Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Les Vitrines de Strasbourg demandent des mesures pour les commerces du centre-ville

Les Vitrines de Strasbourg demandent des mesures pour les commerces du centre-ville

Les adhérents des Vitrines de Strasbourg déplorent une baisse de fréquentation de leurs enseignes. En mars 2025, l’association a interpellé la municipalité mais la réaction est jugée insuffisante.

« On a interpellé la maire et la préfecture mais les choses n’ont pas bougé comme on l’espérait », regrette Gwenn Bauer, président des Vitrines de Strasbourg. L’association, regroupant près de 700 commerçants du centre-ville, dit avoir alerté la municipalité par un courrier daté de mars 2025 sur la baisse de fréquentation des commerces du centre-ville et demandait de l’aide. Vendredi 11 avril, l’association donnait une conférence de presse dans son local à quelques pas de la place du Temple-Neuf. Avec un message à destination de la Ville de Strasbourg : sa réponse aux difficultés des commerçants est insuffisante.

Trop de travaux

Quatre membres des Vitrines de Strasbourg étaient présents : le président de l’association Gwenn Bauer, gérant de la chocolaterie Lathéral, le trésorier Olivier Klein, gérant de la boucherie éponyme, ainsi que deux adhérents, Carole Schug, responsable des Pâtisseries Christian et le directeur des Galeries Lafayette strasbourgeoises, Jacques Costedoat. Ces commerçants ne sont pas convaincus par la communication de la municipalité, qui met en avant un centre-ville attractif. Selon les données d’une start-up spécialisée dans l’analyse des flux piétons MyTraffic, le cœur de la ville strasbourgeoise a connu en 2024 une augmentation du nombre de visiteurs de près de 14,90% par rapport à l’année précédente.

Mais du côté des commerçants, l’association déplore une perte de consommateurs, en particulier ceux de Strasbourg et des communes environnantes. Gwenn Bauer est le premier à prendre la parole : « Nos adhérents constatent surtout la baisse de leur chiffre d’affaires. » Et le président de l’association d’égrener ses plaintes : les nombreux travaux place des Halles, rue du Jeu-des-Enfants mais aussi place du Temple-Neuf « détournent la clientèle ». « Place du Temple-Neuf, depuis quatre années consécutives, on subit des travaux », déplore le président des Vitrines de Strasbourg.

Le président Gwenn Bauer met en cause les travaux qui feraient baisser le chiffre d’affaires des commerçants.

Manque de places de stationnement

Un autre problème d’accessibilité est soulevé par Olivier Klein, celui des transports. La municipalité avait aménagé en 2023 200 places dites « violettes ». Ces espaces dédiés au stationnement de courte durée devaient permettre aux consommateurs de faire leurs courses. Cette initiative, bien que saluée par les Vitrines de Strasbourg, serait aujourd’hui insuffisante.

Selon leur directeur Jacques Costedoat, les Galeries Lafayette connaissent une baisse de fréquentation supérieure aux autres sites à l’échelle nationale. Le phénomène serait lié au manque de places de stationnement dont souffrirait la clientèle allemande et suisse. La baisse du nombre de places de parking aurait aussi un impact négatif sur l’embauche, comme le constate aussi Carole Schug, responsable des pâtisseries Christian : « Un salarié qui débute à deux heures du matin pour produire des tartelettes et autres gourmandises ne peut pas prendre les transports pour se rendre sur son lieu de travail. »

Les Vitrines en campagne

En plus de ces difficultés, les quatre membres évoquent un « climat anxiogène ». Gwenn Bauer exprime une « vive inquiétude face à l’insécurité, les incivilités et les agressions » dans le centre-ville. S’il apprécie la mise en place d’une brigade de police municipale pour faire respecter l’interdiction de consommer de l’alcool dans le secteur de la place Saint-Pierre-le-Vieux, le gérant estime qu’une telle mesure devrait être déployée à l’échelle du centre-ville. « Certains commerçants ont peur de fermer seul leur boutique le soir », affirme Gwenn Bauer.

Les Vitrines de Strasbourg semblent se faire ainsi le relais de Jean-Philippe Vetter. Le conseiller municipal d’opposition Les Républicains (LR) avait évoqué l’insécurité au centre-ville de Strasbourg au nom des commerçants et espère voir un maximum d’entre eux s’inscrire sur les listes électorales. En fin de conférence de presse, Gwen Bauer s’est inscrit dans la campagne des élections municipales :

« Avec cette municipalité, on n’a pas été pris en compte malgré toutes nos propositions. Pour les prochaines élections municipales, on interrogera l’ensemble des candidats sur leurs positions concernant le commerce du centre-ville. »

Mardi 15 avril, 80 cyclistes serbes contre la corruption arrivent à Strasbourg

Mardi 15 avril, 80 cyclistes serbes contre la corruption arrivent à Strasbourg

Une centaine de cyclistes serbes arrivent à Strasbourg mardi 15 avril. Leur objectif : manifester devant les institutions européennes pour dénoncer la corruption dans leur pays.

Depuis le 3 avril, 80 étudiants serbes pédalent tous les jours. Après avoir parcouru 1 400 kilomètres, ils arriveront à Strasbourg le 15 avril, place Kléber, entre 19 et 20 heures – en fonction des conditions météo. Les cyclistes veulent faire entendre leur combat contre la corruption dans leur pays. Leur site web précise : « Ce n’est pas seulement un tour à vélo – c’est un trajet d’espoir, de résistance, et la voix de tous ceux qu’on a réduits au silence. »

« La corruption n’a pas de limite. »

Marina Maletic, organisatrice de l’arrivée des cyclistes à Strasbourg

Tout commence le 1er novembre 2024 à 11h52 : un bout du toit de la gare de Novi Sad s’effondre alors qu’il venait d’être rénové. 16 personnes périssent. « Cette gare est très passante, étant donné que Novi Sad fait partie des trois plus grandes villes de Serbie« , explique Marina Maletic, organisatrice de l’arrivée des cyclistes à Strasbourg :

« L’entreprise en charge de la rénovation du toit n’avait pas les compétences pour faire ces travaux qui ont certainement été payés avec de l’argent blanchi. Cet évènement a déclenché la mobilisation car il n’est pas isolé et illustre que la corruption n’a pas de limite. »

Un Premier ministre poussé à la démission

Deux jours après l’effondrement de la gare de Novi Sad, les étudiantes et étudiants serbes commencent à bloquer leurs facultés et demandent des mesures efficaces contre la corruption. La mobilisation perdure et le Premier ministre serbe Miloš Vučević démissionne fin janvier 2025.

Depuis cinq mois, les universités sont en grève et des manifestations étudiantes quotidiennes secouent la Serbie. La mobilisation s’étend aux « avocats, juristes, journalistes, profs, syndicats… La population dans son ensemble se mobilise », précise Marina Maletic. Le symbole de leur lutte est une main rouge, comme ensanglantée.

Vélo Serbe Etudiants

Répression et contrôle des médias

« Certaines personnes se font licencier en raison de leur soutien aux étudiants, une citoyenne croate a été renvoyée de Serbie pour cette raison, car elle serait une menace pour le pays, alors qu’elle est mariée à un Serbe et qu’elle a un enfant », poursuit Marina Maletic. Elle précise que certains manifestants sont emprisonnés et frappés par les forces de l’ordre uniquement car ils participent au mouvement citoyen. La répression policière est allée jusqu’à faire usage d’un « canon à son » pour la première fois en Europe afin de disperser les 300 000 manifestants réunis à Belgrade le 15 mars 2025.

« En 2023 pour les élections législatives, des citoyens de Bosnie ont été payés pour venir voter en Serbie et les médias étaient contrôlés par le gouvernement, donc ils ne diffusaient que des informations dans leur sens », se souvient Marina Maletic. Dans une résolution suivant ces élections et votée en 2024, le Parlement européen décrit « une campagne de dénigrement et d’incitation à la peur », des votes collectifs, des agressions physiques et violations du secret du vote.

Huit chapitres de revenducations

Dans ce pays des Balkans, candidat à l’Union Européenne (UE) depuis 2012, le président Aleksandar Vučić est élu depuis 2017. Déjà, les étudiantes et étudiants accueillaient sa victoire avec des manifestations de contestation. Particulièrement hostile au principe de liberté de la presse, soutenu par l’extrême droite européenne et par Moscou, Aleksandar Vučić a aussi vu la population se soulever contre lui en 2018. Les manifestations faisaient suite à l’agression d’un opposant politique et à des réformes anti-sociales et autoritaires. Le président avait alors déclaré que « même si cinq millions de personnes (sur sept millions de Serbes, NDLR) descendaient dans la rue« , il n’accèderait pas à leur demande, selon La Croix. Friand de la théorie selon laquelle « l’Occident » chercherait à déstabiliser son pays, le président a utilisé cet argument, de concert avec la Russie, face aux manifestations après une autre élection, en 2023.

Désormais, les étudiants ont organisé leurs revendications en huit chapitres et comptent sur les révélations de la presse indépendante sur la corruption du parti présidentiel pour appuyer leur démarche. « Ce sont les étudiants de Novi Sad qui ont décidé de venir à vélo pour alerter le Conseil de l’Europe », souligne Ema Markovic, arrivée à Strasbourg en 2012. Elle fait partie de la soixantaine de personnes en charge de l’organisation de la mobilisation :

« Depuis leur départ, les cyclistes rencontrent l’adhésion dans les villes où ils s’arrêtent. Le maire de Budapest est venu à leur rassemblement, des évènements sont organisés à leur arrivée. Dans les Balkans, les situations politiques sont toujours tendues mais la cause étudiante rassemble et s’étend à différentes villes au-delà des frontières. Les problèmes de corruption sont partout, donc l’émotion est ressentie dans plusieurs pays. »

Après Novi Sad les étudiants ont fait escale en Serbie, en Hongrie, en Autriche et en Allemagne, avec des étapes allant de 75 à 144 kilomètres par jour. Dans chacune des 13 villes où ils s’arrêteront, des logements ont été trouvés grâce au soutien local. À Strasbourg, Marina Maletic a trouvé des particuliers qui pouvaient accueillir les étudiants ou louer des appartements pour eux. Certains resteront au centre européen de la jeunesse. Entre les cyclistes et les supports médicaux et techniques, le convoi représente une centaine de personnes au total.

Vélo Serbe Etudiants

Rendez-vous au Conseil de l’Europe

« La directrice générale de la démocratie et de la dignité humaine au Conseil de l’Europe, Marja Ruotanen, a dit qu’elle viendrait discuter avec nous, c’est bon signe », s’enthousiasme Ema Markovic. Les étudiants prévoient un temps d’échange avec cette institution, dont la Serbie est membre, mais pas avec le Parlement Européen dont il ne fait pas encore partie.

Dans son rapport 2024 consacré à la Serbie et aux évolutions nécessaires à son adhésion, la Commission européenne pointe d’importants manquements dans le domaine de la corruption. Elle indique que peu des recommandations souhaitées par le GRECO, organe anti-corruption du Conseil de l’Europe, ont été appliquées, la plupart faute de volonté gouvernementale.

À Strasbourg, la diaspora serbe compte selon Ema Markovic quelques dizaines de personnes, dont plusieurs étudiants. Elle compte notamment une église orthodoxe serbe à Koenigshoffen, qui n’a pas été associée au mouvement étant donné que « tous les Serbes ne sont pas pratiquants » et que l’institution ne soutient pas le mouvement étudiant en Serbie.

Mercredi 9 avril, Emmanuel Macron a reçu le président serbe à l’Elysée, un geste perçu comme une provocation au sein du mouvement de contestation en Serbie.

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En 2033, un opéra plus haut, plus grand et plus accueillant

En 2033, un opéra plus haut, plus grand et plus accueillant
La façade du Théâtre municipal est classée comme monument historique et restera en l’état.

Vétuste et dangereux, le bâtiment qui accueille l’opéra du Rhin va subir une reconstruction totale de 2028 à 2033. Sa partie centrale sera rehaussée et deux extensions vont être construites.

La Ville de Strasbourg a choisi, avec les autres collectivités alsaciennes et l’État, le scénario pour que l’Opéra national du Rhin puisse accueillir son public et ses spectacles dans de bonnes conditions de confort et de sécurité. Plus de 120 millions d’euros vont être dépensés dans cette vaste opération de rénovation qui durera jusqu’en 2033. La Ville de Strasbourg prévoit d’en prendre 40 à sa charge, l’Eurométropole 20 tandis que l’État, la Collectivité d’Alsace et la Région Grand Est se partageront les 60 millions d’euros restants. Une partie des financements utiliseront les crédits de deux contrats triennaux.

L’objectif de ce chantier est de permettre à l’opéra de proposer des spectacles avec orchestre à près de mille personnes tout en restant dans l’enceinte du bâtiment historique, qui date de 1804 mais dont la partie centrale a été reconstruite après les bombardements de 1870 et un incendie. Depuis 1997, la commission départementale de sécurité rend un avis défavorable à l’accueil du public, le bâtiment n’est plus aux normes.

Trouver une solution pour l’opéra faisait partie des promesses de campagne de Jeanne Barseghian en 2020. Devenue maire, elle a lancé ce chantier en 2022. Une première estimation de la rénovation du bâtiment principal faisait état d’un chantier sur trois ans, pour un coût total de 70 millions d’euros.

Deux ans d’études

Le scénario choisi après deux années d’études est plus ambitieux. Il prévoit de surélever la partie centrale du bâtiment de cinq mètres, afin d’offrir des espaces de convivialité au public. La scène sera abaissée jusqu’au niveau du rez-de-chaussée, ce qui permettra de faire transiter les décors bien plus facilement et de permettre des scénographies au diapason des grandes scènes européennes et ainsi favoriser les coproductions. Les espaces dédiés au public et ceux dédiés aux équipes seront entièrement repensés devant et derrière la salle, les coulisses seront au sous-sol et non plus sous la trop petite rotonde. Deux extensions sont prévues. La première doit remplacer les bâtiments modulaires sur la place du Petit-Broglie, la seconde sera construite en face du tramway, reliée au bâtiment principal par des couloirs souterrains.

Ces travaux permettront de maintenir une jauge de 940 places et d’accueillir les personnes à mobilité réduite par les mêmes accès que le reste du public. L’actuelle salle à l’italienne permet d’accueillir 1 100 personnes, mais dont 150 ont une vue biaisée sur la scène, 300 en ont une vue tronquée et 60 ne voient même rien. Elle sera donc entièrement détruite. Il est prévu cependant que la nouvelle salle s’en inspire.

La salle à l’italienne avait son cachet mais elle n’était pas pensée pour voir les opéras, c’est ballot.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Un repli au Palais des fêtes de 2028 à 2033

L’opéra du Rhin ne cessera pas de fonctionner pendant les travaux. Les principaux spectacles seront accueillis au Palais des fêtes dans le cadre d’une programmation « hors les murs ». Mais le bâtiment doit être également rénové, malgré d’importants travaux encore récents. Pour cela, la Ville de Strasbourg devra débourser 10 millions d’euros pour une livraison, impérative, à l’automne 2028.

Au tribunal, trois anciens militants nationalistes aveuglés par l’honneur et la violence

Au tribunal, trois anciens militants nationalistes aveuglés par l’honneur et la violence

Jeudi 10 avril, trois anciens militants d’extrême droite ont été jugés pour avoir participé à un guet-apens visant l’ex-beau frère de Valentin Linder, ancien président du Bastion social. Chronique de la chute de trois hommes violents, aveuglés par une certaine idée de leur honneur d’hommes.

« T’es sûr que t’es pas cramé ? Non t’inquiète. » C’est la dernière conversation téléphonique enregistrée entre Valentin Linder et Flavio Exposito-Thouplet. Elle date du 12 mars 2024, 17h30. Quelques secondes plus tard, ce dernier et Benjamin Corticelli sont interpellés sur un parking de l’espace européen de l’entreprise à Schiltigheim, au nord-ouest de Strasbourg. Les deux hommes étaient sur le point de s’en prendre à Gauthier, l’ex-mari de Camille Linder, la sœur du premier.

Au même moment, Valentin Linder, commanditaire de cette opération, se trouve à Paris. Il est l’ancien président du groupuscule d’extrême-droite Bastion social. C’est lui qui a organisé cette vengeance contre son ex-beau frère. Fiché S, il était suivi de près par la Direction générale de la sécurité intérieure. Jeudi 10 avril, il était devant le tribunal judiciaire de Strasbourg, jugé avec quatre complices pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des violences aggravées ».

Une séparation vécue comme une « trahison »

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Manifestation « pour la défense de l’État de droit » samedi 12 avril

Manifestation « pour la défense de l’État de droit » samedi 12 avril
Pancarte dans une manifestation à Strasbourg le 7 septembre 2024, contre le « coup de force de Macron ».

Samedi 12 avril à 16 heures, le collectif Justice & Libertés appelle à un rassemblement statique place Kléber « pour la défense de l’État de droit ».

Composé de 12 associations locales, le collectif Justice & Libertés invite à un rassemblement samedi 12 avril à 16 heures, place Kléber, « pour la défense de l’État de droit, contre l’extrême-droite et ses idées ».

Pour mobiliser les Strasbourgeois et Strasbourgeoises, le collectif rappelle la condamnation de Marine Le Pen à quatre ans de prison et cinq d’inéligibilité le 31 mars 2025. La présidente du Rassemblement National a annoncé faire appel et dénoncé une « décision politique », pourtant prise par un juge pour des faits de détournement de fonds publics. Sur les plateaux télé, sur les ondes radio et en ligne, les défenseurs de la fille de Jean-Marie Le Pen ont violement critiqué la décision de justice, allant jusqu’à menacer la magistrate à son origine.

Justice et Libertés estime ainsi que :

« Le Rassemblement national (RN) profite de l’occasion pour avancer sabre au clair et mettre en cause l’État de Droit, la séparation des pouvoirs – si imparfaite soit-elle – et imposer ses thématiques réactionnaires dont l’État illibéral à la sauce trumpiste, un État fasciste qui ne dit pas son nom. »

Ainsi, le collectif appelle « tous les démocrates et antifascistes » au rassemblement, « pour exprimer leur détermination à arrêter la machine de propagande des fascistes ». Dans un essai publié en 1995 intitulé « reconnaître le fascisme », Umberto Eco donne des indices pour repérer la fascisation d’une société, tels que la mobilisation d’une classe moyenne frustrée, la critique de la culture, la tentative de faire taire les oppositions, le machisme…

Justice & Libertés est particulièrement présent pendant les manifestations de soutien aux Palestiniens et Palestiniennes à Strasbourg.


Sciences Po Strasbourg : la police intervient pour faire lever le blocage

Sciences Po Strasbourg : la police intervient pour faire lever le blocage
La police s’est déployée aux abords du Cardo, provoquant le départ des étudiants mobilisés.

La police nationale est intervenue ce jeudi 10 avril pour faire cesser le blocage de Sciences Po Strasbourg, repris depuis la veille par des étudiants mobilisés pour la Palestine.

Frédérique Berrod, la nouvelle présidente de l’Université de Strasbourg, l’avait annoncé la veille à la presse : elle était prête à faire appel à la police pour faire cesser le blocage du Cardo, le bâtiment du campus de l’hôpital civil, utilisé entre autres par Sciences Po Strasbourg.

Suite au refus du conseil d’administration de l’Institut d’études politiques de remettre en cause le partenariat avec l’université Reichman en Israël mardi soir, les accès du bâtiment étaient bloqués pour la quatrième fois depuis la rentrée par des étudiants mobilisés pour la Palestine. Les étudiants avaient annoncé leur intention maintenir ce blocage au moins jusqu’aux vacances de printemps, soit jusqu’au vendredi 11 avril inclus.

Jeudi 10 avril vers 9h30, la police nationale s’est déployée aux abords du Cardo, ce qui a provoqué le départ des étudiants mobilisés. Les accès au bâtiment ont été rouverts sans violence dans la foulée. Les étudiants mobilisés prévoient d’organiser une nouvelle assemblée générale afin de déterminer la suite des actions qu’ils entendent mener.

Manifestation « contre le génocide » en Palestine samedi 12 avril

Manifestation « contre le génocide » en Palestine samedi 12 avril
Manifestation de soutien aux Palestiniens et Palestiniennes en octobre 2023, à Strasbourg.

Le Collectif Strasbourg Palestine organise une manifestation samedi 12 avril à Strasbourg contre « le génocide en cours » en Palestine.

Le drapeau palestinien aux quatre couleurs sera de nouveau hissé au centre-ville de Strasbourg pour exiger « le respect du droit international » selon un appel du collectif Strasbourg Palestine. Une manifestation est prévue samedi 12 avril à partir de 15h depuis la place Kleber. Elle doit rejoindre la place du Château par le quai des Bateliers.

Leila Sihabi, porte-parole du collectif, détaille :

« Nous ce qu’on veut, c’est alerter les gouvernements sur l’urgence d’agir en Palestine. On veut qu’il y ait des sanctions contre Israël. On demande la rupture des accords entre les deux pays, la reconnaissance de l’État palestinien, le respect du cessez le feu et l’entrée de l’aide humanitaire. »

Une demande spécifique est exprimée auprès de la Ville de Strasbourg, jumelée avec la commune de Ramat-Gan en Israël depuis 1991. « On attend que la Ville s’implique, qu’elle mette fin au jumelage avec Ramat-Gan mais elle ne nous donne aucune réponse. »

La manifestation intervient alors qu’un collectif de soignants de retour de Gaza a lancé une grève de la faim. Leila Sihabi a débuté son jeûne solidaire lundi 31 mars. La militante n’en est pas à sa première manifestation. « 18 mois qu’on organise régulièrement des manifs, des opérations de sensibilisation, du tractage. 18 mois qu’on est dans les rues, je ne compte plus, » dit-elle

Leila Sihabi évoque le voyage d’Emmanuel Macron en Égypte qui s’est achevé mardi 8 avril. Selon le communiqué de presse de l’Elysée, la France, l’Égypte et la Jordanie ont « appelé à un retour immédiat au cessez-le-feu pour que les Palestiniens soient protégés et reçoivent de l’aide humanitaire dans les plus brefs délais. » La France pourrait également reconnaître l’État palestinien en juin. Mais Leila Sihabi n’en espère pas grand chose, et compte plutôt sur la mobilisation collective.

Menaces et expulsions : les méthodes du préfet Jacques Witkowski pour plaire à Bruno Retailleau

Menaces et expulsions : les méthodes du préfet Jacques Witkowski pour plaire à Bruno Retailleau
Jacques Witkowski, préfet du Bas-Rhin et du Grand Est depuis octobre 2024.

Nommé préfet du Bas-Rhin en octobre 2024, Jacques Witkowski applique avec zèle les directives du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Le cap est clair : réduire l’immigration, peu importe l’État de droit.

Félicitations de la part du ministre de l’Intérieur. Jeudi 23 janvier, le préfet Jacques Witkowski est sorti de la place Beauvau à Paris avec le sentiment du devoir accompli. Lors d’une réunion des préfets, Bruno Retailleau a salué le courrier envoyé par la préfecture du Bas-Rhin aux parents de mineurs interpellés pour des dégradations à l’approche de Nouvel an. La menace de retirer le titre de séjour des parents étrangers a plu au ministre et candidat pour la présidence du parti de droite Les Républicains.

L’initiative préfectorale rappelle qu’à peine nommé au ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau a affirmé que « l’État de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré ». Une déclaration qui a fait réagir jusqu’au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Elle indique aussi la méthode que le ministre de l’Intérieur est prêt à employer pour s’attaquer à sa priorité des priorités, l’immigration qu’il appelle le « désordre migratoire ».

Atteinte à la présomption d’innocence

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Sciences Po Strasbourg : étudiants et présidence actent leur divorce

Sciences Po Strasbourg : étudiants et présidence actent leur divorce
Les étudiants mobilisés se sont réunis lors d’une assemblée générale mercredi midi.

Les étudiants mobilisés contre le partenariat de Sciences Po Strasbourg avec une université israélienne ont voté le blocage jusqu’aux vacances. La présidente de l’Université appelle à respecter la décision du conseil d’administration.

Au matin du mercredi 9 avril, les étudiants du comité Palestine de Sciences Po Strasbourg ont bloqué les accès au Cardo, le bâtiment de l’institution situé dans l’enceinte de l’hôpital civil de Strasbourg. Elles et ils ont débuté ainsi un quatrième blocage depuis septembre 2024, suite à la décision du conseil d’administration prise la veille de ne pas mettre fin au partenariat avec l’institut Reichman en Israël (voir notre article).

Une cinquantaine d’étudiantes et d’étudiants ont voté la reconduction du blocage jusqu’aux vacances.

Colère et mobilisation des étudiants

Un peu avant midi, des étudiantes de Sciences Po expriment leur inquiétude avant de participer à une assemblée générale des étudiants. « Je devais réviser pour un examen. Mais l’assemblée générale est plus importante. » Son amie enchaîne : « On veut être tenues au courant de la suite ». Camille, étudiante de 4ème année, confie « avoir honte d’être étudiante ici. Je suis très en colère, c’est un mépris de la part de la direction. »

Puis le jingle SNCF retentit : « Teum teum teleum : en raison de difficultés suite au vote du CA nous vous proposons une AG (assemblée générale NDLR)« . Mobilisé depuis le début du mouvement en septembre 2024, Charlie rassemble les troupes et exprime sa réaction après le vote du CA :

« C’est la colère et en même temps on pouvait s’y attendre d’une certaine façon. Je n’aime pas beaucoup dire ça parce que nous avions de l’espoir. Mais cet espoir découlait de l’honnêteté des membres du CA. »

Après quelques considérations, les étudiants votent à une quasi-unanimité en faveur de la poursuite du blocage du Cardo, au moins jusqu’à vendredi 11 avril. Les vacances de printemps débutent ensuite et Charlie espère que ses camarades pourront retrouver des forces pour continuer à s’opposer à ce partenariat :

« Ça peut nous permettre de nous reposer avant de reprendre la mobilisation. C’est comme ça qu’on avait tenu deux semaines en février. Il y a eu les vacances d’hiver, puis les étudiants sont revenus à fond la forme. »

Une volonté de dialogue remise en question

Dans l’après-midi, la nouvelle présidente de l’Université de Strasbourg (Unistra), Frédérique Berrod, a pris la parole devant la presse. Elle a appelé à « respecter la décision du CA de Sciences po Strasbourg après les temps d’échanges qui ont eu lieu » tout en soulignant que cette décision « a été prise après un long débat des administratrices et des administrateurs ».

Le vote des personnalités extérieures, 12 sur 35 administrateurs, a été vivement critiqué au sein du comité Palestine. Simon, élu étudiant au CA, pointe qu’il « n’y avait que deux personnes de l’extérieur présentes mardi soir. Le reste avait fait une procuration et n’a pas participé aux trois heures de débat ».

Nouvelle présidente, Frédérique Berrod n’entend rien changer aux pratiques précédentes de gestion de la crise à Sciences Po.

Pas de solution

Frédérique Berrod se veut « gardienne de cette délibération démocratique » et appelle les étudiants mobilisés à « cesser le blocage du bâtiment », par ailleurs utilisé par d’autres instituts universitaires comme le Centre d’études internationales de la propriété intellectuelle (Ceipi) et l’Institut de préparation à l’administration générale (Ipag). Mais elle a refusé de s’impliquer davantage. Elle n’entend pas recevoir les étudiants mobilisés et s’est déclarée prête à faire intervenir la police en cas de mises en danger de personnes ou de dégradations. « Le blocage ne peut pas être le mode d’action permanent des étudiants », a-t-elle affirmé, « il y a eu un dialogue, une médiation, un vote. Je ne peux qu’en prendre acte. »

Tout juste Frédérique Berrod a-t-elle concédé qu’elle œuvrait pour l’accueil d’étudiants gazaouis, dont toutes les universités ont été détruites, dans le cadre d’un accord européen dont les détails restent encore très flous. Elle a également précisé que les partenariats internationaux futurs devront répondre à des critères éthiques, qui seront listés dans une charte en cours d’élaboration.

Le bâtiment de Sciences Po Strasbourg bloqué

Le bâtiment de Sciences Po Strasbourg bloqué
Mardi 8 avril au soir, des étudiants mobilisés attendent les résultats du vote du conseil d’administration.

Suite à la reconduction du partenariat avec une université israélienne mardi soir, des étudiants ont bloqué les accès du bâtiment de Sciences Po Strasbourg dès l’aurore du mercredi 9 avril.

L’entrée ouest du Cardo, le bâtiment qui abrite Sciences Po Strasbourg et d’autres instituts universitaires dans l’enceinte de l’hôpital public, est bloquée en raison des travaux de reconstruction du bardage. Mais l’entrée Est est également bloquée depuis mercredi 9 avril dès potron-minet. Selon des témoignages sur place, une soixantaine d’étudiants et d’étudiantes mobilisées empêchent toutes les entrées pour protester contre l’existence d’un partenariat avec l’université Reichman en Israël.

Ce conflit entre la direction et des étudiants mobilisés pour la Palestine dure depuis la rentrée, alors qu’un vote du conseil d’administration en juin avait suspendu ce partenariat, à la demande des délégués étudiants afin de dénoncer la guerre menée contre la population civile à Gaza. À la suite de trois blocages, dont le dernier a duré trois semaines, une médiation avait été mise en place entre la direction et les étudiants mobilisés afin qu’un nouveau vote, éclairé par un rapport d’examen du partenariat, ait lieu au sein du conseil d’administration.

Mais le conseil d’administration a voté à une courte majorité pour la reconduction du partenariat mardi soir, provoquant la colère immédiate des étudiants mobilisés et le retour du blocage. Certains étudiants qui s’étaient impliqués dans la solution institutionnelle déclarant qu’on ne les y reprendraient plus cette fois, une sortie de crise sera délicate à trouver.

Les étudiants mobilisés organisent une assemblée générale pour décider des suites du mouvement devant le Cardo ce mercredi à midi.

Manifestation contre la répression des free-parties samedi 12 avril

Manifestation contre la répression des free-parties samedi 12 avril
Une manifestation pour défendre les free-parties est prévue à Strasbourg samedi 12 avril.

Le collectif Tekno Anti Rep Strasbourg organise une manifestation sonore ce samedi 12 avril dans le cadre d’une mobilisation nationale pour la défense des rave-parties.

Des sounds-systems – les collectifs organisateurs des free-parties – appellent à participer à la « Manifestive » ce samedi 12 avril dans toute la France, pour défendre la « culture de la fête libre ». « Notre liberté fondamentale de festoyer est aujourd’hui mise en danger », écrit le collectif Tekno Anti Rep. Il dénonce les interdictions des free-parties et les saisies récurrentes de matériel. À Strasbourg, l’heure et le lieu de rendez-vous ne sont pas encore précisément fixés à cause de négociations avec la préfecture.

En Alsace, les arrêtés préfectoraux d’interdiction de ces événements sont récurrents au printemps et en été. Tekno Anti Rep dénonce aussi une proposition de loi déposée en mars par des députés de la majorité présidentielle. Elle vise à renforcer la pénalisation de l’organisation des free-parties, avec des peines allant jusqu’à six mois d’emprisonnement pour toute personne « participant à l’organisation » d’une « rave-party illicite ».

Négociations avec la préfecture

Cette loi élargirait également la liste des organisateurs à toute personne s’impliquant pour l’évènement, pour le transport, l’installation des équipements, la gestion des stands… « Ils veulent tuer notre culture, notre mouvement alors qu’il est aussi important que le rock par exemple, ou d’autres genres », explique Nihilo, l’un des membres de Tekno Anti Rep à Strasbourg.

Mais les organisateurs locaux craignent d’être finalement « réduits au silence ». Suite à la déclaration de la manifestation, ils négocient avec la préfecture du Bas-Rhin et la police nationale. Selon les échanges de mails que Rue89 Strasbourg a pu consulter, la préfecture a refusé le premier tracé proposé parce qu’il traversait les lignes de tram, prétextant le risque d’un nouvel accident après la collision le 11 janvier liée à la descente en arrière d’un tram dans le tunnel sous la gare.

La manifestation strasbourgeoise pour la défense des free-parties avait déjà été annulée en 2024 parce que la préfecture souhaitait que le rassemblement reste statique, ce que les organisateurs avaient refusé. Pour cette édition, les organisateurs indiquent que la préfecture a interdit « les rassemblements festifs à caractère musical de type rave-party, free party, ou teknival ».

« Menaces, emprise » : La Fédération d’athlétisme suspend un entraîneur strasbourgeois

« Menaces, emprise » : La Fédération d’athlétisme suspend un entraîneur strasbourgeois
La FFA a décidé de sanctionner début avril 2025 un coureur et entraineur strasbourgeois.

La Fédération française d’athlétisme a suspendu début avril un entraîneur strasbourgeois. Il est notamment accusé d’avoir placé des sportives dans une situation d’emprise.

Un comportement « d’une particulière gravité ». Ce sont les mots utilisés par la Fédération française d’athlétisme (FFA) dans sa décision. À la suite d’une procédure administrative disciplinaire de près de dix mois, la FFA a publié, début avril 2025, les sanctions prises à l’encontre d’un sportif de haut niveau et entraineur de la section strasbourgeoise du club Athlétisme Metz Métropole, dont plusieurs femmes dénoncent le comportement.

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Sciences Po Strasbourg reconduit son partenariat avec l’université Reichman

Sciences Po Strasbourg reconduit son partenariat avec l’université Reichman
Les membres du CA de Sciences Po ont été hués à leur sortie.

Malgré les demandes d’une partie de ses étudiants et de ses enseignants, le conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg a maintenu mardi 8 avril le partenariat avec l’université Reichman en Israël.

Ambiance électrique mardi soir devant le Cardo, le bâtiment qu’utilise Sciences Po dans l’enceinte de l’hôpital civil de Strasbourg. Quelques dizaines d’étudiants étaient rassemblés devant l’entrée, afin de rappeler leur détermination aux membres du conseil d’administration de l’institut d’études politiques (IEP) de l’Université de Strasbourg.

Ces derniers devaient se prononcer une fois pour toutes sur la suspension ou la confirmation d’un partenariat avec l’université Reichman, un institut de formation privé au nord de Tel Aviv en Israël. Pour les étudiants du comité Palestine, cet institut est trop proche du gouvernement d’extrême droite israélien, et soutient la guerre d’usure menée à Gaza contre le Hamas, malgré les dizaines de milliers de morts civils. Pour le directeur de l’IEP, Jean-Philippe Heurtin, suspendre ce partenariat reviendrait à boycotter Israël dans son ensemble, ce qui serait une atteinte à la liberté académique.

Une position similaire a été exprimée par le ministre de l’Éducation nationale, Philippe Baptiste, dans Le Parisien lundi 7 avril. Il a indiqué que le gouvernement saisirait « immédiatement le tribunal administratif » si le conseil d’administration devait annuler le partenariat « pour des raisons militantes ».

Presqu’une année de crise

Après trois blocages et près d’un an de crise autour de cette question, le conseil d’administration réuni mardi 8 avril a voté la reconduction du partenariat, par 16 voix contre 14, et 3 absentions. Le vote a eu lieu à bulletins secrets, et les personnalités extérieures ont pu voter par procuration.

Les étudiants ont hué les membres du conseil d’administration à leur sortie du bâtiment. Une partie d’entre eux ont suivi le directeur de l’établissement, Jean-Philippe Heurtin, alors qu’il sortait du Cardo pour se diriger vers le centre-ville.

Une enseignante-chercheuse, membre du « groupe du dimanche » qui avait assuré une médiation entre la direction et les étudiants mobilisés après l’intervention des forces de l’ordre, se désole du résultat :

« Le comité d’examen du partenariat avait proposé une sortie de crise à la direction et aux étudiants, après avoir étudié en profondeur la situation pendant deux semaines. Nous avions réussi à réinstitutionnaliser ce différend, après une polarisation extrême. C’était une démarche vertueuse et tout le monde en serait sorti gagnant. »

Les conclusions d’un rapport universitaire ignorées

Dans ce rapport, que Rue89 Strasbourg a pu consulter, le comité d’examen recommandait au conseil d’administration de ne pas reconduire le partenariat avec l’université Reichman, et d’en nouer un autre avec une université publique israélienne, des établissements par ailleurs bien mieux classés que cette université privée. Le comité n’a pas pu détecter d’expression critique de la guerre par des membres de l’université israélienne, mais sans s’en étonner :

« Cette position est d’ailleurs cohérente avec la polarisation attendue d’une composante très liée à l’anti-terrorisme (par les thématiques qu’elle aborde et les think tanks qu’elle héberge) dans une société profondément marquée par la guerre. »

Rapport du comité d’examen

Le comité faisait par ailleurs le constat que les relations entre Sciences Po Strasbourg et l’université Reichman s’étaient singulièrement dégradées, notamment après un courrier du président de l’université israélienne de novembre 2024 qui faisait « un lien implicite entre l’antijudaïsme rhénan (persécutions médiévales, accusations de propager la peste en 1348…), l’antisémitisme plus contemporain (notamment les persécutions et le génocide de la Seconde Guerre mondiale) et la décision du conseil d’administration de suspendre le partenariat ».

Les étudiants mobilisés du comité Palestine ont donc annoncé la reprise de leur mobilisation, avec probablement un blocage du Cardo dès mercredi 9 avril. Ils appellent à une assemblée générale le même jour à midi, devant le bâtiment.

Des hooligans strasbourgeois condamnés pour des violences à Reims

Des hooligans strasbourgeois condamnés pour des violences à Reims
Des hooligans strasbourgeois et rémois se sont battus devant la brasserie Gin Pamp samedi 5 avril.

Suite à un affrontement avec des rémois samedi, cinq hooligans strasbourgeois ont été condamnés à de la prison avec sursis. Une forte rivalité entre des groupes néonazis des deux villes existe depuis plusieurs années.

Reims, 22h15, samedi 5 avril. Le lendemain, le Racing club de Strasbourg joue contre l’équipe locale pour un match de Ligue 1. Une dizaine de Mesos, des hooligans néonazis rémois, sont attablés à la terrasse du Gin Pamp, en plein centre-ville. Soudain, une vingtaine d’individus habillés en noir et aux visages dissimulés déferlent en bande, comme on peut le voir dans une vidéo publiée sur le boucle Telegram GruppaOf, spécialisée dans le hooliganisme.

Lors de l’affrontement, deux employés du bar sont blessés par des chaises et des tables envoyées dans leur direction d’après France 3 Grand Est. Le même article relate que parmi les personnes participant à l’émeute, certains utilisent même des grenades lacrymogènes, des armes théoriquement interdites.

Prison avec sursis

Neuf hooligans ont été interpellés et placés en garde vue. Et cinq strasbourgeois ont été jugés en comparution immédiate lundi 7 avril. Ils ont été jugés coupables de violences aggravées et ont écopé de peines allant de trois à six mois de prison avec sursis, assorties d’interdiction de séjour à Reims et de détention d’armes selon France Bleu.

Il s’agit probablement de membres des Strasbourg Offender, un groupe de hooligans néonazis en forte rivalité avec les Mesos. Rue89 Strasbourg a documenté que les deux bandes se sont déjà battues en novembre 2021 à Kilstett et en mars 2022 près de Reims. Une personne avait été poignardée lors de la seconde bagarre, et plusieurs avaient été hospitalisées.

Le ministère de l’Intérieur envisageait fin mars de dissoudre les Strasbourg Offender. Mais L’Équipe a révélé le 31 mars que la procédure était en pause. Beauvau a justifié que les responsables du Racing club de Strasbourg étaient responsables puisqu’ils dénoncent eux-mêmes à la police les supporters qui « font le salut nazi ». Le ministère a tout de même précisé à nos confrères que « s’ils fautent » à nouveau, la dissolution pourrait être réalisée grâce à un dossier plus solide.

Près du Conseil de l’Europe, des habitants veulent faire reculer la place de la voiture

Près du Conseil de l’Europe, des habitants veulent faire reculer la place de la voiture
Il est fréquent que les voitures se garent sur les bandes cyclables, ce qui exaspère une partie des habitants

Au pied du Conseil de l’Europe, dans un des derniers quartiers proches du centre-ville où le stationnement reste gratuit, des habitants se sont constitués en collectif pour demander à la municipalité des parkings payants et plus d’aménagements pour les piétons et les cyclistes.

« C’est là ! Une des seules rues du quartier où il y a une piste cyclable ! » La ruelle qui s’étire devant nous, derrière le Conseil de l’Europe, ne présente à première vue ni bande, ni piste cyclable, ni même de trottoir. Seulement deux files de voitures, garées de part et d’autre. « Ah, mais il faut s’accroupir et regarder sous les caisses… », précise Mohamed Ben Totoch, membre d’un collectif d’habitants. Effectivement, sous la première voiture, on distingue un marquage au sol signalant une bande cyclable. « Je crois que je n’ai pratiquement jamais vu cette rue sans voitures des deux côtés. Et quand on est cycliste et qu’une voiture arrive dans l’autre sens, c’est forcément délicat. »

La rue Le Nôtre se situe entre le siège d’Arte et le parc de l’Orangerie. Cet îlot résidentiel connaît une affluence considérable tous les mois, lors des sessions parlementaires. « À chaque fois, c’est le bazar, déplore Laurent Guichard, entraîneur au club d’aviron, situé de part et d’autre de la rue du Général Uhrich :

« Des voitures partout, des conflits entre automobilistes, j’en ai même vu qui ont failli en venir aux mains, alors qu’il y a des gamins qui traversent la rue toute la journée, comme l’embarcadère est de l’autre côté. »

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À Geispolsheim, « le maire rate l’occasion de protéger les habitants des pesticides »

À Geispolsheim, « le maire rate l’occasion de protéger les habitants des pesticides »
Aucune haie n’est prévue entre ces surfaces agricoles et ces maisons.

Suite à la construction d’une route sur des terres agricoles, une vaste réorganisation des parcelles se précise début 2025 à Geispolsheim. Mais les riverains qui demandent une protection contre les pesticides sont ignorés.

C’est un paysage classique de la plaine d’Alsace. De petites terrasses, des jardins, des jouets pour enfants, et de l’autre côté des clôtures, les champs. Selon le type de culture, les habitants sont plus ou moins exposés aux pesticides. À Geispolsheim, des riverains pensaient avoir enfin une occasion de se protéger un peu de ces molécules toxiques.

Yves Holl et Michelle Schortanner étalent des documents sur la table de leur cuisine. Avec une quinzaine d’autres habitants, le couple de retraités tente d’obtenir des aménagements écologiques grâce à un remembrement. Rare sont ceux qui se passionnent pour ces opérations techniques. Elles ont pourtant un immense impact sur l’environnement, en particulier dans une commune encerclée par l’agriculture comme Geispolsheim. Les remembrements consistent en des réorganisations des parcelles. « C’est le troisième ici, le premier a eu lieu en 1953 », affirme Yves, très informé.

De nouveaux immeubles en construction, au bord des champs. Faute d’autre aménagement, le promoteur Dynastie Construction prévoit une haie agroforestière, sur sa parcelle.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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