Résultat d’un appel d’offres et de la fusion de deux réseaux de chaleur, le nouveau réseau « Strasbourg Centre Énergie » démarre sa vie sans une partie de ses clients. Alors que le changement de délégataire impose de signer de nouveaux contrats, l’importante association des propriétaires du quartier de l’Esplanade s’estime lésée par la hausse du prix de l’abonnement et voudrait renégocier certaines dispositions contractuelles.
Depuis le 1er octobre, la chaleur continue d’arriver dans les appartements de l’Esplanade. Seul changement, invisible à l’œil nu, ce n’est plus la même société qui est chargée de fournir l’énergie. Un bouleversement peu fréquent puisque depuis 24 ans, c’est la Sete (Société nouvelle d’exploitation thermique de l’Esplanade) qui s’occupait de cette tâche. Place donc, et pour 20 ans, à un nouvel exploitant : Strasbourg Centre Énergies.
Mais à l’heure de recevoir les nouveaux contrats, l’association syndicale libre de l’ensemble résidentiel de l’Esplanade (Asere) est échaudée par certaines nouvelles conditions. L’association historique, qui gère les espaces verts, l’éclairage privé et les parkings du quartier, a donné pour consigne à toutes les copropriétés de ne pas s’engager immédiatement, pour mieux se faire entendre, craignant notamment des augmentations jugées injustes pour les Esplanadiens.
Strasbourg Centre Énergies est une société d’économie mixte (publique / privée), opérée par Réseau de chaleur urbain d’Alsace (RCU-A), une filiale du distributeur local de gaz R-GDS, associée à un énergéticien suisse. RCU-A s’est également vu attribuer en 2016 le réseau de chaleur du Wacken et sa centrale biomasse. Mais contrairement à la Sete, l’Eurométropole est désormais co-actionnaire (à hauteur de 34%), et assure la présidence de la société. La Banque des territoires complète le tour de table (15%).
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Dans un communiqué, le groupe strasbourgeois d’Extinction Rébellion revendique avoir retiré 200 publicités des panneaux dispersés un peu partout en ville. Cette opération, selon le groupe militant écologiste, vise à « sensibiliser le public à l’impact environnemental et énergétique de la publicité ».
La question de la consommation énergétique de la publicité est ressortie en écho au débat sur la sobriété énergétique, alors qu’une partie des panneaux publicitaires sont devenus des écrans, allumés constamment. Les panneaux ciblés par Extinction rébellion sont des affichages classiques, mais rétro-éclairés avec des néons.
Exemple d’un panneau démonté Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc Exemple d’un panneau démonté Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc Exemple d’un panneau démonté Photo : JFG / Rue89 Strasbourg / cc
Selon l’association, s’en prendre à la publicité en ville répond à plusieurs revendications :
« La publicité avec ces panneaux et écrans vidéo illuminés accaparent de l’énergie et des ressources précieuses dont les stocks s’amenuisent. Dans le contexte de restriction de consommation de l’énergie, leur extinction devrait être la priorité du gouvernement face aux besoins des personnes (chauffage, usages domestiques, etc.). La publicité entraine la destruction du monde vivant car elle incite à la surconsommation pour écouler des produits dont nous n’avons pas besoin et dont la production est coûteuse écologiquement. En outre, la publicité en ville nous est imposée : on ne peut pas y échapper alors qu’on ne l’a pas choisie. »
Lors du week-end du 22 octobre, Extinction rébellion Strasbourg a remplacé certaines annonces par des panneaux sur la coupe du monde de foot au Qatar, « afin de sensibiliser le public aux dégâts environnementaux et sociaux qu’a provoqué l’organisation de cet événement ».
Dans certains cas, des slogans rappelant les scandales liés à la coupe du monde de foot au Qatar ont été apposés Photo : XR / doc remis Dans certains cas, des slogans rappelant les scandales liés à la coupe du monde de foot au Qatar ont été apposés Photo : XR / doc remis Dans certains cas, des slogans rappelant les scandales liés à la coupe du monde de foot au Qatar ont été apposés Photo : XR / doc remis
Elles ont vécu l’enfer migratoire, puis le cauchemar de la traite prostitutionnelle. Ont été vendues et forcées à se prostituer pour rembourser des dettes fictives à des proxénètes Nigérians. Quand enfin ces femmes trouvent la force de sortir de ces réseaux, et demandent l’asile en France, elles ne l’obtiennent pas. Dans plus de 80% des cas.
Mary se souvient encore des juges de la Cour nationale du droit d’asile devant lesquels elle est passée en mai 2022. « Il y en avait une qui avait l’air de comprendre ce que j’avais vécu, et qui était dans la compassion. Les deux autres, pas du tout. » La jeune Nigériane de 28 ans est arrivée en France en 2018, après avoir été victime de traite prostitutionnelle en Italie pendant six longs mois, et un parcours migratoire traumatisant.
« Propos flous », « incohérence du récit », « peu convaincante »
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Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
Ce sont des jeunes femmes qui pensaient venir en Europe pour étudier, travailler comme vendeuse ou coiffeuse. Mais à l’arrivée, elles se sont retrouvées prisonnières de réseaux de proxénétisme et ont mis des mois, voire des années, avant d’en sortir.
Winnel (tous les prénoms ont été modifiés) a 25 ans et de longs cils noirs. Cheveux longs et lissés, elle parle doucement, très bas, dans un anglais approximatif. « It’s broken english », explique-t-elle. Celui qu’on parle au Nigeria. La jeune femme vient de l’État d’Eddo. Tout comme Mary, 28 ans. Ces deux femmes ont accepté de témoigner. Raconter ce qu’elles ont vécu. De leurs parcours de migrantes, à leur exploitation par des réseaux de proxénétisme en Europe.
Si elles veulent parler aujourd’hui, c’est parce qu’elles essaient de s’en sortir, en demandant l’asile. Seule façon pour elles de recommencer une nouvelle vie. Sans danger de mort, ni menace pour elle ou leur famille.
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Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
Alors qu’il venait observer la mobilisation lors d’une manifestation samedi, notre journaliste Guillaume Krempp a été menacé par des membres de Strasbourg offender, un groupuscule de hooligans néonazi et violent. Ces intimidations visent à faire taire notre travail sur l’extrême-droite et sa violence.
Après avoir rappelé que la manifestation de samedi 22 octobre en hommage à Lola, une adolescente tuée dans des circonstances horribles, était organisée par une faction de l’extrême-droite alsacienne, notre journaliste Guillaume Krempp s’y est rendu afin d’évaluer la mobilisation et de prendre quelques photos.
Sur place, des membres de Strasbourg offender, un groupuscule de hooligans néonazi et violent évoluant en marge du Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA), étaient présents et ont reconnu Guillaume. Ils l’ont immédiatement entouré pour l’intimider avant de le menacer. « Tu as de la chance qu’il y ait du monde, sinon on t’aurait déjà cassé les dents », lui a soufflé l’un d’entre eux tandis qu’un autre lui reprochait d’avoir fait un article sur son frère, arrêté dans le cadre d’une enquête pour trafic d’armes, et menaçait de le frapper immédiatement.
La peur et les pressions, techniques des groupes fascistes
L’échange a duré de longues minutes, alors que le rassemblement d’environ 80 personnes en hommage à Lola se déroulait avec notamment une prière. Guillaume doit son salut au caractère public de la manifestation et à la présence de confrères, dont notamment le reporter de France 3 Alsace. Mais que ce serait-il passé si notre journaliste avait été mis à l’écart ou s’il avait rencontré ces nervis d’extrême-droite seul ? Nous préférons ne pas y penser.
Des membres de Strasbourg offender en novembre 2020 lors d’une manifestation contre la loi Sécurité globale Photo : GK / Rue89 Strasbourg
Ces menaces et ces intimidations visent à faire taire Guillaume, dont le travail sur les hooligans en Alsace, et leurs ramifications avec le grand banditisme, est unique en Alsace. Les membres de Strasbourg offender s’imaginent sans doute que tout peut se résoudre avec des coups de pression et par la peur, c’est la stratégie bien connue des groupes fascistes. Déjà en 2017, notre confrère de Rue89Lyon, Laurent Burlet, avait été menacé par l’extrême-droite lyonnaise, qui était allée porter ces menaces à son domicile. L’extrême-droite n’aime pas la lumière sur ses agissements, ses militants savent très bien que c’est dans l’ombre qu’ils progressent.
Cette tentative de pression ne fonctionnera pas. D’abord parce que toute la rédaction de Rue89 Strasbourg est solidaire avec Guillaume, ensuite parce qu’il est plus que jamais déterminé à continuer son travail, qui démontre une nouvelle fois l’acuité de son utilité publique. Une plainte contre ces menaces a été déposée dès ce lundi auprès de l’Hôtel de police de Strasbourg.
Fruit d’un partenariat entre le Centre Paul Strauss et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg, l’Institut de cancérologie de Strasbourg (Icans) réalise des bénéfices tout en faisant perdre près de neuf millions d’euros par an à l’hôpital public strasbourgeois.
Le partenariat entre le Centre Paul Strass et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) pour créer l’Institut de cancérologie Strasbourg Europe (Icans) ressemble de plus en plus à un mariage forcé. En 2021, l’Icans était excédentaire de 1,17 million d’euros mais son fonctionnement provoque chaque année des pertes de plusieurs millions d’euros aux HUS.
Alors qu’une évaluation de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) est en cours à l’Icans depuis le mois de septembre, le président de la communauté médicale des HUS, le professeur Emmanuel Andrès, a été interdit d’assister à une réunion avec les inspecteurs de l’Igas par le cancérologue et directeur de l’Icans Xavier Pivot, dont le salaire de 300 000 euros nets par an avait été révélé par le Canard Enchainé.
« Un partenariat déséquilibré qui porte en germe la discorde »
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Connue pour son utilisation de gigantesques pinceaux, Fabienne Verdier accroche ses toiles au musée Unterlinden de Colmar jusqu’au 27 mars. Retour sur Le chant des étoiles, une expérience visuelle et émotionnelle hors du commun.
En ce début d’automne, le musée Unterlinden invite à une balade étonnement méditative. À l’aube d’Halloween et des défilés de squelettes, fantômes et autres créatures macabres, Fabienne Verdier libère des craintes obsédantes de la mort.
Le chant des étoiles est l’aboutissement de trois ans de travail entre la commissaire de l’exposition Frédérique Goerig-Hergott et l’artiste peintre Fabienne Verdier. Destinée à prendre vie dans la salle de l’Ackerhof, avant d’être déployée dans l’entièreté de l’ancien couvent des Dominicaines, cette exposition est l’occasion de découvrir ou redécouvrir les toiles de la peintre française, entremêlées des chefs d’œuvres de l’Histoire de l’art. On ne sort pas indifférent de ce voyageentre terre et ciel.
Déstabiliser les représentations traditionnelles
Le Chant des étoiles est un cheminement spirituel où dialoguent les toiles de la peintre contemporaine avec les collections permanentes du musée Unterlinden, une grande majorité des œuvres datant des XVe et XVIe siècles.
Vue d’exposition, Rainbows et Grand Vortex d’Unterlinden Photo : Lucile Pabois
Formée à l’école des Beaux-Arts de Toulouse, puis, durant une dizaine d’années installée en Chine, Fabienne Verdier a retranscrit son apprentissage dans son ouvrage autobiographique, La Passagère du silence.Un récit qui permet de comprendre pleinement son travail. Cette initiation à l’art traditionnel chinois l’a amené à solliciter la force gravitationnelle, en quittant la peinture sur chevalet pour peindre debout, la toile posée au sol. Réalisées à l’horizontale et à l’aide d’incomparables pinceaux, ses œuvres abstraites et bicolores sont, pour la plupart, de tailles conséquentes. Le geste déployé est énergique, vivant, et n’hésite pas à déborder du cadre.
Adieu aux danses macabres et faucheuses
Par ce croisement temporel des représentations et des pratiques, Fabienne Verdier interroge le monde dans sa réalité mouvante et changeante. Un croisement, mais aussi un échange. L’artiste française puise notamment son inspiration dans les productions des grands maîtres du passé. Parmi eux, le Christ de douleur (vers 1480) de Simon Marmion, une peinture qui représente le Christ souffrant de ses blessures. À cela, Fabienne Verdier répond : Petit sang du Christ (2011), un petit tableau marqué d’un coup de pinceau rouge vif sur fond doré. Le supplice laisse place à la vitalité. Le sang qui coule n’est plus une annonce de mort, mais un symbole de vie. Adieu aux danses macabres, faucheuses, et autres représentations obscures qui mènent l’être humain à l’inanimé. On se sent vivant en parcourant Le chant des étoiles, une exposition qui questionne la perception occidentale de la mort.
Fabienne Verdier dans son atelier à Chambly Photo : Laura Stevens
La mort à travers le spectre lumineux
Très vite, Fabienne Verdier se passionne pour le panneau Transfiguration / Résurrection / Ascension de Grünewald sur le Retable d’Issenheim. Happée par l’auréole solaire déployée autour de la figure centrale, la lumière devient son terrain d’expérimentation pour Rainbows. Mais comment saisir les subtilités, la vérité énergétique de ces ondes colorées ?La réponse à ses interrogations réside dans son « choc du jardin ». Un jour, alors qu’elle arrose ce dernier, l’artiste fait face à un merveilleux spectacle. Le soleil derrière elle embrasse l’eau qui s’échappe du tuyau. De cette rencontre naît un arc-en-ciel. Dès lors, Fabienne Verdier se captive pour la composition de la lumière. Son ambition? Travailler les pigments cyan, magenta et jaune comme le spectre lumineux en optique.
Planche de carnet d’atelier 2021-2022, technique mixte sur papier, 30 x 46 cm, Fonds de l’artiste.
Dans la nef contemporaine des architectes Herzog & de Meuron siège Rainbows, une œuvre immersive composée de 76 tableaux. Sur chaque toile, une aura circulaire colorée accompagnée de projections énergiques blanches. Produits à partir de couches successives de peinture acrylique et de glacis, les cercles pigmentés engendrent des « accidents colorés », proches des effets de la persistance rétinienne (illusion du mouvement en regardant un enchaînement d’images non animées). La mise en espace de ces œuvres immobiles à l’apparence mobile ne laisse pas de marbre, capable de procurerune secousse émotionnelle. Un sentiment de submersion surgit, les dents se serrent. On se sent minuscule face à l’univers qui se dresse tout autour.
Vue d’exposition, au premier plan Don Coucoubazar de Jean Dubuffet, au second plan Vide vibration de Fabienne Verdier Photo : Lucile Pabois
« Il n’y a pas de mort réelle des étoiles »
Fabienne Verdier
À travers ses Rainbows, Fabienne Verdier aborde la mort de façon universelle, parle au plus grand nombre. Par l’évaporation symbolique de la lumière, les Rainbows représentent visuellement des étoiles mourantes, allégorie de la mort humaine. Tel l’ADN de l’être humain, les iris circulaires de couleur, différentes de toile en toile, rendent chaque tableau unique. En nommant ses peintures stellaires par des prénoms du monde entier et en lien avec le cosmos (Clara, Layla, Celestino, etc.), l’artiste renforce la personnification.
Et, en associant la fin de vie à celle d’une étoile, Fabienne Verdier s’émancipe des représentations religieuses de la mort souvent violentes, s’affranchit des croyances théologiques. Le recours à ce procédé anthropomorphique lui permet de représenter le passage vers l’au-delà sous un regard nouveau, plus sensible et scintillant, moins lugubre. Sans conteste, cette incomparable production est la plus lumineuse que la peintre ait créée.
Vue d’exposition, pièces de la série Rainbows Photo : Lucile Pabois
Du corps mourant au corps mouvant
Fabienne Verdier imagine le passage de la vie à la mort par le biais du mouvement.
À la mort d’une étoile, des débris jaillissent et flottent, avant d’engendrer un nouvel être.Ces particules d’âmes meurent et renaissent dans un mouvement constant renforcé par le Grand Vortex d’Unterlinden, un polyptyque d’où s’élève une impressionnante spirale bleue. Pour produire cette œuvre, Fabienne Verdier défie les lois de la gravité à l’aide d’un système de travelling érigé aux côtés de ses assistants, et permettant de déplacer les toiles au sol.
Debout, son imposantpinceau suspendu entre les mains, l’artiste peintre mobilise l’entièreté de son corps pour former des mouvements circulaires tourbillonnants. Le Grand Vortex d’Unterlinden est un combat gagné contre la force gravitationnelle. Il s’érige, telle la vague finale du tsunami affectif qui vient de vous frapper, avant que l’apaisement ne revienne. Positionnée en écho des Rainbows, cette ultime ascension vertigineuse mène les âmes dans l’obscurité finale, pour les faire renaître. La boucle est bouclée. Le cycle spirituel de la vie et de la mort danse autour de nous. Le Grand Vortex d’Unterlinden matérialise le mouvement circulaire entre la vie et la mort. Le passage à l’au-delà est sublimé. Cette production apaise le cœur, bouleverse l’esprit et le corps.
« Nous avions besoin d’offrir ça à la communauté des Hommes. »
Fabienne Verdier
Fabienne Verdier dans son atelier à Chambly Photo : Laura Stevens
Avec Le chant des étoiles, Fabienne Verdier fait preuve d’une grande justesse intuitive dans sa sublimation des énergies. Son travail réconcilie les croyances et les a priori angoissants de la mort. Par l’intermédiaire de Frédérique Goerig-Hergott, le musée Unterlinden redynamise la lecture de ses collections. Une nouvelle raison de s’y rendre, pour apprécier ce subtil mélange des époques.
Critique d’art contemporain en formation à l’Université de Strasbourg. Ses champs d’étude résident principalement dans la cartographie alternative et expérimentale.
Une partie des salariés de la Société générale ont cessé le travail pendant une heure ce vendredi matin, pour exiger de meilleures rémunérations. À Strasbourg, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées au pied du centre de services de la banque, situé à Cronenbourg.
Les syndicats de salariés et la direction de la banque Société générale sont engagés depuis septembre dans des négociations pour revaloriser les salaires. Vendredi, après des semaines sans avancée et un ultimatum, l’intersyndicale CFDT – CFTC et SNB (Syndicat national de la banque, Unsa) ont appelé les salariés de la Société générale où qu’ils soient à cesser de travailler pendant une heure. À Strasbourg, une cinquantaine de personnes se sont retrouvées au pied du centre de services de Cronenbourg sur les 170 que compte le site. Selon Muriel Dorffer, déléguée syndicale CFDT à Strasbourg, une centaine de salariés ont fait grève en comptant ceux en télétravail :
« On n’a pas une forte tradition de grève dans la banque… La dernière fois, c’était au moment de l’annonce de la fusion de la Société générale avec le Crédit du Nord fin 2020. On avait aussi débrayé une heure. Mais ça a suffit à alerter la direction ! Là par exemple, la direction a accepté de reprendre les négociations alors qu’elle nous avait indiqué que sa dernière proposition était à prendre ou à laisser… »
Débrayage d’une heure à la Société générale Photo : doc remis
Les syndicats de la Société générale réclament le versement de la prime de partage de valeur, un dispositif exonéré d’impôt mis en place par le gouvernement pour les entreprises excédentaires. Les syndicats demandent 2 000€ pour 2022. Ils réclament également une augmentation générale des salaires de 3%, pour suivre l’inflation a minima.
+54% pour le président, +0,7% pour les salariés
Muriel Dorffer détaille :
« Pendant dix ans, les salaires n’ont pas été revalorisés. Puis l’année dernière, ils n’ont été augmentés que de 0,7% ! La direction nous propose des augmentations de 2 ou 3% selon les tranches et en 2023 seulement ! Notre président, Frédéric Oudéa, s’est lui augmenté de 54% donc il ne devrait pas y avoir de problème ! »
Débrayage d’une heure à la Société générale Photo : doc remis
Muriel Dorffer s’avoue agréablement surprise par l’ampleur de la mobilisation. Elle se dit déterminée à obtenir cette augmentation et cette prime pour 2022, à coup de négociations successives. En cas d’échec de ce nouveau round des négociations, elle donne rendez-vous aux salariés le 10 novembre pour un nouveau débrayage éclair.
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Photo : extrait du rapport de l’autorité environnementale
Le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté vendredi 21 octobre le recours contre le permis de construire d’un immense entrepôt logistique à Ensisheim. Le permis de construire était attaqué par les associations Alsace Nature et Les Amis de la Terre.
L’entrepôt de 189 000 mètres carrés porté par la société Eurovia 16 Project en bordure d’Ensisheim est dimensionné pour accueillir la logistique automatisée de grandes plateformes de commerce en ligne, comme Amazon. En décembre 2020, l’État avait autorisé le projet, malgré des oppositions locales contre cette infrastructure qui n’apporte que peu d’emplois en raison d’une forte automatisation, mais beaucoup de nuisances dues aux ballets incessants des camions. En juillet 2020, la commune d’Ensisheim avait délivré un permis de construire. C’est ce document qui a été attaqué devant le tribunal administratif par les associations environnementalistes Alsace nature et Les Amis de la Terre.
Vue de nuit de l’entrepôt. Photo : extrait du rapport de l’autorité environnementale
Dans son jugement, le tribunal administratif de Strasbourg estime que « le permis de construire ne méconnait aucune règle d’urbanisme ». Il détaille :
« Il ne ressort pas des pièces du dossier que le projet de construction d’un entrepôt logistique, sur un vaste terrain d’assiette dédié aux activités économiques, éloigné des premières maisons d’habitations, desservi par des axes routiers, présenterait, par lui-même, indépendamment des caractéristiques de son exploitation (…), des risques d’atteinte à la salubrité ou à la sécurité publique. »
Pas d’obligation de dévoiler le client
Le tribunal n’a pas non plus fait droit aux associations requérantes de révéler le véritable client de ce futur entrepôt, indiquant que la société Eurovia 16 Project était bien titulaire du droit à construire et ue « aucune règle n’impose à l’exploitant d’indiquer à qui il compte louer ses locaux. »
Alsace nature a formé un autre recours devant le tribunal administratif contre Eurovia 16, contre l’arrêté préfectoral d’autorisation environnementale cette fois. Ce recours est toujours en cours d’instruction par le tribunal administratif.
La municipalité écologiste de Strasbourg affirme avoir planté 1 932 arbres depuis le début de son mandat. La majorité de ces arbres ont été installés dans des parcs ou des cimetières. Plusieurs dizaines d’entre eux sont morts des suites de la sécheresse de l’été.
Place de la Meinau, une vingtaine d’arbres sont morts, coupés à la base de leurs troncs. Les tuteurs sont encore en place en ce mois d’octobre 2022. Ils avaient été placés ici en mars, dans le cadre du plan canopée, une opération de la municipalité écologiste de Strasbourg visant à planter 10 000 arbres à l’horizon 2030, avec un budget annuel d’un million d’euros. Presque deux ans et demi après le début du mandat, la collectivité revendique 1 932 plantations.
Une vingtaine d’arbres sur les 45 plantés place de la Meinau sont morts. Photos : TV / Rue89 Strasbourg
« Pour être transparente, la Ville doit prendre en compte ceux qui n’ont pas tenu et communiquer sur le nombre d’arbres en vie supplémentaires, pas sur le nombre de plantations », considère le conseiller municipal d’opposition Pierre Jakubowicz (Horizons, aile droite de la majorité présidentielle).
« La végétation qui n’existe plus n’a aucun effet écologique. Elle ne rafraîchira pas l’atmosphère à Strasbourg », poursuit-il, avant d’énumérer les sites où il a observé le phénomène : les abords de la place de l’Île de France à la Meinau, la place d’Austerlitz à la Krutenau, devant le Parlement européen ou encore l’allée Reuss au Neuhof, où « 12 arbres sur 13 sont morts ».
Des arbres morts avenue du Rhin, quartier Danube et place d’Austerlitz. Photos : TV / Rue89 Strasbourg
Des pertes liées à la sécheresse
Au printemps 2021, la Ville avait mené une grande campagne de communication sur le plan canopée, avec notamment des affiches publicitaires. Contactée par Rue89 Strasbourg, elle refuse aujourd’hui de donner la proportion d’arbres morts, prétextant que le chiffre « n’est pas stabilisé » et que « certains pourraient encore se revitaliser ». Mais ceux qui ont été coupés ne vont pas ressusciter subitement.
Un agent du service des espaces verts indique que « les nombreuses pertes sont surtout liées à la sécheresse de l’été et aux interdictions d’arroser ». La municipalité précise qu’elle a bénéficié d’une exception aux restrictions d’usage pour les jeunes plantations de moins de trois ans.
La Ville de Strasbourg a financé une importante campagne d’affichage sur le plan canopée en avril 2021. Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Des essences particulièrement concernées
Mais le tableau n’est pas tout noir. Aux parcs des Contades et de la Bergerie par exemple, aucun arbre coupé n’est visible. Dans Strasbourg, la plupart des végétaux plantés sont bien vivants. Mises à part les zones citées par Pierre Jakubowicz, il y a quelques arbres coupés ici où là, comme avenue du Rhin près de la station de lavage de voiture Eléphant Bleu, ou au pied de la tour Elithis dans le quartier Danube.
Dans cette rue de l’Elsau, des arbres d’alignement ont été introduits récemment. Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Le plan canopée est censé fournir à la capitale alsacienne une surface végétale de 30% vue du ciel en 2050. Pour cela, il faut aussi que les arbustes poussent bien, ce qui n’est pas assuré. Place de la Meinau justement, 48 chênes des marais ont été mis en place il y a une dizaine d’années et ces derniers n’ont quasiment pas grandi avant d’être enlevés. Sur les trois espèces replantées au printemps dernier, une autre sorte de chêne constitue la majorité des plants qui n’ont pas résisté.
Des arbres plantés à la cité de l’Ill et au quartier Danube. Photos : TV / Rue89 Strasbourg
Pierre Jakubowicz interroge : « Est-ce que la municipalité prend toutes ces incertitudes en compte et prévoit de planter davantage pour arriver à un résultat de 10 000 arbres nets supplémentaires ? » Le conseiller municipal d’opposition insiste aussi sur l’impact du plan canopée sur les îlots de chaleur. D’après lui, la majorité des arbres ont été installés sur des espaces verts et ne vont donc pas rafraîchir les zones les plus minérales de Strasbourg.
Une grosse partie des arbres plantés dans des espaces verts
La collectivité a tout de même planté des arbres quartier Danube, place Kléber ou dans des rues plutôt dépourvues de végétation comme à la cité de l’Ill et à l’Elsau. Selon les chiffres de la Ville, sur les 1 932 arbres installés au total, 1 085 l’ont été sur des espaces verts ou au niveau d’équipements publics, soit plus de la moitié. 468, soit 24%, sont des arbres d’alignement, au bord des routes, donc dans des zones plus minérales. Les 19% restants ont été plantés dans le cadre d’opérations d’aménagement et sur des espaces privés.
Dans des parcs et cimetières de la Ville, le plan canopée vient s’aouter aux arbres existants. Photos : TV / Rue89 Strasbourg
Une part non négligeable des arbres du plan canopée se trouvent sur des sites déjà verts, et ne viennent pas changer le paysage de secteurs bétonnés. Végétaliser des rues très minérales peut nécessiter d’importants travaux d’aménagement comme la suppression de places de parking, ou le rétrécissement de la chaussée.
À la fin du mandat, le plan canopée sera l’un des éléments visibles et symboliques sur lequel les Strasbourgeois pourront évaluer la transformation de la ville annoncée par la municipalité écologiste.
Dans ces rues très minérales, difficile de caser des arbres sans un important réaménagement urbain. Photos : TV / Rue89 Strasbourg
La préfecture du Bas-Rhin demande l’annulation de la délibération subventionnant la construction de la mosquée Eyyub Sultan. Une requête soutenue par la rapporteure publique lors d’une audience au tribunal administratif ce jeudi 20 octobre.
La mosquée Eyyub Sultan, située plaine des bouchers. Photo prise en septembre 2021. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Les imprécisions fautives de la Ville
Selon la rapporteure publique, la municipalité écologiste a tout d’abord manqué de précision dans l’information des conseillers municipaux concernant la délibération. « La note explicative transmise ne présentait aucun élément sur le financement du projet ni sur les raisons de l’arrêt du chantier en 2019″, a estimé Léa Bonnet, qui regrette que la Ville de Strasbourg n’ait transmis aucun contre-argument à ce sujet dans le cadre de cette procédure.
La rapporteure publique a aussi déploré une autre imprécision commise par la Ville de Strasbourg, concernant cette fois l’intérêt général du projet de l’association de Milli Görüs. Léa Bonnet a alors repris l’argumentaire de la préfecture du Bas-Rhin, qui estime que la mosquée Eyyub Sultan ne répond pas à un besoin local des fidèles musulmans :
« L’Eurométropole de Strasbourg accueille déjà 19 mosquées susceptibles d’accueillir plus de 10 000 fidèles. Or le besoin local est estimé par la préfecture à 7 500 personnes et la Ville de Strasbourg ne fait pas de démonstration d’un besoin local supérieur. Elle avance seulement la demande de l’association. »
Opposition sur la validité de la délibération
Globalement satisfait des conclusions de la rapporteure publique, l’agent de la préfecture a simplement rappelé que « le courrier de renonciation provisoire à la subvention rédigée par le président de la branche locale de Milli Görüs ne signifie pas un renoncement définitif. » De même, le représentant de la préfecture a invoqué le « parallélisme des formes » pour justifier qu’une annulation de délibération doit passer par le même processus que celui qui a permis à la délibération d’être approuvée, soit un vote majoritaire du conseil municipal : « La communication orale de la maire n’a pas de valeur juridique. »
Du côté de la défense, l’avocat de la Ville de Strasbourg, Gilles Le Chatelier, a affirmé que la délibération attaquée ne faisait qu’énumérer les conditions à remplir pour que la branche locale de Milli Görüs puisse obtenir un financement municipal :
« Si les conditions ne sont pas remplies, alors la décision ne peut être exécutée et n’a pas besoin d’une intervention de la municipalité pour être caduque. De plus, la maire de Strasbourg a communiqué sans ambiguïté sur le fait que la délibération est devenue sans objet. »
« L’un des derniers paragraphes de cette délibération indique qu’elle annule et remplace la délibération antérieure. Elle fixe un plafond d’un million d’euros pour la subvention, qui est largement dépassé par la délibération attaquée. Ainsi la délibération du 26 septembre prive de tout effet juridique la délibération du 22 mars 2021. »
« Une gestion colonialiste de la communauté musulmane »
Avocate de l’association locale de Milli Görüs, Me Nohra Boukara a d’abord contesté l’argumentaire préfectoral sur l’absence de besoin de lieu de culte musulman supplémentaire au niveau local :
« Dans les quartiers populaires, comme l’Elsau ou Koenigshoffen, le besoin n’est pas satisfait et il n’est pas rare de voir des fidèles prier dans les couloirs ou sur le parvis d’un lieu de culte les jours de forte affluence, comme le vendredi ou les jours de fête. »
Me Nohra Boukara a aussi contesté un argument de la préfecture s’appuyant sur le refus initial des dirigeants français de Milli Görüs de signer la charte de respect des principes de la République. L’avocate a d’abord rappelé les bonnes relations entre les pouvoirs publics et l’association cultuelle depuis 40 ans, « puis du jour au lendemain, s’écrie-t-elle, pour un refus de signer une charte présentée sans discussion ni changement possible, la préfète se fend d’un communiqué qui diffame ses administrés. » Et Me Nohra Boukara de déplorer « une gestion colonialiste de la communauté musulmane, dans une logique aux allures d’Ancien Régime. »
Le tribunal administratif, présidé par Xavier Faessel, doit rendre sa décision le jeudi 10 novembre 2022.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Conformément à un engagement pris fin septembre, il n’y a plus de publicités de la municipalité envoyées sur les panneaux vidéo dans l’espace public. Mais cela ne change absolument rien à la consommation énergétique de ces panneaux, qui sont encore utilisés par des annonceurs privés et… l’Eurométropole.
Fin septembre, la Ville de Strasbourg annonçait retirer ses pubs des panneaux publicitaires vidéo, puis votait une résolution de l’opposition en ce sens. Et c’est effectivement le cas depuis le 1er octobre. Pour le commun des mortels, impossible ou presque de distinguer ce changement.
Il ne s’agit là que des actions de communication de la Ville qui sont retirées. Celles-ci avaient une en-tête verte et ont effectivement disparu. Contrairement à celles de l’Eurométropole. Le contrat avec la société JC Decaux peut simplement continuer pour l’intercommunalité, qui n’est pas la même entité que la municipalité. Les deux administrations partagent un service de communication commun. Cette « délégation de service public » avait été signée fin 2019 par la précédente majorité, pour une durée de 10 ans.
Place de Zurich, une pub sur la rentrée étudiante à Strasbourg ne relève pas de la Ville mais de l’Eurométropole donc continue d’être diffusée. Photo : JFG / Rue89 Strasbourg
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Lors de la séance plénière de la Collectivité européenne d’Alsace jeudi 20 octobre, les élus de l’assemblée départementale doivent approuver une série d’engagements afin d’opérer une transition écologique à l’horizon 2030.
La Collectivité européenne d’Alsace (CeA) va devenir écologiste ! Mais attention, « pas une écologie dogmatique », prévient tout de suite son président, Frédéric Bierry (Les Républicains) mardi 18 octobre lors d’une présentation à la presse d’une série de 30 engagements en faveur de la transition énergétique et écologique :
« Il ne s’agit pas d’imposer des comportements par des grands schémas mais plutôt de favoriser les initiatives locales, comme des réseaux de chaleur à partir des ressources des territoires. Je crois à la force des colibris. »
Parmi ces 30 engagements censés être approuvés le 20 octobre en séance plénière : baisser de 40% la consommation d’énergie des bâtiments de la collectivité et atteindre 50% d’énergie renouvelable pour les besoins restants. C’est ambitieux, mais la CeA n’a pas le choix : les trois-quarts de ses dépenses d’énergie proviennent des 147 collèges alsaciens et 66% sont chauffés au gaz, dont le prix va augmenter de 465%. « Il faut qu’on prenne ce qu’il se passe avec le gaz et l’électricité comme un coup de semonce », a averti Frédéric Bierry.
Lara Million (à gauche) et Catherine Graef-Eckert (à droite), vice-présidentes de la Collectivité européenne d’Alsace. Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
La CeA promet aussi de planter un million d’arbres, avec les accompagnements nécessaires sur les essences adaptées, les chemins coupe-feu, etc. Les autres engagements ne sont pas chiffrés de manière aussi précise. Il s’agit par exemple de « poursuivre le plan photovoltaïque », de créer des « pépinières de biodiversité », de promouvoir les énergies renouvelables, de rénover les logements pour mieux les isoler, d’accompagner les projets de géothermie profonde, l’agriculture locale ou encore les circuits courts.
Des mesures « dynamiques et positives »
Vice-présidente en charge de la transition énergétique et climatique, Catherine Graef-Eckert précise :
« On a tous beaucoup entendu parler de “plans de sobriété” mais je préfère parler d’efficacité énergétique. Car interdire, taxer, sobriété, ça n’arrange rien à la situation. Bien sûr, il faut faire face à la crise, mais avec ce plan de 30 engagements, nous nous engageons dans le temps long avec des mesures dynamiques et positives. »
Les quelques 6 000 fonctionnaires de la Collectivité d’Alsace sont mis à contribution dès novembre, qui sera un « mois vert » au cours duquel ils seront invités à indiquer quelles sont les mesures d’économies personnelles qu’ils sont prêts à prendre dans leur vie professionnelle. Dans les collèges, une prime sera accordée en bonus de la dotation de fonctionnement aux établissements qui auront réussi à faire baisser leur consommation d’énergie.
Pas très convaincant selon l’opposition écologiste
Florian Kobryn, conseiller d’Alsace d’opposition (EE-LV), salue la prise de conscience de la collectivité mais déplore encore trop d’engagements contraires à l’écologie :
« Les objectifs de plantation d’arbres et envers les forêts sont bienvenus, mais des projets inutiles et écocides (stade de biathlon au Champ du Feu, téléphérique au mont Sainte-Odile, etc.) restent programmés. En outre, l’ancien Département du Haut-Rhin avait comme objectif 100% d’énergie renouvelable avant la création de la CeA… Avoir 50% en Alsace, ce serait bien mais j’ai du mal à y voir une avancée. De même pour la ressource en eau, que le président dit vouloir préserver, mais sans remettre en cause le modèle agricole industriel. Sans volonté politique forte, les “bonnes pratiques” citées dans les 30 engagements ne suffiront pas. »
Ces 30 engagements pour 2030 doivent encore être précisés lors de travaux en commission, et, détaille Catherine Graef-Eckert, ils ont vocation à être adaptés par rapport aux capacités de la collectivité et à l’évolution de la situation climatique et environnementale.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
L’Eurométropole de Strasbourg a précisé le calendrier de déploiement des bacs collecteurs de déchets alimentaires : les plus petites communes ont été équipées tandis qu’il faudra attendre 2024 voire 2025 pour les quartiers centraux et sud de Strasbourg.
Lundi 17 octobre, la collectivité a précisé le calendrier de déploiement de ces conteneurs : les habitants de Cronenbourg peuvent déjà en bénéficier, il faudra attendre 2023 à Schiltigheim, Reichstett et dans les quartiers nord urbains de Strasbourg, 2024 à la Robertsau, Neudorf et au centre-ville ainsi qu’à Bischheim et Hoenheim, 2025 pour le sud de Strasbourg ainsi qu’Illkirch-Graffenstaden, Ostwald et Lingolsheim (voir la carte ci-dessous).
Carte du déploiement des collecteurs de biodéchets Photo : doc Eurométropole
L’objectif est toujours d’installer un collecteur pour 300 habitants, à moins de 250 m de chaque habitation. La priorité a été donnée aux quartiers les moins pavillonnaires, dont les habitants ont le moins accès à un jardin pour composter leurs déchets alimentaires. Les bornes sont collectées deux fois par semaine par Suez. Les déchets collectés servent à produire de l’engrais naturel et de l’énergie, via une usine de méthanisation opérée par Lingenheld à Oberschaeffolsheim, au nord-ouest de Strasbourg.
Bac de collecte de biodéchets Photo : Evan Lemoine / Archives Rue89 Strasbourg / cc
L’Eurométropole précise que cette nouvelle collecte intervient en complément du compostage et encourage les habitants qui trient leurs déchets verts à continuer à le faire. La collecte des biodéchets accepte tous les résidus de nourriture, ainsi que les filtres à café, les sachets de thé, les essuie-tout en papier, les ongles, cheveux et les fleurs fanées.
Le budget de cette opération est estimé à 10,4 millions d’euros d’investissement (dont 55% de l’Agence pour la maîtrise de l’énergie) avec un coût de fonctionnement à terme de 3,7 millions d’euros par an.