Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Réouverture du CSC de l’Elsau : « c’est un travail de reconstruction qui se fait petit à petit »

Réouverture du CSC de l’Elsau : « c’est un travail de reconstruction qui se fait petit à petit »
Le samedi 8 novembre, le CSC de l’Elsau organise sa première fête de quartier depuis la fermeture.

Fermé suite à la liquidation de son association gestionnaire en mars, le centre socio-culturel de l’Elsau a rouvert ses portes depuis le mois de juillet. Samedi 8 novembre, la nouvelle équipe donnait rendez-vous aux habitants pour une fête de quartier.

Sur le parvis devant le centre socio-culturel de l’Elsau plusieurs stands sont installés, un enfant dessine une fresque à la craie sur le sol, pendant que des adultes discutent, un verre de thé en main. Un passant interroge : « Il se passe quoi là ? » Du tac au tac, Sabri, habitant de l’Elsau, lui répond : « Ils font une petite fête de quartier, comme avant. » En 2023, Rue89 Strasbourg révélait des dysfonctionnements dans la gestion du centre. Conflit d’intérêts, organisation floue, dépenses intraçables. Une procédure judiciaire est lancée en 2024 et en mars 2025, les financeurs publics de l’association gestionnaire décident de lui couper les subventions. Cette dernière doit demander sa mise en liquidation judiciaire et le centre ferme ses portes pour quatre mois, avant que la Ville de Strasbourg rouvre le centre et en assure provisoirement la gestion.

L’association Lu² a été missionnée pour participer à la célébration de la réouverture.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg

À l’ouverture en juillet, Judith Ngka, chargée d’accueil au centre, raconte le retour des habitants : « Il y avait de la colère parce qu’ils ne comprenaient pas que le centre ait fermé, mais ils étaient ravis quand ils ont vu la porte de nouveau ouverte. » Salariée de l’ancienne structure, Judith Ngka fait partie des trois personnes recrutées par la Ville de Strasbourg pour reprendre le centre. « J’ai été très agréablement surprise de constater l’engouement des habitants sachant comment on les avait laissés », dit-elle.

Recréer le lien avec les habitants et les associations

À l’intérieur du centre, Brahim Mahi slalome entre les tables et passe d’un groupe à l’autre, visiblement satisfait du déroulement de sa fête de quartier. « C’est blindé, les gens sont super contents. C’est trop bien ! » Nouveau directeur arrivé en juillet, il était important pour lui que le centre reprenne ses activités au plus vite. Tout l’été, le centre de loisirs a ouvert ses portes, une trentaine d’enfants ont été accueillis, « ça allait au-delà de l’ancienne fréquentation ».

Depuis la rentrée, un accueil périscolaire a été mis en place, « on a une quarantaine d’enfants et d’ici un mois, on en accueillera entre 80 et 100 chaque soir, de la primaire jusqu’au lycée ». Cet automne, l’accompagnement social des familles a également repris. « Notre chargée de mission est arrivée le 1er octobre, depuis elle n’a pas vu le jour », explique Brahim Mahi. Anne-France Ramakavelo, chargée de mission famille, raconte :

« Je m’occupe de l’accompagnement dans les démarches administratives, les gens ne savaient plus où s’adresser, j’étais donc très attendue. J’organise aussi des ateliers et des sorties avec les familles, elles ont besoin de sortir et sont très demandeuses. Les habitants veulent participer et travailler avec nous. »

Anne-France Ramakavelo, Judith Ngka et Brahim Mahi, les trois personnes recrutées par la Ville de Strasbourg pour assurer la gestion du CSC de l’Elsau.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg

À l’étage du centre, l’association Ballade a pris ses quartiers. Depuis septembre, la petite équipe propose des ateliers musicaux et des cours d’instruments. La structure doit relancer l’école de musique qui avait fermé en mars, Diane Caussade, responsable pédagogique, explique :

« On essaye de le faire dans l’esprit d’inclusion de notre association. Il y a des gens qui sont arrivés avec un quotient familial zéro, on ne peut pas les faire payer, mais on les accueille quand même. Il faut savoir que cette école, malgré son installation dans un quartier prioritaire, n’accueillait quasiment aucun élève habitant de ce quartier. »

Moment musical lors de la fête de quartier par l’association Ballade.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg

Depuis la rentrée, une quinzaine de personnes se sont inscrites pour les cours individuels et les ateliers collectifs, « on a des habitants du quartier prioritaire mais on a aussi des habitants des autres secteurs de l’Elsau. C’est chouette parce qu’il y a une mixité socio-culturelle ». Ballade fait partie des dix associations qui ont déjà rejoint le centre. Pour Brahim Mahi, la dynamique est très positive :

« La moitié d’entre elles n’avait jamais travaillé avec le CSC et il y en a une dizaine d’autres qui sont en attente pour nous rejoindre. »

« Ici, c’est ma deuxième maison »

Fadila, habitante du quartier de l’Elsau

Interrogés, les habitants présents témoignent tous de leur joie de voir le centre ouvert de nouveau, mais les mois de fermeture restent comme une blessure dans le quartier. Amina, étudiante, se souvient : « Quand c’était fermé, on restait plus à la maison, on sentait qu’il manquait quelque-chose. » Sabri, lui aussi habitant de l’Elsau, avait l’habitude de passer pour discuter. « On est content que ça ait rouvert, un centre, c’est un peu le cœur d’un quartier. » Ces quatre mois de fermeture ont été difficiles pour Fadila :

« Je ne préfère pas en parler, sinon je vais pleurer. Ici, c’est ma deuxième maison, depuis que le centre a rouvert, c’est une nouvelle vie. »

Amina, étudiante et habitante de l’Elsau, propose des spécialités tchétchènes sur le stand de l’association Intégration, éducation, synergie.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg

Rafik, la quarantaine, a le sentiment d’avoir retrouvé sa place. Handicapé, il ne pouvait plus compter sur l’aide administrative du centre, « c’était très compliqué ». S’il a finalement réussi à gérer ses démarches administratives seul durant la période de fermeture, il raconte que d’autres ont dû se rendre dans les CSC des autres quartiers.

Le samedi 8 novembre, le CSC de l’Elsau organisait sa fête de quartier.Photo : Adrien Labit / Rue89 Strasbourg

« Pour les habitants, la réouverture de centre, c’est forcément bénéfique, explique Charles Conrad, bénévole à la Confédération syndicale des familles et usager du centre. Il faut qu’il y ait une montée en puissance au fur et à mesure. Les activités pour les personnes âgées ont déjà repris. » Cependant, le septuagénaire s’interroge toujours sur les raisons qui ont abouti à la fermeture du centre, « on avait quelque-chose qui fonctionnait », explique-t-il. Une bénévole de l’ancienne association gestionnaire, qui préfère rester anonyme, témoigne, elle, de son sentiment d’injustice face à la situation :

« Je n’ai rien contre les gens qui sont arrivés mais ce n’est pas fini cette histoire. Les habitants de l’Elsau ont le droit d’avoir un CSC mais la façon dont cela s’est fait, c’est autre chose. »

Interrogé sur l’amertume de certains habitants proches de l’ancienne équipe, Brahim Mahi répond : « C’est un travail de reconstruction qui se fait petit à petit. » La Ville de Strasbourg se donne trois ans pour recréer une dynamique associative autour du CSC de l’Elsau et rendre au centre sa gestion associative.

Yayoi Kusama, la poétesse de l’infini s’expose à la Fondation Beyeler

Yayoi Kusama, la poétesse de l’infini s’expose à la Fondation Beyeler
Vue d’installation « Yayoi Kusama », Fondation Beyeler, Riehen/Basel, 2025

Pour la première fois en Suisse, la Fondation Beyeler consacre du 12 octobre 2025 au 25 janvier 2026, une exposition monographique à Yayoi Kusama, avant-gardiste du XXe et XXIe siècle. Plus de 300 œuvres internationales y sont rassemblées, métamorphosant l’espace muséal en une utopie visuelle sans limite, où le regard se perd dans l’infini. 

En approchant de la Fondation Beyeler, le visiteur est accueilli par une première œuvre exposée, parmi les arbres centenaires et les bassins de nymphéas, submergés de centaines de sphères métalliques miroitantes. Une œuvre emblématique de Yayoi Kusama, Narcissus Garden recouvre la surface de l’eau d’un éclat argenté. Ces sphères d’acier poli, d’une trentaine de centimètres de diamètre, dérivent au gré du vent et des courants. Leurs surfaces réfléchissantes captent tout : les arbres, le ciel, les visages, jusqu’à dissoudre les contours du réel. Comme Narcisse dans les Métamorphoses d’Ovide, le regard se perd dans sa propre image, happé par le vertige de l’infini.

Vue d’installation «Yayoi Kusama», Fondation Beyeler, Riehen/Basel, 2025 – Narcissus Garden, 1966/2025 Photo : © YAYOI KUSAMA Photo: Matthias Willi

Le seuil franchi, l’exposition se déploie comme un voyage à travers plus de 70 ans de création. Entre polka dots (pois), nets (trames) et jeux de miroirs, Yayoi Kusama façonne un langage visuel où se mêlent l’obsession et la transcendance. Par la répétition infinie de ses formes, l’artiste explore les cycles de la vie et de la mort, jusqu’à la dissolution du soi. L’artiste, profondément inspirée par la nature, les fleurs et les cycles organiques, transforme son obsession en rituel poétique. Chaque œuvre naît comme un fragment du cosmos, où l’individu s’efface pour se fondre dans le tout. 

Les citrouilles, talisman contre la peur

L’exposition se déploie comme un champ de résonances visuelles où les matières dialoguent et se répondent : sculptures et peintures s’y côtoient, se prolongeant mutuellement dans un même souffle envoûtant. Parmi elles, les citrouilles à pois, motif fétiche et obsession de Yayoi Kusama, apparaissent telles des présences familières, tantôt monumentales, tantôt miniatures. Leur origine plonge dans les souvenirs d’enfance de l’artiste, dans un Japon rural où la citrouille incarnait le réconfort au milieu de l’adversité. Chez Yayoi Kusama, elle devient un refuge et un miroir de soi, un talisman contre la peur et la dissolution du monde. 

Plus saisissantes, les Infinity Mirror Rooms invitent le public dans un espace immersif à 360 degrés. Ici, les miroirs multiplient les reflets à l’infini, en abolissant les frontières entre le corps et l’univers. Le spectateur y entre comme dans une rêverie suspendue, où la perception et l’émotion se confondent. Baignée d’un jaune éclatant et recouvert de pois noirs, la lumière semble vibrer. Les formes serpentines qui traversent les murs et les sols évoquent des organismes en mouvement, mi-animaux, mi-végétaux. En son centre, une pièce tapissée de miroirs absorbe totalement le visiteur. Seules subsistent les colonnes lumineuses qui s’étirent et se reflètent à l’infini, telles des êtres respirant dans un espace parallèle. 

Vue d’installation « Yayoi Kusama », Fondation Beyeler, Riehen/Basel, 2025 Infinity Mirrored Room – The Hope of the Polka Dots Buried in Infinity Will Eternally Cover the Universe, 2025Photo : Mark Niedermann

L’expérience devient presque magique, on ne regarde plus une œuvre, on s’y perd, on y disparaît, on y renaît.

Vue d’installation «Yayoi Kusama», Fondation Beyeler, Riehen/Basel, 2025 Infinity Mirrored Room – The Hope of the Polka Dots Buried in Infinity Will Eternally Cover the Universe, 2025 Photo : Mark Niedermann

Une journée pour apprendre à réparer à Bricol’Heureuse samedi 15 novembre

Une journée pour apprendre à réparer à Bricol’Heureuse samedi 15 novembre
Après un premier succès, la fête des « Bricol’Heureuse » est reconduite à Schiltigheim.

Samedi 15 novembre à Schiltigheim, plusieurs associations investies dans l’économie circulaire organisent la Bricol’Heureuse, une journée dédiée au recyclage.

Une fête pour les bricoleurs et bricoleuses est programmée samedi 15 novembre au centre associatif de la cour Elmia à Schiltigheim. L’événement à prix libre est organisé par Desclicks, qui défend l’informatique solidaire, la Schilyclette et l’antenne d’Emmaüs Méli-Mélo, qui répare et vend des vélos d’occasion. Les associations montreront au public qu’il existe des alternatives pour redonner une vie aux objets usés, cassés ou en panne, le tout en musique.

« On veut créer un évènement positif pour les citoyens et citoyennes et militer autrement », explique Julien Hofstetter, co-président de la Schilyclette.

Ateliers festifs

Tout au long de la journée, les diverses associations accueilleront le public qui participera à des ateliers d’auto-réparation de vélos. Ces ateliers de réparation seront mis à disposition avec des outils d’occasion pour alerter sur l’obsolescence programmée. Entre deux ateliers, un espace de restauration et une buvette seront proposés aux visiteurs. Une bourse aux vélos d’occasion se tiendra également toute la journée.

Côté numérique, les visiteurs pourront démonter et remonter des ordinateurs avec Desclicks pour apprendre à les réparer plutôt que d’en acheter de nouveaux. Une « Install party spéciale fin de Windows 10 » se tiendra de 10h à 17h pour installer le système d’exploitation Linux sur les ordinateurs dont le suivi est terminé par Microsoft. Un stand créatif pour fabriquer des bijoux avec des matières 100% recyclées est prévu dans l’après-midi.

Transports gratuits, police désarmée : Cem Yoldas lance sa campagne à Strasbourg

Transports gratuits, police désarmée : Cem Yoldas lance sa campagne à Strasbourg
Cem Yoldas, porte-parole de l’organisation antifasciste de la Jeune Garde, candidat aux élections municipales

Le collectif d’extrême gauche « Strasbourg, c’est nous » a dévoilé vendredi 7 novembre sa tête de liste pour les élections municipales de 2026. À 29 ans, Cem Yoldas, éducateur, porte-parole de la Jeune garde antifasciste, promet une ville féministe, antiraciste et solidaire, rompant avec les partis traditionnels.

Dans une arrière-salle du café Libro, l’estrade est modeste. Costume bien ajusté, ton posé, Cem Yoldas, porte-parole de la Jeune garde antifasciste s’adresse à la salle :

« Nous sommes la seule liste de gauche de rupture avec le programme de Jeanne Barseghian. Nous voulons incarner une ville féministe, antifasciste, antiraciste, capable d’être un bastion contre l’extrême droite. »

Une annonce qui marque le retour sur la scène politique locale d’une partie des militants de la Jeune garde, dissoute par décret gouvernemental en juin 2025. Le collectif, qui se revendique antifasciste et ancré dans les luttes sociales, avait dénoncé une décision politique « injuste » visant à criminaliser l’antifascisme. Un recours a été déposé devant le Conseil d’État. Depuis, ses anciens militants ont poursuivi leurs engagements locaux, notamment dans les quartiers populaires.

Cem Yoldas, l’un des visages les plus connus de l’antifascisme à Strasbourg, prend désormais la tête du projet « Strasbourg, c’est nous ». Un collectif qui s’est structuré en mars 2025. Au départ, plusieurs forces militantes — dont l’Union pour la reconstruction communiste, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), la Yeni Demokratik Gençlik et le collectif D’ailleurs nous sommes d’ici — se sont réunies pour aider des habitants des quartiers populaires à se réinscrire sur les listes électorales. Rapidement, l’idée d’un projet municipal plus large a émergé, centré sur la lutte contre la précarité, l’accès au logement pour tous, les services publics et une « écologie populaire ».

Transports, logement et alimentation

Vendredi 7 novembre, le candidat présente les grandes lignes d’un programme qui sera détaillé dans les semaines à venir. En cas de victoire en mars 2026, les transports seront gratuits pour tous. Les cantines municipales accessibles à tous ou à l’euro symbolique. Et dans les quartiers, des épiceries solidaires doivent se multiplier. Éducateur en prévention au Neuhof, il s’appuie sur le terrain et le quotidien des jeunes :

« Aujourd’hui, on fait face à une crise de l’alimentation. Dans les quartiers, les jeunes sont très exposés à des produits industriels, l’obésité est présente. »

Le soutien aux associations, en particulier féministes, et l’appui aux mobilisations sociales sont au centre de son projet. Dans le logement, Cem Yoldas promet un « plan d’urgence social » : lutte contre Airbnb, plafonnement des loyers, baisse de ceux des bailleurs municipaux. Sur la sécurité, son programme prévoit le désarmement de la police municipale, qu’il juge incompatible avec une politique de proximité.

Rompre avec des logiques racistes

« Nous ne voulons pas laisser l’extrême droite dicter les thèmes de campagne », insiste-t-il. Il cite Virginie Joron, candidate RN aux élections municipales (lire notre article), qui l’accuse de « communautarisme » : « C’est le reflet du racisme de l’extrême droite », tranche-t-il. Mais il dénonce aussi des « réflexes » persistants à gauche, qui continuent selon lui d’exclure une partie de la population. Il insiste :

« Je suis la seule tête de liste issue de l’immigration extra-européenne. Très souvent, on fait face à des réticences : “il n’est pas propre sur lui, il n’est pas présentable”. Nous voulons rompre avec ces logiques racistes. »

Cem Yoldas se positionne également sur le droit de vote pour les étrangers :

« Ce sont les oubliés de la gauche. Et moi, je veux que les étrangers vivant à Strasbourg puissent participer à la vie politique locale. Aujourd’hui, je suis entouré de gens qui veulent s’engager mais ne pourront pas être sur la liste car ils sont extra-européens. »

Vers le premier meeting avec Philippe Poutou

Pour Cem Yoldas, sa formation incarne « la seule force de gauche qui n’est pas portée par des professionnels de la politique ». Il considère le mouvement comme un « outsider ». « Aujourd’hui, la municipalité méprise l’espoir. Et Jeanne Barseghian a fauté », affirme-t-il, citant par exemple sa gestion du cas Hervé Polesi ou « le jumelage de la honte avec Ramat Gan », ville israélienne jumelée à Strasbourg. Pour lui, l’élection du nouveau maire à New York est la preuve que l’avenir est à une gauche « populaire ».

Avant de finaliser alliances et liste, Cem Yoldas souhaite dialoguer avec d’autres forces politiques et associatives. Le 8 décembre, il tiendra son premier meeting à la Maison des associations, en présence de Philippe Poutou.

À Stimultania, Yana Kononova interroge la mémoire de la terre d’Ukraine

À Stimultania, Yana Kononova interroge la mémoire de la terre d’Ukraine
Photo d’entrée de l’exposition

À Stimultania, l’exposition The Basilisk de l’artiste ukrainienne Yana Kononova transforme les paysages ravagés en lieux de mémoire. Une traversée sensorielle entre deuil, foi et résistance.

Dès l’entrée dans la salle d’exposition de Stimultania, située dans le quartier Gare de Strasbourg, une atmosphère dense et silencieuse s’impose. Dans la pénombre, les photographies en noir et blanc de Yana Kononova semblent émettre leur propre lueur. The Basilisk n’est pas qu’une exposition : c’est une expérience immersive où la guerre devient matière, et la matière, mémoire. 

Co-produite avec le Centre du patrimoine arménien à Valence, qui a pour objectif de  sensibiliser les gens au « monde conflictuel », l’exposition s’inscrit dans le sillage d’un travail photographique et expérimental que l’artiste développe depuis plusieurs années en Ukraine. Le titre The Basilisk fait référence au serpent qui se faufile et s’entrelace, symbole des sensations de l’artiste face à la guerre et à son identité ukrainienne, un va-et-vient constant entre passé et présent. Kononova s’intéresse aux traces invisibles de la guerre, à ces « radiations » qui imprègnent sols, corps et objets bien au-delà des zones de combat.

Photo de Izyum Forest (2022), Yana Kononova, The Basilisk à StimultaniaPhoto : Talia Mikaelian

Au cœur du parcours, la série Izyum Forest (2022) donne le ton. Face à une fresque panoramique retraçant l’exhumation de fosses communes à Izyum la même année que la réalisation de l’œuvre, les visiteurs deviennent témoins d’une scène à la fois documentaire et sacrée. Les secouristes, revêtus de combinaisons blanches, apparaissent comme des figures liturgiques, officiant un rituel de réparation silencieuse. La forêt, quant à elle, semble absorber la douleur du lieu : ses arbres deviennent les gardiens d’une mémoire impossible à effacer.

L’exposition se clôt sur Thresholds (2024), une installation inspirée de l’iconostase orthodoxe. Trois panneaux verticaux fragmentent l’espace et exposent des photographies mêlant paysages et traces de guerres. Au centre, une fente laisse passer le regard sur la seule image apaisée de tout le parcours : un champ ouvert, un arbre solitaire, et une vache. Après les visions de destruction et de douleur qui jalonnent l’exposition, cette scène suspendue agit comme un souffle, une respiration, un instant de calme inattendu. On perçoit à travers cette fente une réalité parallèle, où le temps semble suspendu et où la vie ordinaire reprend ses droits. L’œuvre traduit le sentiment de l’artiste : la guerre crée un décalage, une limite invisible qui sépare le quotidien de l’absurde et de la violence.

Des fonctionnaires du rectorat soutiennent Vanessa, en grève de la faim

Des fonctionnaires du rectorat soutiennent Vanessa, en grève de la faim
Une dizaine de personnes sont venues soutenir Vanessa.

Une dizaine de personnes se sont rassemblées vendredi 7 novembre devant le rectorat de l’académie de Strasbourg, pour soutenir Vanessa. Elle est en grève de la faim pour le recrutement des jeunes professeures comme titulaires depuis mardi 28 octobre.

À l’appel de la CGT Educ’action, une dizaine de personnes se sont présentées au matin du vendredi 7 novembre devant le rectorat de l’académie de Strasbourg. Elles et ils sont venus soutenir Vanessa Koehler. En grève de la faim depuis le 28 octobre, elle passe ses journées devant le bâtiment académique pour dénoncer l’Éducation nationale qui lui a proposé, comme à d’autres personnes dans sa situation, de postuler en tant que contractuelle. Elle a pourtant passer le concours des professeur·es des écoles et pourrait être embauchée en tant que titulaire sur la liste complémentaire. Affaiblie par son jeûne, Vanessa, 25 ans, est en chaise roulante en cette froide matinée de novembre :

« J’ai réfléchi avant de faire ça. Mon but c’est pas de mourir mais de faire passer le message au recteur. »

Dans un communiqué publié le 5 novembre, la CGT Éduc’action a rappelé l’urgence d’une réponse du rectorat vu la dégradation de l’état de santé de Vanessa. Le recteur, Olivier Klein, a proposé en réponse une entrevue jeudi 13 novembre au syndicat, pour que celui-ci puisse porter la parole de Vanessa.

« Je n’arrive plus à pleurer »

Ce vendredi matin, Vanessa le visage pâle, emmitouflée jusqu’au cou, explique que sa santé ne fait que se détériorer : « Plus je marche, plus je fatigue, d’où mon fauteuil », souffle-t-elle. Après de bonnes analyses de santé au début de sa grève, sa médecin lui a expliqué qu’elle prenait désormais des risques pour sa santé en poursuivant, notamment pour ses reins.

David Vacher, informaticien pour le rectorat et syndiqué à la CGT, témoigne : « Elle est devant la porte, donc on est venu s’inquiéter. » Les fonctionnaires du rectorat ont profité de leur pause de 10h pour montrer leur solidarité à Vanessa. « Je n’arrive plus à pleurer, parce qu’il n’y a plus d’eau dans mon corps », lance la jeune enseignante, visiblement touchée par leur présence.

Vanessa passe ses journées devant le rectorat, rue de la Toussaint.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Silence du recteur

D’autant plus que depuis le début de sa mobilisation, Vanessa n’a quasiment pas eu de contact avec Olivier Klein, le recteur de l’Académie de Strasbourg. C’est pourtant lui qu’elle est venue alerter : « Il sait que je suis là, il sait ce que je vis. »

Olivier Klein ne l’a invitée qu’une seule fois pour un rendez-vous, pendant lequel il lui a proposé un emploi en tant que contractuelle ou dans les services administratifs. Toujours un statut et des fonctions qui ne correspondent pas à son diplôme. « Les contractuels sont comme des pions que l’on place au bon vouloir des établissements », abonde un employé du rectorat. Vanessa affirme que cette situation est spécifique à l’académie de Strasbourg : « À Reims, ils recrutent des personnes sur liste complémentaire, assure t-elle, déplorant un manque de communication entre les rectorats ».

Le secrétaire général de la CGT du Bas-Rhin, Laurent Feisthauer est présent également : « C’est aberrant, on est dans une pénurie de recrutement et on décourage en même temps les gens qui veulent devenir enseignants. » Peu après la fin du rassemblement et le départ des soutiens de Vanessa, une personne a déchiré son carton revendicatif. Secouée par cette agression, elle se dit déterminée à tenir sa grève de la faim jusqu’à ce qu’elle obtienne ce qu’elle demande. Dès lundi, elle sera de retour devant le bâtiment du rectorat.

Pierre Jakubowicz se lance à vélo à la conquête de nouveaux électeurs

Pierre Jakubowicz se lance à vélo à la conquête de nouveaux électeurs
Pierre Jakubowicz voudrait que les quartiers populaires votent plus, et surtout plus pour lui.

Candidat macroniste aux élections municipales de Strasbourg, Pierre Jakubowicz prévoit d’aller à la rencontre des électeurs et des électrices des quartiers populaires à l’aide d’un vélo doté d’une urne, pour tester des propositions concrètes.

Pierre Jakubowicz l’admet : « De tous les candidats aux élections municipales à Strasbourg, je dois être le seul qui n’a pas le permis de conduire ». Le candidat macroniste part avec d’autres désavantages : il ne dispose ni de l’important soutien financier de son rival à droite, Jean-Philippe Vetter, ni de la notoriété de Catherine Trautmann ou de Jeanne Barseghian.

Mais il a des idées ! Et la dernière consiste à aller chercher de nouveaux électeurs et électrices dans les quartiers populaires, traditionnellement abstentionnistes, à l’aide d’un vélo-cargo déguisé en urne. En novembre et décembre, Pierre Jakubowicz et ses équipes prévoient de sonder les Strasbourgeois à l’aide de ce vélo sur une série de sujets concrets : la réorganisation des services en mairies de quartiers, un forfait de stationnement universel à 15 euros par mois, un service minimum d’accueil dans les cantines en cas de grève, l’ouverture des cantines pendant les vacances scolaires et le retour de l’éclairage public partout et tout le temps dans les rues. Les personnes interpellées pourront voter pour ou contre ces propositions et glisser leurs bulletins dans l’urne installée sur le vélo-cargo.

Redonner envie

« Je veux redonner envie aux gens de s’intéresser à la politique locale », résume Pierre Jakubowicz :

« J’ai choisi la couleur jaune, symbole du Tour de France qui n’est pas parti de Strasbourg depuis 2006, pour apporter un peu de gaieté dans la grisaille des mois de novembre et décembre. Je voudrais que les gens se rendent compte de l’importance de ces élections, qui les concernent dans leur vie quotidienne. »

Pierre Jakubowicz se dit prêt à jouer le jeu de la démocratie, et à retirer ou modifier certaines propositions si elles suscitent des votes négatifs. Mais il y a peu de chance que ça arrive. L’une d’elles est par exemple formulée ainsi : « Pour ou contre augmenter l’offre de transports en commun avec des passages plus fréquents et des navettes de quartier pour accéder plus facilement au tram ». Il aurait été intéressant que le scrutin propose plutôt : « Pour ou contre la suppression des places de stationnement pour faire de la place aux transports en commun ». Mais Pierre Jakubowicz n’a pas pris ce risque.

Au conseil de l’Eurométropole : friche Heineken, tram Nord et rénovations derrière la gare

Au conseil de l’Eurométropole : friche Heineken, tram Nord et rénovations derrière la gare
L’Eurométropole entend instaurer sur la friche Heineken un périmètre de « prise en considération » pour éviter toute évolution contraire à un futur projet d’aménagement.

Les élus de l’Eurométropole de Strasbourg se retrouvent vendredi 7 novembre pour une séance marquée par le débat d’orientation budgétaire 2026 et plusieurs dossiers urbains, dont la reconversion de la friche Heineken à Schiltigheim, la rénovation patrimoniale près de la gare et une communication sur le tram Nord. À suivre en direct dès 9h.

Premier point majeur à l’ordre du jour : le débat d’orientation budgétaire 2026. Il doit occuper une large partie de la séance du 7 novembre et fixera les grandes lignes du budget qui sera voté en décembre. Comme à la Ville, ce débat se tiendra sans connaître encore les grandes orientations du projet de loi de finances. Premier constat, issu du rapport de l’Eurométropole : l’investissement local ne sera pas réduit en 2026. « Il n’est pas forcément possible de réduire l’investissement local en fin de cycle électoral », note le rapport.

Concernant le bilan de l’année écoulée, la dette est estimée à 776 millions d’euros fin 2024 et grimpera à 883 millions fin 2025. La capacité de désendettement de la collectivité s’établit toutefois à 8,3 ans, encore éloignée du seuil d’alerte de 12 ans fixé par la Cour des comptes. L’Eurométropole revendique une « dette structurellement saine », inférieure à la moyenne nationale, avec 1 485 euros par habitant contre 2 258€ à Bordeaux Métropole.

Le retour du tram Nord

Après une présentation du rapport de la convention citoyenne sur le « Tram Nord » le 9 octobre, cette nouvelle séance sera consacrée à la communication des conclusions et à un temps d’échange avec les élus de l’Eurométropole. Ce rapport, élaboré par 100 habitants de la collectivité tirés au sort, privilégie un tracé traversant le centre de Schiltigheim et la friche Heineken, plutôt qu’un itinéraire direct par la route du Général-de-Gaulle. Ces orientations serviront de base à une nouvelle concertation en 2026.

Le destin de la friche Heineken est d’ailleurs l’un des dossiers du jour. Le site brassicole de l’Espérance, propriété du groupe Heineken, fermera ses portes fin 2025, libérant 12,9 hectares en plein cœur de Schiltigheim, entre la route de Bischwiller et la route du Général-de-Gaulle. L’Eurométropole entend y instaurer un périmètre de « prise en considération » pour éviter toute évolution contraire à un futur projet d’aménagement. Concrètement, cela signifie qu’aucune transformation majeure ne pourra être entreprise avant que la collectivité ait défini un projet d’aménagement, qu’il s’agisse de logements, de bureaux ou d’équipements publics.

Le potentiel de la friche Heineken

Le site, aujourd’hui classé en zone d’activités économiques, présente un fort potentiel par sa localisation et sa superficie. « Il sera de moins en moins courant de disposer d’une telle surface à valoriser », souligne l’Eurométropole dans sa délibération, qui insiste sur sa proximité avec les services et le centre-ville. Le site concentre plusieurs enjeux : dépollution, création de logements, maintien d’activités économiques et amélioration de la desserte urbaine. Selon le rapport, la collectivité souhaite conserver une vocation économique. Elle envisage aussi de maintenir une activité brassicole sous forme de micro-brasserie et de tirer parti du potentiel de désimperméabilisation du site pour lutter contre les îlots de chaleur.

Plusieurs acteurs ont déjà manifesté leur intérêt. La Collectivité européenne d’Alsace, notamment, a exprimé son besoin de foncier pour la construction d’un nouveau collège dans le nord de l’Eurométropole, destiné à accueillir 600 collégiens et couvrant environ 5 000 m² de surface bâtie utile, apprend-on dans le rapport. « Au regard de sa situation centrale, le site de l’Espérance pourrait constituer une opportunité », reconnaît l’Eurométropole.

Rénovation patrimoniale près de la gare

Dans le cadre du projet « Gare à 360 », des travaux de rénovation du patrimoine fortifié, rue du Rempart, sont prévus et doivent être votés (lire notre article). La collectivité considère que le patrimoine constitué par les fortifications de la rue du Rempart et les anciens entrepôts militaires est une « aubaine pour le développement de fonctions diverses, atypiques, emblématiques« .

Aujourd’hui, « les ouvrages sont dans un état médiocre », reconnaît l’Eurométropole. « Les menuiseries et les façades sont dégradées. Divers aménagements ont été réalisés au fil des ans sans homogénéité et sans stratégie patrimoniale », poursuit-elle.

L’objectif est de stopper la dégradation des bâtiments, de rénover les façades et l’étanchéité, et de valoriser le patrimoine vacant pour y implanter des activités culturelles et économiques. « La restauration des ouvrages permet non seulement de les préserver mais aussi de participer à la mise en valeur du quartier », indique la collectivité. Le montant global de l’opération est estimé à 12,18 millions d’euros TTC. Les travaux doivent s’étendre entre 2026 et 2028.

Deux autres chantiers de restructuration seront aussi soumis au vote : la première tranche du nouveau bâtiment de la faculté de médecine (6 millions d’euros d’engagement) et la construction d’un bâtiment de recherche à la faculté de pharmacie (2 millions d’euros).

Le marché-gare sous pavillon métropolitain

Autre dossier économique : le Marché d’intérêt national (MIN) de Strasbourg, plus connu sous le nom de marché-gare, dont la propriété doit être entièrement transférée à l’Eurométropole pour régulariser sa situation juridique. Créé dans les années 1960 à Cronenbourg, le MIN réunit aujourd’hui une cinquantaine d’entreprises de gros – grossistes en fruits et légumes, poissonniers, fleuristes ou logisticiens – qui approvisionnent chaque jour restaurants, commerces et collectivités de la région.

Le site est géré par un concessionnaire historique, la société d’économie mixte Samins, détenue majoritairement par les collectivités locales. Mais à l’heure du renouvellement du contrat, après 59 ans de concession, un audit révèle un problème foncier : la Ville de Strasbourg restait propriétaire d’une partie du terrain. Le transfert de ces parcelles à l’Eurométropole, soumis au vote, doit permettre de clarifier la situation et de préparer la suite.

Ce point, en apparence technique, revêt pourtant un enjeu stratégique. Le MIN, reconnu d’intérêt national depuis 1962, constitue un maillon important de l’approvisionnement alimentaire du territoire. Alors que la future délégation de service public (DSP) suscite de fortes attentes, les chambres consulaires – CCI, Chambre d’agriculture et Umih – ont demandé, en mai, des garanties sur l’avenir du lieu. Ils ont été éconduits par la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, au motif que la procédure était en cours, et renvoyés vers le cahier des charges de la DSP. De nouvelles informations pourraient être glanées lors de cette séance.

Solidarités et mobilités

Les élus voteront aussi plusieurs aides sociales : 515 933 euros pour l’hébergement d’urgence, 274 840 euros pour les associations œuvrant auprès des gens du voyage, ainsi que diverses subventions à l’économie sociale et solidaire et à la culture (festival Augenblick, Équinoxe).

Enfin, comme chaque année, un avenant au contrat avec la CTS sera examiné pour actualiser l’offre et les moyens alloués à l’exploitation du réseau. Nouveauté 2026 : le déploiement généralisé du service d’ »open payment » pour 6 millions d’euros. Ce dispositif permettra de payer directement son titre de transport sur le valideur, sans autre support physique que la carte bancaire. Il sera d’abord testé sur les lignes G et C1 avant d’être étendu à l’ensemble du réseau.

Révélations sur le projet confidentiel d’Europa-Park en Alsace

Révélations sur le projet confidentiel d’Europa-Park en Alsace

Les ambitions de la famille Mack, propriétaire d’Europa-Park, se précisent. Lors d’une réunion confidentielle, la société Mack One, les services de l’État et les collectivités se sont mis d’accord pour favoriser le projet Europa Vallée.

Confidentiel. C’était le mot d’ordre de la réunion Europa Vallée du 7 juillet 2025. Le compte-rendu des échanges porte cette mention en lettres capitales, en arrière-plan. Le président de la communauté de communes du canton d’Erstein (3CE) Stéphane Schaal l’a aussi répété, en introduction de la rencontre à Benfeld. Cette dernière a commencé par un tour de table, permettant à la vingtaine de participants de se présenter : le sous-préfet de l’arrondissement Sélestat-Erstein Michel Robquin ainsi que d’autres agents de l’État (Dreal, DDT, ONF, DGFIP…), la maire de Diebolsheim Brigitte Neiter, des cadres de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), de l’Agence de développement d’Alsace (Adira) et de la Région Grand Est. Et bien sûr, des représentants du porteur de projet, la société Mack One. Ses actionnaires, la famille Mack, sont aussi aux commandes d’Europa-Park.

Tout ce beau monde accepte de garder le secret sur le projet Europa Vallée à six mois d’un scrutin crucial pour ce dernier. Comme l’a conclu Stéphane Schaal à la fin de la réunion, « ce dossier ne doit pas être un sujet pour les élections municipales à venir ». Surtout pas.

Un projet revu à la baisse

(suite…)
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Le dialogue reprend entre le Racing et les assos de supporters

Le dialogue reprend entre le Racing et les assos de supporters
Les associations de supporters les plus ferventes s’opposent au modèle de la multipropriété depuis le rachat du club par BlueCo, qui détient également le Chelsea FC.

Une réunion a eu lieu mardi 4 novembre entre la direction du Racing club de Strasbourg et des associations de supporters visées par des mesures de répression.

Le conflit avait pris une tournure brutale entre le Racing club de Strasbourg et quatre associations de supporters engagées contre la multipropriété des clubs de football : les UB90, le Kop Ciel et Blanc, la Pariser Section et la Fédération des supporters. Opposés au rachat du club par BlueCo, un consortium d’investisseurs américains aussi propriétaire du Chelsea FC, ces fans avaient demandé en septembre le départ de Marc Keller, président du Racing. Ce dernier avait répondu par sept mesures de répression comme le contrôle des banderoles ou une escorte systématique de la sécurité pour l’accès aux locaux associatifs dans le stade.

Depuis, le dialogue était rompu entre le Racing et ses plus fervents supporters, qui animent la célèbre tribune ouest du stade de la Meinau. Selon une information de L’Équipe et vérifiée par Rue89 Strasbourg, une réunion a eu lieu dans la soirée du mardi 4 novembre, dans les locaux du Racing. Contacté, un responsable associatif confirme ce premier échange : « Il y a des discussions mais nous avons décidé que nous n’allions pas commenter à ce stade, c’est trop prématuré, on risquerait d’être dans la spéculation. » Il s’agit du « début d’un processus » précise-t-il encore. Une prochaine réunion est déjà fixée entre les associations et le club.

Pour rappel, lors d’une conférence de presse fin septembre, les supporters avaient demandé la levée des mesures de restriction qui les visent ainsi que des garanties concernant l’indépendance du Racing club de Strasbourg par rapport au Chelsea FC.

Gratuité des transports, encadrement des loyers… L’Insoumis Florian Kobryn a dévoilé son programme

Gratuité des transports, encadrement des loyers… L’Insoumis Florian Kobryn a dévoilé son programme
Florian Kobryn, candidat aux municipales pour LFI à Strasbourg.

Florian Kobryn, candidat de La France insoumise à Strasbourg, a présenté jeudi son programme pour les élections municipales. Il promet une campagne participative avec un programme de 400 mesures et un ton déjà bien offensif.

Florian Kobryn, candidat de La France insoumise (LFI) pour les élections municipales de mars 2026, a présenté le programme de son mouvement jeudi 6 novembre. À ses côtés, Halima Meneceur, co-tête de liste et fondatrice du groupe d’action LFI à Hautepierre, Benjamin Kuntz, Lisa Farault, les anciens « chefs de file » et Victor L., coordinateur du programme, qui préfère taire son nom de famille pour préserver son employabilité.

Rendez-vous a été donné au café Romulus, à l’Esplanade. « C’est un quartier populaire et étudiant », souligne Florian Kobryn, également conseiller départemental d’opposition à la Collectivité européenne d’Alsace. Deux publics que le candidat juge « oubliés par la municipalité ».

Telle une dissertation bien ficelée, la conférence de presse s’est déroulée en trois temps. Chacun sa sous-partie, chacun son argumentaire, pour dérouler un programme de 400 mesures, imaginé par une cinquantaine de militants venus de « tous horizons » après les élections européennes et les élections législatives anticipées de juin 2024.

« On a lancé un appel pour construire un programme. Nous avons des personnes plus ou moins politiques et plus ou moins compétentes », raconte Victor, le coordinateur. Le tout sous une devise : « Convaincre… et se laisser convaincre. » Se laisser convaincre car « on a pu se tromper dans le programme, concède étonnement Victor. Par exemple, il y aura peut-être des compétences qu’on a attribuées à la Ville qui relèvent plutôt du Département. » Florian Kobryn l’assume : « Notre démarche est celle de l’éducation populaire. On s’est entouré de gens motivés, qui ont beaucoup à apprendre. » Si la liste présente déjà des mesures, elle explique que son programme va encore s’affiner pour devenir exclusivement de compétence municipale.

Eau, référendum et opéra au programme

Le programme est structuré en quinze livrets thématiques — culture, sport, politiques publiques… Certaines veulent marquer les esprits : gratuité des transports pour les moins de 25 ans, des 30 premiers mètres cubes d’eau pour tous les foyers, ou encore l’interdiction progressive des panneaux publicitaires. Et pour frapper un grand coup symbolique, l’équipe s’attaque à l’Opéra du Rhin. « La rénovation doit être l’occasion de repenser cet outil et de sortir de la course au gigantisme », assure Florian Kobryn, sans en dire davantage. Le candidat est d’ailleurs responsable des ateliers de construction des décors du Théâtre national de Strasbourg (TNS).

Sur le plan démocratique, LFI veut introduire de nouveaux outils : un référendum révocatoire pour démettre un élu si 20 % du corps électoral le demande, et un référendum d’initiative locale. Autre mesure phare annoncée : la délivrance d’un récépissé à chaque contrôle policier, qu’il soit national ou municipal, pour lutter contre les discriminations.

Stationnement, gare au SUV

Les propositions s’enchaînent : un mode de garde d’enfants assuré pour les parents, un encadrement des loyers, un contrôle accru des délégations de service public, une « maison des livreurs » pour accompagner les travailleurs ubérisés, ou encore le maintien de la « salle de consommation à moindre risque ». Un point commun avec la maire actuelle, Jeanne Barseghian (lire notre article).

« Strasbourg doit être une ville qui prend soin de tout le monde », martèle l’Insoumis. La liste s’aventure aussi sur le terrain international : elle réclame la suspension du jumelage entre Strasbourg et la ville israélienne de Ramat Gan, pour dénoncer « le génocide à Gaza ».

Et puis, il y a le stationnement, grand classique des campagnes municipales. Alors que Pierre Jakubowicz (Horizons) proposait, au conseil municipal du 3 novembre, un forfait universel de 15 euros pour les salariés et professionnels, Florian Kobryn contre-attaque avec un système par tranches de revenus : gratuité pour les ménages les plus précaires, tarif doublé pour les propriétaires de SUV. « On ne peut pas faire de transformation écologique sans justice sociale. Aujourd’hui, le stationnement n’est pas juste : il ne s’attaque pas aux gros pollueurs », défend le candidat.

L’équipe de campagne de Florian Kobryn (Victor L, Lisa Farault, Halima Meneceur, et Benjamin Kuntz).Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

« Nous sommes les seuls à présenter un programme de cette ampleur »

Florian Kobryn, candidat LFI aux élections municipales

Florian Kobryn sait toutefois que le terrain local n’a jamais souri à LFI. En 2024, le parti a décroché 21,28% des voix aux élections européennes à Strasbourg, mais aux municipales de 2020, la liste menée par Kevin Loquais avait plafonné à 3,24%, loin derrière l’alliance citoyenne et des Écologistes. « En 2020, on était encore des bébés, le parti était jeune. Là, nous sommes des adultes avec une force militante importante », sourit Halima Meneceur. La candidate veut croire que le vent tourne. L’élection d’Emmanuel Fernandes comme député LFI en 2022 et le mandat départemental de Florian Kobryn auraient renforcé l’ancrage local d’après le candidat :

« Avec les résultats nationaux, il était de notre responsabilité de proposer une offre politique à ce scrutin local. Nous sommes les seuls à présenter un programme politique de cette ampleur. Personne n’a un projet aussi complet à proposer aux habitants. »

Le tractage a déjà commencé et 45 actions de campagne sont prévues en novembre. Le 24, un « parlement populaire » est annoncé au centre socioculturel de Hautepierre avec sept thématiques et des temps d’échanges. Le programme, malgré ses 400 mesures, reste évolutif, assure le mouvement.

Une réforme pousse des jeunes à l’errance entre orthophonistes et centres médico-psychologiques

Une réforme pousse des jeunes à l’errance entre orthophonistes et centres médico-psychologiques
Un enfant est suivi par son orthophoniste à Sélestat, mais doit renoncer au reste de sa prise en charge au CMP.

Une réforme de la sécurité sociale a remis en cause la prise en charge par des orthophonistes libéraux de milliers d’enfants suivis dans des centres médico-psychologiques. Exemple à Sélestat avec une famille qui doit choisir entre un accompagnement psychologique et une rééducation du langage.

Au mois de juin, Myriam Fonteneau, orthophoniste libérale à Sélestat, a demandé à ses patients suivis en centre médico-psychologique (CMP) de choisir : soit ils réussisent à trouver des séances d’orthophonie au CMP, soit ils viennent chez elle. Mais dans ce dernier cas, ils ne seront pas remboursés par la Sécurité sociale. Jusqu’à présent, Myriam Fonteneau accueillait des patients du centre ayant besoin de suivi en orthophonie, étant donné que le CMP est incapable d’en fournir. Mais la Sécurité sociale estime qu’il s’agit d’un dévoiement de l’enveloppe de fonctionnement du CMP et qu’elle paie deux fois pour la même prise en charge.

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L’édition 2025 du Marché de Noël mise sur l’inclusivité

L’édition 2025 du Marché de Noël mise sur l’inclusivité
Jeanne Barseghian, la maire de Strasbourg, a présenté devant les journalistes le programme de l’édition 2025 du Marché de Noël

Entourée de son adjoint aux animations et de deux représentants du « marché off », la maire de Strasbourg a présenté les évolutions du Marché de Noël pour 2025. Une version qui se veut plus inclusive et accessible.

Chaque année, le Marché de Noël de Strasbourg bat ses propres records de fréquentation. L’année 2024 a confirmé cette tendance avec 3,4 millions de visiteurs. Malgré le succès de l’événement, certaines personnes peinaient toujours à accéder aux festivités. Pour son édition 2025, qui se tiendra du 26 novembre au 24 décembre, la Ville espère y remédier.

Un parcours pour les personnes en fauteuil

Comme l’avait raconté Rue89 Strasbourg, plusieurs infrastructures se sont révélées inadaptées pour les personnes en situation de handicap, notamment pour les personnes en fauteuil roulant. Le futur marché leur proposera « des parcours recommandés », avec une « signalétique repensée », précise Guillaume Libsig, adjoint à la maire de Strasbourg en charge de la vie associative, des animations urbaines et de la jeunesse. Des coupe-file dédiés feront également leur apparition.

Les visiteurs et personnes en situation de handicap pourront bénéficier de zones de repos, équipées de casques anti-bruit, de couvertures ou encore de balles anti-stress. « Une petite respiration dans ce marathon de Noël », glisse Guillaume Libsig. Pour les parents, un espace parents-nourrissons sera ouvert au marché off, avec des tables à langer et des micro-ondes.

Plusieurs initiatives ont été menées en amont des réjouissances : les décorations du grand sapin de la place Kléber ont été réalisées « par l’association Hélène de cœur, qui œuvre en faveur de la recherche en cardiopédiatrie et par Inclusiv, qui favorise l’emploi des personnes en situation de handicap visuel », appuie la maire. La collecte de gobelets consignés se poursuivra comme en 2024. 13 000 euros avaient alors été récoltés et reversés au centre socio-culturel Au-delà des ponts et d’autres associations actives dans l’aide alimentaire. Les fonds ont notamment permis à Regards solidaires de fournir des paniers hebdomadaires aux étudiants les plus précaires de Strasbourg.

Un sapin solidaire pour 300 enfants

Si « la place de l’enfant a été un peu perdue de vue ces dernières années », la Ville veut aussi inclure à nouveau les enfants dans le marché de Noël. Les festivités commenceront donc un mercredi avec des animations pour les plus jeunes square Louise-Weiss. Ces animations se poursuivront tous les mercredis de décembre.

En 2024, les visiteurs avaient pu déposer un cadeau au pied d’un « sapin solidaire », installé devant la mairie de quartier de la place Broglie. Près de 80 enfants de deux foyers d’aide à l’enfance y avaient accroché leurs vœux. Reconduit cette année, le sapin solidaire durera du 6 au 16 décembre. De nouvelles associations, dont Solidarité femmes 67 et Les Petites roues, association d’aide aux personnes en situation de grande précarité, se sont associés à l’initiative.

L’électro pop festive de Louise XIV en démo à La Grenze samedi 8 novembre

L’électro pop festive de Louise XIV en démo à La Grenze samedi 8 novembre
Grégoire Theveny, Louise Wetterwald et Tristan Lepagney sur scène.

Après deux ans d’un parcours impeccable, marqué par une myriade de soutiens, le groupe strasbourgeois Louise XIV présente enfin son premier album samedi 8 novembre à La Grenze.

Cette fois, ça y est. Après deux années passées à roder leur projet sur les scènes de France, les strasbourgeois Louise Garance Wetterwald (ex-Zimmia), Tristan Lepagney (ex-Colt Silvers) et le Parisien Grégoire Theveny présentent le premier album de Louise XIV samedi 8 novembre à La Grenze.

L’album, un extended play (EP), ne contient que cinq titres mais le groupe en dispose de bien plus comme l’explique Louise Wetterwald :

« On s’est rencontré en 2023 à France 3 Alsace. Nous y étions intervenants et nous avions tous des disponibilités et des envies… Après quelques apéros, un processus créatif très fluide s’est mis en place et nous avons rapidement eu une dizaine de titres. »

Louise Wetterwald vient du jazz, Tristan Lepagney du rock et Grégoire Theveny plutôt de l’électro. Le résultat : une musique pop scintillante, plutôt douce, portée par la voix perchée de Louise Wetterwald. Sur scène, les trois musiciens n’oublient jamais de se couvrir de paillettes et l’ensemble vire parfois au disco. « C’est la fête », résume la chanteuse :

« Je n’ai pas encore trouvé un terme pour nous définir exactement, mais oui notre proposition est une musique populaire, au sens où elle est accessible. On n’a pas l’ambition de prouver quoique ce soit, même s’il n’y a rien de plus compliqué que de faire une musique simple finalement… »

La piscine de Louise XIV.

Les paroles en revanche sont tout sauf simples. Louise Wetterwald, qui signe les textes, utilise la douceur des mélodies et de sa voix pour faire passer des messages féministes, subtils. Elle écrit en français pour la première fois, « une libération », précise-t-elle.

Myriade de soutiens

Eu égards aux expériences passées des musiciens, Louise XIV a bénéficié de la bienveillance de tout l’écosystème strasbourgeois de l’émergence musicale. À peine formé, le groupe a pu se produire au Pelpass festival et à la Laiterie, puis il a été en résidence à la plateforme Artefacts et aux Tanzmatten à Sélestat. Le réseau parisien de Grégoire Theveny a permis d’obtenir le soutien du label Roy Music, lequel a débloqué des sessions à la Boule noire à Paris et à la Mama music convention en octobre.

Après ces dates, pourquoi revenir à La Grenze derrière la gare de Strasbourg ? « C’est aussi une soirée pour remercier tout le monde, toutes celles et ceux qui nous ont accompagné depuis les débuts. Nous voulons leur montrer l’ampleur du travail accompli depuis deux ans », boucle Louise Wetterwald.

Louise XIV a également invité les Badass Pétales en première partie, ce groupe formé par trois filles de Strasbourg, déterminées à tout exploser grâce à des synthés boostés et à des paroles répétitives. Les concerts seront suivis d’un set de la DJ strasbourgeoise Schônagon.

Pour éviter « un drame local », la maire de Strasbourg écrit au Premier ministre

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