Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

La préfecture interdit les raves partout dans le Bas-Rhin pendant un an

La préfecture interdit les raves partout dans le Bas-Rhin pendant un an
Lors d’une rave organisée par le collectif Implak’ab.

Jusqu’au 30 septembre 2026, la préfecture du Bas-Rhin interdit les raves et autres rassemblements festifs musicaux dans tout le département.

D’ordinaire, les arrêtés d’interdiction des raves et autres « free-parties » ne ciblent que quelques jours d’un week-end prolongé. Ils sont aussi récurrents pour les fins de semaine au printemps ou en été. Mais jeudi 25 septembre, la préfecture du Bas-Rhin a sorti l’artillerie lourde. Cette fois,-ci l’arrêté « portant interdiction de rassemblements festifs à caractère musical » sur l’ensemble du Bas-Rhin est valable du mercredi 1er octobre 2025 au mercredi 30 septembre 2026 inclus.

Dégradations, usage de stupéfiants…

Pour fonder cette interdiction d’un an, la sous-préfète Cécile Rackette cite d’abord une dizaine d’exemples de free-parties en France et diverses formes d’infractions et de troubles à l’ordre public associés. En Indre, en mai 2023, un rassemblement non déclaré a suscité 293 verbalisations pour détention de stupéfiants et 47 personnes ont été verbalisées pour conduite sous l’emprise de stupéfiants. L’arrêté préfectoral évoque aussi « 450 personnes prises en charge par les secours » dont huit en urgence absolue et 91 en urgence relative… sans préciser que ce teknival avait rassemblé plus de 30 000 personnes. Et si le maire de la commune concernée se dit favorable à l’interdiction de ces fêtes non-déclarées, il estime malgré tout que l’événement s’est bien passé. Le terrain rendu était « nickel », comme il l’avait indiqué à l’AFP.

L’arrêté se fonde aussi sur des exemples plus récents. Dans le Lot, une « rave-party illégale » dans la nuit du 7 mai 2025 a causé de nombreux dégâts dont le préjudice a été estimé à 150 000 euros pour la commune concernée. En Lozère, du 11 au 13 juillet, une autre free-party a réuni 12 000 personnes. « Au cours de cet événement, les secours ont réalisé près de trente interventions, dont celle relative à l’accident mortel d’une jeune femme de 25 ans, décédée alors que son camion s’est renversé sur une piste menant au site », peut-on lire dans le document.

« Ça ne va rien changer »

Cofondateur et président du collectif Implak’ab, Dan milite pour « changer le regard sur les free parties ». Informé de la publication de l’interdiction préfectorale d’un an dans le Bas-Rhin, le cuisinier de profession n’est pas surpris :

« Dans plusieurs régions dans le sud, les préfectures produisent des interdictions sur plusieurs mois. C’est déjà un classique. Mais ça ne va rien changer pour nous. Fin octobre, nous avons un événement prévu dans l’Est de la France. Et le 18 octobre, on montera tous à Paris pour la techno-parade. »

« Oui des gens se droguent, parfois chez eux, parfois en free ou à la fête de la choucroute.

Dan, cofondateur et président du collectif Implak’ab

Face au sombre tableau dressé par l’arrêté préfectoral au sujet des raves et autres free parties, Dan réagit :

« Ce sont des stéréotypes classiques sur le monde de la teuf. On a fait un événement il y a un an et demi. La protection civile était présente. Il n’y a eu aucun blessé. Pour ce qui est de l’usage de stupéfiants, oui des gens se droguent, parfois chez eux, parfois en free ou à la fête de la choucroute… Et parfois ils meurent parce qu’ils prennent la dose de trop. Ça n’arrive pas qu’en free party. Et pour la propreté des terrains : lors de la techno+ mi-mai, on était plus de 13 000. Le site a été rendu complètement propre à son propriétaire. »

Pour Dan, l’argumentaire préfectoral n’a d’autre objectif que de « flatter un électorat réactionnaire ». Le cuisinier tient à contredire le cliché de teufeurs qui n’auraient d’autres buts que la consommation de stupéfiants :

« Le monde de la teuf, ce sont plein de passionnés de musique, des artistes, des ingés sons. Moi je suis dans l’organisation, je passe mes journées à parler avec des artistes pour organiser des fêtes. Et je fais ça en plus de mes 48 heures par semaine… »

Cet arrêté préfectoral peut être contesté devant le tribunal administratif dans les deux mois qui suivent sa publication. A l’heure d’écrire ces lignes, aucune organisation n’avait manifesté son intention d’introduire un recours contre cette interdiction préfectorale.

Une « forêt nourricière » s’implante dans le quartier de la Musau

Une « forêt nourricière » s’implante dans le quartier de la Musau
Simon Le Melle, président de l’association Les Planteurs Cueilleurs, a été à l’origine du projet de forêt nourricière.

Citronnier, noyer, grenadier… Une « forêt nourricière » de 5 000 mètres carrés a été inaugurée mercredi 17 septembre. Premiers résultats en 2035.

D’ici dix ans, sur ce qui ne ressemble encore qu’à un champ, un jardin d’arbres, ou « forêt nourricière », verra le jour au sud de Strasbourg, rue Guynemer près de l’aérodrome de la Musau. Mercredi 17 septembre, à 18h30, Simon Le Mellec et l’association des Planteurs cueilleurs dont il est président, ont célébré le lancement du projet avec la plantation d’un noyer du Japon en présence de la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (Les Écologistes). La Ville met à disposition un terrain de 5 000 mètres carrés.

200 espèces comestibles

Le principe de forêt nourricière s’inspire de l’écosystème des forêts naturelles et tropicales où la végétation se développe sur plusieurs strates. Des plantes poussent au sol tandis que de grands arbres grimpent vers le ciel. Simon Le Mellec explique comment une telle végétation peut survivre en Alsace :

« Chez nous on n’a pas le même climat que dans les tropiques, donc on doit cultiver différemment. Il faut mettre plus d’espace entre les arbres pour mieux faire rentrer le soleil. L’idée est de faire pousser une diversité végétale pour que les plantations soient plus résilientes aux aléas climatiques. L’emplacement de chaque plante est réfléchi pour lui offrir les meilleures conditions de développement. »

Grenadier d’Ouzbékistan, jujubier brésilien, mandarine satsuma, citron yuzu, poivre de Sichuan… L’association cultivera 200 espèces végétales comestibles parmi la centaine d’arbres et d’arbustes plantés. Une soixantaine d’arbres seront plantés le 25 novembre, pour la Sainte-Catherine. « Il y a un vieux dicton qui dit qu’à la Sainte-Catherine, tout arbre prend racine, s’amuse Simon Le Mellec, et c’est vrai que novembre c’est vraiment la meilleure période pour planter. »

Des fruits et des poules

La mairie alloue à l’association un terrain de 5 000 mètres carrés dans le quartier de la Musau, à côté de l’aérodrome. Sur l’ensemble du terrain, un tiers sera utilisé pour la forêt nourricière. Le reste sera « accessible pour se balader ou pour promener son chien », précise Simon Le Mellec. Fermée par une clôture, la forêt fonctionnera « comme un jardin partagé ». Seuls les adhérents à l’association pourront y accéder, planter, cultiver et récolter.

Même s’il faudra attendre une dizaine d’années avant que les arbres ne donnent des fruits, le président des planteurs cueilleurs a bon espoir :

« Le but c’est qu’au bout d’un moment, on ait trop de denrées pour en faire profiter d’autres personnes extérieures à l’association. On donnera à la Banque alimentaire, au collectif Vrac ou bien à ceux qui travaillent avec les migrants. Les écoles qui viendront faire des ateliers de jardinage pourront aussi repartir avec leurs fruits. »

Le projet de forêt nourricière compte aussi l’installation d’un poulailler, qui sera géré par une dizaine de personnes. La clôture sera posée mi-octobre et l’enclos pourra accueillir entre 12 et 15 poules ainsi que deux lapins.

Au conseil municipal, démocratie participative, subventions et centre d’hébergement

Au conseil municipal, démocratie participative, subventions et centre d’hébergement
Chaises vides lors du conseil municipal du 12 décembre 2023.

L’ordre du jour du conseil municipal de septembre 2025 témoigne de l’approche de la fin du mandat. Période de réserve électorale oblige, il n’y a plus de nouveaux projets à voter. Mais la municipalité et son opposition auront tout de même de quoi débattre.

Le conseil municipal du 29 septembre 2025 prévoit d’aborder 52 points, presque tous techniques. Depuis le 1er septembre, la période de réserve électorale contraint la municipalité à ne plus lancer de nouveaux projets.

Le conseil doit débuter par l’étude du rapport de l’observatoire indépendant de la participation citoyenne. Composé de 20 habitant·es, les neufs membres restants de cet observatoire se sont formés aux principes de la démocratie participative pour servir d’aiguillon à la municipalité, laquelle avait placé la participation parmi les piliers de son action. Mais voilà : les gens ont autre chose à faire que penser la ville. Quand ils s’impliquent, c’est surtout pour s’opposer à un aménagement qui va bouleverser leur quotidien. Le bien public, l’intérêt commun, passe bien après. Manon Loisel et Nicolas Rio ont démontré cet échec dans leur ouvrage Pour en finir avec la démocratie participative. L’observatoire strasbourgeois a néanmoins formulé 18 recommandations aux élus strasbourgeois (voir ci-dessous).

Au chapitre de la culture, des sports, de la solidarité et de l’éducation, une série de subventions doivent être reconduites lors des points 3 à 31 à destination des structures partenaires de la Ville. Citons par exemple 610 000€ pour Artefacts, l’association qui pilote notamment la programmation de la Laiterie qui doit rouvrir en avril 2026, 464 345 euros pour le Festival Musica, 1,1 million d’euros pour le théâtre TJP, plus d’un million d’euros en deux marchés pour la SIG…

Au point 11, la Ville prévoit de nommer une série de rues et de places, en rendant hommage à des femmes dans la vaste majorité des cas. Ainsi, une rue Oum-Kalthoum, célèbre chanteuse égyptienne décédée en 1975, verra le jour à Hautepierre, un jardin Suzanne-Noël, médecin féministe décédée en 1954, sera inauguré à la Montagne Verte… La place de l’Étoile, devant le centre administratif, est renommée place Samuel-Paty-et-Dominique-Bernard, des noms de ces deux professeurs assassinés en 2020 et 2023 pour avoir enseigné et défendu les valeurs de la République.

Un centre d’hébergement temporaire

Le point 42 risque d’être retenu puisqu’il confère à Caritas la gestion d’un terrain à la Montagne Verte pour y installer un centre d’hébergement de demandeurs d’asile dans des bâtiments modulaires. Le projet, révélé par Rue89 Strasbourg, a provoqué de nombreuses réactions notamment parmi des riverains persuadés que ce centre provoquera plus d’insécurité dans le quartier.

Pierre Jakubowicz, conseiller municipal d’opposition (Horizons) et candidat aux élections municipales, a déposé quatre questions orales sur les pistes cyclables de l’Elsau et de l’avenue de Colmar, les projets immobiliers des Deux-Rives et de la place d’Islande et pour que soit amélioré l’accès aux documents administratifs. Il a en outre déposé une motion d’urgence pour que Strasbourg s’élève contre une possible suppression des trains de nuit franco-allemands.

Conseillère non-inscrite depuis septembre 2024, Soraya Ouldji propose à la maire de s’intéresser au divorce entre le Racing Club de Strasbourg et une partie de ses supporters les plus actifs (voir notre article). Dans une question d’actualité, elle propose que la Ville mette en place une instance de médiation.

Ce qu’ont fait les Écologistes à Strasbourg face à « l’urgence sociale »

Ce qu’ont fait les Écologistes à Strasbourg face à « l’urgence sociale »
Le camp de Krimmeri, au quartier de la Meinau, lors de son évacuation.

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En octobre, de la danse historique, une expo déter et des festivals éloignés

En octobre, de la danse historique, une expo déter et des festivals éloignés
Le Dance Marathon Express avec Kaori Ito au premier plan.

Alors que les jours raccourcissent et que le soleil s’éloigne, voici une sélection de sorties à Strasbourg et un peu plus loin pour ramener le soleil en vous.

Le marathon de danse de Kaori Ito

Au Japon, les onomatopées sont perçues comme un langage primitif. Kaori Ito, directrice du Théâtre TJP, s’empare du récit poétique Les pieds nus de lumières de Kenji Miyazawa, riche en onomatopées, pour évoquer l’amour fraternel et le sacrifice.

Sur scène, huit interprètes extravagant·es participent à un marathon de danse, qui va de la pop contemporaine des années 2000 jusqu’aux années 30, en passant par la City pop des eighties et le boogie-woogie d’après-guerre.

Une expo déter et féministe au Ceaac

L’exposition Hope for change. Hackney Flashers, de Londres à Strasbourg a été réalisée selon les principes de travail du collectif féministe britannique des Hackney Flashers. Dans les années 1970, ces militantes lièrent engagement social et production visuelle pour dévoiler dans l’espace public les conditions de vie et de travail des femmes du quartier populaire de Hackney.

L’exposition présentée au CEAAC s’en inspire pour interroger les conditions des femmes et des mères de Strasbourg de nos jours. Trois artistes-chercheuses ont été invitées : Claude Dugit-Gros, Julie Luzoir et Pascaline Morincôme. Leurs productions portent sur l’état de l’emploi des femmes strasbourgeoises, les politiques publiques en faveur des parents et les représentations visuelles et discursives des femmes.

L’énergie des quartiers populaires au Point d’Eau

Le Point d’Eau à Ostwald accueille toute la première semaine d’octobre une bonne partie du festival OQP, qui met à l’honneur des productions issues des quartiers populaires de Strasbourg et d’ailleurs avec du rap, du breakdance et du stand-up.

Shoot de tolérance avec les Sacrées journées

Dans cette période fracturée, il reste tout de même quelques personnes qui croient au dialogue, et même au dialogue interreligieux. Ils en ont fait un festival, Sacrées journées, qui depuis 13 ans permet à des juifs et des musulmans de se rencontrer dans des églises. Les organisateurs présentent ce festival comme un « acte de résistance culturelle et spirituelle, un pont entre les mondes, une célébration du vivre-ensemble par la musique et la danse ».

Près de 150 artistes issus d’une vingtaine de pays du globe sont attendus dans les lieux de culte strasbourgeois avec des rituels amérindiens, du jazz sacré, des chants musulmans soufis, des polyphonies occitanes, du baroque italien, des traditions juives et hindoues, mantras indiens…

Un festival exploratoire à Hemmersdorf

Pourquoi pas aller écouter de la musique à Hemmersdorf ? Dans ce village allemand sur la frontière, à 1h30 de route de Strasbourg, un festival expérimente depuis 2019 des mariages improbables, des sonorités nouvelles… « Por qué no ? » est le titre de l’édition 2025 du Hemmersdorf Pop Festival et effectivement, pourquoi pas ?

Parmi la programmation 2025, citons Sofi Paez, mélancolie latino-américaine et sonorités d’avant-garde berlinoises, Yana et ses mondes néo-classiques intimes au piano, violoncelle et violon, Anushka Chkheidze, de la musique électronique minimaliste et poétique ou Xixa, de la cumbia psychédélique d’Arizona…

C’est pas très loin dans la vallée…

À Sainte-Marie-aux-Mines, le festival C’est dans la vallée, s’installe pour sa 16e édition du 9 au 12 octobre. Organisé par la compagnie de Rodolphe Burger, l’édition 2025 explore le Dreyeckland, ce territoire du sud de l’Alsace qui englobe une partie de l’Allemagne et de la Suisse, et les années 70. Le festival mixe les expositions, les rencontres, le théâtre et les concerts et propose parfois tout en même temps, avec souvent Rodolphe Burger dedans… La programmation est toujours subtile et l’ambiance chaleureuse comme le démontre cette captation d’un concert de 2023.

Magistrale reprise d’Eisbär par Rodolphe Burger, Olivier Cadiot et Stephan Eicher et on peut aussi écouter cette reprise de Radioactivity de Kraftwerk en 2013.

Le blues US de Loner Deer au Blue note

Le musicien strasbourgeois Loner Deer chante un country-folk américain appuyé, quelque chose entre Johnny Cash et JJ Cale. Il est très suivi sur Youtube et les plateformes d’écoute mais plutôt rare en concert. C’est en train de changer et il vaut mieux en profiter tant qu’il est accessible dans de petites salles.

Florian Hueber de son vrai nom compose lui-même ses morceaux, des histoires de cœurs égarés et d’horizons lointains qui font mouche. Loner Deer sort le 10 octobre son deuxième album, Great Mullein. Pour son concert au Blue note, Loner Deer sera précédé de The Wooden Wolf, ce qui fera deux chanteurs solitaires au même endroit. Le début d’un club ?

#Point d'eau

À Koenigshoffen, une caisse d’alimentation pour financer le droit à bien manger

À Koenigshoffen, une caisse d’alimentation pour financer le droit à bien manger

Samedi 27 septembre, la Caisse d’alimentation de Koenigshoffen-Est a été inaugurée par l’association « Pour une Sécurité sociale de l’alimentation ». Vingt habitants du quartier vont expérimenter pendant un an un dispositif pour rendre le bien manger accessible et faire vivre la démocratie alimentaire.

Samedi 27 septembre, dans la salle qui jouxte la tour du Schloessel, une quarantaine de personnes se sont rassemblées pour le lancement de la Caisse d’alimentation de Koenigshoffen-Est. Les membres de l’association « Pour une Sécurité sociale de l’alimentation – Alsace » et des habitants du quartier ont échangé sur ce projet autour de plats partagés.

« Nous ne faisons pas de l’aide alimentaire, insiste Léa Staraselski, salariée de l’association, entre deux bouchées de börek :

« La caisse d’alimentation est faite pour que les habitants choisissent ce qu’ils veulent manger. Ce que nous défendons, c’est un droit : celui de décider collectivement de notre alimentation. »

Une caisse et un marché pour changer les habitudes alimentaires

Pendant un an, vingt habitants volontaires du quartier vont recevoir 100 euros par mois à dépenser dans un réseau de commerces partenaires. Une enveloppe financée par l’État ainsi que par des cotisations des membres. En échange, les participants s’engagent à prendre part à des temps collectifs mensuels pour réfléchir à l’évolution du projet. L’idée est de construire pas à pas une mutuelle alimentaire à l’échelle locale. À noter que l’ingénierie et le développement de projet sont financés entre autres par la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg, l’Europe et la Banque des Territoires.

Cette caisse est directement liée à un marché hebdomadaire pensé par les habitants et facilité par l’association. Il a été inauguré jeudi 25 septembre. Chaque jeudi après-midi, de 15h à 19h, des producteurs locaux, boulangers, bouchers, traiteurs ou encore un food-truck végétal s’installent au cœur du quartier, rue Lothaire, aux côtés d’associations. Ce marché est destiné à devenir un lieu de vie, tout en favorisant l’accès à une nourriture de qualité.

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Emmanuel Fernandes : « réguler la multipropriété parce que le Racing est bien plus qu’une entreprise »

Emmanuel Fernandes : « réguler la multipropriété parce que le Racing est bien plus qu’une entreprise »
Une démonstration des supporters du RCSA contre Lens en août 2019.

Député de la 2e circonscription du Bas-Rhin, où se trouve la Meinau, Emmanuel Fernandes (LFI) appelle à soutenir un projet de loi déposé par La France insoumise contre la multipropriété dans le football professionnel.

Les bons résultats du Racing Club de Strasbourg Alsace, qui sont le fruit du travail exceptionnel des joueurs et du staff, ne suffisent pas à masquer les tensions entre ultras et dirigeants. La polémique autour du cas Emmanuel Emegha, capitaine du club qui a annoncé son départ pour la maison mère Chelsea en juin 2026 dès septembre 2025, en portant le maillot de son futur club, a été la goutte d’eau qui a envenimé un conflit latent. Cette situation de tension nous offre une occasion unique : celle d’avoir un débat constructif autour de la multipropriété dans le football et de réfléchir à ce qu’est réellement devenu un club de football aujourd’hui.

Un club de football est bien plus qu’une simple entreprise : c’est un outil de rayonnement régional, c’est un héritage local, mais aussi une passion qui se transmet entre générations. À Strasbourg plus qu’ailleurs, ce sont des passionnés, ancrés profondément dans le territoire, qui ont permis au club de renaître de ses cendres.

La multi-propriété, quintessence de la financiarisation du sport

C’est pourquoi, malgré les bons résultats sportifs, le rôle d’un responsable politique attaché à l’intérêt général consiste à regarder au-delà de l’euphorie du moment. Le modèle économique sur lequel repose le succès du Racing, celui de la multipropriété (en anglais multi-club ownership ou MCO), se répand comme une traînée de poudre dans le football français et européen. Ce système est la quintessence de la financiarisation du sport, qui doit nous interroger collectivement.

Le Racing, via son appartenance à la galaxie BlueCo, n’est pas un cas isolé. Sont concernés des clubs historiques comme Lyon, Bordeaux ou encore Nice. Partout, des fonds d’investissement tissent leur toile, transformant nos clubs en actifs financiers au sein de portefeuilles mondialisés. Ce système porte en lui des risques et des dérives que nous ne pouvons ignorer.

Il suffit de regarder la situation de l’Olympique lyonnais, immense club du football français, qui a frôlé la catastrophe et la faillite il y a quelques semaines. Le montage financier complexe de son propriétaire, Eagle Football, qui a utilisé l’Olympique Lyonnais pour transférer un maximum d’actifs vers un club tiers basé au Brésil, a placé le club au bord du gouffre. Cet exemple doit nous servir d’avertissement : l’objectif de la multipropriété n’est aucunement sportif, il est presque toujours tourné vers la recherche de profits rapides et importants, à court-terme.

Clubs sacrifiés pour des intérêts financiers

Dans un système financiarisé et sans aucune régulation, comme celui du foot français, personne ne peut empêcher un groupe de se désengager et de démanteler un club, qui se retrouve alors sacrifié sur l’autel d’intérêts purement financiers.

Il est à noter que la multipropriété (ou MCO) n’est que la dernière étape d’une mondialisation et d’une financiarisation sans limite du football, qui a fait perdre l’essence même de ce qu’est le sport. Déjà le Qatar, en 2011, avait fortement déstabilisé le football français avec ses apports de pétrodollars pour constituer artificiellement le meilleur club sur la scène nationale. En 2008, c’était les Emiratis qui achetaient Manchester City pour en faire la tête de pont de leur stratégie de soft-power. Et comment oublier l’arrivée de Roman Abramovitch, premier grand magnat à investir sans limites pour faire de Chelsea une place forte du football anglais ?

Alors évidemment, le MCO n’est que la conclusion de ce phénomène de dérive profonde du “foot-business”, où face à la puissance financière quasi illimitée de ces clubs détenus par des États ou des magnats ultra-fortunés, nos équipes historiques sont poussées dans les bras d’investisseurs, simplement pour pouvoir exister.

Une fois ce constat fait, nous ne pouvons rester les spectateurs passifs de cette transformation qui éloigne le football de ses supporters et de ses racines. Car la multipropriété pose une question fondamentale : à qui appartiennent vraiment ces clubs ?

Quelle garantie que le Racing ne sera pas un outil jetable ?

Quelle est la garantie que le Racing Club de Strasbourg Alsace, par exemple, qui est déjà considéré comme une sorte de filiale de sa maison-mère Chelsea, ne deviendra pas, à terme, un simple outil jetable ? Souhaitons-nous avoir dans le football français d’autres cas funestes comme les Girondins de Bordeaux, dont le propriétaire emprunte à des taux usuriers simplement pour acheter et posséder une myriade de clubs dans l’optique de gagner de l’argent avec une stratégie bancale de trading de joueurs ?
Enfin, comment pouvons-nous savoir où va réellement l’argent du football ? Une récente enquête de Romain Molina a par exemple démontré que les bénéficiaires effectifs de BlueCo, une fois remontée la chaîne de sociétés écrans qui possèdent le club de Strasbourg, sont situés aux Îles Caïmans, pays qui pratique l’anonymisation des actionnaires et l’évasion fiscale.

Ces questions relèvent de la lutte contre les dérives financières et nous imposent, en tant que législateur, de faire évoluer la loi pour encadrer ce phénomène de la multipropriété des clubs sportifs.

C’est pourquoi j’ai co-signé et je soutiens avec force la proposition de loi transpartisane, portée notamment par mon collègue député insoumis Éric Coquerel, visant à réguler la multipropriété. Il ne s’agit pas de fermer la porte aux investisseurs, mais de fixer des règles claires pour protéger notre patrimoine sportif et éviter les dérives financières et les catastrophes économiques qui s’ensuivent, malheureusement, trop souvent.

Aussi, cette proposition de loi contient des mesures justes et équilibrées, telles que :

    imposer une transparence totale sur l’identité des propriétaires réels, renforcer le rôle de la DNCG (Direction nationale du contrôle de gestion), le gendarme financier du football français, interdire pour un même actionnaire de contrôler plusieurs clubs susceptibles de s’affronter, afin de garantir l’équité et l’intégrité des championnats et des compétitions.

Soutenir cette loi, ce n’est pas attaquer le Racing Club de Strasbourg Alsace, ni même ses dirigeants actuels. C’est au contraire protéger les clubs d’une dérive nocive qui a déjà démarré. C’est garantir qu’une stratégie sportive, décidée localement, sera toujours la priorité.

Emmanuel Fernandes

La famille Mack met la pression sur les élus alsaciens pour Europa Vallée

La famille Mack met la pression sur les élus alsaciens pour Europa Vallée
Le projet Europa Vallée consiste à construire un complexe hôtelier en Alsace qui pourrait être relié par un réseau de transport encore inconnu, à Europa-Park en Allemagne.

Cinq ans après nos révélations sur le projet Europa Vallée, la famille Mack, propriétaire d’Europa-Park, confirme qu’elle souhaite construire un complexe hôtelier en Alsace centrale. Des associations de défense de l’environnement réitèrent leur opposition à ce projet qui artificialiserait des centaines d’hectares de terres.

Le projet de complexe hôtelier en Alsace centrale Europa Vallée est « quasiment prêt » selon des déclarations de la famille Mack recueillies par les Dernières Nouvelles d’Alsace. Lors d’une rencontre au siège français de la société Mack One à Plobsheim, déjà construit sur des terres naturelles autrefois protégées, Michael Mack, directeur associé d’Europa-Park, a demandé aux élus alsaciens d’afficher « une volonté politique claire ».

Au-delà du message envoyé aux élus alsaciens qui doivent se présenter devant les électeurs en mars, cette clarification est bienvenue puisque la famille Mack préférait jusqu’à présent faire avancer ce projet loin de la sphère publique. Lorsque Rue89 Strasbourg a révélé l’existence de ce projet en 2020, les institutions et la famille Mack avaient préféré garder le silence…

Un complexe hôtelier en plein Ried

Et pour cause. Europa Vallée est un complexe touristique avec un village de loisirs, des unités hôtelières et une liaison de transports vers Europa-Park, le tout sur 150 hectares de terres agricoles alsaciennes. Michael Mack confirme que le complexe est envisagé « près de Diebolsheim » mais ne précise pas l’étendue exacte du terrain alloué.

À l’époque, le projet avait déjà suscité de vives réactions de la part des acteurs territoriaux. Le Chaudron des Alternatives avait participé à une manifestation en juillet 2022 devant la mairie de Rhinau, des habitants alertaient sur l’engorgement du réseau routier départemental ou encore des associations de défense de l’environnement comme Alsace Nature qui dénonçaient l’impact environnemental de tels travaux. Ces avis ont été récoltés lors de l’étude de l’Agence de développement d’Alsace (Adira) de 2020, publiée en février 2023. Ces points de crispation n’ont pas débouché sur l’abandon ou la révision du projet dans la mesure où l’entièreté du rapport n’a pas été rendue publique.

Comme pour Mack One à Plobsheim, la famille Mack assure qu’Europa Vallée sera « écologique » et que le projet affichera un « grand respect de la nature ». Michael Mack fait miroiter l’idée qu’Europa Vallée a été pensé comme « un espace vert, du beau, du calme, avec peut-être des sports de plein air, des attractions familiales, intégrées à la nature ». Une déclaration qui fait réagir Alsace Nature dans un communiqué diffusé le 25 septembre 2025, rédigé en commun avec le Conservatoire d’espaces naturels d’Alsace et la Ligue pour la protection des oiseaux d’Alsace. Le texte urge de « laisser ces espaces tranquilles, préserver ce qui en reste et arrêter de vouloir les transformer ».

Une artificialisation inexorable

Situé au bord du Rhin, entre Strasbourg et Colmar, le Grand Ried d’Alsace constitue « un patrimoine naturel d’une valeur inestimable » rappelle Alsace Nature dans son communiqué. Or le projet Europa Vallée envahirait ces zones naturelles. Michèle Grosjean, présidente d’Alsace Nature, alerte sur les dangers de la construction d’un tel complexe :

« Le Ried, c’est un espace avec des oiseaux et toutes sortes de faune et de flore. Si on artificialise les sols, on détruit les habitats naturels et on empêche le bon écoulement de l’eau. Le courlis, par exemple, est un oiseau emblématique du Ried qui niche au sol. Il a besoin de tranquillité et d’être protégé. Avec les travaux, il ne pourra plus s’implanter dans ce genre d’espace, ce sera terminé. Il faut arrêter de détruire, construire par dessus et d’inventer après un respect de l’environnement, ça ne marche pas comme ça. »

Alsace Nature espère que les élus sauront résister à la pression de la famille Mack. Selon Michèle Grosjean, la plupart des maires des communes concernées étaient « plutôt défavorables » au projet lors des travaux de préparation. Elle compte sur eux pour ne pas changer de position alors que la révision du Schéma de cohérence territorial de la région de Strasbourg (Scoters) est en phase d’enquête publique jusqu’au 30 septembre. Le communiqué d’Alsace Nature s’adresse directement aux élus : « Puisque la famille Mack appelle à la volonté politique des élus français, nous, associations de citoyens, vous demandons de choisir de protéger le Ried. »

#Diebolsheim

Les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne menacés

Les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne menacés
Mobilisation du 12 décembre 2023, à Gare de l’Est à Paris à l’occasion du lancement du train de nuit Paris-Berlin.

L’association Oui au train de nuit a organisé un rassemblement vendredi 26 septembre à la Gare de l’Est de Paris pour dénoncer le risque de suppression des trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne. Une décision qui impacterait fortement le réseau ferroviaire nocturne déjà peu investi.

Les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne, qui passent par Strasbourg, risquent d’être supprimés en décembre 2025. L’État envisage la fin d’une subvention de plusieurs millions d’euros versée à la SNCF pour ce dispositif. L’association Oui au train de nuit a organisé un rassemblement vendredi 26 septembre à 18h à la Gare de l’Est de Paris pour inciter les opérateurs ferroviaires, l’État et l’Union européenne à réagir. « Il n’est pas acceptable que les deux seuls trains de nuit internationaux qui desservent la France à l’année disparaissent », dénonce-t-elle dans un communiqué. Une mobilisation simultanée a eu lieu à Berlin.

Lancées en décembre 2023 pour Berlin et en décembre 2021 pour Vienne, les deux lignes de nuit internationales sont pourtant fréquentées. L’association Oui au train de nuit compte près de 66 000 voyageurs transportés en 2024. Sur la même année, le Réseau action climat estime à plus d’un million le nombre d’usagers des trains de nuit en France.

Une offre encore trop restreinte

Avec seulement trois départs par semaine sur les lignes Paris-Berlin et Paris-Vienne, les opérateurs ferroviaires n’ont pas respecté leur promesse, dénonce Nicolas Forien, membre du collectif Oui au train de nuit :

« La SNCF, l’ÖBB autrichienne et la Deutsche Bahn allemande avaient promis que les trains de nuit seraient quotidiens à l’automne 2024 et ça n’a toujours pas été mis en place. À les croire, personne n’est responsable, ils se renvoient la balle. On veut que l’État leur mette un peu la pression en jouant sur les subventions pour que la desserte devienne quotidienne. »

En juillet 2020, Emmanuel Macron annonçait vouloir « relancer les trains de nuit » en créant une dizaine de lignes d’ici 2030. Désormais, au départ de Paris, il est possible de rejoindre Nice, Lourdes, Aurillac, Toulouse ou encore Tarbes de nuit. Dans un rapport publié en juin 2025, le Réseau action climat reconnaît que la « volonté politique a été au rendez-vous en 2020 » mais qu’elle doit désormais « changer d’échelle ». Notamment en renforçant les liaisons européennes et en s’affranchissant de Paris. Un constat que partage Nicolas Forien de l’association Oui au train de nuit :

« Les décideurs ont une vision trop parisienne des liaisons ferroviaires. Il n’y a plus aucune ligne transversale qui relierait Bordeaux à Nice par exemple. Actuellement en train de jour, ça prend 9 heures et avec des correspondances. Ça n’encourage pas à prendre le train. »

Strasbourg, le centre névralgique des lignes ferroviaires du Grand Est, proposées en 2019 par le collectif Oui au train de nuit, à l’horizon 2030. Photo : Collectif Oui au train de nuit

La concurrence déloyale de l’avion

Dans son communiqué, le collectif Oui au train de nuit accuse l’Union européenne de favoriser les déplacements par avion au détriment d’une solution « alternative plus vertueuse ». Selon le Réseau action climat, les vols internationaux sont exonérés de taxe sur le kerozène et profitent d’un taux de TVA à 0%. Résultat : les prix des billets d’avion défient toute concurrence. Nicolas Forien et son association dénoncent ces « niches fiscales » qui bénéficient à l’aérien :

« Ces exonérations fiscales s’apparentent à une sorte de subvention de l’Union européenne qui favorise massivement l’avion. Autrement dit, le mode de transport le plus polluant. Alors que le train de nuit reste l’alternative la plus écologique pour voyager en Europe. Mais tant qu’il existe des billets d’avion à 20€ pour des lignes européennes ou internationales, le train ne pourra pas rivaliser. »

Le collectif Oui au train de nuit a lancé une pétition à destination d’Emmanuel Macron et de Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF pour « sauver les trains de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne ».

Le coup de pouce de Thibaud Philipps pour loger sa grande tante chez Habitat de l’Ill

Le coup de pouce de Thibaud Philipps pour loger sa grande tante chez Habitat de l’Ill
Le maire d’Illkirch-Graffenstaden jure d’abord qu’il n’est pas intervenu dans le dossier de sa grande tante. Il admet ensuite avoir simplement transmis son dossier à Habitat de l’Ill…

Le maire d’Illkirch-Graffenstaden, Thibaud Philipps (Les Républicains), a transmis une demande de logement de sa grand-tante auprès de Habitat de l’Ill à une commission d’attribution dominée par sa municipalité. Un procédé qui a permis d’accélérer la procédure.

Quand on cherche un logement social, avoir un petit-neveu maire peut permettre de régler l’affaire plus rapidement. C’est l’histoire de la grand-tante de Thibaud Philipps (Les Républicains), à la tête de la Ville d’Illkirch-Graffenstaden depuis 2020. En janvier 2021, Marie-Alice dépose une demande de logement auprès de Habitat de l’Ill. Le bailleur social est alors présidé par le maire d’Illkirch-Graffenstaden. Au conseil d’administration de la coopérative siège une majorité d’élus de la municipalité. Quant à la commission d’attribution de logements, elle est même entièrement composée d’élus de la Ville d’Illkirch.

Dans un tel contexte, l’obtention d’un appartement T2 à Illkirch-Graffenstaden par la sœur du grand-père du maire a de quoi susciter les suspicions. Révélée par Le Canard Enchainé, il avait déclaré dans les colonnes du Palmipède : « Je ne suis pas intervenu ». Cette affirmation est infirmée par un document obtenu par Rue89 Strasbourg.

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Censurés par le Racing, des centaines de supporters se battent pour leur liberté d’expression

Censurés par le Racing, des centaines de supporters se battent pour leur liberté d’expression
Les associations de supporters les plus ferventes s’opposent au modèle de la multipropriété depuis le rachat du club par BlueCo, qui détient également le Chelsea FC.

Suite aux mesures de surveillance et de censure annoncées par le Racing club de Strasbourg, quatre associations de supporters ont réagi pour la première fois publiquement jeudi 25 septembre. Elles dénoncent une grave atteinte à leur liberté d’expression.

« C’est un exercice rare pour nous. Notre vocation est d’animer une tribune, pas de faire des points presse », commence Alexandre, porte parole de la Fédération des supporters jeudi 25 septembre. Mais l’heure est grave pour ces fans engagés « pour un Racing indépendant, populaire et différent ». C’est leur première expression publique depuis l’annonce de mesures de censure et de surveillance par le président du club Marc Keller. Elles faisaient suite à des banderoles déployées lors du match contre Le Havre le 14 septembre. Alexandre rappelle :

« Ces banderoles posent des questions légitimes. On peut juger qu’elles sont provocatrices. Nous ne le trouvons pas. Elles relèvent de l’exercice normal de notre droit à la libre expression. […] Nous avons le sentiment que ce qu’on nous reproche, c’est un délit d’opinion, contre la multipropriété dans le football. »

Alexandre, porte-parole de la Fédération des supporters.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

« Marc Keller n’est plus qu’un communicant de BlueCo »

Communiqué de quatre associations de supporters du RCSA

Tout a commencé avec la publication d’un communiqué signé par quatre associations, dont les ultras qui mènent les chants lors des matchs au stade de la Meinau. Les UB90, le Kop Ciel et Blanc, la Pariser Section et la Fédération des supporters du Racing comptent déjà 1 539 membres pour la saison 2025-2026, dont 800 chez les UB90. Mi-septembre, ils dénonçaient à nouveau le rachat du club par BlueCo, un consortium d’investisseurs américains aussi propriétaire du Chelsea FC. Dans leur déclaration, les supporters suggéraient le départ du président : « Marc Keller n’est plus maître des décisions de ce club qu’il avait su rebâtir avec des bases solides. Aujourd’hui il n’est plus qu’un communicant chargé de défendre la politique de BlueCo. »

Lors du match contre Le Havre le même jour, les UB90 brandissaient une banderole qui allait déclencher une intense polémique : « Marc Keller, merci pour cette décennie dorée, il est temps de s’en aller ! » Une autre bannière de la même association demandait à un joueur, Emmanuel Emegha, de « rendre son brassard » de capitaine parce qu’il a déjà annoncé son départ et posé avec le maillot de Chelsea, le club phare de BlueCo.

« On n’a enfreint aucune ligne rouge »

« Est-ce qu’on a le droit de se questionner sur de telles pratiques ? », fait mine de questionner Alexandre. Puis il continue : « C’est très soft. On n’a enfreint aucune ligne rouge, aucune loi. » Mais visiblement, pour certains, c’était déjà trop. Sur les réseaux sociaux, la banderole suscite des centaines de commentaires d’autres supporters du Racing. Certains profèrent des insultes contre les ultras. D’autres vont jusqu’à demander des interdictions de stade contre ces associations qui organisent pourtant bénévolement, depuis de longues années, diverses animations à Strasbourg ainsi que des déplacements dans toute la France.

Suite au match, la banderole continue de susciter des réactions jusqu’aux notables locaux. Des personnalités des milieux économiques et politiques signent une tribune de soutien à Marc Keller. Jeanne Barseghian, la maire écologiste de Strasbourg, en fait partie. Elle n’a pas répondu à Rue89 Strasbourg sur ce qui l’a poussée à prendre cette décision.

Des bénévoles passionnés, attaqués de toutes parts

« Les banderoles ont été déployées uniquement par les UB90, et c’est les quatre associations qui sont ciblées », remarque Alexandre :

« Même si nous sommes tous solidaires des messages, cela interroge. C’est pour avoir signé le communiqué que nous sommes pénalisés ? Nous ne le savons même pas. Ils nous ont juste envoyé un mail avec la liste des mesures, en disant que c’était pour “notre comportement inacceptable”. C’est très flou. Nous avons proposé un échange au club mais il a refusé. »

Parmi les sept mesures, le club impose le contrôle de toutes les banderoles déployées, une escorte par la sécurité pour l’accès à leurs locaux dans le stade ou encore l’installation d’agents de sécurité à leur niveau dans la tribune. Alexandre se dit particulièrement choqué par ce tournant. « Nous sommes des supporters très engagés. Ils nous frappent dans notre vie », confie-t-il :

« Nous avions un partenariat étroit depuis le dépôt de bilan du club en 2011. Nous avons continué à encourager le Racing en toutes circonstances. Nous nous rendions service mutuellement. Si on en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce aux supporters. Pour révoquer tout ça, ils nous ont envoyés un simple courriel. »

« La liberté d’expression est un droit, pas un privilège »

Après ce courriel de la direction du RCSA, le premier contact entre le club et les supporters ultras a eu lieu lors du déplacement pour le match contre le Paris FC le 21 septembre. « Nous, les UB90, avions affrété deux bus », relate Maxime, vice-président des UB90. Il y avait aussi un bus du Kop Ciel et Blanc, et un autre du CCS (une autre association, NDLR). « Nous avons eu droit à une fouille de la police à notre arrivée, une deuxième fouille de la sécurité du stade, et à des contrôles d’identité par des agents de sécurité du Racing. On pense que ce n’est même pas légal. » Sollicité pour discuter de ces mesures, le club n’a pas répondu au moment de publier cet article.

De nombreux journalistes étaient présents pour la conférence de presse organisée par les associations de supporters jeudi 25 septembre.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Dans le même temps, des banderoles de soutien aux supporters strasbourgeois ont été déployées dans plusieurs tribunes en France le week-end du 20 septembre. « Multipropriété : gangrène du football. Soutien aux UB90 », à Lyon. « La réussite éphémère aveugle le grand public. Des clubs courent à leur perte. Non à la multipropriété », à Saint-Etienne. « La multipropriété est l’ennemie du football français », à Marseille.

Lundi 22 septembre, une centaine de supporters représentant les quatre associations se sont réunies pour discuter de l’attitude à adopter, notamment pour le match contre l’Olympique de Marseille (OM) le 26 septembre. « On veut que tout se passe bien. Donc on va jouer l’apaisement et respecter les dispositions prises par le club. Même si on ne les cautionne pas et qu’on demande leur suspension », explique Maxime :

« On ne sait pas encore vraiment ce qui peut être accepté par le comité de censure, mais voilà les banderoles qu’on va présenter : “Pour un Racing indépendant, populaire et différent” et “La liberté d’expression est un droit, pas un privilège”. Mais ce n’est pas en procédant brutalement, en nous intimidant, qu’ils vont obtenir qu’on chante pendant tout le match. Cela entérinerait que leur répression fonctionne. »

Silence contre l’OM

Les associations ne chantent plus pendant le premier quart d’heure des matchs depuis l’été 2024, pour manifester contre BlueCo. Face à l’OM, elles prévoient de rester silencieuses tout le match. « Nous lançons un ultime appel à la présidence, pour qu’ils fassent un pas vers nous. Alors nous pourrions peut-être changer d’avis, estime Maxime. Mais pour l’instant, nous n’avons pas le cœur à nous défoncer les cordes vocales. Aux autres supporters qui demandent notre dissolution et qui veulent en même temps qu’on chante pendant 90 minutes, on ne leur interdit pas d’encourager l’équipe eux-mêmes. »

Pour sortir de cette crise, les associations de supporters demandent que la présidence « se rapproche d’eux ». « Nous avons toujours été dans le dialogue, nous souhaitons l’apaisement, assure Alexandre. On pourrait imaginer que ça se calme après un retrait des mesures, et des engagements concrets pour ne pas être dans une forme de multipropriété aussi agressive. On aimerait aussi un dialogue avec les propriétaires. »

« Marc Keller nous avait promis en 2023 qu’ils souhaitaient nous rencontrer », abonde Maxime :

« On a re-sollicité cet échange à de nombreuses reprises mais il n’a jamais eu lieu. En avril dernier, un rendez-vous était enfin prévu avec Behdad Eghbali (l’un des actionnaires majeurs de BlueCo, NDLR). Il est arrivé avec 1h15 de retard et nous n’avons pu parler que 10 minutes. Nous n’avons pas réellement discuté. »

Proposition de loi contre la multipropriété

Quoiqu’il arrive, ces associations de supporters continueront leur engagement contre « la financiarisation du football ». Ce ne sont pas les rares prises de parole de Behdad Eghbali qui vont les rassurer. Ce dernier considère par exemple que le sport européen à 20 ans de retard sur le sport américain. « Dans le sport américain, souvent il n’y a pas de système de relégation et de montée, ce sont des ligues fermées », déplore Alexandre. Les clubs doivent acheter leur place pour participer au championnat. « Nous sommes pour l’équité et l’éthique sportive. On a toujours combattu le foot business et on continuera à le faire », prévient-il.

Maxime, vice-président des UB90.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Les supporters rappellent que des dispositifs existent pour lutter contre les prises de pouvoir d’investisseurs comme c’est le cas au Racing. En Allemagne, les clubs sont des associations dont les supporters peuvent être membres. Et ces associations doivent détenir 50% des parts plus une voix minimum. Cela empêche que des propriétaires prennent le contrôle. Des associations de supporters participent ainsi aux décisions puisqu’elles sont membres du club. Par ailleurs, le député La France insoumise Éric Coquerel a déposé une proposition de loi visant à interdire la multipropriété des clubs de football. Elle est soutenue par des députés de plusieurs partis, y compris de droite, et pourrait être présentée à l’Assemblée nationale fin 2025 ou début 2026.

S’Cargo lance un financement participatif pour trois nouveaux vélos-cargos électriques

S’Cargo lance un financement participatif pour trois nouveaux vélos-cargos électriques
Les vélos cargo électriques sont les plus réservés par les quelque 150 adhérents de S’Cargo.

L’association S’Cargo a lancé un financement participatif pour acquérir trois nouveaux vélos-cargos électriques. L’objectif du collectif : rendre ces vélos multi-usages accessibles à tous.

« Promène n’importe qui, transporte n’importe quoi. » Depuis le printemps 2024, l’association S’Cargo propose à ses adhérents d’emprunter des vélos cargo dans l’Eurométropole pour transporter ses enfants, faire ses courses, ou déménager. Jusqu’au 12 octobre, elle lance un financement participatif pour agrandir sa flotte de trois nouveaux vélos électriques.

L’objectif est d’atteindre 15 000€ pour acheter trois biporteurs ou triporteurs d’occasion, les réparer, les faire décorer par des artistes locaux, puis y intégrer un système électrique. Fanny Laemmel, responsable de projet à S’Cargo, fait le point sur la campagne de financement :

« Nous avons choisi de lancer cette campagne sur la plateforme alsacienne Okoté. L’avantage, c’est qu’à chaque euro récolté, l’Eurométropole verse un euro et les entreprises partenaires aussi. Donc avec 5 000€ de dons citoyens, on atteint l’objectif de 15 000€. Pour l’instant, on a récolté près de 9 000€ depuis le début du mois de septembre, on est très content. »

« Le bon pote qui t’aide à déménager »

Fidel Cargo, Brigitte Cargo ou encore Cargoline de Monaco… Au total, 17 vélos-cargos sont déjà disponibles dans plusieurs quartiers et communes de l’Eurométropole. Fanny Laemmel rappelle les multiples usages possibles :

« Chaque vélo est personnalisé et a son petit nom. C’est le bon pote qui t’aide à déménager, à te déplacer avec tes enfants, ou à transporter ton chien. On reçoit des photos d’adhérents qui l’utilisent pour aller au marché, à la déchetterie ou faire leurs courses en Allemagne.« 

Pour les emprunter, une adhésion à l’année au tarif de 45€, ou 15€ en tarif solidaire, est demandée. Il est ensuite possible de réserver gratuitement son vélo cargo en ligne pour une durée de trois jours, sans déposer de caution.

Une parade à vélo cargo, le 28 septembre

Parallèlement, l’association S’Cargo organise une parade à vélo-cargo, le dimanche 28 septembre, dans le cadre de la journée « Sans voiture Simone ». Le rendez-vous est donné à 11h au parc de Heyritz, devant le Rowing Club, à Strasbourg. L’arrivée est prévue vers midi à l’événement « Sans voiture Simone », place d’Ostwald, à Strasbourg – Montagne Verte.

Paul Meyer et Nawel Rafik-Elmrini se lancent au centre-gauche

Paul Meyer et Nawel Rafik-Elmrini se lancent au centre-gauche
Paul Meyer assure qu’on ne le retrouvera pas sur une liste de droite cette fois-ci…

Anciens adjoints du maire Roland Ries, Paul Meyer et Nawel Rafik-Elmrini se lancent dans la campagne des élections municipales avec un mouvement appelé « Réconcilier Strasbourg ». L’objectif est de créer une dynamique au centre-gauche, un espace politique pourtant déjà saturé.

« Je ne pensais pas revenir en politique ». Rencontré dans un café strasbourgeois fin septembre, Paul Meyer revient sur ses années loin des projecteurs médiatiques. Issu du Parti socialiste dont il a été secrétaire général jeunes, adjoint du maire de Strasbourg Roland Ries en 2014, il s’était échappé de la politique en 2020 après s’être retrouvé sur une liste d’union menée par le macroniste Alain Fontanel et Jean-Philippe Vetter (Les Républicains). « J’avais fait le tour », dit-il.

Une ville fracturée

Mais apparemment pas tout à fait. Paul Meyer revient après avoir été consultant en « relations publiques, communication et transition environnementale des territoires » après la victoire des écologistes en 2020. « Je pensais qu’ils réussiraient quand même à mener quelques chantiers », se remémore l’ancien adjoint au maire.

Mais non, à ses yeux, les écologistes ont tout raté. Mais surtout, Jeanne Barseghian et ses alliés ont « fracturé la ville » :

« À force de dogmatisme, de tout vouloir conflictualiser, on en arrive à ce qu’il n’y ait pas de tram vers Schiltigheim, pas de piste cyclable ! Cette méthode qui consiste à prouver qu’on est de gauche en faisant crier la droite est détestable. »

« Le tournant social et populaire, je l’attends toujours. »

Paul Meyer, cofondateur du mouvement « Réconcilier Strasbourg »

Ces arguments ne sont pas nouveaux dans le débat public. Ils sont répétés inlassablement par l’opposition au conseil municipal, dont Jean-Philippe Vetter, Pierre Jakubowicz (Horizons) et Catherine Trautmann (Parti socialiste). Pourtant, Paul Meyer l’assure, son engagement d’aujourd’hui est résolument « social-démocrate, pour une gauche populaire ». Aucun risque qu’on le retrouve à nouveau dans une liste de droite :

« Le tournant social et populaire, je l’attends toujours. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les critiques envoyés par des élus de la majorité réunis au sein d’un “bloc de gauche” après cinq ans de mandat ! À l’époque de Roland Ries, si nous avions expulsé les sans-abris des camps comme Jeanne Barseghian l’a fait, notre majorité aurait explosé. »

« La question des étiquettes n’est pas mon problème »

C’est donc à gauche que Paul Meyer veut rassembler, avec Nawel Rafik-Elmrini et tous ceux et celles qui rejoignent son mouvement « Réconcilier Strasbourg ». À gauche mais évidemment pas avec les Écologistes mais pas non plus avec La France insoumise, que Paul Meyer range dans le même camp des élus conflictuels. Avec les Socialistes ? Ce sera compliqué dans la mesure ou Paul Meyer en a claqué la porte pour mener son aventure personnelle…

« La question des étiquettes n’est pas mon problème », évacue l’ancien élu. « Avec Nawel, nous mettons en place notre plateforme. Nous faisons nos propositions (voir plus bas) et nous rejoint qui veut et qui se reconnait dans ce que nous proposons. Nous sommes libres et nous nous donnons les moyens d’aller jusqu’au bout. »

Paul Meyer et Nawel Rafik-Elmrini en campagne au Forum des associations.Photo : Réconcilier Strasbourg / Facebook

Cette candidature au centre gauche devra tout de même se faire une place dans un créneau déjà bien occupé. Outre les Socialistes probablement emmenés par l’ancienne maire de Strasbourg Catherine Trautmann, on y trouve Thibaut Vinci avec le Parti radical de gauche, l’ancienne adjointe de Roland Ries Chantal Cutajar et Citoyens engagés, sans compter Place publique et Génération.s qui devraient partir en coalition avec les Écologistes.

À Strasbourg, l’État crée une tension alimentaire pour les migrants et les SDF

À Strasbourg, l’État crée une tension alimentaire pour les migrants et les SDF
Plusieurs centaines de personnes ont besoin d’une distribution alimentaire chaque jour à Strasbourg, en septembre 2025.

La préfecture ne fournit quasiment plus de repas aux demandeurs d’asile depuis le 1er septembre. Face à l’augmentation du nombre de personnes dans le besoin, les associations craignent de ne pas pouvoir assurer suffisamment de distributions alimentaires.

Une file de personnes encapuchonnées ou protégées par des parapluies s’allonge à côté de la gare ce mardi 23 septembre. Au bout, sous une tonnelle, les bénévoles de Strasbourg action solidarité mettent du ragoût de lentilles et des pommes de terre dans des boites en carton. Elles auront délivré 350 repas chauds en un peu plus d’une heure. « Et encore, ceux qui viennent d’habitude ne sont pas tous au courant de la reprise des distributions », s’inquiète Valérie Suzan, présidente de l’association. En attendant son dîner, Boris confie qu’il a faim. « Les grosses maraudes, c’est pas tous les jours. Et les petites n’ont plus assez pour tout le monde. Alors des fois je ne mange pas, quand la manche ne suffit pas », témoigne ce sans-abri originaire de la Meinau.

Boris.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

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Des visages et des témoignages d’habitants et d’habitantes des campements. Des révélations sur le business de l’hébergement d’urgence, sur les expulsions de familles par l’État, sur la tension alimentaire à Strasbourg, ou sur la réalité du plan Grand froid, au-delà de la communication préfectorale. L’engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c’est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.

Ces enquêtes et ces reportages ont un prix. C’est le temps de travail de Thibault Vetter et de Camille Balzinger, qui suivent de près, depuis plusieurs années, la problématique du manque d’hébergements d’urgence à Strasbourg et la précarité des personnes sans papier.

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À Benfeld, un adolescent fasciné par le nazisme agresse son enseignante au couteau

À Benfeld, un adolescent fasciné par le nazisme agresse son enseignante au couteau
La procureure de Strasbourg, Clarisse Taron annonce l’ouverture de deux enquête suite à l’agression d’une professeure dans un collège à Benfeld.

Une professeure de musique a été blessée au visage par un de ses élèves qui l’a agressée avec un couteau, mercredi 24 septembre au collège Robert Schuman de Benfeld.

Un adolescent de 14 ans a été interpellé par les gendarmes, mercredi 24 septembre, après avoir agressé sa professeure de musique avec un couteau au collège Robert Schuman de Benfeld. Il était 8h, les cours venaient tout juste de débuter. À l’entrée de la salle de classe, cet élève de 3e a blessé au visage son enseignante âgée de 66 ans.

Lors d’une conférence de presse à 17h30 au tribunal judiciaire de Strasbourg, la procureure de la République Clarisse Taron a assuré que le pronostic vital de l’enseignante n’était pas engagé. Au contraire de celui du suspect. Lors de son interpellation, le jeune garçon « s’est porté des coups de couteau au cou et aurait à ce stade des lésions jugulaires et au niveau de la carotide ». Le mineur devrait rester sédaté pendant au moins 48h à l’hôpital de Strasbourg.

La procureure de la République de Strasbourg, Clarisse Taron annonce l’ouverture de deux enquêtes suite à l’agression d’une professeure dans un collège à Benfeld.Photo : Line Baudriller / Rue89 Strasbourg

Un jeune fasciné par le nazisme

Pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) alors qu’il n’avait que quelques mois, l’adolescent a rapidement été placé en famille d’accueil où il a subi des violences. Ces dernières ont abouti à la condamnation de l’assistante familiale par la Cour d’appel de Colmar en 2024, selon la procureure de Strasbourg. Depuis, le jeune garçon vit en foyer. Clarisse Taron décrit un mineur « en situation de handicap », porteur d’une « maladie génétique héritée de sa mère ». Dans le cadre de son suivi par l’ASE, il aurait bénéficié d’un suivi psychologique et psychiatrique.

Selon le général de gendarmerie Gwendal Durand, il est encore trop tôt pour connaître les motivations du jeune suspect ou pour affirmer que sa professeure de musique était particulièrement visée. L’adolescent avait tout de même un « goût pour les armes et tout ce qui a trait à la Seconde Guerre mondiale, avec des références nettes au nazisme », déclare la procureure. Des dessins du symbole SS ou d’un homme levant le bras droit à la manière d’un salut hitlérien, retrouvés dans ses cahiers, avaient déjà inquiété le personnel du collège et fait l’objet de sanctions disciplinaires.

Trop peu de moyens pour la santé mentale

Cette agression s’inscrit dans une série d’attaques à l’arme blanche commises par des élèves à l’encontre du corps enseignant. En février 2025, Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation, avait annoncé la mise en place de fouilles surprises des sacs par les forces de l’ordre à l’entrée des établissements. Fin août, lors de son discours de rentrée, la ministre démissionnaire faisait le bilan : 6 200 fouilles réalisées et près de 400 armes blanches saisies. Au collège Robert Schuman de Benfeld, des contrôles avaient eu lieu en fin d’année scolaire et à la rentrée 2025 mais « rien n’avait été trouvé », résume le général de gendarmerie Gwendal Durand.

Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, Élisabeth Borne, qui s’est rendue à Benfeld dans la matinée, a déclaré vouloir « agir sur la santé mentale, une priorité pour cette rentrée scolaire ». Une problématique récurrente qui ne semble pas se résoudre d’une année sur l’autre. En juin 2025, Mediapart faisait déjà le bilan des postes de psychologues scolaires, trop peu nombreux pour prendre en charge entre 1 400 et 1 800 élèves en besoin de suivi psychologique. Dans un communiqué du mercredi 24 septembre, les membres de la Fédération des conseils de parents d’élèves du Bas-Rhin le rappellent :

« Il n’y a pas assez d’adultes pour encadrer, écouter, détecter, suivre, orienter les élèves… Les délais de prise en charge sont déraisonnables. Nous sommes démunis. »

Deux enquêtes en cours

Clarisse Taron a annoncé l’ouverture de deux enquêtes. La première porte sur « les faits d’agression de la professeure », la seconde traite des conditions d’interpellation du mineur blessé. La procureur précise que « le parquet n’a pas d’inquiétude particulière sur le comportement des forces de gendarmerie » qui ont procédé à l’interpellation. En parallèle, « le parquet national antiterroriste évalue la situation compte tenu du profil du mineur ».

Centre d’hébergement à Montagne verte : une réunion pour répondre à la peur des étrangers

Centre d’hébergement à Montagne verte : une réunion pour répondre à la peur des étrangers
La réunion publique entre les acteurs du projet et les habitants de la Montagne verte a duré deux heures.

Une réunion publique sur l’installation d’une structure d’hébergement à Montagne Verte a eu lieu mardi 23 septembre. La Ville et Caritas ont répondu à des opposants qui ont surtout montré qu’ils craignent les immigrés…

Nous sommes loin de l’affluence de la précédente réunion publique sur le futur centre d’hébergement pour réfugiés en juin 2024. 200 personnes étaient venues ce jour là. Mardi 23 septembre, une cinquantaine d’habitants de la Montagne verte entre au compte-goutte dans la salle du foyer Saint-Paul de Koenigshoffen. « La pluie a sans doute dû en refroidir quelques-uns de venir… », suggère une habitante en enlevant son vêtement de pluie et son casque de vélo.

Si des habitants du quartier s’étaient fortement mobilisés à l’époque, l’ambiance est aussi bien différente en cette soirée de début d’automne. Face à plusieurs dizaines de chaises vides, Floriane Varieras, élue adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la Solidarité, prend la parole sur ce foyer qui doit être construit au 13 rue de la Montagne verte. À ses côtés, l’ensemble des acteurs du projet sont alignés, face à une audience silencieuse et attentive.

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