Les manifestants étaient moins nombreux ce lundi 28 avril qu’ils ne l’étaient la veille lors du premier appel du dimanche 27. Environ 150 manifestants avaient été comptabilisés contre une centaine ce lundi.Photo : Lucile Vitrac / Rue89 Strasbourg / cc
Une centaine de personnes se sont rendues lundi 28 avril à un rassemblement contre l’islamophobie à Strasbourg. À la suite de l’assassinat d’un fidèle dans le Gard, les participants ont dénoncé des actes qui les ont visés en tant que musulmans en France.
Lundi 28 avril, moins d’une centaine de personnes se sont regroupées place Kléber à Strasbourg, devant la statue du général. Elles ont répondu à un appel à se rassembler contre l’islamophobie, relayé par plusieurs organisations comme l’Association des travailleurs maghrébins ou le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Le rassemblement visait à répondre à l’émotion suscitée après l’assassinat d’un fidèle dans une mosquée du Gard, vendredi 25 avril.
« L’islamophobie est de plus en plus banalisée », s’inquiète Fahad, président de l’Association des étudiants musulmans de France : « Lorsqu’un représentant de l’État se permet de déclarer “À bas le voile” (lors d’un colloque sur l’islamisme le 26 mars, NDLR), c’est violent pour toute la communauté musulmane ».
Délit de faciès
Fahad, président de l’association des étudiants musulmans de France.(suite…)
Lors du cortège du 1er mai 2024.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
À l’occasion de la journée internationale des travailleurs, les syndicats appellent à une manifestation pour la paix, la justice sociale, les retraites et les salaires.
« Alors que les guerres se propagent pour les profits de quelques-uns, les syndicats appellent partout sur la planète les salarié·es à manifester pour défendre la paix juste et durable, les libertés démocratiques et la justice sociale. »
Après des années de baisses d’impôts, le gouvernement s’est rendu compte que la dette de la France a augmenté de mille milliards d’euros depuis 2017, pour atteindre 3 300 milliards d’euros en 2024. Une progression record, inégalée dans l’histoire de la République. Mais alors que de nouvelles dépenses se profilent face aux replis et aux menaces des gouvernements fascisants en Russie, en Chine et aux États-Unis, le gouvernement de François Bayrou n’entend pas changer de stratégie et prévoit plutôt de réduire les dépenses de l’État : 50 milliards d’économies en 2025, 40 milliards en 2026.
Pour les syndicats, ces mesures d’austérité vont frapper les services publics. Ils appellent à manifester contre cette politique et pour la défense de la Sécurité sociale. Ils demandent aussi une paix juste et durable et le respect du droit international, en référence aux guerres en Palestine et en Ukraine notamment. Les syndicats demandent en outre l’abrogation de la dernière réforme des retraites, l’augmentation des salaires, des pensions et des minimas sociaux.
Le grand tour
Après la place Kléber, le cortège prendra la rue des Francs-Bourgeois, puis la rue de la Division-Leclerc, rue de la Douane, place du Corbeau, le quai des Bateliers et tournera à gauche avenue de la Liberté pour passer place de la République, place Broglie et se disperser place Kléber.
D’autres appels à participer au cortège peuvent exister, comme celui qui invite tous les assistés et les improductifs, toutes les chômeuses et les retraitées à venir « revendiquer [leur] existence » (voir ci-contre).
D’autres rendez-vous
Après le défilé, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) invite à une « Fête anticapitaliste contre Trump et son monde » à midi, place des Orphelins à la Krutenau. Ce repas militant est organisé autour du traditionnel barbecue mais « avec une option vegan ».
Plusieurs partis de gauche (LFI, Les écolos, PCF, Place publique, Générations) organisent de leur côté une « kermesse de la solidarité et des luttes », place de l’Université dans la Neustadt à partir de midi. Il y sera également question de la paix mais aussi de la préservation de l’État de droit, et les participants seront invités à réfléchir à l’argent public comme « un bien commun au service des peuples et de la planète ».
Rue du Faubourg-National, des habitants du quartier occupent les rails du tramway pour y installer de 11h30 à 19h une petite guinguette avec des concerts, des jeux, un atelier maquillage et de la petite restauration.
Le rassemblement des soldats le 10 novembre 1918 sur la place Kléber.Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
À la fin de la Première Guerre mondiale, l’Empire allemand s’effondre sous la pression d’un mouvement révolutionnaire. Jusqu’à l’arrivée des troupes françaises le 22 novembre, le drapeau rouge flotte sur la cathédrale et Strasbourg vit au rythme des conseils d’ouvriers et de soldats.
À l’automne 1918, après quatre années de guerre, la défaite de l’Empire allemand semble inéluctable. Ses armées reculent. Les désertions se multiplient. La population manque de tout. Reste à savoir quels sacrifices seront encore demandés aux civils et aux soldats pour défendre l’honneur des chefs de l’armée allemande. En Alsace et en Moselle, la situation est particulièrement critique. « Les villes sont au bord de la famine. Il y a une multiplication des vols alimentaires. On assiste même à des émeutes de la faim dans la région », explique Jean-Claude Richez, historien, auteur de l’ouvrage historique : « Une révolution oubliée, novembre 1918 la révolution des conseils ouvriers et de soldats en Alsace-Lorraine« .
Strasbourg à l’heure révolutionnaire
En dehors des industries nécessaires à l’armée, l’économie tourne au ralenti. Le chômage est important et les structures sociales se délitent. Sur le plan politique, la dictature militaire mise en place en 1914 pèse durement sur la population alsacienne. « Depuis 1870, l’Empire allait vers une plus grande libéralisation politique », explique l’historien. Dans les années 1890, la Sécurité sociale est mise en place. En 1912, les sociaux-démocrates remportent les élections législatives. Mais « la mise en place d’un pouvoir d’exception pendant la guerre et la restriction des libertés est ressenti durement en Alsace. » Malgré la hausse du mécontentement social, c’est un événement militaire qui va mettre le feu aux poudres.
Manifestation le 4 novembre 1918 à Kiel, port allemand sur la mer Baltique.Photo : Bundesarchiv
Le 29 octobre 1918, les marins de Kiel, un important port militaire sur la mer Baltique, se mutinent. Ils refusent de mener une dernière bataille « pour l’honneur » contre la marine britannique. Malgré la répression des autorités militaires, le mouvement gagne les autres bases navales du nord de l’Allemagne. Ils sont rejoints par les ouvriers et forment des conseils d’ouvriers et de soldats. Le 5 novembre un appel à la grève générale est lancé. La révolte devient révolution à mesure qu’elle gagne l’ensemble des armées allemandes et des centres industriels. Dès le 8 novembre, la foule s’empare de la rue à Strasbourg. Le lendemain, des marins révolutionnaires arrivent en ville et dans la nuit, l’empereur Guillaume II abdique.
La révolution, peinture de l’artiste strasbourgeois René Beeh en 1919.Photo : Musée d’art moderne et contemporain de la ville de Strasbourg
« Désormais le pouvoir se trouve aux mains des travailleurs. »
Johannes Rebholz, syndicaliste
« Les marins qui arrivent à Strasbourg se rendent chez le gouverneur militaire et le somment de mettre en place un conseil de soldats », explique Jean-Claude Richez. Le gouverneur n’a pas le choix. Les marins sont armés et la situation en ville est explosive. Dans la soirée du 9 novembre, un petit groupe de dirigeants sociaux-démocrates forment un conseil de soldats. Des militants syndicaux s’attachent, eux, à former un conseil d’ouvriers. Le 10 au matin, Jacques Peirotes, un social-démocrate, est élu maire de Strasbourg. Devant une foule rassemblée place Kléber, le syndicaliste Johannes Rebholz, président du conseil des soldats, déclare que « désormais le pouvoir se trouve aux mains des travailleurs. » Le nouveau maire de Strasbourg, lui, proclame « la république sociale. »
Jacques Peirotes, maire de Strasbourg, proclame la « république sociale » devant la statue du général Kléber, le 10 novembre 1918.Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Le drapeau rouge flotte sur la cathédrale
Au même moment, dans toutes les villes de garnison et centres industriels du Reichsland Elsäss-Lothringen, des événements similaires se déroulent. L’ordre militaire et civil de l’Empire allemand s’effondre, laissant la région se couvrir de drapeaux rouges. Le 12 novembre, les couleurs révolutionnaires sont hissées sur la cathédrale. Dans les usines, les ouvriers contraignent les industriels à d’importantes concessions sur les salaires et les conditions de travail. Le 15 novembre, une bonne nouvelle arrive de Berlin. Le patronat et les dirigeants de gauche viennent de signer un accord historique qui fonde la démocratie sociale allemande.
Une réunion du conseil des soldats au tribunal le 15 novembre 1918.Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
L’heure n’est pourtant pas à la fête chez les révolutionnaires strasbourgeois. Deux priorités s’imposent à eux avant même de penser aux lendemains qui chantent : maintenir l’ordre et assurer le ravitaillement. L’armistice a jeté sur les routes des millions de soldats qui espèrent bien rentrer chez eux. Ils sont si nombreux à Strasbourg, qu’il devient difficile de nourrir tout le monde. Dans le chaos du retrait des troupes, les autorités s’efforcent aussi d’empêcher les pillages.
Une affiche des conseils d’ouvriers et de soldats pour appeler à l’ordre. Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
La question nationale alsacienne
L’effondrement de l’empire allemand ouvre la question du retour de l’Alsace à la France. Si les industriels et la bourgeoisie espèrent l’arrivée rapide des troupes françaises pour mettre fin à la révolution, les révolutionnaires se divisent sur la question nationale alsacienne. L’historien Jean-Claude Richez détaille ces divisions :
« Il y a une partie des sociaux-démocrates qui attendent le retour des français. Il y a aussi un courant internationaliste inspiré par l’exemple russe. Pour eux, il s’agit de dépasser le cadre des nations. Dans l’aile droite du parti social-démocrate, on trouve aussi un courant nationaliste allemand. Enfin, il y a une 4ᵉ tendance dans les conseils de soldats avec un courant francophile et bourgeois. »
La statue de l’empereur Guillaume 1er sur la Kaiserplatz (place de la république) est déboulonnée le 21 novembre 1918.Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Dès le 12 novembre, le parlement régional d’Alsace-Lorraine (Landtag) se constitue en Conseil National d’Alsace-Lorraine et déclare son indépendance vis-à-vis de l’Empire. Francophiles, ses élus espèrent accueillir les Français en tant que représentants du pouvoir civil et négocier le cadre du retour à la République. Dans tout Strasbourg, les sympathies francophiles s’affichent ouvertement. Après le départ des troupes allemandes, de nombreux symboles impériaux sont détruits lors de manifestations. Le 20 novembre, à l’approche des Français, le drapeau rouge est enlevé de la cathédrale. Le 22, les troupes entrent dans la capitale alsacienne dans une débauche de joie et de drapeaux tricolores.
Le défilé des troupes françaises sur la Kaiserplatz le 22 novembre 1918.Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Deux années rouges en Alsace et en Moselle
« Quand les Français arrivent, c’est le couperet », explique Jean-Claude Richez. Le tribunal où siège encore le conseil des ouvriers est occupé par la troupe pour couper court à l’existence de ce « soviet ». Le Conseil national d’Alsace-Lorraine n’est plus reconnu comme organe du pouvoir civil. Plutôt que de s’appuyer sur des institutions déjà existantes, l’administration française préfère envoyer des fonctionnaires de Paris pour organiser le retour de l’Alsace à la France. L’armée est déployée dans les bassins ouvriers et les avancées sociales obtenues pendant la révolution sont déclarées nulles dans la nouvelle Alsace. Les ouvriers des entreprises alsaciennes perdent ainsi toutes les augmentations qui avaient été négociées avec leurs patrons, les réformes sociales décidées à Berlin ne seront pas non plus appliquées en Alsace. Pour l’historien, « c’est une véritable guillotine politique et sociale. »
La foule rassemblée sur la place Kléber le 10 novembre 1918.Photo : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
« Les aspirations, les rêves, les espoirs d’une part significative de la population reçoivent une fin de non-recevoir, mais le mouvement social n’est pas brisé. » En 1919, les effectifs syndicaux explosent : la CGT compte 140 000 adhérents dans les trois départements de l’ancien Reichsland. À compter de mars 1919, commence une succession ininterrompue de grèves qui dureront jusqu’à l’année suivante. Celles-ci culminent fin avril 1920 avec la grève générale pour la défense des « heimatrechte », les avantages acquis par les travailleurs du secteur privé et les fonctionnaires avant 1914. Pour l’historien Jean-Claude Richez, le maintien des droits sociaux spécifiques, comme le régime local d’assurance maladie, doit beaucoup à ces mouvements : « Novembre 1918 se prolonge jusqu’en mai 1920. Pour les ouvriers, les questions posées lors de la révolution étaient toujours là. D’une certaine façon, ils ont continué la lutte. »
La façade sur la rue du 22-Novembre devrait retrouver son aspect d’origine.Photo : DRLW Architectes
En octobre, le cinéma Star Saint-Exupéry fermera pour 18 mois de travaux. La Ville de Strasbourg, propriétaire des bâtiments, s’attaque à cette rénovation qui coûtera plus de 8,5 millions d’euros.
Un cinéma plus petit mais plus aéré et plus accessible, voici en résumé ce qui résulte du projet de réaménagement complet du bâtiment sis au 18 rue du 22-Novembre, qui abrite le cinéma Star Saint-Exupéry, le Café du 7e Art, quelques bureaux et un logement.
18 mois de travaux
Syamak Agha Babaei, premier adjoint à la maire de Strasbourg, a présenté lundi 28 avril l’ensemble des aménagements prévus, que Stéphane Libs, directeur des cinémas Star, avait déjà évoqués en juillet 2023. Les travaux devraient débuter en octobre 2025, durer 18 mois et coûter 8,542 millions d’euros à la Ville de Strasbourg. Ils nécessitent la fermeture complète du cinéma et de la brasserie, qui devraient rouvrir en mars 2027. Cette perte d’exploitation est compensée par la Ville à hauteur d’environ 700 000 euros.
La Ville a confié au cabinet d’architectes DRLW la conduite de ces aménagements, qui doivent séparer les activités, respecter les normes de sécurité et permettre les accès aux personnes à mobilité réduite. Le cabinet s’est d’abord confronté à l’Architecte des bâtiments de France (ABF), qui a exigé le retour de la façade de 1912 et le respect de la symétrie d’origine. Terminées donc les affiches des films sur la rue du 22-Novembre, l’entrée du cinéma sera légèrement déplacée sur la droite, tandis que la salle de la brasserie sera étendue à l’actuel hall d’accueil. Des lumières seront projetées depuis les (fausses) fenêtres à la place des fresques, afin de produire l’illusion d’un bâtiment habité.
Prévisualisation de l’entrée du cinéma Star Saint-Exupéry depuis la place de la Vignette.Photo : DRLW Architectes
Une nouvelle entrée principale
Ensuite, il fallait faire quelque chose à propos de la sortie du Star Saint-Exupéry, qui débouche au milieu des poubelles sur la place de la Vignette. Les architectes de DRLW proposent d’en faire la véritable entrée du cinéma, où le public pourra retrouver les affiches et identifier le cinéma. De grands escaliers et un ascenseur permettront d’accéder aux salles depuis les deux entrées. « Les flux étaient un peu cachés dans l’aménagement actuel, précise Noémie Weibel, architecte chez DRLW. Nous avons essayé de mettre en valeur la circulation au sein du bâtiment. »
Prévisualisation du hall d’entrée du cinéma, donnant sur la première salle. Photo : DRLW Architectes
Stéphane Libs est à la fois soulagé et inquiet par ce chantier à venir, qui va réduire la jauge maximale du cinéma de 683 à 626 sièges. La société qu’il dirige, Cinest, va investir 1,5 million d’euros, dont 450 000€ de fonds propres et 350 000€ venant du Centre national du cinéma (CNC) :
« L’équipe a dû s’habituer à travailler dans des locaux exigus, à gérer des problèmes qui surviennent au dernier moment, comme un début d’incendie, une canalisation qui éclate quelques heures avant une projection spéciale… Je remercie la Ville d’avoir choisi l’option la plus ambitieuse pour cette rénovation d’ampleur mais 18 mois de fermeture, ce sera long. Nous allons devoir renoncer à certaines sorties et j’espère que nous ne perdrons pas des spectateurs durant ce temps… »
Le Café du 7e art sera agrandi et ne communiquera plus avec le cinéma. Photo : DRLW Architectes
Discours similaire d’Akif Dolanbay, gérant du Café du 7e Art, qui ne compte plus les problèmes auxquels lui et son équipe ont dû faire face depuis 14 ans en raison de la vétusté des lieux. La cuisine, actuellement au rez-de-chaussée, sera déplacée au sous-sol, la salle principale sera agrandie et plus ouverte sur la rue, tandis que la salle au sous-sol bénéficiera d’une rénovation complète.
Reste la question du loyer demandé par la Ville à partir de mars 2027, qui devrait augmenter en raison du nombre de mètres carrés alloués aux exploitants et de l’amélioration des prestations fournies. Ville et exploitants sont restés très discrets sur ce chapitre, en indiquant qu’ils resteront « dans les valeurs du marché ».
Après le meurtre d’un fidèle musulman vendredi 25 avril dans le Gard, un collectif appelle à un rassemblement lundi 28 avril à Strasbourg pour dénoncer l’islamophobie.
Un ensemble de collectifs, dont la Libre Pensée, La France insoumise, l’Association des travailleurs maghrébins de France, le Mouvement contre le racisme, Justice et libertés, appelle à un rassemblement lundi 28 avril à 18h, place Kléber à Strasbourg, « en hommage à Aboubakar et à toutes les victimes d’islamophobie ». Ce fidèle musulman a été tué vendredi 25 avril dans la mosquée de La Grand-Combe dans le Gard. Sur des images de vidéosurveillance, le procureur de la République a décrit un jeune homme qui sort « brusquement » un couteau et assène des dizaines de coups de couteau à la victime, ce qui motive selon le procureur l’hypothèse d’un acte islamophobe. Le suspect s’est rendu dimanche soir dans un commissariat en Italie, il n’a pas d’antécédents judiciaires.
Ce drame a provoqué de multiples réactions politiques. Le président de la République Emmanuel Macron a adressé « le soutien de la Nation », dénonçant « le racisme et la haine ». La Licra appelle à faire de la lutte contre le racisme « une grande cause nationale ».
Frédéric Perrin habite le quartier des Étangs qui jouxte la friche de l’ancienne scierie Maechler de Soufflenheim, où souhaite forer Lithium de France.Photo : Paciane Rouchon
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Journaliste indépendante, sensible aux thématiques environnementales, avec un focus sur les enjeux agricoles, énergétiques et les atteintes à l’environnement. Je couvre notamment l’actualité de la géothermie et du lithium alsacien.
Flèche Love, Badass Pétale, DJ Stan Smith, Jacques et Mau sont dans la sélection de mai 2025.
Sélection culture très musicale, c’est peut-être l’approche des festivals, on ne sait pas, mais voici nos recommandations culture pour ce mois de mai 2025 à Strasbourg.
Badass Buvette à la Grenze
La Grenze a invité Buvette, que la salle du quartier gare présente comme « l’un des actes les plus intrigants de la scène synthpop actuelle. Buvette sert une spécialité mélangeant country moderne aux reflets latins et balades rythmées en forme de vagues, dans un format simple, direct et versatile ». Bon, il faut reconnaître à Cédric Streuli, ex-batteur du groupe de rock The Mondrians, une maîtrise de la boîte à rythmes et des boucles synthétiques, sur lesquelles il pose une voix tantôt lointaine, tantôt très très proche du micro… Il faudra voir comment ces compositions très studio survivent en concert…
In the leaf de Buvette.
Surtout que cette soirée programme en première partie les Badass Pétales, et là, autre ambiance : c’est de la pure énergie punk pop balancée à coups de gros sons par trois jeunes strasbourgeoises survitaminées. Dans l’écrin intimiste de la Grenze, il peut se passer quelque chose. Prévoir des chaussures plates.
PF
Projection (unique) de Non Essentiel
Bande annonce de Non Essentiel de Bastien Simon.
Les artistes sont-ils essentiels ? Le réalisateur Bastien Simon est allé poser la question à des habitants de zones rurales comme Gougenheim dans le Kochersberg et de quartiers prioritaires comme Kellermann à Saint-Dié-des-Vosges, à l’occasion de résidences d’artistes financées par la Région Grand Est durant l’été 2024. Le film est une succession de rencontres avec ces artistes et les habitants, retraités, musiciens, écoliers, photographes, élus, marionnettistes ou bénévoles, dans des territoires isolés où le sentiment d’abandon est très marqué.
PF
Bonnes vibes et soutien à la radio indé de Strasbourg
DJ Stan Smith sera de la partie…
La radio associative RBS organise une soirée au Wagon Souk samedi 10 mai à partir de 20h. La radio indépendante de Strasbourg a besoin de ses soirées pour renflouer ses caisses, mises à mal par une baisse des subventions publiques et notamment du Fonds de soutien à l’expression radiophonique. RBS emploie trois permanents (Stéphane Bossler, Pierre Liermann et « Talri »), quatre personnes en service civique et accueille 22 émissions présentées par des bénévoles.
Pour cette soirée, RBS a donc mobilisé une bonne partie de ses DJs résidents dont DJ Bad, DJ Nook, DJ Caze, DJ James Djinn, DJ Kreow, DJ Twiddle, DJ Stan Smith et Mr Brown. C’est Talri, qui tient l’antenne de RBS chaque matin, qui se colle à l’animation de la soirée.
PF
Phytographie et philosophie à Stimultania
Guiliano, Zona ASI BrassicaePhoto : Anais TONDEUR Acerra, via Sandro Pertini, AlliairePhoto : Anaïs Tondeur / Stimultania
La galerie Stimultania accueille dès le 16 mai une exposition mêlant l’art photographique de l’artiste Anaïs Tondeur et les réflexions du philosophe du vivant Michael Marder. Le projet s’est déroulé dans la région de Naples, où l’incinération et l’enfouissement de déchets illégaux a produit des sols extrêmement pollués. Anaïs Tondeur y a cherché, avec l’aide des habitants de la Terre de Feux, des plantes aux vertus médicinales jusqu’à la première moitié du XXe siècle.
Sans prélever les végétaux, l’artiste a ensuite utilisé la phytographie pour recueillir une photographie des plantes. Le procédé consiste à activer sur une surface photosensible les molécules de phénol présentes dans les fibres végétales et exacerbées par la pollution aux métaux lourds. Ces images ont ensuite été envoyés au penseur du monde végétal Michael Marder, qui a rédigé pour chaque plante une lettre. En résulte une exposition poétique et expérimentale ancrée dans la pensée écologique.
GK
Flèche Love à l’opéra avec des stars locales
Flèche Love au Beyrouth Batna Casablanca avec Oum (Live Session)
L’Espace Django avait déjà accueilli Flèche Love en 2018, la chanteuse genevoise se remettait alors à peine de son divorce douloureux avec Kadebostany, un groupe electro que sa voix douce, grave et chaleureuse avait contribué à propulser sur la scène internationale. Qu’importe, Amina Cadelli a continué son chemin en développant son goût pour les mélanges de cultures et de sonorités. Avec ses compositions très vocales, souvent empreintes d’une forme de spiritualité, elle est bien placée pour tisser des liens musicaux entre les deux rives de la Méditerranée.
Cette soirée exceptionnelle, organisée avec la complicité de l’Espace Django, débutera avec Exotica Lunatica, un groupe de chants méditerranéens revisités, formé par un duo d’exilées à Strasbourg et qui a remporté le prix du public des Inouïs du Printemps de Bourges cette année.
PF
Antonia est à Strasbourg pour une fois
Antonia de Rendinger parcourt l’Europe et va même présenter son one-woman show jusqu’aux États-Unis, si bien qu’elle est devenue rare à Strasbourg, un comble ! Fort heureusement, elle présente son dernier spectacle, Scènes de corps et d’esprit, samedi 24 mai à Quai de scène. Une belle occasion pour celles et ceux qui ne se sont pas déjà confrontés à l’humour décapant de la plus célèbre des stand-uppeuses strasbourgeoises.
PF
Les recos du Pelpass festival
Teaser du Pelpass festival 2025
Le mois s’achève avec le principal rendez-vous du printemps, l’incontournable Pelpass festival, ce moment de gêne personnelle face aux noms inconnus de la setlist (voir ici pour une présentation détaillée de la programmation). Mais heureusement, cette révélation d’inculture renouvelée chaque année se soigne en passant quelques soirées au Jardin des Deux-Rives, en alternant d’un chapiteau à l’autre une bière à la main et en repartant avec suffisamment de découvertes pour une année.
Parmi celles-ci par exemple, la strasbourgeoise Mau, qui propose une pop triste sophistiquée oscillant entre jazz et trip-hop, sera sur scène le samedi 31 mai avec son tout dernier album, Faire des efforts (sortie prévue le vendredi 23 mai).
En 2025, le Pelpass festival reprend l’architecture de l’année dernière, c’est à dire avec une pleine place accordée à la troisième tente et sa programmation de DJ sets, un troisième bar et plus d’espace pour les jeux et le bar à mioches. Mais cette fois avec le soleil, c’est promis.
La rédaction de Rue89 Strasbourg est composée de journalistes toutes et tous prêts à écouter les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois pour parler des sujets qui les intéressent. Notre existence et notre moral dépendent du nombre d’abonnements pris pour nous soutenir. 🙏⤵
Samedi 3 mai, le collectif du Chaudron des alternatives organise sa fête annuelle à Sélestat, avec une programmation d’ateliers et de rencontres autour de l’écologie pratique.
« Un moment festif et joyeux”, c’est ainsi que le collectif du Chaudron des alternatives annonce la quatrième édition de sa fête annuelle, qui aura lieu samedi 3 mai. À partir de 14h, au foyer Notre Dame de la Paix de Sélestat, le collectif propose des moments de rencontre autour de la “préservation de la nature et du vivant”.
Alternatives éco-responsables
Des activités manuelles sont destinées à apprendre à faire soi-même : ateliers créatifs avec peinture végétale et reliure artisanale, réparations de vélo et studio photo. Tout l’après-midi, des animations musicales seront proposées et des jeux en bois mis à disposition pour les enfants.
Atelier lors de l’édition 2024 de la fête des alternatives.
Des conférences pour débattre
Plusieurs “discussions-débats” sont au programme : rencontre sur les enjeux de la géothermie en Alsace, discussion autour du canal entre le Rhône et le Rhin, échanges sur le thème de la « privatisation du vivant » ou encore conférence sur les révoltes paysannes au XVIe siècle. De 15h à 16h, une « conférence gesticulée » autour de l’animalisme et du féminisme sera présentée.
La journée se clôturera avec la chorale féministe de Sélestat à 19h et un concert dansant. De la restauration sera disponible sur place.
L’ancienne maire de Strasbourg Catherine Trautmann s’occupera de la « préparation » de la campagne municipale.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
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Depuis le jeudi 24 avril, il n’y a plus d’unité sanitaire mobile sur le parking des urgences du NHC.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Jeudi 24 avril, l’unité sanitaire mobile a disparu du parking des urgences du Nouvel hôpital civil. Ce changement fait suite à un rapport rendu fin mars sur le temps d’attente des pompiers.
Le grand bâtiment préfabriqué blanc symbolisait la crise des urgences. Depuis décembre 2023, une unité sanitaire mobile était installée sur le parking du Nouvel hôpital civil (NHC). Initialement conçue pour faire face à un attentat ou une catastrophe naturelle, le dispositif a fini par s’inscrire dans la normalité d’urgences régulièrement débordées… jusqu’au jeudi 24 avril 2025. L’unité sanitaire mobile (USM) a été retirée de l’entrée des urgences du NHC à cette date. Au lendemain de ce changement dans le paysage hospitalier, deux ambulanciers des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) se félicitent :
« La direction nous a déjà promis le départ de l’USM l’année dernière. Puis il y a eu l’épidémie de grippe cet hiver et ça a été repoussé. Ce départ nous arrange parce que ça nous libère un accès aux autres services de l’hôpital. Par contre, pour le temps d’attente des patients, ça ne risque pas de changer grand chose… »
Lors d’une visite des HUS en février 2025, l’ancienne ministre de la Santé Catherine Vautrin avait annoncé la création d’une « mission flash » sur le temps d’attente des pompiers aux urgences des HUS. Le diagnostic avait pour objectif « d’appréhender l’origine des difficultés et d’identifier des leviers qui n’auraient pas encore été mobilisés sous trois spectres : en amont des urgences, au sein du service et en aval du service, c’est à dire dans l’organisation et la gestion des lits de l’hôpital ».
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Julia Black, responsable du programme sur les personnes migrantes disparues à l’organisation internationale sur les migrations.
Des dizaines de milliers de personnes migrantes meurent ou disparaissent pendant leur parcours. Peu sont identifiées et rapatriées à leurs familles. Julia Black, responsable d’une base de données internationale qui documente les disparitions, a répondu à Rue89 Strasbourg.
Depuis 2014, l’organisation internationale pour les migrations, structure liée à l’Organisation des nations unies (ONU), documente dans une base de données les cas de personnes migrantes décédées ou disparues pendant leur parcours. De passage à Strasbourg dans le cadre d’une conférence au Conseil de l’Europe ces 23 et 24 avril, Julia Black, responsable de ce programme, a précisé les enjeux pour les familles qui n’ont plus de nouvelles d’un proche.
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Lors d’une précédente Marche de vie à Neuf-Brisach.Photo : doc remis
Une manifestation « contre l’antisémitisme, aux côtés d’Israël » est organisée par un mouvement évangélique dimanche 27 avril à Strasbourg, à l’occasion de la Journée du souvenir de la Shoah.
Un mouvement évangélique organise des « marches de vie » dans plusieurs endroits du monde depuis 2007. L’objectif de ces rassemblements, lancé par le méga-pasteur allemand Jobst Bittner, est de commémorer aux côtés des personnes juives et d’Israël la Journée du souvenir de la Shoah, l’extermination systématique du peuple juif par les nazis. Pour la première fois, une telle marche est organisée à Strasbourg, dimanche 27 avril.
Le départ est prévu à 16h place Kléber pour une dispersion à 18h30 place de la République, en passant par la rue des Grandes-Arcades, la rue des Hallebardes, la rue des Juifs et l’avenue de la Liberté.
Jürg Peter est gérant d’un bowling près de Neuf-Brisach mais aussi pasteur évangélique d’une petite église locale. C’est lui qui coordonne la marche à Strasbourg et même le mouvement des « marches de vie » en France. Il détaille :
« Depuis la résurgence du conflit le 7 octobre 2023 (après une attaque du Hamas contre des civils israéliens, NDLR), on observe un regain des propos et des actes antisémites. Cette marche, c’est pour dire à la communauté juive de Strasbourg que nous sommes à ses côtés. Nous ne reproduirons pas aujourd’hui le silence qui a permis la Shoah. Nous marcherons en silence pour les victimes du conflit. Ce n’est pas une démarche politique de soutien au gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahou. »
Peter Jürg a prévu plusieurs invités pour ce rendez-vous et notamment Simone Polack, rescapée alsacienne de la Shoah âgée de 96 ans pour lancer la manifestation. La marche se conclura avec une cérémonie de « repentance de petits enfants de nazis » venus de Tübingen et des chants en hébreu accompagnés au piano par Bar Zemach place de la République.
Lors de la marche de la visibilité lesbienne en 2024.
Samedi 26 avril, douze collectifs de Strasbourg appellent à une marche radicale et « TransPédéGouine » à l’occasion de la Journée internationale de la visibilité lesbienne.
L’événement est porté par les collectifs Ascendant Butch, l’Organisation de la solidarité trans (OST) le Front d’action gay de Strasbourg (FAGs) et le FémiGouin’Fest. Cette marche est ouverte à toutes les personnes, quel que soit leur genre ou leur orientation sexuelle, selon un communiqué publié sur les réseaux sociaux. L’objectif de cette manifestation est de rendre visibles les lesbiennes de Strasbourg dans l’espace public.
« Aller au-delà de nos différences »
Ascendant Butch estime que les organisations LGBT existantes ne placent pas assez la politique au centre de leurs combats. L’événement de samedi est donc une « marche politisée », plus revendicatrice que les pride.
Les lesbiennes d’Ascendant Butch demandent une égalité de traitement et la fin des discriminations dont elles sont victimes. Le collectif met également en avant les lesbiennes transgenres, particulièrement agressées par des propos ou des gestes dans l’espace public.
Julie Picard, membre du collectif et présidente du FémiGouin’Fest, explique :
« On veut mettre au centre de la démarche les droits de toutes les lesbiennes, des meufs trans, et aussi des mecs trans. On veut aller au-delà de nos différences, montrer que nos luttes sont intersectionnelles. »
Photo : Charlène Hfr / doc remis
En 2024, les organisatrices de la marche pour la visibilité lesbienne avaient choisi d’en exclure les hommes, ce qui avait soulevé des questionnements de la part de militants et militantes.
Le même jour à 18h, les collectifs ont également organisé un apéro d’après marche au Karmen Camina, avec des tartes flambées, une tombola et un concours de bras de fer jusqu’à 22h. À partir de 23h et jusqu’à 6h30, six DJ sets se relaieront avec notamment trois artistes strasbourgeoises : Veine, Kina Taimani et Pupæ200.
Gare de Strasbourg le 22 avril 2025.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
Depuis 2021, des collectifs d’habitants dénoncent l’insécurité qu’ils ressentent au quartier gare à Strasbourg . Mais dans les rues, c’est l’augmentation de la précarité qui inquiète les habitants et les commerçants historiques.
« On n’a ni travail, ni papiers, ni logement, où voulez-vous qu’on aille d’autre ? » Un trentenaire, noir en t-shirt noir et qui dit s’appeler Kevin, résume ainsi la raison de sa présence quotidienne sur la place Hans-Jan-Arp, devant le musée d’art moderne de Strasbourg, mardi 22 avril. Dix jours auparavant, lors d’une réunion publique sur la sécurité du quartier gare, l’endroit avait été désigné par des habitants comme une source d’insécurité en raison de la présence de personnes noires. La préfecture avait alors assuré « connaître le problème » et y engager des effectifs policiers.
Sur place, les polices municipale et nationale passent plusieurs fois par jour, contrôlent les hommes assis sur les marches ou debout sur le quai. « Moi je viens là pour jouer, pour socialiser, car faire la manche ne sert à rien à part embêter les gens », explique un jeune, les yeux rivés sur son téléphone. Alors quand il voit arriver les voitures de police, parfois par cinq ou six, il donne ses papiers et attend que ça passe. « Ils font leur travail, c’est normal, mais nous n’avons rien à nous reprocher », soupire-t-il.
Le parvis du musée d’art moderne de Strasbourg, mardi 22 avrilPhoto : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
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Certains chercheurs ont cru pouvoir reconnaître Hanuš Hachenburg sur cette photo de l’orphelinat juif, mais ce n’est pas lui.
Dans son dernier livre, L’enfant comète, Baptiste Cogitore revient sur l’histoire d’Hanuš Hachenburg, un enfant tué par les nazis à Birkenau en 1944 mais qui a écrit plusieurs textes poétiques au cours de sa courte vie.
Claire Audhuy et Baptiste Cogitore ont découvert l’existence d’Hanuš Hachenburg en 2011, lorsqu’elle travaillait sur le théâtre dans les camps de concentration nazis. Depuis, le talent et le destin tragique du jeune poète tchèque n’a cessé de les travailler : Hanuš Hachenburg est né en 1929, interné en 1942 au camp de Terezin, il a écrit des poèmes et des pièces de théâtre avant d’être assassiné à Birkenau en 1944.
Les deux auteurs aux multiples talents (Claire Audhuy est aussi artiste, interprète et metteuse en scène, Baptiste Cogitore est aussi réalisateur) se sont d’abord attachés à éditer les textes d’Hanuš Hachenburg et à réaliser un film documentaire, Le Fantôme de Theresienstadt en 2019.
Une histoire écrasée par l’Histoire
L’enfant comète est un livre d’histoire sur la vie d’Hanuš Hachenburg, que Baptiste Cogitore a scrupuleusement reconstituée pendant dix ans à partir des archives de la République tchèque, des archives familiales (bien que laissé à un foyer en 1938, Hanuš est issu d’une famille aisée de Prague), des écrits de l’auteur et des témoignages disponibles.
Le résultat est une vibrante plongée dans l’Europe centrale en guerre, suivie d’un placement du lecteur comme témoin glacé de l’horreur mécanique des camps de concentration nazis. Autant d’étapes très documentées d’une courte vie, ponctuées par des textes d’Hanuš Hachenburg qui sont autant d’étincelles de talent pur dans ce monde qui s’enfonce dans la barbarie.
La lecture de L’Enfant comète raconte l’éclosion d’un talent brut, une personnalité brillante qui prend immédiatement conscience de sa fin prochaine, et qui choisit d’en rire, qui choisit les mots plutôt que les armes car il savaient qu’ils seraient éternels. Cet acte de foi dans la littérature, à 13 ans, est un témoignage qui résonne encore, 80 ans plus tard.
Des feuilles poussent encore sur cet arbre à terre.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
La réserve naturelle de l’Illwald abrite des chênes vieux de plusieurs siècles. Mais la Ville de Sélestat abat certains de ces immenses volumes de bois avant de les revendre. Elle prétexte des risques pour les promeneurs.
Couché sur le sol, le tronc fait presque la taille d’un humain. « Il a peut-être connu Napoléon », pose Étienne, tout en mesurant son diamètre. Cet adhérent d’Alsace Nature peut alors estimer son âge, « mais c’est une valeur à prendre avec des pincettes. On ne sait pas exactement de quelle partie il s’agit ». Avec 1,25 mètre de diamètre, le chêne avait environ 200 ans. Mais le 15 avril 2025, cet arbre colossal gît par terre, en morceaux.
Étienne Bezler mesure 1,25 mètre de diamètre pour ce chêne. Des dimensions qui correspondent à un arbre de 200 ans environ, dans les conditions de la forêt de l’Illwald.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg
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