cette mobilisation contre la réforme des retraites seront ajoutées dans cet article au fur et à mesure qu’elles parviennent à la rédaction.

Pop triste mais entraînante jeudi à l’Espace Django avec Derya Yildirim & Grup Simsek

Pop triste mais entraînante jeudi à l’Espace Django avec Derya Yildirim & Grup Simsek

Ambiance électro-orientale à l’Espace Djando jeudi 19 janvier, avec un groupe très remarqué : Derya Yildirim & Grup Simsek. Formé en Allemagne, ce groupe entre Europe occidentale et Turquie dépoussière efficacement le répertoire classique turc.

Jeudi 19 janvier, l’Espace Django accueille à nouveau une formation montante de la scène électro-orientalo-européenne – oui c’est un truc -, Derya Yildirim & Grup Simsek. Née à Hambourg dans une famille turque, Derya Yildirim a rencontré en 2014 les musiciens français de l’orchestre Montplaisant (Antonin Voyant, Graham Mushnik, Andrea Piro) et une batteuse anglaise (Greta Eacott). Bien qu’éloignés, la magie opère et ils enregistrent en 2017 un album de quatre titres très remarqué, notamment grâce à ce titre :

Nem Kaldi, un son traditionnel occidentalisé et un résultat envoûtant…

Nem Kaldi, « Que me reste-t-il ? » en turc, est un morceau classique du répertoire turc signée d’Aşık Mahzuni Şerif (à écouter en version originale ici, ou là par Gülden Karaböcek en 1974). Le Grup Simsek a adapté ce titre aux oreilles occidentales, en le saupoudrant d’arrangements électro tout en gardant le saz (sorte de luth) joué par Derya Yildirim elle-même. Sa voix douce et enveloppée, définitivement orientale, convenant parfaitement à cette complainte sur la solitude anatolienne.

Le groupe a continué d’explorer le répertoire turc. Il l’arrange à sa manière, produisant de nombreuses balades entraînantes à partir de chansons traditionnelles souvent tristes. Puis en 2021, ils sortent ce titre :

Haydar Haydar par Derya Yildirim & Grup Simsek, un titre parfait.

La chanson est, là encore, issue du répertoire classique turc, composée par Ali Ekber Çiçek en 1974. La chanson a depuis été maintes fois reprises en Turquie, comme ici par Müslüm Gürses, mais le Grup Simsek, avec l’ajout d’une batterie sourde, et d’un petit gimmick aux claviers, transforme ce morceau, à nouveau sur la solitude mais après avoir péché cette fois, en un titre parfait.

La discographie du groupe se compose à ce jour de deux albums très similaires, Kar Yagar (La neige va tomber) et Dost 2 (dost en turc pouvant se traduire par « ami » en français). Le groupe s’appuyant sur la voix exceptionnelle de Derya Yildirim et sur les arrangements électro et orientaux proposés par le reste du groupe. Voyage planant garanti.

Bienvenue à Roni, nouveau journaliste de Rue89 Strasbourg

Bienvenue à Roni, nouveau journaliste de Rue89 Strasbourg

Roni Gocer a rejoint la rédaction de Rue89 Strasbourg le 9 janvier, en remplacement de Jean-François Gérard. Il sera donc plus particulièrement chargé de l’actualité politique strasbourgeoise et alsacienne.

Jean-François Gérard, journaliste à Rue89 Strasbourg depuis 2014, a eu des envies de grand air. Il a quitté Strasbourg en décembre pour Toronto, au Canada, où il chronique la vie palpitante des caribous, en allant en reportage en moto-neige habillé avec un stupide pull en grosse laine à motifs.

Bien que Jean-François soit irremplaçable, la rédaction a tout de même recruté depuis le 9 janvier son nouveau journaliste chargé de la politique : Roni Gocer. À 26 ans, Roni est un jeune diplômé de l’Institut pratique du journalisme (IPJ) à Paris, une formation qui l’a mené dans les rédactions de France 3 Champagne-Ardenne et de l’hebdomadaire Politis. Il était depuis fin 2021 journaliste indépendant à Paris, notamment pour Politis, Reporterre et Pays, la revue.

Roni Gocer à la réunion « Quartiers connectés » à Cronenbourg.Photo : Sahra Lakraa / Rue89 Strasbourg

Notre rédaction est donc toujours dotée de cinq journalistes permanents, et d’une dizaine de journalistes indépendants. Cette force de travail au service de l’enquête et du journalisme strasbourgeois, nous la devons à nos quelques 1 700 abonnés. Leur soutien (5€ par mois) permettent de financer cette rédaction indépendante, unique à Strasbourg et rare dans les métropoles françaises, mais nous avons besoin de plus d’abonnés pour équilibrer nos dépenses.

Médialab, l’entreprise éditrice de Rue89 Strasbourg, est une société établie à Strasbourg et indépendante, c’est à dire non affiliée à un groupe de presse ni à un milliardaire. Toutes les recettes de la société sont investies dans la production d’un journalisme pugnace et coriace.

Roni a grandi à Strasbourg, dans le quartier du Port-du-Rhin, et sera donc plus particulièrement en charge du suivi de la politique strasbourgeoise et alsacienne. Mais il traitera aussi une partie des alertes qui nous parviennent, soit par courrier, par dépôt dans notre boite aux lettres dédiée, par mail ou par notre plate-forme anonyme, et sera au moins une fois par semaine en charge de l’édition de Rue89 Strasbourg, c’est à dire de la relecture des articles et de leur mise en forme.

Sous pression, la Région Grand Est fait un geste commercial pour les usagers excédés par les retards et les suppressions de trains

Sous pression, la Région Grand Est fait un geste commercial pour les usagers excédés par les retards et les suppressions de trains

Suppression inopinée des trains en circulation, retards en cascade et cadence revue à la baisse… Le faux départ du Réseau Express Métropolitain Européen a poussé la Région Grand Est à faire un geste commercial pour ses abonnés du TER.

« J’ai acheté un abonnement mensuel pour finalement être obligée de prendre ma voiture une semaine après. » Vanessa Mikuczanis fait partie de ces déçues du Réseau express métropolitain européen (Reme). Au lancement de ce qui devait être une « révolution » selon l’exécutif de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) et de la Région Grand Est, cette habitante de Soultz-sous-Forêt a cru dans l’augmentation des cadences promise sur le réseau TER autour de Strasbourg. Mais les annonces étaient trop optimistes, le Reme ne propose que la moitié des trains promis, et encore. Et la secrétaire d’une association strasbourgeoise a fini par abandonner le train.

Les voyageurs ont subi des suppressions de trains pendant une semaine après le lancement du REME. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / cc

Vanessa Mikuczanis a créé un groupe Facebook pour rassembler les voyageurs mécontents et a lancé une pétition pour exiger un remboursement d’au moins 50% pour les mois de novembre, décembre et janvier. Une juste compensation, selon elle, pour un service extrêmement dégradé depuis le lancement du Reme le 11 décembre 2022.

10% des trains supprimés au lancement du Reme

Les chiffres confirment le ressenti des usagers. Entre le 11 décembre et le 11 janvier, 704 trains prévus à la circulation ont été supprimés sur le réseau du Reme. Les annulations de dernière minute sur la première semaine du réseau express métropolitain ont concerné 10% des trains en circulation dans la semaine du 11 décembre. Le taux de suppression diminue les semaines suivantes… mais cette amélioration de la fiabilité du service a nécessité de réduire l’offre initiale. Dès la deuxième semaine de fonctionnement du Reme, le nombre de trains supplémentaires en circulation est passé de 800 à 410.

L’observation du nombre de trains supprimés quotidiennement sur le Reme donne la même impression de lancement chaotique. A la fin de la première semaine de fonctionnement du réseau express métropolitain, 64 trains ont été supprimés le mercredi 14 décembre et 70 trains ont été annulés le vendredi 16 décembre.

« Quand on paie un service, on est dans le droit de l’attendre »

André Lott est vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers de transports (Fnaut) Grand Est. L’organisation demande un remboursement des abonnés depuis décembre 2022 et reste ouverte sur le montant minimal à obtenir. « On est plus dans une logique de geste financier que de remboursement complet », détaille le vice-président.

Le symbole d’un remboursement permettrait tout d’abord de dédommager les voyageurs touchés par l’inflation. La Fnaut Grand Est cherche aussi à produire un précédent, qui permettrait un nouveau remboursement en cas de nouvelle dégradation du service. Pour André Lott, il s’agirait enfin d’une reconnaissance des erreurs commises : « Ça signifierait que les collectivités sont allées trop vite dans la mise en place du dispositif. »

Du côté des syndicats de cheminots, les revendications sont similaires. Secrétaire régional Unsa ferroviaire Alsace, Ludovic Wintenberger rappelle les difficultés subies par les agents de la SNCF :

« Ils sont en première ligne et face à l’exaspération des clients, ils se retrouvent parfois à gérer des situations de tension. »

Espérant que des moyens seront mis en place pour offrir un service de qualité, Alexandre Welsch, secrétaire régional du syndicat Sud Rail, soutient les demandes des usagers :

« Dans n’importe quel commerce, quand on paie un service, on est dans le droit de l’attendre. Donc je comprends et trouve légitime les demandes de remboursement. »

Un geste commercial décidé par la Région

Face aux nombreuses protestations, l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) ainsi que la Région Grand Est ont annoncé jeudi 12 janvier avoir mis en demeure la SNCF pour ses manquements. L’occasion pour le vice-président de l’EMS en charge des mobilités Alain Jund d’inviter la SNCF à dédommager les usagers. Quelques jours plus tôt, au micro de France Bleu Alsace, la directrice régionale de la SNCF pour le TER Grand Est, Stéphanie Dommange, a renvoyé au conseil régional la responsabilité d’un geste commercial.

50% de l’abonnement pris en charge pour trois mois

Vendredi 13 janvier, en début de soirée, Thibaud Philipps, vice-président de la Région Grand Est en charge des Transports, a annoncé sur Twitter une prise en charge à 50% de l’abonnement des usagers du TER Grand Est pour les trois prochains mois (février, mars et avril 2023). Le maire d’Illkirch-Graffenstaden (LR) évoque aussi 1 500 000 billets à petits prix de février à avril :

« On est en train de finir de caler le dispositif avec la SNCF. Ce sont des billets à des tarifs très attractifs, à moins de 10 euros. L’idée est de pouvoir répondre aux attentes des voyageurs occasionnels qui peuvent aussi subir les difficultés par rapport au trafic régulièrement perturbé. »

Le vice-président de la Région Grand Est Thibaud Philipps envisage encore un autre moyen de pression sur la SNCF :

« La SNCF est notre prestataire. Nous avons passé une convention pour ajouter des trains mais nous nous rendons compte que la SNCF n’est pas en capacité de respecter ses engagements. Donc en tant que financeur, on se pose aussi des questions sur les 14 millions d’euros que l’on cofinance avec l’Eurométropole de Strasbourg sur le Reme à raison de 500 000 euros par mois. »

Peu de risques de coupures d’électricité en raison d’un hiver très doux  

Peu de risques de coupures d’électricité en raison d’un hiver très doux  

Le risque de coupures d’électricité dans le Bas-Rhin s’éloigne pour cet hiver. Strasbourg Électricité Réseaux, gestionnaire régional du réseau de distribution d’électricité estime que les conditions climatiques actuelles et la baisse de consommation des usagers devraient permettre d’éviter les délestages.

Depuis quelques mois, les messages anxiogènes se succèdent à propos de potentielles coupures de courant pour soulager les tensions sur le réseau électrique. Vendredi 13 janvier, Strasbourg Électricité Réseaux, gestionnaire régional du réseau de distribution d’électricité (qui couvre une grande partie du Bas-Rhin), s’est montré rassurant à ce sujet.

 Lors d’une conférence de presse, le directeur général de Strasbourg Électricité Réseaux, Jean-Claude Mutschler, a expliqué que malgré les grosses craintes de la rentrée scolaire 2022, plusieurs conditions étaient réunies pour que l’hiver 2022/2023 se déroule sans coupure d’électricité chez les particuliers. La situation est bien moins catastrophique que ce qui était prévu. 

Les températures des mois d’octobre, novembre et janvier, plutôt douces, ont évité des pics de consommation trop importants. Aussi, les chutes de neige au mois de décembre ont permis de revenir à des niveaux hydrauliques corrects, ce qui a favorisé la fabrique d’électricité. Les niveaux sont quasi normaux, explique le gestionnaire.

« Nous avons aussi remarqué que l’appel à la sobriété a porté ses fruits au plan local. Comparativement à l’an passé, nous avons une baisse de 9% de la consommation. L’effet économique a certainement beaucoup joué. Cela nous permet de véhiculer des messages sur le délestage plus modéré, moins anxiogène. »

Étienne Anselm, directeur adjoint de Strasbourg Électricité Réseaux
Des agents sont en permanence présents dans les locaux de Strasbourg Électricité Réseaux pour surveiller l’état du réseau et résoudre les incidents. (photo EC / Rue89 Strasbourg / cc)

Le gestionnaire estime que si une pointe de consommation devait se produire, causée par un pic de froid par exemple, il sera en mesure de tenir le choc sans coupure d’électricité, grâce à la réunion de toutes ces conditions. Et si des tensions devaient quand même apparaître, d’autres mesures seront prises avant celles-ci, telles que la baisse de tension de 5% sur le réseau pour l’ensemble des clients. « Les usagers ne le ressentiraient pas », assure Étienne Anselm, directeur adjoint de Strasbourg Électricité Réseaux. 

Le maire d’Epernay Franck Leroy élu à la tête de la Région Grand Est

Le maire d’Epernay Franck Leroy élu à la tête de la Région Grand Est

Le président par intérim Franck Leroy (Horizons) a été élu par une large majorité des conseillers à la tête du Conseil régional ce vendredi 13 janvier. Il s’affirme résolument contre une sortie de l’Alsace du Grand Est.

« Il y a quelques semaines encore, personne ne pouvait m’imaginer à cette place. » Depuis la tribune du conseil régional, Franck Leroy (Horizons) résume le sentiment général. Dans une assemblée dissipée, après deux appels très scolaires et quelques remontrances, son élection à la présidence du Grand Est, s’est déroulée sans surprise. À l’issue d’un scrutin l’opposant au conseiller mosellan Laurent Jacobelli (Rassemblement National), le maire d’Epernay – il quittera ce mandat sous peu – a été élu à la tête de l’exécutif régional ce vendredi 13 janvier. Sur les 169 conseillers, Franck Leroy a recueilli 96 voix. Son opposant du RN a rassemblé 34 votes.

Il succède ainsi à Jean Rottner, dont il fut le premier vice-président en juillet 2021. Conforté comme dauphin, Franck Leroy a assuré l’intérim à la suite de la démission surprise de Jean Rottner le 20 décembre 2022. Depuis, le nouveau président est resté dans l’ombre médiatique de son prédécesseur, épinglé pour ses activités de consultant très lucratives et sa reconversion aussi fructueuse qu’étonnante à la direction régionale du groupe immobilier Réalités.

Un mandat qui « s’affirme dans la continuité »

Avant l’élection du nouveau président de Région, le doyen de la séance, Jean Louis Masson (RN et apparentés) n’a pas manqué l’occasion de placer une pique : « Ces départs successifs jettent le discrédit sur l’image de la région Grand Est. […] Espérons que cela facilitera la sortie de la région Alsace et le rétablissement des trois grandes régions. » 

Premier non-Alsacien à la tête du Conseil régional, Franck Leroy n’a pas manqué de rappeler son « attachement au Grand Est, une région qui contribue au rayonnement de notre identité ». Stoïque, il précise : « Je sais que ce point de vue fait encore débat dans quelques secteurs de l’Alsace. » Rendant longuement hommage à Jean Rottner, le nouveau président déclare que son mandat s’inscrira dans la continuité du précédent. Espérons qu’il ne se finisse pas de la même manière…

Hubert Ott, député Modem : « Avec ce ministre, le déstockage est possible à Stocamine »

Hubert Ott, député Modem : « Avec ce ministre, le déstockage est possible à Stocamine »

Hubert Ott est député Modem dans le Haut-Rhin et opposé au stockage définitif des déchets ultimes de Stocamine malgré sa participation à la coalition de la majorité présidentielle à l’Assemblée nationale. Pour lui, le nouveau ministre de la Transition écologique Christophe Béchu pourrait choisir de sortir les déchets. Entretien.

Le tribunal administratif a interdit la reprise des travaux de confinement, sous la nappe phréatique, des 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes de Stocamine ce 12 janvier. Hubert Ott député Modem de la 2e circonscription du Haut-Rhin qui va de Guebwiller à Ribeauvillé, se satisfait de cette décision. Malgré sa participation à la coalition Ensemble à l’Assemblée nationale, il défend le déstockage le plus important possible de ces déchets contaminés à l’arsenic, à l’amiante ou encore au cyanure.

« Ce dossier engage ma conscience »

Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique lors du dernier mandat présidentiel, avait choisi l’option du confinement en janvier 2021. Le dossier traîne depuis un incendie dans la mine en 2002 qui a mis fin à l’activité sur le site. Pour Hubert Ott, il est urgent de tout mettre en œuvre pour sortir les déchets de la mine. Entretien.

Hubert Ott est le député de la deuxième circonscription du Haut-Rhin. (Photo remise)Photo : Document remis

Rue89 Strasbourg : Concernant Stocamine, vous vous opposez au gouvernement alors que vous participez à une coalition avec la majorité présidentielle en tant que député. Pourquoi ce positionnement sur ce dossier en particulier ?

Hubert Ott : C’est simple, j’étais déjà opposé à Stocamine dans les années 90, au moment où le projet a été présenté. Je suis toujours resté sur cette ligne. Ce dossier engage ma conscience. Stocamine est l’exemple même de ce qu’il ne faut plus faire : la promesse de la réversibilité du stockage non-tenue, l’absence d’écoute du terrain alors que de nombreux riverains sont pour le déstockage, tout comme la Région Grand Est et la Collectivité européenne d’Alsace.

« Le risque lié au déstockage doit être mis en perspective avec le risque de contaminer la nappe phréatique »

Enfin, ce n’est pas acceptable pour moi de laisser une telle bombe à retardement à nos descendants, ça me parait délirant. Il ne faut pas s’étonner que les citoyens ne fassent plus confiance aux élus si on agit de la sorte.

Comment interprétez-vous la position de l’État, qui affirme depuis plusieurs années que la bonne option est le confinement des déchets, car le déstockage est trop risqué pour les mineurs ?

Il y a certainement la peur de prendre une décision risquée, et une difficulté à reconnaître la faute de l’État quand il a défendu ce stockage sous la nappe phréatique. Je pense que le risque lié au déstockage doit être mis en perspective avec le risque de contaminer la nappe phréatique. Ce qui est en jeu, c’est notre ressource en eau potable, qui rend l’espace rhénan vivable. Les sous-sols de Stocamine sont un gruyère, il s’agit d’une ancienne mine. On doit ajouter à cela le caractère sismique de la région, les mouvements tectoniques, et les incertitudes sur les effets cocktails : les potentielles amplifications des effets néfastes de la pollution parce que les molécules toxiques agissent en synergie.

« La France envoie des robots à Fukushima, elle est capable d’envisager une solution à Stocamine »

D’après les études qui ont été réalisées, on a énormément d’incertitudes sur les impacts de la pollution en cas de stockage irréversible. On ne peut pas prendre ce risque. La France est capable d’envoyer des robots pour intervenir dans la centrale nucléaire de Fukushima. Je pense que notre pays peut largement envisager une solution technique à Stocamine. Et là, l’État fait comme si le risque était insurmontable, mais il n’a demandé aucune étude sur la possibilité d’un déstockage, avec l’aide de robots par exemple.

Selon les engagements initiaux de l’État dans les années 90, le stockage des déchets ultimes à Stocamine devait être « réversible » et limité à 30 ans. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Est-il encore possible d’obtenir le déstockage selon vous ?

Bien sûr. En particulier depuis la nomination du nouveau ministre de la Transition écologique. Je connais un peu Christophe Béchu (Horizons). Avec lui, je pense que le déstockage est possible à Stocamine. Il est sensible à la question des territoires et incarne le sens des responsabilités. Lorsque je le vois, je lui en parle et il écoute attentivement. Avec Bruno Fuchs (député Modem de la 6e circonscription du Haut-Rhin, NDLR), nous avons un rendez-vous dans les prochains jours avec le ministre pour le convaincre de choisir le déstockage.

Dans des écoles de l’Eurométropole, des enfants étrangers menacés d’expulsion

Dans des écoles de l’Eurométropole, des enfants étrangers menacés d’expulsion

Quatre familles ont reçu mercredi 11 janvier une notification d’assignation à résidence au centre « d’aide pour le retour » de Bouxwiller. Depuis quelques mois, elles résidaient dans un hôtel à Geispolsheim, transformé en hébergement d’urgence en mars 2022. Au sein de ces familles, neuf enfants sont scolarisés à Strasbourg, de l’école maternelle aux études supérieures.

Ils ont entre 6 et 23 ans et sont tous scolarisés dans l’Eurométropole. Ils sont à l’école maternelle de la Musau, au collège Louis Pasteur, au lycée Couffignal ou encore à l’Université de Strasbourg. Neuf jeunes scolarisés à Strasbourg, qui se retrouvent dans une situation extrêmement difficile pour la poursuite de leurs études. Ce mercredi 11 janvier, leurs parents, avec lesquels ils sont logés dans un hébergement d’urgence à Geispolsheim, viennent de recevoir une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

L’OQTF, couplée d’une notification préfectorale, les informe qu’ils doivent quitter l’hôtel où ils sont logés pour se rendre au centre « d’aide pour le retour » situé à Bouxwiller par leurs propres moyens. Ils y seront assignés à résidence, avec 48 heures pour faire appel de cette décision. Il est stipulé qu’une fois là-bas, ils devront se rendre à la gendarmerie de la commune deux fois par semaine, les lundis et jeudis, pour s’assurer que la mesure d’assignation est respectée.

« Cette liste n’est que la partie visible de l’iceberg »

Jusqu’ici, ces familles étaient logées dans un hôtel géré par l’association Coallia, missionnée pour les aider dans leur démarche de retour vers leur pays d’origine ou de régularisation. Un lieu de transition entre les hébergements d’urgence du 115 et les centres de rétention administrative, ouvert au mois de mars 2022. Sabine Carriou, présidente de l’association Les Petites roues, en contact avec une quinzaine de familles de l’hôtel, s’inquiète de situations d’insécurité dans ce foyer : 

« La police intervient chaque semaine. Il n’y a aucun accompagnement social avéré. Il n’y a même pas d’éducateur spécialisé. Il semble que l’accès aux machines à laver ou aux cuisines de l’hôtel est parfois interdit à certains résidents, ce qui fait régner un climat d’hostilité. »

Elle estime à 115 le nombre de personnes qui y résident. Dont plus de 25 enfants. De son côté, Gabriel Cardoen, militant pour les droits des réfugiés, recense 26 élèves scolarisés à Strasbourg dans ce centre de Geispolsheim. « Cette liste n’est pas complète et ne représente probablement que la partie visible de l’iceberg », explique-t-il. 

Quatre familles concernées

Au moins quatre familles avec neuf enfants devront suivre leurs parents à Bouxwiller. Par téléphone, une mère concernée par l’expulsion raconte avoir deux garçons, l’un au collège et l’autre au lycée. Son fils de 16 ans raconte : 

« Nous avons été placés à l’hôtel de Geispolsheim fin août. Le 2 novembre, l’association gestionnaire a commencé à nous menacer pour qu’on parte. Elle nous a interdit l’accès aux machines à laver par exemple pour nous pousser à bout. Le 1er janvier, nous n’étions pas à la maison. Quand nous sommes rentrés, nous n’avions plus d’accès à nos chambres. On nous a dit que nous ne pourrions récupérer nos affaires que lorsque nous aurions trouvé un autre logement. » 

Depuis, ils ont réussi à pénétrer dans leur chambre en passant par une fenêtre et n’osent plus la quitter. Ils n’ont pas été à l’école depuis la rentrée, de peur de ne plus pouvoir rentrer dans l’hôtel. 

« Pourquoi sommes-nous traités comme des criminels ? »

Pour Elen (prénom modifié), l’histoire est similaire. Elle est venue d’Arménie il y a six ans avec ses deux enfants scolarisés dans l’Eurométropole, l’un au collège, l’aînée à l’université. En sanglot, elle indique que la gendarmerie est venue mercredi 11 janvier pour faire signer les notifications préfectorales d’assignation à résidence :

« Mes enfants travaillent bien à l’école. Ils ont des bonnes notes, ils restent sages. Pourquoi sommes-nous traités comme des criminels, à égalité avec ceux qui blessent, tuent, alors que nous ne posons de problèmes à personne ? » 

Depuis Bouxwiller, le trajet jusqu’à l’école de la Musau deviendra impossible. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg

Exilés loin de tout 

C’est la première fois que Sabine Carriou constate l’application de telles mesures. Les procédures de renvoi avec assignations à résidence qu’elle a connues auparavant ne concernaient que des hommes seuls.

Les expulsions de l’hôtel ne l’étonnent pas cependant, l’hébergement d’urgence étant transitoire jusqu’à un départ dans les centres « d’aide pour le retour » :

« Il est probable que d’autres familles soient encore visées par ce même type de procédure dans les prochaines semaines, ou prochains mois. »

Pour tous les enfants et les jeunes scolarisés à Strasbourg, l’installation à Bouxwiller risque d’être un calvaire. La ville est située entre Saverne et Haguenau, à plus d’une heure de bus et de train de Strasbourg. Pour les étudiants, il faudra disposer des moyens de se rendre en cours puisque le trajet coûte entre 10 et 13 euros pour un adulte. Pour les plus jeunes, sans la possibilité de se faire accompagner par le parent assigné à résidence, il leur sera impossible d’aller à l’école ou au collège. 

Gabriel Cardoen essaye de mobiliser les syndicats de l’Éducation nationale et les associations de parents d’élèves. Il leur a transféré le 10 janvier la liste de tous les élèves qui partagent la même détresse :

« Avec ces quatre familles, cela devient urgent d’agir. Mais nous allons aussi nous mobiliser pour tous ceux qui sont encore à l’hôtel pour le moment. Les élèves et les étudiants n’arrivent pas à se projeter, et ne peuvent continuer leur cursus d’études. Il y a tous les jours des bagarres dans cet hôtel, parfois à l’arme blanche… »  

Une première réunion a eu lieu mardi 12 décembre pour mobiliser la communauté éducative. La préfecture du Bas-Rhin, contactée sur les raisons de ces assignations et sur les conditions de vie à l’hôtel de Geispolsheim, n’a pas répondu à nos sollicitations. 

Caroline Guiela Nguyen console et répare l’humain avec Fraternité, conte fantastique au TNS

Caroline Guiela Nguyen console et répare l’humain avec Fraternité, conte fantastique au TNS

Dans un futur pas si lointain, une humanité amputée de moitié, dont le chagrin est tel qu’il fait ralentir la course des astres. Une pièce à l’allure dystopique de Caroline Guiela Nguyen et de la compagnie les Hommes approximatifs à ne pas manquer sur les planches du Théâtre National de Strasbourg du 12 au 20 janvier.

À l’automne 2018, le public strasbourgeois avait pu découvrir Caroline Guiela Nguyen et sa compagnie avec Saigon, présenté dans une quinzaine de pays (Chine, Vietnam, Lituanie, Biélorussie, Allemagne, Australie…) et récompensé du prix Georges-Lerminier du Syndicat de la critique et d’une nomination au Molière. 

De retour à Strasbourg du 12 au 20 janvier, la troupe présente au TNS un récit de science-fiction, genre peu commun sur les planches ; sa mise en scène – longue de trois heures – est qualifié de « virtuose » par le journal diacritik. La pièce s’inscrit dans un décor « poétique et saturé à la fois » comme le décrit la scénographe du spectacle, Alice Duchange.

Extrait de « Fraternité »  de Caroline Guiela Nguyen Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

Se relever après la fin du monde

Soixante ans après notre ère, l’humanité tente de se remettre d’un cataclysme. Lors d’une éclipse, la moitié des humains ont disparu sans la moindre explication. Ceux qui restent se retrouvent esseulés, abandonnés à eux-mêmes, leurs yeux tournés vers le ciel, dans l’attente de retrouver ceux qu’ils ont perdu.

Apparaissent « Les Centres de Soins et de Consolation », lieux étranges mêlant le recueillement et l’étude scientifique, à la pointe de la technologie, mais sommaires au plan humain. C’est dans ce décor, dispensaire défraîchi aménagé de chaises, de tables recouvertes de nappes en papier, de murs ornés de dessins, que se déroule la pièce.

Des comédiens, professionnels ou non, de tout âge et de toute origine, interprètent les mille visages de cette humanité meurtrie. Ils se succèdent dans une cabine aux parois vitrées, leurs visages projetés sur le fond de la scène et leurs voix amplifiées, pour laisser un message à celui ou celle qu’ils ont perdu. Comme une bouteille à la mer lancée dans le cosmos. 

Cette foule cosmopolite raconte son histoire, la murmure, la crie ou la rappe. Chacun dans sa langue, traduite ou surtitrée. Ils se retrouvent, se soutiennent et apprennent à faire ce deuil nécessaire dans ce monde dystopique, où la technologie reste incapable de combler le vide. 

Extrait de « Fraternité »  de Caroline Guiela Nguyen Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

Retrouver la Fraternité

En 2018, Caroline Guiela Nguyen et la compagnie les Hommes approximatifs, commençaient ce grand cycle autour de la fraternité, en quatre opus. Ce cycle se compose pour le moment d’un moyen métrage, Les Engloutis, de la pièce Fraternité, conte fantastique et d’une pièce intitulée Kindheitsarchive[Enfance-Archive] créée à la Schaubühne de Berlin en octobre 2022.

La metteuse en scène définit la fraternité comme :

 » Un élan qui lance un regard depuis le présent, vers le passé et vers l’avenir. Il s’agit de reconnaître l’autre comme un frère, sans hésitation et agir avec lui, pour lui, parce que nous faisons partie de la même communauté humaine.  » 

Pour écrire Fraternité, Conte Fantastique, la compagnie est partie à la rencontre de celles et ceux qui incarnent encore cette Fraternité. Parmi lesquels la médecin légiste italienne Cristina Cattanéo, qui s’est donnée pour mission de retrouver l’identité des ossements qui lui sont ramenés. De même que le « Bureau de rétablissement des liens familiaux » de la Croix rouge française, qui depuis la Seconde Guerre mondiale recherche les personnes séparées par les catastrophes. 

Extrait de « Fraternité »  de Caroline Guiela Nguyen Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis

La compagnie a mis deux ans pour réunir ces acteurs issus de tout horizon. À l’orée des répétitions, Caroline Guiela Nguyen leur a distribué un texte regroupant les arcs narratifs principaux du récit, autour desquels ils improvisent. De ce travail libre, naissent des dialogues réalistes, laissant entendre une langue contemporaine, au plus proche de ceux qui la disent et de ceux qui l’entendent. 

Une démarche qui remet la création collective au centre de la scène. Le résultat est porté par des comédiens aux interprétations généreuses. Malgré leurs différences et leurs expériences variables, l’assemblage fonctionne, souligne le journal la terrasse. Poussé à la compassion pour ces âmes déchirées, le spectateur en vient à trouver en lui une réponse à ses propres dilemmes.