Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

2024, rude année de mandat pour les Écologistes

2024, rude année de mandat pour les Écologistes
Jeanne Barseghian lors d’un conseil municipal en mai 2022.

L’année 2024 s’achève dans la douleur pour les exécutifs écologistes à la Ville et à l’Eurométropole de Strasbourg. Avec l’arrêt net du tram nord, les reculs dans plusieurs dossiers et les tensions en interne, la fin de mandat s’annonce rude.

« La feuille de route se décline, elle se réalise. » À en croire le ton laconique de Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole, l’année 2024 devait connaître une fin routinière et tranquille pour l’exécutif métropolitain. En septembre, devant un parterre de journalistes réunis pour un déjeuner de rentrée, elle déroulait la liste des chantiers en cours : le Réseau express métropolitain (REME), l’ouverture de la gare à 360 degrés, l’agrandissement du stade de la Meinau… Même refrain côté Ville de Strasbourg : le temps est au suivi des projets.

Entre l’élan du début de mandat et les dernières années qui seront amputées par la campagne des municipales, 2024 s’inscrit dans une temporalité politique à part. Pour les écologistes à la tête de Strasbourg et de son Eurométropole, le moment fût loin d’être aussi pépère que prévu, avec son lot d’épisodes de tensions et de reculs.

Le tram nord déraille

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Rejet du tram nord, la CEA et le Grand Est, ancrage du NFP… Les grands moments politiques de l’année 2024 en Alsace

Rejet du tram nord, la CEA et le Grand Est, ancrage du NFP… Les grands moments politiques de l’année 2024 en Alsace
Manifestation contre l’extrême droite à Wissembourg, où l’extrême droite à fait ses meilleurs scores en Alsace.

Avec quatre premiers ministres, deux élections et une dissolution en douze mois, l’année 2024 a été l’une des plus chaotique de l’histoire politique récente. Retour sur les moments marquant en Alsace.

Pour les journalistes politiques du pays, le mois de juillet n’a toujours pas pris fin. Depuis les résultats des élections législatives, le feuilleton entourant le gouvernement paraît interminable. En Alsace, comme dans le reste du pays, l’année 2024 a eu son lot de rebondissements. De la taxe poids lourds, en passant par les deux élections successives et la bérézina du tram nord, nous revenons sur les moments marquants de l’année politique.

Contre la loi immigration, l’échec de la mobilisation

L’année précédente s’achevait avec un goût amer. Le soir du 19 décembre 2023, la loi « pour contrôler l’immigration » et « améliorer l’intégration » a été adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat. Voulu comme une réponse ferme à l’immigration, le texte s’attaque tous azimuts à l’aide médicale d’État, au statut des étudiants étrangers, au délai d’accès aux aides sociales… Depuis les couloirs du Palais bourbon, Marine Le Pen salue une « victoire idéologique », avec la traduction légale de la « préférence nationale » par la majorité présidentielle (Renaissance, MoDem, Horizons).

En tête ligne de cortège, plusieurs élus locaux et nationaux Les Écologistes, LFI et PCF tiennent la banderole.

À Strasbourg, le texte provoque des manifestations. Dès le début de l’année, un large front social se forme pour dénoncer le texte et battre le pavé. Au conseil municipal, la droite strasbourgeoise n’est pas à l’aise pour défendre un texte autant marqué par l’empreinte de l’extrême droite. La mobilisation s’essoufflera à la fin de l’hiver, alors qu’en parallèle le Conseil constitutionnel censure une large partie de la loi.

Européennes : la gauche en duel à Strasbourg

Dans la même semaine du 22 avril – séance plénière du Parlement européen oblige – toutes les têtes de listes de gauche se sont retrouvées en Alsace pour trois meetings distincts. C’était à peine quatre mois avant que les partis de gauche ne se coalisent autour du Nouveau Front populaire ; les Écologistes insistaient pour partir en solitaire aux élections européennes, certains que le scrutin leur serait favorable. Avec 5,5%, ils finiront derrière le PS (13%), et la France insoumise

Pour la France insoumise, Manon Aubry faisait salle comble au Palais de la musique et des congrès, le mardi. À la tribune, elle n’hésite pas à taper sur Raphaël Glucksmann (Place publique), ciblant la « troïka Macron-Glucksmann-Bellamy ». Deux jours plus tard, jeudi, ce dernier prendra la parole à la salle de la Bourse, taclant Emmanuel Macron sur sa vision de l’Europe. Le jour d’après, c’est la tête de liste Marie Toussaint (Les Écologistes) qui tenait une « causerie », dans une pièce plus étroite au Port du Rhin, et ciblait également le président. L’occasion de répondre au discours fleuve qu’il donnait à la Sorbonne le jour même.

Un mois plus tard, le 18 mai, la candidate de Renaissance Valérie Hayer tenait aussi un meeting à Strasbourg.

Percée des nationalistes au premier tour des législatives…

Après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes (31,4%), loin devant la liste Renaissance (14,6%), la dissolution de l’Assemblée nationale annoncée par surprise le 9 juin par le président Emmanuel Macron a ouvert un boulevard à l’extrême droite. À Strasbourg, la création du Nouveau Front populaire fait naître l’espoir à gauche. Mais dans un laps de temps si court après leur succès européen, le RN est arrivé logiquement en tête dans 11 circonscriptions sur 15 en Alsace au soir du 30 juin.

Entre les deux tours, Rue89 Strasbourg s’était penché sur le profil des candidats du parti nationaliste au second tour. En dehors des profils très policés et attentifs à leur expression publique, le RN comptait aussi son lot de personnes assumant des propos xénophobes ou en faveur du dictateur russe, Vladimir Poutine.

… et reflux au second tour face au « front républicain »

Finalement, la déferlante brune n’a pas eu lieu. Alors qu’une large majorité des circonscriptions du Nord-est basculent à l’extrême droite, le Rassemblement national n’obtient qu’une circonscription en Alsace, dans l’Outre-forêt (8e circonscription). Sans surprise à Strasbourg, le Nouveau Front populaire récupère ses deux circonscriptions strasbourgeoises tandis qu’avec le soutien du NFP, le socialiste Thierry Sother, qui apparaît sur la scène politique au bénéfice d’arrangements du PS, l’emporte face à Bruno Studer (Ren) dans la 3e circonscription du Bas-Rhin, au nord de l’Eurométropole.

Les deux députés sortants du NFP, ici à une manifestation contre la loi immigration, ont été largement réélus lors des législatives de 2024.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

Dans les circonscriptions rurales, les députés sortant du bloc macroniste et Les Républicains sont les seuls bénéficiaires du « front républicain », le report des voix des électeurs du NFP leur permet de rattraper leur retard sur les candidats nationalistes.

Bras de fer entre Frédéric Bierry et les transporteurs

En septembre, devant un parterre de journalistes réunis à l’Hôtel du Département, le président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), Frédéric Bierry, a exposé en détail les contours de sa future taxe poids lourds. Le problème est connu : une grande partie des poids lourds européens préfèrent passer par l’Alsace plutôt que l’Allemagne, pour éviter de payer une contribution plus importante outre-Rhin.

Pour « rééquilibrer les choses », Frédéric Bierry plaide pour une taxe poids lourds côté alsacien. Appelée R-Pass, elle sera limitée sur un tronçon de 200 km sur l’axe Nord-Sud. Réactions outrées du côté des transporteurs. Dès l’annonce, l’Union des entreprises de transport et de logistique de France dénonce un texte mettant « en péril la viabilité de certaines entreprises locales ». Ces derniers organisent une opération escargot début octobre et un rassemblement devant la CEA, pour marquer l’opposition des milieux économiques à la délibération, qui sera tout de même adoptée à l’unanimité par les élus alsaciens le 21 octobre.

La Collectivité d’Alsace toujours dans la Région Grand Est

Longtemps, Frédéric Bierry a cru apercevoir les signes d’une inflexion élyséenne sur le « dossier alsacien », qu’une redistribution conséquente des compétences au profit de sa Collectivité d’Alsace pouvait s’opérer. Mais en dépit de « l’alignement des planètes » qu’il prophétisait un an plus tôt, la situation administrative de l’Alsace n’a pas évolué. Dernier atermoiement d’Emmanuel Macron en date : lors de sa visite de Strasbourg du 26 avril, le président de la République souhaitait que l’État arbitre entre les présidents de la Région Grand Est et de la CEA, tout en s’opposant « à un grand jeu institutionnel » qui bouleverserait les équilibres entre les deux collectivités.

Mais Frédéric Bierry ne s’en laissera plus compter. Lors d’une conférence de presse le 28 avril, le président du Département estimait que « donner quelques miettes aux Alsaciens ne règlera pas le problème », réclamant des concessions plus importantes que les quelques domaines évoqués par Emmanuel Macron – le sport, le commerce et l’artisanat. Au terme d’un mois de concertation supplémentaire – que l’ancienne préfète Josiane Chevalier jugeait pourtant fort constructif – le retour au statu quo est acté.

Le président de la CEA, Frédéric Bierry, le 31 mai 2024 lors d’une réunion de présentation du « Manifeste pour l’Alsace ».Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg

Pas défait pour autant, Frédéric Bierry organisera une conférence le 31 mai, pour présenter son « Manifeste pour l’Alsace ». Un énième texte appelant aux signatures des Alsaciens et des Alsaciennes, pour précipiter une sortie de la Collectivité de la Région Grand Est. Sans effet, à ce jour.

Fronde des exécutifs locaux contre Michel Barnier

Trois mois après la victoire relative du NFP aux élections législatives, la gauche déchante. Après les Jeux olympiques à Paris, Emmanuel Macron nomme Michel Barnier (Les Républicains) au poste de Premier ministre. Très vite, ce dernier présente la rigueur budgétaire comme sa première priorité politique, et demande un « effort » aux collectivités, c’est-à-dire que le gouvernement prévoit de retrancher de leur budget plusieurs millions d’euros.

Quelques semaines plus tôt en conférence de presse, le président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry (LR), pestait déjà contre le précédent ministre des Finances, Bruno Le maire : « Quand c’est toujours les mêmes qui se sont succédé, des élites, depuis quarante ans, qui n’ont fait que générer du déficit dans notre pays et qui veulent donner des leçons aux collectivités, c’est inacceptable ! »

À droite, le premier adjoint à la maire de Strasbourg, Syamak Agha Babaei, en charge des finances, lors d’une réunion publique sur le budget local.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Même si rien n’était arrêté, cet effort budgétaire se chiffrait autour de 9 millions d’euros pour Strasbourg, et 14 millions pour l’Eurométropole. La maire Jeanne Barseghian a enchaîné les interventions médiatiques pour tacler les coupes réclamées aux collectivités. Alors que le budget 2025 de la Ville était en préparation, un débat a pris place sur le sujet au sein du conseil municipal de novembre. Finalement, le projet de loi de finances 2025 a sombré avec le gouvernement Barnier.

Tram nord : Bérézina chez les Écologistes

C’était un peu le cadeau de Noël rêvé pour tous les opposants à la majorité écologiste à Strasbourg : la commission d’enquête publique sur le projet d’extension du tramway vers le nord de l’agglomération a rendu un avis défavorable le 10 décembre. D’un trait de plume, un projet phare des mandats de Jeanne Barseghian et de Pia Imbs, qui devait relier Strasbourg aux communes de Schiltigheim (dont le quartier prioritaire des Écrivains) et Bischheim est abandonné.

Le jour même, les leaders de l’opposition au projet – les conseillers strasbourgeois Catherine Trautmann (PS), Jean-Philippe Vetter (LR), Pierre Jakubowicz (Horizons) – tenaient une conférence de presse pour appuyer la défaite de la municipalité. Rebelote une semaine plus tard, lors du conseil de l’Eurométropole du 18 décembre, où au détour d’une interpellation en fin de séance l’opposition a relayé les commentaires de la commission d’enquête pour les renvoyer à l’exécutif. Face à eux, la présidente de l’EMS Pia Imbs et ses vice-présidents ont tenté de minimiser, mais c’est un revers sans précédent pour un exécutif strasbourgeois.

Dans les coulisses d’un restaurant touristique, l’infernale cadence du marché de Noël

Dans les coulisses d’un restaurant touristique, l’infernale cadence du marché de Noël
Suis-je crédible en serveuse ?

Pendant le marché de Noël, les équipes du restaurant de l’Ancienne Douane au centre de Strasbourg doivent servir des centaines de touristes en très peu de temps. Recrutée en tant que serveuse, je n’ai tenu que deux services.

« Tu penses qu’on va faire combien ce soir ? 200 couverts ? 300 ? Le week-end dernier on en a fait 1 200 ! » Dans une salle à manger encore sombre, je rencontre mes nouveaux collègues sur les coups de 18h15 un lundi soir. J’ai été embauchée à l’Ancienne Douane en tant que serveuse, un métier que j’ai exercé pendant plus de cinq ans tout au long de mes études et au début de ma carrière de journaliste.

Il aura suffi de déposer un CV pour que le directeur m’embauche en tant qu’extra la semaine suivante, après m’avoir posé une seule question : « Vous savez travailler au pookie ? » Silence gêné. Le directeur comprend que je ne sais pas de quoi il parle. Visiblement ce n’est pas grave. Mes collègues m’apprendront à utiliser la petite tablette connectée qui remplace le carnet de note pour prendre les commandes des clients. Mon premier soir, on me demande immédiatement si je suis disponible pour travailler les 24 et 31 décembre. La réponse est non. Le chef s’y attendait.

Sensei et pookie

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À l’Espace Égalité, une affiche de Tomi Ungerer qui dérange

À l’Espace Égalité, une affiche de Tomi Ungerer qui dérange

Une affiche du célèbre illustrateur alsacien est installée dans un lieu destiné à la lutte contre les discriminations chez les scolaires. L’affiche satirique dérange certaines médiatrices qui l’ont signalée. La direction n’a pas jugé urgent de la remplacer. Un conflit de générations et de sensibilités.

Nina découvre l’Espace Égalité de la ville de Strasbourg en 2023. Elle est alors employée comme médiatrice vacataire, auprès des enfants. Elle y mène des ateliers pour les amener à réfléchir aux questions de discrimination. Ce lieu, unique en France, offre un parcours pédagogique et interactif sur près de 830 mètres carrés dans le quartier du Port-du-Rhin. Le principe : une mini-ville avec des reproductions d’un tribunal ou d’une mairie, où les enfants déconstruisent les 26 critères de discrimination punis par la loi.

« Voir ainsi, mises à égalité, la lutte suprémaciste blanche et la lutte pour les droits civiques, c’était pour moi indécent. »

Nina, médiatrice vacataire du l’Espace Égalité

Très vite, la jeune femme de 34 ans remarque une affiche en noir et blanc de Tomi Ungerer. Réalisée en 1967 par l’illustrateur alsacien et intitulée Black Power, White Power, l’affiche est conçue comme une carte à jouer. Elle représente deux personnages, un noir et un blanc, tête-bêche, qui s’entre-dévorent l’un l’autre. Pour Nina, qui découvre l’affiche sans aucune notice explicative, ni aucune formation pour en parler aux enfants, le malaise est immense.

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Un mois après la Libération, Noël dans une ambiance de siège à Strasbourg

Un mois après la Libération, Noël dans une ambiance de siège à Strasbourg
Des soldats américains dans les ruines de l’usine Mathis le 27 décembre 1944.

Le 23 novembre 1944, les troupes du général Leclerc libèrent Strasbourg. Pour les Français, l’événement symbolise la fin de la guerre sur le territoire national, pourtant les combats se poursuivent en Alsace pendant la période des fêtes.

« Strasbourg vit dans une ambiance de siège… Pour faire le nécessaire, il faudrait que les lendemains soient assurés. Il est clair qu’ils ne le sont pas. » Ces mots sont prononcés par le général de Gaulle, alors qu’il se trouve dans la capitale alsacienne au soir du 24 décembre 1944. Le chef du gouvernement provisoire parle autant de la situation militaire – les troupes françaises sont à bout de force – que du moral de la population civile qui manque de tout. « L’armée est solide, mais lasse. L’Alsace est fidèle, mais inquiète. »

Fin novembre, l’opinion publique française accueillait avec joie l’annonce de la libération de Strasbourg. Le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale marque pour beaucoup la fin de la guerre sur le territoire national. Pourtant les combat se poursuivent encore au nord de l’Alsace et autour de Colmar. Strasbourg est toujours sur la ligne de front et le restera jusqu’en avril 1945 ; l’hiver est particulièrement rude, l’Alsace manque de ravitaillement et l’armée allemande menace de revenir. Pour les Strasbourgeois, Noël 1944 se passe au cœur de la guerre.

Une carte de Noël signée de Charles Frey, maire de Strasbourg, en 1944.Photo : Musée de la Libération de Paris – musée du général Leclerc – musée Jean Moulin

Les combats continuent

En décembre 1944, les combats s’éloignent de Strasbourg. Au nord, l’armée américaine progresse et repousse la Wehrmacht sur la frontière. Dans le centre de l’Alsace, les Allemands résistent autour de Colmar, et Mulhouse est toujours coupée en deux par la ligne de front. À Strasbourg aussi, la guerre persiste. Repliée de l’autre côté du Rhin, l’artillerie allemande bombarde la capitale alsacienne depuis Offenbourg et Oberkirch. Ces tirs sèment la panique et entrainent de nouvelles destructions dans une ville déjà marquée par les bombardements américains de l’été. En tout, 600 immeubles sont totalement détruits et 2 700 endommagés ; une partie de la population est donc réfugiée dans sa propre ville et les loyers flambent.

La période de Noël est aussi propice aux rumeurs. Alors que l’armée allemande contre-attaque dans les Ardennes belges, des bruits circulent quant à son retour en Alsace. Après tout, dans un tract retrouvé en novembre à l’hôtel de la préfecture, les Nazis promettaient aux Alsaciens : « Nous reviendrons ! » L’angoisse de la population est telle, que les autorités font publier à la veille de Noël un communiqué enjoignant à dénoncer les « bobardiers » qui « jettent le trouble dans les esprits ».

Les craintes des Alsaciens étaient pourtant loin d’être infondées. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, les Allemands attaquent en Alsace du nord et menacent de reprendre Strasbourg, les Américains préférant se replier et abandonner la ville à l’ennemi. Il faudra toute l’insistance du général De Gaulle pour les convaincre de défendre l’Alsace.

Message du général de Lattre de Tassigny faisant la promesse aux Strasbourgeois de défendre la ville face à la contre-attaque allemande le 6 janvier 1945.Photo : Archives de Strasbourg

Pénurie et marché noir

Après la Libération, le commandement américain avait promis « le rétablissement de la vie normale. » Pourtant, fin décembre, le quotidien des Strasbourgeois n’a rien d’ordinaire. Le couvre-feu à partir de 19h et l’absence d’éclairage public plongent la ville dans une ambiance lugubre. L’alimentation électrique n’est assurée que quelques heures par jour depuis le bombardement de la centrale du Port du Rhin début décembre. Le gaz de ville est totalement coupé, le bois de chauffage et le charbon manquent aux habitants alors que l’hiver est particulièrement dur. L’économie tourne au ralenti et une partie de la population est au chômage forcé.

Appel du commissaire général de la république aux agriculteurs alsaciens, pour nourrir les villes, 11 décembre 1944.Photo : Archives de Strasbourg

Pour Noël, les Strasbourgeois peuvent toujours compter sur le stock de nourriture abandonné par les Allemands lors de leur fuite, mais il s’épuise. Du fait de la proximité du front et des restrictions de déplacement, les marchandises peinent à arriver jusqu’à la ville. En janvier, le système de rationnement français remplace celui des Allemands maintenu provisoirement en place, mais la désorganisation de l’administration installe la pénurie dans la durée. Conséquence logique, le marché noir se développe et les prix explosent. Le kilo de café s’échange à 1 600 Francs (F) sur le marché parallèle alors que son prix officiel n’est que de 89 F.

Les prix de ventes officiels des denrées alimentaires en mars 1945.Photo : Archives de Strasbourg

Vide politique et épuration

Bien que libérée par les troupes du général Leclerc, Strasbourg se trouve en décembre sous administration militaire américaine. Les déplacements hors de la commune nécessitent un laissez-passer et la population vit sous couvre-feu entre 19h et 6h. L’armée réquisitionne sans discernement les bâtiments administratifs et les usines, ajoutant au chaos de la situation. Surtout, les Américains sont peu au fait de la situation particulière des Alsaciens, certains soldats s’imaginant être en Allemagne. La situation est si critique que des affiches sont placardées sur les murs pour rappeler aux GI’s que même si les habitants parlent une langue germanique, ils sont Français.

Appel à dénoncer les saboteurs, 15 décembre 1944.Photo : Archives de Strasbourg

En décembre, l’Alsace traverse aussi un véritable vide politique. Les autorités françaises peinent à réinstaller une administration absente depuis quatre ans. Si Charles Frey, le maire de Strasbourg en 1940, arrive le 27 novembre, son conseil municipal ne sera officiellement installé qu’en avril. Dans le flou qui succède à la libération, ce sont les Forces françaises de l’intérieur d’Alsace (FFIA) qui tiennent lieu d’administration jusqu’à ce que la situation politique se clarifie à partir de 1945. Dès la fin novembre, les FFIA s’attaquent à la question de l’épuration, les collaborateurs sont internés sur simple présomption et sans base légale. Fin décembre, le commissaire de la république met en place une commission pour juger du bien-fondé de ces arrestations et limiter les abus. Dans le Bas-Rhin, 5 000 à 6 000 personnes ont été internées et 18 purement et simplement exécutées.

Un lent retour à la normale

Si la Libération est accueillie avec joie par les Strasbourgeois, pour de nombreuses familles, se retrouver de ce côté de la ligne de front a aussi signifié une perte de contact avec leurs proches enrôlés de force dans les armées allemandes. Pour ces derniers, ce furent des mois d’angoisses jusqu’en juin, quand les « Malgré-Nous » et « Malgré-Elles » commencèrent à rentrer. Sur les 130 000 Alsaciens et Mosellans enrôlés, 40 000 ne reviendront pas.

Le défilé de la Première armée française dans Strasbourg le 16 avril 1945 suite à la conquête de la rive orientale du Rhin.Photo : Archives de Strasbourg

Il faut attendre la mi-mars 1945 pour que l’Alsace soit totalement libérée et la fin avril pour que cessent les tirs d’artillerie venus du Bade. Quand l’Allemagne capitule, le 8 mai 1945, l’Alsace sort donc à peine de la guerre. Les difficultés de ravitaillement sont toujours présentes, le lait manquera à Strasbourg jusqu’en 1946. Le retour des réfugiés et des déportés aggrave la crise du logement déjà présente à Strasbourg, certains trouvant leur logement occupé par d’autres familles ou détruit. Dans la capitale alsacienne, ce sont pas moins de 15 000 personnes qui perçoivent une allocation, car elles sont sinistrées ou réfugiées. Il faudra attendre 1949, pour que la vie strasbourgeoise reprenne un cours normal.

Drones, couvre-feu, parkings et bus : tout savoir sur le dispositif du 31 décembre 2024

Drones, couvre-feu, parkings et bus : tout savoir sur le dispositif du 31 décembre 2024
Les rames Citadis, en circulation depuis 2005 sur le réseau de la CTS (Photo (jc) / FlickR / CC)

Comme chaque année, les pouvoirs publics essaient de prévenir des flambées de violences et de dégradations urbaines à Strasbourg. Voici les dispositifs prévus pour la soirée du Nouvel-An.

À chaque nuit du Nouvel-An, l’objectif des pouvoirs publics est d’empêcher que des mains ne soient démantelées à cause des pétards, des voitures incendiées, des bâtiments publics dégradés, etc. Et chaque année, des dizaines de personnes se réveillent en 2025 avec des doigts en moins ou avec une voiture calcinée à identifier à la fourrière municipale…

Ce triste rituel de la Saint-Sylvestre est assez désolant, surtout malgré la prise d’une série de mesures, rituelles elles-aussi, déployées à grands renforts de policiers, gendarmes, militaires de l’opération Sentinelle et pompiers pour y répondre. Pour la soirée du 31 décembre, le préfet a mobilisé une nouvelle fois les drones de la Police nationale et un hélicoptère équipé d’une caméra afin de surveiller les quartiers populaires de Strasbourg.

Parmi les autres mesures habituelles, le préfet a interdit, sur l’ensemble du département du Bas-Rhin, « l’achat, de la vente, la détention, le transport et l’utilisation des artifices de divertissement et d’articles pyrotechniques de catégories F2 et F3 » jusqu’au matin du vendredi 3 janvier. En outre, ces interdictions ont déjà été étendues à toutes les catégories d’articles pyrotechniques dans le périmètre de la Grande-Île de Strasbourg jusqu’au vendredi 27 décembre à 21h.

Pas de jeunes seuls dans les rues

La « distribution, l’achat et la vente à emporter de carburants dans tout récipient transportable » sont également interdits à partir du dimanche 29 décembre jusqu’à l’aube du vendredi 3 janvier. Une « interdiction de la vente et de la consommation d’alcool sur la voie publique » est également prononcée à partir du mardi 31 décembre à midi jusqu’au mercredi 1er janvier à midi.

En outre, le couvre-feu interdisant aux mineurs de moins de 16 ans non accompagnés de circuler, une innovation de 2021, est reconduit cette année à Strasbourg, Hoenheim, Bischheim, Schiltigheim, Illkirch-Graffenstaden, Lingolsheim et Ostwald à partir du mardi 31 décembre à 22h jusqu’au mercredi 1er janvier à 6h.

Plus de bus ni de tram le 31 à partir de 22h30

Dans un communiqué, la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) détaille la mise en place un « réseau spécial Nouvel-An » mardi 31 décembre. À partir de 17h30, des déviations seront mises en place puis plus aucun bus ni tramway ne circulera à partir de 22h30 jusqu’à 2h30. Ensuite, quelques bus circuleront. Le réseau normal des jours fériés sera en place mercredi 1er janvier dès 5h.

Plan du réseau spécial pour la soirée du Nouvel-An

Des parkings pour planquer sa voiture

Celles et ceux qui craignent de ne pas retrouver leur voiture mercredi matin peuvent la mettre à l’abri, gratuitement, dans tous les parkings-relais de l’Eurométropole (voir la liste ici). Ils resteront ouverts en libre accès 24h/24 et 7j/7.

En complément, une série de parkings seront gardiennés du mardi 31 décembre jusqu’au mercredi 1er décembre à 15h : P+R Ducs d’Alsace, P+R Elsau, parking du parc de la Citadelle, P+R parc des Romains, P+R Baggersee, parking du centre de formation de conduite, rue Guynemer à la Musau, parking de la piscine de la Kibitzenau, parking Jardin des Deux-Rives, P+R Poteries, parking du centre funéraire du cimetière Nord, à la Robertsau…

En outre, des zones de stationnement, gratuites et gardiennées, sont prévues à Bischheim (parking de l’école des Prunelliers, 82 avenue de Périgueux), Illkirch-Graffenstaden (parking du Complexe sportif du Lixenbuhl, rue Lixenbuhl), Lingolsheim et Ostwald (stade Joffre-Lefebvre, rue de Graffenstaden), Schiltigheim (parking de la piscine, 9 rue de Turenne).

Des salariés de Ritleng sous pression après la découverte d’amiante et de staphylocoques

Des salariés de Ritleng sous pression après la découverte d’amiante et de staphylocoques
Une vingtaine de personnes se sont rassemblées devant l’entreprise pour soutenir les salariés.

La direction de l’entreprise Ritleng Revalorisations a convoqué trois salariés pour un entretien préalable au licenciement lundi 23 décembre. La CGT dénonce des procédures abusives, menées contre des salariés qui ont dénoncé des problèmes de sécurité sanitaire.

Le vent glacial des collines sous-vosgiennes souffle sur les drapeaux rouges floqués CGT, NPA et PCF à l’entrée de la commune de Rohr dans le Kochersberg. Lundi 23 décembre, une vingtaine de personnes sont rassemblées aux portes de Ritleng Revalorisations, une entreprise de recyclage de plâtre, en activité depuis 2012. Stationnés dans leur fourgon, sept gendarmes surveillent le petit groupe. Frédéric Karas, secrétaire adjoint de l’union locale CGT de Saverne, n’y prête même plus attention : « C’est toujours comme ça. On arrive rarement à rencontrer les patrons. Mais on est toujours accueilli par la gendarmerie ».

Frédéric Karas, secrétaire adjoint de l’union locale CGT de Saverne. Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg

Plusieurs salariés syndiqués à la CGT, des partisans du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), de Révolution permanente et du Parti communiste sont présents. Ils sont venus soutenir trois salariés de l’entreprise Ritleng Revalorisations, convoqués pour un entretien préalable au licenciement après avoir alerté sur la présence d’amiante et de staphylocoque dans les matériaux traités.

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Entre Total et l’Université de Strasbourg, un lien opaque de plusieurs millions d’euros

Entre Total et l’Université de Strasbourg, un lien opaque de plusieurs millions d’euros
Image d’illustration, université de Strasbourg.

Le collectif Scientifiques en rébellion tente d’obtenir des informations sur l’influence de l’entreprise Total à l’Université de Strasbourg. Ces jeunes doctorants ont pu compiler de premiers chiffres mais l’institution rechigne à communiquer.

« L’entreprise Total est un désastre pour l’écologie », introduit Maxime Prêcheur, doctorant en physique à l’Université de Strasbourg (Unistra) :

« Leur implication dans le dérèglement climatique est énorme. Ils ont longtemps nié les faits. Maintenant, Total se présente comme un sauveur en finançant des recherches. Ils peuvent décider des axes d’études. »

Maxime Prêcheur fait partie des membres de Scientifiques en rébellion Strasbourg, un collectif créé en février 2024. Il s’intéresse notamment à l’influence de cette multinationale sur l’enseignement et la recherche. En épluchant les rapports d’activité des différentes fondations de l’Université de Strasbourg, le collectif a compté 7,2 millions d’euros donnés par Total depuis 2014, avec des réductions d’impôts dans le cadre du mécénat. Le groupe pétrolier dément ce chiffre, assurant qu’il n’a versé que 1,5 millions d’euros dans cette période.

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Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.

Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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Au CEAAC, l’exposition « Dirty Rains » interroge nos usages de la rue

Au CEAAC, l’exposition « Dirty Rains » interroge nos usages de la rue

Le Centre européen d’actions artistiques contemporaines présente les travaux de la photographe alsacienne Marianne Marić et de l’artiste conceptuel hongrois Endre Tôt au sein de l’exposition Dirty Rains. Associés, leurs différents univers plastiques suggèrent des formes d’appropriation de l’espace public par le corps et le langage.

Sur les murs de la première salle d’exposition du Centre européen d’actions artistiques contemporaines (CEAAC) à la Krutenau, des photographies en noir et blanc montrent Endre Tót dans la rue, muni d’affiches aux inscriptions surprenantes : « I’m glad if… » (je suis heureux si…). Alors que dans l’espace public, les pancartes expriment bien souvent le mécontentement ou la colère, l’artiste décide de rendre manifeste sa joie.

Né en Hongrie, citoyen du bloc de l’Est, Endre Tót fait l’expérience des limites imposées par un régime totalitaire et connaît des complications quant à la diffusion de ses travaux (qui s’éloignent des productions artistiques officielles acceptées par l’État). Puisqu’il n’est pas possible pour lui d’exprimer une critique à l’égard de son pays, il détourne le sentiment de joie afin d’accuser les restrictions et ironise autour du peu de liberté d’expression accordée par le régime.

À l’heure où, en France et partout dans le monde, le droit de manifester et les libertés individuelles sont menacées, les préoccupations de l’artiste quant à la liberté de revendiquer résonnent.

Une discrète réappropriation

Dans sa pratique, Endre Tót détourne et subvertit l’usage d’outils typographiques tels que le zéro (pour ne rien revendiquer), le slash (pour barrer, empêcher). Le nom de l’exposition, Dirty Rains, fait d’ailleurs référence aux slashs (Rains en anglais) qui servent à interdire et rappellent des formes de censure. Subissant une forme de négation individuelle, l’action artistique permet à Endre Tót de (re)prendre sa place, de recouvrer une identité qui lui est déniée.  

Détail du travail d’Endre Tót dans l’exposition Dirty Rains. Photo : Julie VezardPhoto : Julie Vézard

Deux générations aux préoccupations communes

Endre Tót est né en 1937, Marianne Marić en 1982 : 40 années séparent leurs naissances et leurs origines sont différentes. Pourtant, les deux artistes explorent des thématiques communes.

Travaillant avec le mobilier urbain, les deux artistes occupent la rue afin de créer. Marianne Marić conçoit par exemple les statuaires publiques comme des objets d’expérimentation. Elle s’amuse et capture des images de ses modèles escaladant les socles des statues ou imitant des poses. Avec des interventions éphémères et spontanées, la rue devient un espace d’expression dans lequel elle interroge nos usages des lieux publics.

Une esthétique toute particulière se dégage de l’union des œuvres de Marianne Marić à celles d’Endre Tót. Dans la première salle, trônant sur le mur, une inscription attire notre attention : « Which is the direction ? » Tout autour, de nombreuses flèches sont dessinées au fusain. Elles suggèrent des directions pointant vers la droite, vers la gauche, vers le haut, vers le bas. Les murs parlent mais ils soufflent des informations contradictoires : on perd rapidement tous nos repères dans cette cacophonie visuelle. Brouillant volontairement notre perception dans l’espace d’exposition, Endre Tót réalise ses ébauches à même le mur et se joue ainsi de notre perception. 

La scénographie est pleine de superpositions, de surprises, de « bazar ». Elle est empreinte d’ironie et d’humour, à l’image des deux artistes exposés.

Le corps comme espace de subversion

Tandis qu’Endre Tót engage déjà, dans des travaux préalables, une réflexion sur les interactions entre le corps et l’architecture, Marianne Marić actualise cette recherche en intégrant à son travail la question du genre, interrogeant la visibilité et l’invisibilité des femmes dans ces espaces. Contrairement à Endre Tót (qui se sert du support photographique comme un moyen de documenter ses productions), Marianne Marić développe une recherche sensible lorsqu’elle capture des clichés de corps. Ses photographies ne se contentent pas de documenter l’instant, elles sont le terrain d’une réflexion esthétique et politique sur la place des femmes dans l’espace public. Par l’ironie et la mise en scène, la rue devient un lieu dans lequel Marianne Marić tente de bousculer les représentations traditionnelles.

Capturés de nuit sur la voie publique mulhousienne, les clichés de la série Femmes Fontaines montrent les amies de la photographe enjambant des arrivées d’eau. Bien souvent, les personnes photographiées adoptent volontairement des poses explicites : elles font de la rue un espace dans lequel subvertir les usages habituels, se jouant des comportements autorisés ou proscrits en public.

Autour de l’usine Blue Paper, « des incertitudes sur les risques sanitaires »

Autour de l’usine Blue Paper, « des incertitudes sur les risques sanitaires »
Blue Paper, une usine de papier à Strasbourg, émet des polluants toxiques dans l’air.

Blue Paper produit trop de papier par rapport à ses autorisations. L’usine du Port du Rhin doit se régulariser, alors que l’Autorité environnementale expose des incertitudes concernant les impacts pour la santé des riverains.

L’inspection des installations classées a remarqué en mars 2023 que Blue Paper dépasse son seuil de production fixé par l’État. L’entreprise située au Port du Rhin a donc été obligée de déposer un dossier pour régulariser son activité. Dans celui-ci, elle demande à la préfecture l’autorisation de fabriquer 1 600 tonnes de papier par jour, soit 500 000 tonnes par an. Ce matériau sert de base pour faire du carton ondulé.

L’Autorité environnementale (Ae) a publié un avis de 18 pages sur ce dossier le 5 décembre, que Rue89 Strasbourg a consulté. Elle y relève que « l’analyse des impacts sur l’environnement et sur la santé est très largement insuffisante, voire manquante, que ce soit pour les rejets de polluants atmosphériques, les rejets aqueux et pour les besoins en eau ». Cette usine fait d’ailleurs partie des 10 sites industriels émettant le plus de polluants toxiques en Alsace.

Trop d’émissions de monoxyde de carbone

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Stéphane Libs des cinémas Star : « Nous ne nous autocensurerons pas »

Stéphane Libs des cinémas Star : « Nous ne nous autocensurerons pas »
Stéphane Libs dans les locaux des cinémas Star

Après la tempête de l’annulation du festival Shalom Europa, le directeur des cinémas Star, Stéphane Libs, revient sur le rôle de médiation d’un lieu culturel.

On avait laissé le directeur des cinémas Star, Stéphane Libs, désemparé après l’annulation du festival du film israélien Shalom Europa en septembre. Une décision prise suite à un appel au boycott en provenance d’associations et de collectifs pro-palestiniens, qui lui a ensuite valu les foudres de l’extrême droite et des juifs identitaires. Quelques semaines plus tard, Stéphane Libs est toujours ébranlé par cette polémique mais il en a tiré quelques leçons pour la prochaine fois.

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Quatre enfants SDF supplémentaires recensés à l’école Saint-Jean

Quatre enfants SDF supplémentaires recensés à l’école Saint-Jean
Jeudi 5 décembre, une centaine de parents s’étaient mobilisés pour les enfants sans hébergement.

Les parents d’élèves de l’école Saint-Jean de Strasbourg alertent sur la situation d’une douzaine d’enfants scolarisés dans l’établissement, qui se retrouvent sans hébergement. Une cagnotte a été ouverte afin d’aider ces familles.

Dans un communiqué diffusé jeudi 19 décembre, les parents et les enseignants mobilisés contre le sans-abrisme de l’école Saint-Jean à Strasbourg indiquent que « deux parents et leurs 4 enfants de 10, 8, 6 et 3 ans dorment depuis vendredi 13 décembre dans leur voiture ». Selon leur comptage, « ce sont donc 12 enfants de l’école qui sont à la rue ».

Pour ces parents d’élèves, « ces situations ne sont que la partie visible d’une urgence humaine qui concerne, chaque soir à Strasbourg, près de 200 enfants sans toit ». La Ville de Strasbourg a pu trouver une solution d’hébergement pour une mère et ses deux enfants de 6 et 3 ans, expulsés de leur hôtel le 29 novembre.

Une cagnotte en ligne

Mais les parents poursuivent une mobilisation entamée le 5 décembre pour venir en aide à toutes ces familles. Cette solidarité a déjà permis de collecter des vêtements et d’assurer des mises à l’abri temporaires. Une cagnotte a été mise en ligne pour subvenir aux besoins les plus urgents.

Dans leur communiqué, les parents d’élèves indiquent qu’à « l’approche des vacances scolaires, laisser les familles sans solution est impensable et indigne. Les températures baissent, les fêtes de fin d’année approchent, et l’inaction ne peut être une réponse. » Ils appellent à des réponses concrètes et durables de
la part des pouvoirs publics ».

Ils préviennent également : « Parce que chaque enfant mérite de dormir sous un toit et de vivre dignement, nous poursuivrons notre mobilisation jusqu’à ce que toutes les familles de l’école Saint-Jean ne soient plus à la rue ».

Comment j’ai galéré en accompagnant Lætitia, handicapée, sur le marché de Noël

Comment j’ai galéré en accompagnant Lætitia, handicapée, sur le marché de Noël
Laetitia doit boire son chocolat chaud attablée, car les pavés la secouent trop. Photo Guillaume Poisson

Le marché de Noël de Strasbourg est-il vraiment inclusif ? J’ai voulu mettre cette affirmation à l’épreuve en y accompagnant Lætitia, qui circule en fauteuil roulant électrique en raison de son handicap. Nous en sommes ressortis d’accord sur un point : on ne renouvellera pas l’expérience.

Je dois avouer que j’ai un faible pour le marché de Noël de Strasbourg. Je ne sais pas si ce sont les odeurs de vin chaud aux épices, ou les lumières dorées et scintillantes, ou notre formidable cathédrale, mais ça me met les poils tous les ans. Je me suis dit que je pourrais même persuader les moins convaincus que le marché de Noël, c’est la vie. Essayons avec Lætitia. Elle est atteinte du syndrome de Little depuis l’enfance. C’est une maladie cérébrale causant une raideur irréversible dans les muscles, particulièrement ceux des jambes.

Secrétaire dans un Établissement et service d’aide par le travail (ESAT) du Bas-Rhin, elle fait partie de celles et ceux « qui sortent, malgré toutes les difficultés d’accessibilité pour les personnes en fauteuil roulant » : « Je veux essayer de vivre un maximum, au lieu de rester seule chez moi. » Elle prend le tram tous les jours pour se rendre au travail, mais a fait une croix sur les événements grand public comme le marché de Noël, « où rien n’est pensé pour les gens comme nous ». Alors chiche, allons-y ensemble, lui ai-je dit, ça a changé, la municipalité assure chaque année qu’il est plus accessible pour les personnes en situation de handicap.

Pièges invisibles sur la chaussée

Je commence à déchanter à peine dix minutes après le début de notre déambulation parmi les chalets de la place Broglie. « Attention je ne peux pas suivre ! », me lance-t-elle. Il va vraiment falloir que j’adapte mon rythme. Le fauteuil roulant électrique de Lætitia a beau lui servir d’engin pour des courses-poursuites avec ses copines de résidence « quand le terrain le permet », l’espace public est en général truffé d’obstacles que les personnes valides ne remarquent pas. C’est d’ailleurs pour cette raison que Lætitia a accepté l’exercice que je lui proposais : « Les gens ne se rendent pas compte de la galère pour nous tant qu’ils ne le vivent pas. »

Rapidement, j’évalue la situation : les petites roues du fauteuil électrique de Lætitia ne permettent pas de gravir un petit rebord séparant une route de la place. Nous sommes à la croisée de la rue de la Comédie et de la place Broglie, et ce passage, que je traverse habituellement sans même y prêter une quelconque attention, forme une sorte de cuvette difficilement franchissable pour Lætitia. « Eh ben voilà, qu’est-ce que je vous disais ? C’est fini du coup… », glisse-t-elle, visiblement déçue.

Nous serions donc contraints d’abandonner, à peine dix minutes après le début de notre visite ? Pas possible. J’imagine pouvoir sans problème pousser moi-même le fauteuil afin qu’il franchisse ce petit bout d’obstacle de rien du tout. Mais mes deux premières tentatives échouent. J’y mets toute ma force, mais rien n’y fait. Il faudra une fine analyse de la hauteur du rebord, pour identifier un point légèrement moins surélevé. Je parviens enfin à faire passer le fauteuil de Lætitia. « Seule, je serais déjà rentrée chez moi », estime-t-elle.

Lætitia s’est vite retrouvée bloquée devant une petite marche.

Nous voilà de nouveau partis pour notre visite qui se passera, hormis ce petit accroc inaugural, comme sur des roulettes. Je craignais plutôt la difficulté de se frayer un chemin dans la foule ou de créer des bouchons à nous seuls, mais la circulation est fluide. Il suffit juste de slalomer entre les grappes de personnes arrêtées ici et là en face des stands, en train de déguster leur vin chaud ou leur bretzel chocolaté. « On a de la chance, il n’y a pas beaucoup de monde », remarque Lætitia, toujours sceptique. Je la trouve dure. Mais qu’en sera-t-il quand nous aussi, on s’arrêtera pour prendre un chocolat chaud, la boisson préférée de Lætitia ? On décide d’aller voir du côté de la cathédrale.

Des chalets généralement inadaptés

Je découvre alors les joies des pavés pour les personnes circulant en fauteuil roulant. « Je fais en sorte de les éviter mais quand on n’a pas le choix, c’est difficile », souffle ma compagne de route, dont la voix devient saccadée quand les roues de son fauteuil doivent passer au-dessus des interstices. Après chaque secteur pavé, c’est le même rituel : Lætitia doit se repositionner sur son fauteuil après avoir glissé vers le bas, seulement retenue par la ceinture de sécurité. Je dois ensuite replacer son repose-pied qui s’écarte de sa position initiale au fil des secousses.

Les secteurs pavés sont tellement nombreux autour de la cathédrale que je finis par essayer de l’aider, alors que je sais très bien qu’elle avance avec son moteur électrique. Je sens alors les vibrations dans mes doigts et mes mains. Elle garde le sourire, mais je sens que c’est par amabilité : le trajet est particulièrement désagréable. Je m’en veux de lui avoir proposé de passer par là. Je tente : « On s’arrête pour boire un coup ? »

Lætitia doit se mettre de côté pour récupérer son gobelet.

Le marché de la cathédrale est plus serré, plus dense que celui de Broglie. Nous optons pour l’un des stands les moins pris d’assaut. Après tout, les chocolats chauds devraient être les mêmes partout, non ? Je me rends compte que je commence à réfléchir de manière bien plus pragmatique avec Lætitia : là où la disposition semble la moins propice aux problèmes, je me précipite. « Le comptoir est bas ici, donc le commerçant peut me voir », note Lætitia. Certains stands s’avèrent tout simplement hors d’atteinte pour les personnes en fauteuil roulant.

Pour récupérer son gobelet fumant, Lætitia doit se mettre de côté, puis faire marche-arrière, pour que son bras soit le plus proche de la caisse… « Je vais vous aider », lance une cliente en lui transmettant la boisson. Une fois nos deux verres reçus, je m’élance pour continuer notre chemin, mais Lætitia m’arrête. Elle ne peut pas boire et rouler en même temps sur les pavés. On dégustera donc notre chocolat accoudés à la petite plateforme en bois qui court le long du comptoir. Pas de lente déambulation verre (chaud) à la main tout en admirant les lumières de Noël pour nous.

Un village du partage inclusif, vraiment ?

Je débarque au marché de la place Kléber quasiment vaincu. J’ai une dernière corde à mon arc : Lætitia sait-elle qu’il y a là un « village du partage », en partie dédié à des associations venant en aide aux personnes en situation de handicap ? Est-ce bien raisonnable de critiquer l’accessibilité d’un marché de Noël qui réserve tout un village à l’inclusivité ?

« J’ai été bénévole là pendant trois jours avec mon association… C’était difficile », dit-elle. Elle confie que tous les bénévoles en fauteuil ont dû passer l’ensemble de leurs permanences à l’extérieur des chalets. « La porte d’entrée est en hauteur, c’est impossible de la franchir », m’explique-t-elle. Effectivement, on aperçoit les portes dessinées dans le joli bois clair des chalets de Noël, toutes à plusieurs centimètres du niveau du sol. Cerise sur le gâteau, l’espace est traversé par des câbles d’alimentation abrités sous une bande de caoutchouc. Je dois lui venir en aide pour qu’elle puisse passer au-dessus.

Un peu plus loin, l’allée du marché de Noël qui se trouve vers l’Aubette est recouverte d’un tapis en caoutchouc de plusieurs dizaines de mètres. Un énième détail qui m’avait échappé, à moi visiteur valide, mais qui se transforme en véritable épreuve olympique pour la personne en situation de handicap et pour son accompagnant. Les roues ne répondent plus correctement, le pilotage devient très complexe, voire impossible sans aide extérieure. « Ouf, on arrive au bout », lâche Lætitia alors qu’on s’approche du tram.

Lætitia ne peut pas avancer sur cette surface en caoutchouc, au marché de Noël de la place Kléber.

Secrètement, j’avais dans l’idée de lui faire aussi découvrir le marché de la Petite France ou le marché Off. Mais, après la cathédrale, je me suis vite résolu à écourter l’expérience pour ne pas trop l’embêter. Ce qui devait être une démonstration de ma part a fini en leçon pour moi : l’accessibilité d’un lieu ne se résume pas à l’absence d’escaliers à grimper. Les centres-villes historiques comme celui de Strasbourg, avec leurs rues pavées et étroites, sont en soi des calvaires pour les personnes handicapées moteur.

Et l’affluence grandissante année après année doit sûrement en décourager d’autres que Lætitia. Certes, il faut noter que la Ville a mis en place des visites guidées gratuites et réservées aux personnes en situation de handicap tous les lundis pendant le marché de Noël. Elle met également à disposition des visiteurs des déambulateurs et des fauteuils roulants, empruntables au chalet info. Mais de là à parler d’un événement « accessible », il y a un pas que je ne franchirai plus après mon expérience aux côtés de Lætitia.

Le tribunal administratif valide la construction de la centrale photovoltaïque de Weinbourg

Le tribunal administratif valide la construction de la centrale photovoltaïque de Weinbourg
Vue d’ensemble modélisée du projet de Hanau Énergies, avec la commune d’Ingwiller en arrière plan.

Le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté le recours de la Confédération paysanne d’Alsace contre le projet d’une centrale photovoltaïque sur une trentaine d’hectares de terres agricoles en Alsace du nord.

Jeudi 19 décembre 2024, le tribunal administratif a jugé que le permis de construire d’une centrale photovoltaïque sur près de 27 hectares de terres agricoles à Weinbourg était conforme aux règles d’urbanisme. En conséquence, il a rejeté le recours formé par la Confédération paysanne d’Alsace et cinq riverains de ce terrain situé près d’Ingwiller. Les opposants y voient une atteinte inacceptable à l’environnement et à la préservation des terres agricoles.

Dans sa décision, le tribunal estime que « l’atteinte paysagère et l’absence d’intégration du projet dans son environnement », soulevés par les requérants, n’étaient pas évidents, étant donné que les paysages alentours ne sont pas protégés ni particulièrement remarquables. D’autre part, le tribunal a considéré que la topographie des lieux et les caractéristiques du projet, notamment la création d’un écran végétal, était de nature à garantir son intégration paysagère, selon le communiqué du tribunal.

Le tribunal a estimé en outre que le projet n’était pas susceptible de porter atteinte à la sauvegarde des espaces naturels et des paysages, dès lors notamment que le terrain, jusqu’alors dédié à la culture de céréales et désormais au pâturage des brebis, continuera à faire l’objet d’une exploitation agricole.

La Confédération paysanne et les cinq riverains disposent d’un délais de deux mois pour contester cette décision devant la cour administrative d’appel de Nancy.

La décision complète du tribunal administratif

Partenariat avec Israël : cinq enseignants quittent le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg

Partenariat avec Israël : cinq enseignants quittent le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg
Mardi 30 avril, une quarantaine d’étudiantes et étudiants de Sciences Po Strasbourg ont bloqué le bâtiment du Cardo.

Le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et l’université Reichman a été rétabli par un vote du conseil d’administration mercredi. Cinq enseignants ont annoncé leur démission de cette instance dans la foulée.

Le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et l’université Reichman en Israël n’aura été suspendu que pendant six mois. Mercredi 18 décembre, le conseil d’administration de l’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg a voté le rétablissement de ses liens avec l’université privée à Tel Aviv. Les débats et le vote ont eu lieu en distanciel. Une manière d’éviter l’envahissement de la salle de réunion qui a eu lieu lors du conseil d’administration extraordinaire du jeudi 4 décembre. La décision du rétablissement a été prise avec 14 voix favorables, une contre, quatre abstentions. Quinze administrateurs n’ont pas pris part au vote.

Dans un communiqué, le directeur de Sciences Po Strasbourg, Jean-Philippe Heurtin, a donné plusieurs explications sur le texte voté qui « réaffirme la confiance qu’une institution universitaire comme la nôtre place dans l’université Reichman et entend renouveler l’avis favorable à ce partenariat avec Sciences-Po Strasbourg. » Selon le responsable de l’IEP, les « positions publiques des enseignants-chercheurs de l’université Reichman sont marquées par une diversité de positions concernant les réformes illibérales et la conduite de la guerre » à Gaza. Jean-Philippe Heurtin estime aussi que « le soutien aux forces armées israéliennes dans le conflit en cours se limite à la collecte de denrées alimentaires, à la mise en place de soutiens psychologiques et à une attention aux étudiants réservistes mobilisés. »

Le combat du directeur de Sciences Po Strasbourg

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Rassemblement pour la libération des « prisonniers politiques » kanak samedi 21 décembre

Rassemblement pour la libération des « prisonniers politiques » kanak samedi 21 décembre
Une nouvelle mobilisation en soutien aux indépendantistes kanak emprisonnés a lieu samedi, à Strasbourg.

Le Collectif Solidarité Kanaky 67 appelle à un rassemblement samedi 21 décembre à Strasbourg pour demander la libération des « prisonniers politiques » kanak. Le leader indépendantiste Christian Tein est détenu près de Mulhouse.

Le gouvernement français envisage de modifier le corps électoral en vue des prochaines élections provinciales en Nouvelle Calédonie, appelée Kanaky par les indépendantistes. Davantage de personnes issues de la métropole pourraient alors participer à ce scrutin local, dans un territoire colonisé par la France depuis 1853 pour ses ressources minières et maritimes.

Une étape importante du processus a eu lieu en mai 2024, lorsque l’Assemblée nationale a voté pour ce « dégel du corps électoral », provoquant la colère des indépendantistes. Beaucoup qualifient cette démarche de « recolonisation ». Dans la foulée, l’île située dans l’océan Pacifique, avait connu une situation insurrectionnelle, avec notamment des barrages sur les routes, des pillages et d’autres actions violentes. Cette réforme constitutionnelle a alors été suspendue.

Un leader indépendantiste détenu à Mulhouse

Comme l’explique le Collectif Solidarité Kanaky 67 dans un appel à la mobilisation pour le samedi 21 décembre, de nombreux indépendantistes ont été arrêtés suite aux événements de mai 2024 :

« Le bilan de la répression est lourd pour le peuple kanak : 11 morts, 2 500 arrestations, 250 incarcérations, la déportation de sept membres de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT). Cinq sont emprisonnés injustement dans des prisons françaises et deux sont assignés à résidence loin de leur famille. »

Parmi eux, le leader indépendantiste Christian Tein, accusé d’avoir participé aux troubles à l’ordre public, est détenu au centre pénitentiaire de Mulhouse-Lutterbach. Il nie toute implication dans les violences. En octobre, la Cour de cassation a invalidé le placement en détention dans l’Hexagone du militant indépendantiste. Elle avait ordonné que la décision soit réexaminée par une cour d’appel, mais n’a pas prononcé sa remise en liberté.

Ainsi, le Collectif Solidarité Kanaky 67 souhaite mobiliser samedi pour « la libération immédiate des prisonniers politiques kanak ».